Madame Guyon, Correspondance, Tome III Chemins mystiques,
Edition critique établie par Dominique Tronc, Paris,
Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2005,
934 p.
Ce troisième volume rassemble la plus grande partie des
lettres qui furent publiées au XVIIIe siècle. Madame
Guyon s'y révèle comme assumant pleinement la fonction de
direction auprès de nombreux spirituels demurés anonymes.
Nous lui donnons pour titre Chemins mystiques
en suivant l'ordre devenu classique des trois voies: purgative,
illuminative, unitive. Cet ensemble est précédé de
vingt-et-une lettres qui la situent comme successeur dans
l'école illustrée par Jean de Bernières, ainsi que
de lettres dont nous avons pu déterminer destinataire ou date.
Suivent des documents spirituels, dont de beaux extraits
d'écrits de jeunesse publiés ici pour la première
fois, éclairant l'évolution de la jeune mystique. Enfin
une table générale reprend le plan des trois volumes de
cette Correspondance. Cet outils de référence signale des
lettres jugées particulièrement remarquables.
Les thèmes de la vie mystique sont seuls présents. Un
grand nombre de lettres furent écrites après
l’épreuve des prisons : la « dame directrice »
assure, pendant les quatorze années qui lui restent à
vivre, une direction auprès de disciples beaucoup plus jeunes.
Elle est maintenant enfoncée dans un état mystique
immuable. Elle ne peut que répéter inlassablement ce qui,
pour elle, est devenu si évident et si simple : abandonnez-vous
à la grâce, et c’est tout ! Elle est passée
très au-delà des problèmes qui agitent ses
correspondants et son amour inlassable les aide à les surmonter
avec une grande douceur et une large tolérance.
Demeure finalement une grande simplicité propre à la vie mystique totalement unifiée. Cette simplicité se retrouve de même chez Marie de l’Incarnation (1599-1671) à la fin de sa vie, pour citer un exemple assez proche dans le temps, participant au même réseau spirituel autour de Bernières.