Le jeu des influences de 1381 à 1594.
Une centaine d’écrivains spirituels ayant connu le XVIIe
siècle.
Caractères communs de nature statistique.
Tables des figures spirituelles
Table 1 :
FILIATIONS ET INFLUENCES DU XIIIE AU XVIIE SIÈCLE.
Table 2 : SPIRITUELS AYANT VÉCU AU XVIIE
SIÈCLE (par ordre alphabétique).
Table 3 : SPIRITUELS AYANT VÉCU AU XVIIE
SIÈCLE (par ordre chronologique des naissances).
Deux approches préparent les explorations individuelles des chapitres suivants. Il s’agit de réduire la complexité d’un jeu d’influences sur deux siècles en les organisant géographiquement, puis de présenter globalement la foule des spirituels dont nous étudierons ensuite des figures individuelles. Cette présentation globale permet de quantifier et confirme statistiquement le sentiment d’un essor de la première moitié du grand siècle et d’un crépuscule des mystiques dans sa seconde moitié, du moins dans ses formes organisées. Il suggère une explication de cette disparition [1]. Les tables de synthèses, qui résument l’effort entrepris d’une sélection de figures par leurs productions et non par la reprise d’une tradition aussi vénérable soit-elle, ont été établies progressivement sur dix années, non sans contributions amicales.
Plus de deux cent ans séparent les dates symboliques de la mort de Ruusbroec et de la fin des guerres de religion en France. La première date de 1381 clôt la période antérieure qui vit l’activité d’une trinité mystique influente sur tous les siècles suivants : Ruusbroec (1293-1381), Tauler (~1300-1360), l’anonyme auteur du Nuage d’Inconnaissance (~1370). La seconde date de 1594 correspond au réveil du pays le plus peuplé d’Europe : le début du règne d’Henri IV voit la paix revenir en France, grâce à laquelle « l’invasion mystique » commence par des traductions, bientôt suivie de l’arrivée d’étrangers du nord et du sud, préparant un vaste essor religieux.
L’histoire des développements sur une durée de 213 ans est complexe et encore mal cernée. On constate globalement un affaissement de la tradition nordique, qui contraste avec l’émergence italienne et espagnole. Cependant c’est la tradition nordique qui sera dominante en France jusqu’à l’arrivée physique des carmélites puis les atténuations imposées par les agents de la contre-réforme et par le roi.
Denys le chartreux (1402-1471), Henri van Herp (Harphius)
(1400-1477) puis l’apparition de La perle
évangélique (~1520 ? éd. 1535) transmettent le message issu principalement
de Ruusbroec et de Tauler, dans le monde catholique.
On ne trouverait après le milieu du XIVe
siècle qu’un écho affaibli de l’élan
mystique. Par contre cet écho pénètrera partout grâce à l’imprimerie. Cet
affaissement serait-il dû à l’effet
dévastateur des pestes récurrentes (la première en 1348, la seconde en 1362 :
la population est alors réduite à sa moitié ; les effets des suivantes
seront moins dramatiques mais elles se reproduiront jusqu’à 1720, dernière
manifestation limitée à Marseille). Elles assombrissent en tout cas la vision
spirituelle. Faut-il invoquer la guerre dite de cent ans (1346 Crécy, 1453
reconquête du Bordelais) traduisant en France les troubles d’un « second
moyen âge », puis la division de la papauté, enfin les luttes
politico-religieuses liées à la division en réformés et catholiques ? Mais
aucune période historique n’est calme : suivront, pendant la période que
nous allons étudier, les terribles guerres « de trente ans »
culminant vers 1630 qui scelleront l’opposition irréductible entre deux mondes
religieux campant sur leurs frontières, puis celle « de quarante
ans » à partir de 1672 entre deux mondes politiques, Louis XIV s’opposant à l’Europe financée par
Notre connaissance réduite est peut-être simplement à mettre en cause, un effort moins grand ayant lieu sur les périodes où la théologie et plus largement la représentation du monde demeurent stables, lorsque les bases ont été bâties (milieu XIIe au milieu XIVe). Mais la mystique est largement et bien vécue, représentée par de grandes figures de la devotio moderna ou d’inspiration franciscaine. Simplement il ne leur est pas nécessaire d’inventer de nouveaux modèles, la fraîcheur manque.
Pour éclairer cette période de transition, il est commode de décrire le maillage dense des influences « du nord » empruntant quatre voies géographiquement distinctes :
(1) La voie passant par la chartreuse de
Cologne.
L’activité intellectuelle de cette chartreuse est
remarquable et met à profit l’arrivée de l’imprimerie : le corpus taulérien dont nous avons vu la richesse est édité et transmet
ainsi des influences qui passeront ensuite par le bénédictin Louis de Blois
(Blosius), les carmes Jean de
Plus précisément des relations étroites lient Maria van Hout
( ?-1547), qui a pour amie l’auteur de
En Flandre espagnole la « façon nordique » se heurtera à l’incompréhension de la carmélite Anne de Jésus, arrivée à Bruxelles en 1607 : nous l’avons cité, mais avec son contexte qui atténue l’opposition au niveau du vécu des personnes. L’influence parvient en France chez Bérulle surtout par l’intermédiaire de Benoît de Canfeld qui « lui emprunte les deux formes d’annihilation mystique, l’active et la passive [4] ».
Par ailleurs il faut signaler le rôle du prêtre Pelgrim Pullen qui rencontre la mystique Claesinne van Nieuwlant en 1587 à Gand : « L’expérience du non-être dont Claesinne et Pullen s’entretiennent n’est pas tant une préparation ou une condition préalable à l’union avec Dieu qu’un de ses aspects : c’est l’intensité de la présence du Tout Autre qui est la cause de l’anéantissement. » Mommaers cite ainsi Pullen (non traduite du flamand) :
Lorsque l’homme connaît quelque chose de Dieu, il se connaît lui-même et il ne connaît pas Dieu… Lorsque rien n’est connu, c’est alors que Dieu est connu. Cela veut dire : lorsque l’homme se voit privé de tout, au point de ne plus rien avoir et de ne plus rien connaître. Une telle connaissance ne peut entrer ni dans l’intelligence ni dans l’entendement… S’abaisser sous Dieu voilà ce qu’est une telle connaissance ; elle est cela et rien d’autre que cela. [page 349 chez Claesinne], la vie contemplative est une adhésion toute nue à Dieu sans soi-même [5].
(1) La voie anglaise.
La mystique du Nuage
d’Inconnaissance et de Julian de Norwich se prolonge jusqu’à des émigrés :
William Fitch of Little Canfield (Benoît de Canfield) et Archange de Pembrocke
à Paris, puis Augustin Baker à Douai. Ce dernier centre est important car une université catholique y fut
fondée par les jésuites et mise en concurrence avec la vénérable université de
Louvain (on en retrouve trace dans l’opposition que rencontrera Jansénius pour
des raisons que l’on doit qualifier de politiques, esprit d’indépendance des
flamands même catholiques vis-à-vis du pouvoir espagnol). Nous étudierons
Dom Augustin Baker (1575-1641) prit l’habit bénédictin en 1605. En 1624 il est à Cambrai, aidant le nouveau couvent de bénédictines anglaises. Il est renvoyé en 1633 à Douai où il mène une vie retirée. Il traduisit en plusieurs volumes des œuvres réputées de Tauler, et fit connaître The Cloud of Unknowing, d’un chartreux, et The Scale of perfection de Hilton. Sa Sancta Sophia est un précis soigné de ses écrits, œuvre remarquablement claire [6].
(3) La voie italienne.
Elle passe par Catherine de Gênes, partiellement tributaire des deux Hadewijch, puis par le Breve Compendio qui est repris par Bérulle. Cette voie serait secondaire ? Elle est surtout mal connue et ne se limite pas aux transmissions des textes.
L’arrivée de membres des ordres en France suit immédiatement la fin des guerres de religion : se distinguent les capucins, le tiers ordre régulier auquel appartient Chrysosome de Saint-Lô, les ursulines, des jésuites : le père Coton, confesseur d’Henri IV, qui apporte le Breve Compendio après son séjour milanais. Enfin les échanges avec Rome, le centre de la religion catholique, sont permanents.
(4) La voie espagnole.
Jean de
Nous avons rassemblé ces influences sous la forme d’un tableau figurant à la fin de ce chapitre : Tableau 1 : Filiations et influences du XIIIe au XVIe siècle.
La
seconde moitié du XVIe siècle couvre en France une période de troubles
accompagnée de la destruction ou de la
décadence de très nombreux monastères. Le sommet des luttes civiles se situe
peu avant 1572, date du massacre de
Une
intense activité de traduction prend place à la charnière
des deux siècles. Elle marque sur le plan des écrits la convergence des
influences provenant des Flandres espagnoles, de l’Espagne et de l’Italie. On
retrouve plusieurs spirituels qui sont en même temps des traducteurs :
Jean de Quintanadueñas (de Brétigny) traduit Thérèse d’Avila (1601) ; René
Gaultier traduit de très nombreux textes espagnols ; de Brétigny et
Gaultier partiront chercher des carmélites en Espagne en 1604. Richard
Beaucousin et des chartreux traduisent
René
Gaultier (~1560-1638) [9] est un Conseiller d’Etat et avocat qui vit à
Paris et a au moins cinq enfants de Péronne de Laurent (-1656), celle-ci
considérée comme un « vrai miroir de perfection » ; il traduit
P. d’Alcantara, L. Du Pont, J. de
Richard
Beaucousin (1561-1610) [10], est avocat avant de rentrer à trente ans à
la chartreuse de Paris où sa cellule est visitée par Gaultier, François de
Sales, etc. Outre son activité de traducteur, il aide à la publication de
En 1622, lorque la traduction de Gaultier du texte actuellement perdu du Cantique A, amené par Anne de Jésus (-1621) à qui il était dédié, est édité « tardivement », les œuvres mystiques principales sont ainsi disponibles sans avoir besoin de recourir au latin, langue des clercs. Ceci ouvre l’accès aux femmes aux principaux textes de la tradition mystique chrétienne.
Ces traductions ne privilégient pas l’élégance - la langue française est encore rugueuse - mais la précision cherche à rendre compte fidèlement de l’intériorité exprimée dans le texte, par ailleurs souvent vécue par les traducteurs eux-mêmes. Ceci les fait préférer aux « belles infidèles » de la fin du siècle, réalisées sous l’influence de l’école des traducteurs issue de Port-Royal qui recommande d’éviter tout mot à mot, qui demande de repenser le texte pour le rendre en tirant le meilleur parti d’une langue française arrivée à son épanouissement et jugée désormais l’égale du latin. Mais repenser un texte mystique en respectant l’intention de l’auteur n’est pas aisé, parce que l’ « onction » spirituelle passe souvent à côté du sens obvie, problème rencontré en poésie. L’idéal est d’avoir une édition de l’original et sa translittération, de pouvoir ainsi facilement remonter de l’une à l’autre, ce qui fut le cas vers 1620 où l’espagnol, encore première langue d’Europe, est connu de nombreux lecteurs, dont les femmes éduquées.
Parallèlement à cette disponibilité des textes, des catholiques émigrent et trouvent refuge en France, tel Benoît Filch de Canfield (1562-1610). Beaucoup d’autres vivent hors des frontières du royaume mais sont suffisamment proches pour que la langue française soit reconnue à côté du latin : à Mayence, œuvre en français le capucin Constantin de Barbanson (1582-1631), après une période passée auprès des bénédictines de Douai, ville universitaire où œuvre en latin le bénédictin Augustin Baker (1571-1641). Dans cette cité des Pays-Bas espagnols est bientôt fondée une université jésuite de langue française, en concurrence à celle de Louvain la vieille, de langue brabançonne.
Les pays plus extérieurs « du nord » et de l’est, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, sont devenus protestants. Ces nouvelles Eglises communautaires s’opposent à des approches mystiques considérées comme des reliquats de l’état médiéval où dominait la médiation assurée par le corps des moines et des clercs « papistes ». Des communautées réformées prennent leur place, en s’appuyant sur leur interprétation littérale de l’Ecriture, pour assurer une autorité laissée vacante. Ceci ne laisse guère de place à une intériorité sinon celle dominée par la conscience morale, celle des puritains anglais et bien plus tard celle de Kant. Nous aborderons quelques figures mystiques de cet autre monde, souvent des quakers, des piétistes, des « chrétiens sans église », rassemblées au début de l’épilogue qui clôt l’ouvrage (respecter la chronologie eut rendu son plan trop complexe).
Les pays du sud, Espagne et Italie, vont entrer en décadence, soumis à des Inquisitions strictes, ne brûlant certes que modérément à partir du XVIIe siècle, et seulement pour maintenir une peur jugée utile au salut et à l’ordre public : la mise en scène baroque des Autodafe impressionna si fort la jeuneThérèse qu’elle en eut son célèbre rêve de vision de l’enfer, après avoir assisté à celui de 1559 [11]. On présentera plus tard le récit du spectacle de l’abjuration de Molinos à Rome qui dura une journée entière. De telles mises en scènes interdisent toute expression d’une pensée créatrice puisque cette dernière n’est que rarement le fait de martyrs volontaires. La décadence des imprimeurs - disparition italienne et espagnole, et se maintiennent seulement les presses d’Anvers - souligne celle de la pensée libre.
Il est donc raisonnable de porter notre regard sur le pays le plus peuplé d’Europe, qui monte en puissance et n’est pas encore sous un joug despotique.
L’identification des principaux membres formant la
communauté mystique, en privilégiant
Notre approche, qui favorise les individus sans tenir compte de leurs fonctions ni de leurs croyances, est subjective, parce qu’elle ne peut définir une grille qui fournirait les critères d’une sélection. La nature toute intérieure du champ mystique ne se prête pas à l’exercice de modèles économiques et sociaux, pertinents dans d’autres domaines, à moins de réduire la vie mystique à l’effet de causes extérieures ; elle ne se réduit pas selon des modèles psychologiques si nous reconnaîssons la réalité de la grâce divine et de son expérience.
La liste comporte 113 figures, ce qui rend des approches de nature statistique valides (répartition dans le temps, durée de vie, etc.), tout en permettant de garder une image précise pour chacune. On consacre une section à un nombre conséquent d’entre elles.
Nous ne tenons pas compte de la notabilité ni du degré d’influence sur les contemporains, mais de la qualité éprouvée à la lecture des écrits ou des dits attribués à ces figures. Certaines allument un amadou cordial ! Cette liste accueille des figures oubliées.
On notera l’équilibre - qui ne fut pas recherché - entre
figures mystiques masculines et féminines. Ces dernières comportent des
carmélites peu connues, une Jeanne de Cambry recluse oubliée du nord de
Apparaissent quelques illustres religieux qui ne sont pas mystiques, tels Bossuet ou Labadie, mais ce sont des « centre-exemples » d’opposition à l’opinion commune aux mystiques.
Enfin la présence de quelques étrangers n’appartenant pas à la sphère d’expression française, tel Baker ou Sandaeus, auteur d’un célèbre dictionnaire de termes mystiques, qui écrivaient en latin, s’imposent parce que la moitié des éditions du XVIIe siècle étaient faites dans cette langue largement lue ; ou bien, tel Angelus Silesius poète silésien, tel Robert Barclay grand mystique quaker, pour souligner le débordement des fontières linguistiques ou des principales dénominations religieuses. Dans ces rares cas, nous avons dissocié leur présentation du fil chronologique, les reportant dans la quatrième partie qui élargit le champ d’expression mystique.
Comment assembler ces figures pour éviter une monotone succession ? Evitant d’imposer à priori une grille prédéterminée - appartenance à telle structure ou tel ordre religieux - nous avons cherché des liens personnels entre elles, sachant que l’exemple direct et ce que l’on nomme « direction spirituelle » sont nécessaires au développement d’une vie mystique, même si la grâce divine est toujours première. Les rapports supposent des personnes vivantes ayant des contacts directs. Le rôle des ordres, compte tenu de l’influence des Règles, et du fait que les rapports ont naturellement tendance à s’exercer en leur intérieur d’un même groupe humain conduit toutefois à traiter séparément de certains : carmes et carmélites, bénédictins, etc.
Outre « l’école du cœur », de Bernières à Guyon, qui ne s’appuie sur aucun ordre spécifique, sont apparues comme essentielles les réformes carmélitaines, celle des carmélites venant d’Espagne (réforme des « déchaussés ») passant par la figure de Madeleine de Saint-Joseph, celle des carmes (réforme dite de Touraine) passant par la figure de Jean de Saint-Samson. Les capucins sont très importants et sous-estimés aujourd’hui. Faut-il mettre dans une catégorie propre les mystiques jésuites ? La grande figure de Pascal peut-elle conduire à Port-Royal ? Jésuites ou jansénistes de la première génération pouvaient-ils donner un goût particulier à la mystique ?
L’approche dissocie le caractère du saint de celui du mystique, relativise les notions d’écoles calquées sur l’appartenance à tel ou tel ordre, tente de compenser - difficilement, par suite d’un manque de sources - le déséquilibre observé entre modèles consacrés et vie dans le monde.
Finalement nous privilégions deux filiations, qui présentent la vie mystique sous deux modes : carmélites et carmes, consacrés à Dieu, acceptant des Règles de vie strictes, « école du cœur » qui mêle religieux présents au monde et laïcs, dont la règle, pour être toute intérieure, n’en est pas moins abrupte dans le pur amour substitué à l’amour propre. D’autres foyers de vie mystique sont également mis en valeur, et en premier lieu dans les familles franciscaines ; il est toutefois plus difficile de lier leurs figures entre elles.
Une bibliothèque reste à éditer et à expliquer. Peut-être
faudrait-il reprendre l’usage ancien des chrestomaties, recueil de morceaux
choisis dans certains auteurs classiques, telle que fut
Les Spirituels ayant
vécu au XVIIe siècle figurent à
On est en premier lieu surpris de la longévité exceptionnelle des membres de la population ainsi rassemblée, la moyenne s’établissant autour de soixante-trois ans, longévité étonnante pour l’époque. Il est vrai qu’une longue vie donne plus de chance à la reconnaissance ultérieure, ce qui introduit un biais statistique.
1. La répartition des naissances par tranches de quinze ans (ce qui représente une demi-génération) est la suivante pour les figures dont les dates sont connues :
1540-1554 : 2
1555-1569 : 10
1570-1584 : 19
1585-1599 : 16
1600-1614 : 22
1615-1629 : 17
1630-1644 : 8
1645-1659 : 6
1660-1675 : 2
Cette répartition fournit déjà un enseignement très intéressant en confirmant des observations classiques jusqu’ici restées qualitatives. L’isolement lié aux guerres de religion, la rareté des éditions, la destruction du monachisme, expliquent le très faible nombre des spirituels « visibles » naissant avant 1555. On observe ensuite une période rapidement ascendante précédant 1570. La distribution reste assez uniforme entre 1570 et 1630, soit seize à vingt-deux naissances par tranche de quinze ans. Cette uniformité suggère une identification assez correcte des figures spirituelles nées pendant cette longue durée de soixante ans.
Cette abondance assure l’ « essor mystique en France » souligné par Bremond, qui s’étend de 1600 à 1660 environ. Le décalage de trente ans par rapport aux naissances est normal : c’est la durée nécessaire pour atteindre la maturité.
Une décroissance rapide des naissances se produit ensuite entre 1630 et 1660 où l’on redescend à la valeur initiale minime de deux naissances pour la dernière tranche. Elle ne s’explique pas par un manque d’intérêt de notre part pour le siècle suivant, car nous avons cherché des figures mystiques jusqu’en 1740 environ, (par suite de notre intérêt premier pour l’époque où vivaient madame Guyon puis les membres de son cercle).
2. Le cumul brut des naissances, des morts, et leur différence s’établissent selon la table suivante :
1570 : 12 12
1585 : 31 31
1600 : 47 47
1615 : 69 3 66
1630 : 86 17 69
1645 : 94 36 58
1660 :100 48 52
1675 :102 67 35
1690 :102 81 21
Les différences de la dernière colonne, constitue une estimation du nombre de figures spirituelles vivant au même moment. Il est significatif d’une communication possible entre ainés et cadets mais seulement à partir de 1600 environ (il faut le temps de former une génération)
On observe une distribution de présences simultanées dont le maximum atteint 69 autour de 1630 et ayant des valeurs supérieures à 40 entre 1600 et 1660, la moyenne étant proche de 60. Le maximum est divisé par deux autour dès 1675. Cette décroissance confirme l’extinction progressive, en une génération, de la mystique (visible), déjà suggérée par l’auteur du Crépuscule des mystiques. Elle s’explique par une suspicion générale qui commence vers 1660 : les mystiques n’écrivent plus (mais c’est la condition pour leur repérage ultérieur !) et se cachent. Diverses explications ont été avancées : montée du despotisme et de l’intolérance religieuse, influence de valeurs ascétiques jansénisantes, du rationalisme, etc.
La présence simultanée ne peut assurer des rencontres mystiquement utiles que pour la moitié de ces valeurs, correspondant à la moitié de la durée d’une vie, (entre trente et soixante ans d’âge pour les « aînés » ou entre quinze et quarante ans pour les « cadets »). Ceci conduit à une moyenne de 30 spirituels environ en potentiel de coexistence « utile » pour les 60 meilleures années (1600-1660).
Ces mystiques, petite fraction des spirituels, auraient donc à priori peu de chance de se croiser dans une zone d’expression française du XVIIe siècle où l’on estime à près de deux cent mille le nombre de clercs et de religieuses (pour près de vingt millions d’habitants). D’où s’ensuit une grande prudence requise quant aux réseaux d’influences construits à partir d’une si faible fraction. On peut toutefois supposer une grande force attractive entre mystiques et surtout l’existence cachée de nombreux intermédiaires constituant des liens facilitant leur rencontre (de nombreux noms qui apparaissent brièvement dans le corps de notre étude ne sont pas collectés ici) .
Cette analyse montre que l’essor des vécus mystiques suppose des conditions particulières rarement réalisées. Elle s’est produit dans une fenêtre temporelle étroite - entre 1600 et 1660 - dont il demeure des traces (faibles comparées à l’abondance du « bruit » qui tend à les recouvrir, issu du fonctionnement des appareils religieux et civils).
Il n’apparaît guère surprenant que la dispersion des expressions des vécus mystiques qui découlent de l’éclatement des références religieuses et de la disparition d’un langage commun rende le paysage ultérieur après 1700 apparemment vide : toute expression d’une mystique sobre (donc ne bénéficiant pas de l’effet d’annonce lié aux apparitions, pèlerinages, etc.), devient un faible signal noyé par le bruit du « marché » des croyances et des pouvoirs.
Enfin la liste chronologique réduite à douze figures, « apôtres » d’intérêt majeur compte quatre laïcs (cinq si l’on compte la jeunesse du soldat Laurent) et femmes qui connurent la vie mariée, dont deux seulement le furent durant toute la durée de leur existence, pour huit religieux et religieuses. Quatre femmes pour huit hommes, car elles sont handicapées par une production écrite moindre (une Madeleine de Saint-Joseph, carmélite et Armelle, fille puis converse, sont absentes de ce choix).
Liste chronologique réduite à douze figures d’intérêt majeur Anne de Saint-Barthélémy [carmélite] |
1549 |
1626 |
Canfield (Benoit de-) [capucin] |
1562 |
1610 |
Saint-Samson (Jean de-) [carme] |
1571 |
1636 |
Chantal (b. Jeanne de-, mère de-) [épouse puis visitandine] |
1572 |
1641 |
Constantin de Barbanson [capucin] |
1582 |
1631 |
Chrysostome de Saint-Lô (Jean) [franciscain] |
1594 |
1646 |
Marie de l'Incarnation (du Canada) (Guyart) [épouse puis ursuline] |
1599 |
1672 |
Bernières (Jean de-) [laïc] |
1602 |
1659 |
Laurent de |
1614 |
1691 |
Bertot (Jacques) [prêtre] |
1620 |
1681 |
Guyon (Jeanne-Marie) [épouse puis veuve] |
1648 |
1717 |
Milley (François-Claude) [jésuite] |
1668 |
1720 |
|
Angleterre |
France
du Nord-Est et Flandres
(« Benelux ») |
Vallée du Rhin |
Italie et Espagne |
XIIes. |
|
Guillaume de St-Thierry (~1085-1188) |
|
J. de Flore (+1202) Humiliés,
etc. |
XIIIes. |
Ancreen Riwle (~1240) |
Béguines Hadewijch I (~1230) Hadewijch II (~1280) Marg. Porete
(brûlée à Paris en 1309) |
Eckhart (~1260-1328)
à Cologne et Strasbourg |
François d’A.
(1182-1226) Spirituels,
Clarisses Jacopone
da Todi (1236-1306) |
XIVes. |
Richard Rolle (~1295-1349) Nuage d’Inconnaiss. (~1370) Hilton (+1396) Julian de Norw. (~1343-apr.1416) |
Ruusbroec (1293-1381)
à Bruxelles et Groenendael Gerard
Grote (1340-1384) Congrég.de Windesheim Gerlach Peters (1378-1411) |
Jean Tauler
(~1300-1361) à Strasbourg Suso (~1295-1366)
à Cologne et Constance Théologie Germanique (~1390 ?) |
Dante (+1321) Déclin franciscain Conventualisme |
XVes. |
Margery Kempe (~1373~1440) |
L’Imitation
(~1408) de Thomas a Kempis Denys le
Chartreux (1402-1471) Henri
van Herp (Harphius) (1400-1477) Franciscain à Malines |
Luther
imprimera |
Observants
(Foligno) Colette (1381-1447)
réforme Clarisses Catherine de
Gênes (1447-1510) |
Ce
tableau comporte quatre colonnes situant les zones géographiques du nord
(deuxième colonne : Angleterre) au sud (cinquième colonne : Italie et
Espagne). Il se déroule en six rangées,
soit une rangée par siècle. Les influences s’exercent verticalement
(« écoles ») et horizontalement par proximités
( « relations »).
XVIes. |
|
Louis de Blois
(Blosius) (1506-1566) P. Pullen et
Claesinne van Nieuwlant (~1587) à Gand |
Maria
van Hout (+1547) Chartreuse
Cologne , Institutions pseudoTaulériennes(1548) G.Kalckbrunner
(+1566) & P.Canisius (1521-1597) |
Capucins
(~1520) Thérèse d’Avila
(1515-1582) Jean de Isab. Bellinzaga Breve Compendio (~1580) Ph. Neri (+1595) et l’Oratoire |
XVIIes. |
v. Pembroke et Canfield >> Augustin
Baker(1571-1641) traduit le Nuage et Hilton. |
Archange de
Pembroke (dir. de Port-Royal de 1609 à 1620) Benoît de Canfield (1562-1610) |
Dom
Beaucousin et ses chartreux trad. |
Cal
de Bérulle (1575-1629) Anne de J. (1545-1621)
& Anne de Saint Barthélémy (1549-1626) C. de
Barbanson, capucin Chrysost. de St-Lô, Tiers Ordre
Régulier |
Cette liste alphabétique permet de retrouver un nom de mystique ou spirituel ayant vécu au XVIIe siècle au moins partiellement. Les noms ne respectent pas toujours la règle suivie pour les religieux et religieuses : on favorise parfois le nom propre mieux mémorisé.
A Nom (Prénom et/ou "surnom") |
naiss. |
décès |
âge |
n° |
Agnès (Mère) |
1593 |
1671 |
78 |
1 |
Agnès de Jésus Maria (de Bellefonds) |
1611 |
1691 |
80 |
|
Amelote (Denis) |
1609 |
1679 |
70 |
|
Ange de Joyeuse |
1563 |
1608 |
45 |
|
Angélique Arnauld (mère-) |
1591 |
1661 |
|
|
Anne de Jésus |
1545 |
1621 |
76 |
|
Anne de Saint-Barthélémy |
1549 |
1626 |
77 |
|
Antoinette de Jésus |
1612 |
1678 |
66 |
|
Armelle (Nicolas) |
1606 |
1671 |
65 |
|
Aumont (Jean-) ("Le vigneron de Montmorency") |
1608 |
1689 |
81 |
10 |
Baker (David-Augustin) |
1575 |
1641 |
66 |
|
Barclay (Robert) |
1648 |
1690 |
42 |
|
Barré (Nicolas) |
1621 |
1686 |
65 |
|
Beaucousin (Richard) |
1561 |
1610 |
49 |
|
Bellinzaga ("La dame milanaise") |
|
1624 |
|
|
Bernezay (Maximien de-) |
|
|
|
|
Bernières (Jean de-) |
1602 |
1659 |
57 |
|
Bertot (Jacques) |
1620 |
1681 |
61 |
|
Berulle (Pierre de-) |
1575 |
1629 |
54 |
|
Blémur (Jacqueline Bouette de-) |
1618 |
1696 |
78 |
20 |
Bon (Mère Marie de l’Incarnation-) |
1636 |
1680 |
44 |
|
Boniface Maes |
1627 |
1706 |
79 |
|
Bossuet (Jacques-Bénigne) |
1627 |
1704 |
77 |
|
Boudon (Henri-Marie) |
1624 |
1702 |
78 |
|
Bourgoing (François) |
1585 |
1662 |
77 |
|
Bourignon (Antoinette) |
1616 |
1680 |
64 |
|
Brétigny (Jean de Quintanaduenas) |
1556 |
1634 |
78 |
|
Cambry (Jeanne de-) |
1581 |
1639 |
58 |
|
Camus (Jean-Pierre) |
1582 |
1652 |
70 |
|
Canfield (Benoit de-) |
1562 |
1610 |
48 |
30 |
Catherine ou Mectilde de Bar (Mère du Saint-Sacrement) |
1614 |
1698 |
84 |
|
Catherine de Jésus |
1589 |
1623 |
34 |
|
Caussade (Jean-Pierre de-) |
1675 |
1751 |
76 |
|
César de Bus |
|
1607 |
|
|
Chantal (b. Jeanne de-, mère de-) |
1572 |
1641 |
69 |
|
Chardon (Louis) |
1595 |
1651 |
56 |
|
Charlotte Le Sergent |
1604 |
1677 |
73 |
|
Chrysostome de Saint-Lô (Jean) |
1594 |
1646 |
52 |
|
Civoré (Antoine) |
1608 |
1668 |
60 |
|
Claude Martin (dom-) |
1619 |
1696 |
77 |
40 |
Cluniac (Pierre) |
1606 |
p1642 |
|
|
Condren (Charles de-) |
1588 |
1641 |
53 |
|
Constantin de Barbanson |
1582 |
1631 |
49 |
|
Coton (Pierre) |
1564 |
1626 |
62 |
|
Cyprien de la Nativité |
1605 |
1680 |
75 |
|
Dutoit (Jean-Philippe) |
1721 |
1793 |
72 |
|
Enguerrand (Archange) |
1631 |
1699 |
68 |
|
Eudes (Jean) |
1601 |
1680 |
79 |
|
Falconi (Jean) |
1596 |
1638 |
42 |
|
Fénelon (François de Salignac de |
1651 |
1715 |
64 |
50 |
François de Sales |
1567 |
1622 |
55 |
|
Gallemant (Jacques) |
1559 |
1630 |
71 |
|
Granger (Mère Geneviève) |
1600 |
1674 |
74 |
|
Gregorio da Napoli |
1577 |
1641 |
64 |
|
Guilloré (François) |
1615 |
1684 |
69 |
|
Guyon (Jeanne-Marie) |
1648 |
1717 |
69 |
|
Hamon (Jean) |
1618 |
1687 |
69 |
|
Hardouin de S.Jacques (Eloi) |
1612 ? |
1661 |
39 ? |
|
Hélyot (Claude et Marie) |
1644 |
1682 |
37 |
|
Honoré de Sainte Marie |
1651 |
1729 |
78 |
60 |
Isabelle des Anges |
1565 |
1644 |
79 |
|
Jaspart (Hubert) |
1582 |
1655 |
73 |
|
Jean-Evangéliste de Bois-le-Duc |
1588 |
1635 |
47 |
|
Jean-François de Reims |
|
1660 |
|
|
Joseph du Tremblay ("Le Père Joseph") |
1577 |
1638 |
61 |
|
|
1641 |
1682 |
41 |
|
|
1640 |
1715 |
74 |
|
Labadie (Jean de-) |
1610 |
1674 |
64 |
|
Lallemant (Louis) |
1588 |
1635 |
47 |
|
Laurent de la Résurrection |
1614 |
1691 |
77 |
70 |
Laurent de Paris |
|
1631 |
|
|
Le Gall de Querdu |
1633 |
1694 |
61 |
|
Le Gaudier (Antoine) |
1572 |
1622 |
50 |
|
Lessot (Jean de-) |
|
|
|
|
Louys (Epiphane) |
1614 |
1682 |
68 |
|
Madeleine de Saint-Joseph (de Fontaines) |
1578 |
1637 |
59 |
|
Malaval (François) |
1627 |
1719 |
92 |
|
Marie de Beauvilliers |
1574 |
1657 |
83 |
|
Marie de Jésus (de Bréauté) |
1579 |
1652 |
73 |
|
Marie de l’Incarnation (Madame Acarie) |
1566 |
1618 |
52 |
80 |
Marie de l'Incarnation (du Canada)(Marie Guyart) |
1599 |
1672 |
73 |
|
Marie de Valence (M. Teyssonnier) |
1576 |
1648 |
|
|
Marie des Vallées |
1590 |
1656 |
66 |
|
Marie-Madeleine de Jésus de Bains |
1598 |
1679 |
81 |
|
Marillac (Louise de-) |
1591 |
1660 |
69 |
|
Martial d'Etampes |
1575 |
1635 |
60 |
|
Maur de l'Enfant-Jésus |
1615 |
1690 |
75 |
|
Milley (François-Claude) |
1668 |
1720 |
52 |
|
Moine (Claudine) |
1618 |
|
|
|
Molinos (Michel de-) |
1628 |
1696 |
68 |
90 |
Neuvillette (Madeleine de-) |
1610 |
1657 |
47 |
|
Noulleau (Jean-Baptiste) |
1604 |
1672 |
68 |
|
Olier (Jean-Jacques) |
1608 |
1657 |
49 |
|
Paul de Lagny |
|
1694 |
|
|
Pascal (Blaise) |
1623 |
1662 |
39 |
|
Petrucci (Pierre-Matthieu) |
1636 |
1701 |
65 |
|
Pierre de Poitiers |
|
1683 |
|
|
Piny (Alexandre) |
1640 |
1709 |
69 |
|
Poiret (Pierre) |
1646 |
1719 |
73 |
|
Quiroga (Joseph de Jésus Maria) |
1562 |
1628 |
66 |
100 |
Rancé (Armand-Jean Bouthillier de-) |
1626 |
1700 |
74 |
|
Renty (Gaston de-) |
1611 |
1649 |
38 |
|
Rigoleuc (Jean) |
1596 |
1658 |
62 |
|
Rubéric (Séverin) |
|
|
|
|
Saint-Cyran (Jean-Ambroise Duvergier de H.) |
1581 |
1643 |
62 |
|
Saint-Jure (Jean-Baptiste) |
1588 |
1657 |
69 |
|
Saint-Samson (Jean de-) |
1571 |
1636 |
65 |
|
Sandaeus (Maximilien) |
1578 |
1656 |
78 |
|
Scheffler ("Angelus Silesius") |
1624 |
1677 |
53 |
|
Scougal (Henry) |
1650 |
1678 |
28 |
110 |
Simon de Bourg-en-Bresse |
|
1694 |
|
|
Surin (Jean-Joseph) |
1600 |
1665 |
65 |
|
Vincent de Paul |
1581 |
1660 |
79 |
|
Les figures du tableau précédent sont reclassées chronologiquement.
Des regroupements d’importances inégales sont indiqués en colonne « Gr. » : 1 Parisiens actifs au début du siècle, 2 autour de François de Sales, 3 autour de Port-Royal, 4 au nord du royaume, 5 Parisiens actifs plus tardivement, 6 Ecole du pur amour, 7 normands ou en relation, 8 Quiétistes, 9 Etrangers. Toutes les figures ne sont pas regroupées (vie en province, ermites…).
Une estimation de l’intérêt mystique des figures conduit à en souligner une douzaine d’intérêt jugé exceptionnel (***), une quarantaine de très grand (**) à grand (*) intérêt. Ces figures d’intérêt marqué représentent la moitié de l’ensemble.
Enfin on indique les présences féminines (f), les appartenances à l’ordre du carmel (c) aux jésuites (j) aux capucins (Ca).
A Nom (Prénom et/ou surnom) |
naiss. |
décès |
âge |
Gr. |
*** f,j c, Ca |
Anne de Jésus |
1545 |
1621 |
76 |
9 |
*cf |
Anne de Saint-Barthélémy |
1549 |
1626 |
77 |
9 |
***cf |
Brétigny (Jean de Quintanaduenas) |
1556 |
1634 |
78 |
1 |
* |
Gallemant (Jacques) |
1559 |
1630 |
71 |
1 |
* |
Beaucousin (Richard) |
1561 |
1610 |
49 |
1 |
* |
Canfield (Benoit de-) |
1562 |
1610 |
48 |
1 |
***Ca |
Quiroga (Joseph de Jésus Maria) |
1562 |
1628 |
66 |
9 |
**c |
Ange de Joyeuse |
1563 |
1608 |
45 |
1 |
|
Coton (Pierre) |
1564 |
1626 |
62 |
1 |
* j |
Isabelle des Anges |
1565 |
1644 |
79 |
9 |
cf |
Marie de l’Incarnation (Madame Acarie) |
1566 |
1618 |
52 |
1 |
*cf |
François de Sales |
1567 |
1622 |
55 |
2 |
* |
Saint-Samson (Jean de-) |
1571 |
1636 |
65 |
|
***c |
Chantal (b. Jeanne de-, mère de-) |
1572 |
1641 |
69 |
2 |
*** f |
Le Gaudier (Antoine) |
1572 |
1622 |
50 |
|
|
Marie de Beauvilliers |
1574 |
1657 |
83 |
1 |
* f |
Baker (David-Augustin) |
1575 |
1641 |
66 |
4 |
** |
Berulle (Pierre de-) |
1575 |
1629 |
54 |
1 |
|
Martial d’Etampes |
1575 |
1635 |
60 |
|
**Ca |
Marie de Valence (M. Teyssonnier) |
1576 |
1648 |
72 |
|
f |
Joseph du Tremblay ("Le Père Joseph") |
1577 |
1638 |
61 |
1 |
Ca |
Gregorio da Napoli |
1577 |
1641 |
64 |
|
|
Madeleine de Saint-Joseph (de Fontaines) |
1578 |
1637 |
59 |
1 |
**cf |
Sandaeus (Maximilien) |
1578 |
1656 |
78 |
9 |
|
Marie de Jésus (de Bréauté) |
1579 |
1652 |
73 |
1 |
cf |
Cambry (Jeanne de-) |
1581 |
1639 |
58 |
4 |
** f |
Saint-Cyran (Jean-Ambroise Duvergier de H.) |
1581 |
1643 |
62 |
1 |
|
Vincent de Paul |
1581 |
1660 |
79 |
5 |
|
Camus (Jean-Pierre) |
1582 |
1652 |
70 |
2 |
|
Constantin de Barbanson |
1582 |
1631 |
49 |
4 |
***Ca |
Jaspart (Hubert) |
1582 |
1655 |
73 |
|
* |
Bourgoing (François) |
1585 |
1662 |
77 |
1 |
|
Condren (Charles de-) |
1588 |
1641 |
53 |
5 |
** |
Jean-Evangéliste de Bois-le-Duc |
1588 |
1635 |
47 |
9 |
**Ca |
Lallemant (Louis) |
1588 |
1635 |
47 |
5 |
*j |
Saint-Jure (Jean-Baptiste) |
1588 |
1657 |
69 |
6 |
|
Catherine de Jésus |
1589 |
1623 |
34 |
|
cf |
Marie des Vallées |
1590 |
1656 |
66 |
6 |
** f |
Marillac (Louise de-) |
1591 |
1660 |
69 |
|
|
Angélique Arnauld (mère-) |
1591 |
1661 |
71 |
3 |
|
Agnès (Mère) |
1593 |
1671 |
78 |
3 |
|
Chrysostome de Saint-Lô (Jean) |
1594 |
1646 |
52 |
6 |
*** |
Chardon (Louis) |
1595 |
1651 |
56 |
|
|
Falconi (Jean) |
1596 |
1638 |
42 |
9 |
|
Rigoleuc (Jean) |
1596 |
1658 |
62 |
5 |
** j |
Marie-Madeleine de Jésus de Bains |
1598 |
1679 |
81 |
5 |
*cf |
Marie de l'Incarnation (du Canada) (M.Guyart) |
1599 |
1672 |
73 |
|
*** f |
Granger (Mère Geneviève) |
1600 |
1674 |
74 |
6 |
** f |
Surin (Jean-Joseph) |
1600 |
1665 |
65 |
5 |
j |
Eudes (Jean) |
1601 |
1680 |
79 |
7 |
* |
Bernières (Jean de-) |
1602 |
1659 |
57 |
6 |
*** |
Noulleau (Jean-Baptiste) |
1604 |
1672 |
68 |
|
|
Charlotte Le Sergent |
1604 |
1677 |
73 |
|
* |
Cyprien de la Nativité |
1605 |
1680 |
75 |
|
|
Cluniac (Pierre) |
1606 |
p1642 |
|
5 |
j |
Armelle (Nicolas) |
1606 |
1671 |
65 |
5 |
** f |
Aumont (Jean-)("Le vigneron de Montm.") |
1608 |
1689 |
81 |
6 |
* |
Civoré (Antoine) |
1608 |
1668 |
60 |
|
j |
Olier (Jean-Jacques) |
1608 |
1657 |
49 |
5 |
** |
Amelote (Denis) |
1609 |
1679 |
70 |
5 |
|
Neuvillette (Madeleine de-) |
1610 |
1657 |
|
5 |
|
Labadie (Jean de-) |
1610 |
1674 |
64 |
|
|
Renty (Gaston de-) |
1611 |
1649 |
38 |
7 |
** |
Agnès de Jésus Maria (de Bellefonds) |
1611 |
1691 |
80 |
5 |
c |
Hardouin de S.Jacques (Eloi) |
1612 ? |
1661 |
|
|
Ca* |
Antoinette de Jésus |
1612 |
1678 |
66 |
|
|
Louys (Epiphane) |
1614 |
1682 |
|
|
* |
Catherine ou Mectilde de Bar (Mère du St-Sacrement) |
1614 |
1698 |
84 |
7 |
f |
Laurent de la Résurrection |
1614 |
1691 |
77 |
5 |
*** |
Maur de l'Enfant-Jésus |
1615 |
1690 |
|
|
**c |
Guilloré (François) |
1615 |
1684 |
69 |
|
j* |
Bourignon (Antoinette) |
1616 |
1680 |
64 |
9 |
F |
Blémur (Jacqueline Bouette de-) |
1618 |
1696 |
78 |
7 |
F |
Moine (Claudine) |
1618 |
p1655 |
|
5 |
*f |
Hamon (Jean) |
1618 |
1687 |
69 |
3 |
|
Claude Martin (dom-) |
1619 |
1696 |
77 |
7 |
* |
Bertot (Jacques) |
1620 |
1681 |
61 |
6 |
*** |
Barré (Nicolas) |
1621 |
1686 |
65 |
5 |
* |
Pascal (Blaise) |
1623 |
1662 |
39 |
3 |
* |
Boudon (Henri-Marie) |
1624 |
1702 |
78 |
7 |
|
Scheffler ("Angelus Silesius") |
1624 |
1677 |
53 |
9 |
* |
Rancé (Armand-Jean Bouthillier de-) |
1626 |
1700 |
74 |
|
|
Boniface Maes |
1627 |
1706 |
79 |
9 |
|
Bossuet (Jacques-Bénigne) |
1627 |
1704 |
77 |
5 |
|
Malaval (François) |
1627 |
1719 |
92 |
8 |
* |
Molinos (Michel de-) |
1628 |
1696 |
68 |
8 |
* |
Enguerrand (Archange) |
1631 |
1699 |
68 |
6 |
* |
Le Gall de Querdu |
1633 |
1694 |
61 |
7 |
|
Bon (Mère Marie de l’Incarnation-) |
1636 |
1680 |
44 |
8 |
* f |
Petrucci (Pierre-Matthieu) |
1636 |
1701 |
65 |
8 |
|
Piny (Alexandre) |
1640 |
1709 |
69 |
5 |
|
|
1640 |
1715 |
74 |
8 |
* |
|
1641 |
1682 |
41 |
|
|
Hélyot (Claude et Marie) |
1644 |
1682 |
37 |
5 |
f |
Poiret (Pierre) |
1646 |
1719 |
73 |
9 |
* |
Barclay (Robert) |
1648 |
1690 |
42 |
9 |
** |
Guyon (Jeanne-Marie) |
1648 |
1717 |
69 |
6 |
*** f |
Scougal (Henry) |
1650 |
1678 |
28 |
9 |
|
Fénelon (François de Salignac de |
1651 |
1715 |
64 |
6 |
* |
Honoré de Sainte Marie |
1651 |
1729 |
78 |
5 |
|
Milley (François-Claude) |
1668 |
1720 |
52 |
|
*** |
Caussade (Jean-Pierre de-) |
1675 |
1751 |
76 |
6 |
** j |
Dutoit (Jean-Philippe) |
1721 |
1793 |
72 |
6 |
* |
Bellinzaga ("La dame milanaise") |
|
1624 |
|
9 |
*f |
César de Bus |
|
1607 |
|
|
|
Laurent de Paris |
|
1631 |
|
|
Ca |
Jean-François de Reims |
|
1660 |
|
|
Ca* |
Lessot (Jean de-) |
|
|
|
|
* |
Pierre de Poitiers |
|
1683 |
|
|
**Ca |
Rubéric (Séverin) |
|
|
|
|
|
Bernezay (Maximien de-) |
|
|
|
|
* |
Paul de Lagny |
|
1694 |
|
|
*Ca |
Simon de Bourg-en-Bresse |
|
1694 |
|
|
Ca |
[1] Disparition partielle : il faut tenir compte
du contrôle qui assèche la production mystique écrite et du moindre effort des
historiens « religieux » sur des figures mises à l’index (en est
résulté l’occultation de madame Guyon).
[2] DS 1.331.
[3] v. DS 12.1519/25.
[4] DS 12.735.
[5] DS 12.738/9.
[6] DS 1.1205/6. Nous consacrerons une section à
Baker.
[7] J. Orcibal, La
rencontre du Carmel thérésien avec les mystiques du Nord, 1959.
[8] Histoire
du Christianisme, tome 8,
« Le temps des Confessions », p. 432 ss. ; D. Crouzet, Les
Guerriers de Dieu, 2 tomes, Champ Vallon, 1990, illustre par de nombreux
textes d’époque les horreurs perpétrées par nos ancêtres intégristes.
[9] DS 6.144/7.
[10] DS 1.1314/5.
[11] Sur le théâtre et le rôle de la terreur, voir M.
Bataillon, Erasme et l’Espagne, p. 745,
753, 770 sv.