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1.    L'arrivée en France des textes et des hommes.

Synthèses. 1

Le jeu des influences de 1381 à 1594. 1

Troubles et traducteurs. 3

Une centaine d’écrivains spirituels ayant connu le XVIIe siècle. 5

Caractères communs de nature statistique. 6

Tables des figures spirituelles 10

Table 1 :  FILIATIONS ET INFLUENCES DU XIIIE AU XVIIE SIÈCLE. 10

Table 2 : SPIRITUELS AYANT VÉCU AU XVIIE SIÈCLE (par ordre alphabétique). 12

Table 3 : SPIRITUELS AYANT VÉCU AU XVIIE SIÈCLE (par ordre chronologique des naissances). 15

 

Synthèses.

Deux approches préparent les explorations individuelles des chapitres suivants. Il s’agit de réduire la complexité d’un jeu d’influences sur deux siècles en les organisant géographiquement, puis de présenter globalement la foule des spirituels dont nous étudierons ensuite des figures individuelles. Cette présentation globale permet de quantifier et confirme statistiquement le sentiment d’un essor de  la première moitié du grand siècle et d’un crépuscule des mystiques dans sa seconde moitié, du moins dans ses formes organisées. Il suggère une explication de cette disparition [1]. Les tables de synthèses, qui résument l’effort entrepris d’une sélection de figures par leurs productions et non par la reprise d’une tradition aussi vénérable soit-elle, ont été établies progressivement sur dix années, non sans contributions amicales.

Le jeu des influences de 1381 à 1594.

Plus de deux cent ans séparent les dates symboliques de la mort de Ruusbroec et de la fin des guerres de religion en France. La première date de 1381 clôt la période antérieure qui vit l’activité d’une trinité mystique influente sur tous les siècles suivants : Ruusbroec (1293-1381), Tauler (~1300-1360), l’anonyme auteur du Nuage d’Inconnaissance (~1370). La seconde date de 1594 correspond au réveil du pays le plus peuplé d’Europe : le début du règne d’Henri IV voit la paix revenir en France, grâce à laquelle « l’invasion mystique » commence par des traductions, bientôt suivie de l’arrivée d’étrangers du nord et du sud, préparant un vaste essor religieux.

L’histoire des développements sur une durée de 213 ans est complexe et encore mal cernée.  On constate globalement un affaissement de la tradition nordique, qui contraste avec l’émergence italienne et espagnole. Cependant c’est la tradition nordique qui sera dominante en France jusqu’à l’arrivée physique des carmélites puis les atténuations imposées par les agents de la contre-réforme et par le roi.

Denys le chartreux (1402-1471), Henri van Herp (Harphius) (1400-1477) puis l’apparition de La perle évangélique (~1520 ? éd. 1535) transmettent le message issu principalement de Ruusbroec et de Tauler, dans le monde catholique. La Théologie germanique prolonge Eckhart dont le nom demeure cependant inconnu, et Tauler, dans le monde protestant, car, éditée par Luther en 1516 puis 1518, ce texte demeure ailleurs suspect.

On ne trouverait après le milieu du XIVe siècle  qu’un écho affaibli de l’élan mystique. Par contre cet écho pénètrera partout grâce à l’imprimerie. Cet affaissement  serait-il dû à l’effet dévastateur des pestes récurrentes (la première en 1348, la seconde en 1362 : la population est alors réduite à sa moitié ; les effets des suivantes seront moins dramatiques mais elles se reproduiront jusqu’à 1720, dernière manifestation limitée à Marseille). Elles assombrissent en tout cas la vision spirituelle. Faut-il invoquer la guerre dite de cent ans (1346 Crécy, 1453 reconquête du Bordelais) traduisant en France les troubles d’un « second moyen âge », puis la division de la papauté, enfin les luttes politico-religieuses liées à la division en réformés et catholiques ? Mais aucune période historique n’est calme : suivront, pendant la période que nous allons étudier, les terribles guerres « de trente ans » culminant vers 1630 qui scelleront l’opposition irréductible entre deux mondes religieux campant sur leurs frontières, puis celle « de quarante ans » à partir de 1672 entre deux mondes politiques,  Louis XIV s’opposant  à l’Europe financée par la Hollande.

Notre connaissance réduite est peut-être simplement à mettre en cause, un effort moins grand ayant lieu sur les périodes où la théologie et plus largement la représentation du monde demeurent stables, lorsque les bases ont été bâties (milieu XIIe au milieu XIVe). Mais la mystique est largement et bien vécue, représentée par de grandes figures de la devotio moderna ou d’inspiration franciscaine. Simplement il ne leur est pas nécessaire d’inventer de nouveaux modèles, la fraîcheur manque.

Pour éclairer cette période de transition, il est commode de décrire le maillage dense des influences « du nord » empruntant quatre voies géographiquement distinctes :

(1)   La voie passant par la chartreuse de Cologne.

L’activité intellectuelle de cette chartreuse est remarquable et met à profit l’arrivée de l’imprimerie : le corpus taulérien dont nous avons vu la richesse est édité et transmet ainsi des influences qui passeront ensuite par le bénédictin Louis de Blois (Blosius), les carmes Jean de la Croix et Jean de Saint-Samson, le capucin Benoit de Canfield, des luthériens comme Arndt et Gerhardt [2].

Plus précisément des relations étroites lient Maria van Hout ( ?-1547), qui a pour amie l’auteur de la Perle et du Tempel, avec Gérard Kalckbrunner ( ?-1566), son fils spirituel depuis 1530, compilateur des Institutions pseudo-Taulériennes à la chartreuse de Cologne, avec Pierre Canisius (1521-1597), jésuite qui la connaît aussi personnellement [3], éditeur de la compilation de ses amis chartreux. Louis de Blois (1506-1566) concourt à la conquête de l’Europe de la Perle.

En Flandre espagnole la « façon nordique » se heurtera à l’incompréhension de la carmélite Anne de Jésus, arrivée à Bruxelles en 1607 : nous l’avons cité, mais avec son contexte qui atténue l’opposition au niveau du vécu des personnes. L’influence parvient en France chez Bérulle surtout par l’intermédiaire de Benoît de Canfeld qui « lui emprunte les deux formes d’annihilation mystique, l’active et la passive [4] ».

Par ailleurs il faut signaler le rôle du prêtre Pelgrim Pullen qui rencontre la mystique Claesinne van Nieuwlant en 1587 à Gand : « L’expérience du non-être dont Claesinne et Pullen s’entretiennent n’est pas tant une préparation ou une condition préalable à l’union avec Dieu qu’un de ses aspects : c’est l’intensité de la présence du Tout Autre qui est la cause de l’anéantissement. » Mommaers cite ainsi Pullen (non traduite du flamand) :

Lorsque l’homme connaît quelque chose de Dieu, il se connaît lui-même et il ne connaît pas Dieu… Lorsque rien n’est connu, c’est alors que Dieu est connu. Cela veut dire : lorsque l’homme se voit privé de tout, au point de ne plus rien avoir et de ne plus rien connaître. Une telle connaissance ne peut entrer ni dans l’intelligence ni dans l’entendement… S’abaisser sous Dieu voilà ce qu’est une telle connaissance ; elle est cela et rien d’autre que cela. [page 349 chez Claesinne], la vie contemplative est une adhésion toute nue à Dieu sans soi-même [5].

(1)   La voie anglaise.

La mystique du Nuage d’Inconnaissance et de Julian de Norwich se prolonge jusqu’à des émigrés : William Fitch of Little Canfield (Benoît de Canfield) et Archange de Pembrocke à Paris, puis Augustin Baker à Douai. Ce dernier centre est  important car une université catholique y fut fondée par les jésuites et mise en concurrence avec la vénérable université de Louvain (on en retrouve trace dans l’opposition que rencontrera Jansénius pour des raisons que l’on doit qualifier de politiques, esprit d’indépendance des flamands même catholiques vis-à-vis du pouvoir espagnol). Nous étudierons la Règle de Benoît de Canfield. Son compagnon Archange de Pembrocke fut le directeur de Port-Royal à ses débuts, de 1609 à 1620.

Dom Augustin Baker (1575-1641)  prit l’habit bénédictin en 1605. En 1624 il est à Cambrai, aidant le nouveau couvent de bénédictines anglaises. Il est renvoyé en 1633 à Douai où il mène une vie retirée. Il  traduisit en plusieurs volumes des œuvres réputées de Tauler, et fit connaître The Cloud of Unknowing, d’un chartreux, et The Scale of perfection de Hilton.  Sa Sancta Sophia est un précis soigné de ses écrits, œuvre remarquablement claire [6].

(3) La voie italienne.

Elle passe par Catherine de Gênes, partiellement tributaire des deux Hadewijch, puis par le Breve Compendio qui est repris par Bérulle. Cette voie serait secondaire ? Elle est surtout mal connue et ne se limite pas aux transmissions des textes.

L’arrivée de membres des ordres en France suit immédiatement la fin des guerres de religion : se distinguent les capucins, le tiers ordre régulier auquel appartient Chrysosome de Saint-Lô, les ursulines, des jésuites : le père Coton, confesseur d’Henri IV, qui apporte le Breve Compendio après son séjour milanais. Enfin les échanges avec Rome, le centre de la religion catholique, sont permanents.

(4)   La voie espagnole.

 Jean de la Croix sera mis en contact avec la mystique du nord lors de ses études à Salamanque, ce qui s’explique aisément car la Flandre faisait partie de l’empire de Charles Quint [7]. Nous avons cité plus haut l’opinion de la carmélite Anne de Jésus arrivant en Flandre à Bruxelles.

Nous avons rassemblé ces influences sous la forme d’un tableau figurant à la fin de ce chapitre : Tableau 1 : Filiations et influences du XIIIe au XVIe siècle.

Troubles et traducteurs.

La seconde moitié du XVIe siècle couvre en France une période de troubles accompagnée  de la destruction ou de la décadence de très nombreux monastères. Le sommet des luttes civiles se situe peu avant 1572, date du massacre de la Saint-Barthélémy. Elle se termine grâce à la modération d’Henri IV - et grâce à son talent  militaire - qui lui permettent de reconquérir lentement le royaume. On peut dater la renaissance de la paix civile à 1594, l’année qui suit son entrée à Paris et son abjuration à Saint-Denis. Absous par le pape, probablement sous l’influence de Philippe de Néri, il doit encore soumettre les dernières places ligueuses : la date de l’édit de tolérance de Nantes en 1598 peut servir de date charnière pour la renaissance religieuse du royaume [8].

Une intense activité de traduction prend place à la charnière des deux siècles. Elle marque sur le plan des écrits la convergence des influences provenant des Flandres espagnoles, de l’Espagne et de l’Italie. On retrouve plusieurs spirituels qui sont en même temps des traducteurs : Jean de Quintanadueñas (de Brétigny) traduit Thérèse d’Avila (1601) ; René Gaultier traduit de très nombreux textes espagnols ; de Brétigny et Gaultier partiront chercher des carmélites en Espagne en 1604. Richard Beaucousin  et des chartreux traduisent la Vita de Catherine de Gênes (1598), la Perle évangélique (1602), les Noces spirituelles (1606) de Ruusbroec.  Les minimes de Rouen publient les Institutions pseudo-Taulériennes avec la Vie … et Epistres et quelques excellents sermons…  en 1614. La Théologie Mystique de Harphius (Herp) paraît à Paris en 1616 traduite par J.-B. de Machault, conseiller du roi.

René Gaultier (~1560-1638)  [9] est un Conseiller d’Etat et avocat qui vit à Paris et a au moins cinq enfants de Péronne de Laurent (-1656), celle-ci considérée comme un « vrai miroir de perfection » ; il traduit P. d’Alcantara, L. Du Pont, J. de la Croix dont la première édition incomplète  de 1618 est traduite dès 1621, des chartreux, Jean Climaque… Ses traductions sont très exactes et mystiquement « sensibles ». 

Richard Beaucousin (1561-1610)  [10], est avocat avant de rentrer à trente ans à la chartreuse de Paris où sa cellule est visitée par Gaultier, François de Sales, etc. Outre son activité de traducteur, il aide à la publication de la Règle de Benoît de Canfield, du Bref discours de Bérulle reprise du Compendio de la Dame milanaise. Sa traduction rééditée de la Perle évangélique est belle.

En 1622, lorque la traduction de Gaultier du texte actuellement perdu du Cantique A, amené par Anne de Jésus (-1621) à qui il était dédié, est édité « tardivement », les œuvres mystiques principales sont ainsi disponibles sans avoir besoin de recourir au latin, langue des clercs. Ceci ouvre l’accès aux femmes aux principaux textes de la tradition mystique chrétienne.

Ces traductions ne privilégient pas l’élégance - la langue française est encore rugueuse - mais la précision cherche à rendre compte fidèlement de l’intériorité exprimée dans le texte, par ailleurs souvent vécue par les traducteurs eux-mêmes. Ceci les fait préférer aux « belles infidèles » de la fin du siècle, réalisées sous l’influence de l’école des traducteurs issue de Port-Royal qui recommande d’éviter tout mot à mot, qui demande de repenser le texte pour le rendre en tirant le meilleur parti d’une langue française arrivée à son épanouissement et jugée désormais l’égale du latin. Mais repenser un texte mystique en respectant  l’intention de l’auteur n’est pas aisé, parce que l’ « onction » spirituelle passe souvent à côté du sens obvie, problème rencontré en poésie. L’idéal est d’avoir une édition de l’original et sa translittération, de pouvoir ainsi facilement remonter de l’une à l’autre, ce qui fut le cas vers 1620 où l’espagnol, encore première langue d’Europe, est connu de nombreux lecteurs, dont les femmes éduquées.

Parallèlement à cette disponibilité des textes, des catholiques émigrent et trouvent refuge en France, tel Benoît Filch de Canfield (1562-1610). Beaucoup d’autres vivent hors des frontières du royaume mais sont suffisamment proches pour que la langue française soit reconnue à côté du latin : à Mayence, œuvre en français le capucin Constantin de Barbanson (1582-1631), après une période passée auprès des bénédictines de Douai, ville universitaire où œuvre en latin le bénédictin Augustin Baker (1571-1641). Dans cette cité des Pays-Bas espagnols est bientôt fondée une université jésuite de langue française, en concurrence à celle de Louvain la vieille, de langue brabançonne.

Les pays plus extérieurs « du nord » et de l’est, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, sont devenus protestants. Ces nouvelles Eglises communautaires s’opposent à des approches mystiques considérées comme des reliquats de l’état médiéval où dominait la médiation assurée par le corps des moines et des clercs « papistes ». Des communautées réformées prennent leur place, en s’appuyant sur leur interprétation littérale de l’Ecriture, pour assurer une autorité laissée vacante. Ceci ne laisse guère de place à une intériorité sinon celle dominée par la conscience morale, celle des puritains anglais et bien plus tard celle de Kant. Nous aborderons quelques figures mystiques de cet autre monde, souvent des quakers, des piétistes, des « chrétiens sans église », rassemblées au début de l’épilogue qui clôt l’ouvrage (respecter la chronologie eut rendu son plan trop complexe).

Les pays du sud, Espagne et Italie, vont entrer en décadence, soumis à des Inquisitions strictes, ne brûlant certes que modérément à partir du XVIIe siècle, et seulement pour maintenir une peur jugée utile au salut et à l’ordre public : la mise en scène baroque des Autodafe impressionna si fort la jeuneThérèse qu’elle en eut son célèbre rêve de vision de l’enfer, après avoir assisté à celui de 1559 [11]. On présentera plus tard le récit du spectacle de l’abjuration de Molinos à Rome qui dura une journée entière. De telles mises en scènes interdisent toute expression d’une pensée créatrice puisque cette dernière n’est que rarement le fait de martyrs volontaires. La décadence des imprimeurs - disparition italienne et espagnole, et se maintiennent seulement les presses d’Anvers - souligne celle de la pensée libre.

Il est donc raisonnable de porter notre regard sur le pays le plus peuplé d’Europe, qui monte en puissance et n’est pas encore sous un joug despotique.

Une centaine d’écrivains spirituels ayant connu le XVIIe siècle.

L’identification des principaux membres formant la communauté mystique, en privilégiant la France, déborde le siècle de part et d’autre, puisque certains naissent dans la seconde moitié du XVIe siècle et d’autres connaîtront le début du siècle des Lumières. La liste des figures retenues, augmentée de quelques adversaires des mystiques, ainsi que de quelques figures étrangères à la sphère d’expression française,  inclut la majorité des mystiques du siècle reconnus encore aujourd’hui ou qui viennent d’être redécouverts.

Notre approche, qui favorise les individus sans tenir compte de leurs fonctions ni de leurs croyances, est subjective, parce qu’elle ne peut définir une grille qui fournirait les critères d’une sélection. La nature toute intérieure du champ mystique ne se prête pas à l’exercice de modèles économiques et sociaux, pertinents dans d’autres domaines, à moins de réduire la vie mystique à l’effet de causes extérieures ; elle ne se réduit pas selon des modèles psychologiques si nous reconnaîssons la réalité de la grâce divine et de son expérience.

La liste comporte 113 figures, ce qui rend des approches de nature statistique valides (répartition dans le temps, durée de vie, etc.), tout en permettant de garder une image précise pour chacune. On consacre une section à un nombre conséquent d’entre elles.

Nous ne tenons pas compte de la notabilité ni du degré d’influence sur les contemporains, mais de la qualité éprouvée à la lecture des écrits ou des dits attribués à ces figures. Certaines allument un amadou cordial ! Cette liste accueille des figures oubliées.

On notera l’équilibre - qui ne fut pas recherché - entre figures mystiques masculines et féminines. Ces dernières comportent des carmélites peu connues, une Jeanne de Cambry recluse oubliée du nord de la France, une « bonne Armelle », simple paysanne bretonne, un Nicolas Barré, poète récemment exhumé.

Apparaissent quelques illustres religieux qui ne sont pas mystiques, tels Bossuet ou Labadie, mais ce sont des « centre-exemples » d’opposition à l’opinion commune aux mystiques.

Enfin la présence de quelques étrangers n’appartenant pas à la sphère d’expression française, tel Baker ou Sandaeus, auteur d’un célèbre dictionnaire de termes mystiques, qui écrivaient en latin, s’imposent parce que la moitié des éditions du XVIIe siècle étaient faites dans cette langue largement lue ; ou bien, tel Angelus Silesius poète silésien, tel Robert Barclay grand mystique quaker, pour souligner le débordement des fontières linguistiques ou des principales dénominations religieuses.  Dans ces rares cas, nous avons dissocié leur présentation du fil chronologique, les reportant dans la quatrième partie qui élargit le champ d’expression mystique.

Comment assembler ces figures pour éviter une monotone succession ? Evitant d’imposer à priori une grille prédéterminée - appartenance à telle structure ou tel ordre religieux - nous avons cherché des liens personnels entre elles, sachant que l’exemple direct et ce que l’on nomme « direction spirituelle » sont nécessaires au développement d’une vie mystique, même si la grâce divine est toujours première. Les rapports supposent des personnes vivantes ayant des contacts directs. Le rôle des ordres, compte tenu de l’influence des Règles, et du fait que les rapports ont naturellement tendance à s’exercer en leur intérieur d’un même groupe humain conduit toutefois à traiter séparément de certains : carmes et carmélites, bénédictins, etc.

Outre « l’école du cœur », de Bernières à Guyon, qui ne s’appuie sur aucun ordre spécifique, sont apparues comme essentielles les réformes carmélitaines, celle des carmélites venant d’Espagne (réforme des « déchaussés ») passant par la figure de Madeleine de Saint-Joseph, celle des carmes (réforme dite de Touraine) passant par la figure de Jean de Saint-Samson. Les capucins sont très importants et sous-estimés aujourd’hui. Faut-il mettre dans une catégorie propre les mystiques jésuites ? La grande figure de Pascal peut-elle conduire à Port-Royal ? Jésuites ou jansénistes de la première génération pouvaient-ils donner un goût particulier à la mystique ?

L’approche dissocie le caractère du saint de celui du mystique, relativise les notions d’écoles calquées sur l’appartenance à tel ou tel ordre, tente de compenser - difficilement, par suite d’un manque de sources - le déséquilibre observé entre modèles consacrés et vie dans le monde.

Finalement nous privilégions deux filiations, qui présentent la vie mystique sous deux modes : carmélites et carmes, consacrés à Dieu, acceptant des Règles de vie strictes, « école du cœur » qui mêle religieux présents au monde et laïcs, dont la règle, pour être toute intérieure, n’en est pas moins abrupte dans le pur amour substitué à l’amour propre. D’autres foyers de vie mystique sont également mis en valeur, et en premier lieu dans les familles franciscaines ; il est toutefois plus difficile de lier leurs figures entre elles.

Une bibliothèque reste à éditer et à expliquer. Peut-être faudrait-il reprendre l’usage ancien des chrestomaties, recueil de morceaux choisis dans certains auteurs classiques, telle que fut la Philocalie publiée à Venise en 1782 ? Sa rédaction par deux moines orthodoxes accompagnait une reprise de conscience de la tradition de l’hésychia, paix de l’union avec Dieu, proche d’un « quiétisme » pris en son sens premier. Répandue en Russie, elle accompagna le renouveau spirituel du XIXe siècle. Le présent manuel prépare une telle entreprise.

Les Spirituels ayant vécu au XVIIe siècle figurent à la Table 3 par ordre alphabétique et à la  Table 4 par dates de naissance. L’ordre  alphabétique permet un accès facile pour situer un nom inconnu ; l’ordre chronologique, d’accès moins immédiat, est plus riche quant à ce que l’on peut en attendre de rencontres et d’influences possibles.

Caractères communs de nature statistique.

On est en premier lieu surpris de la longévité exceptionnelle des membres de la population ainsi rassemblée, la moyenne s’établissant autour de soixante-trois ans, longévité étonnante pour l’époque. Il est vrai qu’une longue vie donne plus de chance à la reconnaissance ultérieure, ce qui introduit un biais statistique.

1. La répartition des naissances par tranches de quinze ans (ce qui représente une demi-génération) est la suivante  pour les figures dont les dates sont connues :

1540-1554 :  2

1555-1569 :  10

1570-1584 : 19

1585-1599 : 16

1600-1614 : 22

1615-1629 : 17

1630-1644 :  8

1645-1659 :  6

1660-1675 :  2

Cette répartition fournit déjà un enseignement très intéressant en confirmant des observations classiques jusqu’ici restées qualitatives. L’isolement lié aux guerres de religion, la rareté des éditions, la destruction du monachisme, expliquent le très faible nombre des spirituels « visibles » naissant avant 1555. On observe ensuite une période rapidement ascendante précédant 1570. La distribution reste assez uniforme entre 1570 et 1630, soit seize à vingt-deux naissances par tranche de quinze ans. Cette uniformité suggère une identification assez correcte des figures spirituelles nées pendant cette longue durée de soixante ans.

Cette abondance assure l’ « essor mystique en France » souligné par Bremond, qui s’étend de 1600 à 1660 environ. Le décalage de trente ans par rapport aux naissances est normal : c’est la durée nécessaire pour atteindre la maturité.

Une décroissance rapide des naissances se produit ensuite entre 1630 et 1660 où l’on redescend à la valeur initiale minime de deux naissances pour la dernière tranche. Elle ne s’explique pas par un manque d’intérêt de notre part pour le siècle suivant, car nous avons cherché des figures mystiques jusqu’en 1740 environ, (par suite de notre intérêt premier pour l’époque où vivaient madame Guyon puis les membres de son cercle).

2. Le cumul brut des naissances, des morts, et leur différence s’établissent selon la table suivante :

1570 : 12                  12

1585 : 31                  31

1600 : 47                  47

1615 : 69      3          66

1630 : 86      17        69

1645 : 94      36        58

1660 :100     48        52

1675 :102     67        35

1690 :102     81        21

1705 :102     89        13

Les différences de la dernière colonne, constitue une estimation du nombre de figures spirituelles vivant au même moment. Il est significatif d’une communication possible entre ainés et cadets mais seulement à partir de 1600 environ (il faut le temps de former une génération)

On observe une distribution de présences simultanées dont le maximum atteint 69 autour de 1630 et ayant des valeurs supérieures à 40 entre 1600 et 1660, la moyenne étant proche de 60. Le maximum est divisé par deux autour dès 1675. Cette décroissance confirme l’extinction progressive, en une génération, de la mystique (visible), déjà suggérée par l’auteur du Crépuscule des mystiques. Elle s’explique par une suspicion générale qui commence vers 1660 : les mystiques n’écrivent plus (mais c’est la condition pour leur repérage ultérieur !) et se cachent. Diverses explications ont été avancées : montée du despotisme et de l’intolérance religieuse, influence de valeurs ascétiques jansénisantes, du rationalisme, etc.

La présence simultanée ne peut assurer des rencontres mystiquement utiles que pour la moitié de ces valeurs, correspondant à la moitié de la durée d’une vie, (entre trente et soixante ans d’âge pour les « aînés » ou entre quinze et quarante ans pour les « cadets »). Ceci conduit à une moyenne de 30 spirituels environ en potentiel de coexistence « utile » pour les 60 meilleures années (1600-1660).

Ces mystiques, petite fraction des spirituels, auraient donc à priori peu de chance de se croiser dans une zone d’expression française du XVIIe siècle où l’on estime à près de deux cent mille le nombre de clercs et de religieuses (pour près de vingt millions d’habitants). D’où s’ensuit une grande prudence requise quant aux réseaux d’influences construits à partir d’une si faible fraction. On peut toutefois supposer une grande force attractive entre mystiques et surtout l’existence cachée de nombreux intermédiaires constituant des liens facilitant leur rencontre (de nombreux noms qui apparaissent brièvement dans le corps de notre étude ne sont pas collectés ici) .

Cette analyse montre que l’essor des vécus mystiques suppose des conditions particulières rarement réalisées. Elle s’est produit dans une fenêtre temporelle étroite  - entre 1600 et 1660 - dont il demeure des traces (faibles comparées à l’abondance du « bruit » qui tend à les recouvrir, issu du fonctionnement des appareils religieux et civils).

Il n’apparaît guère surprenant que la dispersion des expressions  des vécus mystiques qui découlent de l’éclatement des références religieuses et de la disparition d’un langage commun rende le paysage ultérieur après 1700 apparemment vide : toute expression d’une mystique sobre (donc ne bénéficiant pas de l’effet d’annonce lié aux apparitions, pèlerinages, etc.), devient un faible signal noyé par le bruit du « marché » des croyances et des pouvoirs.

Enfin la liste chronologique réduite à douze figures, « apôtres » d’intérêt majeur compte quatre laïcs (cinq si l’on compte la jeunesse du soldat Laurent) et femmes qui connurent la vie mariée, dont deux seulement le furent durant toute la durée de leur existence, pour huit religieux et religieuses. Quatre femmes pour huit hommes, car elles sont handicapées par une production écrite moindre (une Madeleine de Saint-Joseph, carmélite et Armelle, fille puis converse, sont absentes de ce choix).


Liste chronologique réduite à douze figures d’intérêt majeur

Anne de Saint-Barthélémy [carmélite]

1549

1626

Canfield (Benoit de-) [capucin]

1562

1610

Saint-Samson (Jean de-) [carme]

1571

1636

Chantal (b. Jeanne de-, mère de-) [épouse puis visitandine]

1572

1641

Constantin de Barbanson [capucin]

1582

1631

Chrysostome de Saint-Lô (Jean) [franciscain]

1594

1646

Marie de l'Incarnation (du Canada) (Guyart) [épouse puis ursuline]

1599

1672

Bernières (Jean de-) [laïc]

1602

1659

Laurent de la Résurrection [soldat puis carme]

1614

1691

Bertot (Jacques) [prêtre]

1620

1681

Guyon (Jeanne-Marie) [épouse puis veuve]

1648

1717

Milley (François-Claude) [jésuite]

1668

1720

 



 

 

Angleterre

France du Nord-Est et  Flandres (« Benelux »)

Vallée du Rhin

Italie et Espagne

XIIes.

 

Guillaume de St-Thierry (~1085-1188)

 

J. de Flore (+1202)

 

Humiliés, etc.

XIIIes.

 

Ancreen Riwle (~1240)

Béguines

 

Hadewijch I (~1230)

Hadewijch II (~1280)

 

Marg. Porete (brûlée à Paris en 1309)

 

 

Eckhart (~1260-1328) à Cologne et Strasbourg

François d’A. (1182-1226)

 

Spirituels,

 

Clarisses

 

Jacopone da Todi (1236-1306)

XIVes.

Richard Rolle (~1295-1349)

 

Nuage d’Inconnaiss. (~1370)

 

Hilton (+1396)

 

Julian de Norw. (~1343-apr.1416)

Ruusbroec (1293-1381) à Bruxelles et Groenendael

 

Gerard Grote (1340-1384)

 

Congrég.de Windesheim

Gerlach Peters (1378-1411)

Jean Tauler  (~1300-1361) à Strasbourg

 

Suso (~1295-1366) à Cologne et Constance

 

Théologie Germanique (~1390 ?)

Dante (+1321)

 

Déclin franciscain

Conventualisme

XVes.

Margery 

Kempe (~1373~1440)

L’Imitation (~1408) de Thomas a Kempis

 

Denys le Chartreux (1402-1471)

 

Henri van Herp (Harphius) (1400-1477) Franciscain à Malines

 

 

 

Luther imprimera la Théologie Germ. en 1516 et 1518

Observants (Foligno)

 

Colette (1381-1447) réforme Clarisses

 

Catherine de Gênes  (1447-1510)

Tables des figures spirituelles

Table 1 :  FILIATIONS ET INFLUENCES DU XIIIE AU XVIIE SIÈCLE.

Ce tableau comporte quatre colonnes situant les zones géographiques du nord (deuxième colonne : Angleterre) au sud (cinquième colonne : Italie et Espagne).  Il se déroule en six rangées, soit une rangée par siècle. Les influences s’exercent verticalement (« écoles ») et horizontalement par proximités ( « relations »).

 

 

 

XVIes.

 

Louis de Blois (Blosius) (1506-1566)

 

 

 

P. Pullen et Claesinne van Nieuwlant (~1587)

à Gand

La Perle (~1520, éd. 1535), le Tempel

Maria van Hout (+1547)

 

Chartreuse Cologne , Institutions pseudoTaulériennes(1548)

 

G.Kalckbrunner (+1566) & P.Canisius (1521-1597)

Capucins (~1520)

 

Thérèse d’Avila (1515-1582)

Jean de la Croix (1542-1591)

 

Isab. Bellinzaga Breve Compendio (~1580)

 

Ph. Neri 

(+1595) et l’Oratoire

XVIIes.

v. Pembroke et Canfield >>

 

Augustin Baker(1571-1641) traduit le Nuage et Hilton.

Archange de Pembroke (dir. de Port-Royal de 1609 à 1620)

 

Benoît de Canfield (1562-1610)

 

Dom Beaucousin et ses chartreux trad. la Perle (1602)

Cal de Bérulle (1575-1629)

 

Anne de J. 

(1545-1621) & Anne de Saint Barthélémy

(1549-1626)

 

C. de Barbanson, capucin

 

Chrysost. de St-Lô,           

Tiers Ordre Régulier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Table 2 : SPIRITUELS AYANT VÉCU AU XVIIE SIÈCLE (par ordre alphabétique).

Cette liste alphabétique permet de retrouver un nom de mystique ou spirituel ayant vécu au XVIIe siècle au moins partiellement. Les noms ne respectent pas toujours la règle suivie pour les religieux et religieuses : on favorise parfois le nom propre mieux mémorisé.

A Nom (Prénom et/ou "surnom")

 naiss.

décès

 âge

 

Agnès (Mère)

1593

1671

78

1

Agnès de Jésus Maria

(de Bellefonds)

1611

1691

80

 

Amelote (Denis)

1609

1679

70

 

Ange de Joyeuse

1563

1608

45

 

Angélique Arnauld (mère-)

1591

1661

 

 

Anne de Jésus

1545

1621

76

 

Anne de Saint-Barthélémy

1549

1626

77

 

Antoinette de Jésus

1612

1678

66

 

Armelle (Nicolas)

1606

1671

65

 

Aumont (Jean-)

("Le vigneron de Montmorency")

1608

1689

81

10

Baker (David-Augustin)

1575

1641

66

 

Barclay (Robert)

1648

1690

42

 

Barré  (Nicolas)

1621

1686

65

 

Beaucousin (Richard)

1561

1610

49

 

Bellinzaga ("La dame milanaise")

 

1624

 

 

Bernezay (Maximien de-)

 

 

 

 

Bernières (Jean de-)

1602

1659

57

 

Bertot (Jacques)

1620

1681

61

 

Berulle (Pierre de-)

1575

1629

54

 

Blémur (Jacqueline Bouette de-)

1618

1696

78

    20

Bon (Mère Marie de l’Incarnation-)

1636

1680

44

 

Boniface Maes

1627

1706

79

 

Bossuet (Jacques-Bénigne)

1627

1704

77

 

Boudon (Henri-Marie)

1624

1702

78

 

Bourgoing (François)

1585

1662

77

 

Bourignon (Antoinette)

1616

1680

64

 

Brétigny (Jean de Quintanaduenas)

1556

1634

78

 

Cambry (Jeanne de-)

1581

1639

58

 

Camus (Jean-Pierre)

1582

1652

70

 

Canfield (Benoit de-)

1562

1610

48

30

Catherine ou Mectilde de Bar

(Mère du Saint-Sacrement)

1614

1698

84

 

Catherine de Jésus

1589

1623

34

 

Caussade (Jean-Pierre de-)

1675

1751

76

 

César de Bus

 

1607

 

 

Chantal (b. Jeanne de-, mère de-)

1572

1641

69

 

Chardon (Louis)

1595

1651

56

 

Charlotte Le Sergent

1604

1677

73

 

Chrysostome de Saint-Lô (Jean)

1594

1646

52

 

Civoré (Antoine)

1608

1668

60

 

Claude Martin (dom-)

1619

1696

77

40

Cluniac (Pierre)

1606

p1642

 

 

Condren (Charles de-)

1588

1641

53

 

Constantin de Barbanson

1582

1631

49

 

Coton (Pierre)

1564

1626

62

 

Cyprien de la Nativité

1605

1680

75

 

Dutoit (Jean-Philippe)

1721

1793

72

 

Enguerrand (Archange)

1631

1699

68

 

Eudes (Jean)

1601

1680

79

 

Falconi (Jean)

1596

1638

42

 

Fénelon

(François de Salignac de la Mothe-)

1651

1715

64

50

François de Sales

1567

1622

55

 

Gallemant (Jacques)

1559

1630

71

 

Granger (Mère Geneviève)

1600

1674

74

 

Gregorio da Napoli

1577

1641

64

 

Guilloré (François)

1615

1684

69

 

Guyon (Jeanne-Marie)

1648

1717

69

 

Hamon (Jean)

1618

1687

69

 

Hardouin de S.Jacques (Eloi)

1612 ?

1661

39 ?

 

Hélyot (Claude et Marie)

1644

1682

37

 

Honoré de Sainte Marie

1651

1729

78

   60

Isabelle des Anges

1565

1644

79

 

Jaspart (Hubert)

1582

1655

73

 

Jean-Evangéliste de Bois-le-Duc

1588

1635

47

 

Jean-François de Reims

 

1660

 

 

Joseph du Tremblay ("Le Père Joseph")

   1577

1638

61

 

La Colombière (Claude de-)

1641

1682

41

 

La Combe (François)

1640

1715

74

 

Labadie (Jean de-)

1610

1674

64

 

Lallemant (Louis)

1588

1635

47

 

Laurent de la Résurrection

1614

1691

77

70

Laurent de Paris

 

1631

 

 

Le Gall de Querdu

1633

1694

61

 

Le Gaudier (Antoine)

1572

1622

50

 

Lessot (Jean de-)

 

 

 

 

Louys (Epiphane)

   1614

  1682

68

 

Madeleine de Saint-Joseph

(de Fontaines)

1578

1637

59

 

Malaval (François)

1627

1719

92

 

Marie de Beauvilliers

1574

1657

83

 

Marie de Jésus (de Bréauté)

1579

1652

73

 

Marie de l’Incarnation

(Madame Acarie)

1566

1618

52

   80

Marie de l'Incarnation

(du Canada)(Marie Guyart)

1599

1672

73

 

Marie de Valence (M. Teyssonnier)

1576

1648

 

 

Marie des Vallées

1590

1656

66

 

Marie-Madeleine de Jésus de Bains

1598

1679

81

 

Marillac (Louise de-)

1591

1660

69

 

Martial d'Etampes

   1575

1635

60

 

Maur de l'Enfant-Jésus

1615

1690

75

 

Milley (François-Claude)

1668

1720

52

 

Moine (Claudine)

1618

 

 

 

Molinos (Michel de-)

1628

1696

68

90

Neuvillette (Madeleine de-)

1610

1657

47

 

Noulleau (Jean-Baptiste)

1604

1672

68

 

Olier (Jean-Jacques)

1608

1657

49

 

Paul de Lagny

 

1694

 

 

Pascal (Blaise)

1623

1662

39

 

Petrucci (Pierre-Matthieu)

1636

1701

65

 

Pierre de Poitiers

 

1683

 

 

Piny (Alexandre)

1640

1709

69

 

Poiret (Pierre)

1646

1719

73

 

Quiroga (Joseph de Jésus Maria)

1562

1628

66

100

Rancé

(Armand-Jean Bouthillier de-)

1626

1700

74

 

Renty (Gaston de-)

1611

1649

38

 

Rigoleuc (Jean)

1596

1658

62

 

Rubéric (Séverin)

 

 

 

 

Saint-Cyran

(Jean-Ambroise Duvergier de H.)

1581

1643

62

 

Saint-Jure (Jean-Baptiste)

1588

1657

69

 

Saint-Samson (Jean de-)

1571

1636

65

 

Sandaeus (Maximilien)

1578

1656

78

 

Scheffler ("Angelus Silesius")

1624

1677

53

 

Scougal (Henry)

1650

1678

28

110

Simon de Bourg-en-Bresse

 

1694

 

 

Surin (Jean-Joseph)

1600

1665

65

 

Vincent de Paul

1581

1660

79

 

 


Table 3 : SPIRITUELS AYANT VÉCU AU XVIIE SIÈCLE (par ordre chronologique des naissances).

Les figures du tableau précédent sont reclassées chronologiquement.

Des regroupements d’importances inégales sont indiqués en colonne « Gr. » :  1 Parisiens actifs au début du siècle, 2 autour de François de Sales, 3 autour de Port-Royal, 4 au nord du royaume, 5 Parisiens actifs plus tardivement, 6 Ecole du pur amour, 7 normands ou en relation, 8 Quiétistes, 9 Etrangers. Toutes les figures ne sont pas regroupées (vie en province, ermites…).

Une estimation de l’intérêt mystique des figures conduit à en souligner une douzaine d’intérêt jugé  exceptionnel (***), une quarantaine de très grand (**) à grand (*) intérêt. Ces figures d’intérêt marqué représentent la moitié de l’ensemble.

Enfin on indique les présences féminines (f), les appartenances à l’ordre du carmel (c) aux jésuites (j) aux capucins (Ca).

A Nom (Prénom et/ou surnom)

naiss.

 décès

âge

Gr.

***

f,j

c, Ca

Anne de Jésus

1545

1621

76

    9

*cf

Anne de Saint-Barthélémy

1549

1626

77

    9

***cf

Brétigny (Jean de Quintanaduenas)

1556

1634

78

    1

*

Gallemant (Jacques)

1559

1630

71

    1

*

Beaucousin (Richard)

1561

1610

49

   1

*

Canfield (Benoit de-)

1562

1610

48

   1

***Ca

Quiroga (Joseph de Jésus Maria)

1562

1628

66

    9

**c

Ange de Joyeuse

1563

1608

45

1

 

Coton (Pierre)

1564

1626

62

1

* j

Isabelle des Anges

1565

1644

79

    9

cf

Marie de l’Incarnation (Madame Acarie)

1566

1618

52

    1

*cf

François de Sales

1567

1622

55

2

*

Saint-Samson (Jean de-)

1571

1636

65

 

***c

Chantal (b. Jeanne de-, mère de-)

1572

1641

69

2

*** f

Le Gaudier (Antoine)

1572

1622

50

 

 

Marie de Beauvilliers

1574

1657

83

1

* f

Baker (David-Augustin)

1575

1641

66

4

**

Berulle (Pierre de-)

1575

1629

  54

1

 

Martial d’Etampes

1575

1635

  60

 

**Ca

Marie de Valence

(M. Teyssonnier)

1576

1648

  72

 

f

Joseph du Tremblay

("Le Père Joseph")

   1577

1638

  61

    1

Ca

Gregorio da Napoli

1577

1641

64

 

 

Madeleine de Saint-Joseph (de Fontaines)

1578

1637

59

    1

**cf

Sandaeus (Maximilien)

1578

1656

78

    9

 

Marie de Jésus (de Bréauté)

1579

1652

73

    1

cf

Cambry (Jeanne de-)

1581

1639

58

4

** f

Saint-Cyran (Jean-Ambroise Duvergier de H.)

1581

1643

62

1

 

Vincent de Paul

1581

1660

79

    5

 

Camus (Jean-Pierre)

1582

1652

70

    2

 

Constantin de Barbanson

1582

1631

49

4

***Ca

Jaspart (Hubert)

1582

1655

73

 

*

Bourgoing (François)

1585

1662

77

1

 

Condren (Charles de-)

1588

1641

53

5

**

Jean-Evangéliste de Bois-le-Duc

1588

1635

47

    9

**Ca

Lallemant (Louis)

1588

1635

47

5

*j

Saint-Jure (Jean-Baptiste)

1588

1657

69

6

 

Catherine de Jésus

1589

1623

34

 

cf

Marie des Vallées

1590

1656

66

6

** f

Marillac (Louise de-)

1591

1660

  69

 

 

Angélique Arnauld (mère-)

1591

1661

71

    3

 

Agnès (Mère)

1593

1671

78

3

 

Chrysostome de Saint-Lô (Jean)

1594

1646

52

6

***

Chardon (Louis)

1595

1651

56

 

 

Falconi (Jean)

1596

1638

42

    9

 

Rigoleuc (Jean)

1596

1658

62

5

** j

Marie-Madeleine de Jésus de Bains

1598

1679

81

    5

*cf

Marie de l'Incarnation (du Canada) (M.Guyart)

1599

1672

73

 

*** f

Granger (Mère Geneviève)

1600

1674

74

6

** f

Surin (Jean-Joseph)

1600

1665

65

5

j

Eudes (Jean)

1601

1680

79

7

*

Bernières (Jean de-)

1602

1659

57

6

***

Noulleau (Jean-Baptiste)

1604

1672

68

 

 

Charlotte Le Sergent

1604

1677

73

 

*

Cyprien de la Nativité

1605

1680

75

 

 

Cluniac (Pierre)

1606

p1642

 

5

j

Armelle (Nicolas)

1606

1671

65

5

** f

Aumont (Jean-)("Le vigneron de Montm.")

1608

1689

81

6

*

Civoré (Antoine)

1608

1668

60

 

j

Olier (Jean-Jacques)

1608

1657

49

5

**

Amelote (Denis)

1609

1679

70

5

 

Neuvillette (Madeleine de-)

1610

1657

 

    5

 

Labadie (Jean de-)

1610

1674

64

 

 

Renty (Gaston de-)

1611

1649

38

7

**

Agnès de Jésus Maria

(de Bellefonds)

1611

1691

80

    5

c

Hardouin de S.Jacques (Eloi)

1612 ?

1661

 

 

Ca*

Antoinette de Jésus

1612

1678

66

 

 

Louys (Epiphane)

   1614

     1682

 

 

*

Catherine ou Mectilde de Bar (Mère du St-Sacrement)

1614

1698

84

7

f

Laurent de la Résurrection

1614

1691

77

5

***

Maur de l'Enfant-Jésus

   1615

1690

 

 

**c

Guilloré (François)

1615

1684

69

 

j*

Bourignon (Antoinette)

1616

1680

64

    9

F

Blémur (Jacqueline Bouette de-)

1618

1696

78

    7

F

Moine (Claudine)

1618

   p1655

 

    5

*f

Hamon (Jean)

1618

1687

69

3

 

Claude Martin (dom-)

1619

1696

77

7

*

Bertot (Jacques)

1620

1681

61

6

***

Barré (Nicolas)

1621

1686

65

    5

*

Pascal (Blaise)

1623

1662

39

    3

*

Boudon (Henri-Marie)

1624

1702

78

7

 

Scheffler ("Angelus Silesius")

1624

1677

53

    9

*

Rancé

(Armand-Jean Bouthillier de-)

1626

1700

74

 

 

Boniface Maes

1627

1706

79

    9

 

Bossuet (Jacques-Bénigne)

1627

1704

77

    5

 

Malaval (François)

1627

1719

92

8

*

Molinos (Michel de-)

1628

1696

68

8

*

Enguerrand (Archange)

1631

1699

68

6

*

Le Gall de Querdu

1633

1694

61

    7

 

Bon (Mère Marie de l’Incarnation-)

1636

1680

44

8

* f

Petrucci (Pierre-Matthieu)

1636

1701

65

    8

 

Piny (Alexandre)

1640

1709

69

    5

 

La Combe (François)

1640

1715

74

8

*

La Colombière (Claude de-)

1641

1682

41

 

 

Hélyot (Claude et Marie)

1644

1682

37

    5

f

Poiret (Pierre)

1646

1719

73

    9

*

Barclay (Robert)

1648

1690

42

    9

**

Guyon (Jeanne-Marie)

1648

1717

69

6

*** f

Scougal (Henry)

1650

1678

28

    9

 

Fénelon (François de Salignac de la Mothe-)

1651

1715

64

6

*

Honoré de Sainte Marie

1651

1729

78

    5

 

Milley (François-Claude)

1668

1720

52

 

***

Caussade (Jean-Pierre de-)

1675

1751

76

6

** j

Dutoit (Jean-Philippe)

1721

1793

72

6

*

Bellinzaga ("La dame milanaise")

 

1624

 

    9

*f

César de Bus

 

1607

 

 

 

Laurent de Paris

 

1631

 

 

Ca

Jean-François de Reims

 

1660

 

 

Ca*

Lessot (Jean de-)

 

 

 

 

*

Pierre de Poitiers

 

1683

 

 

**Ca

Rubéric (Séverin)

 

 

 

 

 

Bernezay (Maximien de-)

 

 

 

 

*

Paul de Lagny

 

1694

 

 

*Ca

Simon de Bourg-en-Bresse

 

1694

 

 

Ca

 



[1] Disparition partielle : il faut tenir compte du contrôle qui assèche la production mystique écrite et du moindre effort des historiens « religieux » sur des figures mises à l’index (en est résulté l’occultation de madame Guyon).

[2] DS 1.331.

[3] v. DS 12.1519/25.

[4] DS 12.735.

[5] DS 12.738/9.

[6] DS 1.1205/6. Nous consacrerons une section à Baker.

[7] J. Orcibal, La rencontre du Carmel thérésien avec les mystiques du Nord, 1959.

[8] Histoire du Christianisme, tome 8, « Le temps des Confessions », p. 432 ss. ; D. Crouzet, Les Guerriers de Dieu, 2 tomes, Champ Vallon, 1990, illustre par de nombreux textes d’époque les horreurs perpétrées par nos ancêtres intégristes.

[9] DS 6.144/7.

[10] DS 1.1314/5.

[11] Sur le théâtre et le rôle de la terreur, voir M. Bataillon, Erasme et l’Espagne, p. 745, 753, 770 sv.

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Copyright 2011 Dominique Tronc