Auteurs et textes mystiques









ETUDES MYSTIQUES II


DOMINIQUE TRONC




Table

Origines d’une Filiation








DT Etudes 2 Filiation mystique.odt



TABLE DES MATIERES


Table des matières

DT Etudes 2 Filiation mystique.odt 4

. 13

ORIGINES d’une FILIATION 13

****************************** 13

. 13

31.UNE FILIATION MYSTIQUE : CHRYSOSTOME DE SAINT-LÔ, JEAN DE BERNIÈRES, JACQUES BERTOT, JEANNE-MARIE GUYON [Dix-septième siècle, 2003] 13

(40) Une filiation mystique (txt pour art.2003).doc 13

(40) D Tronc Une filiation mystique (art. XVIIe siècle218 2003).pdf 13

Les origines. Jean-Chrysostome de Saint-Lô, directeur de Jean de Bernières. 14

Jean de Bernières, directeur de Jacques Bertot. 16

Jacques Bertot, directeur de Jeanne-Marie Guyon. 18

Madame Guyon et ses dirigés. 26

Une école mystique française. 27

100A.MADAME GUYON AU CENTRE D’UNE FILIATION MYSTIQUE [Genève 2017] 29

(41) Mme Guyon au centre d’une filiation 1mars18.docx 29

Contribution à « Madame Guyon, Mystique et politique à la Cour de Versailles, à l’occasion du troisième centenaire de sa mort » 29

ANNEXES 43

Liste de proches : réseau normand, puis parisien, enfin européen : 43

100B.MADAME GUYON AT THE CENTRE OF A MYSTICAL TRANSMISSION 45

(42) Madame Guyon at the center of mystical transmission.odt 45

33.JEAN-CHRYSOSTOME DE SAINT-LÔ (1594-1646) 61

(43) Chrysostome 18 avril antidoté.docx 61

Présentation 61

Les origines et le sieur de la Forest (1563-1628) 61

Le maître caché des mystiques normands 62

Présentation des écrits de Chrysostome publiés par ses disciples Bernières et Mectilde 64

Note sur la direction de Bernières par le P. Chrysostome 65

Deux directions 65

L’initiation de Bernières 66

L’initiation de Mectilde 69

Extraits de lettres où Mectilde parle de Chrysostome 76

Tables 82

34.JEAN DE BERNIERES LE CHRETIEN INTERIEUR ET LETTRES A L’AMI INTIME 89

(44) BERNIERES ARFUYEN Chrétien et lettres à l’ami 7mars.doc 89

(44) Bernières Arfuyen correctif.doc 89

Préface 89

35.BERNIERES ŒUVRES MYSTIQUES I L’INTERIEUR CHRETIEN SUIVI DU CHRETIEN INTERIEUR ET DES PENSEES 95

(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).doc 95

(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).pdf 95

Avant-Propos 95

Jean de Bernieres : écrits et influences 96

Un succès éditorial 96

Les acteurs 97

La pièce 98

Les sources imprimées 99

Choix pour nos éditions 100

Un courant mystique « ouvert » 101

Une tradition franciscaine 101

La direction ferme du P. Chrysostome 102

Les conseils d’amies mystiques 104

Marie des Vallées (1590-1656) 104

Marie de l’Incarnation (1599-1672) 105

Charlotte le Sergent (1604-1677) 105

La vie de Jean de Bernières. 106

Les multiples activités des amis de l’Ermitage 107

Les conseils en oraison 108

Une heureuse fin 110

« Dieu est et vit, et cela me suffit » 110

L’école du pur amour 112

Des rivières « cachées » et une voie occultée 114

Influences dans le monde catholique français 115

Influences hors du Royaume 116

Conclusion 117

Avertissement 117

Générations autour de Jean de Bernieres 118

Description des éditions anciennes 118

(1) Un Intérieur Chrétien suivi de deux Chrétiens Intérieurs 118

(2) Des Œuvres spirituelles (Maximes et Lettres) 120

(3) Des Pensées 120

Table 120

36.JEAN DE BERNIERES/ Lettres et Maximes mystiques / Un florilège 127

(46) Cor.Bernières CHX revu avec add. et thèmes formaté Lulu.odt 127

Avant 1653 128

(1) 6 Mars 1646 L 1,27 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. -- Dieu tout seul suffit à l’âme, puisqu’il est suffisant à soi-même… 128

6 mars 46 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. Je vous y attacherais davantage si je pouvais. […]ce cher Père me sert encore si puissamment, que la lecture des avis qu’il lui a plu me donner me met toujours en ferveur. Jamais je ne fus plus résolu de travailler de la bonne manière à la pure vertu et bonne mortification que je suis. Il me souvient que dans les dernières lignes qu’il m’écrivait, il mettait : « Courage, notre cher Frère ; encouragez-vous les uns les autres à la sainte perfection. Ô que Dieu a peu de vrais et de fidèles serviteurs ! Tendez à la pureté vers Dieu. » 128

Table des seuls titres 128

Thèmes par clefs 133

Correspondance par années 133

37B.JEAN DE BERNIERES ET L'ERMITAGE DE CAEN, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle - Lettres & Maximes Tome I 1631 – 1646 [Dom Éric de Reviers, o.s.b] 135

(47) Correspondance Bernières 1631-1646 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt 135

Avant-propos 135

Editions et Chronologie 137

Une édition chonologique 137

Eclairer Bernières par Bernières 137

Les sources 138

Les événements importants dans la vie de Jean de Bernières 138

37C.JEAN DE BERNIERES ET L'ERMITAGE DE CAEN, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle - Lettres & Maximes Tome II 1647 – 1659 [Dom Éric de Reviers, o.s.b] 151

(48) Correspondance Bernières 1647-1659 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt 151

Table 151

37D. Lettres Bernières - Mectilde 163

(49) Correspondance Bernières 8e ed 1631-1646 & 1647-1659 – Lettres seules – Mectilde.odt 163

Table des matières 163

37D. Lettres Bernières - Bertot 171

(50) Correspondance Bernières […] Bertot.docx 171

Table des matières 171

38.RENCONTRES AUTOUR DE MONSIEUR DE BERNIERES (1602 – 1659) 173

(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).doc 173

(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).pdf 173

Redécouvrir Jean de Bernières 173

Jean de Bernières, sources et influences sur l’histoire de la spiritualité 175

I. Un succès éditorial 176

II. Des « amis » spirituels 179

III. « Rivières cachées » 189

39.MARIE DES VALLEES LE JARDIN DE L’AMOUR DIVIN 199

(52) MARIE_DES_VALLEES_Arfuyen_20oct2010.doc 199

(52) Correctif pour Marie des Vallées éd Arfuyen juin 2013.doc 199

Préface 199

La sainte de Coutances 200

40.LA VIE ADMIRABLE DE MARIE DES VALLEES ET SON ABREGE RÉDIGÉS PAR JEAN EUDES SUIVIS DE CONSEILS D’UNE GRANDE SERVANTE DE DIEU 203

(53) Marie des Vallées définitif.pdf 203

(53) MdV_DEFINITIF_3jan13_nettoyé_antidoté.doc 203

Marie des Vallées, possédée par Dieu 203

La sainte de Coutances 205

Une progressive emprise de Dieu 207

Au sein d’une tradition mystique 210

Table 211

41.INFLUENCE MYSTIQUE ET POSTERITE DE MARIE DES VALLEES [Coutances 2013] 219

(54) Influence mystique et postérité de M des V (Courances 1juin13).doc 219

Influence directe par des conseils aux visiteurs. 219

Le champ historique / sociologique : 222

Le champ spirituel et mystique : 222

Laissons-lui la parole. 223

42.LES AMITIÉS MYSTIQUES DE MÈRE MECTILDE DU SAINT-SACREMENT 1614-1698 228

(55) Mectilde Amitiés éd.7 b.docx 228

Ouverture 228

MECTILDE (1614-1698) 230

Jeunesse et années de formation intérieure : 230

Accomplissement d’une mystique de présence à Dieu. 231

Adhérer-adorer 231

Chronologie et durées des états de vie 232

Des « Aînés directeurs » 234

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (~1595-1646) 235

Tertiaires franciscains réguliers et Laïcs 235

Une vie chargée, des témoignages mystiques forts 236

L’initiation de Mectilde 241

Marie des Vallées (1590-1656) 248

« Sœur Marie » possédée par Dieu 248

Relations avec Mectilde 251

Charlotte Le Sergent (1604-1677) 255

Relation avec Mectilde : « Vous n’avez rien à craindre ». 256

Jean de Bernières (1602-1659) 258

Frère Jean « de Jésus pauvre » 258

L’intériorité d’un directeur de conscience 259

Frère Jean est confident de Mectilde puis la dirige 261

Table 265

43.MECTILDE ITINÉRAIRE SPIRITUEL & ORIGINE DES CONFERENCES - ENTRETIENS FAMILIERS 269

(56) Mectilde, Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx 269

Table 269

44.MECTILDE « Totum » (éditions publiées de 1973 à 1998). 273

(57) MECTILDE totum intégral (ocr éditions modernes).docx 273

45.LES AMIS DES ERMITAGES DE CAEN & DE QUEBEC 275

Quatrième de couverture : 275

PRÉSENTATION 275

I. Filiation et amis 276

LES DEBUTS : Origine franciscaine 276

La réforme française du Tiers-Ordre régulier. 277

Antoine le Clerc (1563-1628) 277

Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) 279

Les amis de Bernières : « L’école du Cœur » 280

[Tableau omis] 281

FILIATIONS ET AMITIÉS MYSTIQUES 281

Jourdaine de Bernières (1596-1645), la fondation et l’histoire d’un couvent d’ursulines. 281

[La sainte famille Bernières] 282

[La peste et la retraite dans une maison des Bernières] 282

[La Mère Michelle Mangon] 283

[Maximes de Jourdaine] 283

[Jourdaine et Chrysostome] 283

[Jourdaine âgée élue pour la troisième fois] 284

Jean de Bernières (1601-1659) 284

Le Directeur spirituel 284

Une œuvre reconstituée et influente. 285

L’Ermitage 286

M. Rocquelay prêtre (-1669) 287

Jean Eudes (1601-1680), missionnaire. 287

Jean Aumont (1608-1689), pauvre villageois. 287

Gaston de Renty (1611-1649) 290

Mectilde-Catherine de Bar (1614-1698) 291

Approfondissement. 292

Une vie bien remplie. Influences. 292

Disciples et filiation en France 293

Louis-François d’Argentan (1615-1680), capucin. 293

Jacques Bertot (1620-1671) 294

La filiation de Bertot à Madame Guyon (1647-1717) 294

Deuxième bras du « delta spirituel » 294

Henri-Martin Boudon (1624-1702) 295

Claude La Colombière (1641-1682) 295

Migrations canadiennes 295

Marie-Madeleine de la Peltrie (1603-1671) 295

M. de Mésy (-1665) 296

Ango de Maizerets 296

M. de Bernières (-1701), neveu de Jean 297

L'abbé Dudouyt 297

François de Laval (1623-1708) 298

Troisième bras du « delta spirituel » 298

II. DIRECTIONS MYSTIQUES 299

FIGURE : UN RÉSEAU D’AMIS (PRÉSENTATION SYNCHRONIQUE) 299

Table 300

Marie de l’Incarnation 1599-1672 304

(58) Amis Ermitages Caen Québec 1juillet15-revu17.docx 304

46.ARCHANGE ENGUERRAND DIRECTEUR FRANCISCAIN RECOLLET (1631-1699) 307

(59) Enguerrand total formaté 14 x 21,6.docx 307

Présentation 307

Un Récollet intériorisé 307

Une direction dans l’esprit de la fin du siècle 308

Le « Bon religieux » auprès de Mme Guyon 309

[Madame Guyon] 309

« Un récollet français méconnu » 312

[A. Derville] 312

I. L'oeuvre publiée 312

II. L'œuvre manuscrite 313

III. Repères biographiques 314

IV. Orientation spirituelle 316

V. Textes 317

A. Un échange de lettres 317

Table 317

47.MONSIEUR BERTOT DIRECTEUR MYSTIQUE 319

(60) BERTOT DM sept 05 (avec p titre & 4e couv).doc 319

(60) BERTOT_DM.pdf 319

Présentation 319

Monsieur Bertot, Directeur Mystique 320

Montmartre. 328

3. L’œuvre. 334

4. Aperçu de la voie. 337

5. La direction de Madame Guyon. 338

48.BERTOT INTEGRALE 349

MONSIEUR BERTOT Directeur mystique I Opuscules et Lettres 349

(61) Bertot Traité Lettres octobre Digest.odt 349

AVANT-PROPOS 349

TABLE DES MATIERES 351

MONSIEUR BERTOT Directeur mystique II Lettres Complément aux Retraites 365

(62) II Bertot.odt 365

Avertissement 365

MONSIEUR BERTOT Directeur mystique III Retraites et Amis 379

(63) III Bertot.odt 379

Avertissement 379

4a. CORRESPONDANCES DE DIRECTIONS entre Chrysostome Bernières Mectilde Bertot Lacombe Guyon Fénelon 389

(64) Cor. B.- B.- G. révisé dense lulu Reduction ec.docx 389

LA COMMUNICATION MYSTIQUE CHEZ MME GUYON ET MR BERTOT 405

(65) Communications (Guyon, Fénelon, Bertot) au 10 février 18.odt 405

49.MAUR DE L’ENFANT-JESUS ECRITS DE LA MATURITE 1664-1689 407

(66) Maur I Oe de maturité juin 2006.doc 407

(66) MAUR MATURITE.pdf 407

50.Maur de l’Enfant-Jésus ENTREE A LA DIVINE SAGESSE 409

(67) Maur de l’EJ Entrée à la Divine Sagese A EDITER REVU!!2.doc 409

fin 409



.

ORIGINES d’une FILIATION

******************************

.

31.UNE FILIATION MYSTIQUE : CHRYSOSTOME DE SAINT-LÔ, JEAN DE BERNIÈRES, JACQUES BERTOT, JEANNE-MARIE GUYON [Dix-septième siècle, 2003]



(40) Une filiation mystique (txt pour art.2003).doc

(40) D Tronc Une filiation mystique (art. XVIIe siècle218 2003).pdf



Dominique Tronc P.U.F. | Dix-septième siècle 2003/1 - n° 218 pages 95 à 116 ISSN 0012-4273 Article en ligne: http://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2003-1-page-95.htm



Madame Guyon revient à Paris en 1686, âgée de trente-huit ans. Veuve depuis dix ans, restée indépendante vis-à-vis de toute structure religieuse, elle affirme et exerce une autorité spirituelle. Celle-ci lui attache des disciples dont le plus illustre est Fénelon, ce qui lui attire rapidement de redoutables épreuves : elle les surmontera mais demeurera suspecte. Les circonstances décrites dans sa Vie et surtout dans sa Correspondance active et passive1 doivent être éclairées par une approche historique. Respecter ce dont elle témoigne d’intime dans ses écrits conduit à préciser les influences reçues qui ne sont pas seulement d’origine scripturaire, mais transmises directement de personne à personne. La lecture des sources découvre alors la grandeur, souvent abrupte, d’une filiation mystique reconnue mais peu étudiée2.

Celle-ci commence avec le franciscain Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), s’illustre par la figure laïque de Jean de Bernières (1602-1659), s’étend au cercle de l’Ermitage dont fait partie le discret mais important confesseur Jacques Bertot (1620-1681). Le rôle de ce dernier déborde les clôtures religieuses et s’avère déterminant auprès de la jeune Jeanne-Marie Guyon (1648-1717). Elle assumera à son tour la fonction de ses prédécesseurs dans des circonstances devenues difficiles et donc d’une façon cachée.

Les quelques noms qui viennent d’être cités n’épuisent pas les richesses d’un réseau dont les figures couvrent le siècle (et au-delà). Les effets de la condamnation du « quiétisme » (1687) puis des Maximes des saints de Fénelon (1699), ainsi que leurs conséquences - absence de toute structure religieuse favorable, méfiance de laïcs par ailleurs sensibles à l’éloquence de Bossuet – ne sont pas encore totalement effacés. Bremond prévoyait un dernier volume de son grand œuvre consacré à l’histoire de la querelle du Quiétisme3 ; Cognet avait l’espoir de rédiger une monographie sur Madame Guyon4. L’un et l’autre ont disparu trop tôt. Nous proposons ici un bref aperçu d’une école mystique qui attend son historien pour la replacer au centre de la vie spirituelle du siècle. Nous présentons successivement quatre figures liées par filiation en les situant au sein d’un « réseau » d’amis. Quelques citations donnent la saveur du vaste corpus de textes de nature expérimentale qui restent à éditer et à comprendre.

Les origines. Jean-Chrysostome de Saint-Lô, directeur de Jean de Bernières.

La première communauté du Tiers Ordre Régulier franciscain aurait été reconnue par le Pape en 1401 et se propage jusqu’à Gênes où ils ont en charge l’hôpital5 ;  Catherine de Gênes (1447-1510), dont l’influence sera très grande chez Jacques Bertot et Madame Guyon, a été une tertiaire franciscaine. De l’Italie arrivent deux membres du Tiers Ordre Régulier, Vincent de Paris et son compagnon Antoine. Ils recherchent une solitude peu compatible avec les événements politiques de la fin des guerres de religion, comme en témoigne ce récit des tribulations de nos deux ermites aux mains des gens de guerre, alors qu’ils voulaient vivre cachés dans la forêt :

Ils tombèrent entre les mains des Suisses hérétiques, qui espérant une bonne rançon de quelques Parisiens qu’ils avaient pris parce que le siège [de Paris, en 1590] devait être bientôt levé, étaient résolus de les laisser aller, et de prendre les deux hermites. Frère Antoine en eut avis secrètement par une Demoiselle prisonnière, le malade [Vincent] qui tremblait la fièvre quarte entendit ce triste discours, et se jetant hors de sa couche descendit l’escalier si promptement qu’il roula du haut en bas, sans néanmoins aucune blessure. L’intempérance des soldats, et l’excès du vin les avait mis en tel état, que Vincent et Antoine s’échappèrent aisément… 6

Vincent établit le monastère de Picpus entre le Faubourg Saint Antoine et le château du bois de Vincennes ; la congrégation se développe et une bulle de 1603 ordonne qu’un Chapitre provincial soit tenu tous les deux ou trois ans. Le premier Chapitre a lieu en 1604.

Apparaît la figure du père Chrysostome de Saint Lô (1594-1646) dont la vocation est suscitée par Antoine le Clerc sieur de la Forest (1563-1628), un laïc parisien cultivé, consulté par de nombreux spirituels. Chrysostome est élu Provincial de France en 1634, puis, lorsque celle-ci est divisée en deux, prenant les noms de saint François et de saint Yves, il devient en 1640 Provincial de cette dernière, correspondant à la Normandie-Bretagne7. Actif voyageur, mort âgé de cinquante-deux ans, il a cependant eu le temps de rédiger des opuscules8.

Les Pensées d’Eternité d’un certain solitaire et d’un autre serviteur de Dieu nous touchent par la rectitude et la grandeur convenant bien à une « ouverture spirituelle » pour une future école de vie intérieure. Ces textes évoquent les grandes peurs que l’on attribue parfois au Moyen Age mais possèdent aussi un côté biographique nouveau. Jean-Chrysostome résume ainsi très sobrement la durée d’une vie spirituelle sous la forme émouvante d’une liste :

I. Un autre serviteur de Dieu a été conduit à une très haute perfection par les vues pensées de l’Eternité. Il était de maison et façonné aux armes. Voici que environ à l’âge de vingt-trois ans, comme il banquetait avec ses camarades mondains, il entrouvrit un livre, où lisant le seul mot d’Eternité, il fut si fort pénétré d’une forte pensée de la chose, qu’il tomba par terre comme évanoui, et y demeura six heures en cet état couché sur un lit, sans dire son secret. […] III. Ensuite il fut tourmenté de la vue de l’éternité de l’Enfer, environ huit ans […] IV. Après cet état il demeura trois autres années dans une croyance comme certaine de sa damnation : tentation qui était aucune fois si extrême, qu’il s’en évanouissait. […] V. Ensuite de cet état, il demeura un an durant fort libre de toutes peines [...]VI. Après cette année, il en demeura deux dans la seule vue de la brièveté de la vie [...] VII. Ensuite [...] il fut huit ans dans la continuelle vue que Dieu l’aimait de toute Eternité…9

Ce guerrier plongé dans le monde pénètre tout à coup le sens profond du mot « éternité ». Une existence résumée en quelques points donne une impression d’élan absolu associée à la brièveté de notre condition. L’inspiration qui animera toute les membres de cette  école  est posée de façon saisissante : des expériences mystiques intenses, qui peuvent faire tomber à terre, sont suivies d’années d’épreuves. L’amour de Dieu pour sa créature est premier. La vie spirituelle est dynamique et couvre la durée d’une vie. Le chemin suivi est classique : initiative divine brusque et inattendue qui change la vie, très longue purification, victoire définitive de l’Amour.

Le traité de La Sainte Désoccupation de toutes les créatures, pour s’occuper en Dieu seul balaye le chemin sans compromis : il faut laisser la place et toute la place au divin qui alors anime la créature : « Dieu opère tellement en cette âme, qu’il semble que ce soit plutôt Lui qui produise cet amour [...] l’âme demeure souvent comme liée et garrotée, sans rien penser ni agir comme d’elle-même, mais mûe seulement10. » C’est la passiveté mystique au terme d’un long cheminement de « désoccupation très pure, par laquelle l’âme parvient à une continuelle vue et présence de Dieu11. »

Jean-Chrysostome anime un cercle mystique auquel appartiennent Jean de Bernières et Catherine de Bar, la mère du Saint-Sacrement (1614-1698) :

l’on a vu plusieurs personnes de celles qui suivaient ses avis [...] courir avec ferveur [...] La première est feu M. de Bernières de Caen [...] le Père Jean Chrysostome lui avait écrit que l’actuelle pauvreté était le centre de sa grâce [...] Ce sentiment d’un directeur [...] adressé à un disciple [...] en augmentait les ardeurs d’une manière incroyable. Ainsi il commença tout de bon à chercher les moyens d’être pauvre. […] Ayant été soulagé de la fièvre quarte il s’en alla à Saint-Maur [...] pour y voir la R. Mère du Saint-Sacrement, maintenant supérieure générale des Religieuses bénédictines du Saint-Sacrement. Elle était l’une des filles spirituelles du bon père, et en cette qualité il voulut qu’elle fût témoin de son agonie. […] [il] mourut le 26 mars 1646 âgé de 52 ans [...] L’on remarqua que la plupart des religieux du couvent de Nazareth où il mourut, fondaient en larmes et même les deux ou trois jours qui précédèrent sa mort, et cela sans qu’ils pussent s’en empêcher12.

Jean de Bernières témoigne directement de la direction de celui qu’il considère comme son père spirituel :

[…] ce me serait grande consolation que [...] nous puissions parler de ce que nous avons ouï dire à notre bon Père [...] puisque Dieu nous a si étroitement unis que de nous faire enfants d’un même Père [...] Savez-vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu13 ?

Jean de Bernières, directeur de Jacques Bertot.

Jean de Bernières14, né en 1602 d’un trésorier général de France, mène une vie laïque, sensible à l’amitié, insensible aux différences sociales, payant de sa personne lorsque maladie et misère sont en cause, désirant la pauvreté (mais capable de conseiller Mme de la Peltrie en procès avec sa famille et de gérer des ressources pour la fondation des missions du Canada), demeurant humain dans la peur de la mort (car il se souvient de l’agonie douloureuse de Jean-Chrysostome). La forme de ses écrits a été considérablement revue, ce dont se plaignaient déjà ses contemporains15.

Bernières est ferme dans ses convictions :

Lorsqu’on attaque ses amis, il les défend avec énergie. Quand le grand archidiacre d’Evreux, Boudon, victime d’une sorte de conjuration, est menacé d’interdiction, Jean déclare à la cohorte ennemie que Boudon aura toujours un refuge en sa maison, et que lui, Jean, « se trouverait heureux d’être calomnié et persécuté pour lui »16.

De concert avec Gaston de Renty (1611-1649), autre mystique laïc, grand seigneur qui passe des armes et des sciences à l’exercice de la charité17, Bernières contribue à la fondation d’hôpitaux, de couvents, de missions et de séminaires.

Il paye de sa personne, car il va chercher lui-même les malades dans leurs pauvres maisons, pour les conduire à l’hôpital [...] porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice [...] il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui18.

Il est aussi « le directeur des directeurs de conscience19 » et parle avec humour d’un « hôpital » un peu particulier qui accueille des hôtes de passage :

Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger avec moi que des pauvres spirituels [...] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes20.

Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison21.

Il prend ici soin de privilégier les rapports personnels dans sa direction, ce qui évoque des lettres que Madame Guyon adressera bien plus tard de Blois à des dirigés22. Il est cependant bien conscient de n’être que l’intendant de Dieu :

Nous vivons ici en grand repos, liberté, gaieté et obscurité, étant inconnus du monde, et ne nous connaissant pas nous-mêmes. Nous allons vers Dieu sans réflexion [...] Je connais clairement que l’établissement de l’Ermitage est par ordre de Dieu, et notre bon Père [Chrysostome] ne l’a pas fait bâtir par hasard ; la grâce d’oraison s’y communique facilement à ceux qui y demeurent, et on ne peut dire comment cela se fait, sinon que Dieu le fait23.

Il est de fait au centre d’un large cercle : sur place M. de Gavrus, neveu de Jean, fonde l’hôpital général de Caen ; Boudon deviendra l’archidiacre « persécuté » d’Evreux, écrivain abondant auquel nous devons de précieuses informations ; Lambert de la Motte, Mgr de Béryte, est un des premiers évêques de la Chine.

L’influence de ce cercle s’étend au Canada, dans des circonstances pour le moins inhabituelles: Mme de la Peltrie, veuve, aussi généreuse qu’originale, veut fonder une maison religieuse au Canada. Sa famille s’y oppose, elle consulte un religieux qui suggère l’expédient d’un mariage simulé. La proposition est présentée à M. de Bernières, « fort honnête homme qui vivait dans une odeur de sainteté ». Ce dernier consulte son directeur :

Celui qui le décida fut le Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô [...] Finalement Bernières se décida, sinon à contracter mariage [...] du moins à se prêter au jeu [...] en faisant demander sa main. [...] La négociation réussit trop bien à son gré. Au lieu de lui laisser le temps de réfléchir, M. de Chauvigny [le père], tout heureux de l’affaire « faisait tapisser et parer la maison pour recevoir et inspirait à sa fille les paroles qu’elle lui devait dire pour les avantages du mariage »24.

Notons l’intervention positive du Père Chrysostome, qui peut être sévère mais sans étroitesse d’esprit, et la liberté de tous dans cette affaire qui prend une pente assez comique quand Bernières est veillé à Paris par Mme de la Peltrie lors d’une maladie. Finalement le grand départ de Dieppe de la flotte de printemps en 1639 emporte Mme de la Peltrie ( ? -1671), fondatrice temporelle de la communauté ursuline du Québec, et surtout Marie de l’Incarnation (1599-1672) qui animera cette communauté :

Marie de l’Incarnation est encore sous le coup du ravissement qu’elle vient d’avoir en la chapelle de l’Hôtel-Dieu. M. de Bernières monta dans la chaloupe avec les partantes [...] mais on lui conseilla de demeurer en France afin de recueillir les revenus de Mme de la Peltrie, pour satisfaire aux frais de la fondation25.

De nombreux familiers de l’Ermitage suivront le même chemin : Ango de Maizerets, dont la vie se confondra avec celle du séminaire fondé là-bas à l’imitation de l’Ermitage, et qui se dévouera à l’éducation des enfants ; M. de Bernières, neveu de Jean, qui meurt à Québec en 1700 ; François de Montmorency-Laval (1623-1708), évêque de Québec ; M. de Mésy, duelliste raffiné converti, premier gouverneur de Québec ; Roberge, le fidèle valet de chambre et disciple, après la mort de son maître26. Bernières restera le correspondant préféré de Marie de l’Incarnation (avec le fils de cette dernière, dom Claude Martin), mais les longues lettres « de quinze ou seize pages » sont perdues.

Revenons en France : Catherine de Bar devenue Mère Mectilde du Saint-Sacrement, appréciée de Madame Guyon27, fonde les bénédictines de l’Adoration perpétuelle du très Saint Sacrement à Paris ; elles iront en Lorraine et jusqu’en Pologne28. Le père Jean-Chrysostome est son confesseur. Elle se lie à Bernières et ils demeureront en correspondance. Elle passe environ un an au monastère de Montmartre et au moins trois années à Caen29. Son confesseur suivant, Epiphane Louys (1614-1682), mystique attachant, lorrain comme elle, s’est lié aussi avec Bernières.

Le laïc Jean de Bernières est influent à Paris par l’intermédiaire du jeune confesseur Jacques Bertot, son ami et surtout disciple, et il lui adresse quatorze lettres qui tranchent par leur ton et leur profondeur sur l’ensemble de sa correspondance30. Elles sont adressées à « l’ami intime », que nous pensons pouvoir identifier à Bertot grâce à quelques indices tels que « Je connais aussi que vous êtes encore utile et nécessaire aux B[énédictines] et à M[ontmartre]31 » :

…Dieu seul, et rien plus. Je n’ai manqué en commencement de cette année de vous offrir à Notre Seigneur, afin qu’Il perfectionne, et qu’Il achève Son œuvre en vous. Je conçois bien l’état où vous êtes : recevez dans le fond de votre âme cette possession de Dieu, qui vous est donnée en toute passiveté, sans ajouter votre industrie et votre activité, pour la conserver et augmenter. C’est à Celui qui la donne à le faire, et à vous, mon cher Frère, à demeurer dans le plus parfait anéantissement que vous pourrez. Voilà tout ce que je vous puis dire, et c’est tout ce qu’il y a à faire. Plus une âme s’avance dans les voyes de Dieu, moins il y a de choses à lui dire…32

Mon cher Frère, demeurez bien fidèle à cette grande grâce, et continuez à nous faire part des effets qui vous seront découverts : vous savez bien qu’il n’y a rien de caché entre nous, et que Dieu nous ayant mis dans l’union il y a si longtemps, Il nous continuera les miséricordes pour nous établir dans Sa parfaite unité, hors de laquelle il ne faut plus aimer, voir, ni connaître rien33.

Jacques Bertot, directeur de Jeanne-Marie Guyon.

Jacques Bertot naît à Caen le 29 juillet 1622, fils unique d’un marchand drapier de Caen34. L’essentiel de sa vie est résumé longtemps après sa mort dans l’Avertissement placé en tête des œuvres rassemblées par Madame Guyon  sous le titre Le Directeur mistique:

Monsieur Bertot [...] natif de Coutances35 [...] grand ami de [...] Jean de Bernières [...] s’appliqua à diriger les âmes dans plusieurs communautés de Religieuses [ et] plusieurs personnes [...] engagées dans des charges importantes tant à la Cour qu’à la guerre [...] Il continua cet exercice jusqu’au temps que la providence l’attacha à la direction des Religieuses Bénédictines de l’abbaye de Montmartre proche Paris [sic], où il est resté dans cet emploi environ douze ans jusqu’à sa mort [au] commencement de mars 1681 après une longue maladie de langueur. … [Il fut] enterré dans l’Eglise de Montmartre au côté droit en entrant. Les personnes [...] ont toujours conservé un si grand respect [qu’elles] allaient souvent à son tombeau pour y offrir leurs prières.

On peut distinguer deux périodes dans cette vie, autour de deux localisations géographiques successives, à Caen puis à Paris ; on se gardera toutefois d’attribuer une trop grande importance à ces localisations, compte tenu de voyages fréquents.

Pendant vingt ans, de 1655 à 1675, Jacques Bertot, qu’il ne faut pas confondre avec d’autres ecclésiastiques normands36, est prêtre séculier et directeur du monastère des ursulines de Caen :

(La même année 1655 biffé) Au même temps (add. marg.) […] nous perdîmes Monsieur Du Rocher de Bernay […] On procéda incessamment à l'élection d'un autre supérieur. Messieurs François de Laval, et Jacques Bertot furent présentés à l'évêque Monseigneur de Servien qui confirma supérieur Monsieur Bertot.37

Jourdaine de Bernières, sœur du vénéré Jean de Bernières, prestigieuse supérieure du couvent, lui vouait une confiance et une obéissance absolue, comme en témoignent les deux épisodes suivants :

Elle fut élue unanimement pour la dernière fois. Sa surprise la fit sortir du chœur et courir s'enfermer dans sa chambre pour empêcher sa confirmation et en appeler à l'évêque ; mais Monsieur Bertot, supérieur qui présidait à l'élection et M. Postel son assistant, allèrent la trouver et lui faire un commandement exprès de consentir à ce que le chapitre venait de faire. A ces mots, vaincue par son respect pour l’obéissance, elle ouvre la porte et se laisse conduire à l’église pour y renouveler son sacrifice…38

Il fit assembler les religieuses au chœur, et, en leur présence, blâma la conduite de leur supérieure à qui il fit une ferme réprimande avec des termes si humiliants que plusieurs des religieuses qui connaissaient son innocence en furent sensiblement touchées […] le jour même elle fut trouver le supérieur au parloir, non pas pour (se plaindre ou biffé) se justifier, mais pour lui parler des affaires de la maison comme à son ordinaire, dont il fut également surpris et édifié. Toutes choses bien éclaircies, il conçut une plus haute estime de la mère de saint Ursule [Jourdaine de Bernières] qu'il n'avait eu39

Bertot est actif hors de cette charge de supérieur. Il est en relation avec la célèbre Marie des Vallées40, influente sur saint Eudes, et l’apprécie :

Elle me disait que la Miséricorde [en note : c'est-à-dire l’amour-propre chargé des richesses spirituelles de la Miséricorde] allait fort lentement à Dieu, parce qu’elle était chargée de dons et de présents, de faveurs et de grâces de Dieu, qu’ainsi son marcher était grave et lent; mais que l’amour divin qui était conduit par la divine Justice, allant sans être chargé de tout cela, marche d’un pas si vite que c’est plutôt voler.41.

Il est également lié à l’aventure commune de l’apostolat au Canada42, illustrée par Marie de l’Incarnation. Son rayonnement va donc bien au-delà du monastère de Caen, ce dont témoignent plusieurs lettres43 de Catherine de Bar (devenue la Mère fondatrice des bénédictines du Saint-Sacrement, appréciée par Madame Guyon au monastère de la rue Cassette) :

- à Jean de Bernières lui-même44, qui, dès juillet 1645, atteste du fruit des activités du jeune disciple et nous éclaire sur sa vigoureuse direction (une caractéristique propre à l’école) :

Monsieur. Notre bon Monsieur Bertot nous a quittés avec joie pour satisfaire à vos ordres et nous l'avons laissé aller avec douleur. Son absence nous a touché, et je crois que notre Seigneur veut bien que nous en ayons du sentiment, puisqu'Il nous a donné à toutes tant de grâces par son moyen, et que nous pouvons dire dans la vérité qu'il a renouvelé tout ce pauvre petit monastère et fait renaître la grâce de ferveur dans les esprits et le désir de la sainte perfection. Je ne vous puis dire le bien qu’il a fait et la nécessité où nous étions toutes de son secours […] mais je dois vous donner avis qu'il s'est fort fatigué et qu'il a besoin de repos et de rafraîchissement. Il a été fort travaillé céans, parlant [sans] cesse, fait plusieurs courses à Paris en carrosse dans les ardeurs d'un chaud très grand. Il ne songe point à se conserver. Mais maintenant, il ne vit plus pour lui. Dieu le fait vivre pour nous et pour beaucoup d'autres. Il nous est donc permis de nous intéresser de sa santé et de vous supplier de le bien faire reposer.

Il vous dira de nos nouvelles et de mes continuelles infidélitées et combien j'ai de peine à mourir. Je ne sais ce que je suis, mais je me vois souvent toute naturelle, sans dispositions de grâce. Je deviens si vide, et si pauvre de Dieu même que cela ne se peut exprimer. Cependant il faut selon la leçon que vous me donnez l'un et l'autre que je demeure ainsi abandonnée, laissant tout périr. […]

- à la Mère Benoite de la Passion prieure de Rambervillers, le 31 août 1659 :

Monsieur [Bertot] a dessein de vous aller voir l’année prochaine, il m’a promis que si Dieu lui donne vie il ira. Il voudrait qu’en ce temps-là, la divine Providence m’y fît faire un voyage afin d’y venir avec vous [...] Il faut mourir. Monsieur Bertot sait mon mal [...]s’il vous donne quelques pensées, écrivez-le moi confidemment.

- à la Mère Dorothée (Heurelle), sous-prieure, le 8 août 1660 :

A Rambervilliers ce 8 août 1660. M. Bertot est ici, qui vous salue de grande affection [...] je ressens d’une singulière manière la présence efficace de Jésus-Christ Notre Seigneur.

Finalement, Bertot part de Caen pour Paris, en 167545 :

M. Bertot, après avoir été notre Supérieur, voulut se démettre de cette charge, ayant trouvé à Paris des occupations qui l'obligeaient à la résidence ; on fit élection de Monsieur de Launé Hué, (docteur de Sorbonne : ajout marg), pour remplir sa place (ajout interl : le 15 avril 1675.)

Dans la dernière partie de sa vie, Jacques Bertot est actif comme confesseur à la célèbre abbaye de Montmartre, proche du pèlerinage à saint Denis46. Le rôle de la vénérable abbaye bénédictine, fondée en 1133, était central depuis sa réforme mouvementée qui eut lieu au début du siècle avec l’aide de Benoît de Canfield :

Les religieuses de plus en plus mécontentes des efforts de leur abbesse [...] deux fois essayèrent vainement de l’empoisonner ; une autre fois, elles décidèrent quelques-uns de « leurs amis » à l’assassiner, mais l’un d’eux recula devant ce crime et prévint Madame de Beauvilliers qui dès lors logea dans une chambre séparée, à porte double et ne mangea plus d’aucun plat qui ne fut préparé par une des deux sœurs converses sur lesquelles on pouvait compter [elle les avait amenées avec elle] […] L’évêque de Paris [...] rassembla les religieuses [...] ordonna tout d’abord le rétablissement de la clôture ; toutes se levèrent et s’emportèrent, à ce qu’il paraît, de la façon la plus scandaleuse. Le prélat se retira en promettant à Mme de Beauvilliers de la défendre et en réalité il ne fit rien. Mme de Beauvilliers, soutenue par son seul directeur, le P. Caufeld [sic] prit résolument son parti47

Cela se passait juste avant 1600 : on ne sait pas s’il connaît la réformatrice, Madame de Beauvilliers48, mais il lit certainement attentivement l’opuscule qu’elle compose pour ses religieuses, en suivant de très près Benoît de Canfield :

“s’il est si plaisant et agréable d’entrer dans le secret de notre intime ami, qu’est-ce d’entrer dans le secret et le plus caché du cœur de Dieu ? Et c’est ce que fait, et à quoi arrive l’âme par l’exercice continuel de la conformité de sa volonté à celle de Dieu, car en faisant la volonté de Dieu, l’âme la connaît” 49

Il est surtout lié à Françoise-Renée de Lorraine, Madame de Guise50, abbesse qui lui succède en des temps moins troublés, de 1644 à 1669, avant de mourir en 1682 :

M[ada]me de Guise dirigea l’abbaye pendant vingt-cinq ans. Douée d’une haute intelligence, elle était en relation avec les beaux esprits et les femmes élégantes du temps : le docteur Valant, le médecin de M[ada]me de Sablé et de toute la société précieuse en même temps que de l’abbaye, nous a conservé plusieurs billets d’elle fort galamment tournés51.

On note le choix de Bertot pour régler, vers 1673, une affaire compliquée où Jean Eudes, ami de Jean de Bernières, est attaqué par ses anciens confrères oratoriens qui tentent de le discréditer en ridiculisant son attachement à Marie des Vallées.

On entrevoit tout un réseau de relations transversales entre divers membres du groupe de l’Ermitage52. Madame de Guise a dû aider à la constitution du cercle dévôt53 autour de Bertot, dont l’activité est attestée par la publication des deux volumes de ses Retraites sous l’impulsion de l’abbesse. Ces témoignages de son activité sont suivis, plus tardivement, de sa très intéressante mise au point sous le titre Conclusion aux retraites, également destinée à Madame de Guise54. Ce texte fondamental correspond probablement à celui qui est évoqué par Fénelon et expliqué par Orcibal. Ce dernier connaissait les deux volumes de Retraites, dont il fixe la date à 1662, alors que la Conclusion est publiée en 1684, soit peu après la disparition de Bertot55.

Celui-ci se révèle en fait par une œuvre écrite assez abondante, remarquable par sa force et sa netteté en ce qui concerne l’expression du cheminement mystique, mais tombée dans l’oubli à la disparition des cercles guyoniens : l’anonymat (même si l’on évoque l’auteur en préface), l’extrême rareté des exemplaires, due à leur suppression des bibliothèques de communautés religieuses comme à leur dissémination européenne56, la pauvreté ou l’étrangeté des titres expliquent cet oubli. Il est vrai que le style ne se soucie pas d’élégance, l’auteur visant à préciser l’expérience qu’il partage, quitte à tourner autour d’elle pour en souligner tous les aspects.

Le corpus de l’œuvre, tel que nous avons pu le reconstituer, comporte sept volumes publiés en trois fois sur 64 ans, donc à des dates très différentes : les volumes des Retraites en 1662, leur Conclusion en 1684, Le directeur Mistique en 1726. Un huitième volume qui s’intitulerait De la Contemplation resterait peut-être à découvrir57.

De 1662, Diverses retraites…58 et Continuation des retraites…59 donnent en deux volumes, sous une pagination unique, sinon cohérente, des schémas de retraites probablement rassemblés par les soins d’auditeurs. De 1684, La conclusion des retraites…60, troisième et dernier volume édité après la mort de Bertot, a été retrouvée à Chantilly61. Il s’agit d’un traité bref mais bien charpenté et très précis, couvrant avec grande autorité toute la voie mystique, dont nous ne connaissons pas d’équivalent contemporain. Les Torrents de Madame Guyon reprennent le fond de cet exposé sous une forme moins sévère, parfois lyrique.

A ces trois volumes s’ajoutent quatre volumes de textes et de lettres qui ont été rassemblés en hommage par sa disciple J.-M. Guyon et édités en 1726, quarante-cinq ans après la mort de Bertot, sous le titre : Le directeur Mistique ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion…62, par le cercle de P. Poiret peu après la mort de ce dernier. Il comporte douze traités, dont le style a pu être revu par Madame Guyon (vol. I), suivi de 221 lettres montrant les qualités de précision et l’autorité du directeur (vol. II à IV). Elles sont adressées à des correspondants non cités, dont en premier lieu Madame Guyon. A l’œuvre de Bertot celle-ci ajoute, nommément cités, une relation concernant Marie des Vallées et des lettres de Maur de l’Enfant-Jésus. L’ensemble se termine sur des lettres de Madame Guyon adressées à des disciples et non plus à Bertot. Cette édition très rare est suivie d’un choix en un volume également rare63.

Il faut ajouter à ces œuvres publiées les lettres de Bertot reprises dans la correspondance de Madame Guyon64 ainsi qu’une belle lettre65 sous forme manuscrite, recopiée de la main de Dupuy, copiste de lettres de Madame Guyon, et datée du 22 mars 1677.

J. Bertot meurt prématurément à cinquante-neuf ans à Paris le 28 avril 168166. Il n’a exprimé que de très rares confidences sur lui-même :

En vérité il [Notre Seigneur] me détourne tellement des créatures que j’oublie tout volontiers et de bon cœur. Ce m’est une corvée étrange que de mettre la main à ma plume. Tout zèle et toute affection pour aider aux autres m’est ôtée; il ne me reste que le mouvement extérieur : mon âme est comme un intrument dont on joue, ou si vous voulez comme un luth qui ne dit ni ne peut dire mot que par le mouvement de celui qui l’anime67. Cette disposition d’oubli me possède tellement, peut-être par paresse, qu’il est vrai que je pense à peu de chose.68

L’oubli mystique n’empêche pas une activité intense. Enfin il livre ses affinités par quelques noms d’auteurs spirituels :

Tant de livres ont été faits par de saintes personnes pour aider les âmes en la première conduite, comme Grenade, Rodriguez et une infinité d’autres [...] Pour la voie de la foi, il y en a aussi plusieurs, comme le bienheureux Jean de la Croix, Taulère, le Chrétien Intérieur [de Bernières] et une infinité d'autres69 Le livre de la Volonté de Dieu [ou Règle de Perfection] de Benoît de Canfeld peut beaucoup servir70.

Le rayonnement de Bertot, « conférencier très apprécié de l'aristocratie et, en particulier, de divers membres de la famille Colbert71 », déborde sur un cercle laïc que l’on retrouvera autour de Madame Guyon :

Chevreuse dut-il à Fénelon la connaissance de Mme Guyon ? Bien qu'il paraisse l'admettre, Saint-Simon fournit un fort argument à la thèse contraire. Après avoir indiqué que les conférences de Bertot à Montmartre étaient suivies par Mme de Charost et par le duc de Noailles, il ajoute en effet : « MM. de Chevreuse et de Beauvillier fréquentaient aussi cette école. Mme Guyon fit la connaissance de ces deux derniers par Fénelon [...] Ces deux ducs et leurs femmes depuis longtemps initiés aux rudiments de cette école par celle de Montmartre, goûtèrent Mme Guyon au point de se mettre sous sa conduite à la suite de l'abbé de Fénelon72.

Saint-Simon, ami des ducs, mais ennemi de la dame qui les séduit d’une façon incompréhensible pour lui, souligne le 10 janvier 1694 les relations qui avaient lié Bertot et Madame Guyon, et la continuité que cette dernière assure :

Elle ne fit que suivre les errements d’un prêtre nommé Bertaut [sic], qui bien des années avant elle, faisait des discours à l’abbaye de Montmartre, où se rassemblaient des disciples, parmi lesquels on admirait l’assiduité avec laquelle M. de Noailles, depuis Maréchal de France, et la duchesse de Charost, mère du gouverneur de Louis XIV, s’y rendaient, et presque toujours ensemble tête à tête, sans que toutefois on en ait mal parlé. MM. de Chevreuse et de Beauvilliers fréquentaient aussi cette école73.

Le témoignage donné en 1695 par un informateur de Madame de Maintenon confirme le rôle central qui fut celui de Bertot dans les cercles laïcs constitués autour de Montmartre. Il met en lumière son activité auprès des Nouvelles Catholiques, auxquelles Madame Guyon et Fénelon furent attachées. Le lecteur appréciera les insinuations sur les jeunes dames tôt levées et le parfum d’enquête policière qui se dégage d’un document par ailleurs fort bien documenté74 :

[f° 2v°] Il y a plus de vingt ans que l'on voit [vit] à la tête de ce parti [le quiétisme], Mr Bertau [Bertot], directeur de feu Madame de Montmartre. […] Cet homme était fort consulté ; les dévots et les dévotes de la Cour avaient beaucoup de confiance en lui ; ils allaient le voir à Montmartre, et sans même garder toutes les mesures que la bienséance demandait ; de jeunes dames de vingt ans partaient pour y aller à six heures du matin tête-à-tête avec de jeunes gens à peu près du même âge. On rendait compte publiquement de son intérieur, quelquefois l'intérieur par écrit courait la campagne. Mr B[ertot] faisait aussi des conférences de spiritualité à Paris dans la maison des Nouvelles Catholiques, et auxquelles plusieurs dames de qualité assistaient et admiraient ce qu'elle n'entendaient pas. […] Madame G[uyon] était, disait-il, sa fille aînée, et la plus avancée, et Madame de Charost était la seconde, aussi soutient-elle à présent ceux qui doutent. Elle paraît à la tête du parti, pendant que Madame Guyon est absente ou caché. […]

[f° 39v°] On pourra tirer des lumières de la sœur Garnier et de la sœur Ansquelin des Nouvelles Catholiques, si on les ménage adroitement, et qu'on ne les commette point. Elles peuvent parler sur Madame Guyon, sur la sœur Malin et sur Monsieur Bertot. Il se faisait chez elles des conférences de spiritualité auxquelles présidait Monsieur Bertot. […] Madame la duchesse d'Aumont et Madame la marquise de Villars pourront dire des nouvelles de la spiritualité du sieur Bertaut avec qui Madame Guyon avait une liaison si étroite qu'il disait que c'était sa fille aînée. […]

M. de Gaumont est un dirigé moins célèbre, « homme d’une pureté admirable75 » selon Madame Guyon :

Marie Le Doux maîtresse d'école de la paroisse Saint-Sulpice assura en 1695 qu'elle était autrefois de la communauté des Quinze-Vingt qu'avait établie M. de Gaumont, prêtre, sous la conduite de M. Bertaut [Bertot]. Depuis il donna à ces filles le P. de La Combe pour supérieur et voulait que Mme Guyon fût supérieure76.

En résumé, la vie de Monsieur Bertot, sans événements majeurs, mal connue - nous la décrivons ici pour la première fois - est celle d’un prêtre dévoué à la tâche de direction spirituelle, devenant le lien essentiel entre le groupe normand formé autour de l’Ermitage de Jean de Bernières et du monastère de Jourdaine et le groupe de Paris constitué autour du monastère de Montmartre. Le cercle de Paris deviendra celui de Madame Guyon lorsqu’elle prendra la succession de son directeur spirituel à son retour de voyages.

La dirigée la plus connue - parmi beaucoup d’autres, surtout des dames religieuses - de Monsieur Bertot est donc Madame Guyon77, qu’il rencontre par l’intermédiaire de la mère Geneviève Granger78.

Plusieurs rencontres sont nécessaires, qui mettent en jeu divers membres du « réseau » mystique associé à Bernières et à Bertot : le « bon père » franciscain Archange Enguerrand introduit la jeune femme à la vie intérieure79, lui fait rencontrer la mère Granger80, par ailleurs connue de la duchesse de Charost81. La mère Granger la prend en charge82 et lui donne Bertot pour directeur. Elle le rencontre le 21 septembre 1671 dans des circonstances qui resteront gravées dans sa mémoire :

 je dirai que la petite vérole m'avait si fort gâté un oeil que je craignais de le perdre tout à fait, je demandai d’aller à Paris pour m’en faire traiter, bien moins cependant pour cela que pour voir M. B[ertot] que la M[ère] G[ranger] m’avait depuis peu donné pour directeur et qui était un homme d’une profonde lumière. Il faut que je rapporte par quelle providence je le connus la première fois. Il était venu pour la M[ère] G[ranger]. Elle souhaitait fort que je le visse; sitôt qu’il fut arrivé, elle me le fit savoir, mais comme j'étais à la campagne, je ne trouvais nul moyen d'y aller. Tout à coup mon mari me dit d'aller coucher à la ville pour quérir quelque chose et donner quelque ordre. Il devait m'envoyer quérir le lendemain, mais ces effroyables vents de la St Matthieu vinrent cette nuit-là de sorte que le dommage qu'ils causèrent [attesté et daté dans le journal d’un Montargois] m'empêcha de retourner de trois jours. Comme j'entendis la nuit l'impétuosité de ce vent, je jugeai qu'il me serait imp ossible d'aller aux Bénédictines ce jour-là et que je ne verrais point M. Bertot. Lorsqu'il fut temps d'aller, le vent s'apaisa tout à coup, et il m'arriva encore une providence qui me le fit voir une seconde fois83.

Nous ne pouvons ici étudier la dimension mystique de la direction spirituelle reçue par Madame Guyon, ce qui grossirait démesurément notre texte84. Elle est assurée sans compromis par Monsieur Bertot. Cette rigueur existe aussi chez le « bon franciscain » Archange Enguerrand85 ( ? -1699) et se retrouvera, mais avec souplesse, chez Madame Guyon86. C’est une caractéristique de l’école : l’amour du directeur se manifeste dans sa rigueur ; on n’affronte rien qui soit au-dessus de ses forces mais tout est apporté par la grâce87. Voici un exemple illustrant l’esprit de cette direction :

Vous ne pouvez assez entrer dans le repos et dans la paix intérieure; car c’est la voie pour arriver où Dieu vous appelle avec tant de miséricorde. Je vous dis que c’est la voie, et non pas votre centre : car vous ne devez pas vous y reposer ni y jouir ; mais passer doucement plus loin en Dieu et dans le néant ; c’est-à-dire qu’il ne faut plus vous arrêter à rien quoiqu’il faille que vous soyez en repos partout. Sachez que Dieu est le repos essentiel et l’acte très pur en même temps et en toutes choses [...] Je vous en dis infiniment davantage intérieurement et en présence de Dieu; si vous y êtes attentive vous l’entendrez. Soutenez-vous en Dieu nuement et simplement, seule et une [...] N’ayez donc plus d’idées, de pensées, de sentiments de vous-même, non plus que d’une chose qui n’a jamais été et ne sera jamais88.

Il est le premier à parler de l’union spirituelle qu’il éprouve avec ses amis et disciples. Il les porte comme un père dans ses prières et les amène à l’union avec lui dans le même état spirituel :

Si j’entre dans cette unité divine, je vous attirerai, vous et bien d’autres qui ne font qu’attendre ; et tous ensemble n’étant qu’un en sentiment, en pensée, en amour, en conduite et en disposition, nous tomberons heureusement en Dieu seul89

Madame Guyon et ses dirigés.

Jeanne-Marie Guyon commence ses voyages juste après la disparition de Bertot, par l’établissement des Nouvelles Catholiques, connues de ce dernier90, à Gex, près de Genève. Mais découvrant vite l’ambiguïté de la situation des converties, après des voyages en Savoie-Piémont, elle revient en France en 1686, pour se retrouver au centre du cercle parisien – événement apparemment soudain91 que nous comprenons mieux après avoir éclairé sa relation avec Monsieur Bertot.

Sur le plan de la vie intérieure, des textes, beaucoup plus amples que les allusions de Bernières ou de Bertot, attestent une transmission directe de la grâce de personne à personne, qui ne dépend que de Dieu seul et qui s’effectue de préférence en silence. Elle suppose un même recueillement des personnes. Elle est décrite ainsi :

Vous m’avez demandé comment se faisait l’union du cœur ? Je vous dirai que l’âme étant entièrement affranchie de tout penchant, de toute inclination et de toute amitié naturelle, Dieu remue le cœur comme il Lui plaît ; et saisissant l’âme par un plus fort recueillement, Il fait pencher le coeur vers une personne. Si cette personne est disposée, elle doit aussi éprouver au-dedans d’elle-même une espèce de recueillement et quelque chose qui incline son cœur […] Cela ne dépend point de notre volonté : mais Dieu seul l’opère dans l’âme, quand et comme il Lui plaît, et souvent lorsqu’on y pense le moins. Tous nos efforts ne pourraient nous donner cette disposition ; au contraire notre activité ne servirait qu’à l’empêcher92. »

On trouve de nombreux textes parallèles où se trouvent décrites les modalités de cette transmission, dans les Discours spirituels, la Vie par elle-même93 et les Explications des deux Testaments. Le célèbre verset  « …lorsqu‘il y a en quelque lieu deux ou trois personnes assemblées en mon nom, je suis là au milieu d’elles » est commenté ainsi94 :

Ils se parlent plus du cœur que de la bouche ; et l’éloignement des lieux n’empêche point cette conversation intérieure. Dieu unit ordinairement deux ou trois personnes […] dans une si grande unité, qu’ils se trouvent perdus en Dieu […] l’esprit demeurant aussi dégagé et aussi vide d’image que s’il n’y en avait point. […] Dieu fait aussi des unions de filiations, liant certaines âmes à d’autres comme à leurs parents de grâce.

A la fin de sa vie, de pieux disciples rapporteront la plongée spontanée dans l’intériorité qui s’effectue auprès d’elle, sans nulle suggestion orale ni rappel de sa part :

Elle vivait avec ces Anglais [des Ecossais] comme une mère avec ses enfants. […] Souvent ils se disputaient [le premier soulèvement écossais des jacobites eut lieu en 1715], se brouillaient ; dans ces occasions elle les ramenait par sa douceur et les engageait à céder ; elle ne leur interdisait aucun amusement permis, et quand ils s’en occupaient en sa présence, et lui en demandait son avis, elle leur répondait : « Oui, mes enfants, comme vous voulez. » Alors ils s’amusaient de leurs jeux, et cette grande sainte restait pendant ce temps-là abîmée et perdue en Dieu. Bientôt ces jeux leur devenaient insipides, et ils se sentaient si attirés au-dedans, que, laissant tout, ils demeuraient intérieurement recueillis en la présence de Dieu auprès d’elle95.

Madame Guyon affirme ce lien intérieur avec Fénelon, qu’elle considère comme son fils spirituel le plus proche ; elle écrit en avril 1690 :

…j’ai cette confiance que si vous voulez bien rester uni à mon coeur, vous me trouverez toujours en Dieu et dans votre besoin96.

A cette confiance Fénelon répond :

Si vous veniez à manquer, de qui prendrais-je avis ? ou bien serais-je à l'avenir sans guide ? Vous savez ce que je ne sais point et les états où je puis passer [...] Je puis me trouver dans l'embarras ou de reculer sur la voie que vous m'avez ouverte, ou de m'y égarer faute d'expérience et de soutien. Je me jette tête première et les yeux bandés dans l'abîme impénétrable des volontés de Dieu. Lui seul sait ce que vous m'êtes en Lui et je vois bien que je ne le sais pas moi-même, mais je vous perds en Lui comme je m'y perds97

Madame Guyon le considère même comme son successeur :

Je vous laisse l’esprit directeur que Dieu m’a donné. […] Je laisse aussi cette Vie que vous m’avez défendu de brûler, quoiqu’il y ait bien des choses inutiles98

Mais malheureusement il meurt avant elle. Dans les dernières années de sa vie, Mme Guyon réunissait à Blois des disciples, qui se voyaient aussi entre eux, indépendamment. On dispose de séries de lettres adressées au marquis de Fénelon, le neveu de l’archevêque, au baron de Metternich, diplomate de la cour de Prusse, à Poiret et à son groupe d’amis, à des Ecossais99 . Les lettres circulaient entre les disciples, qui eux-mêmes voyageaient beaucoup entre Blois, Paris, Cambrai, la Hollande, l’Ecosse proche de celle-ci par mer…

Une école mystique française.

On n’a pas de preuve que ce type de transmission de la grâce de cœur à cœur se soit poursuivi après la mort de Madame Guyon. Mais ses disciples ont continué à se réunir en cercles dont on retrouve les traces jusqu’en 1830 environ. Ainsi, en 1769, J.-Ph. Dutoit, un pasteur de Lausanne et éditeur de son œuvre, fut l’objet d’une visite de la police de Berne, dont le procès-verbal de saisie de ses livres se limite à quatre auteurs : Bernières, Bertot, Madame Guyon, Poiret (outre la Bible et l’Imitation)100. Cela ferme en quelque sorte deux siècles d’histoire.

On connaît par ailleurs l’influence sur des milieux très divers, dont le milieu maçonnique par l’intermédiaire du chevalier Ramsay. Il existe plus qu’une influence chez le jésuite Jean-Pierre de Caussade : L’Abandon à la Providence divine, œuvre préférée à d’autres du même auteur, constitue une résurgence en milieu catholique - avec toute la précaution rendue nécessaire après l’affaire du quiétisme - de la spiritualité de l’école101. Elle trouve aussi refuge dans les terres lointaines du Québec depuis Bernières, ou étrangères du protestantisme depuis Madame Guyon. L’œuvre de celle-ci et de ses prédécesseurs est connue des Quakers américains, de Wesley et des Méthodistes102.

Cette tradition d’origine française est capitale par le témoignage qu’elle donne de la primauté accordée à la vie intérieure et à l’expérience mystique, qui peut s’accompagner d’une pratique religieuse mais n’en dépend pas. Cette expérience personnelle n’a pas été vécue par des génies solitaires, mais dans des cercles amicaux réunis autour d’un père ou d’une mère spirituelle qui transmettaient la grâce de cœur à cœur. On devine des filiations de ce type chez des Pères du désert, dans le milieu où vécut Syméon le Nouveau Théologien, chez des franciscains, des béguines et chez Ruysbroek, au Carmel, pour ne citer que des exemples antérieurs au sein de cultures d’inspiration chrétienne ; mais les témoignages écrits font le plus souvent défaut.

Honoré de Sainte-Marie, carme contemporain de Madame Guyon, avait cette perception de l’histoire de la spiritualité, qu’il nous présente comme un torrent spirituel, jamais interrompu, et détaille, siècle après siècle, avec une érudition étonnante pour son époque, dans sa belle Tradition[…] sur la contemplation103.

Le crépuscule de la vie mystique104  a vu, au sein du catholicisme, un développement étonnant de formes extérieures - culte marial, apparitions - dont beaucoup se détournent. Il vaut la peine de réhabiliter une filiation proposant un « christianisme intérieur » d’une grande sobriété. Certes elle a échoué à s’insérer dans le courant majoritaire, mais elle est parvenue à associer très tôt des catholiques à des protestants, et même à influencer quelques adeptes des lumières.







100A.MADAME GUYON AU CENTRE D’UNE FILIATION MYSTIQUE [Genève 2017]

(41) Mme Guyon au centre d’une filiation 1mars18.docx



Mme Guyon au centre d'une filiation mystique avec les deux annexes 17nov17.docx

Contribution à «Madame Guyon, Mystique et politique à la Cour de Versailles, à l’occasion du troisième centenaire de sa mort»

Université de Genève, 23-25 novembre 2017



J’aborde la notion de filiation mystique vécue chez des spirituels qui se rassemblèrent autour de Monsieur Bertot puis de Madame Guyon (et avant eux autour du P. Chrysostome puis de Monsieur de Bernières). Mon but n’est pas de débattre des idées qui animèrent les adeptes de la quiétude, mais de cerner leur expérience singulière en s’appuyant sur quelques textes qui nous sont parvenus.

Au centre d’une Filiation? La mystique ne se vit pas en s’appuyant sur des livres, mais en partageant l’expérience et la vie d’une personne humaine qui a déjà parcouru un tel chemin. Madame Guyon incarne un fonctionnement mystique et montre comment y accéder. C’est particulièrement manifeste dans les groupes que nous allons évoquer.

Monsieur Bertot et Madame Guyon ne sont pas des génies solitaires. Ils ne se sont pas formés tout seuls, mais l’ont été par de smystiquesaccomplis de générations précédentes105. Ils font partie d’une tradition d’origine franciscaine106.

Chaque génération a un père (ou une mère spirituelle) auquel tous se réfèrent. Le père spirituel (ou la mère) est toujours formé par le précédent. Ce sont indifféremment des laïques ou des clercs, des hommes ou des femmes. C’est l’accomplissement mystique qui compte. Pas de passation de pouvoir au sens humain du terme : on n’est pas dans un ordre monastique où l’on élit un prieur. Pas de vote ni de discussion : on est dans le domaine de l’évidence informelle. Le meilleur forme ses amis; quand il meurt, le plus accompli lui succède, car il est reconnu depuis des années.

Ces passages d’autorité ont eu lieu sans interruption pendant un siècle sur quatre générations.

Je vais citer quelques traces écrites qui relient les figures mystiques centrales avant d’aborder de ce qui se passait entre elles et leurs associé(e)s.

La première figure fut celle du franciscain Chrysostome de Saint-Lô (1594 – 1646) du Tiers ordre Régulier [TOR] directeur du laïc Jean de Bernières (1601 – 1659). Le Père Chrysostome lança l’idée de construire un lieu d’accueil pour y réunir leurs amis et chercher l’oraison. Jean de Bernières le réalisa. Il résume ainsi l’esprit qui animait les visiteurs de l’Ermitage de Caen :

Nous vivons ici en grand repos, liberté, gaieté et obscurité, étant inconnus du monde, et ne nous connaissant pas nous-mêmes. Nous allons vers Dieu sans réflexion, et quelque temps qu’il fasse, bon ou mauvais, nous tâchons de ne nous pas arrêter.107

Bernières et Mère Mectilde (1614-1698), fondatrice des bénédictines du Saint-Sacrement, éditent des écrits de leur «Père» Chrysostome108 fort difficilement récupérés par cette dernière. S’en détachent leurs propres demandes et les réponses de leur directeur.

Puis Bernières prend la suite en 1646 dans la direction des proches, dont son amie Mectilde. Il dirige, parmi d’autres, Mgr de Laval, futur évêque de Québec, et Jacques Bertot (1620 – 1671).

Le confesseur et «directeur mystique» Bertot porte la tradition normande de l’Ermitage au couvent de Montmartre. Il impressionne l’Abbesse109 et attire des gens de la Cour110.

Plusieurs ouvrages dévoilent les liens qui unissent entre eux Chrysostome, Bernières, Mectilde, Bertot111. Mectilde écrit à Bernières112 :

De l’Hermitage du Saint Sacrement, le 30 juillet 1645.

Monsieur,

Notre bon Monsieur Bertot nous a quittés avec joie pour satisfaire à vos ordres et nous l’avons laissé aller avec douleur. Son absence nous a touchées, et je crois que notre Seigneur veut bien que nous en ayons du sentiment, puisqu’Il nous a donné à toutes tant de grâces par son moyen, et que nous pouvons dire dans la vérité qu’il a renouvelé tout ce pauvre petit monastère et fait renaître la grâce de ferveur dans les esprits et le désir de la sainte perfection. Je ne vous puis dire le bien qu’il a fait et la nécessité où nous étions toutes de son secours […], mais je dois vous donner avis qu’il s’est fort fatigué et qu’il a besoin de repos et de rafraîchissement. Il a été fort travaillé céans, parlant [sans] cesse, fait plusieurs courses à Paris en carrosse dans les ardeurs d’un chaud très grand. Il ne songe point à se conserver. Mais maintenant, il ne vit plus pour lui. Dieu le fait vivre pour nous et pour beaucoup d’autres. Il nous est donc permis de nous intéresser de sa santé et de vous supplier de le bien faire reposer. […]

Parmi les fidèles, une jeune veuve de Montargis, Madame Guyon, fait le récit de sa première rencontre :

Je dirai que la petite vérole m’avait si fort gâté un œil que je craignais de le perdre tout à fait, je demandai d’aller à Paris pour m’en faire traiter, bien moins cependant pour cela que pour voir M. B [ertot] que la M [ère] G [ranger] m’avait depuis peu donné pour directeur et qui était un homme d’une profonde lumière. Il faut que je rapporte par quelle providence je le connus la première fois. Il était venu pour la M [ère] G [ranger]. Elle souhaitait fort que je le visse; sitôt qu’il fut arrivé, elle me le fit savoir, mais comme j’étais à la campagne, je ne trouvais nul moyen d’y aller. Tout à coup mon mari me dit d’aller coucher à la ville pour quérir quelque chose et donner quelque ordre. Il devait m’envoyer quérir le lendemain, mais ces effroyables vents de la St Matthieu vinrent cette nuit-là [tempête attestée du 21 septembre 1671] de sorte que le dommage qu’ils causèrent m’empêcha de retourner de trois jours. Comme j’entendis la nuit l’impétuosité de ce vent, je jugeai qu’il me serait impossible d’aller aux Bénédictines ce jour-là et que je ne verrais point M. Bertot. Lorsqu’il fut temps d’aller, le vent s’apaisa tout à coup, et il m’arriva encore une providence qui me le fit voir une seconde fois.113

Mais sa direction fut rude et resta un temps incomprise. Plus tard «sa fille spirituelle» rassemblera ses écrits. Le directeur Mistique ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion [...] paraîtra en 1726114. Un bref résumé de sa vie ainsi qu’un témoignage sur la fidélité de disciples figurent dans l’Avertissement :

«Monsieur Bertot natif de Coutances grand ami de Jean [5] de Bernières s’appliqua à diriger les âmes dans plusieurs communautés de Religieuses [à diriger] plusieurs personnes engagées dans des charges importantes tant à la Cour qu’à la guerre Il continua cet exercice jusqu’au temps que la providence l’attacha à la direction des Religieuses Bénédictines de l’abbaye de Montmartre proche [de] Paris, où il est resté dans cet emploi environ douze ans [6] jusqu’à sa mort [au] commencement de mars 1681 après une longue maladie de langueur. [7] [Il fut] enterré dans l’Eglise de Montmartre au côté droit en entrant. Les personnes ont toujours conservé un si grand respect [qu’elles] allaient souvent à son tombeau pour y offrir leurs prières.115

Madame Guyon se référera à son autorité jusqu’à la fin de sa vie :

«Je vous envoie une lettre d’un grand serviteur de Dieu qui est mort il y a plusieurs années. Il était ami de Monsieur de Bernières, et il a été mon Directeur dans ma jeunesse.»116

Par ailleurs elle avait fait des vœux secrets typiquement franciscains :

«J’avais fait cinq vœux en ce pays-là [à Gex]. Le premier de chasteté que j’avais déjà fait sitôt que je fus veuve, celui de pauvreté, c’est pourquoi je me suis dépouillée de tous mes biens, je n’ai jamais confié ceci à qui que ce soit. Le troisième d’une obéissance aveugle à l’extérieur à toutes les providences ou à ce qui me serait marqué par mes supérieurs ou directeurs, et au-dedans d’une totale dépendance de la grâce. Le quatrième d’un attachement inviolable à la sainte Église. Le cinquième était un culte particulier à l’enfance de Jésus-Christ plus intérieur qu’extérieur.»117

J’achève ici cet aperçu de liens entre Chrysostome, Bernières, Bertot, Guyon. Les indices écrits qui nous sont parvenus sont rares puisqu’il n’y a aucune élection humaine. Les mystiques répugnent à attester dans leurs écrits, sinon incidemment, d’une autorité de direction qui se doit d’être intérieure.

De plus l’environnement «externe» est hostile aux mystiques tout au long du siècle118 en commençant par les «objections» faites par des docteurs parisiens à Rouen lisant la troisième partie de la Reigle parue en 1609 du mystique franciscain capucin Canfield119.

Mectilde eut quant à elle de nombreuses difficultés pour récupérer les écrits de Chrysostome des mains de ses confrères du Tiers Ordre Régulier.

«Je tente toutes les fortunes et voies possibles pour tirer quelque chose de si dignes écrits, mais c’est temps perdu que d’y faire effort. Le Père provincial et les autres ont arrêté et protesté que jamais ils ne laisseront sortir d’entre leurs mains ces écrits sans être corrigés d’un esprit conforme à leurs sentiments et disent qu’ils sont tout pleins d’erreurs120

«J’ai bien de l’appréhension qu’on ne les brûle, car ils sont entre les mains de ses persécuteurs.»121

Elle livre un aperçu sur la faible considération dont le P. Chrysostome jouissait auprès de ses «responsables» :

«La sainte abjection l’a accompagné à la vie et à la mort et même après la mort, il est demeuré abject dans l’esprit de quelques-uns de l’ordre. Frère Jean [Aumont] m’a mandé ceci et dit qu’il ne faut point réveiller sa mémoire dans leur maison pour le respect de quatre ou cinq [...]  

Plus tard, en l’année fatidique 1694 qui amorce la descente aux enfers de Madame Guyon, le P. Paulin, responsable du même Tiers Ordre Régulier, fera une déposition «mitigée» sur Madame Guyon122.

Il n’est pas surprenant que les quiétistes apprennent à devenir prudents. C’est pourquoi on ne sait pas qui a pris la suite de leur animatrice après 1717.

La notion de filiation reste pourtant vivante au XVIIIe siècle. Si l’intensité mystique semble souvent disparaître, les gens influencés par Madame Guyon gardent la notion d’une succession possible et de l’importance d’avoir un directeur spirituel.

Une demoiselle suisse demande qui succède à Madame Guyon :

«M. de Marçais m’a conté qu’une demoiselle en Suisse qui était intérieure, et dont j’ai oublié le nom, avait écrit en France pour s’informer si Madame Guyon n’avait point [93] laissé de successeur dans l’état apostolique qui assistât d’autres personnes intérieures. Sur quoi après avoir écrit en bien des endroits, elle avait enfin reçu avis qu’il existait effectivement une personne pareille, savoir la duchesse de Grammont; mais qu’elle se tenait fort cachée quant à son extérieur, à cause du grand nombre d’ennemis qui persécutaient la vie intérieure. Que par cette raison, elle n’était connue que de personnes pareillement adonnées à la vie intérieure. Les lettres furent écrites quelques années après l’année 1720.»123

Une pièce atteste de la filiation Bernières-Bertot-Guyon perçue à la fin du siècle des Lumières. Elle concerne Jean-Philippe Dutoit (1721-1793). Ce pasteur de Morges près de Lausanne, deuxième éditeur de l’œuvre de Mme Guyon après Pierre Poiret, eut un certain rayonnement. Il se lia au comte Frédéric de Fleischbein (1700-1774) dont la femme Pétronille d’Echweiler (1682-1740) fréquenta brièvement Blois, lieu de retraite de Madame Guyon sortie de la Bastille124.

Il s’agit du procès-verbal de saisie opérée par les calvinistes de Berne par l’intermédiaire de leur représentant à Lausanne125 :

«6e janvier 1769. Nous David Jenner, ci-devant colonel en Hollande, actuellement baillif de Lausanne, au nom et de la part de Leurs Excellences nos Souverains Seigneurs de la ville et république de Berne, savoir faisons qu’en conséquence des ordres que nous aurions reçus de L.L. E.E[ xcellenc] es du Sénat, en date du 5e du courant, pour enlever à Monsieur le Ministre Dutoit de Moudon, tous ses papiers, écrits et livres, faire inventaire des dits et en procurer ensuite l’expédition [...]

Lequel Mr Dutoit ayant ouï la notification des ordres reçus, aurait d’abord manifesté qu’il est bien dans l’intention de s’y conformer en toute soumission et sincérité, ainsi que le porte l’inventaire suivant :

La Bible de Madame Guyon et plusieurs de ses ouvrages, mais non pas tous.

Monsieur de Bernières soit le Chrétien intérieur.

La Théologie du Cœur [de Poiret].

Le Directeur mystique de Monsieur Bertot.

La liste se termine sur trois “classiques”, Teresa, Luther, l’Imitation126; Dutoit

Déclarant de bonne foi qu’il ne se sait ici aucun autre livre mystique ou ascétique.»

Je viens d’établir quelques liens internes et de suggérer un contexte externe délicat. La (re) découverte127 d’une filiation dont la colonne vertébrale passe du franciscain Chrysostome de Saint-Lô à monsieur de Bernières, puis à Monsieur Bertot, enfin à Madame Guyon, est confirmée par l’attestation tardive précédente.

Deux nœuds dominèrent : les amis de l’Ermitage de Caen précèdent et donnent naissance au cercle quiétiste parisien animé par monsieur Bertot et repris par madame Guyon et Fénelon. Au-delà de la confirmation d’une transmission, j’ai compris assez vite qu’il fallait en situer l’axe au sein d’un réseau d’amis, retrouver les branches de l’arbre. J’ai établi des dossiers de sources pour quelques-uns128. Hommes et femmes qui bénéficient d’une lignée procédant des aînés aux cadets s’assemblent à leurs contemporains mystiques de même génération.

Sur près de deux siècles, une centaine de figures mystiques parvinrent par quelque précieuse «réaction chimique» à rayonner et à partager leur énergie. La filiation devient un arbre touffu, voire lié à des arbres voisins129. La «Liste de proches : réseaux Normand puis Parisien enfin Européen» reportée en Annexe porte un «regard transversal» absent de la présentation «longitudinale» chronologique.

§

Approchons maintenant le vécu. Chaque père ou mère spirituelle est l’objet d’une vénération et d’une fidélité absolue. C’est évident pour Madame Guyon que ses proches avaient pourtant tout intérêt à abandonner. Pendant qu’elle affronte le pouvoir et les prisons, Fénelon saborde sa carrière à la Cour tandis que les grandes familles des Beauvilliers et des Chevreuse la défendent discrètement.

Seul un rayonnement extraordinaire permet d’expliquer l’attirance puis la fidélité des visiteurs et des amis sur vingt ans (1694 procès d’Issy – 1712/1714 décès des ducs). C’est ce que ressent Madame Guyon quand elle affirme qu’il y a passage de la grâce à travers sa personne vers celui qui vient la voir. Ce groupe a donc une spécificité plus étonnante que son organisation sociale autour d’un maître spirituel. Laquelle?

Le phénomène se reproduit à chaque génération. Voici ce que ressentaient les auditeurs de Chrysostome parlant de Dieu :

Quand il en parlait [du Sauveur], c’était avec des ardeurs qui mettaient le feu divin de tous côtés; particulièrement quand il faisait des conférences de l’anéantissement d’un Dieu dans le mystère de l’Incarnation, il paraissait comme tout accablé sous les grandes lumières qu’il recevait, et qu’il communiquait [notre soulignement] avec des effets extraordinaires de grâce […]130

Aussi la fidélité de Bernières à son père spirituel fut indéfectible comme le montre l’émotion traduite dans une lettre à Mère Mectilde :

«Ce me serait grande consolation que […] nous puissions parler de ce que nous avons ouï dire à notre bon Père […] puisque Dieu nous a si étroitement unis que de nous faire enfants d’un même Père […] Savez-vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu?»131

Ils ont commencé à prendre conscience d’un partage de la grâce chez Bernières quand ses amis priaient ensemble à l’Ermitage :

Adieu, ma très chère sœur, Messieurs de Bernières et de Rocquelay vous saluent; ils font des merveilles dans leur ermitage : ils sont quelquefois plus de quinze ermites; ils demandent souvent de vos nouvelles. Si notre bonne mère Prieure voulait écrire de ses dispositions à Monsieur de Bernières, elle en aurait consolation, car Dieu lui donne des lumières prodigieuses sur l’état du saint et parfait anéantissement.132

Bernières constate combien la grâce est active parmi eux. Il utilise le verbe «communiquer» :

Je connais clairement que l’établissement de l’Ermitage est par l’ordre de Dieu, et notre bon Père ne l’a pas fait bâtir par hasard. La grâce d’oraison s’y communique facilement à ceux qui y demeurent, et on ne peut dire comment cela se fait, sinon que Dieu le fait.133

Boudon (1624-1702) témoigne :

Non seulement il était consulté par les laïques, mais par les ecclésiastiques et les religieux. Grand nombre de ces derniers ont fait des retraites dans sa maison avec la permission de leur supérieur […] C’était une chose admirable de voir le changement que l’on remarquait dans les personnes qui avaient des liaisons spéciales avec lui.134

Bernières attend l’inspiration de l’Esprit pour parler :

Ses paroles étaient pleines d’une force divine, et gagnaient les cœurs à Dieu. L’ayant un jour averti de quelques manquements d’une personne qui dépendait de lui, je remarquai qu’il fut assez longtemps sans lui en rien dire; et j’admirais après cela, que lui ayant fait voir ses défauts en très peu de paroles, et pour ainsi parler, sans presque lui rien dire, cette personne demeura tout à coup comme terrassée sous le poids du peu de paroles qu’il lui avait dites, et apporta le remède à ces manquements. Je vis bien qu’il avait tardé à l’avertir, non pas par aucune négligence, mais attendant le mouvement de l’esprit de Dieu qui agissait en lui. S’il lui eût parlé plus tôt, il l’eût fait en homme, et ses avis n’eussent pas eu les effets qui arrivèrent. 135

Avec Bertot on passe à un deuxième degré dans la diffusion de la grâce puisqu’il a la hardiesse d’affirmer que sa prière pouvait faire partager aux autres ses états mystiques pendant qu’il officiait à la messe. Il ne fait pas que rayonner : il porte autrui dans sa prière et fait partager ses états mystiques.

«Demeurons ainsi, j’y veux demeurer avec vous et je vais commencer aujourd’hui à la sainte messe. Je suis sûr que si je suis une fois élevé à l’autel, c’est-à-dire que si j’entre dans cette unité divine [249], je vous attirerai136, vous et bien d’autres qui ne font qu’attendre. Et tous ensemble, n’étant qu’un en sentiment, en pensée, en amour, en conduite et en disposition, nous tomberons heureusement en Dieu seul, unis à Son Unité, ou plutôt n’étant qu’une unité en Lui seul, par Lui et pour Lui. Adieu en Dieu.» 137

Il offrit à Mme Guyon de transformer leur relation en moments de silence où il pourrait lui communiquer la grâce de cœur à cœur et lui apprend comment s’y prêter :

[240] «Puisque vous voulez bien que je vous nomme ma Fille, que vous l’êtes en effet devant Dieu qui l’a ainsi disposé, vous souffrirez que je vous traite en cette qualité, vous donnant ce que j’estime le plus, qui est un profond silence. Ainsi lorsque vous avez peut-être pensé que je vous oublierais, c’était pour lorsque je pensais le plus à votre perfection. Mais je vous parlerai toujours très peu : je crois que le temps de vous parler est passé, et que celui de vous entretenir en paix et en silence est arrivé.138

Après sa mort arrivée tôt en 1681, Madame Guyon va faire ses propres découvertes et va analyser ce qui se passe pendant ses transmissions. Ces écrits sont uniques à notre connaissance, car si ce charisme est bien connu hors du christianisme, chez les soufis, en Inde, dans l’orthodoxie (saint Seraphim de Sarov), il est moins connu dans le monde catholique centré autour de Jésus seul médiateur, la grâce passant par lui et les sacrements suppléant à son absence physique.

Peut-être Madame Guyon avait-elle expérimenté la transmission chez l’évêque Ripa, proche du Cardinal Petrucci, car elle était probablement pratiquée chez Molinos par des quiétistes italiens.

Rentrée en France, elle accueille une foule de visiteurs à Grenoble. C’est à ce moment que les autorités ecclésiastiques commencent à trouver qu’elle empiète sur leur domaine et qu’il faut s’en débarrasser. C’est le premier heurt avec le pouvoir. Pour la combattre, les autorités vont prendre prétexte d’un conflit sur les idées (sur l’oraison passive).

Elle rentre à Paris où elle alternera succès et épreuves. Elle reprend le cercle de Bertot et noue des amitiés qui résisteront à tout : ducs et duchesses de Chevreuse et Beauvilliers, Fénelon, etc.

Pour eux la transmission de la grâce par Madame Guyon est une évidence. Une fois éprouvée, cette expérience ne peut être reniée. Si quelqu’un vient voir Madame Guyon, et s’assoit auprès d’elle en silence, c’est pour ressentir la présence divine : elle transmet l’expérience mystique aux autres sans qu’il y ait d’ascétisme ou d’effort.

Tout se passait avec simplicité, parfois en plaisantant entre «michelins» — saint Michel n’était-il particulièrement apprécié de François d’Assise?

Mon bon abbé [de Béthune-Charost] faites-moi faire un cachet où il y ait un saint Michel qui marche sur le dragon — cela est nécessaire et mystérieux — sinon vous perdrez votre charge. La petite Cécile sera intendante des bouquets de la chapelle des Michelins, elle doit abattre l’oreille droite de Baraquin [le Diable]. Le chien doit lui mordre la gauche, la sœur Ursule lui écraser le bout de la queue. Tous les autres enfants ensemble lui écraseront le corps. S B [Fénelon], un autre et moi lui écraserons la tête. Ne voyez-vous pas P [ut] [Dupuy] qui veut lui marchez sur la patte, mais il craint de lui faire mal, il ne lui touche qu’à l’ongle. [...] Ne voyez-vous pas Dom Al [leaume] qui a perdu son collet à la lutte, le bon marquis qui lui coupe une patte de derrière avec son épée? Le Bon [Beauvillier] tient gravement une de ses cornes, mais il ne veut pas se déranger, il se tient bien compassé. Le Tut [eur] [Chevreuse] tient la corne du milieu et lui couvre les yeux le mieux qu’il peut. Voyez la doyenne des d [uchesses] qui tremble de peur, mais elle ne laisse pas de lui mettre un pied sur la croupière. Voyez d’un autre côté une petite d [uchesse] étourdie qui voulait sauter sur lui à pieds joints; elle aurait fait une belle culbute si notre patron [saint Michel] ne l’avait soutenue par-derrière. Allons, courage, montez peu à peu!139

Nous avons le récit de ce qui se passait plus tard à Blois vingt ans après. Outre une ouverture d’esprit tout œcuménique, la «dame directrice» avait atteint l’ultime simplicité :

Elle vivait avec ces Anglais [des Écossais] comme une mère avec ses enfants. […] Souvent ils se disputaient [à propos de politique : le premier soulèvement écossais des jacobites eut lieu en 1715], se brouillaient; dans ces occasions elle les ramenait par sa douceur et les engageait à céder; elle ne leur interdisait aucun amusement permis, et quand ils s’en occupaient en sa présence, et lui en demandaient son avis, elle leur répondait : «Oui, mes enfants, comme vous voulez». Alors ils s’amusaient de leurs jeux, et cette grande sainte restait pendant ce temps-là abîmée et perdue en Dieu. Bientôt ces jeux leur devenaient insipides, et ils se sentaient si attirés au-dedans que, laissant tout, ils demeuraient intérieurement recueillis en la présence de Dieu auprès d’elle.

Quand on lui apportait le Saint Sacrement, ils se tenaient rassemblés dans son appartement, et à l’arrivée du prêtre, cachés derrière le rideau du lit, qu’on avait soin de fermer, pour qu’ils ne fussent pas vus parce qu’ils étaient protestants, ils s’agenouillaient [43] et étaient dans un délectable et profond recueillement, chacun selon le degré de son avancement, souvent aussi dans des souffrances assorties à leur état. 140

C’est cette expérience qui est centrale, elle est le fondement du lien entre Madame Guyon et ses disciples : ils sont attachés à une personne qui répand la grâce. C’est le cas envers elle, mais nous l’avons vu chez Chrysostome, puis Bernières, puis Bertot : autrement dit, à chaque génération, un saint se manifeste, à travers lequel on ressent la présence divine. C’est là-dessus que se joue la succession à chaque génération. C’est ce qui explique la vénération et la fidélité de l’entourage.

Il y a une condition pour que la transmission ait lieu : il faut que le mystique soit dans l’état «apostolique» (dans un état identique à celui des premiers Apôtres), i.e. il faut être tellement vide que l’on devient un passage pour la grâce : pas de pouvoir personnel, Dieu fait ce qu’il veut. Ce n’est pas la réussite d’une personne humaine, mais une fonction dans laquelle on ne se met pas volontairement soi-même :

C’est un abus dans la vie spirituelle, et qui s’y glisse même dès son commencement, que de vouloir travailler pour les autres à contretemps. Et ce n’est que par une fausse ferveur que l’on entreprend de les aider par soi-même avant d’en avoir reçu la mission. Plusieurs se croient capables de conduire dans la voie des saints qui n’y sont pas encore bien entrés eux-mêmes, et voulant faire part aux autres des grâces qui ne leur sont données que pour eux, ils en perdent eux-mêmes le fruit et ne peuvent en aider les autres. Il ne se faut point porter à aider le prochain tant qu’on le désire et que l’on n’a pas l’expérience des choses divines et la vocation. Il faut être établi auparavant dans la vie intérieure.141

Il faut aussi être missionné par le père ou la mère spirituels. Madame Guyon écrit à Fénelon qu’elle a reçu de Bertot son «esprit directeur» :

Il m’est venu dans l’esprit ce matin que M. B [ertot] a, en mourant, m’ayant laissé son esprit directeur pour ses enfants, ceux qui se sont égarés aussi bien que ceux qui sont restés fidèles n’auront la communication de cet esprit que par moi, mais dans votre union. Car Dieu me fait être avec vous une et indivisible et, quand toutes les répugnances de vous à moi seront ôtées, vous découvrirez une union d’unité divine qui vous charmera. Il y a plusieurs pédagogues, mais il n’y a qu’un père en Christ142, et le père en Christ ne [137 r °] se sert pas seulement de la force de la parole, mais de la substance de son âme qui n’est autre que cette communication centrale du Verbe que le seul Père des esprits peut communiquer à Ses enfants, et comme cette communication du Verbe dans l’âme est l’opération de la paternité divine et la marque de l’adoption des enfants, c’est aussi la preuve de la paternité spirituelle qui communique à tous en substance ce qui leur est nécessaire sans savoir comme cela se fait.

Il y a des personnes qui, à cause de leur état imparfait, sentent [137 v °] mieux cette communication parce qu’elle est toujours conforme au sujet qui la reçoit, et non à celui qui la communique. Il en est de même de tous dons du Seigneur : ils sont [d’autant] plus sensibles ou spirituels que celui qui les reçoit est plus sensible ou spirituel. Cette communication se reçoit de tous, quoiqu’elle ne se sente pas également de tous. [...]143

Elle s’associe Fénelon qu’elle considère comme son successeur dans cette fonction. Fénelon était son disciple le plus cher, et un jour où elle était malade et croyait mourir, elle lui écrivit pour lui léguer la direction de leur groupe spirituel et la possibilité de transmettre la grâce :

«Je vous laisse l’esprit directeur que Dieu m’a donné.»144

Cette succession n’aura jamais lieu, car Fénelon mourut en janvier 1715 avant elle (juin 1717).

Fénelon faisait des réunions avec ses amis mystiques à Cambrai. Il rapporte qu’il y ressent la présence de Madame Guyon. Autrement dit, en union avec Madame Guyon. Fénelon partage son état mystique avec son visiteur :

Je sens un très grand goût à me taire et à causer avec Ma.145 Il me semble que son âme entre dans la mienne et que nous ne sommes tous deux qu’un avec vous en Dieu. Nous sommes assez souvent le soir comme de petits enfants ensemble, et vous y êtes aussi [f ° 19v °] quoique vous soyez loin de nous.146

Il confirme l’explication qu’en avait donnée Madame Guyon à propos de Mathieu 18, 20 :

«Ils se parlent plus du cœur que de la bouche; et l’éloignement des lieux n’empêche point cette conversation intérieure. Dieu unit ordinairement deux ou trois personnes de cette sorte dans une si grande unité, qu’elles se trouvent perdues en Dieu jusqu’à ne pouvoir plus se distinguer […]

Ces unions ont encore une autre qualité, qui est qu’elles n’embarrassent ni n’occupent point, l’esprit demeurant aussi dégagé et aussi vide d’image que s’il n’y en avait point147. […]

Dieu fait aussi des unions de filiations, liant certaines âmes à d’autres comme à leurs parents de grâce [...]»148

Madame Guyon se percevait comme un canal qui donne passage à la grâce en l’absence de toute volonté propre, sans intentionnalité personnelle, dans la «passiveté» totale, dans l’extrême soumission à Dieu :

«Quand l’âme a perdu et tout pouvoir propre et toute répugnance à être mue et agie selon la volonté du Seigneur, alors Il la fait agir comme Il veut […] Quand Dieu la meut vers un cœur, à moins que ce cœur ne refusât lui-même la grâce que Dieu veut lui communiquer, ou qu’il ne fût mal disposé par trop d’activité, il reçoit immanquablement une paix profonde […] Quelquefois plusieurs personnes reçoivent dans le même temps l’écoulement de ces eaux de grâce 149.»

Elle insiste sur le fait qu’il n’y a aucun pouvoir personnel, que seule une âme anéantie peut laisser passer la grâce :

Vous m’avez demandé comment se faisait l’union du cœur ? Je vous dirai que l’âme étant entièrement affranchie de tout penchant, de toute inclination et de toute amitié naturelle, Dieu remue le cœur comme il Lui plaît; et saisissant l’âme par un plus fort recueillement, Il fait pencher le cœur vers une personne. Si cette personne est disposée, elle doit aussi éprouver au-dedans d’elle-même une espèce de recueillement et quelque chose qui incline son cœur [...] Cela ne dépend point de notre volonté : mais Dieu seul l’opère dans l’âme, quand et comme il Lui plaît, et souvent lorsqu’on y pense le moins. Tous nos efforts ne pourraient nous donner cette disposition; au contraire notre activité ne servirait qu’à l’empêcher.150

On a les témoignages directs de Madame Guyon qui est la première à avoir analysé ce qui se passe dans cette transmission. Elle n’a lieu que si la personne a atteint l’état apostolique :

Si son propre salut ne la touche pas d’une manière aperçue, celui des autres ne la touche point aussi. Cependant elle y est employée et y travaille par Providence. Dieu la pousse quelquefois fortement à désirer le salut et la perfection de certaines âmes, en sorte qu’elle donnerait sa vie pour les faire correspondre à Dieu dans toute l’étendue de Ses desseins sur elles - mais sans soin ni souci, sans y mettre rien du sien, servant de pur instrument en la main de Dieu, qui donne telle pente et telle activité qu’il Lui plaît, mais activité dans un parfait repos, sans sortir de Lui-même, sans nulle pente propre, quoique la pente soit quelquefois infinie : car l’âme parvenue à l’entière désappropriation et propre à s’écouler en Dieu, y étant abîmée, est comme une eau fluide qui ne peut être fixée, mais qui s’écoule sans cesse suivant la pente qui lui est donnée.

Elle comprend qu’elle participe à la qualité communicable de Dieu et qu’elle ne vit et ne subsiste que pour se répandre. Plus elle s’écoule, plus elle est pleine sans nulle plénitude propre, mais de la plénitude de Dieu en Lui qui se communique à tous les êtres et qui entraîne avec Lui ceux qu’Il a abîmés en Lui. C’est Lui qui leur donne toute pente. Cependant cela se fait sans s’en occuper, sans y penser, sans se soucier du succès : tout périrait et se renverserait que l’âme n’en serait point touchée, ce qui n’empêche pas qu’elle ne souffre les biens ou les maux des âmes qui lui sont unies pour recevoir ses communications. C’est comme une rivière qui s’écoule agréablement lorsqu’on lui fait passage, mais qui remonte avec effort contre elle-même lorsqu’elle n’en trouve point. [...] On ne sait plus ce que c’est que parents, amis, biens, enfants, intérêt, honneur, santé, vie, salut, gloire, éternité : tout cela ne subsiste plus pour une telle âme, quoiqu’à l’extérieur elle paraisse toute commune, agissant et faisant comme les autres. 151

Quand l’âme a, ainsi que je l’ai dit, perdu et tout pouvoir propre et toute répugnance à être mue et agie selon la volonté du Seigneur, alors Il la fait agir comme Il veut sans choix des moyens : Il se communique par elle sans qu’il y ait en cela le moindre penchant de son côté. Il le fait vers qui Il lui plaît, quand et comme Il lui plaît. Si elle voulait se communiquer ou d’un autre côté que Dieu ne le fait ou dans un temps qu’Il ne la meut pas, cela serait entièrement inutile et dessécherait plutôt le cœur que de lui communiquer la vie. Mais quand Dieu la meut vers un cœur, à moins que ce cœur ne refusât lui-même la grâce que Dieu veut lui communiquer ou qu’il ne fût mal disposé par trop d’activité, il reçoit immanquablement une paix profonde et même quelquefois savoureuse, qui est la plus forte marque de la communication.

Mais, dira-t-on, comment est-ce que cette âme peut discerner quand et à qui Dieu veut qu’elle se communique? Cela se discerne parce que l’âme sent un surcroît de plénitude qu’elle sent bien n’être pas pour elle — Dieu la tenant à l’égard d’elle-même dans un vide presque toujours égal et dans un entier équilibre, et c’est ce qui fait qu’elle est plus propre à ce que Dieu veut —, elle sent, dis-je, une plénitude très forte qui même l’accablerait si elle ne trouvait personne. Mais Dieu dont la bonté est infinie ne lui donne cette plénitude que lorsqu’il y a des sujets plus ou moins disposés pour la recevoir. L’âme ne peut non plus ignorer pour qui Dieu la remplit de la sorte, parce qu’il penche son cœur du côté qu’il veut qu’elle se communique, comme on met un tuyau dans un jardin pour faire arroser l’endroit que l’on veut arroser et cet endroit-là seulement demeure arrosé. Quelquefois plusieurs personnes reçoivent dans le même temps l’écoulement de ces eaux de grâce, et cela à proportion que leur capacité est plus ou moins étendue, leur activité moindre et leur passiveté plus grande.152

Madame Guyon se livre le plus directement dans ses commentaires aux «Autorités» mystiques qu’elle invoque dans les Justifications assemblées avec Fénelon en 1694. Ses comparaisons sont très directes :

Comme on voit un fer touché de l’aimant attirer d’autres fers, aussi une âme en qui Dieu habite de la sorte, attire les autres âmes par une vertu secrète; de sorte qu’il suffit de l’approcher pour être mis en oraison et en recueillement. C’est ce qui fait que sitôt qu’on s’approche d’elle, on a plus envie de se taire que de parler, et Dieu se sert de ce moyen pour se communiquer aux âmes : marque de la pureté de ces unions et affections.153

De même que les âmes sales et impudiques communiquent cet air corrompu à qui les approchent : ainsi par un contraire effet une âme pure communique la pureté; et comme elle est pleine de grâce et sacrée de l’onction divine, elle communique cette grâce et cette onction à ceux qui l’approchent. Et comme elle n’est pleine que de Dieu, elle ne peut communiquer que Dieu. Comme elle est vide de soi, elle ne se communique plus elle-même, ni rien d’elle, mais l’image et la grâce son divin époux. D’où vient que le souvenir de ces personnes, bien loin d’imprimer leur image impure, porte d’abord à Dieu et recueille en lui; c’est la plus sûre marque que l’âme s’est quittée soi-même pour passer en Dieu, qu’elle est disparue elle-même, qu’elle ne vit plus elle, mais que son Dieu vit en elle; puisqu’elle ne donne plus d’autres espèces que celles dont elle est elle-même affectée.

Il faut remarquer de plus que ce n’est par aucun signe extérieur qu’elle recueille les autres, mais comme elle est arrivée dans le Centre, l’impression se fait par le dedans, comme si c’était Dieu même, sans qu’il en paraisse rien au-dehors; par ce que cette âme en sortant d’elle-même a outrepassé son propre fonds pour se perdre en Dieu au-delà d’elle-même : elle ne laisse donc aucune trace ni cette idée d’elle, mais de Dieu, son amour et sa vie.154

Elle ne se livre pas à des effusions mystiques personnelles, mais éclaire une communication qui s’élargit progressivement:

Dieu Se communique à toutes les créatures, mais il ne Se communique avec autant d’abondance que de délectation sinon dans les âmes bien anéanties, parce qu’elles ne résistent plus et que, Dieu étant Lui-même leur fond, Il Se reçoit Lui-même en Lui-même. De là vient que la communication que nous recevons de Dieu même au-dedans est d’autant plus sensible qu’elle est plus resserrée; et par la même raison, elle est d’autant plus insensible qu’elle est plus immense, car Dieu ne Se communique point autrement par Lui-même que par le néant, puisque c’est la même chose. [...]

Comme cette communication demeure mystérieuse pour nous tous, elle s’en remet aux exemples attestés dans l’écrit sacré155 :

La communication se fait par approche pour les âmes qui ne sont pas anéanties et par simple regard ou pensée pour celles qui le sont. Un exemple de ceci est en saint Jean Baptiste : les premières communications se firent par voie d’approche; et ce fut la raison pourquoi la Sainte Vierge demeura trois mois chez Sainte Élisabeth, après quoi Saint Jean n’eut plus besoin de s’approcher de Jésus-Christ dès qu’il fut fort. Aussi n’eut-il point d’empressement pour Le voir, quoique, lorsqu’ils s’approchèrent, il y eut encore un renouvellement de grâce.156

Il a soif : et de quoi, ô Divin Sauveur? De communiquer le don de Dieu : O si tu savais le don de Dieu, et qui est Celui qui te demande à boire, tu Lui en eusses demandé, et Il t’eût donné à boire une eau vive157. O c’est Lui-même! Pressé qu’Il est de cette même soif, ne crie-t-Il pas : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne, et des fleuves de paix couleront dans ses entrailles158, mais des fleuves qui montent jusqu’à la vie éternelle, c’est-à-dire qu’ils produisent l’effet de mettre l’âme en vie éternelle et qu’elle puisse recevoir les communications immenses de Dieu même.159

Le modèle primordial est le Christ lui-même qui crie «si quelqu’un a soif, qu’il vienne, et des fleuves de paix couleront dans ses entrailles» (Jean 7,37 – 38). Madame Guyon et ses proches pensent revivre l’expérience des Apôtres qui recevait directement la grâce du Christ et l’ont retransmise à leurs disciples. Elle affirme donc que la grâce peut passer par une personne humaine. Pour Bossuet et les juges, affirmer cela est impossible à tolérer et interprété comme une affirmation de soi!

En réalité pour elle, il ne s’agit en rien de la passation de pouvoir, de la réussite d’une personne, mais d’une fonction imposée par le divin. Tout le monde se moque de ses prétentions, d’autant plus qu’elle est une femme. Les mauvais traitements et la violence verbale des interrogatoires vont lui donner un moment de doute sur elle-même : elle se demande s’il ne faut pas obéir à l’autorité de l’Eglise incarnée par Bossuet. Puis c’est le tournant, elle se rend compte qu’elle ne peut pas nier sa propre expérience. Elle prend la décision de défendre son expérience. Bossuet va dès lors se heurter à un mur.

Une lettre adressée à Marie-Anne de Mortemart160 raconte comment elle est passée du règne du dogme à l’affirmation de l’expérience :

[...] Qu’un médecin veuille persuader à un malade qu’il ne souffre pas une certaine douleur dont il est fort travaillé, parce que lui, médecin, et d’autres ne la sentent pas, le malade qui sent toujours la même douleur, n’en est pas plus persuadé; tout ce dont il reste persuadé, après bien des raisonnements, est : ou que le médecin ne l’entend pas, ou qu’il ne sait pas expliquer son mal en des termes qui se puissent faire entendre. Il en est de même des expériences de l’intérieur. Je captive et soumets mon esprit pour croire que ce que je souffre ou expérimente n’est ni un tel bien ni un tel mal, et c’est ce qui est du domaine de la raison et de la foi; mais je ne suis pas maître de mes douleurs ni ne puis me persuader ni par la raison ni par la foi que je ne les sens pas, car je les sens véritablement. Tout ce que je puis faire donc, est de croire que je m’en exprime mal, qu’elles ne sont pas d’un tel ordre de certaines maladies, que je donne à ces [f ° 192v °] douleurs des noms qu’elles ne doivent pas avoir; mais de me convaincre que je ne les sens pas, cela est impossible : elles se font trop sentir. Je n’en sais ni la cause ni les définitions, mais je sais que je les endure. On me dit à cela que tels et tels les ont contrefaites, que d’autres se sont imaginées d’en avoir, etc., qu’enfin peu d’âmes ont ces douleurs, et que par conséquent je ne les ai pas. Je crois tout cela, mais je n’en puis croire la conclusion qui est que je ne les sens pas, parce que ce qu’on sent et souffre tombe sous l’expérience, demeure réel et ne peut être la matière de ma foi. Je croirai que des gens l’imaginent [que] d’autres contrefont, d’autres exagèrent leurs maux, d’autres abusent; je croirai encore que la tendresse que j’ai pour moi me fait exagérer mes maux, me leur fait donner un nom qu’ils n’ont pas; mais je ne croirai point, lorsque je les sens avec tant de violence, qu’ils soient imaginaires en moi, puisque je les souffre.

Je ne dirai donc pas, si vous voulez, que tels et tels sont intérieurs, je ne dirai pas que je le sois moi-même, mais je sais bien que j’ai fait un chemin où j’ai trouvé bons ces passages. Je ne dispute ni du nom des villes que j’ai trouvées en mon chemin, ni de leur situation, ni même de leur structure, mais il est certain que j’y ai passé. J’ai éprouvé telles et telles douleurs, telles et telles syncopes, je ne dispute ni de leur nom ni de leur origine, mais je sais que je les ai souffertes et n’en puis douter. Il me semble qu’on ne peut pas se dispenser, pour savoir la vérité, de soutenir la vérité de l’expérience intérieure, qui est réelle. Pour les noms, les termes, les dogmes qu’ils veulent introduire, plions et soumettons, mais dans le fait de l’expérience de bonnes et de saintes âmes161, peut-on dire, avec vérité ni même avec honneur le contraire? Et quand nous serions assez lâches pour le faire, l’expérience de tant de saintes âmes qui ont précédé, qui sont à présent et qui viendront après nous, ne rendrait-elle pas témoignage contre nous? Tout passe, la force, les préjugés, etc., mais la vérité demeure. [f ° 193] Il me paraît de conséquence de séparer ici le dogme, je ne sais si je dis bien, du fait de l’expérience.

Voilà délivré un texte fondamental à la modernité étonnante après lequel Madame Guyon ne retournera plus en arrière.

À sa mort, si nous ne savons pas qui lui a succédé162, notons que «la petite duchesse», destinataire du texte précédent, reçut la permission d’être en silence auprès des gens :

«… Cependant, lorsqu’elle veut être en silence avec vous, faites-le par petitesse et ne vous prévenez pas contre. Dieu pourrait accorder à votre petitesse ce qu’Il ne donnerait pas pour la personne. Lorsque Dieu s’est servi autrefois de moi pour ces sortes de choses, j’ai toujours cru qu’Il l’accordait à l’humilité et à la petitesse des autres plutôt qu’à moi…»163

Marie-Anne de Mortemart pouvait donc transmettre la grâce dans un cœur à cœur164. Par contre, c’est Madame de Grammont qui est nommée par des Écossais165 (et la même en réponse à la demande précédemment citée d’une demoiselle suisse). Nous avons donc le choix entre deux dames qui vécurent jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Coopéraient-elles et furent-elles aidées166? L’étude des filiations en France, écossaise, hollandaise, suisse et germanique (Fleischbein, Dutoit, etc.) ne fournit pas de figure mystiquement comparable à Guyon ou Fénelon 167. Peut-être le secret obligé fut-il trop bien gardé.

§

Je terminerai en énonçant ce que furent les conséquences du comportement de Madame Guyon :

Dans un siècle où la liberté n’est pas une norme, vivre sa vérité au milieu des pouvoirs, mais sans revendiquer de pouvoir, mène à des conflits avec les tenants de l’autorité. Son vécu mystique et sa fonction de transmission de la grâce ont amené Madame Guyon à accomplir trois «exploits» :

1) résister au pouvoir royal : Guyon a l’occasion d’introduire l’oraison à Saint-Cyr; elle a de l’influence sur les Grands et surtout sur Fénelon. Madame de Maintenon ne peut tolérer son intrusion à Saint-Cyr et déclenche la colère du roi. Prétexte : les idées quiétistes. Le roi s’inquiète, car à l’époque il n’y a pas de liberté de conscience et il a la mainmise sur les idées.

Il faut dire que Madame Guyon a amené la mystique dans un lieu inapproprié : la Cour de Louis XIV. Elle s’est trouvée mêlée à des problèmes de pouvoir de par son ascendant sur les Ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, sur Fénelon devenu précepteur du Dauphin, donnant ainsi beaucoup d’espoir au parti dévot. Cette entreprise était naïve puisqu’il s’agissait de vivre les valeurs de l’amour chrétien au milieu de la Cour, mais elle portait un espoir immense : mettre sur le trône du «Roi très Chrétien168» un dauphin qui aurait gouverné en incarnant ses valeurs.

2) résister au pouvoir religieux : les clercs se dissimulent derrière un débat d’idées à propos de l’oraison passive. En réalité, ils ne supportent pas d’être éliminés de la relation avec Dieu : la transmission directe de la grâce leur enlève leur statut d’intermédiaires entre Dieu et les chrétiens.

3) résister au pouvoir masculin : cette femme ose affirmer son expérience alors qu’elle est sous tutelle d’hommes qui savent mieux qu’elle ce qu’elle doit ressentir ou penser. Elle se bat en particulier pour avoir un confesseur qui la respecte.

En conclusion, son vécu mystique et sa fonction de transmission de la grâce ont amené Madame Guyon à accomplir trois choix évidents à notre époque, mais inacceptables au XVIIe siècle :

1) En tant que femme, elle a refusé le pouvoir masculin.

2) En tant qu’individu, elle a refusé le principe d’autorité en restant ferme dans sa liberté de conscience.

3) En tant que mystique, elle a établi le primat à l’expérience sur le dogme.

Voilà trois révolutions accomplies par une petite femme qui ne voulait qu’être plongée en Dieu.

ANNEXES

Liste de proches : réseau normand, puis parisien, enfin européen169 :

PREMIER NŒUD des proches de l’Ermitage de Caen :

Marie des Vallées (1590-1656), la «sainte de Coutances»

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) du TOR, «notre bon Père»

Jourdaine de Bernières (1596-1645), proche éditrice de son frère

Marie de l’Incarnation (1599-1672), apôtre du Canada

Jean Eudes (1601-1680), canonisé et fondateur des eudistes

Jean de Bernières (1602-1659), du Tiers Ordre séculier, créateur de l’Ermitage

Jean Aumont (1608-1689), «le vigneron de Montmorency» du TO

Gaston de Renty (1611-1649), ami de Bernières

Catherine de Bar (1614-1698), Annonciade puis «Mère du Saint-Sacrement», bénédictine fondatrice.

Louis-François d’Argentan (1615-1680), capucin, éditeur corédacteur du Chrétien intérieur.

Jacques Bertot (1620-1681) prêtre, confident de Bernières, discret «passeur mystique» de Caen à Montmartre, père spirituel de Madame Guyon.

François de Montmorency Laval (1623-1708), canonisé, premier évêque de Québec, fondateur d’un séminaire et du nouvel Ermitage.

Henri Boudon (1624-1702), du TO séculier (?), auteur abondant

Archange Enguerrand (1631-1699), récollet, «le bon franciscain» rencontré par la jeune madame Guyon.



DEUXIÈME NŒUD des proches de Mme Guyon et de Fénelon et de leurs disciples :

Des initiateurs et initiatrices :

Mère Geneviève Granger 1600-1674

Jacques Bertot 1620-1671

Archange Enguerrand 1631-1699

François Lacombe 1640-1715

Duchesse de Béthune-Charost [née Marie Fouquet] 1641?-1716

Jeanne-Marie Guyon 1647-1717



Des amis disciples «cis» :

François de Fénelon 1651-1715

Paul de Beauvillier 1648-1714 x Duchesse de Beauvillier 1655-1733 [née Colbert]

Charles-Honoré de Chevreuse 1656-1712 x Duchesse de Chevreuse, -1732 [née Colbert]

Marie-Anne de Mortemart 1665-1750 [née Colbert]

Isaac Dupuy apr.1737

Marquis de Fénelon 1688-1746

Marie-Christine de Noailles «la colombe» 1672-1748 x A. de Gramont comte de Guiche



Des amis disciples «trans» :

Pierre Poiret 1646-1719

Ramsay «chevalier» écossais 1686-1743

James 16th Lord Forbes 1689-1761 & Lord Deskford 1690-1764

Friedrich von Fleischbein baron de Pyrmont piétiste 1700-1774

Jean-Philippe Dutoit-Mambrini pasteur à Morges 1721-1793



L’Ecole du cœur, madame Guyon au centre d’une Filiation mystique

[tableau identique à celui d’Expériences IVa]











Traduction anglaise (Mme Sara Lewis)  :

100B.MADAME GUYON AT THE CENTRE OF A MYSTICAL TRANSMISSION

(42) Madame Guyon at the center of mystical transmission.odt



Dominique Tronc

Contribution by Dominique Tronc to 'Madame Guyon, Mystique et politique à la Cour de Versailles, à l’occasion du troisième centenaire de sa mort', (Madame Guyon, Mysticism and Politics at the Court of Versailles, to mark the three hundredth anniversary of her death University of Geneva, 23-25 November 2017

I examine here the notion that a mystical transmission was experienced by those living a devout life who gathered round M. Bertot and then Madame Guyon (and before them, round Fr. Chrysostome and then M. de Bernières). I do not aim to discuss the ideas which inspired the adepts of quietude, but to identify their particular experience on the basis of some of the texts available.

At the centre of a Transmission? A mystic does not live by relying on books, but by sharing the experience and the life of a human being who has already walked such a path. Madame Guyon embodied a mystical function and showed how to achieve it. This is particularly evident in the groups evoked here.

M. Bertot and Madame Guyon were not solitary geniuses. They were not formed in isolation, but by accomplished mystics of previous generations.170 They formed part of a tradition of Franciscan origin.171 Each generation acknowledged the authority of a spiritual father (or mother). The spiritual father (or mother) was always formed by his or her predecessor. They could be either clergy or lay, men or women. It was their mystical accomplishment which mattered. Power was not transmitted in the human sense of the term: this was not a monastic order which elected a prior(ess). No voting or discussion: this was a case of informal evidence. The best person formed his friends; on his death his successor, recognised as such for years, was the most accomplished person.

These transmissions of authority took place uninterruptedly during a century, through four generations. Below I cite some written traces linking the central mystical figures, before examining what took place between them and their associates.

The first of these figures was the Franciscan Chrysostome de Saint-Lô (1594 – 1646) of the Regular Third Order, director of the layman Jean de Bernières (1601 – 1659). Fr. Chrysostome launched the idea of establishing a meeting place where their friends could gather and seek to practise inner prayer. Jean de Bernières realised this idea. He described the state of mind which inspired visitors to the Hermitage at Caen as follows:

We live here in great repose, liberty, gaiety and obscurity, being unknown to the world and not knowing ourselves either. We go towards God without reflecting, and whether conditions are good or bad we try not to stop.172

Bernières and Mother Mectilde (1614-1698) who founded the Benedictines of the Blessed Sacrament published some of their "Father" Chrysostome's writings, which Mother Mectilde had obtained with great difficulty. They feature their questions and their director's replies.

Then in 1646 Bernières assumed the direction of his associates, including his friend Mectilde. Among others, he directed Mgr de Laval, the future bishop of Quebec, and Jacques Bertot (1620 – 1671).

The confessor and "mystical director" Bertot took the Norman tradition of the Hermitage to the convent of Montmartre. He impressed the Abbess173 and attracted members of the Court.174.

Several works reveal the ties which united Chrysostome, Bernières, Mectilde and Bertot.175 Mectilde wrote to Bernières:176

From the Hermitage of the Blessed Sacrament, 30 July 1645.

Sir,

Our good M. Bertot has left us joyfully to satisfy your orders, and we have let him go with pain. His absence has affected us, and I believe that Our Lord wishes us to be affected, since he has given us all so many graces by his means, and we can truthfully say that he has renewed all this poor little monastery and revived the grace of fervour and the desire of holy perfection in our minds. I cannot tell you the good he has done and how much we all needed his aid […], but I must warn you that he is very tired and needs rest and refreshment. He had to work hard here, speaking constantly, and made several journeys to Paris by coach in extremely hot weather. He never thinks of taking care of himself. But now he no longer lives for himself. God makes him live for us and for many others. So we are allowed to be concerned about his health, and to beg you to make him have a good rest. […]

One of the faithful, a young widow from Montargis, Madame Guyon, described her first meeting with M. Bertot :

I should say that the smallpox had so greatly damaged an eye that I was afraid I would lose it altogether, I asked to go to Paris to have it treated, although much less for that reason than to see M. B [ertot], whom M[other] G [ranger] had recently given me as director, and who was a man filled with light. I must recount how I had the good fortune to meet him for the first time. He had come for M [other] G [ranger]. She very much wanted me to see him; as soon as he arrived she let me know, but as I was in the country I could not find any means of going there. Suddenly my husband told me to go and stay overnight in town to seek something and give some orders. He should have sent me to seek it the next day, but those frightful St Matthew's winds came that night [storm recorded on 21 September 1671], so that the damage they caused prevented me from returning for three days. When I heard the force of that wind at night, I judged that it would be impossible for me to go to the Benedictines that day, and so I would not see M. Bertot. When it was time to go the wind suddenly calmed, and I received more good fortune which enabled me to see him a second time.177

But his direction was severe and for a while was not understood. Later, his "spiritual daughter" gathered his writings. Le directeur Mistique ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion [...] was published in 1726.178 Its Foreword gives a brief summary of his life and testimony to the fidelity of his disciples:

«Monsieur Bertot born in Coutances a great friend of Jean [5] de Bernières acted as a director of souls in several communities of Nuns [and directed] several persons occupying important positions both at Court and in the war. He continued this practice until providence appointed him to direct the Benedictine Nuns of the Abbey of Montmartre near Paris, in which employment he remained for about twelve years [6] until his death at the beginning of March 1681 after a long wasting disease. [7] [He was] buried in the Church of Montmartre, at the right side on entering. Some persons have always preserved such great respect [that they] often went to his tomb to offer their prayers.179

Madame Guyon referred to his authority until the end of her life:

«I am sending you a letter from a great servant of God who died several years ago. He was a friend of Monsieur de Bernières, and he was my Director in my youth.»180

Moreover, she had made typically Franciscan secret vows:

«In that place [at Gex] I made five vows. The first, of chastity, which I had already made as soon as I became a widow, that of poverty, which is why I gave up all my possessions, I have never confided that to anyone. The third, to blindly obey all external events or what my superiors or directors indicated for me, and within, to depend totally on grace. The fourth, inviolable attachment to holy Church. The fifth was a special cult, more inner than external of the childhood of Jesus Christ.»181

This concludes my glimpse of the links between Chrysostome, Bernières, Bertot and Guyon. Only rare written indications have reached us because no human choice was involved. In their writings mystics are reluctant, except in passing, to refer to the authority of a direction which must be inner.

Moreover, the "external' environment throughout the century was hostile to mystics,182 starting with the "objections" raised by Parisian academics at Rouen on reading the third party of the Reigle by the Franciscan Capuchin mystic Canfield which appeared in 1609.183

As for Mectilde, she had much difficulty in recovering Chrysostome's writings from his brethren in the Regular Third Order.

«I try every chance and means to obtain some of those so worthy writings, but the effort is a waste of time. The Provincial and the others have decreed and protested that they will never let those writings out of their hands unless they are corrected in a way which matches their opinions, and they say they are completely full of errors184

«I am much afraid they may be burned, for they are in the hands of his persecutors.»185

She gave a glimpse of the low regard in which Fr. Chrysostome was held by those "responsible" for him» :

«Holy abjection accompanied him in life and death, and even after death he has remained abject in the opinions of some members of the order. Brother Jean [Aumont] told me this and says that to respect four or five of them, his memory must not be evoked in their house [...]  

Later, in the fatal year 1694 when Madame Guyon's descent into hell began, Fr. Paulin, leader of that same Regular Third Order, made a "lukewarm" statement on Madame Guyon.186

It is not surprising that the quietists learned to become prudent. That is why we do not know who succeeded their leader after 1717. Nevertheless, the notion of transmission remained alive in the eighteenth century. If mystical intensity often seemed to disappear, people influenced by Madame Guyon retained the idea of a possible succession and the importance of having a spiritual director. A young Swiss lady asked who had succeeded Madame Guyon :

«M. de Marçais told me that a lady living a devout life in Switzerland, whose name I have forgotten, written to France to enquire whether Madame Guyon had left [93] a successor in the apostolic state who might assist other persons living a devout life. After writing to a number of places, she was finally informed that there was indeed such a person, that is, the Duchess of Grammont; but that externally she stayed well hidden, owing to the great number of enemies who persecuted the inner life. This was why she was only known to other persons following a devout life. The letters were written several years after 1720.»187

A document bears witness to the Bernières-Bertot-Guyon transmission as perceived at the end of the Age of Enlightenment. It concerns Jean-Philippe Dutoit (1721-1793). This pastor from Morges near Lausanne, the second publisher of Madame Guyon's works after Pierre Poiret, had a certain influence. He had links with Count Frédéric de Fleischbein (1700-1774), whose wife Pétronille of Echweiler (1682-1740) spent a short time in Blois, Madame Guyon's retreat after her release from the Bastille.188 The document is the report of a seizure carried out for the Calvinists of Berne by their representative in Lausanne:189 :

«6 January 1769. We David Jenner, formerly colonel in Holland, currently bailiff of Lausanne, in the name and on behalf of Their Excellencies our Sovereign Lords of the city and republic of Berne, make known that as a result of the orders which we received from Their Excellencies of the Senate, to take away from the Rev. Dutoit de Moudon all his papers, writings and books, make an inventory of them and then arrange for their despatch [...]

After being informed of the orders received, the Rev. Dutoit first indicated that it was his firm intention to obey them in full submission and sincerity, as shown by the following inventory :

Madame Guyon's Bible and several of her works, but not all.

Monsieur de Bernières, i.e. the Chrétien Intérieur.

La Théologie du Cœur [by Poiret].

The Mystical Director by Monsieur Bertot.

The list ended with three "classics", Teresa, Luther and the Imitation;190 with Dutoit Declaring in good faith that he knows of no other mystical or ascetic book here.»

I have now established some internal links and suggested a delicate outside situation. The (re)discovery191 of a transmission whose backbone passed from the Franciscan Chrysostome de Saint-Lô to M. de Bernières, then M. Bertot, and finally Madame Guyon, is confirmed by the late evidence quoted above.

There were two main links: the friends of the Hermitage at Caen preceded and gave birth to the Parisian quietist circle led by M. Bertot and taken over by Madame Guyon and Fénelon. In addition to confirming a transmission, I understood quite quickly that its axis must be situated in a network of friends and the branches of the tree re-discovered. For some I have drawn up dossiers of sources.192 Men and women benefiting from a lineage leading from older to younger gathered with their mystical contemporaries from the same generation.

For nearly two centuries, about a hundred mystical figures managed through some precious «chemical reaction» to exert an influence and share their energy. The transmission became a tree with thick foliage, and even links to neighbouring trees.193 In the Annex the «List of relations: Norman, then Parisian and finally European networks» gives a «transversalview » absent from the «longitudinal» chronological presentation. Two diagrams with comments follow, showing the transmission visually with support from the sources.

§

We now come to the actual experience. Every spiritual father or mother is an object of veneration and absolute fidelity. In Madame Guyon's case this is clear, although it would have been in the interests of those close to her to abandon her. While she had to face power and prison, Fénelon scuppered his career at the Court, and the great Beauvilliers and Chevreuse families discreetly defended her. Only an extraordinary influence makes it possible to explain the attraction and then the fidelity of her friends during twenty years (from the Issy trial in 1694 to the death of the Dukes in 1712/1714). It is what Madame Guyon experienced when she affirmed that grace passed through her person to someone who came to see her. So this group had a specific quality more exceptional than a social organisation around a spiritual leader. What was it? The phenomenon was reproduced in each generation. This is what those who heard Chrysostome speak of God experienced:

When he spoke [of the Saviour], it was with ardours which lit the divine fire on all sides; particularly when he gave conferences on the annihilation of a God in the mystery of the Incarnation, he seemed as if completely overcome beneath the great lights which he received, and which he communicated [emphasis added] with extraordinary effects of grace […]194

Bernières' fidelity to his spiritual father was also unshakeable, as shown by the emotion expressed in a letter to Mother Mectilde:

«It would be a great consolation for me if [] we could speak of what we have heard our good Father say [] since God has united us so closely as to make us children of the same Father […]Do you know that just his memory places my soul in the presence of God?»195

They began to become aware of the sharing of grace by Bernières when his friends prayed together at the Hermitage :

Farewell, my very dear sister, MM de Bernières and de Rocquelay greet you; they are doing wonders in their hermitage: sometimes there are more than fifteen hermits; they often ask for news of you. If our good Mother Prioress wished to write to M. de Bernières about her states of mind, she would be consoled for them, for God gives him prodigious light on the state of blessed and perfect annihilation.196

Bernières noted how active grace was among them. He used the verb «communicate» :

I clearly know that the Hermitage is established by order from God, and our good Father did not have it built by change. The grace of inner prayer is communicated easily there to those who dwell there, and one cannot say how this is done, except that God does it.197

Boudon (1624-1702) testified:

He was consulted not only by laymen, but by the clergy and monastics. A great number of the latter have made retreats in his house with the permission of their superior […] It was admirable to see the change observed in persons who had special relations with him.198

Bernières waited for inspiration from the Spirit before speaking :

His words were full of a divine force and won hearts to God. After informing him one day about some faults committed by a person in his employment, I noticed that for quite some time he said nothing about it to him; and after that I admired him because although he used very few words to make that person see his faults, saying almost nothing to him, so to speak, that person was as if suddenly struck down by the weight of the few words [Bernières] had said to him, and corrected those faults. I saw clearly that it was not through any negligence, but for a movement of the spirit of God acting in him, that he had waited to warn him. If he had spoken earlier he would have done so as a man, and his advice would not have the effects which resulted. 199

Bertot marks the passage to a second degree in the diffusion of grace, as he boldly stated that his prayer could make others share his mystical states while he said Mass. He did not merely influence; he carried others in his prayer and shared his mystical states with them.

«Let us remain thus, I wish to remain there with you and I will begin today in the holy mass. I am sure that if I am once raised up at the altar, that is to say if I enter into that divine unity [249], I will draw you to it,200 you and many others who are merely waiting. And all together, being one in feeling, in thought, in love, in conduct and in mood, we will fall happily into God alone, united with His Unity, or rather being one sole unity in Him alone, by Him and for Him. Farewell in God.» 201

He invited Mme Guyon to transform their relationship into moments of silence when he could communicate grace from heart to heart, and taught her how to favour this:

[240] «Since you wish me to call you my Daughter, which you are indeed before God who has so decided, you will allow me to treat you as such by giving you what I value most, which is a profound silence. Thus, when perhaps you think I might have forgotten you, it will be so that I can think most about your perfection. But I will always speak very little to you; I believe that the time to speak to you is over, and the time to converse with you in peace and silence has arrived.202

After his death early in 1681, Madame Guyon made her own discoveries and began to analyse what took place during her transmissions. So far as we know these writings are unique, for while this charisma is well-known outside [Western] Christianity, among the Sufis, in India and in Orthodoxy (Saint Seraphim of Sarov), it is less well-known in the Catholic world centred around Jesus as the sole mediator, grace being transmitted by him and with the sacraments compensating for his physical absence.

Perhaps Madame Guyon had experienced transmission with Bishop Ripa, who was close to Cardinal Petrucci, as some Italian quietists probably practised it with Molinos.

On her return to France she received a crowd of visitors at Grenoble. This was when the ecclesiastical authorities began to find that she was trespassing on their territory, and that they needed to get rid of her. This was her first brush with power. To oppose her the authorities used the pretext of a conflict over ideas (on passive inner prayer).

She returned to Paris, where she alternated between successes and ordeals. She took over Bertot's circle and developed friendships which withstood everything, with the Dukes and Duchesses of Chevreuse and Beauvilliers, Fénelon, etc. For them, it was evident that Madame Guyon transmitted grace. Once felt, that experience could not be denied. If someone went to see Madame Guyon and sat beside her in silence, it was to experience the divine presence; she transmitted the mystical experience to others without any asceticism or effort. It all happened simply, sometimes with joking between "Michaelites" -- did not St. Francis of Assisi particularly appreciate St. Michael?

My good father [of Béthune-Charost], have a seal made for me with Saint Michael trampling on the dragon — this is necessary and mysterious — otherwise you will lose your post. Little Cecile will be in charge of the bouquets for the Michaelites' chapel, she must cut off the Baraquin's [the Devil's] right ear. The dog must bite his left ear and Sister Ursula crush the end of his tail. All the other children together will crush his body. S B [Fénelon], another and I will crush his head. Do you not see P [ut] [Dupuy] who wants to step on his paw, but is afraid of hurting him and only touches a nail? [...] Do you not see Dom Al [leaume] who has lost his collar in the struggle, the good marquis who is cutting off one of his rear paws with his sword? The Good [Beauvillier] solemnly holds one of his horns,but he does not want to be disturbed, he holds himself very stiffly.. The Tut [or] [Chevreuse] holds the middle horn and covers his eyes as best he can. See the senior d [uchess] who is trembling with fear, but she still puts one foot on his hindquarters. See from the other side a scatterbrained little d [uchess] who wanted to jump on him with both feet joined; she would have had a fine fall if our patron [St Michael] had not supported her from behind. Come on, courage, go up little by little!203

We have the account of what happened afterwards at Blois, twenty years later. Together with fully ecumenical open-mindedness, the «lady directress» had reached ultimate simplicity:

She lived with those English [Scots] like a mother with her children. […] They often argued [over politics: the first Scottish Jacobite rising took place in 1715], and quarrelled; on those occasions she brought them round with her gentleness and urged them to give way; she did not forbid them any lawful amusement, and when they amused themselves in her presence and asked her opinion, she answered: «Yes, my children, as you wish». Then they amused themselves with their games, and during that time this great saint remained plunged and lost in God. Soon these games became insipid to them, and they felt such an inner attraction that they left everything and remained inwardly recollected with her in the presence of God.

When the Blessed Sacrament was brought to her, they remained gathered in her apartment, and when the priest arrived, hidden behind the bed curtain, which was carefully closed so they would not be seen because they were Protestants, they knelt down [43] and were in a deep and delectable state of recollection, each according to the degree of his progress, often also in sufferings relating to their state. 204

This was the central experience which was the foundation of the link between Madame Guyon and her disciples : they were attached to someone who gave out grace. This was so in her case, but we have seen it with Chrysostome, then Bernières, then Bertot: in other words, in each generation there appeared a saint through whom the divine presence was experienced. This is what decided the succession in each generation. This is what explains the veneration and fidelity of their followers.

There was one condition for the transmission to take place: the mystic must be in the "apostolic" state (in a state identical to that of the first Apostles), i.e. so empty that one became a passage for grace: no personal power, God did as he wished. It was not an achievement by a human being, but a function which someone did not assume voluntarily:

It is an abuse in the spiritual life, and which slips in even from its start, to want to work for others at the wrong time. And only a false fervour makes one set out to use one's own power to aid them before having received the mission to do so. Some people believe they are capable of leading on the path of the saints when they have not started on it properly themselves, and by wishing to share with others graces they have been given only for themselves, they lose the fruit themselves and cannot aid others with them. One must not seek to aid one's neighbour, no matter how much one wishes to do so, if one does not have experience of divine matters and a vocation. One must first be established in the inner life.205

One must also be appointed by the spiritual mother or father. Madame Guyon wrote to Fénelon that she had received her "spirit of direction" from Bertot» :

It came to my mind this morning that as M. B [ertot], when dying, left me his spirit of direction for his children, neither those who have strayed nor those who have stayed faithful will have that spirit communicated to them except by me, but in union with you. For God makes me be one and indivisible with you, and when all the reservations from you to me have been removed, you will discover a union of divine unity which will charm you. There are several teachers, but there is only one father in Christ,206 and the father in Christ uses [137 r °] not only the force of his speech, but the substance of his soul, which is no other than that central communication of the Word which the Father of spirits alone can communicate to His children, and as that communication by the Word in the soul is the operation of the divine paternity and the mark of adoption of his children, it is also the proof of the spiritual paternity which communicates to all in substance what they need, without knowing how this is done.

There are some persons who, because of their imperfect state, feel [137 v °] this communication better, because it is always in accordance with the subject who receives it, and not with the one who communicates it. It is the same with all the gifts of the Lord : they are [all the more] sensitive or spiritual when the recipient is more sensitive or spiritual. All receive this communication, although all do not feel it equally. [...]207

She associated herself with Fénelon, whom she regarded as her successor in that function. Fénelon was her dearest disciple, and one day when she was ill and thought she was dying, she wrote to him to bequeath to him the direction of their spiritual group and the possibility of transmitting grace :

«I leave you the spirit of direction which God has given me.»208

This succession never took place, as Fénelon died in January 1715, before her (June 1717).

Fénelon held meetings with his mystic friends at Cambrai. He reported that he sensed Madame Guyon's presence at them. In other words, in union with Madame Guyon. Fénelon shared his mystical state with his visitor:

I feel a very great desire to be silent and to speak with Ma.209 It seems to me that her soul enters mine and that we two are just one with you in God. Quite often in the evening we are together like little children, and you are there too [f ° 19v °] although you are far away from us.210

He confirmed the explanation given by Madame Guyon concerning Matthew 18, 20:

«They speak more from the heart than from the mouth; and the distance between them in no way prevents that inner conversation. God ordinarily unites two or three persons of that sort in so great a unity that they find themselves lost in God until they can no longer distinguish between them […]

These unions have yet another quality, which is that they in no way cause embarrassment or take control, the mind remaining as free and as empty of images as if they did not exist.211 […]

God also makes unions of relationships, binding certain souls to others as if to their parents in grace [...]»212

Madame Guyon saw herself as a channel acting as a passage for grace, with no will of her own, without any personal intention, in total «passiveness», in extreme submission to God:

«When the soul has lost both all her own power and all reluctance to be moved and acted upon according to the Lord's will, then He makes her act as He wishes [] When God moves her towards a heart, unless that heart itself refuses the grace which God wishes to communicate to it, or is ill prepared through too much activity, it unfailingly receives a profound peace […] Sometimes several persons receive the outpouring of these waters of grace at the same time. 213»

She insisted on the fact that there was no personal power [involved], that only an annihilated soul could allow the passage of grace:

You have asked me how the union of the heart takes place. I will tell you that when the soul is entirely freed from all penchants, all inclinations and all natural friendship, God moves the heart as He pleases; and seizing the soul through a stronger contemplation, He makes the heart incline towards someone. If that person is prepared, he or she too must experience a sort of inner contemplation, and something which influences the heart [...] This in no way depends on our will: but God alone operates it in the soul, as and when He pleases, and often when it is least in one's thoughts. All our efforts could not give us that state of mind; on the contrary, our activity would only serve to prevent it.214

We have direct testimony from Madame Guyon, who was the first to analyse what happens during that transmission. It only takes place if the person has attained the apostolic state:

Her own salvation does not visibly concern her, and neither does that of others. Nevertheless, she is engaged in it and working for it through Providence. Sometimes God impels her to strongly desire the salvation and perfection of certain souls, so that she would give her life to make them comply with the full extent of God's intentions for them - but without care or anxiety, without contributing anything of her own, serving purely as an instrument in the hands of God, who gives whatever inclination and activity He pleases, but an activity in perfect repose, without parting from Him, without any personal inclination, although sometimes the inclination may be infinite: for the soul which has arrived at complete detachment and is fit to be poured out into God, being plunged there, is like flowing water which cannot be fixed but flows ceaselessly according to the slope given to it.

She understands that she participates in God's communicable quality, and that she lives and subsists solely to pour it out. The more it flows, the fuller she is, not with her own fullness, but with the fullness of God in Him which is communicated to all beings and draws along with it those He has plunged into Himself. It is He who gives her all her inclinations. However, this is done without paying attention to them, thinking of them or worrying about whether they will succeed: everything could perish and be overthrown without affecting her soul, though this does not prevent her from sharing the good or bad fortune of the souls who are united with her to receive her communications. It is like a river which flows pleasantly when it is given passage, but rises effortfully against itself when its passage is blocked. [...] One no longer knows who or what are relatives, friends, possessions, children, interests, honour, health, life, salvation, glory, eternity: none of that exists any longer for such a soul, although from the outside she seems quite ordinary, acting and doing like others. 215

When the soul has lost both all her own power and all reluctance to be moved and acted upon according to the Lord's will, then He makes her act as He wishes without choosing her methods. He communicates through her without the slightest inclination on her part.[…] He communicates with whoever He pleases, as and when he pleases. If she wished to communicate herself, or communicate in a direction not chosen by God, at a time when God did not so move her, this would be entirely useless and would dry up the heart rather than transmitting life to it. But When God moves her towards a heart, unless that heart itself refuses the grace which God wishes to communicate to it, or is ill prepared through too much activity, it unfailingly receives a profound and sometimes even delectable, which is the strongest sign of communication. [...]

But one may say, how can that soul discern when and to whom God wishes her to communicate? It is discerned because the soul feels an excess of fullness and clearly senses that it is not for her — for with regard to herself God almost always keeps her in emptiness and complete equilibrium, and this makes her fitter for what God wishes —, as I said, she feels a very strong fullness which would even overwhelm her if she found no one. But God whose goodness is infinite only gives her that fullness when there are subjects more or less prepared to receive it. Nor can the soul be unaware for whom God fills her in this way, because He inclines her heart in the direction where He wants her to communicate, as we place a hosepipe in a garden to water the spot we wish to water, and only that spot is watered. Sometimes several persons receive the outpouring of these waters of grace at the same time, in proportion to their greater or lesser capacity and whether they are less active and more passive.216

Madame Guyon expressed herself most directly in her commentaries on the mystical "Authorities" she evoked in the Justifications collected with Fénelon in 1694. Her comparisons were very direct:

As iron touched by a magnet is seen to attract iron, so a soul in whom God dwells in this way attracts other souls by a secret virtue; so that it is sufficient to approach her in order to be placed in inner prayer and recollection. This is why as soon as one approaches her, one desires to be silent rather than to speak, and God makes use of that means to communicate with souls: a sign of the purity of these unions and affections.217

Just as soiled and shameless souls communicate that corrupted air to those who approach them: similarly, by a contrary effect a pure soul communicates purity; and as she is full of grace and anointed with the divine ointment, she communicates that grace and that ointment to those who approach her. And as she is full only of God, she can only communicate God. As she is empty of herself, she no longer communicates herself or anything of hers, but the image and the grace of her divine spouse. This is why remembering these persons, far from calling up their impure image, turns first to God and contemplates in Him; this is the surest sign that the soul has left herself to pass into God, that she herself has disappeared, that she herself no longer lives, but her God lives in her; since she no longer gives anything but what affects herself.

It should also be noted that she does not draw others by any external sign, but as she has arrived at the Centre, the impression is made from within, as if it were God himself, without anything appearing externally; as by leaving herself behind, that soul has gone beyond her own being to lose herself in God beyond herself: so she leaves behind no trace or idea of herself, but only of God, His love and His life. 218

She did not express personal mystical effusions, but clarified a communication which progressively grew:

God communicates Himself to all creatures, but He does not communicate Himself with as much abundance and delectation except in fully annihilated souls, because they no longer resist, and as God himself is their basis, He receives Himself in Himself. This is why the communication we receive from God, even within, is felt more easily when it is narrower; and for the same reason, it is less easy to sense when it is more immense, for God does not communicate Himself by Himself except through nothingness, since that is the same thing. [...]

As this communication remains mysterious for all of us, she turned to examples recorded in the scriptures:219 

For souls who are not annihilated communication takes place through an approach, but for those who are it is by a simple look or thought. St John the Baptist is an example of this: the first communications took place by means of an approach: and this was why the Blessed Virgin remained three months with Saint Elizabeth, after which St. John no longer needed to approach Jesus Christ once he was strong. Thus he was not in a hurry to see Him, though when they met there was again a renewal of grace.220

He thirsts: and for what, O Divine Saviour? To communicate the gift of God. Oh, if you knew the gift of God, and who He is who asks you for a drink, you would have asked Him, and he would have given you living water to drink.221 Oh, it is Himself! Driven as He is by that same thirst, does He not cry: If someone is thirsty, let him come, and rivers of peace will flow within him,222 but rivers which mount up to eternal life, that is to say that they produce the effect of placing the soul in eternal life so that she may receive the immense communications of God Himself.223

The primordial model is Christ himself, who cries «if someone is thirsty, let him come, and rivers of peace will flow within him» (John 7,37 – 38). Madame Guyon and those close to her thought they were re-living the experience of the Apostles, who received the grace of Christ directly and re-transmitted it to their disciples. She therefore affirmed that grace can pass through a human being. For Bossuet and her judges it was impossible to tolerate that affirmation, which they interpreted as self-affirmation!

In fact, for her this had nothing to do with the transmitting of a person's power or personal success, but with the transmitting of a divinely imposed function. Everyone mocked her claims, all the more so because she was a woman. Ill-treatment and the verbal violence of her interrogations led her to doubt herself for a moment; she asked herself whether she should not obey the authority of the Church embodied in Bossuet. Then came the turning-point; she realised she could not deny her own experience. From then on Bossuet was up against a wall.

A letter addressed to Marie-Anne de Mortemart224 described how she had passed from the realm of dogma to the affirmation of experience:

[...] If a doctor wishes to persuade a sick person that he does not suffer from a certain pain which greatly troubles him, because he, the doctor, and others do not feel it, the sick person, who still feels the same pain, still remains unconvinced; after much arguing he is convinced only that either the doctor does not understand him or that he does not know how to explain his illness in terms which can be understood. It is the same with inner experiences. I imprison and submit my mind in order to believe that what I suffer or experience is neither such a good nor such an evil, and belongs in the sphere of reason and faith; but I am not the master of my pains and cannot persuade myself by either reason or faith that I do not feel them, for I truly do feel them. So all I can do is believe that I express them badly, that they are not of the order of certain illnesses, that I give these [f ° 192v °] pains names they ought not to have; but to convince myself that I do not feel them is impossible; they make themselves felt all too much. I know neither their cause nor their definitions, but I know I endure them. I am told that some have pretended to have them, that others have imagined they had them, etc., that after all few souls have these pains and consequently I do not have them. I believe all that, but I cannot believe the resulting conclusion, which is that I do not feel them, because what one feels and suffers forms part of experience, remains real and cannot be matter for my faith. I will believe that some imagine them, others pretend to have them, others exaggerate their ills, that others misuse them; I will also believe that my fondness for myself makes me exaggerate my ills, makes me give them a name they do not have; but when I feel them in me with such violence I will not believe that they are imaginary, since I suffer from them.

If you wish, I will not say that certain persons live a devout life, I will not say that I do myself, but I know well that I have followed a way on which I found these passages good. I do not argue about the names of the towns I met on my way, their location or even their structure, but it is certain that I passed through them. I have experienced certain pains or fainting fits, I dispute neither their name nor their origin, but I know I suffered them and cannot doubt that. It seems to me that to know the truth, one cannot avoid maintaining the truth of the inner experience, which is real. For the names, the terms, the dogmas they want to introduce,we may give way and submit, but regarding the factual experience of good and holy souls,225 can one say the contrary with truth or even honour? And if we were so cowardly as to do so, would not the experience of so many holy souls who have preceded us, are alive now and will come after us give testimony against us? Everything passes, force, prejudices, etc., but the truth remains. [f ° 193] It seems important to me to separate the dogma, I do not know if that is how to put it, from the fact of experience.

Here Madame Guyon produces a fundamental and astonishingly modern text, after which she no longer backed down.

Although we do not know who succeeded her after her death,226 we may note that the «little duchess», the recipient of the above text, received permission to be silent when with other people:

« However, when she wishes to be in silence with you, do it through your littleness and do not prevent it. God could grant to your littleness what He would not give for the person. When God made use of me in the past for this sort of thing, I always believed He granted it to the humility and littleness of others rather than to me…»227

So Marie-Anne de Mortemart could transmit grace from heart to heart.228 On the other hand, it was Madame de Grammont who was named by the Scots229 (and also in reply to the request from a young Swiss lady referred to above). Thus we have a choice between two ladies who lived until the middle of the eighteenth century. Did they cooperate, and were they assisted?230The study of Scottish, Dutch, Swiss and Germanic transmissions in France (Fleischbein, Dutoit, etc.) does not reveal a figure mystically comparable to Guyon or Fénelon.231 Perhaps the obligatory secret was too well kept.

§

I will end by noting the consequences of Madame Guyon's behaviour:

In a century where freedom was not the norm, living one's personal truth in the midst of the authorities, but without claiming authority, led to conflicts with the holders of authority. Madame Guyon's mystical experience and function of transmitting grace led her to perform three «exploits» :

1) resisting the royal power: Guyon had the opportunity to introduce inner prayer to Saint-Cyr; she influenced leading aristocrats and, above all, Fénelon. Madame de Maintenon could not tolerate her intrusion in Saint-Cyr, and provoked the king's anger. Pretext: quietist ideas. This worried the king, since at that time freedom of conscience did not exist and he had a stranglehold on ideas.

It must be said that Madame Guyon had taken mysticism into an inappropriate place: the Court of Louis XIV. She found herself involved in problems of power through her influence over the Dukes of Chevreuse and Beauvilliers and over Fénelon who had become the Dauphin's tutor, thus giving the devout party much hope. This undertaking was naive, as it meant practising the values of Christian love in the midst of the Court, but it carried the immense hope of placing on the throne of the 'most Christian King"232 a dauphin whose rule would have embodied its values.

2) resisting the power of official religion: the clergy hid behind a debate of ideas concerning passive inner prayer. In fact they did not accept being eliminated from relations with God: the direct transmission of grace deprived them of their status as intermediaries between God and Christians.

3) resisting the authority of men: this woman dared to affirm her experience, although she was under the sway of men who knew better than her what she should feel or think. She fought especially to have a confessor who respected her.

In conclusion, her mystical experience and her function of transmitting grace led Madame Guyon to accomplish three choices which seem obvious nowadays, but were unacceptable in the seventeenth century :

1) As a woman, she refused masculine authority.

2) As an individual, she refused the principle of authority by staying firm in her freedom of conscience.

3) As a mystic, she established the primacy of experience over dogma.

Three revolutions achieved by a little woman who wanted only to be plunged in God.



ANNEXES

List of contacts: Norman, then Parisian and finally European networks:233 

FIRST GROUP of those close to the Hermitage of Caen :

Marie des Vallées (1590-1656), the «saint of Coutances»

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) member of the Regular Third Order, «our good Father»

Jourdaine de Bernières (1596-1645), who published her brother's writings

Marie de l’Incarnation (1599-1672), apostle of Canada

Jean Eudes (1601-1680), canonised and founder of the Eudists

Jean de Bernières (1602-1659), member of the Secular Third Order, creator of the Hermitage

Jean Aumont (1608-1689), «the winegrower of Montmorency» member of the Third Order

Gaston de Renty (1611-1649), friend of Bernières

Catherine de Bar (1614-1698), Annonciade then « Mother of the Blessed Sacrament», founder of a Benedictine order.

Louis-François d’Argentan (1615-1680), Capuchin, publisher and co-editor of the Chrétien Intérieur.

Jacques Bertot (1620-1681) priest, confidant of Bernières, discreet «mystical transmitter» from Caen to Montmartre, Madame Guyon's spiritual father.

François de Montmorency Laval (1623-1708), canonised, first bishop of Quebec, founder of a seminary and a new Hermitage.

Henri Boudon (1624-1702), of the Secular Third O (?), a prolific author

Archange Enguerrand (1631-1699), Recollect, the "good Franciscan" met by the young Madame Guyon.

SECOND GROUP of those close to Mme Guyon and Fénelon, and their disciples :

Initiators (men and women) :

Mother Geneviève Granger 1600-1674

Jacques Bertot 1620-1671

Archange Enguerrand 1631-1699

François Lacombe 1640-1715

Duchess of Béthune-Charost [née Marie Fouquet] 1641?-1716

Jeanne-Marie Guyon 1647-1717



Disciple friends «at home» :

François de Fénelon 1651-1715

Paul de Beauvillier 1648-1714 x Duchess de Beauvillier 1655-1733 [née Colbert]

Charles-Honoré de Chevreuse 1656-1712 x Duchess de Chevreuse, -1732 [née Colbert]

Marie-Anne de Mortemart 1665-1750 [née Colbert]

Isaac Dupuy after.1737

Marquis de Fénelon 1688-1746

Marie-Christine de Noailles «the dove» 1672-1748 x A. de Gramont, Count of Guiche



Disciple friends «abroad» :

Pierre Poiret 1646-1719

Chevalier Ramsay (Scottish) 1686-1743

James 16th Lord Forbes 1689-1761 and Lord Deskford 1690-1764

Friedrich von Fleischbein, Baron of Pyrmont, Pietist 1700-1774

Jean-Philippe Dutoit-Mambrini, pastor at Morges 1721-1793



Madame Guyon at the centre of a mystical transmission (diagrams with comments and sources)

L’Ecole du cœur, madame Guyon au centre d’une Filiation mystique


Commentaries and Sources :

Commentary :

The first diagram shows the founding figures around whom numerous devotees gathered in "Schools of the Heart". Three branches of a "spiritual delta" formed, starting from a first "group" led by Jean de Bernières under the direction of « our good Father Chrysostome » :

--A second Hermitage was founded in Quebec by Mgr de Laval.

-- The Circle of Quietude created by M. Bertot at Montmartre was taken over by Madame Guyon.

-- The Benedictines of the Blessed Sacrament were the 'daughters’ of Mother Mectilde.

Madame Guyon took over the Circle of Quietude.

The second diagram shows the European influence in four columns.234 Disciples « at home » et « abroad » [in other countries] are laid out vertically by date and horizontally according to four geographical regions. Cross-relations are omitted. For couples or brothers, the dates of death are separated by ‘&’.



I realised that it was necessary to locate this transmission and support it by possible recourse to the mystical texts produced by devotees in these networks of friends. Texts in relation with the writings of Madame Guyon are available in two collections: «Sources mystiques» (published by the «Centre Jean-de-la-Croix») and «Chemins mystiques» (online Internet purchase via the printer http://lulu.com, search key  Dominique Tronc). Consult the site http://www.cheminsmystiques.com and the references in the communication, including in chronological order :

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), of the Third Order of Saint Francis of Assisi, Founder of the School of Pure love

Jean de Bernières, Œuvres mystiques I Chrétiens [Sources mystiques] & II Correspondence [forthcoming]

The Friends of the Hermitages of Caen & Quebec [v. DT]

The Mystical Friendships of Mother Mectilde of the Blessed Sacrament 1614-1698

Jacques Bertot mystical director [for available examples, v. DT]

Archange Enguerrand (1631-1699), Franciscan Recollect director and 'Good monastic' according to Madame Guyon

François Lacombe (1640-1715), Life, Works, Ordeals of Madame Guyon's Father Confessor

Memoirs de Saint-Simon concerning Fénelon, Madame Guyon and their associates

Marie-Anne de Mortemart (1665-1750) The "little duchess" [...]

Schools of the Heart in the Age of Enlightenment, Disciples of Madame Guyon & Influences

Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur [forthcoming]

33.JEAN-CHRYSOSTOME DE SAINT-LÔ (1594-1646)

(43) Chrysostome 18 avril antidoté.docx



Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), Du Tiers Ordre de Saint François d’Assise, Fondateur de l’Ecole du Pur Amour. Dossier de sources transcrites et présentées par Dominique Tronc. Lulu.com, 2017, 378 p.

Ce dossier contient de larges extraits prélevés dans les sources qui nous éclairent sur les débuts de «l’école du cœur» :

Présentation

Les débuts du tiers Ordre franciscain — Vincent Mussart — Notices (J.-M. de Vernon)

La Vie d’Antoine Le Clerc, sieur de la Forest (J.-M. de Vernon)

L’Homme Intérieur ou La Vie du Vénérable Père Jean Chrysostome (Henri-Marie Boudon)

Divers exercices de piété et de perfection(Chrysostome de Saint-Lô édité par M. de Bernières)

Divers traités spirituels et méditatifs (Chrysostome de Saint-Lô édité par Mère Mectilde)

Deux directions : Monsieur de Bernières et Mère Mectilde (Extraits prélevés dans les sources précédentes)



J’omets la transcription de près de la moitié des Divers exercices de piété et de perfection, gros assemblage de six cents pages d’écrits recueillis «de notre bon Père». Il s’agit d’exercices méditatifs et ascétiques. Ils soulignent les épreuves subies par Jésus-Christ, le modèle pour François d’Assise qui fut fidèlement repris à l’Ermitage de Caen. Ils constituaient des supports utilisés tous les jours et lors des retraites par les Associés de l’Abjection. Marquées par un esprit de grande humilité et de simplicité franciscaine, mais aussi par le dolorisme propre aux dévots du Grand Siècle, des sections sont écourtées lorsqu’elles s’avèrent répétitives et mettent alors mal en valeur la fraîcheur spontanée propre à la vie des mystiques. Par contre la dernière partie de l’assemblage livre les directions personnelles assurées par le P. Chrysostome. Elle est admirable

Présentation

Jean-Chrysostome naquit vers 1594 dans le diocèse de Bayeux en Basse-Normandie, et étudia au collège des jésuites de Rouen. Âgé de dix-huit ans, il prit l’habit, contre le gré paternel, le 3 juin 1612 au couvent de Picpus à Paris235. Il fut confirmé dans sa vocation par un laïc, Antoine le Clerc, sieur de la Forest : ce dernier est donc le probable «ancêtre» du courant spirituel de l’Ermitage qui passe par Chrysostome, par Bernières et Mectilde-Catherine de Bar, et par bien d’autres dont Monsieur Bertot, Madame Guyon.

Les origines et le sieur de la Forest (1563-1628)

Un aperçu biographique intéressant nous est donné par l’historien du Tiers Ordre franciscain Jean-Marie de Vernon, qui consacre très exceptionnellement plusieurs chapitres à Antoine le Clerc236 :

À vingt ans il prit les armes, où il vécut à la mode des autres guerriers, dans un grand libertinage. La guerre étant finie, il entra dans les études, s’adonnant principalement au droit. [...] Il tomba dans le malheur de l’hérésie [528] d’où il ne sortit qu’après l’espace de deux ans. [...] Son bel esprit et sa rare éloquence paraissaient dans les harangues publiques dès l’âge de vingt ans. Sa parfaite intelligence dans la langue grecque éclata lorsque le cardinal du Perron le choisit pour interprète dans la fameuse conférence de Fontainebleau contre du Plessis Mornay.

[532] Un lépreux voulant une fois l’entretenir, il l’écouta avec grande joie, et l’embrassa si serrement, qu’on eut de la peine à les séparer. [...] Une autre peine lui arriva, savoir qu’étant entièrement plongé dans les pensées continuelles de Dieu qui le possédait, il ne pouvait plus vaquer aux affaires des parties dont il était avocat. [535] Ses biens de fortune étant médiocres, la subsistance de sa famille dépendait presque de son travail.

Dieu lui révélait beaucoup d’événements futurs, et les secrets des consciences : par ce don céleste [sur lequel J.-M. de Vernon s’étend longuement, citant de multiples exemples], il avertissait les pécheurs [...] marquait à quelques-uns les points de la foi dont ils doutaient; à d’autres il indiquait en particulier ce qu’ils étaient obligés de restituer. [...] Les âmes scrupuleuses recevaient un grand soulagement par ses conseils et ses prières. [...] [537] Le père Chrysostome de Saint-Lô […] a reconnu par expérience en sa personne la certitude des prophéties du sieur de la Forest, quand une maladie le mena jusques aux portes de la mort, comme elle lui avait été présagée. [...]

Quatre mois devant sa mort, étant sur son lit dans ses infirmités ordinaires, il s’entretenait sur [542] les merveilles de l’éternité : on tira les rideaux, et sa couche lui sembla parée de noir; un spectre sans tête parut à ses pieds tenant un fouet embrasé : cette horrible figure ne l’effrayant point, il consacra tout son être au souverain Créateur. Il parla ainsi au démon : «Je sais que tu es l’ennemi de mon Dieu, duquel je ne me séparerai jamais par sa grâce : exerce sur mon corps toute ta cruauté; mais garde-toi bien de toucher au fond de mon âme, qui est le trône du Saint-Esprit.» L’esprit malin disparaissant, le pieux Antoine demeura calme, et prit cette apparition pour un présage de sa prochaine mort; ses forces diminuèrent toujours depuis et il tomba tout à fait malade au commencement de l’année 1628. Les sacrements de l’Église lui furent administrés en même temps. À peine avait-il l’auguste eucharistie dans l’estomac qu’il vit son âme environnée d’un soleil, et entendit cette charmante promesse de Notre Seigneur : «Je suis avec toi, ne crains point.» Les flammes de sa dilection s’allumèrent davantage, et il ne s’occupait plus qu’aux actes de l’amour divin, voire au milieu du sommeil.

[543] M. Bernard [un ami] présent sentit des atteintes si vives de l’amour de Dieu, qu’il devint immobile et fut ravi. [...] Le lendemain samedi vingt-trois de janvier [...] il rendit l’esprit à six heures du soir dans la pratique expresse des actes de l’amour divin. [...] On permit [544] durant tout le dimanche l’entrée libre dans sa chambre aux personnes de toutes conditions, qui le venaient visiter en foule. Les religieux du tiers ordre de Saint-François gardaient son corps, qui fut transporté à Picpus.

Le maître caché des mystiques normands

Le Père Chrysostome de Saint-Lô a été plus négligé encore que Constantin de Barbanson. Pourtant, «les indices de l’influence de Jean-Chrysostome sont de plus en plus nombreux et éclairants : le cercle spirituel formé par lui, les Bernières, Jean et sa Sœur Jourdaine, Mectilde du Saint Sacrement et Jean Aumont (peut-être tertiaire régulier) auxquels les historiens en ajouteront d’autres (de Vincent de Paul à Jean-Jacques Olier), a vécu une doctrine d’abnégation, de «désoccupation», de «passivité divine237».

Il est la figure discrète, mais centrale à laquelle se réfèrent tous les membres du cercle mystique normand, qui n’entreprennent rien sans l’avis de leur père spirituel (seule «Sœur Marie» des Vallées jouira d’un prestige comparable). Ce que nous connaissons provient de la biographie écrite par Boudon238, et les connaisseurs de l’école des mystiques normands Souriau239, Heurtevent240, plus récemment Pazzelli241, n’ajoutent guère d’éléments. Tout ce que nous savons se réduit à quelques dates, car si Boudon est prolixe quant aux vertus, il est discret quant aux faits. Sa pieuse biographie couvre des centaines de pages qui nous conduisent, suivant le schéma canonique «de la vie aux vertus», mais le contenu spécifique au héros se réduit à quelques paragraphes.

Il assura le rôle de passeur entre l’ancien monde monacal et un monde laïque. En témoignent des lettres remarquables de direction de Catherine de Bar et de Jean de Bernières. Nous en reproduirons (pour la première fois) certaines dans les chapitres suivants consacrés à ces disciples.

Lecteur en philosophie et théologie à vingt-cinq ans, il fut définiteur de la province de France l’an 1622, devint définiteur général de son ordre et gardien de Picpus en 1625, puis de nouveau en 1631, provincial de la province de France en 1634, premier provincial de la nouvelle province de Saint-Yves, en 1640, après que la province de France eut été séparée en deux.

Le temps de son second provincialat étant expiré, on le mit confesseur des religieuses de Sainte-Élisabeth de Paris, qui fut son dernier emploi à la fin de sa troisième année [de provincialat]. [...] Au confessionnal dès cinq heures du matin, il rendait service aux religieuses avec une assiduité incroyable. À peine quelquefois se donnait-il lieu de manger, ne prenant pour son dîner qu’un peu de pain et de potage, pour [y] retourner aussitôt242.

Il alla en Espagne par l’ordre exprès de la Reine, pour aller visiter de sa part une visionnaire, la Mère Louise de l’Ascension, du monastère de Burgos. Voyage rude imposé par un monde qui n’est pas le sien :

Libéral pour les pauvres […] il ne voulait pas autre monture qu’un âne. […] Dans les dernières années de sa vie il ne pouvait plus supporter l’abord des gens du monde et surtout de ceux qui y ont le plus d’éclat243.

Aussi, libéré de son provincialat, il éprouve une sainte joie et ne tarde pas à se retirer :

Il ne fit qu’aller dans sa cellule pour y prendre ses écrits et les mettre dans une besace dont il se chargea les épaules à son ordinaire [...] passant à travers Paris [...] sans voir ni parler à une seule personne de toutes celles qui prenaient ses avis244.

Il enseignait «qu’il fallait laisser les âmes dans une grande liberté, pour suivre les attraits de l’Esprit de Dieu […]; commencer par la vue des perfections divines […]; ne regarder le prochain qu’en charité et vérité dans l’union intime avec Dieu245». Il eut de nombreux dirigés :

L’on a vu plusieurs personnes de celles qui suivaient ses avis [...] courir avec ferveur. [...] La première est feu M. de Bernières de Caen. [...] La seconde personne [...] qui a fait des progrès admirables [...] sous la conduite du Vénérable Père Jean-Chrysostome a été feu M. de la Forest [qui] n’eut pas de honte de se rendre disciple de celui dont il avait été le maître246.

Enfin, après cette vie intense, l’incontournable chapitre terminant la vie d’un saint ne nous cache aucunement l’agonie difficile :

Ayant été soulagé de la fièvre quarte il s’en alla à Saint-Maur [...] pour y voir la Révérende Mère du Saint Sacrement [Mectilde de Bar], maintenant supérieure générale des religieuses bénédictines du Saint Sacrement. Pour lors, il n’y avait pas longtemps qu’elle était sortie de Lorraine à raison des guerres, et elle vivait avec un très petit nombre de religieuses dans un hospice. [...] Elle était l’une des filles spirituelles du bon Père, et en cette qualité il voulut qu’elle fût témoin de son agonie : il passa environ neuf ou dix jours à Saint-Maur, proche de la bonne Mère. [...] Au retour de Saint-Maur, [...] il entra dans des ténèbres épouvantables. [...] Il écrivit aux religieuses : «Mes chères Sœurs, [...] il est bien tard d’attendre à bien faire la mort et bien douloureux de n’avoir rien fait qui vaille en sa vie. Soyez plus sages que moi. [...] C’est une chose bien fâcheuse et bien terrible à une personne qui professait la sainte perfection de mourir avec de la paille. [...]» L’on remarqua que la plupart de religieux du couvent de Nazareth où il mourut [le 26 mars 1646, âgé de 52 ans] fondaient en larmes et même les deux ou trois jours qui précédèrent sa mort, et cela sans qu’ils pussent s’en empêcher247.

Je vais maintenant livrer l’intégralité de ses écrits. Ils nous sont parvenus en deux livres rares publiés au milieu du dix-septième siècle. L’importance de leur direction mystique justifie de lire l’ensemble de style sévère proche des écrits du Moyen Âge. Il s’agit de méditations et de retraites qui introduisent à la grandeur divine.

Présentation des écrits de Chrysostome publiés par ses disciples Bernières et Mectilde

Les Divers exercices… publiés à Caen par les soins de Bernières (et non pas «traités» publiés à Paris par les soins de Mectilde), dont nous connaissons trois exemplaires, publiés quatre années après les traités, comprennent trois parties paginées séparément248. La première partie rassemble de nouveau divers schémas propres à des retraites qui reflètent l’atmosphère doloriste de l’époque. Quelques extraits suffiront à mieux faire comprendre ce vécu dévot, en un aperçu unique d’une littérature qui fut très abondante.

Cette littérature privilégie les croix et l’exemple du Crucifié. Elle supprime trop tôt et par volonté propre les joies naturelles à la vie, au risque de provoquer des réactions très fortes, inconscientes, parce que réprimées, attribuées à l’époque aux démons. Elle met en place un réseau de contraintes où l’ascétisme prend facilement la première place, ce qui empêche toute vie intérieure mystique donnée par grâce de s’épanouir. Ce qui était liberté et joie devient limitation et peur. La vie naturelle est culpabilisée et contrôlée afin d’être évacuée au plus tôt : on privilégie ainsi l’exercice de la volonté si cher au Grand Siècle. Mais il est vrai que la vie était souvent courte et soumise aux aléas des maladies, ce qui suggérait d’aller vite!

Cet esprit du temps ne s’améliorera pas au fil du siècle. Les illustrations d’excès commis sont innombrables, telles les épreuves que s’inflige dans sa jeunesse Claude Martin, le fils de Marie de l’Incarnation du Canada, avant de devenir lui-même un très profond spirituel; telle l’ascèse moralisante recommandée par le milieu de Port-Royal, que supporte fort mal Louis-Charles d’Albert, duc de Luynes et père du duc de Chevreuse (ce dernier deviendra disciple de Madame Guyon — qui en fournit elle-même un témoignage dans le récit de sa jeunesse). Cet excès débordera le siècle au sein du monde dévot et couvrira la première moitié du XVIIIe siècle249.

L’Imitation a été le texte préféré d’une dévotion qui s’écarte de la pure mystique d’un Ruusbroec pour se charger de culpabilité voire de pratiques masochistes imitant les souffrances physiques de Jésus250. Cette dévotion ne correspond guère à ce que propose Jean-Chrysostome : il se démarque de son temps par son insistance sur la liberté et l’absence de vœux; l’exercice «doit être très libre, sans contrainte, et sans empressement», pour servir l’Amour toujours premier. Mais d’autre part il fonde la «Société de la sainte Abjection» et — tout en admirant les héros cornéliens ses contemporains — nous regrettons l’usure prématurée de ses disciples Renty et Bernières.

Chrysostome a dirigé des retraites, dont nous allons donner un exemple, car nous ne pouvons passer sous silence la tendance morbide qui caractérise bien d’autres textes contemporains. Un tel imaginaire dévotionnel à la frange de la vie mystique est de toute époque La prière s’appuie ici sur des représentations sanglantes de Jésus-Christ, d’un goût trop épicé pour notre sensibilité — le piétisme, tel qu’il se présente dans les textes de certaines cantates de Bach, s’inscrira plus tard dans cette tradition.

Note sur la direction de Bernières par le P. Chrysostome

Une correspondance ignorée entre Chrysostome et Bernières est imprimée à la fin de l’ouvrage édité à Caen sous le nom de «Divers exercices de piété et de perfection 251.» Elle couvre la dernière moitié de la seconde partie de l’ouvrage intitulé «Diversités spirituelles» avec une pagination nouvelle (signe d’ajout précédant de peu l’édition locale à Caen?). Ces lettres non datées ont échappé à l’attention, car un Bernières discret se fait précéder par d’autres dirigé (e) s sans que son nom apparaisse 252.

C’est un document extraordinaire qui livre l’intimité des rapports entre les deux mystiques. On notera la netteté avec laquelle Chrysostome sait répondre aux questions de Bernières qui sont toujours proches des nôtres. Elles sont le plus souvent très concrètes (que faire de nos biens?) et hors de toute considération théorique.

Bernières n’a pas encore atteint à cette date une pleine maturité intérieure. Il va rapidement surmonter ses hésitations et des scrupules, et sera en cela vivement mené et encouragé par «notre bon Père Chrysostome». Voici ce dialogue de lettres dont les pièces sont numérotées; nous ajoutons l’incipit entre guillemets, les titres d’origine étant divers et imprécis.

Deux directions

Présentation de Monsieur de Bernières et de Mère Mectilde

Le Père Chrysostome a récolté une belle moisson : autour de lui s’est formée une communauté d’«âmes intérieures», dont les deux plus célèbres furent Mère Mectilde, fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement, et Monsieur de Bernières, dont la figure rayonna sur les familiers de l’Ermitage.

Je reprends leurs initiations mystiques telles qu’elles vont paraître prochainement dans deux volumes consacrés à ces disciples «de notre Père Chrysostome».

Monsieur de Bernières précède chronologiquement et spirituellement Mère Mectilde dont il assurera la direction mystique après le décès du Père. Il apparaît ici en premier par la reprise du «Cinquième et dernier Traicté, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles de mesme Autheur», la seconde moitié de la deuxième partie des «Divers exercices de piété et de perfection», œuvre de Chrysostome reproduite intégralement plus haut. Le «doublon» se présente ici un peu différemment, en cohérence avec l’édition d’une Correspondance de Bernières dont il constitue l’«ouverture».

Les écrits de Mère Mectilde furent fidèlement préservés par ses «filles» bénédictines du Saint-Sacrement. Ils fournissent la seconde initiation, ici reproduite selon l’édition à paraître de ses «Amitiés mystiques».

Auprès de dirigés devenus à leur tour directeurs, femmes et hommes s’agrégèrent, formant deux branches d’une «école» mystique marquée par l’esprit franciscain.

L’initiation de Bernières253

Une correspondance ignorée entre Chrysostome et Bernières est imprimée à la fin de l’ouvrage édité à Caen sous le nom de «Divers exercices de piété et de perfection 254.» Elle couvre la dernière moitié de la seconde partie de l’ouvrage intitulée «Diversités spirituelles». Ces lettres non datées ont échappé à l’attention, car un Bernières discret se fait précéder par d’autres dirigé (e) s sans que son nom apparaisse 255 et une nouvelle pagination est adoptée.

C’est un document extraordinaire qui livre l’intimité des rapports entre les deux mystiques. Aussi D. Tronc l’édite ici en un sous-ensemble précédant le grand corpus chronologique des lettres et maximes 256. On notera la netteté avec laquelle Chrysostome sait répondre aux questions de Bernières qui sont toujours proches des nôtres. Elles sont le plus souvent très concrètes (que faire de nos biens?) et hors de toute considération théorique.

Bernières n’a pas encore atteint à cette date une pleine maturité intérieure. Il va rapidement surmonter ses hésitations et des scrupules, et sera en cela vivement mené et encouragé par «notre bon Père Chrysostome». Voici ce dialogue de lettres dont les pièces sont numérotées; nous ajoutons l’incipit entre guillemets, les titres d’origine étant divers et imprécis.

Cinquième et dernier Traicté, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles de mesme Autheur [reprise]

Autres avis de conduite à diverses personnes. Tant sur l’oraison et contemplation, que sur les pratiques des plus pures vertus chrétiennes, selon l’esprit et la grâce de la perfection évangélique.

1. Lettre. «J’ai lu et considéré la vôtre…»

M., Jésus Maria. J’ai lu et considéré la vôtre, dont je vous remercie très humblement, car l’honneur de votre souvenir m’est très cher. Quant aux choses de votre âme, dont il vous a plu m’écrire; voici mon petit sentiment que je soumets à votre meilleur jugement. 78 257.

1. Cette vocation à l’oraison vous oblige à une grande pureté d’âme et de vertu, car c’est la raison que le lieu où le Dieu tout saint veut reposer, et opérer, soit aussi bien pur, ou tendant à la pureté de perfection sans retenue.

2. Cette vue simple et générale de l’immensité Divine, avec la jouissance de votre volonté, est une parfaite contemplation, et qui selon que vous écrivez, paraît purement passive. Prenez garde si dans ce temps votre volonté est opérante, soit par admiration de l’entendement auquel elle se conjoint, soit par amour, par adoration, ou par quelque autre affection; il n’importe, pourvu qu’il se fasse quelque opération. Ce n’est pas que l’âme ne se trouve quelquefois en cet état, sans pouvoir discerner si elle a opéré, tant elle est passive, et Dieu opère puissamment en elle; il semble en ce que vous écrivez, que vos puissances soient en ce temps passivement en admiration, et en amour 79 dans les coopérations fort simples, et tout cela est fort bon.

3. Vous avez raison de dire que s’abîmer dans Dieu, est autre chose que de s’unir à Dieu, et que vous le sentez ainsi. Sur quoi je vous dirai que selon que vous écrivez, il y a toujours union, mais à raison de l’abondance, votre âme semble passer en une déiformité; et vous connaîtrez mieux cela dans l’expérience, que je ne vous le saurais expliquer avec la science des livres.

4. Dans l’occasion de vos faiblesses, vous vous défendez, vous abîmant dans l’immensité, sans pratiquer un acte formel de vertu, contraire à l’imperfection? À quoi je réponds, que cela se peut, et fort bien; néanmoins il est bon ensuite dans la force de l’âme, de pratiquer tels actes formels de vertu, semblables en quelque façon à celles que vous avez omis, à raison que la perfection consiste en la vertu, et que l’âme y fait progrès par ces pratiques, beaucoup plus que par la pratique 80 susdite.

5. Vous vous étonnez de vos faiblesses au milieu de tant de faveurs; demeurez pacifique dans cette vue, aimant bien fort l’abjection qui vous en provient; ensuite humiliez-vous, puis prenez à tâche de pratiquer les vertus contraires à vos défauts, et laissez votre perfection entre les mains du bon Dieu, qui manifestement vous chérit et demeure en vous.

Courage Monsieur, votre voie est très bonne; souvenez-vous de moi pauvre pécheur, environné et chargé de beaucoup d’affaires, etc.

2. Autres avis au même. «J’ai lu et considéré vos articles…»

M. J’ai lu et considéré vos articles, assurément toutes ces lumières de la beauté d’abjection, tant en Jésus 81 qu’en l’âme du parfait, sont surnaturelles, c’est-à-dire passives, et de la grâce d’oraison. Je vous crois appelé d’une manière particulière, à honorer Jésus-Christ dans ses humiliations, dont la beauté qui vous pénètre, marque une consommation de l’amour de Jésus dans votre âme. Il est bon de cultiver cette vue de la beauté d’abjection, tantôt par la méditation, et tantôt par œuvres.

La vue par laquelle l’âme voit la voie d’abjection et de souffrance, incomparablement plus belle, que celle de douceur et d’amour, est purement surnaturelle, et marque que l’âme passe en un état bien plus parfait, que celui dans lequel elle était auparavant.

Il me semble que votre trait vous attire présentement beaucoup à la Passion, qui est la très inscrutable Abjection de Jésus. Je suis en lui, etc. 82

3. à 14. Voir l’édition supra du «Cinquième et dernier Traicté, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles de mesme Autheur», seconde moitié de la deuxième partie des «Divers exercices de piété et de perfection», œuvre de Chrysostome.

15. Autres propositions et réponses sur l’oraison, etc.

[I.] M. Proposition. Comment doit-on conseiller les âmes sur la passiveté d’oraison; les y faut-il porter, et quand faut-il qu’elles y entrent, et qu’elles en sont les dangers? 132

Réponse. Ordinairement le spirituel ne doit pas prévenir la passiveté. Je dis ordinairement, d’autant que s’il travaille fortement, il pourrait demeurer quelque peu de temps sans agir, s’exposant à la grâce et à la lumière, et éprouver de fois à autre si telle pauvreté lui réussit.

Benoît de Canfeld en son Traité de la volonté Divine est de cet avis. Je crois néanmoins que celui qui s’en servira doit être discret et fidèle. 2. Le spirituel lâche qui s’expose indiscrètement à la lumière passive, se répand dans l’oisiveté, et dans la distraction, et quelquefois s’il est faible de cerveau, il s’expose à l’illusion.

II. Proposition. J’ai su de vous quelque chose touchant les communions fréquentes, ce qui me fait vous demander comment on s’y doit disposer en esprit d’oraison, lorsqu’on a des affaires.

Réponse. Le spirituel ayant des affaires, s’il en est désoccupé dans l’affection, et qu’il les conduise par principe de vue de Dieu, il se doit contenter 133 du peu de temps que la Divine Providence lui donne. 2. Plusieurs se flattent dans les affaires, et ne tendent pas assez fidèlement à ménager du temps pour l’intérieur. 3. La communion indévote contriste Jésus-Christ.

III. Proposition. Comment peut-on faire suivre l’idée opérante de son oraison dans l’occupation du prochain?

Réponse. Cela doit être différent selon les diverses dispositions naturelles, et surnaturelles des âmes, lesquelles doivent suivre pour présence de Dieu, ce qui paraît plus propre en leur état, sans s’attacher à l’objet de leur oraison. L’âme sera en un temps pénétrée d’une vérité ou objet, et en un autre temps d’une autre vérité et d’un autre objet, en cela il faut observer la liberté d’esprit. L’on peut donc garder l’idée opérante de l’oraison, dans quelques sentiments faciles, et dans les résolutions; si l’objet de l’oraison vous presse de sa lumière, suivez-le, et faites usage d’amour avec discrétion. 134

16. Autre lettre du Père, dirigeant quelque âme à une haute perfection.

M. Jésus soit notre lumière. Les grâces des âmes, et la vocation à la sainte perfection sont très différentes; il importe extrêmement au spirituel de bien examiner à quel état et à quel degré sa grâce paraît; le conduire autrement n’étant pas passif à la conduite Divine, il avance très peu, et demeure dans un centre qui n’est pas conforme au dessein de Dieu. Il faut que le feu se retire à sa sphère, l’air à la sienne, et la terre et l’eau à la leur. Et si le feu voulait se loger dans le centre de la terre, ce serait un désordre répugnant au dessein de la Divinité. Ainsi en va-t-il du spirituel, car s’il paraît par sa grâce être destiné à rendre et demeurer dans un centre élevé de perfection, il fait contre le 135 dessein de Dieu de s’arrêter dans celui qui est bas, terrestre et imparfait.

Je vous ai toujours dit que vous n’étiez pas dans le centre de votre grâce, et de votre perfection, et que votre vocation vous appelait à un état beaucoup plus pur et parfait. Votre grâce va principalement à la contemplation, à laquelle pour soulager votre corps, vous pourrez joindre un peu d’action.

2.258 La grâce vous appelle à la parfaite et pure conformité des différents états et dispositions de Jésus-Christ, et j’ai reconnu cela très clairement, tant par vos dispositions précédentes, que par celles que vous m’avez communiquées depuis peu encore.

Pour donc correspondre parfaitement à la conduite Divine, mon avis serait que vous entrassiez dans l’exécution des propositions que vous m’avez faites; mais il faut que cela se fasse d’une manière bien pure, et conforme aux dispositions de Jésus 136 Christ, et cela est très facile à faire; et je crois que vous n’aurez aucun repos que vous n’en usiez de la sorte, parce que vous ne seriez pas dans le centre de votre grâce.

Comme donc j’ai bien étudié votre grâce, et vos dispositions, je vous dis assurément que Dieu tout bon vous veut pauvre Evangélique, en la manière qui vous a déjà été prescrite; vous devez y tendre et travailler; et cependant souvenez-vous que le diable est bien rusé pour empêcher la pureté de perfection d’une âme.

Adieu cher Frère. Voici le temps d’aimer du pur amour, ne tardez plus. Ce pur Amour ne se peut trouver que dans le cœur évangélique très pauvre sans réserve.

Dieu. Jésus. Marie. Amour. Croix. Pureté. Amen259.

L’initiation de Mectilde260

Mectilde, âgée de vingt-huit ans et demi est depuis dix mois réfugiée en Normandie. Elle a rencontré en juin 1643 Chrysostome par l’intermédiaire de Jean de Bernières, l’un de ses dirigés qui a déjà pris soin d’elle sur le plan matériel et que nous rencontrerons plus tard comme directeur mystique 261 :

Monsieur, mon très cher Frère,

Béni soit Celui qui par un effet de son amoureuse Providence m’a donné votre connaissance pour, par votre moyen avoir le cher bonheur de conférer de mon chétif état au saint personnage que vous m’avez fait connaître.

J’ai eu l’honneur de le voir et de lui parler environ une heure. En ce peu de temps, je lui ai donné connaissance de ma vie passée, de ma vocation et de quelque affliction que Notre-Seigneur m’envoya quelque temps après ma profession. Il m’a donné autant de consolation, autant de courage en ma voie et autant de satisfaction en l’état où Dieu me tient que j’en peux désirer en terre. O que cet homme est angélique et divinisé par les singuliers effets d’une grâce très intime que Dieu verse en lui! Je voudrais être auprès de vous pour en parler à mon aise et admirer avec vous les opérations de Dieu sur les âmes choisies. O que Dieu est admirable en toutes choses! Mais je l’admire surtout en ces âmes-là.

Il m’a promis de prendre grand intérêt à ma conduite. Je lui ai fait voir quelques lettres que l’on m’a écrites sur ma disposition. Il m’a dit qu’elles n’ont nul rapport à l’état où je suis et que peu de personnes avaient la grâce de conduite, ce que je remarque par expérience.

Entre autres choses qu’il m’a dites, et qu’il m’a assurée, c’est que j’étais fort bien dans ma captivité, que je n’eusse point de crainte que Dieu voulût que je sois à lui d’une manière très singulière et que bientôt je serai sur la croix de maladies et d’autres peines. Il faut une grande fidélité pour Dieu.

Je vous dis ces choses dans la confiance que vous m’avez donnée pour vous exciter de bien prier Dieu pour moi. Recommandez-moi, je vous supplie, à notre bonne Mère Supérieure [Jourdaine, sœur de Jean de Bernières] et à tous les fidèles serviteurs et servantes de Dieu que vous connaissez. Si vous savez quelques nouvelles de la sainte créature que vous savez [Marie des Vallées], je vous supplie de m’en dire quelque chose. [...]

On sent que la jeune femme est nature dans sa relation, alternant compte-rendus, exclamations, incertitude présente quant à sa «carrière». Cela changera en passant de la dirigée à la directrice! Pour l’instant la jeune Mectilde a besoin d’être assurée en ce début de la voie mystique.

Le Père Chrysostome apportera donc point par point ses réponses aux questions que se pose la jeune dirigée. Elle lui demande conseil sur son expérience profonde et ardente. Chrysostome lui répond de façon très détachée et froide de façon à ne susciter chez cette femme passionnée ni attachement ni émotion sensible; afin que son destin extraordinaire soit mené jusqu’au bout, il ne manifeste pratiquement pas d’approbation, car il veut la pousser vers la rigueur et l’humilité la plus profonde. La relation faite à son confesseur est rédigée à la troisième personne! – du moins dans ce qui nous est parvenu262.

Premier texte : Relation au Père Chrysostome avec réponses, juillet 1643.

1re Proposition : Cette personne [Mectilde] eut dès sa plus tendre jeunesse le plus vif désir d’être religieuse; plus elle croissait en âge, plus ce désir prenait de l’accroissement. Bientôt il devint si violent qu’elle en tomba dangereusement malade. Elle souffrait son mal sans oser en découvrir la cause; ce désir l’occupait tellement qu’elle épuisait en quelque sorte toute son attention et tous ses sentiments. Il ne lui était pas possible de s’en distraire ni de prendre part à aucune sorte d’amusement. Elle était quelquefois obligée de se trouver dans différentes assemblées de personnes de son âge, mais elle y était de corps sans pouvoir y fixer son esprit. Si elle voulait se faire violence pour faire à peu près comme les autres, le désir qui dominait son cœur l’emportait bientôt et prenait un tel ascendant sur ses sens mêmes qu’elle restait insensible et comme immobile en sorte qu’elle était contrainte de se retirer pour se livrer en liberté au mouvement qui la maîtrisait. Ce qui la désolait surtout, c’était la résistance de son père que rien ne pouvait engager à entendre parler seulement de son dessein. Il faut avouer cependant que cette âme encore vide de vertus n’aspirait et ne tendait à Dieu que par la violence du désir qu’elle avait d’être religieuse sans concevoir encore l’excellence de cet état.

Réponse : En premier lieu, il me semble que la disposition naturelle de cette âme peut être regardée comme bonne.

2. Je dirai que dans cette vocation, je vois beaucoup de Dieu, mais aussi beaucoup de la nature : cette lumière qui pénétrait son entendement venait de Dieu; tout le reste, ce trouble, cette inquiétude, cette agitation qui suivaient étaient l’œuvre de la nature. Mais, quoi qu’il en soit, mon avis est, pour le présent, que le souvenir de cette vocation oblige cette âme à aimer et à servir Dieu avec une pureté toute singulière, car dans tout cela il paraît sensiblement un amour particulier de Dieu pour elle.

2e Proposition : cette âme, dans l’ardeur de la soif qui la dévorait ne se donnait pas le temps de la réflexion; elle ne s’arrêta point à considérer de quelle eau elle voulait boire. Elle voulait être religieuse, rien de plus; aussi tout Ordre lui était indifférent, n’ayant d’autre crainte que de manquer ce qu’elle désirait : la solitude et le repos étant tout ce qu’elle souhaitait.

Réponse : 1. Ces opérations proviennent de l’amour qui naissait dans cette âme, lesquelles étaient imparfaites, à raison que l’âme était beaucoup enveloppée de l’esprit de nature. 2. Nous voyons de certaines personnes qui ont la nature disposée de telle manière qu’il semble qu’au premier rayon de la grâce, elles courent après l’objet surnaturel : celle-ci me semble de ce nombre. Combien que par sa faute il se soit fait interruption en ce qu’elle s’éloignait263 de Dieu.

Le dialogue se poursuit et se terminera sur une 19e proposition : le père Chrysostome est patient!

[...]

17e Proposition264 : Elle entrait dans son obscurité ordinaire et captivité sans pouvoir le plus souvent adorer son Dieu, ni parler à Sa Majesté. Il lui semblait qu’Il se retirait au fond de son cœur ou pour le moins en un lieu caché en son entendement et à son imagination, la laissant comme une pauvre languissante qui a perdu son tout; elle cherche et ne trouve pas; la foi lui dit qu’il est entré dans le centre de son âme, elle s’efforce de lui aller adorer, mais toutes ses inventions sont vaines, car les portes sont tellement fermées et toutes les avenues, que ce lieu est inaccessible, du moins il lui semblait; et lorsqu’elle était en liberté elle adorait sa divine retraite, et souffrait ses sensibles privations, néanmoins son cœur s’attristait quelquefois de se voir toujours privé de sa divine présence, pensant que c’était un effet de sa réprobation.

D’autre fois elle souffrait avec patience, dans la vue de ce qu’elle a mérité par ses péchés, prenant plaisir que la volonté de son Dieu s’accomplisse en elle selon qu’il plaira à Sa Majesté.

Réponse : Il n’y a rien que de bon en toutes ses peines, il les faut supporter patiemment et s’abandonner à la conduite de Dieu. Ajoutez que ces peines et les autres lui sont données pour la conduire à la pureté de perfection à laquelle elle est appelée et de laquelle elle est encore bien éloignée. Elle y arrivera par le travail de mortification et de vertu.

18e Proposition : Son oraison n’était guère qu’une soumission et abandon, et son désir était d’être toute à Dieu, que Dieu fût tout pour elle, et en un mot qu’elle fût toute perdue en Lui; tout ceci sans sentiment. J’ai déjà dit qu’en considérant elle demeure muette, comme si on lui garrottait les puissances de l’âme ou qu’on l’abîmât dans un cachot ténébreux. Elle souffrait des gênes et des peines d’esprit très grandes, ne pouvant les exprimer ni dire de quel genre elles sont. Elle les souffrait par abandon à Dieu et par soumission à sa divine justice.

Réponse : J’ai considéré dans cet écrit les peines intérieures. Je prévois qu’elles continueront pour la purgation et sanctification de cette âme, étant vrai que pour l’ordinaire, le spirituel ne fait progrès en son oraison que par rapport à sa pureté intérieure, sur quoi elle remarquera qu’elle ne doit pas souhaiter d’en être délivrée, mais plutôt qu’elle doit remercier Dieu qui la purifie. Cette âme a été, et pourra être tourmentée de tentations de la foi, d’aversion de Dieu, de blasphèmes et d’une agitation furieuse de toutes sortes de passions, de captivité, d’amour. Sur le premier genre de peine, elle saura qu’il n’y a rien à craindre, que telles peines est un beau signe, savoir de purgation intérieure, que c’est le diable, qui avec la permission de Dieu, la tourmente comme Job. Je dis plus qu’elle doit s’assurer que tant s’en faut que dans telles tempêtes l’âme soit altérée en sa pureté, qu’au contraire, elle y avance extrêmement, pourvu qu’avec résignation, patience, humilité et confiance elle se soumette entièrement et sans réserve à cette conduite de Dieu.

Sur ce qui est de la captivité dont elle parle en son écrit, je prévois qu’elle pourra être sujette à trois sortes de captivités : à savoir, à celle de l’imagination et l’intellect et à la composée de l’une et de l’autre. Sur quoi je remarque qu’encore que la nature contribue beaucoup à celle de l’imagination et à la composée par rapport aux fantômes ou espèces en la partie intellectuelle, néanmoins ordinairement le diable y est mêlé avec la permission de Dieu, pour tourmenter l’âme, comme dans le premier genre de peines; en quoi elle n’a rien à faire qu’à souffrir patiemment par une pure soumission à la conduite divine; ce que faisant elle fera un très grand progrès de pureté intérieure.

Quant à l’intellectuelle, elle saura que Dieu seul lie la partie intellectuelle, ce qui se fait ordinairement par une suspension d’opérations, exemple : l’entendement, entendre, la volonté, aimer, si ce n’est que Dieu concoure à ses opérations; d’où arrive que suspendant ce concours, les facultés intellectuelles demeurent liées et captives, c’est-à-dire, elles ne peuvent opérer; en quoi il faut que l’âme se soumette comme dessus265 à la conduite de Dieu sans se tourmenter. Sur quoi elle saura que toutes les peines de captivité sont ordinairement données à l’âme pour purger la propriété de ses opérations, et la disposer à la passivité de la contemplation. Sur le troisième genre de peines d’amour divin, il y en a de plusieurs sortes, selon que Dieu opère en l’âme, et selon que l’âme est active ou passive à l’amour, sur quoi je crois qu’il suffira présentement que cette bonne âme sache :

1. Que l’amour intellectuel refluant en l’appétit sensitif cause telles peines qui diminuent ordinairement à proportion que la faculté intellectuelle, par union avec Dieu, est plus séparée en son opération de la partie inférieure.

2. Quand l’amour réside en la partie intellectuelle, ainsi que je viens de dire, il est rare qu’il tourmente; cela se peut néanmoins faire, mais je tiens qu’il y a apparence que, pour l’ordinaire, tout ce tourment vient du reflux de l’opération de l’amour de la volonté supérieure à l’inférieure, ou appétit sensitif.

3. Quelquefois par principe d’amour l’âme est tourmentée de souhaits de mort, de solitude, de voir Dieu et de langueur; sur quoi cette âme saura que la nature se mêlant de toutes ces opérations, le spirituel doit être bien réglé pour ne point commettre d’imperfections; d’où je conseille à cette âme :

1. d’être soumise ainsi que dessus à la conduite de Dieu;

2. de renoncer de fois à autre à tout ce qui est imparfait en elle au fait d’aimer Dieu;

3. elle doit demander à Dieu que son amour devienne pur et intellectuel;

4. si l’opération d’amour divin diminue beaucoup les forces corporelles, elle doit se divertir et appliquer aux œuvres extérieures; que si ne coopérer en se divertissant, l’amour la suit [la poursuit], il en faut souffrir patiemment l’opération et s’abandonner à Dieu, d’autant que la résistance en ce cas est plus préjudiciable et fait plus souffrir le corps que l’opération même. Je prévois que ce corps souffrira des maladies, d’autant que l’âme étant affective, l’opération d’amour divin refluera en l’appétit sensitif, elle aggravera le cœur et consommera beaucoup d’esprit, dont il faudra avertir les médecins. J’espère néanmoins qu’enfin l’âme se purifiant, cet amour résidera davantage en la partie intellectuelle, dont le corps sera soulagé. Quant à la nourriture et à son dormir, c’est à elle d’être fort discrète, comme aussi en toutes les austérités, car si elle est travaillée de peines intérieures ou d’opérations d’amour divin, elle aura besoin de soulager d’ailleurs son corps, se soumettant en cela en toute simplicité à la direction. Sur le sujet de la contemplation, je prévois qu’il sera nécessaire qu’elle soit tantôt passive simple, même laissant opérer Dieu, et quelquefois active et passive; c’est-à-dire, quand à son oraison la passivité cessera, il faut qu’elle supplée par l’action de son entendement.

Ayant considéré l’écrit, je conseille à cette âme :

1. De ne mettre pas tout le fond de sa perfection sur la seule oraison, mais plutôt sur la tendance à la pure mortification.

2. De n’aller pas à l’oraison sans objet. À cet effet je suis d’avis qu’elle prépare des vérités universelles de la divinité de Jésus-Christ, comme serait : Dieu est tout-puissant et peut créer à l’infini des millions de mondes, et même à l’infini plus parfaits; Jésus a été flagellé de cinq milles et tant de coups de fouet ignominieusement, ce qu’Il a supporté par amour pour faire justice de mes péchés.

3. Que si portant son objet et à l’oraison elle est surprise d’une autre opération divine passive, alors elle se laissera aller. Voilà mon avis sur son oraison : qu’elle souffre patiemment ses peines qui proviennent principalement de quelque captivité de faculté. Qu’elle ne se décourage point pour ses ténèbres; quand elle les souffrira patiemment, elles lui serviront plus que les lumières.

19e Proposition : Il semble qu’elle aurait une joie sensible si on lui disait qu’elle mourrait bientôt; la vie présente lui est insupportable, voyant qu’elle l’emploie mal au service de Dieu et combien elle est loin de sa sacrée union. Il y avait lors trois choses qui régnaient en elle assez ordinairement, à savoir : langueur, ténèbres et captivité.

Réponse : Voilà des marques de l’amour habituel qui est en cette âme. Voilà mes pensées sur cet état, dont il me demeure un très bon sentiment en ma pauvre âme, et d’autant que je sens et prévois qu’elle sera du nombre des fidèles servantes de Dieu, mon Créateur, et que par les croix, elle entrera en participation de l’esprit de la pureté de notre bon Seigneur Jésus-Christ. Je la supplie de se souvenir de ma conversion en ses bonnes prières, et je lui ferai part des miennes [T4, p. 641] quoique pauvretés. J’espère qu’après cette vie Dieu tout bon nous unira en sa charité éternelle, par Jésus-Christ Notre Seigneur auquel je vous donne pour jamais.

Dans le deuxième texte infra on note la précision et le soin pris de même pour encadrer la jeune femme (elle n’aura que trente ans à la mort de son directeur). Une liste (cette fois elle atteint trente points!) livre le parfum commun à l’école. Bertot proposera plus tard de façon très semblable un «décalogue» de règles à observer par la jeune madame Guyon (dans une filiation, on n’invente pas).

Nous livrons tout le texte malgré sa longueur, car il est unique par sa précision et sa netteté dans une direction mystique assurée avec fermeté par «le bon Père Chrysostome» : on est infiniment loin de tout bavardage spirituel.

Deuxième texte : Autre réponse du même père à la même âme 266.

Cette vocation paraît : 1. Par les instincts que Dieu vous donne en ce genre de vie, vous faisant voir par la lumière de sa grâce la beauté d’une âme qui, étant séparée de toutes les créatures, inconnue, négligée de tout le monde, vit solitaire à son unique Créateur dans le secret dû.

2. Par les attraits à la sainte oraison avec une facilité assez grande de vous entretenir avec Dieu des vérités divines de son amour.

3. Dieu a permis que ceux de qui vous dépendez aient favorisé cette petite retraite qui n’est pas une petite grâce, car plusieurs souhaitent la solitude et y feraient des merveilles, lesquels néanmoins en sont privés.

4. Je dirai que Dieu par une Providence vous a obligée à honorer le saint Sacrement d’une particulière dévotion, et c’est dans ce Sacrement que notre bon Seigneur Jésus-Christ, Dieu et homme, mènera une vie toute cachée jusqu’à la consommation des siècles, que les secrets de sa belle âme vous seront révélés.

5. Bienheureuse est l’âme qui est destinée pour honorer les états de la vie cachée de Jésus, non seulement par acte d’adoration ou de respect, mais encore entrant dans les mêmes états. D’Aucuns honorent par leur état sa vie prêchante et conversante, d’autres sa vie crucifiée; quelques-uns sa vie pauvre, beaucoup sa vie abjecte; il me semble qu’Il vous appelle à honorer sa vie cachée. Vous le devez faire et vous donner à Lui, pour, avec Lui, entrer dans le secret, aimant l’oubli actif et passif de toute créature, vous cachant et abîmant avec Lui en Dieu, selon le conseil de saint Paul, pour n’être révélée qu’au jour de ses lumières.

6. Jamais l’âme dans sa retraite ne communiquera à l’Esprit de Jésus et n’entrera avec lui dans les opérations de sa vie divine, si elle n’entre dans ses états d’anéantissement et d’abjection, par lesquels l’esprit de superbe est détruit.

7. L’âme qui se voit appelée à l’amour actif et passif de son Dieu renonce facilement à l’amour vain et futile des créatures, et contemplant la beauté et excellence de son divin Époux qui mérite des amours infinis, elle croirait commettre un petit sacrilège de lui dérober la moindre petite affection des autres et partant, elle désire d’être oubliée de tout le monde [T4, p. 653] afin que tout le monde ne s’occupe que de Dieu seul.

8. N’affectez point de paraître beaucoup spirituelle : tant plus votre grâce sera cachée, tant plus sera-t-elle assurée; aimez plutôt d’entendre parler de Dieu que d’en parler vous-même, car l’âme dans les grands discours se vide assez souvent de l’Esprit de Dieu et accueille une infinité d’impuretés qui la ternissent et l’embrouillent.

9. Le spirituel ne doit voir en son prochain que Dieu et Jésus; s’il est obligé de voir les défauts que commettent des autres, ce n’est que pour leur compatir et leur souhaiter l’occupation entière du pur amour. Hélas! Faut-il que les âmes en soient privées ! Saint François voyant l’excellence de sa grâce et la vocation que Dieu lui donnait à la pureté suprême, prenait les infidélités à cette grâce pour des crimes, d’où vient qu’il s’estimait le plus grand pécheur de la terre et le plus opposé à Dieu, puisqu’une grâce qui eût sanctifié les pécheurs, ne pouvait vaincre sa malice.

10. L’oraison n’est rien autre chose qu’une union actuelle de l’âme avec Dieu, soit dans les lumières de l’entendement ou dans les ténèbres. Et l’âme dans son oraison s’unit à Dieu, tantôt par amour, tantôt par reconnaissance, tantôt par adoration, tantôt par aversion du péché en elle et en autrui, tantôt par une tendance violente et des élancements impétueux vers ce divin267 objet qui lui paraît éloigné, et à l’amour et jouissance auquel elle aspire ardemment, car tendre et aspirer à Dieu, c’est être uni à Lui, tantôt par un pur abandon d’elle-même au mouvement sacré de ce divin Époux qui l’occupe de son amour dans les manières [T4, p. 655] qu’il lui plaît. Ah! Bienheureuse est l’âme qui tend en toute fidélité à cette sainte union dans tous les mouvements de sa pauvre vie! Et à vrai dire, n’est-ce pas uniquement pour cela que Dieu tout bon la souffre sur la terre et la destine au ciel, c’est-à-dire pour aimer à jamais? Tendez donc autant que vous pourrez à la sainte oraison, faites-en quasi comme le principal de votre perfection. Aimez toutes les choses qui favorisent en vous l’oraison, comme : la retraite, le silence, l’abjection, la paix intérieure, la mortification des sens, et souvenez-vous qu’autant que vous serez fidèle à vous séparer des créatures et des plaisirs des sens, autant Jésus se communiquera-t-Il à vous en la pureté de ses lumières et en la jouissance de son divin amour dans la sainte oraison; car Jésus n’a aucune part avec les âmes corporelles qui sont gisantes dans l’infection des sens.

11. L’âme qui se répand dans les conversations inutiles, ou s’ingère sous des prétextes de piété, se rend souvent indigne des communications du divin Époux qui aime la retraite, le secret et le silence. Tenez votre grâce cachée : si vous êtes obligée de converser quelquefois, tendez avec discrétion à ne parler qu’assez peu et autant que la charité le pourra requérir; l’expérience nous apprendra l’importance d’être fidèle à cet avis.

12. Tous les états de la vie de Jésus méritent nos respects et surtout ses états d’anéantissement. Il est bon que vous ayez dévotion à sa vie servile; car il a pris la forme de serviteur, et a servi en effet son père et sa mère en toute fidélité et humilité vingt-cinq ou trente ans en des exercices très abjects et en un métier bien pénible; et pour honorer cette vie servile et abjecte de notre bon Sauveur Jésus-Christ, prenez plaisir à servir plutôt qu’à être servie, et vous rendez facile aux petits services que l’on pourra souhaiter de vous, et notamment quand ils seront abjects et répugnants à la nature et aux sens.

13. Jésus dans tous les moments de sa vie voyagère a été saint, et c’est en iceux la sanctification des nôtres; car il a sanctifié les temps, desquels il nous a mérité l’usage, et généralement toutes sortes d’états et de créatures, lesquelles participaient à la malédiction du péché. Consacrez votre vie jusqu’à l’âge de trente-trois ans à la vie voyagère du Fils de Dieu par correspondance de vos moments aux siens, et le reste de votre vie, si Dieu vous en donne, consacrez-le à son état consommé et éternel, dans lequel Il est entré par sa résurrection et par son ascension. Ayez dès à présent souvent dévotion à cet état de gloire de notre bon Seigneur Jésus-Christ, car c’est un état de grandeur qui était dû à son mérite, et dans lequel vous-même, vous entrerez un jour avec lui, les autres états [d’anéantissement] de sa vie voyagère n’étant que des effets de nos péchés.

14. L’âme qui possède son Dieu ne peut goûter les vaines créatures, et à dire vrai, celui-là est bien avare à qui Dieu ne suffit268. À mesure que votre âme se videra de l’affection aux créatures, Dieu tout bon se communiquera à vous en la douceur de ses amours et en la suavité de ses attraits, et dans la pauvreté suprême de toutes créatures, vous vous trouverez riche [T4, p. 659] par la pure jouissance du Dieu de votre amour, ce qui vous causera un repos et une joie intérieure inconcevables.

15. Vous serez tourmentée de la part des créatures qui crieront à l’indiscrétion et à la sauvagerie : laissez dire les langues mondaines, faites les œuvres de Dieu en toute fidélité, car toutes ces personnes-là ne répondront pas pour vous au jour de votre mort; et faut-il qu’on trouve tant à redire de vous voir aimer Dieu?

16. Tendez à vous rendre passive à la Providence divine, vous laissant conduire et mener par la main, entrant à l’aveugle et en toute soumission dans tous les états où elle voudra vous mettre, soit qu’ils soient de lumière ou de ténèbres, de sécheresse ou de jouissance, de pauvreté, d’abjection, d’abandon, etc. Fermez les yeux à tous vos intérêts et laissez faire Dieu, par cette indifférence à tout état, et cette passivité à sa conduite, vous acquerriez une paix suprême qui [vous établira dans la pure oraison269] et vous disposera à la conversion très simple de votre âme vers Dieu le Créateur.

17. Notre bon Seigneur Jésus-Christ s’applique aux membres de son Église diversement pour les convertir à l’amour de son Père éternel, nous recherchant avec des fidélités, des artifices et des amours inénarrables. Oh! Que l’âme pure qui ressent les divines motions de Jésus et de son divin Esprit, est touchée d’admiration, de respect et d’amour à l’endroit de ce Dieu fidèle!

18. Renoncez à toute consolation et tendresse des créatures, cherchez uniquement vos consolations en Jésus, en son amour, en sa croix et son abjection. Un petit mot que Jésus vous fera entendre dans le fond de votre âme la fera fondre et se liquéfier en douceur. Heureuse est l’âme qui ne veut goûter aucune consolation sur la terre de la part des créatures!

19. Par la vie d’Adam, nous sommes entièrement convertis à nous-mêmes et à la créature, et ne vivons que pour nous-mêmes, et pour nos intérêts de chair et de sang; cette vie nous est si intime qu’elle s’est glissée dans tout notre être naturel, n’y ayant puissance dans notre âme, ni membre en notre corps qui n’en soit infecté; ce qui cause en nous une révolte générale de tout nous-mêmes à l’encontre de Dieu, cette vie impure formant opposition aux opérations de sa grâce, ce qui nous rend en sa présence comme des morts; car nous ne vivons point à Lui, mais à nous-mêmes, à nos intérêts, à la chair et au sang. Jésus au contraire a mené et une vie très convertie à son Père éternel par une séparation entière, et une mort très profonde à tout plaisir sensuel et tout intérêt propriétaire de nature, et Il va appelant ses élus à la pureté de cette vie, les revêtant de Lui-même, après les avoir dépouillés de la vie d’Adam, leur inspirant sa pure vie. Oh! Bienheureuse est l’âme qui par la lumière de la grâce connaît en soi la malignité de la vie d’Adam, et qui travaille en toute fidélité à s’en dépouiller par la mortification, car elle se rendra digne de communiquer à la vie de Jésus!

20. Tandis que nous sommes sur la terre, nous ne pouvons entièrement éviter le péché. Adam dans l’impureté de sa vie nous salira toujours un peu; nous n’en serons exempts qu’au jour de notre mort que Jésus nous consommera dans sa vie divine pour jamais, nous convertissant si parfaitement [à son Père éternel] par la lumière de sa gloire que jamais plus nous ne sentions l’infection de la vie d’Adam ni d’opposition à la pureté de l’amour.

21. La sentence que Notre Seigneur Jésus-Christ prononcera sur notre vie au jour de notre mort est adorable et aimable, quand bien par icelle il nous condamnerait, car elle est juste et divine, et partant mérite adoration et amour : adorez-le donc quelquefois, car peut-être alors vous ne serez pas en état de le pouvoir faire; donnez-vous à Jésus pour être jugée par lui, et le choisissez pour juge, quand bien même il serait en votre puissance d’en prendre un autre. Hugo, saint personnage, priait Notre Seigneur Jésus-Christ de tenir plutôt le parti de son Père éternel que non pas le sien : ce sentiment marquait une haute pureté de l’âme, et une grande séparation de tout ce qui n’était point purement Dieu et ses intérêts.

22. Notre bon Seigneur Jésus-Christ dit en son Évangile : bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Oh! En effet, bienheureuse est l’âme qui n’a point ici d’autre désir que d’aimer et de vivre de la vie du pur amour, car Dieu lui-même sera sa nourriture, et en la plénitude de son divin amour assouvira sa faim. Prenez courage, la faim que vous sentez est une grâce de ferveur qui n’est donnée qu’à peu. Travaillez à évacuer les mauvaises humeurs de la nature corrompue, et cette faim ira toujours croissant, et vous fera savourer avec un plaisir ineffable les douceurs des vertus divines.

23. Tendez à acquérir la paix de l’âme autant que vous pourrez par la mortification de toutes les passions, par le renoncement à toutes vos volontés, par la désoccupation de toutes les créatures, par le mépris de tout ce que pourront dire les esprits vains et mondains, par l’amour à la sainte abjection, par un désir d’entrer courageusement dans les états d’anéantissement de Jésus-Christ quand la Providence le voudra, par ne vouloir uniquement que Dieu et sa très sainte volonté, par une indifférence suprême à tous événements; et votre âme ainsi dégagée de tout ce qui la peut troubler, se reposera agréablement dans le sein de Dieu, qui vous possédant uniquement, établira en vous le règne de son très pur amour.

24. Il fait bon parler à Dieu dans la sainte oraison, mais aussi souvent il fait bon l’écouter, et quand les attraits et lumières de la grâce nous préviennent, il les faut suivre par une sainte adhérence qui s’appelle passivité.

25. Le spirituel dans les voies de sa perfection est sujet à une infinité de peines et de combats : tantôt il se voit dans les abandons, éloignements, sécheresses, captivités, suspensions; tantôt dans des vues vives de réprobation et de désespoir; tantôt dans les aversions effroyables des choses de Dieu; tantôt dans un soulèvement général de toutes ses passions, tantôt dans d’autres tentations très horribles et violentes, Dieu permettant toutes ces choses pour évacuer de l’âme l’impureté de la vie d’Adam, et sa propre excellence. Disposez-vous à toutes ces souffrances et combats, et souvenez-vous que la possession du pur amour vaut bien que nous endurions quelque chose, et partant soyez à Jésus pour tout ce qu’il lui plaira vous faire souffrir.

26. Derechef, je vous répète que vous soyez bien dévote à la Sainte Vierge : honorez-la dans tous les rapports qu’elle a au Père éternel, au Fils et au Saint-Esprit, à la sainte humanité de Jésus. Honorez-la en la part qu’elle a à l’œuvre de notre rédemption, en tous les états et mystères de sa vie, notamment en son état éternel, glorieux et consommé dans lequel elle est entrée par son Assomption; honorez-la en tout ce qu’elle est en tous les saints, et en tout ce que les saints sont par elle : suivez en ceci les diverses motions de la grâce, et vous appliquez à ces petites vues et pratiques selon les différents attraits. Étudiez les différents états de sa vie, et vous y rendez savante pour vous y appliquer de fois à autre; car il y a bénédiction très grande d’honorer la Sainte Vierge. Je dis le même de saint Joseph : c’est le protecteur de ceux qui mènent une vie cachée, comme il l’a été de celle de Jésus-Christ.

27. La perfection ne consiste pas dans les lumières, mais néanmoins les lumières servent beaucoup pour nous y acheminer, et partant rendez-vous passive à celles que Dieu tout bon vous donnera, et en outre tachez autant que vous pourrez à vous instruire des choses de la sainte perfection par lectures, conférences, sermons, etc., et souvenez-vous que si vous ne nourrissez votre grâce, elle demeurera fort faible et peut-être même pourrait-elle bien se ralentir.

28. L’âme de Jésus-Christ est le paradis des amants en ce monde et en l’autre; si vous pouvez entrer en ce ciel intérieur, vous y verrez des merveilles d’amour, tant à l’endroit de son Père que des prédestinés. Prenez souvent les occupations et la vie de ce tout bon Seigneur pour vos objets d’oraison.

29. Tendez à l’oraison autant que vous pourrez : c’est, ce me semble, uniquement pour cela que nous sommes créés : je dis pour contempler et [pour] aimer; c’est faire sur la terre ce que font les bienheureux au ciel. Aimez tout ce qui favorisera en vous l’oraison, et craignez tout ce qui lui sera opposé. Tendez à l’oraison pas vive, en laquelle l’âme sans violence entre doucement dans les lumières qui lui sont présentées, et se donne en proie à l’amour, pour être dévorée par ses très pures flammes suivant les attraits et divines motions de la grâce. Ne vous tourmentez point beaucoup dans l’oraison, souvent contentez-vous d’être en la présence de Dieu, sans autre opération que cette simple tendance et désir que vous sentez de L’aimer et de Lui être agréable; car vouloir aimer est aimer, et aimer est faire oraison.

30. Prenez ordinairement des sujets pour vous occuper durant votre oraison; mais néanmoins ne vous y attachez pas, car si la grâce vous appelle à d’autres matières, allez-y; je dis ordinairement, car il arrivera que Dieu vous remplissant de sa présence, vous n’aurez que faire d’aller chercher dedans les livres ce que vous aurez dans vous-même; outre qu’il y a de certaines vérités divines dans lesquelles vous êtes assez imprimée, que vous devez souvent prendre pour objets d’oraison. En tout ceci, suivez les instincts et attraits de la grâce. Travaillez à vous désoccuper et désaffectionner de toutes les créatures, et peu à peu votre oraison se formera, et il y a apparence, si vous êtes fidèle, que vous êtes pour goûter les fruits d’une très belle perfection, et que vous entrerez dans les états d’une très pure et agréable oraison : c’est pourquoi prenez bon courage; Dieu tout bon vous aidera à surmonter les difficultés que vous rencontrerez dans la vie de son saint Amour. Soyez fidèle, soyez à Dieu sans réserve; aimez l’oraison, l’abjection, la croix, l’anéantissement, le silence, la retraite, l’obéissance, la vie servile, la vie cachée, la mortification. Soyez douce, mais retenue; soyez jalouse de votre paix intérieure. Enfin, tendez doucement à convertir votre chère âme à Dieu, son Créateur, par la pratique des bonnes et solides vertus. Que Lui seul et son unique amour vous soient uniquement toutes choses. Priez pour ma misère et demandez quelquefois pour moi ce que vous souhaitez pour vous 270.

Extraits de lettres où Mectilde parle de Chrysostome

Les 26 lettres sont de Mectilde sauf une : 6 en 1644, 5 en 1645, 13 en 1646 où meurt Chrysotome, 2 en 1653. Rien de fondamental sauf un profond attachement à l’égard de Chrysostome (Mectilde est encore loin d’avoir achevé un détachement mystique), le transfert de direction que ce dernier confie à Bernières, la récolte difficile de ses écrits auprès de ses confrères du TOR, l’édition entreprise à Paris par Mectilde qui obtiendra trois approbations. Bernières est absent en tant qu’écrivain de lettres, mais il assurera l’édition complémentaire du volume publié à Caen, nettement plus d’intérêt à nos yeux. Voici des extraits de ces lettres271 :

15 février 1644 LMB Saint Maur («Notre bon Père» surchargé).

Je n’osais m’adresser directement à vous, sachant bien que présentement les affaires du Canada vous occupent, néanmoins j’étais pressée de vous demander par l’entremise de notre bon Frère Monsieur de Rocquelay l’assistance que vous m’avez donnée. Notre bon Père Chrysostome étant toujours surchargé d’affaires je ne l’ose l’importuner. De sorte que je supplie votre charité de souffrir que je m’adresse quelquefois à vous pour en recevoir ce que ma nécessité demande et ce que la gloire d’un Dieu vous oblige de me donner.

31 mars 1644 LMB (Des bons effets d’une direction appréciée).

Il n’y a rien dans cet écrit que vous puissiez faire transcrire, car de plus de mille personnes vous n’en trouverez point de ma voie ni qui lui soit arrivé tant de choses. Vous n’en verrez qu’un bien petit abrégé en cet écrit, car des grands volumes ne suffiraient pour contenir le tout. J’espère néanmoins que vous en concevez suffisamment pour admirer la bonté de Dieu qui m’a enlevée par les cheveux comme le Prophète. Le bon Père Chrysostome ne se peut tenir de remarquer quelle Providence de Dieu, et combien amoureuse sur une pécheresse comme moi. Toute la répugnance que je puis avoir de la vue de l’écrit, c’est certaines rêveries. [...]

Voilà aussi un petit billet qu’une de mes Sœurs écrit au Révérend Père Chrysostome, je vous supplie de me bien recommander à lui à Dieu encore une fois mon très cher Frère.

13 mai 1644 LMJ (sur les écrits du Père).

À Jourdaine de Bernières Le ciel vous récompensera de tout et singulièrement du saint petit livre que vous m’avez envoyé. On dit qu’il ne s’en trouve plus d’imprimé. Je vais le faire remettre sous la presse, car j’en désire quantité272. Vous avez fort bien compris dans la lettre de N273 ce que je demande de sa charité, et lesquelles choses il m’a promis. J’excuse le retardement qu’il apporte à me donner ce bien d’autant que je sais qu’il est si fort occupé de Dieu et employé ès œuvres de son service qu’il n’a pas le loisir d’effectuer ce qu’il m’a promis, mais puisque la Divine Providence vous a fait la dépositaire de ces trésors, je vous supplie en l’amour des sacrées plaies de notre très adorable Maître de me faire part des grands biens que vous possédez.

Entre autres choses, il m’a parlé de certains degrés de la parfaite abjection que notre bon Père Chrysostome a fait depuis peu, mais ils ne sont imprimés. Lui ayant dit que j’avais un imprimeur à ma liberté il m’assura qu’il me les enverrait avec la beauté divine et quantité d’autres choses, je ne sais s’il en a perdu le souvenir. Au temps qu’il pourra appliquer son esprit à ces choses, je supplie votre bonté de lui en parler. Cependant, de votre274 [26], soyez-moi favorable et prenez quelque pitié d’une âme dans toutes sortes de privations. Je vous renverrai fidèlement ce que vous m’envoyez après que je l’aurai copié.

19 août 1644 LMR (Visite attendue).

J’attends cette semaine notre très cher Père Chrysostome. J’attends quelque chose de sa charité pour une de mes sœurs d’ici et pour la Mère Benoîte. Je vous enverrai le tout lorsque je l’aurai, quand Notre Seigneur vous donnera quelque chose ensuite de sa divine soif. Je vous supplie m’en faire part afin qu’avec vous je puisse au mieux qu’il me sera possible désaltérer l’ardeur de mon Jésus et souffrir lors qu’il m’en rendra digne. Je vous laisse tout à lui et pour lui. Je suis/M./Votre etc.

21 octobre 1644 LMR (Voyage à Paris?)

J’attends cette semaine le bon Père Chrysostome pour l’entretenir sur les pensées d’une retraite que j’ai faite ces jours passés. Je vous enverrai ses sentiments sur ce que j’ai expérimenté. [...] Je vous supplie que notre cher N. se souvienne quelquefois devant Dieu de sa pauvre et indigne Sœur. On m’a dit qu’il devait bientôt venir à Paris. Je m’en réjouis, car certainement notre bon Père viendra à Saint-Maur avec lui. Très cher Frère, tâchez d’être de la partie et notre joie sera grande. Nous parlerons ouvertement de tout ce que nous aimons

10 décembre 1644 LMR Saint Maur (sur la Mère Benoîte, «une élue»).

Je viens de recevoir une lettre que notre bonne Mère Benoîte vous écrit. Je vous l’envoie vous suppliant de prendre la peine de lui écrire comme vous l’avez reçue. Je pensais vous envoyer la disposition, mais elle est encore entre les mains de notre bon Père Chrysostome. Je promets qu’aussitôt qu’il y aura fait réponse, je vous en enverrai la copie. Vous verrez un excès de la miséricorde divine à la sanctification de cette âme. C’est une élue.

29 janvier 1645 LMR route de Rambervillers (Voyage en Lorraine?)

À Monsieur de Rocquelay. Notre sortie de Paris a été en quelque sorte si précipitée qu’il me fut impossible de vous écrire selon que je l’avais projeté. J’appris de notre très honoré Père Chrysostome qu’il devait venir dans dix jours, mais il n’y avait pas moyen de retarder. Il me promit qu’il se souviendrait de moi dans les saintes conférences que vous ferez ensemble. [...] Je vous écris la présente à Voy, le dimanche 29 janvier 1645. Ce bourg est à 20 lieues de Rambervillers.

Février 1645 LMR Rambervillers («Suppliez-le»)

Priez Dieu pour nous, je vous supplie et m’obligez de prendre la peine de présenter nos humbles obéissances à notre bon Père Jean Chrysostome. Suppliez-le d’avoir mémoire de moi devant Notre Seigneur.

11 Août 1645 LMB (Maladie)

Je vous assure, Mon très cher Frère, que je vais prier Dieu en tous les lieux de ma connaissance pour la conservation de notre bon Père [Chrysostome]. Plus je fais de réflexion sur nos états plus je vois le besoin que nous avons de sa sainte conduite. Nous allons commencer une neuvaine de communions pour cet effet, nous adressant à la sacrée Mère de Dieu qui a tout pouvoir dans le Ciel. Chacune de nous en particulier le demande à Dieu. Je vous supplie, attendant votre réponse dans notre pauvre retraite de Saint-Maur, faites-moi savoir comme il se porte et puis que la divine Providence vous tient à Paris. Tâchez de le faire soulager, Monsieur de Saint-Firmin fut hier ici. Il me dit qu’il avait grand regret de n’être venu à Saint-Maur que vous y étiez. Il désire de vous voir. Il connaît [51] de très bons médecins. Voyez si je le dois prier de les consulter ou si vous prendrez la peine de parler vous-même aux médecins pour leur faire concevoir ses incommodités, il est important qu’ils en sachent les causes. Il me tarde d’apprendre ce qu’ils en auront conclu. Je voudrais être à Paris pour employer ma petite puissance à vous servir en cela. J’écris à monsieur Ameline sans lui parler de son affaire. Je laisse le tout à notre bonne Mère qui en peut parler comme il faut. Communiquez toutes choses à notre cher Père [Chrysostome] et ensemble conclure de ce qu’il convient faire pour la gloire de Dieu, et pour la perfection de celles qui seront destinées à cette œuvre.

25 Septembre 1645 LMB Saint Maur

Je ne vous mande rien de particulier. Je suis trop pressée. Nos humbles et bien affectionnées recommandations à notre cher Père [Chrysostome] lorsque vous le verrez.

5 novembre 1645 LMB (Les assistances reçues)

Je vous supplie avant que de partir de me recommander à notre très cher et bon Père [Chrysostome], et le remerciez pour moi de tous les soins et [41] les assistances que j’ai reçus de sa bonté. Obligez-le par vos intimes prières d’être toujours mon père et mon cher directeur, puisque notre Seigneur me l’a donné par vous. Faites, je vous supplie, que ce bonheur me soit continué

10 Février 1646 LMB (Une maladie qui ne paraît pas grave)

Jésus pauvre275 soit l’objet de votre amour! J’ai reçu une de vos lettres c’est l’unique que j’ai reçue depuis la maladie de notre très cher Père [Chrysostome] [...] Ne vous mettez point en peine de son traitement, nous qui sommes près de lui. Nous en avons bien soin. Il m’a mandé qu’il y avait apparence que sa fièvre le voulait quitter et qu’il s’abandonnait à ce qu’il plairait à notre Bon Dieu d’en ordonner. Il nous fait aussi espérer de le voir dès les premiers beaux jours. Il faudrait que vous fussiez de la partie pour rendre la consolation entière.

26 Mars 1646 LMB ( conduit à l’extrémité?)

Fidélité sans réserve276! Sacrificate sacrificium, etc. Je n’espérais pas vous mander de si tristes nouvelles, mais [98] il ne faut point différer de vous dire que notre très cher Père [Chrysostome] reçut hier au soir l’Extrême-Onction. Aujourd’hui matin, le médecin m’a mandé qu’il était à l’extrémité. Je vous laisse à penser quelle surprise et quel choc j’ai reçu à ces nouvelles. Il sortit d’ici mercredi, fête de notre Bienheureux Père277. Il était en si bonne disposition que j’en étais toute ravie. Il retourna trop tôt pour nous, car venant d’un bon air, le lendemain il retombe dans sa maladie dont les médecins conclurent qu’il lui fallait tirer du sang. Ce qui l’a réduit dans l’extrémité où il est, on n’en attend plus que la disposition de l’ordre divin. Je ne vous puis dire combien une telle perte me touche. Encore, si vous étiez ici pour lui rendre les derniers devoirs comme à notre très cher et très honoré Père!

C’est à présent que nous entrons dans le vrai dépouillement, car il me semblait qu’en le possédant, je jouissais d’une précieuse richesse. Je dirai désormais : «Mon Père qui êtes aux Cieux», puisque je le crois dans la béatitude éternelle s’il meurt. Et je commence déjà à le prier fervemment qu’il me donne secours du ciel comme il l’a fait en la terre pour aller à mon Dieu. J’ai mandé au bon Frère Jean [Aumont]  de vous avertir promptement de tout. Je ne sais s’il l’aura fait. Je finis, attendant des nouvelles de ce saint Père, j’envoie savoir comme il est. Je vous laisse dans la douleur de notre perte. Pour moi, je me sens comme abîmée dans le divin plaisir de mon Dieu avec agrément de toute [99] privation que je ressens très grande pour me donner moyen de me sacrifier de la bonne façon. À Dieu, mon très cher Frère, et pour l’avenir, mon Père et mon Frère. Au saint amour, je suis,/M/Votre, etc.

16 Avril 1646 LMJ. (La mort — Obtenir ses écrits — Une petite ceinture de fer)

À la Mère Jourdaine de Bernières, Supérieure des Ursulines de Caen.

Je voudrais vous pouvoir dire combien la mort de notre très saint Père Jean Chrysostome me dépouille des créatures. Il me semble que je n’ai plus de secours en terre et que je me dois désormais toute renfermer dans Dieu, où je trouverai celui qu’il a retiré de la terre pour l’abîmer dans l’éternité de son divin amour. Je vois néanmoins que mon dénuement n’est pas entier puisqu’il me reste la chère consolation d’écrire à notre cher Frère et de recevoir ses avis et les vôtres. Notre saint Père nous a instamment recommandé la communication avec grande franchise : ce sont ses dernières paroles que j’observerai toute ma vie à votre endroit et celui de nos deux bons frères. Ce fut l’avis qu’il me donna pour, après sa mort, conserver entre nous son esprit et ses hautes maximes de perfection qu’il nous enseignait de pratiquer. Je suis très aise que l’on vous écrivît sa mort. Le bon Père Elzéar, son bon parent, nous vint voir et se chargea de nos lettres qui vous exprimaient quelque peu de ma douleur. Je ne sais si vous l’avez reçu. Quoiqu’il en soit, ne vous mettez pas en peine de ma santé. Elle sera toujours bonne lorsque je ne désisterai point de me rendre à Dieu. J’écrivis ces jours passés à notre très Cher Frère où je lui mandais que notre saint Père demeurait toujours en abjection dans l’esprit de quelques-uns de leur maison, et Frère Jean m’a mandé qu’il n’en faut point parler.

J’avais prié Monsieur de N. de faire effort pour nous avoir quelques-uns de ses écrits, mais particulièrement celui des attributs divins. Il les a demandés avec trop peu de ferveur et, comme le Provincial lui demandait s’il les voulait voir et lire, j’en fus fâchée, car s’il les eût pris pour quinze jours, je les aurais fait copier. Je vois bien que ce bon M. n’était pas un de ses fidèles enfants. Il faut néanmoins que je fasse un second effort pour les avoir, mais j’attendrai l’avis de notre bon Frère auquel j’ai écrit de ceci. Le Révérend Père Elzéar vous fera bien mieux que moi le récit de la mort de notre digne Père. Je crois qu’il est présentement à Caen.

J’espère être demain ou après sur le tombeau de notre saint Père où certainement je verserai beaucoup de larmes. Je me souviendrai de vous, ma très Chère Sœur, car j’ai une grande confiance à ses prières et, depuis sa mort, j’ai reçu beaucoup de miséricordes et grâces très particulières. Je le prie en mes oraisons et je m’en trouve bien. Frère Jean désire de nous voir. J’apprendrai encore quelque chose de lui. J’ai demandé quelque chose pour conserver comme relique, mais je n’ai pas été digne d’obtenir ce que je désirais. Un peu avant sa mort, il m’avait donné sa petite ceinture de fer qu’il a portée beaucoup d’années. Je la garde bien chèrement et duquel je voulais vous en écrire et à notre cher Frère, mais j’attendais encore pour voir si ma disposition est solide.  

24 Juin 1646 RMR («Un souvenir très particulier» - Projet de publication)

Le jour de la Saint Jean [Baptiste], qui est la fête de notre très cher frère duquel j’ai eu un souvenir très particulier. Dieu seul! Monsieur, Jésus nous soit uniquement toutes choses à jamais! Je me réserve de vous écrire après le départ de notre chère Mère où j’espère avoir plus de loisir qu’à présent. Cependant votre bonté m’oblige de vous écrire ce mot pour vous assurer que j’ai reçu les deux livres que notre très cher Frère [Bernières] nous envoie (par votre bon voisin). Je l’en remercie de tout mon cœur et vous aussi. C’est pour une bonne demoiselle de nos bienfaitrices qui nous les a demandés très instamment. Vous nous avez obligée extrêmement. Je [ne] prétends point vous entretenir par la présente. Je me réserve à vous raconter mes dépouillements qui semblent s’accroître tous les jours, mais d’une manière que je ne sais si je vous la pourrai dire. Je vous supplie de dire à notre très cher et très bon Frère que s’il veut faire imprimer quelque écrit de notre bienheureux Père [Chrysostome)] que monsieur le Curé de Saint-Jean en Grève à Paris me promet telle approbation que je voudrais pour les écrits de ce digne personnage. Que notre cher Frère voie s’il est à propos de faire imprimer la sainte abjection. Une autre personne s’offre à payer les frais qu’il y faudra faire. Je suis dans l’attente de deux témoignages de deux bons prêtres, grands serviteurs de Dieu, qui ont eu connaissance particulière de la béatitude de notre saint Père. Je vous les enverrai si notre Seigneur me rend digne de les posséder. J’ai vu son portrait. On me l’apporta jeudi dernier, mais il a si peu de ressemblance à son original que j’ai prié le peintre d’en faire un autre. Je lui ai dit les défauts que j’y trouvais. Il m’a promis d’y travailler au bref. La vue de son image quoique mal faite m’a extrêmement touchée et causé de si grands respects que s’il eût été bien naturel, je me fusse jetée en terre pour le révérer et le baiser dans un grand sentiment d’humilité, mais il avait si peu de rapport que s’il ne m’eût assuré qu’il l’avait (peint) pour représenter ce saint Père, je ne l’aurais jamais pris pour cela.

7 juillet 1646 RMB (Confiée à Bernières)

Ayez pitié de mes pauvretés et me prêtez secours pour aller à Dieu. Notre Père [Chrysostome] m’a ordonné d’avoir recours à votre charité et je vous demande l’aide que vous me devez par son saint amour, pour ne point tomber dans une infidélité qui ne se pourrait bonnement réparer.

28 Juillet 1646 RMB Le Bienheureux Grégoire Lopez – Elle se confie à Bernières)

Je commençai le lendemain que j’ai reçu votre lettre qui était le 20 juillet, la fête du bienheureux Grégoire Lopez278. Je fus extrêmement aise [77] de me pouvoir donner à la puissance et à l’amour de Jésus Christ avec ce grand saint. Notre bienheureux Père [Chrysostome] m’a bien recommandé de l’aimer et de tâcher de l’imiter dans sa haute pureté. Il est vrai que la divine miséricorde m’a fait beaucoup de grâces, mais il faut que vous connaissiez mes infidélités aussi bien que les faveurs que je reçois de notre bon Seigneur. Elles sont extrêmes et la négligence que j’apporte à la grâce est un défaut épouvantable, car il me semble que mon esprit ne devrait plus être ni avoir vie qu’en Jésus-Christ. Je sens un grand désir d’user de la simplicité dont vous nous parlez dans les vôtres pour par icelles avoir moyen d’accomplir les conseils de notre bon Père, mais je vous supplie, avertissez-moi en toute franchise et liberté de ce que vous remarquerez être contraire à l’esprit de Jésus Christ. Vous ne pouvez refuser cette grâce sans offenser sa charité qu’il a mise en vous et qu’il prend plaisir d’y régner.

21 Août 1646 RMB (Bernières saint Ange)

Je remarque qu’au temps que vous pouvez posséder ce bonheur, je priais plusieurs jours de suite mon saint ange [P. Chrysostome] de faire prier cette sainte pour moi. Hélas, je ne pensais pas pour lors que vous deviez faire l’office de mon Ange.

5 septembre 1646 L 1,34 Pauvres de toutes créatures, ne vivons que de Dieu purement en Dieu. (Union).

Ma très chère Sœur, pauvres de toutes créatures, ne vivons que de Dieu purement en Dieu. Ce doit être à présent là notre principale occupation, puisque ce que nous possédions de plus cher en la terre est tellement en Dieu, qu’il sera éternellement une même chose avec Lui. Nous ne pouvons donc désormais être unis à ce cher père [Chrysostome] que nous ne soyons unis à Dieu. Et c’est ce qui nous doit faire estimer notre privation, puisqu’elle nous conduit à une si parfaite union.

26 Septembre 1646 RMR

J’ai bien de quoi vous entretenir de notre bon Père et de notre cher Ange [Chrysostome et Bernières]. Priez Dieu pour moi de tout votre cœur. Je vous enverrai deux dispositions intérieures bien jolies. À Dieu, mon très cher Frère! Que Jésus vous consomme de son divin amour et nous favorise d’une pauvreté suprême de toutes créatures, d’une souffrance sans consolation d’aucune créature!

5 Octobre 1646 RMR (Récolte d’écrits, portrait)

J’attends avec affection le traité de la sainte abjection de notre B. P. [Chrysostome]. J’ai un imprimeur tout prêt qui désire avec passion de l’imprimer et deux excellents docteurs qui donneront leur approbation. Voyez si vous voulez prier Monsieur de Barbery d’y joindre la sienne. Si vous m’aviez donné la beauté divine, il y a longtemps que cela serait fait. Je vous supplie, que ce soit au plus tôt et me mandez, s’il vous plaît, si notre très cher frère le veut en petit livre ou en cahier. Envoyez-moi un petit morceau de papier de la largeur et longueur que vous le désirez. Voilà une copie de son portrait que le peintre m’a envoyé, mais je l’ai trouvée si mal rapportant à son original que je l’ai prié d’en faire d’autres et lui ai dit les défauts que j’y remarque. Celui-ci n’en a quasi point de ressemblance. Le second qu’il a fait est beaucoup mieux. J’espère qu’au troisième, il réussira et puis il nous en fera des tableaux à l’huile plus solides que celui-ci. Montrez-le, s’il vous plaît, et leur demandez s’ils ont reçu nos lettres.

23 Octobre 1646 RMB («il me semble que j’ai changé de disposition»)

Dieu seul et il suffit!

Depuis la mort de notre bon Père [Chrysostome], il me semble que j’ai changé de disposition et je ne sais si vous avez vu quelque petite chose, mais grande pour moi, que j’ai reçue de la divine bonté. Entre autres choses (Je serais trop longtemps à dire le reste), il me fut donné d’entendre que cette année était pour moi une année de miséricorde et, pour vous parler franchement, il ne se passe guère de jours que je n’en reçoive de nouvelles. Je les attribue au mérite et à l’intercession de notre bon Père et admire une chose en lui à mon égard. La première fois que je m’en aperçus fut peu de jours après sa bienheureuse mort. Je me sentis poussée intérieurement de demeurer environ deux heures à genoux, les mains jointes, et mon âme se trouvait dans un si grand respect que je ne pouvais me mouvoir à l’extérieur. Au commencement, je faisais une très humble et très douce prière à notre bienheureux Père de me donner part à son esprit. Enfin je désirais avoir liaison avec son âme, et entrer dans ses fidélités au regard de la grâce, et après cette petite prière je me trouve dans un grand silence. Mon âme adhérait passivement à son lieu et on me tenait en état de recevoir de grandes choses. Dans ce silence et ce grand recueillement de toutes mes puissances, il se fit en mon âme une impression de l’esprit de Jésus Christ et cela se faisait, tout mon intérieur était rempli de Jésus Christ, comme une huile épanchée, mais qui opérait une telle onction, que depuis ce temps-là, il m’en a toujours demeuré quelque sentiment, mais ceci fit des effets tout particuliers en moi.

Pour notre refuge ici, nous vivons comme des enfants attachés à la sainte Providence qui nous subvient en nos besoins. Notre bon Père [Chrysostome] nous a très instamment exhortées en ses derniers jours d’établir ce refuge et d’en faire une retraite d’âmes ordonnées et attirées à l’oraison.

Ne devons-nous pas plus espérer de vous voir, mon très cher Frère? [Ne] viendrez-vous pas visiter le tombeau de notre bon Père [Jean Chrysostome] et par même moyen consoler de votre présence ses pauvres enfants? Je n’espère pas encore retourner en Lorraine, mais si cela est, il faut auparavant que vous me fassiez la grâce de me faire voir la bonne âme de Coutances. Je ne crois pas que Notre Seigneur désagrée cela (sic). J’espère qu’il vous en donnera la pensée. Pour les commodités du voyage, j’y mettrai bon ordre et sans bruit. Il suffirait que vous y trouvassiez pour nous y donner accès.

Le bon Frère Jean [Aumont] vous salue d’une entière affection, et vous remercie de tout son cœur de la peine que vous avez prise pour son dessein. Il est tellement rempli de la divine grâce, à présent, qu’il a perdu tout autre désir.

6 Novembre 1646 RMB (« vous êtes mon bon Frère et celui qui m’est donné de Dieu par la bouche de notre bon Père.»). 

3/Je crains de perdre l’esprit d’oraison qu’il semble prendre quelque petit accroissement, celui de pénitence et de sainte pauvreté et abjection que notre bon Père [Chrysostome] nous a si saintement imprimées en notre esprit.

À Dieu, mon très cher Frère! Voyez avec quelle simplicité je vous écris. Vous le voulez bien, car vous êtes mon bon Frère et celui qui m’est donné de Dieu par la bouche de notre bon Père.

1653 L 3,51 Dieu est mon âme et mon âme est Dieu.

J’espère d’être bientôt en l’état que la direction du Père Chrysostome avait tant approuvé, et m’avait conseillé de la part de Notre Seigneur. Que N. lui offre, s’il lui plaît, je l’en prie de tout mon cœur, afin que dépouillé de moi-même, je sois revêtu de Jésus-Christ.

1er Décembre 1653 lettre à Monsieur Henri Boudon

Mon très cher frère279 Jésus soit notre unique vie pour le temps et l’éternité. Il y a quelque dix ou douze jours que je suis incommodé d’un gros rhume qui m’a empêché de répondre à vos précédentes dont je vous remercie, ayant reçu beaucoup de consolation à les lire. Je réponds présentement à votre dernière et voici une lettre pour notre chère Mère de St Jean toute conforme a vos intentions que vous lui ferez tenir en la manière que vous le jugerez à propos. Jamais cette bonne mère ne m’a parlé de Madame de Guise.

Lettre datée du 12 avril 1646 de Benoîte de la Passion à Mectilde

à notre révérende Mère Institutrice réfugiée à Saint-Maur :

«Vive l’anéantissement sacré de mon Dieu! Par la lecture de votre lettre, j’ai appris que notre cher Père avait quitté la terre pour aller au ciel. J’eus une grande émotion de cœur qui me continua le long du jour (c’était le dimanche de Quasimodo). Cette émotion contenait en soi une grande ardeur d’esprit, qui brisait quasi les forces du corps. L’espérance, la réjouissance de sa béatitude emportait le dessus sur la tristesse. Au commencement de l’office des morts, je fus outré de nouveau d’une grande tristesse, mais l’intime complaisance au vouloir de ce grand Dieu ne permit point que les larmes coulassent. Il me semblait que mon âme se fondait en dilection du bon plaisir de Dieu. Étant en oraison après Vêpres, il me fut montré comme dans une nuée assez claire, que la perte que nous avons faite se trouvait dans le ciel, qu’on ne pouvait pas dire en vérité l’avoir perdu, que les pertes que l’on fait en Dieu se retrouvent pleinement en Lui.

Vous savez, ma très Chère Mère, combien j’ai perdu, parlant humainement, néanmoins il n’était pas en mon pouvoir d’en faire le sacrifice à ce Dieu d’amour, parce que mon vouloir était tout anéanti dans le vouloir divin. Je ne saurais dire, ma très Chère Mère, l’occupation de mon esprit tout ce jour-là. J’aime autant en béatitude, et même davantage que l’assistance que j’en recevais lorsqu’il était en terre. Il nous peut beaucoup plus servir en ces hauts lieux qu’en cette vallée de larmes. Je suis bien plus près de lui à présent que lorsqu’il était vivant à Paris, parce que nous le trouvons en Dieu.

Il faut que je vous dise, ma Chère Mère, qu’un peu avant la mort, une nuit en dormant il me semblait voir un religieux de l’ordre de Saint-François, grandement vénérable, qui me parlait de Dieu et des choses de la perfection avec beaucoup de dilection pour moi. La nuit suivante, je vis le même religieux dans un lieu où il y avait une grande assemblée de peuple, entr’autres vous y étiez, Chère Mère, et notre Mère Prieure et une religieuse. Ce digne religieux était un peu éloigné de nous et tenait dessous ses pieds un serpent et beaucoup de bêtes venimeuses qui dans mon esprit représentaient le diable, la chair et le monde. Les ayant ainsi subjuguées, il s’en alla avec grande vitesse et agilité dans un lieu très haut et délicieux. Étant dans ce lieu délectable, il regardait toute l’assistance avec une grande douceur. Qu’est ceci, disais-je en moi-même? Ne serait-ce point le Père Chrysostome qui s’en ira bientôt à Dieu? Ma Chère Mère, je vous dis ceci en simplicité, et je n’y fais aucun fondement

Tables

1.Table d’ensemble :

Ce dossier contient de larges extraits prélevés dans les sources qui nous éclairent sur les débuts de «l’école du cœur» :

Présentation

Les débuts du tiers Ordre franciscain — Vincent Mussart — Notices (J.-M. de Vernon)

La Vie d’Antoine Le Clerc, sieur de la Forest (J.-M. de Vernon)

L’Homme Intérieur ou La Vie du Vénérable Père Jean Chrysostome (Henri-Marie Boudon)

Divers exercices de piété et de perfection (Chrysostome de Saint-Lô édité par M. de Bernières)

Divers traités spirituels et méditatifs (Chrysostome de Saint-Lô édité par Mère Mectilde)

: Monsieur de Bernières et Mère Mectilde (Extraits prélevés dans les sources précédentes)


J’omets la transcription de près de la moitié des Divers exercices de piété et de perfection, gros assemblage de six cents pages d’écrits recueillis «de notre bon Père». Il s’agit d’exercices méditatifs et ascétiques. Ils soulignent les épreuves subies par Jésus-Christ, le modèle pour François d’Assise qui fut fidèlement repris à l’Ermitage de Caen. Ils constituaient des supports utilisés tous les jours et lors des retraites par les Associés de l’Abjection. Marquées par un esprit de grande humilité et de simplicité franciscaine, mais aussi par le dolorisme propre aux dévots du Grand Siècle, des sections sont écourtées lorsqu’elles s’avèrent répétitives et mettent alors mal en valeur la fraîcheur spontanée propre à la vie des mystiques. Par contre la dernière partie de l’assemblage livre les directions personnelles assurées par le P. Chrysostome. Elle est admirable.



2.Table détaillée

Présentation 7

Les origines et le sieur de la Forest (1563-1628)7

Le maître caché des mystiques normands9


Les débuts de l’Ordre & Vincent Mussart 13

Article XVIII. La restauration des tertiaires réguliers en France en 1595 par le révérend père Vincent Mussart ou de Paris.15

Article XIX. Le père Vincent de Paris surmonte des difficultés extrêmes dans le rétablissement du tiers Ordre Régulier.16

Article XX. Le progrès de la congrégation gallicane depuis le commencement de sa réforme.18

[Election du P. Chrysotome provincial de France]18

§.XXII. Les personnes remarquables de la province de Saint-François [Vincent de Paris annote Denis le Chartreux]18


Notice sur le P. Chrysostome19


La Vie d’Antoine Le Clerc, sieur de la Forest 23

Chapitre premier. Sa jeunesse et sa science.25

Chapitre II. Ses exercices de piété.27

Chapitre III. Son degré d'oraison, et son esprit prophétique.29

Chapitre IV. Continuation du sujet précédent.32

Chapitre V. Sa préparation à la mort.34


L’Homme Intérieur ou La Vie du Vénérable Père Jean Chrysostome 39

Première partie42

Chapitre II. La naissance et l’éducation du vénérable Père Jean Chrysostome.42

Chapitre III. Son entrée dans le cloître.43

Chapitre IV. Ses excellentes vertus dans l’état religieux.44

Chapitre VI. Sa pureté angélique.46

Chapitre VIII. Sa fidélité inviolable aux exercices spirituels.47

Chapitre X. Sa vertu éminente dans ses différents emplois, et les bénédictions abondantes que Dieu y a répandues.47

Deuxième partie.50

Chapitre Premier. De sa haute estime pour Dieu.50

Chapitre II. Du pur amour que le vénérable P. Jean Chrysostome e eu pour Dieu.51

Chapitre V. De son entier abandon à la Divine Providence.53

Chapitre VI. De la sainte haine qu’il s’est portée.54

Chapitre VIII. De son rare amour pour la vie cachée.56

Chapitre IX. De son amour admirable pour la vie abjecte.57

Chapitre X. De son amour insatiable pour les croix.57

Troisième partie58

Chapitre III. De sa dévotion aux mystères de l’aimable Jésus.58

Chapitre IV. De son Oraison.58

Chapitre VII. De sa charité pour le prochain.59

Chapitre VIII. De la sainteté de sa conduite. Eloge de M. de Bernières et de M. de la Forêt.60

Chapitre IX. De ses traités spirituels.71

Chapitre X. De sa dernière maladie et précieuse mort.71

Chapitre Xl. Sa mémoire est en bénédiction.76

Présentation des écrits de Chrysostome publiés par ses disciples Bernières et Mectilde79

Note sur la direction de Bernières par le P. Chrysostome82


Divers exercices de piété et de perfection 83

(page de titre, face au beau portrait de Chrysotome :) « La Solitude des cinq jours. De la souffrance de Jésus dans le mépris d’Hérode »84

Approbations des Docteurs.84


[Première partie paginée de 1 à 212 ] ]87


Premier exercice traitant de la sainte vertu d’abjection87


Premier traité : de la sainte abjection.87

La société spirituelle de la sainte abjection87

Avis.87

Règles de la société.87

Chapitre premier87

La Sainte protestation d'Abjection qui se doit faire ensuite de la messe en laquelle on aura communié.89

Exercice journalier de cette sainte société.90

Chapitre II.90


Traicté second. États différents et diverses pratiques de la sainte abjection.93

Advis93

Chapitre I. Vues ou lumières surnaturelles de la superbe d’Adam93

Chapitre II. Abjection dans le rien de l’être94

Chapitre III. Abjection de Providence.95

Chapitre IV. Abjections d'inutilité.95

Chapitre V. Abjection dans les contradictions.96

Chapitre VI. Abjection dans le péché.97

Chapitre VII. Abjections dans notre peu d'esprit, nos sottises, et nos impertinences.97

Chapitre VIII. Abjection dans la pauvreté des créatures.99

Chapitre IX. Mépris de l'esprit humain et mondain.99

Chapitre X. Sacrifice d'Abjection.100

Chapitre XI. Affliction de l'éclat et de l'excellence.101

Chapitre XII. Silence dans l'Abjection.102

Chapitre XIII. Souhait d'abjection à l'infini.103

Chapitre XIV. Espérance d'abjection.104

Chapitre XV. Éternité d'abjection.105

Chapitre XVI. Vue intellectuelle et surnaturelle de l'abjection de Jésus-Christ.106

Chapitre XVII. Paix suprême en l'abjection.107

Chapitre XVIII. Joie intellectuelle d'abjection.107

Chapitre XIX. Tourment d'amour en l'Abjection.108


Troisième traité. Méditations brèves pour adorer imiter Jésus en ses différents états d'Abjection.109

Méditation I. De l'abjection de Jésus en son état éternel et divin.110

Méditation II. De la sainte abjection de Jésus en sa sainte conception.111

Méditation III. De l'abjection de Jésus naissant de pauvres parents.113

Méditation IV. De l'abjection de Jésus durant les neuf mois de la grossesse de la Vierge.114

Méditation V. De la Sainte abjection de Jésus naissant en Bethléem.114

[Liste de méditations omises]115

Méditation XXV. De l'abjection de Jésus dans le mépris d'Hérode.115

Méditation XXVI. De l'abjection de Jésus en sa flagellation.116

Méditation XXVII. De l'abjection de Jésus couronné d'épines et revêtu du manteau de pourpre.118

Méditation XXVIII. De l'abjection de Jésus dans la souffrance Ecce Homo.119

Méditation XXIX. De l'abjection de Jésus jugé à mort.121

Méditation XXX. De l'abjection de Jésus dans son crucifiement.122

Méditation XXXI. De l'abjection de Jésus dans le délaissement divin.123

Méditation XXXII. De l'abjection de Jésus fils de Dieu après la mort.124


IV. Traité. Méditation d'abjection en la vue de la divinité.126

Avis.126

Méditation I. D'abjection en la vue de l'existence divine.127

Méditation II. D'abjection en la vue de la spiritualité divine.129

Méditation III. D'abjection en la vue de la simplicité divine.129

Méditation VII. D'abjection en la vue de l'immensité divine.131

[Méditation VIII. D'abjection en la vue de l'immutabilité divine omise de même que Méditations IX et X]132

Méditation XI. D'abjection en la vue de l'incompréhensibilité divine.132

[Méditation XII. D'abjection en la vue de la vérité divine omise ainsi que les suivantes de XIII à XXI]133

Méditation XXII. D'abjection en la vue de la Providence divine.133

Méditation XXIII. D'abjection en la vue de la souveraineté divine omise ainsi que les Méditations XXIV à XXIX.134

Méditation XXX. D'abjection en la vue de Dieu bienfaisant.134

Avis.135

[Table des divers traités contenus en ce troisième exercice omise]135


[Deuxième partie paginée de 1 à 240] 136


La dévotion de la Sainte Agonie de Jésus que l'on peut pratiquer durant le Saint Carême.136

Avis.136

I. Méditation. Pour le dimanche. De la sueur de sang.136

II. Méditation. Pour le lundi. La confusion de Jésus dans la sainte agonie.137

III. Méditation. Pour le mardi. De Jésus faisant justice de nos péchés au père éternel dans la sainte Agonie.138

IV. Méditation. Pour le mercredi. Du père éternel courroucé contre Jésus en tant que revêtu de nos péchés.138

V. Méditation. Pour le jeudi. De la vive appréhension des peines que Jésus souffrit dans la sainte Agonie.139

VI. Méditation. Pour le vendredi. De la vue du déicide et du mésusage des souffrances de Jésus.140

VII. Méditation. Pour le samedi. De la soumission de Jésus au décret du père éternel dans la sainte Agonie.141


La solitude de cinq jours, De la souffrance de Jésus dans le mépris d'Hérode.142

L'usage de cette solitude.142

Texte des évangélistes de la souffrance du mépris de Jésus chez Hérode.143

I. Journée. Méditation de la souffrance de Jésus dans le mépris d'Hérode.143

[II. Journée. Méditation sur le même sujet par voie affective omise comme la IIIe ]145

IV. Journée. Méditation de la soif, du mépris qui travailla Jésus en esprit d'amour, durant la souffrance de ce saint mystère.145

[V. Journée omise. Affections ou oraisons jaculatoires omises. Diversités spirituelles que l’exercitant lira durant cette solitude omises]148

Les neuf degrés du mépris de soi-même, par lesquels en l'union de celui de Jésus, le spirituel tend à la sainte perfection.148

[Le mépris de Jésus, extrait de ce qu'en dit la B. Angélique de Foligy au Chap. 60 de ses œuvres. Omis. - Les vues intellectuelles du mépris de Jésus, extraite en partie de la bien heureuse Angélique de Foligny. Remis. Omis. Vision admirable du mépris que Jésus a souffert pour notre rédemption. Omis.]151

[Dévotion du saint mépris de Jésus-Christ de sainte Élisabeth, fille d’André Rois de Hongrie, et Religieuse du tiers Ordre de Saint-François. Omis.]151

[Omission des entrées suivantes]151

Exercice méditatif des dix jours151

[L’ensemble courvrant les pages 133 à 240 est omis sauf pour exemple pages 190 194 ci-après :]151


[Troisième partie paginée de 1 à 136] 153


Cinquième et dernier Traicté, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles de mesme Autheur […]153

Règle de perfection que le susdit auteur s'était prescrit à soi-même.153

Lettre d'un certain Spirituel Ecclésiastique où il déclarait ses dispositions au Père, et requérait ses avis.159

Réponse du sage Directeur.160

Voici donc mes petits avis pour la pratique de votre oraison.163

Autre lettre du même Ecclésiastique.165

Réponse du Révérend Père, sur les articles particuliers qui étaient décrits bien au long dans la lettre susdite.165

Autres propositions du même.167

Autres propositions et réponses à diverses personnes religieuses et autres.169

Premièrement.169

Réponses du Révérend Père.170

Autres réponses à une religieuse.174

À une autre religieuse.176


À une religieuse.177

Lettre sur ses dispositions, exercices, et pratiques.177

Autre lettre.181

Autre lettre.182

Autres avis de conduite à diverses personnes.184

Tant sur l'oraison et contemplation, que sur les pratiques des plus pures vertus chrétiennes, selon l'esprit et la grâce de la perfection évangélique.184

1. Lettre. “J'ai lu et considéré la vôtre…”184

2. Autres avis au même. “J'ai lu et considéré vos articles…”186

3. Autres propositions d'un certain spirituel, et les réponses du Père. “Je suis souvent dans l’état de douceur et d’amour…”186

4. Autres propositions et réponses. “Dites-nous un peu mon cher Père…”189

5. Autre lettre d'un spirituel, et les réponses du Père. “Depuis que je vous ai obéi…”190

6. Autre lettre en forme de propositions, et les réponses. “…dans une grande obscurité intérieure…”191

7. Autre lettre de réponse du Père à un spirituel. “J’ai considéré votre dernière lettre, et je demeure dans mon sentiment…”195

8. Autre lettre et réponse. “J'ai lu et considéré le rapport de votre oraison”196

9. Autre lettre du révérend Père. “Notre cher frère et ami en J.C.”197

10. Autres propositions et réponses, touchant la pratique de quelques conseils évangéliques.199

11. Autre réponse à un bon serviteur de Dieu. “Notre très cher frère en Jésus-Christ”200

12. Autre lettre à un spirituel, fidèle et fervent. “J'ai considéré vos lettres…”201

13. Autres propositions ou déclarations de l'intérieur d'une âme, et les réponses du révérend Père.203

14. Autre lettre adressant au Père, et ses réponses. “Depuis l'avis que vous m'avez donné, que c'est l'ordre de Dieu…”207

15. Autres propositions et réponses sur l'oraison, etc.209

16. Autre lettre du Père, dirigeant quelque âme à une haute perfection.210


Divers traités spirituels et méditatifs 214

A Madame de Puisieux.216

Advis nécessaire au Lecteur.217

Traité premier, Le Temps, la mort et l’éternité.220

Considérations sur le bon usage du temps.220

Méditation de la mort222

Vérités pour concevoir devant Dieu notre abjection infinie.226

Considérations de l'Eternité.227

Chapitre I.227

Pensées affectives sur l'éternité de Dieu.233

Chapitre II. De l'antécédente.233

Pensées affectives sur l'éternité.236

Du paradis. Chapitre III. À toute éternité.236

Pensées terribles de l'éternité de l'Enfer.241

Chapitre IV.241

Pensée d'éternité d'un certain solitaire, et d'un autre serviteur de Dieu.242

Chapitre V.242

Traité second. La Sainte Désoccupation de toutes les créatures, pour s’occuper en Dieu seul.246

Maximes de désoccupation. (Page 113).252

Examen de la désoccupation.253

Les degrés de la sainte désoccupation des créatures, pour s'occuper en Dieu seul.262


Traité troisième. Les Dix Journées de la sainte Occupation, ou divers Motifs d’aimer Dieu et s’occuper en son Amour.274

Advis préliminaire.274

Première journée. Motifs de l'amour divin.275

II. Journée. Motifs de l'Amour Divin.277

III. Journée. Motifs de l'Amour Divin.280

IV. Journée. Motifs de l'Amour divin.282

V. Journée. Motifs d'Amour Divin.284

VI. Journée. Motifs d'Amour Divin.286

VIII. Journée. Motifs d'Amour Divin.290

IX. Journée. Motifs d'Amour Divin.292

X. Journée. Motifs d'Amour Divin.294


Traité quatrième. Exercice sur la vie de Saint Élisabeth, imitant Jésus, en forme d'examen sur les vertus.296

De la marque d'une future sainteté éminente. Exercice I.296

De la dévotion. Exercice II.296

De l'Amour Divin. Exercice III.297

De l'amour du prochain. Exercice IV.297

De l'amour des Pauvres. Exercice V.298

De l'amour des pécheurs. Exercice VI.298

De l'amour des ennemis. Exercice VII.299

De la sainte abjection et humilité. Exercice VIII.300

De la sainte pauvreté. Exercice IX.300

De la pure virginité. Exercice X.301

De la sainte obéissance. Exercice XI.302

De la volonté de Dieu. Exercice XII.302

Du zèle de la gloire de Dieu. Exercice XIII.303

Des inspirations divines. Exercice XIV.303

Du saint amour de la perfection. Exercice XV.304

De l'amour de la solitude. Exercice XVI.304

De l'Oraison. Exercice XVII.305

De la vie divine. Exercice XVIII.305

De la pure union avec Jésus. Exercice XIX.306

De la communion avec Jésus. Exercice XX.306

De la communication avec la sainte Vierge. Exercice XXI.307

De la glorieuse communication avec Dieu. Exercice XXII.307

De la dévotion au mystère du lavement des pieds. Exercice XXIII.308

De la dévotion à la sainte communion. Exercice XXIV.308

De la dévotion à la sainte passion. Exercice XXV.309

De la haine du péché en la croix. Exercice XXVI.310

De la pauvreté des créatures. Exercice XXVII.310

Du pur souhait de la mort. Exercice XXVIII.311

De la mort en la sainte Pauvreté. Exercice XXIX.311

De la disposition à la mort. Exercice XXX.312

Du combat de la mort. Exercice XXXI.313

De la mort sainte et glorieuse. Exercice XXXII.313

De la glorieuse sépulture. Exercice XXXIII.314

Méditation abrégée par voie d'amour, de la très adorable Incarnation et bénite Naissance en notre chair du Verbe Eternel.316

Remarque notable pour s'exciter à la dévotion de l'Incarnation et Naissance de l'enfant Dieu.320

Approbation des théologiens de l'ordre.322

Permission du très révérend Père provincial.323

Approbations des Docteurs.323

Privilège du Roi.323

Transport du dit Privilège323


Deux directions 326

Présentation de Monsieur de Bernières et de Mère Mectilde326


L’initiation de Bernières328


Cinquième et dernier Traicté, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles de mesme Autheur [reprise]330

1. Lettre. “J'ai lu et considéré la vôtre…”330

2. Autres avis au même. “J'ai lu et considéré vos articles…”331

3. à 14. Voir l’édition supra du « Cinquième et dernier Traicté, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles de mesme Autheur », seconde moitié de la deuxième partie des « Divers exercices de piété et de perfection », œuvre de Chrysostome.332

15. Autres propositions et réponses sur l'oraison, etc.332

16. Autre lettre du Père, dirigeant quelque âme à une haute perfection.333


L’initiation de Mectilde335

Monsieur, mon très cher Frère,335

Premier texte : Relation au Père Chrysostome avec réponses, juillet 1643.337

Deuxième texte : Autre réponse du même père à la même âme .343


Extraits de lettres où Mectilde parle de Chrysostome352

15 février 1644 LMB Saint Maur ( « Notre bon Père » surchargé).352

31 mars 1644 LMB (Des bons effets d’une direction appréciée).352

13 mai 1644 LMJ (sur les écrits du Père).353

19 août 1644 LMR (Visite attendue).353

21 octobre 1644 LMR (Voyage à Paris ?)354

10 décembre 1644 LMR Saint Maur (sur la Mère Benoîte, « une élue »).354

29 janvier 1645 LMR route de Rambervillers (Voyage en Lorraine?)354

Février 1645 LMR Rambervillers (« Suppliez-le »)354

11 Août 1645 LMB (Maladie)354

25 Septembre 1645 LMB Saint Maur355

5 novembre 1645 LMB ( Les assistances reçues )355

10 Février 1646 LMB (Une maladie qui ne paraît pas grave)355

26 Mars 1646 LMB (conduit à l’extrémité ?)356

16 Avril 1646 LMJ. ( La mort – Obtenir ses écrits – Une petite ceinture de fer)356

24 Juin 1646 RMR ( « Un souvenir très particulier » - Projet de publication )357

7 juillet 1646 RMB ( Confiée à Bernières)358

28 Juillet 1646 RMB Le Bienheureux Grégoire Lopez – Elle se confie à Bernières)358

21 Août 1646 RMB ( Bernières saint Ange)359

5 septembre 1646 L 1,34 Pauvres de toutes créatures, ne vivons que de Dieu purement en Dieu. ( Union ).359

26 Septembre 1646 RMR359

5 Octobre 1646 RMR ( Récolte d’écrits, portrait)359

23 Octobre 1646 RMB ( « il me semble que j’ai changé de disposition »)360

6 Novembre 1646 RMB (« vous êtes mon bon Frère et celui qui m’est donné de Dieu par la bouche de notre bon Père. »).361

1653 L 3,51 Dieu est mon âme et mon âme est Dieu.361

1er Décembre 1653 lettre à Monsieur Henri Boudon361

Lettre datée du 12 avril 1646 de Benoîte de la Passion à Mectilde362




34.JEAN DE BERNIERES LE CHRETIEN INTERIEUR ET LETTRES A L’AMI INTIME

(44) BERNIERES ARFUYEN Chrétien et lettres à l’ami 7mars.doc

(44) Bernières Arfuyen correctif.doc



Jean de Bernières, Le Chrétien intérieur, textes choisis suivis des Lettres à l’Ami intime, Texte établi et présenté par Murielle et D. Tronc, Paris, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2009, 200 p.

[septième livre du Chrétien intérieur et « Lettres à l’Ami intime ».]

Préface

Jean de Bernières (1602-1659) naît dans une grande famille normande fort pieuse : son père, trésorier général des finances, fonde pour sa fille Jourdaine le couvent des Ursulines de Caen.

Jean s’engage dans la Compagnie du Saint-Sacrement de Caen fondée en 1644 par Gaston de Renty (1611-1649) : ce grand seigneur était passé des armes et des sciences à l’oraison et à l’exercice de la charité. La Compagnie avait pour but de rassembler les chrétiens pour s’aider les uns les autres vers la perfection et travailler ensemble au service des pauvres. Devenu le bras-droit de Renty, Bernières lui succède en 1649.

Mais surtout, il fait partie du Tiers Ordre franciscain laïc280 : il reste engagé dans le monde, tout en menant une vie consacrée à l’oraison. 

Il soulage la misère autour de lui par une pratique intense de la charité : « Il paye de sa personne, car il va chercher lui-même les malades dans leurs pauvres maisons, pour les conduire à l’hôpital porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui. »281.

Il contribue toute sa vie à la fondation d’hôpitaux, de couvents, de missions et de séminaires. Avec le prêtre Jacques Garnier, il fonde à Caen l’Hôpital des Pauvres Renfermez pour élever les enfants abandonnés ; avec saint Jean Eudes, une maison pour les femmes repenties…

Il s’associe au projet de Marie de l’Incarnation et de Mme de la Peltrie, qui veulent partir en 1639 en mission de conversion auprès des Iroquois du Canada : il aide Mme de Peltrie dans son procès avec sa famille ; puis, malgré son envie de partir, il reste gérer les ressources pour les missions du Canada. Il restera en correspondance avec Marie de l’Incarnation pour qui il éprouve une grande vénération.

Même s’il en fait bon usage, sa fortune lui pèse. Rempli de l’idéal franciscain transmis par son père spirituel du Tiers Ordre Régulier Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), il se sent coupable :

il faut tout quitter pour vaquer à Dieu seul, aimer pour cela les mépris, les souffrances et la pauvreté.282 

Quand il veut faire donation de ses biens, sa famille résiste :

Ma belle-sœur fait de son mieux pour empêcher que je ne sois pauvre ; elle me fait parler pour ce sujet par de bons religieux [...] il n’y a plus moyen d’être pauvre283.

Il y parvient cependant et passe ses dernières années dans un simple logis, mangeant du pain noir dans de la vaisselle en terre ! Il ne vit plus que de ce que lui donne sa famille :

Je ne dois non plus manquer à embrasser la pauvreté, quoiqu’elle m’abrège la vie naturelle284.

Sa charité repose sur une vie spirituelle intense au milieu d’un groupe d’amis qu’il finit par diriger. Ils ont le désir de se regrouper dans une maison commune : l’Ermitage, où ils pourront vivre une vie d’oraison et de charité hors de toutes contraintes.

A la porte du monastère de Jourdaine Bernières fait bâtir en 1648 une maison pour retraitants, « ouverte aux laïques ou même aux religieux ». Il parle avec humour de cet hôpital un peu particulier qui accueille les pauvres spirituels :

Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger avec moi que des pauvres spirituels, qui ayant la volonté de sortir de leurs imperfections, en demeurent pourtant toujours entachés. Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes285.

Jean y accueille ses amis avec simplicité et dans une grande liberté :

Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de me venir voir ; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez, nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison…286.

Son premier biographe témoigne : « Ce qui est de merveilleux, c’est que l’on ne s’ennuyait jamais [...] il n’y avait aucun exercice particulier de piété réglée parce que l’oraison perpétuelle en faisait toute l’occupation. L’on s’y levait de grand matin, et durant toute la journée, c’était une application continuelle à Dieu. Chacun avait sa cellule, mais on prenait les repas en commun ; au sortir de table les ermites faisaient encore une heure d’oraison ensemble, puis chacun reprenait sa liberté d’action [...] ils allaient voir les malades, faisaient le catéchisme aux enfants abandonnés287. » Son biographe moderne assure que « certains ménages y venaient aussi s’y retirer288 ».

Catherine de Bar, Mère fondatrice des bénédictines du Saint-Sacrement, témoigne  de cette vie érémitique289 et de son admiration pour Bernières : « Messieurs de Bernières et Roquelay [son secrétaire] vous saluent. Ils font des merveilles dans leur ermitage ; ils sont quelquefois plus de quinze ermites. [...] Si notre bonne Mère Prieure voulait écrire de ses dispositions à M. de Bernières, elle en aurait consolation, car Dieu lui donne des lumières prodigieuses sur l’état du saint et parfait anéantissement ».

Quand à l’animateur, il reste bien conscient de n’être que l’intendant de Dieu, constatant simplement une communication inexplicable :

Nous vivons ici en grand repos, liberté, gaieté et obscurité, étant inconnus du monde, et ne nous connaissant pas nous-mêmes. Nous allons vers Dieu sans réflexion, et quelque temps qu’il fasse, bon ou mauvais, nous tâchons de ne nous point arrêter. Je connais clairement que l’établissement de l’Ermitage est par ordre de Dieu, et notre bon Père ne l’a pas fait bâtir par hasard, la grâce d’oraison s’y communique facilement à ceux qui y demeurent, et on ne peut dire comment cela se fait, sinon que Dieu le fait290 .

Il est insensible aux différences sociales. En témoigne cette conversation avec son serviteur :

Vous êtes mon maître, je vous dois tout dire comme à mon père spirituel – Vous le pouvez, lui dis-je, car je vous aime en Jésus-Christ, et je vous ai tenu auprès de moi, afin que vous fussiez tout à lui291.

Remplir cette fonction de directeur lui est une charge. Plein de doutes sur lui-même, il se demande s’il ne doit pas abandonner :

J’avoue que ce m’est une grande croix de donner des enseignements aux autres, moi qui en vérité ne sais rien292.

Il écrit encore :

Il ne faut pas prendre garde à ce que je dis : ma lumière est petite, mon discernement faible, et ma simplicité grande293.

Il suscite pourtant un tel respect qu’il dirige dans toutes les classes sociales, des laïcs et des prêtres, des supérieurs de monastères. Il forme pendant quatre ans à l’Ermitage le futur premier évêque de Québec, Mgr de Laval. Il initie à l’oraison des dizaines de religieuses en faisant des conférences au parloir du monastère de Jourdaine.

Ce renouveau mystique s’étendra de Caen à Paris par l’intermédiaire de monsieur Bertot (1620-1681), son ami devenu confesseur de l’abbaye des bénédictines de Montmartre294, puis par madame Guyon (1647-1717), la dirigée laïque de ce dernier, qui lira Bernières avec admiration et retrouvera la même absence de conventions pour mener ses amis vers l’oraison.

Nous avons heureusement des témoignages écrits de cette vie mystique. Bernières dictait, sur ordre de son confesseur, à un prêtre qui vivait chez lui. Il écrivait aussi beaucoup à ses dirigés : nous donnons ici un aperçu de cette correspondance par les dix-huit lettres adressées à Jacques Bertot, « l’ami intime ».

Compilé après sa mort, le Chrétien intérieur a été composé principalement à partir des lettres précieuses pour son entourage : il n’est donc pas un traité logique ou une méthode d’oraison.

Dans le livre VII du Chrétien intérieur que nous publions presque entièrement à la suite de quelques chapitres tirés des livres précédents, les lettres ont été collationnées les unes à côté des autres comme on a pu : c’est ainsi que l’on passe du très beau chapitre 10 sur les ténèbres divines au chapitre 11 qui traite d’une étape « inférieure », la « petite » oraison de lumières. Mais cela importe peu : comment ordonner les diverses facettes d’un diamant d’où sortent une même lumière intérieure ?

On ne doit pas non plus s’attendre à un « beau style » : la langue est celle d’une conversation sans prétentions correspondant à la modestie de leur auteur. Par contre, on trouvera là des comptes-rendus véridiques, un témoignage vécu d’une grande simplicité. Il parle beaucoup de ses manques. Les choses sont telles qu’elles sont : il les raconte avec une profonde honnêteté en restant au plus près de l’expérience. 

Ces états mystiques sont difficiles à décrire :

Je m’exprime comme je puis, car il faut chercher des termes pour dire quelque chose de la réalité de cet état qui est au-dessus de toutes pensées et conceptions. Et pour dire en un mot, je vis sans vie, je suis sans être, Dieu est et vit, et cela me suffit […] Voilà bien des paroles pour ne rien exprimer de ce que je veux dire.295

L’oraison est le fondement de sa vie :

L’oraison est la source de toute vertu en l’âme ; quiconque s’en éloigne tombe en tiédeur et en imperfection. L’oraison est un feu qui réchauffe ceux qui s’en approchent, et qui s’en éloigne se refroidit infailliblement.296

Il décrit plusieurs sortes d’oraison, mais le livre VII propose surtout l’oraison passive dans laquelle il a vécu toutes ses dernières années. Celle-ci met l’âme dans une nudité totale pour la rendre capable de l’union immédiate et consommée, dit-il dans une lettre à sa sœur Jourdaine. Elle ne peut souffrir aucune activité, ayant pour tout appui l’attrait passif de Dieu [] En cet état, il faut laisser opérer Dieu et recevoir tous les effets de sa sainte opération par un tacite consentement dans le fond de l’âme.297

Cette oraison ne peut s’appuyer que sur un absolu renoncement à tout ce qui n’est pas Dieu :

Un homme d’oraison doit être un homme mort … C’est se moquer de vouloir faire oraison et vouloir encore prendre goût aux créatures.298

Il s’attriste :

Ainsi quand nous dormons, nous sommes dans un profond oubli de Dieu ; mais, ce qui est déplorable, nous continuons cet oubli dans le réveil, par le peu d’application à Dieu et à ses perfections, toute notre âme étant occupée aux petites créatures.299

Dans une lettre du 29 mars 1654, il affirme le but de l’Ermitage :

C’est l’esprit de notre ermitage que d’arriver un jour au parfait néant, pour y mener une vie divine et inconnue au monde, et toute cachée avec Jésus-Christ en Dieu.

Bien entendu, Bernières et ses amis sacrifient à la sévérité de la spiritualité de leur temps : pour participer à la Passion de Jésus-Christ, on se livre à des pratiques que nous n’admirons plus (discipline tous les jours, croix d’argent à pointes300, etc.). Car Bernières a été formé par « notre bon père301  » Jean-Chrysostome avec une rigueur extrême : celui-ci avait fondé une « Société de la sainte Abjection302 » dont les membres s’engageaient à être en communion avec la vie de Jésus et à recevoir les mépris et les persécutions comme la divine Providence. Sous cette grande ombre, Bernières pourchasse ses imperfections dans les moindres recoins et s’en angoisse au point de craindre d’être damné !

Aucune satisfaction ne doit être donnée à la « nature » : il ne faut jamais la satisfaire, si peu que ce soit. Mais la raison de cette rigueur est beaucoup plus profonde que des outrances ou un masochisme qui ne sont plus de notre époque : la grâce, qui est pour lui la présence de Jésus-Christ, doit gouverner toutes les actions, jamais l’homme naturel :

… ce qui est purement naturel ne plaît pas à Dieu ; [il] faut que la grâce s’y trouve afin que l’action lui soit agréable et qu’elle nous dispose à l’union avec lui.303

Il est tourmenté par ses manquements à l’union permanente :

Je vous confesse que quand je rentre dans moi-même et que la vie de Jésus-Christ reçoit interruption ou division, il me semble que je tombe en enfer, sentant une douleur si cuisante que je ne la puis exprimer.304

Durant que l’on goûte quelque autre chose, quoique très innocemment, l’on cesse de goûter Dieu seul et c’est cette cessation d’amour que l’âme ne peut souffrir.305

L’idéal est de se laisser gouverner par la grâce :

C’est un moyen très utile pour l’oraison de s’accoutumer à ne rien faire que par le mouvement de Dieu. Le Saint-Esprit est dans nous, qui nous conduit : il faut être poussé de lui avant que de rien faire […] L’âme connaît bien ces mouvements divins par une paix, douceur et liberté d’esprit qui les accompagne, et quand elle les a quittées pour suivre la nature, elle connaît bien, par une secrète syndérèse [remords de conscience] qu’elle a commis une infidélité.306

La charité en particulier ne doit s’appuyer que sur cette vie intérieure profonde et, dans ses dernières années, il se méfie de toute action qui ne serait pas dictée par un mouvement de la grâce :

Ne vous embarrassez point des choses extérieures sans l’ordre de Dieu bien reconnu, si vous n’en voulez recevoir de l’affliction d’esprit et du déchet dans votre perfection. […] Oh, que la pure vertu est rare ! Ce qui paraît le meilleur est mélangé de nature et de grâce.307

C’est dans ses Lettres à l’ami intime, que Bernières se dévoile le plus : bien que son ami soit plus jeune, il est visible qu’il le considère comme son égal. Il peut lui parler à cœur ouvert des états les plus profonds de ses dernières années :

Je ne puis vous exprimer par pensées quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre… 

Plus Dieu s’élève dans le centre de l’âme, plus on découvre de pays d’une étendue immense, où il faut aller, et un anéantissement à faire, qui n’est que commencé : cela est incroyable, sinon à ceux qui le voient en Dieu même, qu’après tant d’années d’écoulement en Dieu, l’on ne fait que commencer à trouver Dieu en vérité, et à s’anéantir soi-même …308

On est touché de voir que, bien que parvenu à un haut degré d’union à la fin de sa vie comme le montrent l’évolution de ses lettres et les admirables derniers chapitres du Chrétien Intérieur, Bernières s’angoissait tellement de ses failles personnelles qu’il pensait mériter l’Enfer. Il avait donc demandé à Dieu de mourir subitement, et il fut exaucé. Une tradition de famille raconte :

« … il demandait toujours à Dieu de mourir subitement […] rentré à l’Ermitage, le soir venu, il se mit à dire ses prières. Son valet de chambre vint l’avertir qu’il était temps pour lui de se mettre au lit. Jean lui demanda un peu de répit, et continua de prier. Peu après le valet entendit un bruit sourd et rentra : Bernières venait de tomber de son prie-Dieu, mort. »309. On était le 3 mai 1659.





35.BERNIERES ŒUVRES MYSTIQUES I L’INTERIEUR CHRETIEN SUIVI DU CHRETIEN INTERIEUR ET DES PENSEES

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(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).pdf



Jean de Bernières, Œuvres Mystiques I, L’Intérieur chrétien suivi du Chrétien intérieur augmenté des Pensées, Edition critique avec une étude sur l’auteur et son école par D. Tronc, Ed. du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2011, 518 p.

Avant-Propos

Jean de Bernières (1602-1659) a été récemment le sujet d’une journée d’étude à Caen à l’occasion de son 350e anniversaire où il a été présenté comme le « mystique de l’abandon et de la quiétude »310. Cette rencontre a mise en évidence sa profonde influence sur les premiers chrétiens canadiens, dont se détachent les belles figures de Marie de l’Incarnation (1599-1672) et de François de Montmorency-Laval (1623-1708), premier évêque de Québec. En France son influence s’exerça sur Mectilde de Bar (-1698), fondatrice d’une congrégation bénédictine consacrée à l’adoration perpétuelle qui s’étendit jusqu’en Pologne, puis sur monsieur Bertot (1620-1681), confesseur de la célèbre abbaye bénédictine de Montmartre et animateur du cercle spirituel qui sera repris par madame Guyon (1648-1717) et par Fénelon (1651-1715), enfin sur bien d’autres spirituels.

Les figures que nous venons de citer ont souvent pâti d’un soupçon, - ou d’une accusation - de « quiétisme » fondé sur leur appréciation indirecte parce que l’accès à des écrits devenus rares est malaisé. C’est une des raisons pour faciliter l’accès au fondateur Bernières par l’édition critique du corpus issu de ses écrits. Car c’est en lisant les témoignages des spirituels que l’on peut se former une opinion juste, tout en limitant le recours à la littérature foisonnante induite post-mortem sur des bases incertaines (dont souvent des propositions condamnées que l’on ne retrouve pas dans les sources).

Mais surtout se révèle la grandeur du témoignage très personnel du mystique Bernières qui, n’étant pas entré dans les ordres, n’étant responsable que de lui-même, livre l’intime de son âme beaucoup plus directement que ne peuvent se le permettre des directeurs attachés à leur « religion ». On rencontre ici un homme et non seulement de bons conseils ou une saine doctrine. En cela il est toujours notre contemporain.

Rétablir Bernières par « son œuvre », en faisant appel aux meilleures sources de l’abondante production éditoriale qui suivit sa mort, doit satisfaire à plusieurs contraintes : proposer au spirituel une nourriture actuelle sous un accès facile par révisions de l’orthographe et de la ponctuation des sources ; satisfaire le chercheur par l’édition intégrale des versions retenues des titres ; préparer le « dossier » qui facilitera le travail d’un futur traducteur au fil des annotations du texte courant.

Le volume présent Œuvres mystiques I rassemble l’œuvre imprimée sous les noms successifs d’Intérieur Chrétien puis de Chrétien Intérieur, ce dernier titre incluant assez tardivement des Pensées. Ces titres sont précédés d’une étude qui s’attache aux sources textuelles, puis aux influences reçues et transmises, apportant ainsi le complément nécessaire aux évocations biographiques existantes.

Le volume Œuvres mystiques II livrera prochainement la partie la moins remaniée du corpus en présentant une Correspondance établie aussi complètement que possible à partir des Œuvres spirituelles (Maximes et Lettres) et de manuscrits jamais édités. Cet ensemble sera présenté en ordre chronologique et précédé d’une étude par le P. Eric de Reviers portant sur l’évolution de la spiritualité de Bernières.

Jean de Bernieres : écrits et influences

Plutôt que de présenter Jean de Bernières (1602-1659) comme une grande figure isolée, nous préférons montrer sa fécondité en la situant au sein du grand courant mystique de la quiétude. Il en fut l’animateur encore tout proche de son émergence.

Jean de Bernières n’a jamais songé à écrire une « œuvre » : celle-ci fut construite post-mortem à partir de ses lettres et de notes. Mais dans le domaine de l’édition à but spirituel du XVIIe siècle, Le Chrétien intérieur eut un succès très important, comparable au rayonnement des écrits de François de Sales. Décrire finement l’histoire et les contenus des titres imprimés sous la signature de Bernières permet d’évaluer le crédit variable à accorder à l’un ou l’autre d’entre eux, car les sources manuscrites ont été transformées puis perdues. Nos choix éditoriaux reposent sur cette revue historique associée à l’analyse des contenus.

Les écrits permettent de témoigner de l’existence de « divins sentiers », de les baliser, de contrôler l’expérience personnelle. Mais, par delà des traces écrites, rien ne remplace les rapports directs entre mystiques vivants : Jean de Bernières est dirigé par un franciscain du Tiers Ordre Régulier, avant d’être à son tour très actif au sein d’un réseau où il exerce une influence sur ses amis, puis dirige des cadets. Les habitués de l’Ermitage construit par ses soins posent sans le savoir les fondations d’une tradition mystique que nous appelons « l’école du Pur Amour ».

Leurs traces restent bien visibles sur la durée du siècle, tant que ces spirituels peuvent agir au grand jour avant la condamnation finale du quiétisme par le bref Cum alias (1699). Cette décision d’origine essentiellement politique ne pouvait heureusement pas tarir un courant mystique qui ne dépend pas des hommes : elle faisait simplement partie d’une remise en ordre générale, en France, en Italie et en Espagne, face aux protestants, aux jansénistes, aux mystiques. Ces derniers devinrent par la suite très discrets, mais nous relèverons des résurgences qui signalent l’existence de divers ruisseaux souterrains actifs et voyageurs durant les trois derniers siècles.

A la suite de l’édition des textes, un tableau en deux parties placé en fin de volume présente le « réseau » mystique où Bernières occupe une place centrale, constituant un premier « nœud » qui rassemble des membres de l’école. Enfin une autre annexe décrit dans le détail les éditions.

Un succès éditorial

Jean de Bernières a écrit des lettres et a rédigé des notes personnelles prises au cours de retraites. Encore peut-on douter de la continuité vécue de ces dernières car elles semblent avoir été assemblées à partir d’extraits de sa correspondance, en conformité avec un genre littéraire aujourd’hui perdu, celui des « schémas de retraites ».311

On a de même constitué les ouvrages regroupant les mots Chrétien et Intérieur en assemblant des extraits de lettres avec toute la liberté permise à l’époque. Leurs éditions furent un succès de librairie à l’origine d’un célèbre procès entre éditeurs : l’Intérieur Chrétien devint l’année suivante le Chrétien Intérieur aux multiples impressions durant tout le XVIIe siècle et adapté au cours du siècle suivant :

Le Chrétien Intérieur … publié en 1661 … atteint dès 1674 sa quatorzième édition et la même année le libraire Edme Martin estime qu’il en a vendu trente mille exemplaires ». 312

Le livre atteint de fait un public très large. Il est facile à lire. Il présente peu d’idées neuves mais est plein d’onction. Un choix orienté, de façon parfois doloriste, adapte le grand mystique Jean à l’esprit de son temps, ce qui ne pouvait que favoriser sa réception. Aussi le titre apparaît-il même dans des bibliothèques très réduites. Ainsi :

[La] veuve de Pierre Helyot 313 … détient les Fleurs des saints en deux volumes in-folio, le Chrétien Intérieur de Bernières-Louvigny, une Explication des cérémonies de la messe et une quinzaine d’autres petits livres de dévotion dont … une préparation à la mort ». 314

L'histoire à rebondissements du succès du premier titre L’Intérieur Chrétien (1659) trop rapidement devenu Le Chrétien intérieur (ce dernier selon deux versions : « primitive » de 1660 et « tardive » de 1676) a été décortiquée avec soin et sagacité par Heurtevent et Luypaert315. L’apparition d’Œuvres spirituelles (1670) distinctes et fiables, enfin l’ajout au Chrétien de Pensées (1676) complètent les Chrétiens. Présentons les acteurs, puis nous tenterons d’éclairer les rebondissements de la pièce jouée :

Les acteurs

Il faut citer en premier lieu Jourdaine de Bernières (1596-1645), qui entra au couvent des Ursulines, construit magnifiquement en 1624 avec l’argent de la famille. Dirigée par son cadet Jean, elle devient supérieure du couvent dès 1630 et fait montre d’une belle autorité qui peut s’accompagner de conseils pittoresques : ainsi à propos d’une novice à éprouver, « Mettez-la à bouillir… », écrit-elle316. D’autres religieuses du même couvent auront également un rôle déterminant : la Mère Michelle Mangon, une grande spirituelle cachée, amie du Père Chrysostome de Saint-Lô, ainsi que la Mère de Saint-Charles. Outre les ursulines qui tentent de contrôler la situation, de 1659 à 1677 opèrent trois personnages masculins en relation avec les éditeurs :

Nicolas Charpy de Sainte-Croix (1610-1671 ?)est une figure littéraire assez connue à l’époque et choisie pour assurer le succès d’une première édition ; courtisan auprès des Grands, de Mazarin en particulier, il révélera un caractère aventurier après sa disgrâce ;

Louis-François d’Argentan (1615-1680), franciscain capucin, poursuit une activité opiniâtre d’éditeur-rédacteur317. Il accèdera aux responsabilités au sein de son ordre :

Le 7 mai 1630, à l'âge de 15 ans, Jean Yver fut admis au noviciat des capucins et c'est alors que, selon l'usage, il prit le nom de Louis-François d'Argentan. Un an après, il fit profession et ses supérieurs l'envoyèrent au couvent de Falaise. Il y demeura jusqu'en 1638 et, à cette date, revient au couvent d'Argentan. [...] En 1641, le père Louis-François était lecteur de philosophie au couvent de Caen, tout en prenant part aux missions prêchées dans la contrée [...] De 1653 jusqu'à sa mort, nous le voyons occuper les plus hautes charges : deux fois provincial, deux fois définiteur, commissaire général, gardien de plusieurs couvents et, malgré tout, s'adonnant à une prédication ininterrompue318.

Dans son œuvre propre, il fut un abondant mais pâle imitateur de Bernières319. Glanons chez lui quelques reflets du maître320 :

ne considérez pas l’humanité seule, ni aussi la divinité seule séparément, ou l’une après l’autre Si donc elle contemple l’une et l’autre ensemble, il faut qu’elle ait des images et qu’elle n’en ait point en même temps, et dans la même simple vue ; ce qui semble impossible Il participe à nos faiblesses et nous participons à Sa force vous Le contemplez souffrant et mourant en vous-même, bien mieux et plus distinctement que vous ne pourriez Le considérer endurant en Jérusalem et sur le Calvaire. [I, 268-272]

Il est impossible que la vie naturelle [II, 445] et humaine se rencontre dans une âme avec la divine. La corruption de la première est la génération de la seconde ; il faut que l’une cesse, si on veut que l’autre commence : et partant sitôt que la grâce nous conduit à mourir à nous-mêmes et à nos propres opérations, il faut tout quitter sans réserve, vie, pensées, désirs, recherches, affections, et demeurer purement passifs à l’opération divine, qui ne tend qu’à notre mort.

Robert de Saint-Gilles ( ?-1673), de l’ordre des minimes321, frère de la Mère Michelle Mangon, est chargé de l’édition des Œuvres spirituelles… qui paraissent en 1670. Il a succédé en 1665 à dom Quinet comme Visiteur du couvent322.

La pièce

Quel est le déroulement des événements ? La première publication cherche à mettre en valeur un choix bref d’écrits de Bernières sous l’autorité de Nicolas Charpy de Sainte-Croix : L’Intérieur chrétien … par un Solitaire, paraît à Paris chez Cramoisy en 1659. Charpy signe l’ « Epître à Jésus-Christ » ouvrant le petit volume comportant quatre livres aux courts chapitres. Très probablement d’Argentan a opéré sous son autorité, en agissant en intermédiaire entre le couvent des ursulines où devaient se trouver les sources, et l’homme de lettre auquel on fait appel pour assurer le succès de l’édition.

Le succès dépasse les espérances. D’Argentan assemble alors hâtivement des sources beaucoup plus considérables que ce qui venait d’être publié. Le Chrétien intérieur … par un Solitaire [d’Argentan], paraît à Rouen en huit livres chez Grivet en 1660.

Survient un procès prévisible entre éditeurs, dû au succès inattendu. Les deux titres étaient trop proches même si les contenus différaient largement car 531 pages pleines succédaient à 165 pages aérées. L’éditeur rouennais Grivet est condamné (toutefois sans amende) et l’éditeur parisien Cramoisy devient propriétaire des deux titres avec une exclusivité de neuf ans.

Ce dernier est le grand gagnant car il va rééditer de nombreuses fois le Chrétien : non pas selon sa forme courte initiale, mais selon la version ample en huit livres compilée par d’Argentan et publiée chez son concurrent provincial perdant ! Le même titre sort donc successivement chez deux éditeurs ennemis.

Il faut attendre 1670 pour que toute initiative possible de la part du parti perdant puisse prendre place, à savoir les ursulines et le maladroit d’Argentan. Pressé de rétablir avec toute l’ampleur due « l’œuvre » de son maître Bernières, celui-ci avait en effet publié hâtivement, et son assemblage manquait de plan et d’équilibre. Jourdaine et ses ursulines, mécontentes du « gel » imposé pendant neuf ans, cherchent ailleurs pour une édition future qui assurerait une meilleure mise en valeur et un plus grand respect de Jean de Bernières. Elles ont recours au frère de la Mère Michelle Mangon, Robert de Saint-Gilles.

Mais à la date libératoire, un Official janséniste persécute les ursulines de Jourdaine (l’interdit est jeté sur le couvent !), tandis que meurt la Mère Mangon. Cela fait perdre un peu de temps, celui nécessaire à la communauté pour sortir des épreuves. Robert - sous un titre passe-partout d’Œuvres spirituelles ne prêtant guère à contestation - publie enfin des lettres soit voilées (premier tome de Maximes), soit ouvertement (deuxième tome de Lettres). Elles sont très précieuses car peu remaniées et datant souvent de la fin de vie de Bernières. La mort de Jourdaine, qui les avait gardées sept ans, les a rendues disponibles. On est en 1670.

Robert meurt en 1673. Lors de la réédition en 1675 des Œuvres spirituelles, la Mère de Saint-Charles annote en marge les Maximes pour indiquer les dates des lettres dont elles sont extraites, mettant ainsi en évidence la pratique très générale de fabrication de titres à partir d’extraits de lettres.

En 1676, peut-être par « émulation », paraissent en adjonction au Chrétien, des Pensées…, assez proches de lettres (et en présentant nommément certaines).

Enfin d’Argentan publie en 1677, sous son nom et non plus sous celui d’un « Solitaire », sa version « améliorée » et augmentée : Le Chrétien intérieur … par le R.P. Louis-François d’Argentan, en deux tomes et six traités.

Les sources imprimées

Quatre recueils manuscrits (deux utilisés pour les Chrétiens ? deux ajoutés postérieurement et couvrant les années de la fin de vie de Bernières ?) se seraient égarés au début du XVIIIe siècle : nous espérons leur découverte323. Pierre-Daniel Huet, caennais né en 1630, le savant évêque d’Avranches qui avait la réputation méritée d’être un observateur scrupuleux, atteste les avoir vus324. Il se plaint à juste titre du travail de réécriture par Louis-François d’Argentan :

J’ai lu exactement tous les livres de M. de Bernières … Ses écrits furent abandonnés au Père Louis-François qui les tourna à sa mode, et c’est de quoi je me suis plaint. Le Chrestien Intérieur est de ce genre.325

Les éditions des Chrétiens furent très nombreuses car la technique des presses manuelles de l’époque ne permettait de tirer, généralement en un mois par titre, qu’entre cinq cents et douze cents exemplaires, ce qui avait pour effet de multiplier les réimpressions. Les caractères en plomb, principale richesse d’un éditeur (avec le stock imprimé non relié), étaient constamment réemployés326. Ces recompositions d’une impression à la suivante d’un même texte, ainsi que le métier indépendant des relieurs permettant facilement de modifier l’assemblage d’imprimés et l’adjonction éventuelle de correctifs, explique la multiplicité des éditions et les variations si souvent constatées entre elles. Ceci demande de ne pas s’en tenir à une seule page de titre en tête d’ouvrage, mais de décrire attentivement les contenus et des paginations souvent multiples car reprises.

La multiplicité des éditions des Chrétiens peut heureusement se rattacher à trois « familles » : Intérieur Chrétien de 1659, Chrétien Intérieur « primitif » de 1660 avec adjonction de Pensées en 1676, Chrétien Intérieur « tardif » de 1676. Au sein de chaque famille, les variations entre rééditions sont mineures.

Par contre, les trois familles de Chrétiens se distinguent entre elles très largement. En témoignent en premier lieu de considérables différences de taille : on passe de ~170 000 caractères (évaluation brute, espaces compris) pour L’Intérieur Chrétien de 1659 signé Charpy « assisté » très probablement par d’Argentan, à ~770 000 caractères pour Le Chrétien Intérieur « primitif » en huit livres (1660) signé « Un Solitaire » qui n’est autre que le même d’Argentan, enfin à ~1 200 000 caractères pour Le Chrétien Intérieur « tardif » en deux tomes et dix livres, de 1676, signé nommément par ce dernier !

Des Pensées viennent se greffer  aux éditions des Chrétiens (aussi bien « primitif » que « tardif »), peut-être pour leur donner « du poids » face à la réédition des Œuvres spirituelles. Ces Pensées bénéficièrent en 1676 de deux éditions chez le même éditeur, l’une sous forme d’un petit volume indépendant, l’autre en ajout à l’édition de l’année du Chrétien intérieur.

Aux ajouts - nouvelles sources et amplifications - correspond une baisse de la fidélité aux sources provenant des dictées de Bernières, et donc de qualité, car d’Argentan était moins doué que son maître, comme il a la grande honnêteté de l’avouer en évoquant ses propres écrits dans l’édition même de ceux de son maître :

… à mon grand regret, elles [ses propres Conférences Théologiques] n’allument pas, ce me semble, un si grand feu dans la volonté, parce qu’elles n’ont pas cette abondance de l’onction divine, qui se fait goûter par tout le Chrétien Intérieur … qu’il n’est pas en notre pouvoir de donner à nos paroles, si le saint Esprit ne répand sa grâce sur nos lèvres.327

Il nous renseigne aussi avec candeur sur son traitement des écrits de Bernières, suggérant un large travail de réécriture de sa part. Nous citons largement, compte tenu de l’incidence sur le crédit à accorder à certaines parties faibles du Chrétien et aussi parce que d’Argentan souligne involontairement fort bien la « fatigue » que ressentent des spirituels non mystiques à la lecture de textes abordant des états élevés sans images :

…il y a beaucoup de redites [chez Bernières] … étant vrai que les lumières et les affections que la grâce répand dans une âme, sont bien souvent les mêmes, sinon qu’elles se perfectionnent toujours dans la suite, et qu’elles la font passer dans des états bien plus purs et plus élevés. Mais on n’y voit pas cette variété de pensées, de matières, ni de sujets qui divertit dans les autres livres, et qui empêche que la lecture n’en soit ennuyeuse. Il a fallu débrouiller tout cela avec assez de fatigue et mettre quelque ordre où il n’y en avait aucun. Et après tout, il s’y trouvera encore peut-être, un peu trop de répétitions…

N'attendez pas dans ce petit livre [du Chrétien] une disposition si régulière, ni une liaison si juste des matières qu'il traite. Il [Bernières] ne parle pas pour instruire personne, il va où Dieu le conduit, et bien heureux qui le pourra suivre. Et ne m'accusez pas si je n'ai pas été si exact à écrire tout ce qu'il a dit sur un sentiment que j'ai quelquefois trouvé plus étendu qu'il ne fallait ; ou si j'ai d'autres fois ajouté quelques lignes du mien quand Dieu m'en a donné la lumière et que j'ai cru qu'il était nécessaire pour un plus grand éclaircissement.328

Indépendamment des Chrétiens et de l’adjonction de Pensées s’ajoutent enfin des Œuvres spirituellesMaximes et Lettres. On a précédemment relevé la preuve de la composition des Maximes à partir de lettres par un ajout marginal de dates lors de leur réédition de 1675.

Jean a écrit à ses dirigé(e)s : Catherine de Bar, M. Bertot, des amis partis au Canada, des proches normands… Ces lettres ont été rassemblées dans le second volume des Œuvres spirituelles publié après le succès du Chrétien intérieur. On a malheureusement perdu la correspondance avec la vénérable Mère Marie de l’Incarnation. Par contre on peut tirer parti de textes de Jean-Chrysostome de Saint-Lô édités par Bernières et comportant de façon voilée la direction de ce dernier par ce confesseur. Il existe également des copies de lettres non publiées jusqu’à maintenant, en particulier la correspondance avec Catherine de Bar préservée au sein des monastères des bénédictines du Saint-Sacrement329.

Notre ANNEXE : DESCRIPTION DES EDITIONS ANCIENNES livre la composition précise de prototypes choisis parmi les éditions auxquelles nous avons eu accès330, pour représenter les « branches » ou sources distinctes. Celles-ci sont finalement au nombre de quatre : « trois Chrétiens et leur cousin ». C’est la base solide nécessaire pour s’y retrouver dans la jungle des multiples éditions qui ont établi le rayonnement du mystique.

Choix pour nos éditions

L’Intérieur Chrétien de 1659 et Le Chrétien Intérieur en huit livres de 1660 sont relativement fiables car un an après le décès de Bernières, d’Argentan n’a pas eu le temps de réécrire son maître. L’adjonction de Pensées aux Chrétiens Intérieurs est fiable. Ces trois textes sont repris sous le présent titre : Œuvres mystiques I L’Intérieur Chrétien suivi du Chrétien Intérieur augmenté des Pensées.

Ce qui fut tardivement édité sous le nom d’Œuvres spirituelles … Maximes Lettres est beaucoup moins connu mais est plus sûr331. On note que les mêmes lettres ne sont pas utilisées dans les Chrétiens et dans les Œuvres spirituelles332. La reprise des contenus rassemblés sous ce dernier titre, augmentée de lettres complémentaires jamais publiées paraîtra sous le titre : Œuvres mystiques II Correspondances.

Enfin en dernier lieu vient Le Chrétien Intérieur de 1677 largement tributaire d’un d’Argentan peu inspiré mystiquement. Nous ne le retenons pas.

Un courant mystique « ouvert »

Les grandes figures mystiques du XVIIe siècle n’ont pas été des génies solitaires, mais ont vécu au sein d’un réseau d’amitiés qui les reliait à des personnes qui avaient la même expérience de Dieu : indifféremment clercs ou laïcs, les aînés incarnent cette expérience et forment les plus jeunes à l’oraison, chacun étant à son tour « maître des novices ».

C’est ainsi qu’une chaîne relie Chrysostome de Saint-Lô à Jean de Bernières, puis Bernières à Jacques Bertot, enfin Bertot à Jeanne-Marie Guyon. Bien des études restent à entreprendre pour étudier le réseau étoilé qui s’est formé autour de Bernières, tâche entreprise par le P. Charles du Chesnay333. Le second réseau étoilé autour de Mme Guyon334 et de Fénelon reste de même à explorer.

Un autre cheminement passant par la fondatrice Catherine de Bar et l’ordre des bénédictines du Saint Sacrement a fait de son côté l’objet d’études assez nombreuses mais pas toujours largement diffusées335.

Une expérience vivante passe ainsi des aînés aux cadets. Dans ce courant, des figures à fort relief comme Bernières apparaissent comme des noeuds qui rassemblent de multiples liens. Ainsi Jean bénéficie d’une très ancienne tradition franciscaine incarnée par « notre bon Père Chrysostome », avant d’être influent sur Catherine de Bar, sur Jacques Bertot, sur de nombreuses figures dont les Canadiens. On n’oubliera pas les « frères » plutôt que disciples que sont Gaston de Renty, Jean Eudes…

Une tradition franciscaine

Jean est disciple de Chrysostome de Saint-Lô du Tiers Ordre Régulier [TOR] franciscain et fait partie du Tiers Ordre laïc étroitement connecté aux réguliers, comme nous le rapporte l’historien de l’ordre Jean-Marie de Vernon :

Le sieur de Bernières de Louvigny de Caen éclate assez par son propre lustre, sans que ma plume travaille pour honorer sa mémoire. Son livre posthume publié sous l'inscription du Chrétien intérieur avec tant de succès, est une étincelle du feu divin qui l'embrasait. Les lumières suréminentes dont son esprit était rempli, n'ont pas pu être toutes exposées sur le papier ni dans leur entière force : comme il était enfant de notre Ordre dont il a pris l'habit [nos italiques], aussi en a-t-il tendrement aimé tous les sectateurs336.

Quand il s’agira d’éditer une « œuvre » à partir de ses lettres, on fera appel au franciscain capucin Louis-François d’Argentan, puis à Robert de Saint-Gilles, de l’ordre des minimes proche des franciscains. Plus tard la liste des amis de l’école du Pur Amour témoigne d’une très forte imprégnation franciscaine337 : la moitié d’entre eux sont membres des Tiers Ordres régulier ou séculier franciscains.

La direction ferme du P. Chrysostome

Nous ne pouvons alourdir cette introduction en présentant le P. Chrysostome (1594-1646) qui mérite une étude séparée. Il était ancré dans un franciscanisme vécu intensément. Malgré des pratiques ascétiques qui remontent au Moyen Age, nous intéresse toujours chez lui une valeur qui reste intemporelle : son détachement absolu, vers lequel il entraîne son entourage.

Bernières est donc dirigé avec un amour sans concession. Il est membre de la confrérie confidentielle de la « sainte Abjection » fondée sous l’impulsion de « notre bon Père » Chrysostome. Elle unit ces amis tous pénétrés de révérence envers la grandeur divine. Pour bien saisir l’esprit intime qui les anime, voici un échange de lettres entre Jean et son directeur338 :

Mon révérend père339,

Je me suis trouvé depuis quelques semaines dans une grande obscurité intérieure, dans la tristesse, divagation d'esprit, etc. Ce qui me restait en cet état était la suprême indifférence en la pointe de mon esprit, qui consentait avec paix intellectuelle à être le plus misérable de tous les hommes et à demeurer dans cet état de misère où j'étais tant qu'il plaira à notre Seigneur.

Réponse :

J'ai considéré votre disposition. Sur quoi, mon avis est que cet état de peine vous a été donné pour vous disposer à une plus grande pureté et sainteté intellectuelle par une profonde mort des sens et une véritable séparation des créatures. Je vous conseille durant cet [94] état de peines :

1. De vous appliquer davantage aux bonnes oeuvres extérieures qu'à l'oraison,

2. Ayez soin du manger et dormir de votre corps,

3. Faites quelques pèlerinages particulièrement aux églises de la sainte Vierge,

4. Ne violentez pas votre âme pour l'oraison : contentez-vous d'être devant Dieu sans rien faire.

5. Dites souvent de bouche : je veux à jamais être indifférent à tout état, ô bon Jésus, ô mon Dieu, accomplissez votre sainte volonté en moi, et semblables. Il est bon aussi de prononcer des vérités de la Divinité, comme serait : Dieu est éternel, Dieu est Tout-puissant ; et de la sainte Humanité, comme serait : Jésus a été flagellé, Jésus a été crucifié pour moi et par amour. Ce que vous ferez encore que vous n'ayez aucun goût en la prononçant, etc. […]

Le P. Chrysostome n’hésite pas à éclairer Jean inquiet sur une oraison devenue « abstraite » après les ferveurs anciennes340 :

J'ai lu et considéré le rapport de votre oraison. […103]

1. Souvenez-vous que d'autant plus que la lumière monte haut dans la partie intellectuelle et qu'elle est dégagée de l'imaginaire et du sensible, d'autant plus est-elle pure, forte et efficace, tant en ce qui est du recueillement des puissances qu'en ce qui est de la production de la pureté.

2. Quand vous sentirez disposition à telle lumière, rendez-vous entièrement passif.

3. Souvenez-vous qu'aucune fois cette vue est si forte qu'au sortir de l'oraison le spirituel croit n'avoir point affectionné son objet, ce qui n'est pas pourtant, car la volonté ne laisse pas d'avoir la tendance d'amour mais elle est comme imperceptible, à cause que l'entendement est trop pénétré de la lumière. [104]

4. Enfin, souvenez-vous que dans cet état, il suffit que la lumière soit bonne et opérante, et il n'importe que l'entendement et la volonté opèrent également ou qu'une puissance absorbe l'autre. Il faut servir Dieu à sa mode dans telle lumière qui ne dépende point de nous. […]

Mais aussi bien Chrysostome répond à des questions touchant la vie pratique, par exemple en réponse au désir de solitude éprouvé par Jean341 :

Divisez votre temps et tendez de ne vous donner aux affaires que par nécessité, prenant tout le temps qu'il vous sera possible pour la solitude de l'oratoire. O cher frère, peu de spirituels se défendent du superflu des affaires. O que le diable en trompe sous des prétextes spécieux et même de vertu. […]

Puis Jean devenu à son tour directeur d’âmes demande l’avis de son maître :

Comment dois-je conseiller les âmes sur la passivité de l'oraison ? Les y faut-il porter et quand faut-il qu'elles y entrent et quels en sont les dangers ?

- Ordinairement le spirituel ne doit pas prévenir la passivité. Je dis ordinairement, d'autant que s'il travaille fortement il pourrait demeurer quelque peu de temps sans agir, s'exposant à la grâce et à la lumière, et éprouver, de temps à autre, si telle pauvreté lui réussit. Benoît de Canfeld en son Traité de la volonté divine, est de cet avis. Je crois néanmoins que celui qui s'en servira doit être discret et fidèle. […]

On a beaucoup insisté sur le caractère sévère de Chrysostome de Saint-Lô. Bernières semble – du moins au début de son évolution intérieure – être affligé d’un tempérament scrupuleux. Peut-être faut-il surtout mettre en cause la forme religieuse que prend à l’époque l’angoisse humaine342.

Bernières prendra « à la lettre » les injonctions de son confesseur :

…le Père Jean Chrysostome lui avait écrit que l’actuelle pauvreté était le centre de sa grâce Ce sentiment d’un directeur adressé à un disciple en augmentait les ardeurs d’une manière incroyable. Ainsi il commença tout de bon à chercher les moyens d’être pauvre. Mais comme son bon directeur n’était plus ici-bas il ne trouvait presque personne qui ne s’y opposât343

Mais le même Chrysostome, comme nous le verrons, sait être libre comme le montre l’aventure canadienne d’un mariage blanc simulé.

Bernières témoignera de sa vénération :

…ce me serait grande consolation que nous puissions parler de ce que nous avons ouï dire à notre bon Père puisque Dieu nous a si étroitement unis que de nous faire enfants d’un même Père Savez- vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu344 ?

Les conseils d’amies mystiques

Bernières bénéficie aussi des conseils de plusieurs amies avancées dans la voie mystique:

Marie des Vallées (1590-1656)

La simple mais sainte « sœur » de Coutances reçoit la visite chaque année de membres de l’Ermitage et ses « dits » sont consignés par saint Jean Eudes (1601-1680) dans son « manuscrit de Québec » et par Gaston de Renty (1611-1649) :

Ces conseils ont été donnés apparemment à Mr. de Bernières, (Voyez dans ses Oeuvres spirituelles, II. Partie, Lettres XXX, Pour la vie Unitive) ou à Mr. Bertot, (Voyez ci-dessus lettre XL, §2345, et lettre LXIV, §6346) ou à quelqu’un de leurs amis, qui avaient tous une grande estime pour cette fille, et l’allaient voir ordinairement une fois par an.

Sur le don d’anéantissement ou de la foi nue, l’emploi pour le prochain, la présence réelle de Jésus-Christ, la conversation en esprit et en silence, la communication essentielle de Dieu :

1. Cette Servante de Dieu étant consultée par un Serviteur de Dieu347, elle lui dit [f°408] d’avoir courage, qu’il n’est point arrivé, mais qu’il est en chemin ; qu’il faut laisser aller les personnes qui ont des lumières et des beaux sentiments, que ce n’est point là sa voie. […]

2. Elle a dit qu’elle ne peut rien faire ni penser, sinon demeurer dans sa maison qui est le néant […]

3. Elle m’a dit quantité de fois : vous voilà en beau chemin, Dieu vous y conduise. 348 […]

Et Jean Eudes raconte :

Dans un voyage que M. de Bernières fit à Coutances, pendant qu’il y fut il alla souvent prendre son repas chez M. Potier où était la sœur Marie. Or l’un et l’autre firent dessein d’envoyer quérir du sucre et quelque autre petite délicatesse, afin de le mieux traiter, mais lorsqu’il était présent, ils ne s’en souvenaient point du tout ; et quand il était parti, ils étaient fâchés d’y avoir manqué, mais pourtant ils oublièrent encore par après, excepté un soir qu’ils l’attendaient et qu’ils se souvinrent bien, mais cette fois il ne vint pas. Ensuite de cela, comme la sœur Marie se plaignait de leur peu de mémoire, Notre Seigneur lui dit : « C’est ma divine volonté qui en a ainsi disposé. Elle veut que vous lui aidiez à marcher dans le chemin de la perfection. Toutes ces choses ne sont que des retardements, excepté quand on en use par infirmité ou par quelque autre bonne raison. » [320]349.

Marie de l’Incarnation (1599-1672)

Bernières, après l’avoir connue brièvement et conduite à Dieppe pour son départ au Canada, restera son correspondant préféré (avec son fils dom Claude Martin), mais les longues lettres « de quinze ou seize pages » sont malheureusement perdues :

Ses lettres ne traitaient pour la plupart que de l’oraison … Il [Bernières] en faisait une estime singulière. Il me dit qu’il avait connu bien des personnes appliquées à l’oraison … qu’il n’en avait jamais vu qui en eût mieux l’esprit, ni qui en eût parlé plus divinement.350.

… notre Mère est une seconde sainte Thérèse … C’est aussi le sentiment de Monsieur de Bernières … quoiqu’il y eût peu de personnes éminentes en oraison qui n’eussent communiqué avec lui … je lui ai néanmoins entendu dire qu’il n’avait jamais vu de personnes élevées au point où était la mère de l’Incarnation.351.

On ne peut donc que supposer un échange fructueux avec la mystique ursuline, en notant que si Marie Guyart reçoit des « communications de pur amour » avant la fin 1626, devenue Marie de l’Incarnation, elle est déjà fort avancée mystiquement lors de sa rencontre avec Jean de Bernières au printemps 1639352. On est en droit de penser qu’elle fut une « aînée » conseillère de l’approfondissement ultérieur de Jean qui se produit entre 1645 et 1657 par passage de l’abjection à l’abandon.

Charlotte le Sergent (1604-1677)

La « sublime » mystique353, cachée au sein du couvent des bénédictines de Montmartre, soutint Bernières (et bien d’autres, dont Catherine de Bar) :

Persuadé que Dieu l’éclairait sur la conduite d’autrui, on la consultait de tous côtés et même des personnes qui d’ailleurs étaient fort éclairées : comme Monsieur de Bernières…

Elle lui dit entr’autres choses : … il m’a semblé que votre âme se rabaissait par trop en réfléchissant sur elle-même, et sur les opérations divines dans son intérieur. Elle doit être à mon avis plus simple et s’attacher uniquement à l’Auteur de cet ouvrage et non pas à ses effets. Il vous doit suffire de lui laisser une pleine liberté d’agir à sa mode et selon son bon plaisir […]

Monsieur de Bernières étant pressé d’abandonner toutes choses et d’entreprendre une vie pauvre et réduite à la mendicité … [reçut cette réponse :]

Votre esprit naturel est agissant et actif … vous devez demeurer indifférent à tout … seulement vous humilier. C’est en ce point que consiste la pauvreté d’esprit dans ce vide et dans ce dénuement de toute propre élection…354.

La vie de Jean de Bernières.

Nous allons être brefs sur la biographie de Bernières : pour de plus amples détails, on se rapportera au récit vivant et de lecture aisée rédigé par Souriau dès 1913355. En fait, on sait peu de chose se rapportant à l’intime, hors ce qu’il en témoigne lui-même lors de rares confidences écrites.

Né en 1602, troisième fils d’un trésorier général de France, il utilisera par la suite une partie de sa fortune pour de nombreuses fondations caennaises, de concert avec son ami le baron de Renty. Après la mort de son ami Renty en 1649, il prend la direction de la Compagnie du Saint-Sacrement de Caen, poursuivant une orientation toute dirigée vers les pauvres. Il paye de sa personne lorsque maladie et misère sont en cause.

En 1639, il prend part de façon originale au départ de Mme de la Peltrie et de Marie de l’Incarnation pour le Canada. Tout à fait capable de conseiller Mme de la Peltrie en procès avec sa famille, il gère des ressources pour la fondation des missions du Canada pendant les vingt années qui suivent le célèbre voyage.

Sur le plan prosaïque de l’activité professionnelle, Bernières, qui reprit la charge de son père comme Trésorier à Caen de 1631 à 1653, semble avoir bien rempli son rôle, à en juger par cette lettre adressée par des Trésoriers de France à Caen le 29 octobre 1648 :

Messieurs, Tous les Bureaux de France vous sont grandement redevables d'avoir travaillé si utilement et heureusement à nos affaires communes. Comme ils sont obligés à vous en faire leurs très humbles remerciements, nous serions bien fâchés qu'aucun nous devançasse à vous en témoigner sa gratitude. Nous nous acquittons donc de ce devoir et louons Dieu que le succès a répondu par vos soins à nos espérances [...]356.

Ce rôle ne fut pas de tout repos car une révolte paysanne lié à l’imposition de l’impôt sur le sel fut à la même époque durement matée par le terrible chancelier Séguier (dont le journal intime note le nombre de pendus aux arbres : ils sont censés y demeurer jusqu’à leur chute naturelle !). Bernières fait alors partie de la vingtaine de notables agenouillés prêtant serment de fidélité au Roi357.

De 1646 à 1649, donc à un âge déjà avancé pour l’époque, il fait bâtir l’Ermitage, maison de retraite spirituelle où il dirige religieux comme laïcs, dans une grande liberté. « Le directeur des directeurs de conscience358 » parle avec humour d’un « hôpital » un peu particulier qui accueille des hôtes de passage, maison qu’il a fait construire « au pied » du couvent de sa sœur Jourdaine359 :

Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger avec moi que des pauvres spirituels [...] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes360.

Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir ; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison361.

Désirant en bon membre du Tiers Ordre séculier franciscain pratiquer la pauvreté, il veut faire donation de ses biens, mais…

…Ma belle-sœur fait de son mieux pour empêcher que je ne sois pauvre ; elle me fait parler pour ce sujet par de bons religieux il n’y a plus moyen d’être pauvre362.

Pour ses dernières années, il a trouvé la solution : il ne possède plus que de ce que lui donne sa famille et vit avec le strict nécessaire :

J’embrasse la pauvreté quoiqu’elle m’abrège la vie naturelle363.

Enfin Jean est insensible aux différences sociales. Comme le rapporte cette conversation, son serviteur est pour lui un fils spirituel :

- Vous êtes mon maître, je vous dois tout dire comme à mon père spirituel - Vous le pouvez, lui dis-je, car je vous aime en Jésus-Christ, et je vous ai tenu auprès de moi, afin que vous fussiez tout à lui364.

Les multiples activités des amis de l’Ermitage

Bernières rayonne sur les amis qui séjournent avec lui à l’Ermitage : il donne l’exemple d’une pauvreté et d’une charité fondées sur l’oraison et l’abandon à la grâce divine. Il n’y a aucune opposition entre actifs et contemplatifs puisque la charité est suscitée par les mouvements intérieurs de l’Esprit Saint dans l’âme. Jean Eudes (1601-1680), fondateur des eudistes, incarne aussi cet esprit actif : ils sont du même âge et leur amitié durera longtemps. De même, avec Gaston de Renty (1611-1649), autre mystique laïc, et grand seigneur qui passe des armes et des sciences à l’exercice de la charité, Bernières contribue à la fondation d’hôpitaux, de couvents, de missions et de séminaires.

Il paye de sa personne, car il va chercher lui-même les malades dans leurs pauvres maisons, pour les conduire à l’hôpital porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui. 365.

L’influence du cercle va s’étendre au Canada dans des circonstances pour le moins inhabituelles. Nous citons cette histoire pittoresque pour illustrer un esprit de liberté et d’indépendance que l’on ne trouve pas toujours explicite dans des écrits retravaillés. Mme de la Peltrie, veuve aussi généreuse qu’originale, veut fonder une maison religieuse au Canada. Sa famille s’y oppose, elle consulte un religieux qui suggère l’expédient d’un mariage simulé. La proposition est présentée à M. de Bernières, ce « fort honnête homme qui vivait dans une odeur de sainteté ». Ce dernier consulte son directeur :

Celui qui le décida fut le Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô Finalement Bernières se décida, sinon à contracter mariage du moins à se prêter au jeu en faisant demander sa main. La négociation réussit trop bien à son gré. Au lieu de lui laisser le temps de réfléchir, M. de Chauvigny [le père], tout heureux de l’affaire « faisait tapisser et parer la maison pour recevoir et inspirait à sa fille les paroles qu’elle lui devait dire pour les avantages du mariage »366.

Notons l’intervention positive du Père Chrysostome, qui peut être sévère mais sans étroitesse d’esprit, et la « sainte » liberté de tous dans cette affaire qui va prendre une pente assez comique. Le grand voyage pour le Canada débute par une tournée de « ramassage » passant par Tours de deux sœurs ursulines suivi d’une présentation à la Cour et d’un séjour à Paris :

Le groupe comprenait sept personnes, Mme de la Peltrie et Charlotte Barré, M. de Bernières avec son homme de chambre et son laquais, et les deux Ursulines dont Marie de l’Incarnation, qui écrit : « M. de Bernières réglait notre temps et nos observances dans le carrosse, et nous les gardions aussi exactement que dans le monastère A tous les gîtes, c’était lui qui allait pourvoir à tous nos besoins avec une charité singulière Durant la dernière journée de route, M. de Bernières s’était senti mal : il arriva à Paris pour se coucher. » Mme de la Peltrie joua jusqu’au bout la comédie du mariage : « elle demeurait tout le jour en sa chambre, et les médecins lui faisaient le rapport de l’état de sa maladie et lui donnaient les ordonnances pour les remèdes ». Mme de la Peltrie et la sœur de Savonnières s’amusaient beaucoup de cette comédie. M. de Bernières un peu moins.367.

Finalement le grand départ de Dieppe de la flotte de printemps en 1639 emporte Mme de la Peltrie (-1671), fondatrice temporelle de la communauté ursuline du Québec, et Marie de l’Incarnation (1599-1672) qui animera cette communauté :

Marie de l’Incarnation est encore sous le coup du ravissement qu’elle vient d’avoir en la chapelle de l’Hôtel Dieu. M. de Bernières monta dans la chaloupe avec les partantes mais on lui conseilla de demeurer en France afin de recueillir les revenus de Mme de la Peltrie, pour satisfaire aux frais de la fondation368.

Malgré son envie de partir, le pauvre Bernières restera donc en France pour gérer les ressources nécessaires aux fondations canadiennes.

Les conseils en oraison

Bernières est le directeur de nombreuses personnes, aussi bien des laïcs que des clercs. Il dirige sa sœur aînée Jourdaine : très attachée à son frère, elle sauvera ses écrits et sa mémoire, non sans rencontrer des contrariétés. On sait aussi qu’il allait souvent parler aux ursulines pour les former à l’oraison. Ne pouvant traiter même brièvement de Jourdaine et d’une relation que l’on suppose presque quotidienne, nous renvoyons à Souriau et aux Annales du monastère369.

Catherine de Bar, qui deviendra la sainte « Mère du Saint-Sacrement » (1614-1698), passe environ un an au monastère de Montmartre et au moins trois années à Caen où le Père Jean-Chrysostome est son confesseur. Elle demeurera en correspondance avec Bernières370, de même que son nouveau confesseur Epiphane Louys, mystique attachant et lorrain comme elle, qui se liera également avec Bernières371. Jean peut être rude dans ses lettres : « Vous n'êtes pas pourtant dans cet état [de pur amour], car l'on vous chérit trop »…

Dans ses lettres à Bernières, on la voit traverser dans sa jeunesse les vides de la purification mystique :

3 juillet 1643. Monsieur, Notre bon Monsieur Bertot nous a quittées avec joie pour satisfaire à vos ordres. Il vous dira de nos nouvelles et de mes continuelles infidélités et combien j'ai de peine à mourir. Je ne sais ce que je suis, mais je me vois souvent toute naturelle, sans dispositions de grâces. Je deviens si vide et si pauvre, même de Dieu, que cela ne se peut exprimer. Cependant il faut selon la leçon que vous me donnez l'un et l'autre que je demeure ainsi abandonnée, laissant tout désir

13 novembre 1643. …Il n'y a rien dans mon coeur. Je suis pauvre véritablement, mais si pauvre que je ne puis exprimer 372.

Grâce à une vie longue et féconde, Catherine de Bar transmettra l’esprit de l’Ermitage. Nous ne pouvons consacrer ici une juste place à la fondatrice d’un ordre toujours vivant et actif à restituer sa mémoire.

Jacques Bertot (1620-1681) ou « Monsieur Bertot » (il est prêtre), est une figure charnière aussi fondamentale que demeurée discrète373 : il relie Caen et Paris, car il apporte la mystique de l’Ermitage à l’abbaye de Montmartre, d’où elle rayonnera. Un bref résumé de sa vie ainsi qu’un témoignage sur la fidélité de disciples est inclus dans l’Avertissement placé en tête des œuvres rassemblées sous le titre Le directeur Mistique [sic] [...] ami intime de feu Mr de Bernières…, publié quarante-cinq ans après sa mort, par reconnaissance de Mme Guyon envers son directeur :

« Monsieur Bertot natif de Coutances [en fait Caen] grand ami de Jean de Bernières s’appliqua à diriger les âmes dans plusieurs communautés de Religieuses [et] plusieurs personnes engagées dans des charges importantes tant à la Cour qu’à la guerre Il continua cet exercice jusqu’au temps que la providence l’attacha à la direction des Religieuses Bénédictines de l’abbaye de Montmartre proche [de] Paris, où il est resté dans cet emploi environ douze ans jusqu’à sa mort [au] commencement de mars 1681 après une longue maladie de langueur. [Il fut] enterré dans l’Eglise de Montmartre au côté droit en entrant. Les personnes ont toujours conservé un si grand respect [qu’elles] allaient souvent à son tombeau pour y offrir leurs prières.

Après des études au collège de Caen, il devient prêtre et s’attache à Jean de Bernières. C’est probablement à lui qu’est destinée la majorité des lettres intitulées « à l’ami intime » qui tranchent par leur ton et leur profondeur particulière sur l’ensemble de la correspondance374. On y sent l’autorité de l’expérience, mais aussi une complicité spirituelle et la certitude d’être parfaitement compris d’un compagnon qui prend le chemin commun :

… Dieu seul, et rien plus. Je n’ai manqué en commencement de cette année de vous offrir à Notre Seigneur, afin qu’Il perfectionne, et qu’Il achève Son œuvre en vous. Je conçois bien l’état où vous êtes : recevez dans le fond de votre âme cette possession de Dieu, qui vous est donnée en toute passiveté, sans ajouter votre industrie et votre activité, pour la conserver et augmenter. C’est à Celui qui la donne à le faire, et à vous, mon cher Frère, à demeurer dans le plus parfait anéantissement que vous pourrez. Voilà tout ce que je vous puis dire, et c’est tout ce qu’il y a à faire. Plus une âme s’avance dans les voyes de Dieu, moins il y a de choses à lui dire…375.

Ce grand mystique aura une profonde influence, en particulier sur Mme Guyon.

L’action de Bernières s’étend aussi sur le Canada puisqu’il forme à l’oraison François de Montmorency-Laval (1623-1708) pendant plusieurs années : celui-ci part au Canada où il deviendra le très saint premier évêque de Québec376 (il emporte avec lui le manuscrit des « dits » de Marie des Vallées). De nombreux familiers de l’Ermitage partiront au Canada : Ango de Maizerets, dont la vie se confondra avec celle du séminaire fondé là-bas à l’imitation de l’Ermitage, et qui se dévouera à l’éducation des enfants ; M. de Bernières, neveu de Jean, qui meurt à Québec en 1700 ; M. de Mésy, duelliste raffiné converti, premier gouverneur de Québec ; Roberge, le fidèle valet de chambre et disciple, y partira après la mort de son maître… 377.

Henri-Martin Boudon (1624-1702), l’archidiacre « persécuté » d’Evreux, responsable d’une très abondante production littéraire, dont la seule biographie existante du P. Chrysostome, conservera la confiance et l’appui de Bernières. Ce dernier est ferme dans ses convictions :

Lorsqu’on attaque ses amis, il les défend avec énergie. Quand le grand archidiacre d’Evreux, Boudon, victime d’une sorte de conjuration, est menacé d’interdiction, Jean déclare à la cohorte ennemie que Boudon aura toujours un refuge en sa maison, et que lui, Jean, se trouverait heureux d’être calomnié et persécuté pour lui 378.

On peut citer bien d’autres figures : sur place, M. de Gavrus, neveu de Jean, fonde l’hôpital général de Caen ; Jean Aumont (1608-1689) « le vigneron de Montmorency », du Tiers Ordre franciscain, est l’auteur notable et attachant de L’Ouverture intérieure du royaume de l’Agneau occis dans nos cœurs… ; Lambert de la Motte, devenu Mgr de Béryte, est l’un des premiers évêques de la Chine.

Une heureuse fin

Usé par une vie très active, la fin de Bernières sera brusque, exauçant un intime désir né du souvenir de l’agonie douloureuse de son confesseur  le Père Chrysostome :

Il avait pourtant peur de la mort Une tradition de famille rapportait qu’il demandait toujours à Dieu de mourir subitement Le 3 mai 1659 rentré à l’Ermitage, le soir venu, il se mit à dire ses prières. Son valet de chambre vint l’avertir qu’il était temps pour lui de se mettre au lit. Jean lui demanda un peu de répit, et continua de prier…379.

Son valet de chambre [Denis Roberge, qui finira ses jours au Canada] ne s’en aperçut [de sa mort] qu’en l’entendant tomber sur son prie-Dieu. Il avait passé le jour aux Croisiers, où l’on solemnisait la fête de l’Invention de la Sainte-Croix, jour précieux pour lui…380.

Sa mort et sa maladie n’ont duré qu’un quart d’heure. Sans être aucunement malade, sur les 9 heures du soir, samedi, 3e de mai … il se souviendra de nous. Il nous aimait.381.

« Dieu est et vit, et cela me suffit »

Lorsque sa vue baissa, Bernières dictait, sur ordre de son confesseur, ses lettres et ses notes d’oraison à M. Roquelay, un prêtre qui vivait chez lui. Elles furent assemblées pour l’Intérieur Chrétien, paru l’année de sa mort, puis pour le Chrétien intérieur paru l’année suivante.

Nous ne ferons ici que suggérer quelques aspects essentiels de sa vie intérieure. Quelques passages suggèrent les diverses facettes d’un diamant d’où sort une même lumière intérieure. Sur un mode mineur :

Je m’exprime comme je puis, car il faut chercher des termes pour dire quelque chose de la réalité de cet état qui est au-dessus de toutes pensées et conceptions. Et pour dire en un mot, je vis sans vie, je suis sans être, Dieu est et vit, et cela me suffit […] Voilà bien des paroles pour ne rien exprimer de ce que je veux dire.382.

L’oraison est le fondement de sa vie :

L’oraison est la source de toute vertu en l’âme ; quiconque s’en éloigne tombe en tiédeur et en imperfection. L’oraison est un feu qui réchauffe ceux qui s’en approchent, et qui s’en éloigne se refroidit infailliblement.383.

Il en décrit plusieurs sortes, mais propose surtout l’oraison passive dans laquelle il a vécu toutes ses dernières années. Celle-ci met l’âme dans « une nudité totale pour la rendre capable de l’union immédiate et consommée », écrit-il à sa sœur Jourdaine. Elle « ne peut souffrir aucune activité, ayant pour tout appui l’attrait passif de Dieu […] En cet état, il faut laisser opérer Dieu et recevoir tous les effets de sa sainte opération par un tacite consentement dans le fond de l’âme» 384.

Cette oraison ne peut donc s’appuyer que sur un absolu renoncement à tout ce qui n’est pas Dieu :

Un homme d’oraison doit être un homme mort … C’est se moquer de vouloir faire oraison et vouloir encore prendre goût aux créatures.385.

Dans une lettre du 29 mars 1654, il affirme le but de l’Ermitage :

C’est l’esprit de notre Ermitage que d’arriver un jour au parfait néant, pour y mener une vie divine et inconnue au monde, et toute cachée avec Jésus-Christ en Dieu.

Aucune satisfaction ne doit être donnée à la « nature », si peu que ce soit. Mais la raison de cette rigueur est beaucoup plus profonde que des outrances qui ne sont plus de notre époque. C’est en effet la grâce, pour lui la présence de Jésus-Christ, qui doit gouverner toutes les actions, jamais l’homme naturel :

… ce qui est purement naturel ne plaît pas à Dieu ; [il] faut que la grâce s’y trouve afin que l’action lui soit agréable et qu’elle nous dispose à l’union avec lui.386.

L’idéal est de se laisser gouverner par la grâce :

C’est un moyen très utile pour l’oraison de s’accoutumer à ne rien faire que par le mouvement de Dieu. Le Saint-Esprit est dans nous, qui nous conduit : il faut être poussé de lui avant que de rien faire […] L’âme connaît bien ces mouvements divins par une paix, douceur et liberté d’esprit qui les accompagne, et quand elle les a quittées pour suivre la nature, elle connaît bien, par une secrète syndérèse [remords de conscience] qu’elle a commis une infidélité.387.

La charité en particulier ne doit s’appuyer que sur cette vie intérieure profonde et, dans ses dernières années, il se méfie de toute action qui ne serait pas dictée par un mouvement de la grâce :

Ne vous embarrassez point des choses extérieures sans l’ordre de Dieu bien reconnu, si vous n’en voulez recevoir de l’affliction d’esprit et du déchet dans votre perfection. […] Oh, que la pure vertu est rare ! Ce qui paraît le meilleur est mélangé de nature et de grâce.388.

C’est dans ses Lettres à l’ami intime389, que Bernières se dévoile le plus : bien que son ami soit plus jeune, il est visible qu’il le considère comme son égal. Il peut lui parler à cœur ouvert des états les plus profonds de ses dernières années :

Je ne puis vous exprimer par pensées quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre… 

Plus Dieu s’élève dans le centre de l’âme, plus on découvre de pays d’une étendue immense, où il faut aller, et un anéantissement à faire, qui n’est que commencé : cela est incroyable, sinon à ceux qui le voient en Dieu même, qu’après tant d’années d’écoulement en Dieu, l’on ne fait que commencer à trouver Dieu en vérité, et à s’anéantir soi-même …390.

Jean dans sa jeunesse croyait l’abjection, la volonté d’anéantissement devant Dieu, supérieure à tout. Il s’aperçoit que l’abandon est le sommet et la base de tout, ce qui lui fait composer cet hymne sur lequel nous achevons l’aperçu de sa voie :

Ô cher abandon, vous êtes à présent l'objet de mon amour, qui dans vous se purifie, s'augmente et s'enflamme. Quiconque vous possède, ressent et goûte les aimables transports d'une grande liberté d'esprit. Une âme se perd heureusement en vous, après avoir perdu toutes les créatures pour l'amour de l'abjection, et ne se retrouve jamais qu'en Dieu, puisqu'elle est séparée de tout ce qui n'est point lui.

Ô cher abandon, vous êtes la disposition des dispositions, et toutes les autres se rapportent à vous. Bienheureux qui vous connaît car vous valez mieux que toutes les grâces et toute la gloire de la terre et du ciel. Une âme abandonnée à un pur regard vers Dieu n'a du ressentiment que pour ses intérêts, n'a point de désir, même des croix et de l'abjection : elle abandonne tout pour devenir abandonnée. Peu de paroles ne peuvent expliquer les grands effets que vous produisez dans un intérieur, qui n'est jamais parfaitement établi en Dieu s'il ne l'est en vous. Vous le rendez insensible à toutes sortes d'accidents, rien que votre perte ne le peut affliger.

Vous êtes admirable, mon Dieu, vous êtes admirable dans vos saintes opérations, et dans les ascensions que vous faites faire aux âmes que vous conduisez de lumière en lumière avec une sainte et divine providence qui ne se voit que dans l'expérience. Il me semblait autrefois que la Grâce de l'amour de l'abjection était comme la dernière ; mais vous m'en découvrez d'autres qui me font monter l'âme plus haut.

Ô cher abandon, vous serez sans doute la dernière disposition ; je ne désire que vous et la mort, comme la porte pour entrer dans un abandonnement éternel. Chère mort, que vous me semblez belle et douce ! Que d'attraits vous avez pour moi ! Délivrez-moi de ma captivité, afin que je puisse jouir de mon Bien-Aimé. Néanmoins si votre venue interrompt mon abandon, ne venez pas car vous n'êtes rien en comparaison, et toutes vos délices me sembleraient amères.

Ô cher abandon, vous êtes le bon ami de mon cœur, qui pour vous seul soupire. Mais quand pourrai-je connaître que je vous posséderai parfaitement ? Ce sera lorsque la divine Volonté régnera parfaitement en moi. Car mon âme sera établie dans une entière indifférence au regard des événements et des moyens de la perfection, quand elle n'aura point d'autre joie que celle de Dieu, point d'autre tristesse, d'autre bonheur, d'autre félicité. […]391

L’école du pur amour

Ce qui a été semé va germer.

Les amis de l’Ermitage forment une association peu courante de laïcs et de religieux, sans règle propre aux « religions » constituées. Ce réseau vivant se rassemble autour de personnalités qui se succèdent génération après génération : le laïc sieur de la Forest forme à l’oraison le Père Chrysostome, qui instruit le laïc Bernières, qui forme ensuite le prêtre Bertot, à qui succèdera une laïque, Mme Guyon… Quel nom donner à cette succession dans le temps de grandes figures réunies par le même idéal mystique qu’ils donnent à leur entourage ? Les expressions “Oratoire du coeur” et “Ecole de l’oraison cordiale” apparaissent chez Bremond dans le chapitre qu’il consacre quelque peu abusivement à Querdu Le Gall (une des nombreuses figures secondaires du réseau) et à Jean Aumont précédemment cité : le prêtre breton et le “vigneron de Montmorency” sont deux personnages excentrés et excentriques aux images naïves qui plaisent au conteur de beaux récits illustrés392. A la contraction en “Ecole du coeur”, nous préférons le terme “Ecole du Pur Amour”, afin d’éviter tout compromission de nature affective compte tenu du sens dévalué attribué au « cœur » depuis Rousseau et le Romantisme.

Voici par ordre chronologique les noms et dates de ses principaux animateurs à la suite de ceux que nous venons de citer en évoquant les multiples activités de Bernières. Chaque nom de la liste est suivi de son appartenance religieuse s’il y a lieu, et de quelques mots permettant son identification393. Les italiques indiquent l’appartenance franciscaine394 :

Marie des Vallées (1590-1656) : la « sainte de Coutances » est largement consultée ; elle est visitée, chaque année au moins, par Jean Eudes qui note ses admirables dits395, Jean de Bernières, Gaston de Renty, Henry Boudon…

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) l’organisateur en Normandie-Bretagne de la seconde province française du Tiers Ordre Régulier franciscain, « Notre bon Père », qui donne l’impulsion de départ ;

Jean Eudes (1601-1680), oratorien missionnaire, fondateur de la congrégation des Eudistes396.

Jean de Bernières (1602-1659) du Tiers Ordre franciscain, le saint mystique laïc de Caen.

Jean Aumont (1608-1689) du Tiers Ordre franciscain : « le vigneron de Montmorency » est un auteur attachant qui mériterait d’être mieux étudié ;

Gaston de Renty (1611-1649), seigneur ami de Bernières397 ;

Catherine de Bar, « la Mère du Saint-Sacrement » (1614-1698), Annonciade puis fondatrice ;

Jacques Bertot (1620-1681), prêtre, le « passeur mystique » entre Caen et Montmartre ;

Henri Boudon (1624-1702) du Tiers Ordre (?), auteur abondant398 défendu par Bernières ;

Paulin d’Aumale ( ? – apr. 1694) du Tiers Ordre Régulier, mêlé à la querelle du quiétisme ;

Archange Enguerrand (1631-1699) Récollet, « le bon franciscain » connu de Mme Guyon ;

Jeanne-Marie Guyon (1648-1717) et François de Fénelon (1651-1715), archevêque de Cambrai.

En résumé, ce réseau d’amis399, associant aînés et cadets, s’est constitué autour de Jean-Chrysostome de Saint-Lô et de son très actif et rayonnant disciple Jean de Bernières basé à Caen. Le « cercle mystique normand » s’étend ensuite à Paris car M. Bertot est nommé aumônier du célèbre couvent de bénédictines de Montmartre : il y anime un cercle où l’on vient de tout Paris. Après sa mort en 1681, sa dirigée Jeanne-Marie Guyon prend ses dirigés en charge400. C’est elle qui éveille à la vie mystique François de Fénelon (1651-1715). Ils seront nommés « notre mère » et « notre père » par les disciples qui viendront pratiquer l’oraison à Blois et à Cambrai à la fin d’une vie redevenue paisible après de multiples persécutions.

Madame Guyon dépend donc du courant de l’Ermitage401. Elle ne cite Bernières qu’indirectement, dans une lettre à un étranger : « Je vous envoie une lettre d’un grand serviteur de Dieu [Bertot], qui est mort il y a plusieurs années : il était ami de monsieur de Bernières, et il a été mon directeur dans ma jeunesse. »402. Les précautions sont en effet nécessaires compte tenu de la condamnation post-mortem de ce dernier en 1689, associée à celle de Molinos, qui s’avère gênante puisqu’elle se produit pendant les années actives publiques parisiennes de la « Dame directrice », nom malicieux accolé par Monsieur Tronson à l’active animatrice du cercle mystique « quiétiste ». Madame Guyon manifestera toute son estime pour Catherine de Bar, la « sainte » Mère du Saint-Sacrement, qu’elle connaîssait personnellement, ainsi que pour Marie des Vallées :

pour Sœur Marie des Vallées, les miracles qu’elle a faits depuis sa mort et qu’elle fait encore en faveur des personnes qui l’ont persécutée, la justifient assez. C’est une grande sainte et qui s’était livrée en sacrifice pour le salut de bien des gens. Elle était très innocente, l’on ne l’a jamais crue dans le désordre mais bien obsédée et même possédée, mais cela ne fait rien à la chose.403.

Ce deuxième foyer parisien animé par madame Guyon est très actif à la fin du XVIIe siècle et « relance » le courant issu du premier foyer normand animé par monsieur de Bernières. Il est aujourd’hui possible de l’apprécier dans sa grandeur parfois abrupte car les écrits originaux sont devenus accessibles404.

Au sein d’une expérience mystique bien vivante, on voit de plus apparaître le courant bénédictin entrelacé avec le courant issu du Tiers Ordre Régulier franciscain : le célèbre couvent des bénédictines de Montmartre prend M. Bertot pour confesseur, et Catherine de Bar fonde les Bénédictines du Saint-Sacrement405.

Sur la liste des membres principaux de « l’école du cœur », six (ou peut-être sept) d’entre eux sont directement rattachés aux courants franciscains, dont quatre (ou cinq) aux deux Tiers Ordres : deux sont membres du TOR et deux (ou trois) sont membres du TO laïc, auxquels s’ajoutent un Récollet et l’Annonciade Catherine de Bar devenue fondatrice de son propre ordre, toujours actif de nos jours. Tous les membres, sauf les « héritiers » Guyon et Fénelon, sont nés du vivant de l’initiateur, le Père Jean-Chrysostome.

Ce réseau informel liant des franciscains à des prêtres séculiers et à des laïcs fut bien vivant par sa descendance à travers Jacques Bertot, ainsi que par l’intermédiaire des deux ordres toujours actifs fondés par saint Jean Eudes et par la Mère du Saint-Sacrement ; il se propagea à travers toute l’Europe (les bénédictines du Saint-Sacrement sont présentes en Pologne) et au Canada (par la grande Marie de l’Incarnation correspondante de Bernières).

Nous allons voir que des cercles spirituels quiétistes inspirés par Mme Guyon s’établirent hors du Royaume entre 1710 et 1830 : en Hollande autour de Poiret, des Forbes en Ecosse, de Fleischbein et Dutoit en Suisse et en Allemagne ; par peur des persécutions anti-mystiques, on sort de France et du monde catholique.

Des rivières « cachées » et une voie occultée

Les mystiques normands animés par Bernières et leur descendance « étoilée » dans et hors du cadre français catholique sont la principale contribution du franciscanisme aux temps modernes. Leurs descendants sont attestés formellement tout au long du Siècle des Lumières tandis que les influences perdurent ensuite autour du thème de l’abandon.

L’importance de cette voie mystique a été occultée dès la fin du XVIIe siècle pour deux raisons : la première raison, évidente, est l’« erreur du quiétisme » qui lui fut attribuée ; mais l’étiquette s’avère d’un usage large et flou tandis que les propositions relevées ne se retrouvent pas dans les textes incriminés406. Cette appartenance à une voie ou école ou parti provoquera la condamnation de Bernières post-mortem en 1689 (à la suite de celle de Molinos), puis d’un ensemble élargi aux « nouveaux mystiques » Guyon et Fénelon (bref Cum alias, 1699). La reconnaissance du rôle de transmission entre Caen et Paris assuré par M. Bertot est bien établie chez les adversaires, en particulier par une enquête qui souligne son rôle à la tête du « parti » :

Il y a plus de vingt ans que l’on voit à la tête de ce parti M. Bertau [Bertot], directeur de feu madame de Montmartre [la supérieure du couvent des bénédictines]… Madame G[uyon] était, disait-il, sa fille aînée… » 407.

La seconde raison, moins évidente, découle d’une situation de fait à cheval entre corps religieux et société laïque, qui ne permet pas de cerner facilement un corps ou « religion », première étape pour définir un champ d’études. Cette école alterne en effet religieux et laïcs comme le montre la séquence principale de filiation : M. de la Forest - Père Chrysostome – M. de Bernières – le prêtre Jacques Bertot – Mme Guyon et Fénelon archevêque de Cambrai.  Cette alternance toute moderne s’accorde pourtant avec l’antique tradition franciscaine des Tiers Ordres Régulier (réservé aux clercs) et séculier (proposé aux laïcs).

Chez les laïcs, des vœux particuliers prennent la place des règles religieuses, ce qui rapproche les uns des autres : Bernières, incité par son directeur Chrysostome,  a mis en œuvre des vœux propres au Tiers Ordre séculier, réalisant son souci de pratique de la pauvreté. De même Mme Guyon - qui partage avec Bernières la particularité d’appartenir à une fort riche famille - témoigne de vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance, pris lors de son veuvage :

J’avais fait cinq vœux en ce pays-là [Thonon en Savoie, à l’époque de la rédaction de son Moyen court] : le premier de chasteté, que j’avais déjà fait sitôt que je fus veuve ; celui de pauvreté ; c’est pourquoi je me suis dépouillée de tous mes biens. Je n’ai jamais confié ceci à qui que ce soit. Le troisième, d’une obéissance aveugle, à l’extérieur, à toutes les providences ou à ce qui me serait marqué par mes supérieurs ou directeurs, et au-dedans, d’une totale dépendance de la grâce. Le quatrième, d’un attachement inviolable à la sainte Église, ma mère, non seulement dans ses décisions générales, où tout catholique est obligé de se soumettre, mais dans ses inclinations, et de procurer le salut de mes frères dans ce même esprit. Le cinquième était un culte particulier à l’enfance de Jésus-Christ, plus intérieur qu’extérieur. Et quoique mon âme ne fût plus en état d’avoir besoin de ces vœux, Notre Seigneur me les fit faire extérieurement et me donna, en même temps, au-dedans, l’effet réel de ces mêmes vœux. Depuis ce temps, il n’est pas en mon pouvoir de garder de l’argent : je vis avec une entière pauvreté.408

Ainsi leurs membres sont solidement ancrés dans la pratique des vertus sans en être esclave : le franciscain capucin Martial d’Etampes disait : « Servez-vous des vertus et jamais ne servez les vertus ». Ceci permet à l’école du Pur Amour de poursuivre son chemin malgré les traverses.

Influences dans le monde catholique français

Le premier cercle constitué autour de M. Bertot fut repris et élargi. Des cercles mystiques se forment à Blois autour de Mme Guyon et à Cambrai autour de Fénelon : ils restent très discrets. Une vingtaine de noms sont bien identifiés, desquels se détachent les ducs et duchesses de Chevreuse et Beauvillier, la duchesse de Mortemart, Dupuy…, puis à la génération suivante le neveu marquis de Fénelon. Les autres amis de Fénelon, vivant à ou près de Cambrai, sont par contre mal identifiés409.

Ensuite, des courants souterrains prennent le relais. Les influences furent larges dans le monde catholique français chez des figures mystiques que l’on trouve rassemblées autour du thème de l’abandon. Ds foyers de grande valeur existent : par l’intermédiaire de la Mère de Siry,  François-Claude Milley (1668-1720) est en rapport avec Jean-Pierre de Caussade (1675-1751) : ces deux jésuites sont « deux maîtres de l’abandon qui ont puisé à la même source »410. Milley écrit à la Mère de Siry :

J’ai vu les lettres spirituelles de M. de Bernières ; cet ouvrage surpasse tous les autres … j’y ai trouvé mes sentiments pour la conduite de l’abandon si bien marqués, et exprimés en termes si ressemblants, que je croyais presque l’avoir copié avant que de le connaître. Les personnes … disent que c’était moi qui avais fait ces lettres. 411

On a longtemps attribué au P. de Caussade un ouvrage majeur : L’Abandon à la Providence divine, dont on ne connaît pas l’auteur mais qui est d’« inspiration guyonnienne »412 :

[Il] fait figure de superbe rejeton de la tradition guyonnienne … qui inspirera notamment le P. Grou puis, au XIXe siècle, la spiritualité dite de l’abandon ou de l’enfance, illustrée par Mgr Gay et Thérèse de Lisieux.

On sait combien ce beau livre sur l’abandon traverse les siècles et est lu aujourd’hui aux Etats-Unis comme en France.

L’influence se prolonge au cours des XIXe et XXe siècles chez le Père Henri Ramières (1821-1884), jésuite spirituel, premier éditeur de L’Abandon à la Providence divine ; et chez Dom Vital Lehodey (1857-1948), qui écrivit Le saint Abandon, 1919.

Mais en France malheureusement, la crainte s’est attachée à toute forme que l’on pouvait soupçonner d’être « quiétiste », et les noms de l’école du Pur Amour ont été effacés de la mémoire jusqu’aux réhabilitations modernes par Delacroix, Brémond, Baruzi, puis par Bergson, Henderson, Cognet, Gondal

Influences hors du Royaume

Chez les catholiques, la vie intérieure est censurée en Italie et en Espagne comme en France, ce qui limite les traces imprimées. En Europe centrale et du nord, les confessions calvinistes ou même luthériennes demeurent fortement opposées à toute mystique car elle est associée primitivement aux moines et moniales combattus par les réformateurs ; mais des protestants piétistes sont influencés par le courant guyonnien. Des relais à l’étranger se constituent au début du XVIIIe siècle :

- en Suisse, à Morges près de Lausanne, où le notable écrivain vaudois Jean-Philippe Dutoit-Mambrini (1721-1793) est pasteur dans la seconde moitié du siècle et second éditeur de l’œuvre guyonnienne dont l’édition primitive était épuisée413. Il avait nettement conscience d’une continuité « d’école » comme en témoigne la saisie effectuée chez ce pasteur piétiste par la sévère police bernoise à la fin du XVIIIe siècle. Le procès-verbal de saisie de ses livres se limite à quatre auteurs : Bernières, Bertot, Mme Guyon, Poiret (outre la Bible et l’Imitation)414. Le groupe guyonnien rencontre par la suite un écho lors du « réveil » suisse animé par Vinet au début du XIXe siècle, puis semble disparaître.

- En Allemagne le comte Friedrich von Fleichbein (1700-1774)415, dont la jeune femme Pétronille d’Eisweiler connut brièvement le cercle de Blois et Mme Guyon, associe quiétisme et piétisme rigoriste. Cette association a fait l’objet d’une description critique par Karl Philipp Moritz (1756-1793) dans son roman autobiographique Anton Reiser : en contraste avec l’atmosphère mortifère du cercle piétiste rigoriste, les lectures de Fénelon et de Mme Guyon apportent ouverture et paix à l’adolescent. Le comte fut en relation avec Dutoit-Mambrini qui le révérait.

- En Hollande, à Rijnsburg, le cercle formé autour de Pierre Poiret (1646-1719)416 influencera le grand mystique et théologien Tersteegen (1697-1759) qui « découvrira les écrits de nombreux mystiques, notamment ceux de madame Guyon … dont il traduira une partie. » 417. Poiret apprécie les écrits de Bernières. Sa notice sur lui prend place entre celle de François d’Assise et celle de Henri Suso ! 418.

- En Ecosse à Aberdeen419, le cercle relié à Mme Guyon par l’intermédiaire de Pierre Poiret fusionnera avec la belle tradition spirituelle épiscopalienne, illustré par Henry Scougal 420 et James Garden421.

- En Angleterre, à Londres, le Dr Keith est en relation avec de nombreux intellectuels, tandis qu’il distribue largement les ouvrages mystiques édités en Hollande par Poiret. William Law, Wesley le fondateur du Méthodisme, des quakers sont en relation avec le mouvement du christianisme intérieur relayé par les écrits guyonniens422. La « lumière intérieure » chère au grand mystique quaker Robert Barclay, dont An Apology for the True Christian Divinity fut publié en 1678, est à rapprocher au « christianisme intérieur » vécu dans l’école. Enfin on ne saurait oublier l’influence sur la franc-maçonnerie (de rite écossais) initiée par le Chevalier Ramsay423.

L’étude du devenir de ces petites rivières après le début du XIXe siècle et hors de France est à faire. On sait que le cercle de Morges près de Lausanne se sclérose autour de 1832, mais qu’en est-il en Ecosse, Norvège et Suède (les grandes familles écossaises ayant pied des deux côtés de la Mer du Nord), voire en Russie424 où Mme Guyon fut partiellement traduite ?

Enfin, au-delà de ces influences directes de personne à personne il faudrait étudier les influences indirectes qui s’opèrent par des écrits. Pour le seul XIXe siècle : influences « littéraires » relevées chez Benjamin Constant dans son roman Cécile : « La lecture de plusieurs ouvrages de Mme Guyon produisit en moi une sorte de calme inusité qui me fit du bien. J’essayai la prière… » ; sa sœur Lisette de Constant était d’ailleurs adepte du cercle des « Ames Intérieures » issu de Dutoit ; influence dans les Journaux d’Amiel et de Maine de Biran425 ; admiration de Schopenhauer pour madame Guyon et son école426.

Conclusion

Pour clore cette fresque rapide qui présente le grand courant mystique de la quiétude, nous en rappelons les grands lignes : la rivière prend sa source dans les deux Tiers Ordres franciscains, se développe au sein du groupe de mystiques normands familiers d’un Ermitage construit et animé par Bernières, passe à Paris dans le cercle né autour du couvent de Montmartre, ainsi qu’au Canada (par Marie de l’Incarnation, Mgr Laval et d’autres figures moins célèbres proches de Jean) et en Pologne (par la fondation de Catherine de Bar). Un second « nœud » mystique se constitue autour de Mme Guyon et de Fénelon. Contrainte à la discrétion, la rivière mystique devient souterraine en Europe, avant d’être redécouverte par l’auteur du Sentiment religieux H. Bremond427, et par l’auteur du Crépuscule des mystiques L. Cognet dont le sujet essentiel est « l’aventure » de Mme Guyon. Notre époque voit la résurrection des écrits qu’elle fit naître.

Avertissement

Ce premier tome présente trois sources. L’Intérieur Chrétien (1659) est court et clair. Le Chrétien Intérieur (1660) en huit livres, au texte plus long, forme le corps de l’ouvrage. Les Pensées proches de lettres originales lui furent adjointes en 1676.

Nous avons choisi l’édition du Chrétien Intérieur « divisé en huit livres … PAR UN SOLITAIRE » , reliée en un puis en deux volumes après adjonction de Pensées , de préférence à l’édition sous le même titre assemblée postérieurement en deux tomes, comportant trois traités chacun, « Par le R. P. d’ARGENTAN », qui n’est autre que le « solitaire » dévoilé. Il n’était évidemment pas possible d’éditer cette dernière amplification textuelle, ni une reprise par ailleurs intéressante par un plan modifié, éditée tardivement en 1781. Les descriptions détaillées d’éditions caractéristiques de ces avatars de « l’œuvre » de Bernières constitue une annexe placée en fin de volume. Une base photographique couvrant l’ensemble de ces sources est disponible sur demande.

Le dossier des deux Chrétiens sous leurs premières formes428 et incluant les Pensées est ainsi rendu accessible. Il permet une réévaluation sereine sans l’ombre portée par un « quiétisme » que l’on ne retrouve pas dans les textes.

Le lecteur en quête de vie intérieure trouvera ici l’expression d’un vécu authentique. Il fera aisément la distinction entre l’élan et la simplicité profonde propres à Bernières et les développements oratoires associés par un d’Argentan qui se pose souvent en « co-auteur ».

Nous indiquons quelques doublons. Des textes du Chrétien Intérieur reproduits en notes au début de l’Intérieur Chrétien – nous n’avons cependant pas poursuivi un exercice assez encombrant - montrent par les variantes les libertés prises lors du travail de réécriture.

Nous relevons en notes des origines épistolaires. Ne figurent ici que quelques rares mises en parallèle de lettres compte tenu de l’édition prochaine d’un second tome consacré à la Correspondance. Outre des sources directes, nous avons reproduit des extraits apparentés au texte courant.

La ponctuation a été modernisée.

Générations autour de Jean de Bernieres

[omission]

Description des éditions anciennes

Cette annexe porte sur les écrits imprimés429. Nous décrivons précisément des prototypes par « branches » choisis parmi leurs très nombreuses éditions430. Pour attirer l’attention sur les différences les plus significatives entre ces éditions, nous soulignons les passages indiquant ces différences. La description minutieuse est nécessaire pour s’y retrouver dans la jungle des éditions qui assurèrent l’influence d’un Bernières reconstruit. On ne liste pas les multiples rééditions très semblables d’une même branche431. Se succèdent :

(1) Un Intérieur Chrétien suivi de deux Chrétiens Intérieurs

[1659]. L’Intérieur Chrétien ou la conformité intérieure, Que doivent avoir les Chrétiens avec Jésus-Christ, à Rouen, 1659 ; [éd. rare d’un « petit in-12 de 165 pages » (Heurtevent) ; nous avons disposé d’une réédition in-12 à Lyon, chez Rolin Glaize, 1677, comportant : Epître « A Jésus-Christ » (2 p.) signée de N. Charpy de Ste Croix, Table (5 p.), « Extrait des registres du Conseil d’Etat » (16 p. !), « Permission » (1 p.), « L’Intérieur chrétien » divisé en quatre livres, pp. 1-191, soit 25 lignes de ~35 car. / l. , ~170 000 caractères espaces compris].

[1660]. Le Chrétien Intérieur ou la conformité intérieure que doivent avoir les chrétiens avec Jésus-Christ, divisé en huit livres, qui contiennent des sentimens tous divins, tirés des Ecrits d’un grand Serviteur de Dieu de notre Siècle, par un Solitaire [Jean-François d’Argentan], Claude Grivet, Rouen, 1660 [nous avons disposé de deux petits in-12 : la première édition sans page de titre et la seconde édition avec p. de titre ; cette dernière s’avère identique à la précédente mais recomposée (même nombre exact de pages mais léger décalage du texte) ; elle comporte : Epître « A Jésus-Christ (10 p. de contenu nouveau) non signée, « Approbation des docteurs » C. Mallet et F. Jean Soret (2 p.), et Privilège du Roi (3 p.) suivi de « Ledit Grivet a associé audit Privilège, Jean Viret Imprimeur… » (7 lignes absentes de la première édition par ailleurs identique), « Le Chrestien Intérieur » divisé en huit livres, pp. 1-531, Table (des livres premier à huitième, 7 p.), soit 33 lignes de ~44 car. / l., ~770 000 caractères espaces compris ou une amplification par un facteur 4,5 en comparaison de l’Intérieur Chrétien !]

Suivirent de très nombreuses éditions chez « le libraire d’en face » grand gagnant du procès, Claude Cramoisy ; puis chez la veuve Edme Martin, Paris …1680, 1684… [ces éditions quasiment identiques corrigent quelques petites erreurs ou obscurités de la première édition hâtive de Rouen].

Depuis 1676 elles ont pour titre : Le Chrétien Intérieur ou la conformité intérieure […] par un Solitaire. Augmenté des Pensées de M. de Bernières Louvigny. ; l’édition de 1684 comporte deux tomes (reliés ensemble). Tome I : gravure de Messire Jean de Bernières.., page de titre, « A Jésus-Christ » (12 p.), Table (4 p.) de quatre [premiers] livres, Approbations de Docteurs [les mêmes], « Le chrestien intérieur. Première partie » suivie des livres I à IV, pp. 1-414. Tome II : « Le Chrestien intérieur, ou la conformité […]. Seconde partie. », Table (4 p.) des livres cinquième à huitième, Table (4 p.) pour le temps de l’Avent, « Le Chrestien Intérieur. Seconde partie. » suivie des livres V à VIII, pp. 3 -276, suivie des « Pensées de M. de Bernières Louvigny, ou Sentimens du Chrestien Intérieur sur les principaux Mystères de la Foi. Pour les plus grandes fêtes de l’année. », pp. 277-366, suivi de l’ « Extrait du Privilège du Roi », des « Approbations des Docteurs » [les mêmes], de l’ « Extrait des Registres du Conseil d’Etat » (8 p.) [au total Chrétien 688 + Pensées 90 = 778 pages, 29 lignes de 36 car par page, 812 000 caractères avec espaces.]

De nombreuses éditions suivirent dont : Charles Robustel, Paris, 1690 [textes identiques selon les mêmes paginations], etc.

[1687]. Le Chrétien Intérieur ou la conformité intérieure que doivent avoir les chrétiens avec Jésus-Christ. Tome second. Tiré comme le premier des manuscrits de feu de sainte mémoire Monsieur de Bernières-Louvigny, autrefois Trésorier de France au Bureau de Caen. Par le R.P. Louis-François d’Argentan, capucin. Dernière édition. A Paris, 1687. Contient : « Avertissement nécessaire » (24 p. de d’Argentan), Table des Traités (premier à troisième du premier livre, premier à troisième du second livre 432), Permission & approbations (6 p. de nombreux frères et de Pirot), extrait du Privilège du Roi, « Achevé d’imprimer pour la première fois le dernier jours de décembre 1676 » (2 lignes), [liste incluant les écrits nombreux (et insipides) de d’Argentan :] « Livres de piété… » (1 p.). « Le Chestien Intérieur. Livre premier. Où il est traité comment il faut mourir à la vie pécheresse… » pp. 1 -610 [le texte de cette édition « en deux tomes » diffère beaucoup de la précédente « en huit livres »].

[1781]. Le Chrétien Intérieur ou la conformité intérieure que doivent avoir tous les chrétiens avec Jésus-Christ. Tiré des manuscrits de feu M. de Bernières-Louvigny, Trésorier de France, décédé à Caen le 3 mais 1659, âgé de 57 ans. Tome premier. Dernière édition. Pamiers & Bordeaux, 1781. Contient : « Epître à Jésus-Christ » (i à xii), « Avertissement nécessaire du Père d’Argentan, premier éditeur du Chrétien Intérieur » (xiii à xix), Approbation (xix, du seul C. Mallet), « Avis du nouvel éditeur » (xx à xxiv), « Le Chrétien Intérieur. Livre Premier. Où il est traité comment il faut mourir à la vie pécheresse… » (pp. 1 -538), Table (des livres premier à troisième433, pp. 539 -547), « Permission simple » (1 p.) ; Tome second. « Le Chrétien Intérieur. Livre Premier. De la vie surhumaine… » (pp. 1 -466), Table (des livres premier à septième434, pp. 467-472). - Le texte de cette édition tardive très soignée reprend la précédente signée d’Argentan mais en inversant les volumes (le tome premier de 1781 correspond au tome second de 1687) et avec quelques modifications affectant l’ordre, qui sont justifiées p. xxi à xxiii ; 1004 pages de 30 lignes de ~41 car., ~1 235 000 caractères espaces compris]

(2) Des Œuvres spirituelles (Maximes et Lettres)

[1670]. Les Oeuvres Spirituelles de Monsieur de Bernières Louvigni ou conduite assurée pour ceux qui tendent à la perfection. Divisée en deux parties. La première contient des Maximes pour l’établissement des trois états de la vie chrétienne. La seconde contient les Lettres qui font voir la pratique des Maximes. A Paris chez Claude Cramoisy, 1670 ; la veuve d’Edme Martin, 1678 ; Bonaventure le Brun, Rouen, 1678  [Description du Tome I : Le titre précédent est suivi de : « Le libraire au lecteur » (3 p.), « Discours sur les Œuvres spirituelles… » (21 p.), Approbations (4 p.), « Maximes et avis spirituels… » 1-287, réparties selon les vies purgative, illuminative, unitive. Les Maximes sont en fait des lettres, comme le montrent les dates en marges heureusement placées en marges par la Mère de Saint-Charles à partir de la nouvelle édition de 1675 ; description du tome II : Les Oeuvres Spirituelles de Monsieur de Bernières Louvigni ou conduite assurée pour ceux qui tendent à la perfection. Seconde partie contenant les lettres qui font voir la pratique des Maximes est suivi de : « Table … pour la vie purgative, unitive & parfaite, illuminative » (14 p.), « Lettres ou les maximes et avis spirituels pour la vie purgative sont mis en pratique » 60 lettres, pp. 1-164, « Lettres …pour la vie illuminative » 54 lettres, pp. 165 -342, « Lettres …pour la vie unitive » 61 lettres, pp. 343-523, Approbations (4 p.) ; 629 pages de 29 lignes de ~41 car., ~750 000 caractères espaces compris.

Ces Œuvres spirituelles, augmentées de correspondances tirées de la direction de Bernières par Chrysostome de Saint-Lô ainsi que des échanges entre Bernières et Catherine de Bar feront l’objet du second tome de la présente édition des Œuvres.

(3) Des Pensées

[1676]. Pensées de De Bernières Louvigny, ou Sentimens du Chestien Intérieur sur les principaux mystères de la Foi. Pour les plus grandes Festes de l’année. A Paris, Chez la Veuve d’Edme Martin, au Soleil d’or, et au sacrifice d’Abel. Et Sébastien Cramoisy, à la Renommée. MDCLXXVI. Avec Privilège du Roi. – Cette édition comporte : Page de titre, « Le mérite de feu M. de Bernières Louvigny est si connu… » (3 p.), Table (7 p.), Extrait du Privilège du Roi (2 p.), « Pensées… [les titres complets des parties suivent les Temps de l’année] » 1-125). [Il s’agit d’une édition en petit format des 90 pages reproduites à la suite du Chrétien Intérieur la même année chez la même Edme Martin, édition décrite précédemment. - La comparaison entre ces Pensées et le Chrétien montre de grandes différences  à l’avantage des Pensées ; de style proche des lettres et comportant d’ailleurs certaines annoncées comme telles, elles paraissent relever de sources plus directes que le Chrétien qui d’ailleurs en reprend fort librement certains passages ; il y a donc des doublons].



Table

(Pagination *.doc de ~300 pages, le livre imprimé en couvre 520)



JEAN DE BERNIERES, ŒUVRES MYSTIQUES

L’INTERIEUR CHRETIEN SUIVI DU CHRETIEN INTERIEUR

ET DES PENSEES

Remerciements 3

Avant-Propos 4


JEAN DE BERNIERES : ECRITS ET INFLUENCES 5

Un succès éditorial 6

Les acteurs 7

La pièce 8

Les sources imprimées 9

Choix pour nos éditions 11

Un courant mystique « ouvert » 12

Une tradition franciscaine 13

La direction ferme du P. Chrysostome 13

Les conseils d’amies mystiques 15

La vie de Jean de Bernières. 17

Les multiples activités des amis de l’Ermitage 20

Les conseils en oraison 21

Une heureuse fin 23

« Dieu est et vit, et cela me suffit » 23

L’Ecole du Pur Amour 27

Des rivières « cachées » et une voie occultée 29

Influences dans le monde catholique français 31

Influences hors du Royaume 32

Conclusion 33

Avertissement 34


L'INTERIEUR CHRETIEN 35

Livre premier. 35

Chapitre premier. De la vie chrétienne, et de la folie du monde. 35

Chapitre 2. De la conversion à Dieu, à l'exemple de saint Paul. 38

Chapitre 3. De l'estime qu'il faut faire de l'esprit du christianisme. 39

Chapitre 4. De la liberté chrétienne. 40

Chapitre 5. Que la vérité se rencontre seulement dans l’Esprit du Christianisme, et que tout le reste n'est que vanité. 43

Chapitre 6. De la connaissance de notre néant. 44

Chapitre 7. De la vie chrétienne qui nous élève au-dessus de nos sentiments. 44

Chapitre 8. De la peine qu'il y a à bien choisir sa manière de vivre. 45

Chapitre 9. De la profonde connaissance et aveu des misères humaines, jointe à la confiance en Dieu. 46

Chapitre 10. Réflexion sur notre anéantissement. 47

Chapitre 11. Suites de l'anéantissement. 48

Chapitre 12. Conclusion sur l'anéantissement connu. 49

Livre deuxième. 49

Chapitre 1. De l'esprit des souffrances. 49

Chapitre 2. Des souffrances. 50

Chapitre 3. Des souffrances, et de la vraie Croix. 51

Chapitre 4. Des peines intérieures. 51

Chapitre 5. De l'union avec Dieu présent dans les peines d'esprit. 53

Chapitre 6. De l'alliance qu'il faut faire avec la sacrée folie de la Croix. 53

Chapitre sept. Du dénuement et anéantissement de soi-même et de ses volontés. 56

Chapitre huit. Du détachement. 56

Chapitre neuf. Par la vue de Dieu présent en nous, la privation des créatures nous touche peu. 57

Chapitre dix. De la pauvreté. 57

Chapitre onze. De l'amour de l'abjection. 58

Chapitre douze. De cette vie mortelle. 58

Chapitre treize. Sur la mort et la pourriture du corps. 58

Chapitre quatorze. De la présence de Dieu. 59

Chapitre quinze. De la présence de Dieu en nous. 59

Chapitre seize. Considérations sur la présence de Dieu, qui nous doit occuper. 61

Chapitre dix-sept. Que Dieu est notre fin et notre centre. 61

Livre troisième. 62

Chapitre premier. De la vue de Dieu dans l'oraison. 62

Chapitre deux. De la conformité au bon plaisir de Dieu, et de l'abandonnement à sa Providence. 63

Chapitre trois. De l'abandonnement à l'indifférence chrétienne. 65

Chapitre quatre. Du détachement des créatures quoique saintes. 66

Chapitre cinq. De l'amitié qu'il faut avoir selon l'Esprit de Jésus-Christ, et de l'amour de Dieu. 66

Chapitre six. Moyens pour se détromper des affaires du siècle. 67

Chapitre sept. De l'anéantissement. 67

Chapitre huit. De l'examen qu'il faut faire de notre coeur. 69

Chapitre neuf. Pour encourager un coeur timide au regard de Dieu. 69

Chapitre dix. Retour à Dieu après quelques fautes. 70

Chapitre onze. Contre la crainte de ne pas bien réussir dans les supériorités, et contre le mal des rechutes. 71

Livre quatrième. 73

Chapitre premier. Des divers genres de vie en union avec Dieu. 73

Chapitre deux. Maximes de la vie chrétienne. 73

Chapitre trois. Degrés par où les âmes montent à la vie divine. 74

Chapitre quatre. Trois degrés de la vie spirituelle. 75

Chapitre cinq. Maximes pour la vie contemplative. 75

Chapitre six. Du contentement de Dieu en soi-même, et de ses perfections. 75

Chapitre sept. De la perfection de l'amour de Dieu pour nous. 76

Chapitre huit. De la communion et de ses effets. 76

Chapitre neuf. De l'usage de la grâce. 78

Chapitre dix. De la Sainte Trinité. 79

Chapitre onze. Des directeurs. 79

Chapitre douze. Sentiments qu'il faut avoir quand nous voyons des saintes âmes être bien épurées. 80

Conclusion. Abrégé des différentes vies de Jésus-Christ. 80


LE CHRÉTIEN INTÉRIEUR OU LA CONFORMITÉ INTÉRIEURE QUE DOIVENT AVOIR LES CHRÉTIENS AVEC JÉSUS-CHRIST. 83

AVERTISSEMENT 83

A Jésus-Christ 83

Approbation des docteurs. 86

Autre approbation. 86

Privilège du roi. 87


LE CHRÉTIEN INTÉRIEUR 88

Livre I. De l'amour des humiliations, qui est le fondement solide de toute la perfection chrétienne. 88

Chapitre 1. Qu'il faut entreprendre la perfection chrétienne avec un esprit d'humilité. 88

Chapitre 2. Fondement de la vraie humilité chrétienne. 90

Chapitre 3. Que le centre et repos de la créature est son néant. 91

Chapitre 4. Que les grands Saints sont arrivés à la perfection par un grand amour du mépris et de l'abjection. 92

Chapitre 5. Que nous n'avons non plus du vrai Esprit de Jésus-Christ que de tendance vers l'abjection. 93

Chapitre 6. Que la vue de notre néant inspire le mépris de nous-même, et l'amour de Dieu. 95

Chapitre 7. Combien Dieu est glorifié par notre anéantissement. 96

Chapitre 8. Combien une âme est riche, quand elle peut avoir l'amour du mépris. 97

Chapitre 9. Quel avantage nous tirons des anéantissements. 98

Chapitre 10. Le chemin pour arriver au parfait anéantissement. 100

Chapitre 11. Qu'il se faut bien abandonner à Dieu, pour être anéanti. 101

Chapitre 12. Qu'il faut renoncer au sens et à la raison humaine, pour aimer les humiliations. 101

Chapitre 13. Que l'anéantissement s'apprend mieux par la pratique que par la spéculation. 102

Chapitre 14. Qu'une âme épousant Jésus-Christ épouse aussi sa Croix et ses opprobres. 104

Chapitre 15. Que l'expérience des bontés de Dieu nous anéantit puissamment. 105

Chapitre 16. Que l'agrément de notre abjection après nos fautes, répare l'injure de Dieu, et rétablit notre ruine. 106

Chapitre 17. Considération sur la vileté du corps corruptible. 107

Chapitre 18. Considération sur la pente naturelle que nous avons au mal. 108


Livre II. De la vie surhumaine, qui est la vie de tous les vrais Chrétiens 110

Chapitre 1. L'idée de la vie surhumaine. 110

Chapitre 2. De la haute estime qu'on doit faire de la vie chrétienne. 110

Chapitre 3. Qu'il se faut entièrement convertir à Dieu, comme saint Paul. 112

Chapitre 4. De l'alliance qu'il faut faire avec la sacrée folie de la Croix. 113

Chapitre 5. Comme il faut conformer notre intérieur à celui de Jésus-Christ. 114

Chapitre 6. La sublimité de la vie chrétienne. 115

Chapitre 7. Divers degrés de la vie surhumaine. 116

Chapitre 8. Pratique de la vie surhumaine 118

Chapitre 9. De la liberté que nous donne l'exercice de la vie surhumaine 119

Chapitre 10. Notre plus grand bonheur en terre est de professer la vie chrétienne. 120

Chapitre 11. Que la vérité se trouve seulement dans l'Esprit du Christianisme, le reste est vanité. 122

Chapitre 12. Dans le Christianisme nous pouvons mener plusieurs vies, qui toutes sont la vie de Jésus-Christ. 123

Chapitre 13. Quelques maximes de la vie surhumaine. 124

Chapitre 14. Combien une âme est contente dans la vie surhumaine 125

Chapitre 15. Que l'on ne saurait vivre de la vie surhumaine par l'esprit humain. 127

Chapitre 16. Conclusion, qu'il se faut appliquer aux pratiques de la vie surhumaine. 128


Livre III. De la présence de Dieu, et de l'abandon à sa Providence. 130

Chapitre 1. Notre première pensée au matin doit être que Dieu est présent. 130

Chapitre 2. A la vue de Dieu présent on est peu touché de l'absence des créatures. 131

Chapitre 3. On peut et on doit conserver la Présence de Dieu dans les occasions d'extroversion. 132

Chapitre 4. La Présence de Dieu se voit clairement dans un intérieur épuré. 133

Chapitre 5. Comme l'union à la Présence de Dieu doit régler notre vie. 135

Chapitre 6. Comme la Présence de Dieu met une âme dans un état de souffrance et de jouissance. 136

Chapitre 7. Que la divine Présence nous fait aimer l'oraison ou l'action, selon qu'il plaît à Dieu. 137

Chapitre 8. La Présence de Dieu fait mépriser tout le reste. 139

Chapitre 9. Où est-ce que nous trouvons mieux la Présence de Dieu. 140

Chapitre 10. Qu'il se faut abandonner avec confiance à la divine Providence. 141

Chapitre 11. Etre indifférent à tout, excepté au bon plaisir de Dieu. 143

Chapitre 12. Se tenir en grand respect devant Dieu présent. 144

Chapitre 13. Se laisser conduire à l'Esprit de Dieu 145

Chapitre 14. Le parfait abandon de Dieu fait trouver le Paradis en terre. 147

Chapitre 15. Combien la beauté de l'ordre de Dieu contente une âme. 148

Chapitre 16. Pratiques de la Présence de Dieu, pour les sept jours de la semaine. 149


Livre IV. De la solitude et la pratique de deux excellentes retraites de dix jours. 154

Chapitre 1. Les beautés de la solitude chrétienne. 154

Chapitre 2. La nécessité de la solitude. 155

Chapitre 3. Les difficultés de la solitude. 156

Chapitre 4. Des occupations de la solitude. 157

Chapitre 5. Comme il faut mettre son âme et ses sens en solitude. 158

Chapitre 6. Solitude de dix jours, sur le Mystère ineffable de la Trinité. 160

Chapitre 7. Autre solitude de dix jours, sur la Personne adorable de Jésus-Christ. 177


Livre V. De la Communion et de ses effets. 196

Chapitre 1. De la préparation à la Communion. 196

Chapitre 2. Pour communier bien dignement, il se faut mettre dans un état conforme à celui de Jésus au Saint Sacrement. 197

Chapitre 3. Pour recevoir dignement la Communion, il faut faire les mêmes actions que Jésus-Christ pratique en nous la donnant. 198

Chapitre 4. Occupations intérieures durant la Communion. 200

Chapitre 5. Autres entretiens intérieurs pour action de Grâce après la Communion. 201

Chapitre 6. Autres manières d'actions de grâces après la Communion. 202

Chapitre 7. Le premier effet de la Communion est de produire en nous l'amour des croix et des humiliations. 203

Chapitre 8. Continuation du même sujet. 204

Chapitre 9. Le second effet de la Communion est de nous transformer. 205

Chapitre 10. Le troisième effet de la Communion, qui est l'union parfaite et consommée. 207

Chapitre 11. Le quatrième effet de la Communion est un grand Amour. 208

Chapitre 12. Le cinquième effet de la Communion est de donner la force et la persévérance au service de Dieu. 209




Livre VI. Des croix intérieures et extérieures. 212

Chapitre 1. Qu'il faut beaucoup estimer les croix. 212

Chapitre 2. Qu'il faut beaucoup aimer les croix. 213

Chapitre 3. Qu'il faut aimer les croix. 214

Chapitre 4. Les croix succèdent aux tyrans, pour faire de notre vie un martyre continuel. 216

Chapitre 5. Des croix extérieures dans la perte de biens. 217

Chapitre 6. Dispositions durant une maladie, où le corps était en croix, et l'âme en jouissance. 218

Chapitre 7. Autres dispositions d'une maladie, où le corps et l'âme sont en croix. 219

Chapitre 8. Des croix intérieures de l'âme dans l'obscurité. 220

Chapitre 9. De la pesanteur des croix intérieures. 222

Chapitre 10. Le grand fruit que nous pouvons tirer des croix intérieures. 223

Chapitre 11. Qu'il faut souffrir de nos propres imperfections. 224


Livre VII. De l'oraison ordinaire et de la contemplation. 227

Chapitre 1. Quelle estime il faut faire de l'oraison. 227

Chapitre 2. Des différentes sortes d'oraisons mentales. 228

Chapitre 3. Qu'il faut être indifférent à telle oraison que Dieu voudra que nous fassions. 229

Chapitre 4. Qu'il est surtout nécessaire de s'appliquer à l'oraison. 231

Chapitre 5. Des obstacles qui empêchent de faire oraison. 233

Chapitre 6. Des moyens qui facilitent l'exercice de l'oraison. 234

Chapitre 7. Qu'il ne se faut porter de soi-même qu'à une oraison ordinaire. 236

Chapitre 8. Comme on passe de l'oraison ordinaire à la contemplation. 237

Chapitre 9. De l'oraison de Foi. 239

Chapitre 10. Des sacrées ténèbres de l'oraison. 240

Chapitre 11. Des lumières de l'oraison. 242

Chapitre 12. De l'oraison passive. 244

Chapitre 13. De la pure et parfaite oraison. 245

Chapitre 14. De la faim et du rassasiement de Dieu. 247

Chapitre 15. De l'oraison infuse. 249

Chapitre 16. De l'oraison de quiétude. 251

Chapitre 17. De l'intime union d'amour de l'âme avec Dieu en l'oraison. 253

Chapitre 18. Du silence intérieur où Dieu parle et est écouté. 255

Chapitre 19. De la contemplation très épurée. 256

Chapitre 20. Des différentes caresses que Dieu fait à l'âme dans l'oraison. 259


Livre VIII. Plusieurs maximes importantes pour se conduire dans la vie spirituelle. 261

Chapitre 1. Avoir sur toutes choses une extrême horreur du péché. 261

Chapitre 2. S'ajuster au pas de la Grâce, pour n'aller plus vite ni plus lentement qu'elle ne veut. 262

Chapitre 3. S'abandonner entièrement à Dieu. 263

Chapitre 4. Ne s'attendre à rien qu'à souffrir. 263

Chapitre 5. Renoncer à soi-même en tout, et combattre ses propres inclinations. 264

Chapitre 6. Avis pour se bien comporter dans la supériorité. 265

Chapitre 7. Avoir une intention très pure et désintéressée. 267

Chapitre 8. Conférence qui éclaircit plusieurs belles difficultés touchant l'oraison. 267


PENSEES 270

DE MONSIEUR DE BERNIERES LOUVIGNY, OU SENTIMENTS DU CHRETIEN INTERIEUR. 270

Sur les principaux mystères de la foi. Pour les plus grandes Fêtes de l'année. 270

Pensées sur le mystère de l'Incarnation de Notre Seigneur. 272

Pour le temps de l'Avent. 272

I. De l'anéantissement du Fils de Dieu dans son Incarnation. 272

II. Sur le même sujet. 273

Pour le même temps de l'Avent. 274

Lettre à une religieuse. 274

Pour le jour des Cendres. 275

De la gloire qui revient à Dieu, de l'état de nos corps réduits en poussière. 275

Pour le dimanche des Rameaux. 275

Lettre. Le triomphe abject de Jésus dans son entrée en Jérusalem. 275

Pensées sur la Passion de Notre Seigneur. 277

Pour le temps de la semaine sainte. 277

I. Sur le mystère de l'Ecce homo. 277

II. Sur Jésus crucifié. 277

III. Sur Jésus crucifié. 277

IV. Estime du Sang de Jésus-Christ. 278

Pour le jeudi saint. 278

Sur l'institution du saint Sacrement de l'autel. 278

Pensées pour le vendredi saint. 279

I. Sur les douleurs du Fils de Dieu en sa Passion. 279

II. Qu'il faut porter la croix de la pauvreté, en l'honneur du pauvre Jésus. 279

Pour le soir du vendredi saint. 280

III. Sur la mort du Fils de Dieu, et sur son sacré corps mis dans le tombeau. 280

Pour le samedi saint. 281

Sur le Sépulcre de Jésus. 281

Pour le saint jour de Pâques. 281

Sur la gloire de la Résurrection du Fils de Dieu. 281

Pour le temps de Pâques. 282

Que le Mystère de la Résurrection, et les autres qui le suivent, sont des sources de grâce. 282

Pensées pour la fête de l'Ascension de notre Seigneur. 283

I. Le triomphe de Jésus-Christ dans son Ascension, comparé avec l'Ascension surhumaine d'une âme au-dessus d'elle-même. 283

II. Souffrir pour l'honneur de Jésus souffrant, et aspirer à la Gloire, pour l'honorer triomphant dans le Ciel. 284

III. Colloque à la sainte Vierge qui reste sur la terre, après que son Fils est monté glorieux dans le Ciel. 285

POUR LA VEILLE DE LA PENTECOTE. 285

De la nécessité de la Grâce de Jésus-Christ, qui nous est donnée par le Saint- Esprit. 285

Pensées pour le jour de la Pentecôte. 286

I. Demander au Saint-Esprit la grâce de mourir aux créatures pour être tout à Dieu. 286

II. Demander au Saint-Esprit la vie surhumaine, et l'Esprit du Christianisme, qui est un Esprit de souffrance et d'anéantissement. 287

III. Du règne du Saint-Esprit en l'âme du Chrétien. 288

Pour le même jour de la Pentecôte. 289

Lettre. De la faiblesse de notre nature, qui doit être fortifiée par le Saint-Esprit. 289

Pensées pour la fête de la très Sainte Trinité. 289

I. De la soumission de l'entendement du Chrétien à l'égard du Mystère de la Trinité. 289

II. De l'état de contemplation qui honore le mystère de la Trinité. 290

Pour la fête du Saint Sacrement, et pour les jours de communion. 290

Des effets de la communion. 290

Pour la fête et Octave du Saint Sacrement. Lettres. 291

Lettre I. De la douceur admirable de Jésus au Saint Sacrement. 291

Lettre II. L'Eucharistie nous donne des forces pour nous élever sur la montagne du Seigneur, c'est-à-dire jusqu'à l'Esprit de Jésus-Christ. 291

EXTRAIT DU PRIVILEGE du roi 292


ANNEXES 293

GENERATIONS AUTOUR DE JEAN DE BERNIERES 293

NOUVELLES GENERATIONS ET INFLUENCES 294

DESCRIPTION DES EDITIONS ANCIENNES 295

(1) Un Intérieur Chrétien suivi de deux Chrétiens Intérieurs 295

(2) Des Œuvres spirituelles (Maximes et Lettres) 297

(3) Des Pensées 297







36.JEAN DE BERNIERES/ Lettres et Maximes mystiques / Un florilège

(46) Cor.Bernières CHX revu avec add. et thèmes formaté Lulu.odt





JEAN DE BERNIÈRES



Œuvres mystiques

II

LETTRES & MAXIMES



Edition par

Dom Éric de Reviers, o.s.b.



Rétablissant l’ordre chronologique et citant des extraits du Chrétien Intérieur

Incluant un dialogue poursuivi avec Mère Mectilde fondatrice des bénédictines du Saint-Sacrement





Tome I Introduction par dom Eric de Reviers et correspondance des années 1631 à 1646

Tome II Etude par Jean-Marie Gourvil et correspondance des années 1647 à1657





Rédaction d’un choix : « Jean de Bernières / Lettres et Maximes mystiques / Un florilège établi par Dominique Tronc »

Jean de Bernières est le mystique accompli de la filiation de la quietude passant par madame Guyon. Il est au Coeur du “premier noeud” normand tandis qu’elle sera au coeur du second noeud parisien;

Ce qui suit : Extraits (avec parallèles du Chrétien) et ajout d’un niveau 4 pour les extraits soulignés (un “choix du choix” facilitant la recherche d’une structure non chronologique.

D’où: Table niveaux 1 à 3 (“la Table sous Word”)

suivie d’une Table de niveau 4 suivie de Thèmes par clefs



L’idée est de faire un florilège faisant ressortir les axes ou clefs de Bernières sans respecter l’ordre chronologique parce que nous avons retenu surtout les dernières années :

1(1646) 5(47) 2(48) 2(49) 4(50) 1(51) 1(52) somme 16

13(53) 10(54) 1(55) 5(56) s 29

13(57) 9(58) 4(59) s 26

Comptabilité approximative (8 maximes sans dates) = 1653-1654 : 23, 1657-59 : 26, autre : 22 (avant : 16 pendant : 6) = Les 2/3 retenus couvrent à peine plus de 4 ans pour 1647-1657début soit une dizaine années.

Présentation intégrée ou par clefs comme Les Justifications ? commencer par regrouper en clefs :

Avant 1653

        (1) 6 Mars 1646 L 1,27 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. -- Dieu tout seul suffit à l’âme, puisqu’il est suffisant à soi-même…

6 mars 46 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. Je vous y attacherais davantage si je pouvais. […]ce cher Père me sert encore si puissamment, que la lecture des avis qu’il lui a plu me donner me met toujours en ferveur. Jamais je ne fus plus résolu de travailler de la bonne manière à la pure vertu et bonne mortification que je suis. Il me souvient que dans les dernières lignes qu’il m’écrivait, il mettait : «Courage, notre cher Frère; encouragez-vous les uns les autres à la sainte perfection. Ô que Dieu a peu de vrais et de fidèles serviteurs! Tendez à la pureté vers Dieu.»

M. Dieu tout seul suffit à l’âme, puisqu’il est suffisant à soi-même. Si nous étions établis comme il faut, dans le pur amour, nous ne voudrions rien posséder avec Dieu, crainte de le posséder moins purement. Mais parce que nous avons des attaches secrètes aux lumières, aux goûts et à la félicité sensible, quand Dieu demeure seul dans nos cœurs, nous ne pouvons être satisfaits, si nous ne sentons la satisfaction de sa présence. Que toutes vos peines cessent, et au lieu de crier miséricorde comme si Dieu vous abandonnait, que votre âme magnifie le Seigneur, et qu’elle se réjouisse en lui seul. Car Il fait de grandes choses en vous en cet état de souffrances intérieures. Il y opère par une Providence spéciale la pureté de son amour, dont le moindre degré vaut mieux que la possession de toutes les créatures.

À la lecture de vos lettres j’ai remercié la divine Bonté des faveurs qu’elle vous départit au travers de toutes ces angoisses et obscurités d’esprit. Et je vous avoue qu’au lieu de vous soulager, si je pouvais augmenter vos peines, je le ferais pour donner lieu de croître en la pureté d’amour. Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. Je vous y attacherais davantage si je pouvais. N’attendez de moi que de véritables effets d’amitié et non de vaines tendresses.

[...] Je vous avoue, ma chère sœur que depuis peu, je conçois beaucoup de choses de la vie dont je parle. Vous en avez l’expérience. C’est pourquoi je ne vous en dis pas davantage, si non qu’il faut une rare fidélité pour mener sans discontinuation une si belle vie. C’est ce que nous apprenait notre très cher père435, par toutes les maximes436 de perfection qu’il nous a laissées : de tendre à l’abjection, à la solitude, à la mort de toutes choses, d’anéantir en nous tout esprit humain et mondain, de ne vouloir que Dieu et la croix. Ma très chère sœur, ce cher Père me sert encore si puissamment, que la lecture des avis qu’il lui a plu me donner me met toujours en ferveur. Jamais je ne fus plus résolu de travailler de la bonne manière à la pure vertu et bonne mortification que je suis. Il me souvient que dans les dernières lignes qu’il m’écrivait, il mettait : «Courage, notre cher Frère; encouragez-vous les uns les autres à la sainte perfection. Ô que Dieu a peu de vrais et de fidèles serviteurs! Tendez à la pureté vers Dieu.» Je finirai de même cette lettre. Encourageons-nous les uns les autres pour cet effet. N’ayons rien de réservé et soyons dans une pleine et entière communication de nos dispositions et des grâces que Dieu nous fera, avec simplicité et sans réflexion. Et puis quel moyen de prendre conseil les uns des autres sans cela?

[……………….]

        Table des seuls titres



6 mars 46 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. Je vous y attacherais davantage si je pouvais. […]ce cher Père me sert encore si puissamment, que la lecture des avis qu’il lui a plu me donner me met toujours en ferveur. Jamais je ne fus plus résolu de travailler de la bonne manière à la pure vertu et bonne mortification que je suis. Il me souvient que dans les dernières lignes qu’il m’écrivait, il mettait : «Courage, notre cher Frère; encouragez-vous les uns les autres à la sainte perfection. Ô que Dieu a peu de vrais et de fidèles serviteurs! Tendez à la pureté vers Dieu.»

Janvier 47 effets d’une maladie naturelle qui néanmoins m’ont réduit au néant et beaucoup humilié.

15 février 47 j’ai été réduit au néant. ... Dieu nous a si étroitement unis, que de nous faire enfants d’un même Père, et d’un si accompli en toutes sortes de vertus. Savez-vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu,

12 sept 47 rien voir que Lui

12 sept 47 b elle parle par les infusions qu’elle reçoit de Lui immédiatement

28 sept 47 digne Mère de Chantal

20 janv 48 faire voir ses bontés en moi qui suis inutile en sa maison

1648 vous trouverez bientôt la région de paix

Mars 49 dans ses propres operations … elle ne parviendra jamais à cet état de la pure union avec Dieu, qui se fait d’une manière qui ne tombe point sous les sens

Mars 49 b par cette perte que l’âme se trouve bien établie en Dieu, et qu’elle y fait sa demeure; ou plutôt quelle devient un même esprit avec Lui.

20 janv 50 Et si elle a tout, elle n’a rien, puisqu’elle est dans la privation de toutes les créatures. Et elle a tout, puisqu’elle a Dieu en esprit et vérité.

Avril 50 vraie transformation en Dieu

Mai 50 le goûte sans le goûter et le possède sans le posséder. ... l’union essentielle où l’âme jouit de Dieu, le possède et y est abîmée

Mai 50 b l’union accidentelle ... l’union et l’oraison essentielle ... la perd en Dieu

1651 solitude admirable que l’âme a en son Dieu qui la rend indépendante de tout

1652 Si votre âme durant l’oraison est sans pensées et sans sentiments, ne vous en mettez point en peine

1653 C’est un état de pauvreté qui contient toutes les richesses, parce que l’on y vit de Dieu en Dieu, et l’on s’y trouve tellement perdu

1653 b La foi est un rayon divin qui subsiste en sa pureté, au milieu des brouilleries et inquiétudes de nos sens ... Le rayon du soleil naturel demeure en sa pureté au milieu de la bouillie.

1653 c tout ce qui se passe en elle, c’est son divin Esprit qui l’opère ou qui le permet

1653 d Dieu est mon âme, ou mon âme est Dieu

10 fév 53 perdu dans l’abîme obscur de la foi, elle y doit demeurer en assurance

24 avril 53 Quiconque est arrivé à cet état voit en Dieu ses amis, les aime et les possède en Lui, et comme Dieu, il est partout, il les possède partout. ... Les âmes qui vivent en Dieu ont des intelligences si secrètes et une manière de se communiquer si admirable, que cela ne se comprend que par l’expérience.

4 mai 53 Monsieur de Renti ... je me sens encore plus uni à lui que jamais, et me semble avoir autant de familiarité avec lui

4 mai 53 Cette Foi obscure me mène pourtant plus loin dans Dieu que toutes les conceptions que j’ai jamais pu former

Juillet 53 les vertus sans réflexion et sans peine

23 août 53 Si nous nous voyons, il faut que ce soit en Dieu, afin que nous demeurions perdus continuellement en Lui. ... Tout ce qui n’est point Dieu me semble comme l’extérieur, et l’intérieur est Dieu seul. ... Tout ce que je fais, c’est de le laisser faire, et tâcher que mon fond soit comme une pure capacité pour recevoir Dieu à mesure qu’il se communique.

26 août 53 Le P. N. a l’esprit rempli de plusieurs beaux meubles pour y loger Dieu. Il faut qu’il en jette une bonne partie par la fenêtre.

7 sept 53 L’on reçoit une liberté si parfaite que l’on vaque à l’extérieur sans contrainte, et sans extraversion. ... «Je suis, répondit-elle, où j’étais il y a quinze ans.» -- «Et où étiez-vous?» -- «J’étais dans la perte en Dieu.»

16 déc 53 La boue entre les mains de Dieu fait des miracles

1654 Je suis bien aise que vous goûtiez l’oraison sans la goûter,

29 mars 54 ce néant ne consiste pas seulement à avoir aucune attache aux choses du monde, mais à être hors de soi-même; c’est à dire, hors de son propre esprit et sa propre vie.

30 mars 54 Ce mot est pour vous assurer, que je me sens aussi uni à vous à Caen comme à Rouen, et que notre union s’établit et s’affermit dans le fond de l’âme, aussi bien de loin que de près. ... N’avoir rien, c’est avoir tout; et ne savoir rien, même que l’on soit devant Dieu, est une manière de présence de Dieu

19 avril 54 Le divin Soleil éclairera vos ténèbres, et échauffera vos froideurs par ses divins rayons. N’apportez point seulement d’empêchement à sa divine lumière, et vous verrez que tout ira bien.

13 mai 54 Mais cet ouvrage est souvent si caché et inconnu, même aux personnes spirituelles, qu’en vérité elles font beaucoup souffrir, ne pouvant concevoir que ce soit une œuvre de Dieu, de ne pouvoir ni penser, ni rien dire de distinct et d’aperçu

17 sept 54 Au lieu que dans les autres l’on a des images, des connaissances, et des sentiments de Dieu, en celle-ci l’on possède Dieu même, lequel étant vu au fond de l’âme, commence à la nourrir et à la soutenir de Lui-même, sans lui permettre d’avoir aucun appui sur ce qui est créé. Et c’est ce que l’on appelle science mystique, que cette expérience de Dieu en Dieu même, de laquelle l’on n’est capable, que lorsque le don en a été fait par une miséricorde spéciale

19 oct 54 l’âme n’est pas au point de la perfection, qu’elle n’ait outrepassé tout ce qui n’est point Dieu pour arriver à Dieu même, et y vivre dans une nudité parfaite d’être, de vie et d’opération

20 oct 54 conduite passive, se laisse tirer à l’opération divine. Le procédé que tient cette divine opération, c’est d’élever l’âme peu à peu des sens à l’esprit, et de l’esprit à Dieu, qui réside dans le fond. ... obscurités en son esprit, si épaisses qu’elle ne voit et ne connaît plus rien. ... l’âme expérimente qu’il faut qu’elle soit dénuée toujours d’affection des grâces sensibles, des lumières, et des sentiments ... Ce qui embarrasse les âmes, c’est qu’elles s’imaginent n’avoir rien s’il n’est sensible et aperçu

5 nov 54 elle vivrait hors d’elle-même et en quelque façon, ne serait plus elle-même ni n’opérerait plus elle-même, mais elle agirait en Dieu par Dieu même

11 nov 54 Toutes ces expériences particulières qu’elle a eues autrefois, sont perdues et abîmées dans une unité si pure et si nue, qu’elle ne goûte rien en particulier ... je vis sans vie, je suis sans être. Dieu est, et vit, et cela me suffit. ... Cette unité divine est à présent mon fond, mais si caché et si perdu, que je ne trouve plus rien, sinon que je me perde moi-même

2 fév 55 je craignais beaucoup que ce ne fut un certain néant que notre esprit forme et prend pour objet, et non pas un néant mystique que Dieu communique à l’âme et qui est le principe de ses opérations.

Je sentis en mon oraison toutes mes puissances accoisées et remplies d’une grande paix

3 janv 56 quand elle en approche, la mer par un flux vient comme au-devant d’elle pour la solliciter de se hâter de se perdre.

13 août 56 Ce n’est plus qu’un exil ou un bannissement de Dieu

14 sept 56 Il y a tant de goût et de saveur à être anéanti de cette sorte, qu’il est impossible que l’âme puisse se servir d’autre règle, que de se laisser abîmer dans l’océan infini de la Divinité.

10 oct 56 me semblant que je n’ai jamais été plus éloigné de Dieu que lorsque je l’ai expérimenté plus proche.

20 nov 56 Vous concevez bien que cette divine union ne se fait plus comme auparavant que votre état fut changé. Car elle se faisait par le moyen des lumières, des ferveurs de grâces et de dons que vos puissances recevaient de la bonté de Dieu, et dans cette jouissance vous Lui étiez unie. ... À présent Notre Seigneur vous a élevée au-dessus de toutes ces dispositions créées, lesquelles quoi que très bonnes et saintes, sont néanmoins finies et limitées. ... réduire non seulement sa créature à la petitesse, de la brûler jusques à la rendre cendre et poussière.

16 janv 57 // Ruusbroec

21 janv 57 // Canfield

23 janvier 57 rentrer dans votre fond, ou plutôt dans Dieu même. Cela est très vrai et tout réel et non imaginaire ... Les fleurs d’un arbre s’épanouissent fort facilement et promptement, mais le fruit n’est produit qu’avec le temps.

9 avril 57 Tournez votre âme du côté de la confiance en Dieu et d’une sainte assurance et espérance

9 avril 57 il faut traverser des voies et des passages pénibles et difficiles, où l’esprit meurt peu à peu, sans qu’il contribue lui-même à se faire mourir437. C’est Dieu seul qui fait cet ouvrage. Nous ne devons point y ajouter ni diminuer.

26 août 57 souffrir en patience passive toutes les pointes des douleurs des épines intérieures

30 août 57 lumières ou ténèbres, goût ou dégoût, recueillement ou distractions. Ces choses sont dans les dehors de l’âme, et la quiétude, le calme et la paix sont dans le fond. C’est pourquoi cette diversité et variété qui se rencontrent dans les sens n’incommodent pas la paix qui est dans l’intime de notre âme

20 sept 57 Laissez donc pour l’ordinaire votre âme sans beaucoup agir, et croyez que Dieu agira en elle.

20 sept 57 Les ténèbres, les sécheresses et les étouffements intérieurs que l’on expérimente quelquefois, de sorte qu’il semble que l’on soit tombé dans un abîme, ne nous doivent pas étonner, puisque ce sont des effets de Dieu résidant au fond de l’âme

29 sep 57 mourir encore au désir de ne mourir pas assez tôt.

6 oct 57 Que si l’image de Jésus-Christ lui est donnée, qu’elle ne la quitte point. Si elle lui est ôtée, qu’elle ne la cherche point. ... qu’elle ne craigne pas d’avoir un repos dans lequel l’image de Jésus-Christ ne paraisse point

13 oct 57 la Lumière éternelle commence Elle-même à pénétrer votre intérieur. Et cette pénétration continuant, Elle la perdra en Dieu et la déifiera peu à peu

28 oct 57 Vous direz peut-être que votre intérieur est plein de distractions et de ténèbres : à la bonne heure ! Cet abîme de misères et de pauvreté n’empêche pas que Dieu n’agisse secrètement et imperceptiblement, pour jeter votre âme et toutes ses opérations propres dans le néant. Ne vous imaginez donc pas qu’il ne se passe rien en elle. Mais demeurez seulement paisible et tranquille, et l’ouvrage de Dieu se fera.

1 juillet 58 Comme du soleil s’écoule la variété des couleurs sur les fleurs, quoique le soleil ne contienne qu’en éminence les couleurs, et non point formellement, car on aurait beau regarder de près le rayon du soleil si on y découvrait les couleurs qu’il répand sur les fleurs.

29 sept 58 fidélité (note) … chercher uniquement Dieu pour se perdre

7 oct 58 Toute la voie mystique est remplie de miséricordes qui passent au-delà de nos mérites ... C’est pour lors qu’Il nous ouvre la porte du réel anéantissement dans lequel Dieu est seul et la créature n’est plus.

10 oct 58 Dieu vous veut tout à Lui, en Lui, et par Lui-même ... d’une manière au-dessus de toute manière, très simple, très douce, et très efficace

31 oct 58 Et vous anéantissant par sa plénitude, Il vous fait changer d’état intérieur, y ayant une différence très grande entre la lumière du rayon et la lumière du centre

12 déc 58 Vous expérimenterez des secours extraordinaires de Dieu, lequel s’Il ne fait pas réussir ce que vous prétendez pour les affaires extérieures de sa gloire, Il avancera celles de votre intérieur, vous jetant dans une plus grande perte de vous-même et un plus profond abîmement en Lui

16 déc 58 don qui vous a été fait d’expérimenter que votre âme tombe dans le néant ... cit. de M. des Vallées

21 déc 58 Quand vous auriez à quitter une couronne, il ne faudrait pas délibérer. Puisque servir Dieu c’est régner et que d’être objet en la Maison de Dieu vaut mieux que d’habiter aux palais des gens du monde.

22 déc 58 L’anéantissement étant une source inépuisable de lumières et de discernements

4 janvier 59 Cette extrême pauvreté intérieure nous remplit de Dieu, à la vérité d’une manière insensible et imperceptible à notre esprit humain. Trois ou quatre moments d’une telle oraison valent mieux qu’un jour entier de l’oraison qui ne se fait qu’en pensée et en sentiments amoureux

12 janvier 59 La présence réelle de Dieu ne peut pas souffrir que nous ayons autre occupation que Lui seul. Demeurez donc ainsi perdu ... En cet état la liberté commence d’être très grande; nos puissances et nos sens n’étant embarrassés d’aucune réflexion, et se laissant appliquer uniquement à l’œuvre extérieure de Dieu.

24 janv 59 L’abandon ne consiste pas à ne rien faire dans l’intérieur, à n’avoir ni pensées, ni affections, ni sentiments; mais à les recevoir plutôt de Dieu que de les exciter avec nos industries par effort d’esprit. ... Ceux qui commencent croient ne rien faire quand ils tombent dans cet état d’obscurité, et l’expriment aux autres comme ils le croient. Et c’est ici la source de toutes les contradictions et persécutions que l’on fait aux mystiques

26 janvier 59 la volonté ayant fait mourir les affections répandues dans les créatures, elle produit un amour tout simple vers Dieu qui lui donne un recueillement amoureux et une union avec Lui

Abandonnez-vous au soin et à la conduite de votre Père qui est aux Cieux. Il a plus de véritable amour pour vous que toutes les créatures ensemble n’en pourraient avoir. Tous les solitaires ont beaucoup de joie de vous voir réduit à la pauvreté. ... votre bonheur est bien meilleur que le nôtre, puisque vous êtes destiné à une vie mourante et souffrante, et nous, à une vie contemplative qui est toute pleine de douceur

19 fév 59 Notre Seigneur vous conduit par les aridités, sécheresses et peines intérieures. Ne refusez pas la miséricorde qu’Il vous fait de vous traiter de la sorte ... Et l’âme sans oraison qui lui paraisse ne laisse pas d’en avoir une très bonne qu’elle ne sent et ne goûte point. ... L’oisiveté consiste à ne rien faire du tout, laissant son âme volontairement distraite et inutile, dans la croyance qu’elle ne peut rien faire. L’abandon empêche qu’on ne fasse rien par soi-même, mais soumet à l’âme faire tout ce que Dieu veut. ... la fidélité à l’abandon consiste à faire la conduite de Dieu uniquement et non pas la nôtre.

16 mars 59 l’union que l’on a avec Dieu; laquelle se reconnaît par la profonde mort que l’on a de soi-même et des créatures. C’est ici l’essentiel de la vie mystique. ... Et c’est un grand aveuglement de ce que les serviteurs de Dieu n’en font presque nul état, croyant que la vie mystique n’est que pour les solitaires. ... Si l’on veut que vous soyez Docteur, soyez-le; il importe peu, pourvu que la mort et le néant soient de la partie.

29 mars 59 Tout votre bonheur sera de faire sa sainte volonté; laquelle vous étant manifestée, doit ôter de votre esprit toute crainte et inquiétude ... reculer les affaires de Dieu pour vaquer à Dieu même, puisque c’est Lui seul qui nous donnera la grâce d’y pouvoir réussir, et de ne pas nous y chercher

2 avril 59 laisser votre âme dans une parfaite liberté, sans vouloir qu’elle s’applique à quelque chose en l’oraison, sinon quand Dieu le voudra. La non-oraison est la voie pour l’oraison mystique

16 avril 59 Dans cet état de simple attention... ... Laissez passer toutes ces pensées...

M 3, 2 L’oraison qui se fait avec foi simple, sans raisonnements et méditations, est bonne. Elle est fondée dans les Pères, et peut être appuyée de quantité de passages. Mais c’est un don de Dieu particulier ... |Mais] Cette oraison pratiquée par ceux qui n’en ont point le don particulier et extraordinaire, ne fait nul effet en eux et les laisse croupir dans beaucoup d’imperfections

M 3, 3 L’état passif ne consiste pas à n’avoir point de pensées, ni à ne point faire d’actes; mais seulement à supprimer notre activité propre, pour entrer dans l’activité de Dieu

M 3, 4 Cet état consiste à se laisser posséder à l’Esprit de Jésus-Christ qui veut vivre Lui Seul et opérer en l’âme

M 3, 6 Les distractions, les tentations, les ténèbres, et les sécheresses de l’intérieur ne lui feront plus de peur, puisqu’elles serviront même à l’établir dans l’état passif.

M 3, 8 Le second degré est illuminatif.

M 3, 10 Comme le fer qui est devenu comme du feu

M 3, 11 Dans ce dernier degré de la vie unitive, le temps d’oraison n’est pas réglé...



        Thèmes par clefs

Un classement chronologique n’a pas de sens sur une courte durée de qq. années car la variance liée aux correspondants divers l’emporte sur l’évolution de Bernières, d’où un regroupement thématique :





Abandon passiveté : (5) 3janv56, 20sept57, 24janv59, 26janv59, 19fév59

Communication : (3) 24avril53, 4mai53, 30mars54

Dieu : (22) 12sept47, 12sept47b, 28sept47, 20janv48, avril50, 1651, 1653, 1653c, 1653d, 23août53, 26août53, 7sept53, 16déc53, 19avril54, 19oct54, 5nov54, 13août56, 10oct56, 23janv57, 9avril57, 10oct58, 12déc58, 29mars59

Foi : (3) 1653b, 10fév53, 4mai53

Liberté : (3) juillet53, 7sept53, 1juillet58

Néant, anéantissement : (10) janv47, 15fév47, 29 mars54, 2fév55, 14sept56, 7oct58, 31oct58, 16déc58, 21déc58, 22déc58, 4janv59

Oraison, purification : (19) 6mars46, 1652, 1654, 13mai54, 17sept54, 20oct54, 9avril57, 26août57, 20sept57, 29sept57, 6oct57, 13oct57, 28oct57, 16avril59, M3,2, M3,3, M3,6, M3,8, M3,10, M3,11

Paix : (3) 1648, 2fév55, 30août57

Union : (8) mars49, mars49b, mai50, mai50b, 11nov54, 20nov56, 26janv59, 16mars59





On peut envisager la séquence suivante :

Oraison , néant, abandon, paix > union, dieu > communication, liberté



        Correspondance par années

47, 49-50 puis

2-53 à 11-54 soit 21mois

puis trou d’une année

puis 1-56 à 4-59 soit 39mois









37B.JEAN DE BERNIERES ET L'ERMITAGE DE CAEN, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle - Lettres & Maximes Tome I 1631 – 1646 [Dom Éric de Reviers, o.s.b]

Suivant l’ordre chronologique de la Correspondance

Citant des extraits du Chrétien Intérieur

et d’Auteurs mystiques



(47) Correspondance Bernières 1631-1646 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt



!Correspondance Bernières 8e éd 1631-1646 au 12jan18.docx

Avant-propos

Jean de Bernières (1602-1659) demeure actuel par sa condition de laïque et par l’exemplarité qu’il assura dans le champ social au « siècle des saints ». Son influence s’étendit très au-delà de sa Normandie natale. Elle fut en effet relayée par ses amis et ses dirigés du cercle de l’Ermitage, la maison d’accueil de Caen qu’il créa près du couvent d’ursulines fondée par sa sœur Jourdaine .

Les écrits et les influences reçues puis exercées par Jean de Bernières ont été présentés en Œuvres mystiques I . Cette étude a depuis été élargie par de multiples contributions éclairant Jean et ses proches du cercle de l’Ermitage .

Le Chrétien intérieur fut très souvent réimprimé et lu par tous les spirituels sur la durée du Grand Siècle et même par la suite . Malheureusement les lettres qui furent assemblées et publiées sous ce titre pertinent ont été interpolées, voire augmentées, suivant la pratique habituelle à l’époque pour construire « un livre ». Et leurs sources sont le plus souvent perdues.

Par chance nous disposons d’un trésor publié discrètement plus de dix ans après Le Chrétien intérieur sous un titre volontairement peu explicite d’Œuvres spirituelles . Il s’agit de lettres entières et de fragments recueillis par Mère de Saint-Charles, alors supérieure ursuline du couvent fondé par Jourdaine de Bernières .

Ils ne doublent que rarement les éléments utilisés pour construire le Chrétien intérieur . Des lettres admirables datant de la fin de la vie du mystique étaient en effet devenues disponibles après la mort de sa sœur. Elles ne sont reprises que dans les Oeuvres spirituelles donc ici pour la première fois depuis le dix-septième siècle. Elles ont été peu retouchées : c’est l’une des qualités attachées aux correspondances anciennes .

La présente édition des Maximes & Lettres a l’immense mérite de modifier l’ordre primitif en restituant autant que possible l’ordre chronologique. Elle remplace une répartition qui suivait le schéma traditionnel des trois voies mystiques en mélangeant les dates de rédaction des pièces.

Car on sait qu’une photographie ne peut rendre compte de la dynamique d’une vie. Une séquence qui couvre près de trente ans peut rendre compte du pèlerinage intérieur de Bernières, couvrant les années 1631 à 1659. Elle permet d’apprécier la trajectoire intérieure suivie par Jean.

Le lecteur va suivre un guide d’ascension mystique. A la base une « abjection » au sens premier de s’incliner devant la grandeur divine. Ensuite et toujours l’abandon au travail de la grâce divine.

Le travail de restitution a été mené durant quinze années par dom Éric de Reviers à l’Abbaye Saint-Anne de Kergonan …lorsque ses emplois lui laissaient quelque disponibilité.

Il reconstitue l’ordre chronologique mêlant Lettres entières et fragments des Maximes. Il ajoute des lettres préservées dans l’Ordre fondé par Mère Mectilde. De nombreuses lettres de cette dernière assurent un dialogue mystique préservé très rarement dans d’autres correspondances . En introduction il approfondit une méditation qui concluait les Rencontres autour de Jean de Bernières tenues en 2009 autour de l’esprit de pauvreté, de l’abandon et de l’oraison. D’amples annotations introduisent pièce après pièce des textes mystiques parallèles. Les citations éclairent surtout le Bernières correspondant par un Bernières devenu un « auteur » célébré par le Chrétien Intérieur.

L’authenticité, elle respectée, de sa correspondance, livre un manuel dont l’intérêt demeure. Elle ouvre constamment et droitement sur la vie intérieure, sans que l’on ait besoin de passer préalablement par un tri resserré, parce que Jean évite de rapporter toutes ses obligations extérieures. Monsieur de Bernières n’était pas responsable religieux en titre comme le furent Monsieur de Genève ou la fondatrice Madame de Chantal, Surin, Olier, Fénelon.

Cette densité unique sur le plan intérieur (mais pauvreté au niveau du vécu journalier car l’auteur se cache), suggéra à dom Eric de citer d’autres mystiques de même eau, en favorisant Jean de la Croix et François de Sales, auteurs de référence. Enfin le lecteur doit être déchargé des recherches textuelles pour préserver la paix de sa lecture à but spirituel. Cela justifie la longueur de telle note sans coupure : elle livre tout un paragraphe à fin de méditation. D’où la vastitude de l’ouvrage et l’inhabituelle importance d’un appareil de notes. Elles sont bien loin d’apparaître seulement comme apparat critique ou de constituer un outil comparatif.

Notre édition comporte deux tomes.

Le premier couvre les années 1631-1646 de formation de monsieur de Bernières ainsi que de sœur Mectilde qui deviendra sa confidente par « notre bon Père » Chrysostome. Lui succède son disciple. Vivant au cœur de responsabilitésla spirituelles comme par l’intime fréquentation de son « ami Jean », frère Éric de Reviers nous a proposé en introduction un florilège relevé sur l’œuvre du mystique incitant à vivre comme pèlerins en marche sur les Secrets sentiers de l’Amour divin .

Le second tome couvre le plein accomplissement, soit les années 1647-1659. Jean-Marie Gourvil, qui fut directeur des études à l'Institut Régional du Travail Social de Normandie, montre combien l'amour mystique de Dieu et l'amour du pauvre s’unirent chez le mystique de Caen, l’inspirateur d’une grande tradition chrétienne à retrouver par delà morale et norme humaines.

Avant-propos

Jean de Bernières (1602-1659) demeure actuel par sa condition de laïque et par l’exemplarité qu’il assura dans le champ social au « siècle des saints ». Son influence s’étendit très au-delà de sa Normandie natale. Elle fut en effet relayée par ses amis et ses dirigés du cercle de l’Ermitage, la maison d’accueil de Caen qu’il créa près du couvent d’ursulines fondée par sa sœur Jourdaine .

Les écrits et les influences reçues puis exercées par Jean de Bernières ont été présentés en Œuvres mystiques I . Cette étude a depuis été élargie par de multiples contributions éclairant Jean et ses proches du cercle de l’Ermitage .

Le Chrétien intérieur fut très souvent réimprimé et lu par tous les spirituels sur la durée du Grand Siècle et même par la suite . Malheureusement les lettres qui furent assemblées et publiées sous ce titre pertinent ont été interpolées, voire augmentées, suivant la pratique habituelle à l’époque pour construire « un livre ». Et leurs sources sont le plus souvent perdues.

Par chance nous disposons d’un trésor publié discrètement plus de dix ans après Le Chrétien intérieur sous un titre volontairement peu explicite d’Œuvres spirituelles . Il s’agit de lettres entières et de fragments recueillis par Mère de Saint-Charles, alors supérieure ursuline du couvent fondé par Jourdaine de Bernières .

Ils ne doublent que rarement les éléments utilisés pour construire le Chrétien intérieur . Des lettres admirables datant de la fin de la vie du mystique étaient en effet devenues disponibles après la mort de sa sœur. Elles ne sont reprises que dans les Oeuvres spirituelles donc ici pour la première fois depuis le dix-septième siècle. Elles ont été peu retouchées : c’est l’une des qualités attachées aux correspondances anciennes .

La présente édition des Maximes & Lettres a l’immense mérite de modifier l’ordre primitif en restituant autant que possible l’ordre chronologique. Elle remplace une répartition qui suivait le schéma traditionnel des trois voies mystiques en mélangeant les dates de rédaction des pièces.

Car on sait qu’une photographie ne peut rendre compte de la dynamique d’une vie. Une séquence qui couvre près de trente ans peut rendre compte du pèlerinage intérieur de Bernières, couvrant les années 1631 à 1659. Elle permet d’apprécier la trajectoire intérieure suivie par Jean.

Le lecteur va suivre un guide d’ascension mystique. A la base une « abjection » au sens premier de s’incliner devant la grandeur divine. Ensuite et toujours l’abandon au travail de la grâce divine.

Le travail de restitution a été mené durant quinze années par dom Éric de Reviers à l’Abbaye Saint-Anne de Kergonan …lorsque ses emplois lui laissaient quelque disponibilité.

Il reconstitue l’ordre chronologique mêlant Lettres entières et fragments des Maximes. Il ajoute des lettres préservées dans l’Ordre fondé par Mère Mectilde. De nombreuses lettres de cette dernière assurent un dialogue mystique préservé très rarement dans d’autres correspondances . En introduction il approfondit une méditation qui concluait les Rencontres autour de Jean de Bernières tenues en 2009 autour de l’esprit de pauvreté, de l’abandon et de l’oraison. D’amples annotations introduisent pièce après pièce des textes mystiques parallèles. Les citations éclairent surtout le Bernières correspondant par un Bernières devenu un « auteur » célébré par le Chrétien Intérieur.

L’authenticité, elle respectée, de sa correspondance, livre un manuel dont l’intérêt demeure. Elle ouvre constamment et droitement sur la vie intérieure, sans que l’on ait besoin de passer préalablement par un tri resserré, parce que Jean évite de rapporter toutes ses obligations extérieures. Monsieur de Bernières n’était pas responsable religieux en titre comme le furent Monsieur de Genève ou la fondatrice Madame de Chantal, Surin, Olier, Fénelon.

Cette densité unique sur le plan intérieur (mais pauvreté au niveau du vécu journalier car l’auteur se cache), suggéra à dom Eric de citer d’autres mystiques de même eau, en favorisant Jean de la Croix et François de Sales, auteurs de référence. Enfin le lecteur doit être déchargé des recherches textuelles pour préserver la paix de sa lecture à but spirituel. Cela justifie la longueur de telle note sans coupure : elle livre tout un paragraphe à fin de méditation. D’où la vastitude de l’ouvrage et l’inhabituelle importance d’un appareil de notes. Elles sont bien loin d’apparaître seulement comme apparat critique ou de constituer un outil comparatif.

Notre édition comporte deux tomes.

Le premier couvre les années 1631-1646 de formation de monsieur de Bernières ainsi que de sœur Mectilde qui deviendra sa confidente par « notre bon Père » Chrysostome. Lui succède son disciple. Vivant au cœur de responsabilitésla spirituelles comme par l’intime fréquentation de son « ami Jean », frère Éric de Reviers nous a proposé en introduction un florilège relevé sur l’œuvre du mystique incitant à vivre comme pèlerins en marche sur les Secrets sentiers de l’Amour divin .

Le second tome couvre le plein accomplissement, soit les années 1647-1659. Jean-Marie Gourvil, qui fut directeur des études à l'Institut Régional du Travail Social de Normandie, montre combien l'amour mystique de Dieu et l'amour du pauvre s’unirent chez le mystique de Caen, l’inspirateur d’une grande tradition chrétienne à retrouver par delà morale et norme humaines.

Editions et Chronologie

Une édition chonologique

Les Lettres et les Maximes sont ici assemblées et ordonnées chronologiquement, contrairement aux éditions du XVIIe siècle qui adoptent le schéma des trois voies mystiques, et qui séparent éditions de lettres et extraits constitutifs de Maximes.

L’ordre chronologique rétabli permet de mieux apprécier l’admirable évolution intérieure de Jean de Bernières. Son ascension mystique part de « l’abjection » ou contemplation de la grandeur divine pour parvenir à l’abandon total à Sa grâce.

On complétera par quelques lettres déjà publiées dans Œuvres mystiques I, « Pensées », pages 470, 491, 495-496.

Eclairer Bernières par Bernières

Eclairer Bernières par lui-même est la meilleure façon de le comprendre. Une partie essentielle de notre travail a consisté à relever de nombreuses citations du Chrétien Intérieur en consonance avec les lettres. Le fruit de cette comparaison annotée est frappante : Le Chrétien Intérieur et les Oeuvres spirituelles ont pour sources deux corpus de lettres distincts. Sauf pour les toutes premières années où l’on relève des doubles avec les Maximes, les sources diffèrent dès 1645 environ.

Les sources

[Source de Lettres :] Les Œuvres spirituelles de Monsieur de Bernières Louvigni, ou conduite assurée pour ceux qui tendent à la perfection. Seconde partie, contenant les Lettres qui font voir la pratique des Maximes. À Rouen, De l’imprimerie de Bonaventure Le Brun, Imprimeur-Libraire, dans la cour du Palais, M.DC.LXXVIII., avec Approbations.

[Source de Maximes :] Les Œuvres spirituelles de Monsieur de Bernières Louvigni, ou conduite assurée pour ceux qui tendent à la perfection. Divisée en deux parties. La Première contient des Maximes pour l’établissement des trois états de la vie chrétienne. La seconde contient les Lettres qui font voir la pratique des Maximes. Sur l’imprimé, à Paris, Chez la Veuve d’Edme Martin, rue S.Jacques au Soleil d’or, & au sacrifice d’Abel. M.DC.LXXVIII., avec Approbations.

[La source de Lettres complémentaires conservées au sein de l’Ordre des bénédictines du Saint-Sacrement fondé par Mère Mectilde est précisée pour chacune d’entre elle].

Les exemplaires de l’édition de Lettres et de Maximes sont fort rares, contrairement à ceux de multiples éditions du Chrétien Intérieur. Nous avons utilisé deux tomes qui faisaient partie des archives du Premier Carmel de Paris (et tenons à disposition des chercheurs leurs saisies photographiques). Suite à la fermeture du carmel de Clamart, successeur dépositaire du Premier Carmel, ces tomes sont préservés chez les Carmes d’Avon.

Par ailleurs le monastère des Bénédictines du Saint-Sacrement de Rouen nous a très généreusement ouvert ses portes, ce qui a permis d’ajouter aux sources imprimées des copies de lettres préservées au sein de l’ordre fondé par Mectilde, l’amie et dirigée de Bernières. Nous remercions dom Joël Letellier pour le partage de transcriptions mectildiennes. Enfin de nombreux « parallèles » figurent au sein du Chrétien intérieur, ouvrage bâti à partir d’une partie disparue de la correspondance : certains sont ici livrés en notes sous forme d’extraits.

On aura par ailleurs recours aux travaux de Souriau, Heurtevent, Luypaert, du Chesnay. Ils sont cités avec de nombreuses autres sources dans Œuvres mystiques I L’intérieur Chrétien […], coll. « Sources Mystiques », Éditions du Carmel, 2011, et dans Rencontres autour de Jean de Bernières 1602-1659, Mectildiana, Parole et Silence, 2013.

Les événements importants dans la vie de Jean de Bernières

1602 naissance de Jean de Bernières

1631 début de la construction du couvent des ursulines. Jourdaine de Bernières (1596-1670) en sera la supérieure 

Épidémie à Caen, Jean Eudes (1601-1680) dans son tonneau.

Jean de B. reprend la charge de son père de Trésorier de Caen qu’il assurera jusqu’en 1653

1634 Jean de B. et Jean Eudes fondent une maison pour les filles repenties

1638 début de correspondance (perdue) avec l’ursuline Marie de l’Incarnation (1599-1672 à Tours

1639 B. accompagnent Mme de la Peltrie et de Marie de l’Incarnation. Après un passage à Paris, elles s’embarquent le 4 mai de Dieppe vers la Nouvelle-France

1644 à 1646 Jean Eudes persécuté est aidé par le « chrétien parfait » Gaston de Renty (1611-1649)

1646 † de « notre bon père Chrysostome » (Jean-Chrysostome de Saint-Lô, du Tiers Ordre Régulier franciscain)

Début de la construction de l’Ermitage, maison d’accueil achevée trois ans plus tard. B. y habitera.

1647 B. en voyage à Rouen où se trouve Mectilde (1614-1698). Il voyage parfois ailleurs durant la années suivantes

1649 † de Renty le 24 avril

B. prend la direction de la Compagnie du Saint-Sacrement de Caen

1652 guerre civile à Paris

1655 établissement de la « maison de charité » de la Compagnie de Caen

Jean Eudes note les « dits » de « sœur Marie » [M. des Vallées] lors de séjours à Coutances. Il est en compagnie de B. et d’autres.

Le futur évêque de Québec Laval à l’Ermitage (François de Montmorency – Laval, 1623-1708)

1656 † de Marie des Vallées

Conflit avec des jansénistes ; conflit entre les ermites et l’Oratoire jansénisant

1658 Du Four à la porte du couvent des ursulines

1659 † de Bernières le 3 mai

1660 pamphlet de Du Four ; interdiction jetée sur le couvent des ursulines

1689 Le Chrétien intérieur traduit en italien est condamné.

1692 Les Œuvres spirituelles traduites en italien sont condamnées

[...]



TABLE DES MATIERES

(entière car permet des recherches :)

Jean de Bernières et l'Ermitage de Caen, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle.341

Lettres & Maximes341

"Celui-là est humble, qui se cache en son propre néant et sait s'abandonner à Dieu."

Remerciements

Avant-propos

Introduction

1. Un pauvre ermite caché dans le fond de sa solitude.

2. Maître du Saint Abandon et de l’enfance spirituelle.

3. l’Ami spirituel

4. Un directeur spirituel avisé

5. Un Maître d’oraison

Un enseignement à l’image de sa vie intérieure

Les différents états de la vie mystique

Premiers conseils adressés à Catherine de Bar

La transformation de l’âme en Dieu

Bienheureuse solitude

Marie Madeleine modèle de la vie contemplative

La Croix préférable à la solitude

L’oraison de pure foi

Une théologie mystique

Les nuits de l’âme

Bienheureux néant!

Quand la vie d’oraison est incomprise…

Le courage de la passivité

La vraie oraison c’est Dieu même dans l’âme

Les phases de l’oraison passive

Les bienfaits de l’oraison passive

La lecture conduit à la contemplation

Une vue simple et amoureuse

L’oraison la meilleure

Un Feu incandescent

Jésus-Christ seul nous ouvre les portes du réel anéantissement

L’oraison dans la maladie

L’oraison est nécessaire à un chrétien pour vivre chrétiennement

Quand la fatigue vient dans l’oraison

L’oraison est missionnaire

Le «testament spirituel» de Bernières

Conclusion

Édition et Chronologie

Eclairer Bernières par Bernières

Les sources

Répartition des correspondances

Titres, sigles, corps de caractères


Correspondance


La direction par le P. Chrysostome

1. Lettre. “ J’ai lu et considéré la vôtre…”

2. Autres avis au même. “ J’ai lu et considéré vos articles…”

3. Autres propositions d’un certain spirituel, et les réponses du Père. “ Je suis souvent dans l’état de douceur et d’amour…”

4. Autres propositions et réponses. “ Dites-nous un peu mon cher Père…”

5. Autre lettre d’un spirituel, et les réponses du Père. “ Depuis que je vous ai obéi…”

6. Autre lettre en forme de propositions, et les réponses. “… dans une grande obscurité intérieure…”

7. Autre lettre de réponse du Père à un spirituel. “ J’ai considéré votre dernière lettre, et je demeure dans mon sentiment…”

8. Autre lettre et réponse. “ J’ai lu et considéré le rapport de votre oraison”

9. Autre lettre du révérend Père. “ Notre cher frère et ami en J.C.”

10. Autres propositions et réponses, touchant la pratique de quelques conseils évangéliques.

11. Autre réponse à un bon serviteur de Dieu. “ Notre très cher frère en Jésus-Christ”

12. Autre lettre à un spirituel, fidèle et fervent. “ J’ai considéré vos lettres…”

13. Autres propositions ou déclarations de l’intérieur d’une âme, et les réponses du révérend Père.

14. Autre lettre adressant au Père, et ses réponses. “ Depuis l’avis que vous m’avez donné, que c’est l’ordre de Dieu…”

15. Autres propositions et réponses sur l’oraison, etc.

16. Autre lettre du Père, dirigeant quelque âme à une haute perfection.


Lettres et Maximes suivant l’ordre chronologique

[1631]

1631 M 2159 Trois degrés d’oraison dans la voie mystique .

L’âme dans l’oraison de la voie mystique passe par différents états. Le premier est purement de discours.

1631 M 2160 Lecture et méditation pour les commençants.

Quand vous rencontrerez des âmes désireuses de l’oraison, et qui n’en ont pas encore beaucoup d’usage, il ne faut point d’abord leur conseiller la simplicité ni le recueillement continuel.

1631 M 2161 Dieu montre à l’âme le degré d’oraison où Il l’appelle.

Il arrive aux âmes que Dieu prend soin de conduire à la perfection du divin Amour, comme il arrive à ceux qui doivent faire un grand voyage.

1631 M 2162 se mettre en chemin.

Après que l’âme a découvert les miséricordes que Dieu lui veut faire, il faut qu’elle se mette en chemin d’y arriver.

1631 M 2163 Quel est ce chemin pour y parvenir.

La règle qu’il faut garder en l’oraison de cet état est de recevoir avec une grande liberté et simplicité ce que Notre Seigneur donne.

1631 M 2164 Les actions extérieures ne sont pas un obstacle.

Quoi que les actions extérieures ne vous semblent pas de si bon goût que la solitude et l’oraison

[1632]

10 0ctobre 1632 M 2,23 (2.5.8) Il faut se plaire et se réjouir dans l’état où nous nous trouvons.

En quelque posture que vous vous trouviez, Dieu vous y veut

10 0ctobre 1632 M 2,24 (2.5.9) L’âme est totalement indifférente pour ses états…

L’âme est totalement indifférente pour ses états, ne cherchant qu’à servir Dieu et à se sauver

18 Octobre 1632 M 2,1 (2.1.1) aimer et servir Dieu, et tout le reste n’est rien

Nous devons faire grand état et avoir une grande estime de la vie dévote

10 Décembre 1632 M 1,26 (1.3.8) Dieu se comporte avec nous comme le soleil

L’indifférence à tout ce qui plaît à Dieu oblige le spirituel à livrer de grands combats à la sensualité

[1634]

27 Décembre 1634 M 2122 Pour vivre chrétiennement il faut vivre comme Jésus

Pour vivre chrétiennement il faut vivre comme Jésus, c’est à dire, avec ses vues et ses sentiments

[1635]

10 Octobre 1635 M 2,22 (2.5.7) Conformité à son saint vouloir

Nul exercice ne nous mène à Dieu si saintement que celui de la conformité à son saint vouloir

[1637]

1637 M 2,16 (2.5.1) «Dieu le veut»

Le grand mot qui me rend si totalement affectionné aux pauvres

1637 M 2,17 (2.5.2) Faire tout ce que nous voulons parce que Dieu le veut.

L’un des plus grands secrets de la dévotion, c’est de n’avoir point d’autre vouloir ou non vouloir que celui de Dieu.

1637 M 2,18 (2.5.3) Dieu fait pour le mieux

Une âme a sujet d’être contente, quand elle contente Dieu, et qu’elle ne désire rien plus que ce qu’Il veut lui donner

1637 M 2,19 (2.5.4) Une âme résignée aux volontés de Dieu est contente

Une âme résignée aux volontés de Dieu est contente parmi ses bassesses, ses faiblesses et ses petitesses.

Après Pâques 1637 M 1,46 (1.6.2) Embrasser amoureusement le mépris.

Un grand point de la vie spirituelle et qui acquiert à l’âme un grand mérite

Après Pâques 1637 M 1,47 (1.6.3) La cause des plus grands péchés du monde, c’est la crainte d’être méprisé.

L’horreur du mépris est fort étrange

Après Pâques 1637 M 1,48 (1.6.4) Jésus venant au monde : remède à la peur du mépris.

Jésus venant au monde a voulu donner remède à ce grand mal

Après Pâques M 1,49 (1.6.5) Le mépris préserve des maux qui accompagnent ordinairement l’honneur et la complaisance.

Une personne qui reçoit un mépris qui lui vient de la part des hommes, ne doit pas regarder pourquoi les hommes lui font ce mépris.

[1638]

Avril 1638 M 2137 Combien de lumières naissent de ce principe! Il est un Dieu.

Il est un Dieu. Ô que cela bien conçu et bien appréhendé profite à une âme!

Avril 1638 M 2138 Nous revêtir de Dieu…

Que de peine à nous dépouiller de nous-mêmes, et à nous revêtir de Dieu

Mai 1638 M 2,2 (2.1.2) Service de Dieu

Un jour employé au service de Dieu vaut mieux qu’un million d’années

Mai 1638 M 2,3 (2.1.3) Il vaut beaucoup mieux servir Dieu, que de servir les rois de la terre.

Dieu est le Roi des Rois, et le Seigneur des Seigneurs.

Mai 1638 M 2,4 (2.1.4) Servir Dieu c’est une souveraine grandeur.

La maison de Dieu est comme la maison des Princes

[1639]

26 Décembre 1639 M 2,46 (2.8.1) Voir les choses avec les lumières de la foi

Un moyen efficace pour être tout à Dieu par fidélité

26 Décembre 1639 M 2,47 (2.8.2) Les mondains qui n’ont ni la vue, ni le goût de la foi, sont aveugles et fort mal conduits.

Notre entendement ne peut avoir de plus hautes occupations que de connaître Dieu

26 Décembre 1639 M 2,48 (2.8.3) Reconnaître l’excellence de la foi

L’on ne peut reconnaître l’excellence de la foi que par la lumière de la foi même

[1640]

1er Avril 1640 M 3,29 Notre disposition

Notre disposition doit être une soif insatiable du mépris, de la pauvreté et de la douleur.

8 Septembre 1640 M 1,33 (1.5.1) Le monde craint si fort les misères temporelles qu’il ne se met pas en peine des éternelles.

Il faut croire que le monde s’amuse dans l’estime qu’il a pour les choses, quand il préfère les extérieurs aux intérieures

8 Septembre 1640 M 1,34 (1.5.2) les emplois éclatants et les plus grandes charges du monde

Il faut encore croire que les emplois éclatants et les plus grandes charges du monde ne tendent qu’à des bagatelles

18 Septembre 1640 M 3,59 La foi parfaite

La richesse d’une âme, sa perfection, sa béatitude et sa gloire consistent à être unie à Dieu

Novembre 1640 M 2,34 (2.6.8) Toute notre ambition

Que ne mettons-nous toute notre ambition à nous faire aimer de tout le Paradis

[1641]

Janvier 1641 M 2,20 (2.5.5) Le secret d’être en repos, c’est de contenter Dieu.

Ce qui trouble notre paix, et qui nous jette dans l’inquiétude, est que nous voulons faire ce que Dieu ne veut pas

Janvier 1641 M 1,13 (1.2.8) Une chose épouvantable

C’est une chose épouvantable à une âme à qui Dieu se communique

Janvier 1641 M 1,27 (1.3.9) Souveraine misère de l’homme, de n’avoir aucune entrée ni ouverture dans les lumières du christianisme.

Il faut tout doucement faire entrer les âmes dans les lumières du christianisme, et puis les laisser un peu faire sans les presser.

Janvier 1641 M 2,5 (2.1.5) Pratiquer beaucoup et savoir peu

Le défaut de la plupart de ceux qui veulent servir Dieu, est de se mettre en peine et être curieux

Janvier 1641 M 2,6 (2.1.6) Servir Dieu à ses dépens, sans prétention et purement pour Lui.

Les âmes d’une vertu éminente, et qui n’ont jamais goûté, ou rarement, de consolations sensibles

10 Janvier 1641 L 1,2 Imitez le pauvre et humble Jésus.

12 Janvier 1641 L 1,3 Il n’y a qu’à se laisser manier à Dieu comme une boule de cire molle.

17 Janvier 1641 L 1,4 Combien fait une âme qui ne veut rien faire par elle-même.

29 Janvier 1641 M 1,31 (1.4.4) Pauvreté évangélique

O que je l’ai vue belle ce matin durant mon oraison, cette admirable pauvreté évangélique!

Mars 1641 M 3,66 Etre uni un quart d’heure à Dieu glorifie Dieu plus que toutes les affaires que l’on fait dans le monde.

Les âmes que Dieu illumine savent que d’être uni un quart d’heure à Dieu

Mars 1641 M 3,67 La solitude intérieure…

Il faut tâcher d’avoir la solitude intérieure,

3 Mars 1641 M 2,29 (2.6.3) Les bonnes actions

Tout ainsi que l’huile entretient la lampe

5 Mars 1641 M 2,73 (2.10.14) La grâce de travailler et de souffrir pour Dieu vaut mieux que toutes les extases des contemplatifs.

Il y a des grâces dont l’on ne fait point quasi d’estime

13 Mars 1641 M 2157 Le plus beau livre

Le plus beau livre est celui de Dieu en moi.

13 Mars 1641 M 2,12 (2.3.3) Aucune pratique, Dieu seul

Il ne faut dans la vie intérieure avoir liaison à aucune pratique

13 Mars 1641 M 2,95 (2.13.4) Dans la maladie

Dans la maladie il faut faire oraison en la manière qu’on la peut faire

13 Mars 1641 M 2,96 (2.13.5) Qu’il se rencontre peu de gens d’oraison, même dans les cloîtres et parmi les dévots!

Que le don d’oraison est rare!

13 Mars 1641 M 2,97 (2.13.6) Pour arriver à l’union

Un moyen efficace pour arriver à l’union, et pour conserver un grand intérieur

13 Mars 1641 M 2114 (2.14.12) Exil

Dieu bannit et exile quelquefois un cœur de sa présence plus ou moins de temps

5 mai 1641 L 1,1 Sacrée communion, c’est de vous que j’attends des forces pour maintenir mon âme

27 Mai 1641 M 2,62 (2.10.2) désirs de souffrir

J’avais un jour des désirs extrêmes de souffrir, et je disais

13 Juin 1641 M 2115 (2.14.13) Aimer Dieu

Une de mes grandes consolations est de savoir que je puis avec la grâce aimer Dieu autant que les plus grands esprits.

Juillet 1641 M 1,14 (1.2.9) Le péché mortel est un grand mépris de Dieu.

J’ai eu une grande vue de l’horreur du péché véniel.

2 Juillet 1641 M 1,9 (1.2.4) Offenser une bonté infinie est un mal incompréhensible.

La crainte du péché ne doit pas être fondée sur la considération des peines qu’il mérite

6 Août 1641 L 2,6 Je suis aussi content de demeurer ici comme d’aller en Canada.

[1642]

1642 M 1,86 (1.10.3) Nous ne devons pas nous inquiéter de nos chutes et de nos fautes.

Touchant les imperfections qui se rencontrent dans l’intérieur

Septembre 1642 M 2,27 (2.6.1) La charité bien ordonnée

La charité bien ordonnée commence par soi-même

Septembre 1642 M 2,30 (2.6.4) Dieu doit donner mouvement.

Je ne dois rien entreprendre pour aider les âmes

Septembre 1642 M 2,31 (2.6.5) Notre impuissance

Nous devons reconnaître sincèrement et de bonne foi notre impuissance à faire réussir les choses que nous entreprenons

6 Novembre 1642 LMR Barbery. Le lieu de notre petite retraite

Je prie celui qui remplit votre cœur de la sacrée dilection de son divin amour pour ces indignes esclaves

Décembre 1642 LMR Suppliez-le que je me convertisse sans plus tarder

Quoique extrêmement pressée de mes occupations ordinaires

16 décembre 1642 M 1,64 (1.8.6) Dans le doute il faut donner plus que moins à la mortification.

Voici, ce me semble, le règlement de la grâce

[1643]

2 Janvier 1643 L 1,6 Vous ne devez pas tant lire, mais beaucoup ruminer.

9 Janvier 1643 LMR L’amour est fidélité!

Cet aimable Jésus me tient [si fort barré] en captivité

27 Janvier 1643 L 1,7 Je tâche de m’occuper plus en Dieu qu’en moi-même.

2 février 1643 LBM Sur l’humilité de la Très Sainte Vierge dans la purification.

Que vous dit votre cœur ce matin, ma très chère Sœur

LBM Vous êtes la meilleure amie que j’ai au monde.

Ma très chère Sœur, avant que Jésus unisse son Cœur au mien par la Sainte Communion

10 février 1643 M 1,58 C’est pourquoi il faut mourir

Qu’il faut peu de choses à mettre obstacle à la grâce de Dieu en nous

10 Février 1643 M 2,84 (2.12.6) S’attacher à Dieu seul

C’est un grand bonheur de rencontrer des âmes saintes.

10 Février 1643 M 2,90 (2.12.7) Jamais l’homme par propre inclination ne doit désirer d’emploi où il a trop de périls pour lui.

Je sais bien qu’il faut travailler pour le prochain

10 Février 1643 M 2,91 (2.12.8) Les directeurs doivent coopérer à la grâce et aider les âmes à faire ce que Dieu veut.

C’est un défaut quasi général aux directeurs de ne point considérer et étudier les desseins que Dieu a sur les âmes

21 Février 1643 M 3,30 L’abîme de l’anéantissement

La vue de l’abjection me fait entrer dans de grands sentiments d’un parfait dénuement

24 février 1643 M 1,58 (1.7.8) La voie de l’abjection

L’âme est privée d’un grand bonheur lorsqu’elle s’excuse de ses fautes

24 février 1643 M 1,67 (1.8.9) Détachement

Une âme ne sera jamais bien pure qu’elle ne soit bien détachée

5 Mars 1643 LMR“ Je ne sais plus où j’en suis”.

2 Mai 1643 M 2165 Dieu doit être le Maître

Il faut se conduire en l’oraison comme Dieu voudra.

15 Mai 1643 LMR J’ai un grand attrait pour chérir la sainte abjection

Monsieur, Notre Seigneur triomphant et glorieux vous comble de son saint amour pour humble remerciement de la sainte charité que vous me faites.

29 Mai 1643 L 2,7 Correspondre à toutes ses faveurs

Ma très chère Sœur, Voici tout simplement ce qu’il me semble que Dieu me donne

24 Juin 1643 L 1,8 La vie surhumaine, vie cachée et inconnue des hommes vaut mieux que toute la terre.

M. Je n’ai pas de consolations sensibles, mais je suis pourtant bien

30 juin 1943 (Juin 1945) LMB Ô que cet homme est angélique et divinisé.

De St Maur, 30 juin 1643. Mon très cher Frère, Béni soit celui qui par un effet de son amoureuse Providence

3 Juillet 1643 L 2,12 Qu’après avoir goûté Dieu, le goût de la créature est plat!

M. Je vous veux rendre compte de ma disposition présente.

4 Juillet 1643 L 1,9 Ce n’est pas à moi à conduire les âmes.

M. Je bénis Notre Seigneur de ce qu’il vous a ouvert les yeux

18 Juillet 1643

18 Juillet 1643 M 2,61 (2.10.1) Une illusion

Plusieurs croient être fort spirituels

18 Juillet 1643 M 2,63 (2.10.3) Ceux qui sont dans l’honneur, et qui ont beaucoup d’avantages naturels de corps et d’esprit me font peur.

Quand je vois une personne accablée de misères

23 Juillet 1643 M 2,88 (2.12.5) Quand et comment nous devons servir au prochain?

Prenons plaisir de voir que les autres servent très utilement au prochain

28 Juillet 1643 M 2123 C’est l’Esprit de Jésus qui donne la vie à nos âmes.

C’est chose pitoyable que l’aveuglement des hommes

Août 1643 M 2151 Dans son Sacré Cœur, j’expérimente que rien ne me manque.

Je dois dépendre totalement de la Divine Providence

Août 1643 M 2152 Abandon total à la Providence de Dieu.

Il arrive souvent que la mère a du lait dans une mamelle, et n’en a point dans l’autre.

Août 1643 M 2153 Il faut donc qu’il laisse agir les autres, et qu’il se contente de caresser sa mère.

Il y a des âmes choisies de Dieu pour les grands travaux qui regardent sa gloire.

15 Août 1643 L 1, 5 Il me paraît que je suis dans une plus profonde pauvreté d’esprit que jamais.

28 août

Septembre 1643 M 3,20 Que de choses à retrancher dans un cœur qui aime purement!

Lorsque le pur amour vient dans un cœur, il paraît doux

Septembre 1643 M 3,21 Destruction de la nature

Le pur amour est la destruction de la nature.

Septembre 1643 M 3,22 La perte de toutes les créatures conduit bien avant dans le royaume de la pureté, de la tranquillité et de l’union.

Par un grand sentiment pour la pauvreté de toute créature

Septembre 1643 M 3,23 le pur amour qui opère l’anéantissement total.

Belles paroles de la bienheureuses Catherine de Gênes

Septembre 1643 M 1,45 (1.6.1) La leçon du mépris

La leçon du mépris est la plus belle leçon de la vie chrétienne.

Septembre 1643 M 2,54 (2.9.1) La leçon de la véritable humilité.

Les vertus qui consistent en l’action ne sont pas fort mal aisées à pratiquer

Septembre 1643 M 2,55 (2.9.2) La principale fidélité qu’Il nous demande.

J’ai remarqué plusieurs fois que Notre Seigneur nous fait entreprendre de certaines choses

Septembre 1643 M 2,56 (2.9.3) Aimer son abjection…

Le principal soin de l’âme est de s’humilier, de s’avilir, et d’aimer son abjection.

Septembre 1643 M 2,57 (2.9.4 à 7) Un cœur humble

La vie d’une personne humble

Septembre 1643 M 2,58 (2.9.8) Aimer la correction

Aimer la correction et l’accusation franche de ses défauts

Septembre 1643 M 2,59 (2.9.9) Ne désirer point d’être aimé particulièrement

Ne désirer point d’être aimé particulièrement, car ce désir procède de l’estime de nous-mêmes

(2.9.10) Ne s’étonner jamais de ses défauts…

(2.9.11) Enfin le comble de la parfaite humilité…

Septembre 1643 M 2,60 (2.9.12) Si cinquante fois le jour nous tombons.

Quand nous manquons à la fidélité que nous devons à Dieu

25 Septembre 1643 LMR Près de partir pour retourner à Barbery

Nous avons reçu les vôtres du 17 du courant.

30 Septembre 1643 M 2,61 (2.6.6) quelquefois nous produisons de bons fruits en gâtant les affaires.

Quoi que l’on puisse dire, il y a peu de gens qui fassent vivre Jésus-Christ en eux dans la pratique

30 Septembre 1643 M 2,65 (2.10.5) Le repos de la croix est un repos de grâce.

Le repos que nous prétendons dans l’éloignement de tout ce qui nous fâche

1er Octobre 1643 L 1,10 Quand on s’attriste de l’absence de quelque ami.

12 Octobre 1643 M 2,85 (2.12.2) La présence de Dieu en nous

C’est faire tort à la présence de Dieu en nous

13 Octobre 1643 M 2,66 (2.10.6) privés de consolation

Lorsque Dieu permet que nous soyons privés de toute sorte de consolation humaine

13 0ctobre 1643 M 2141 Le grand Ami qui est Dieu

Une âme peut-être autant séparée des créatures au milieu des villes et des communautés, comme dans les déserts.

14 Octobre 1643 M 1,29 (1.4.2) Il ne faut pas croire que l’on soit oisif

Il ne faut pas croire que l’on soit oisif quand on demeure dans une condition ou dans un emploi où l’on fait peu de choses, lorsque Dieu nous y appelle.

16 octobre 1643 Rêve mystique . La terre d’anéantissement

Ma nuit fut partagée en deux différentes dispositions

24 Octobre 1643 M 1,28 (1.4.1) L’âme bien éclairée aimera mieux perdre toutes les créatures que d’être désoccupée de son Dieu.

Il n’y a rien que les personnes qui aspirent à la perfection de la vie contemplative doivent craindre davantage

24 octobre 1643 M 1,50 (1.6.6) Une personne religieuse qui se voit incapable de rendre service doit être bien aise de vivre en cellule séparée des autres.

Soit qu’une personne religieuse se voie naturellement incapable de rendre service

24 Octobre 1643 M 1,74 (1.9.3) Esprit d’anéantissement

J’ai désiré autrefois mourir

13 Novembre 1643 LMR Si pauvre que je ne puis exprimer ma pauvreté

15 Novembre 1643 LMB Il nous survient ensuite de cette croix

28 novembre 1643 LMB Je pris possession d’une terre

Il y a environ quatre ou cinq ans que je pris possession d’une terre quasi pareille à Celle dont vous me faites la description

2 Décembre 1643 LMB Je n’irai point en Lorraine

J’ai reçu les vôtres datées du vingt novembre

Décembre 1643 LMR Soupirs d’une âme toute glacée

Amour. Fidélité. /Jésus couronne votre cœur, Marie sanctifie votre âme

28 Décembre 1643 LMR Elle se tiendra bien honorée d’être le marchepied

Jésus soit votre amour et Marie votre conduite, très cher esclave

[1644]

Le 25 janvier de l’an 1644 LMB A Saint-Maur-les-Paris

Je prie Dieu qu’il accomplisse les sacrés souhaits que vous faites à mon âme

Février 1644 M 2114 Pour brûler du divin Amour, il faut que mon cœur soit comme un bois bien sec

Vous me faites une grande miséricorde, Ô mon Dieu, en me donnant le saint et très noble mouvement d’amour.

Février 1644 M 2,13 (2.4.1) Infidélité

Ne suivre pas une inspiration connue, c’est commettre une grande infidélité

19 février 1644 LMB Saint Maur. Nos Sœurs de Barbery iront à Saint-Silvin

Jésus, Marie, Benoît. Monsieur, mon très cher frère. Béni soit Celui qui est éternellement

28 Février 1644 M 2103 (2.14.1). S’il y a quelque bien en nous, il n’est pas de nous

Dieu use de préventions admirables envers l’âme, pour l’éveiller du sommeil où elle dort avec les créatures.

18 Mars 1644 M 2117 -- Ô parfaite nudité, que tu es belle! Mais que tu es rare!

Une âme appelée à la vie et à la voie de Providence

31 mars 1644 LMB Un bien petit abrégé en cet écrit

Puisque Notre Seigneur m’a voulu priver de votre cher entretien, j’espère qu’il vous fera recevoir la présente,

Avril 1644 M 3, 13 L’union au bon plaisir de Dieu

L’union au bon plaisir de Dieu est la disposition des dispositions.

Avril 1644 M 3, 14 Quand l’âme perdrait tout, elle ne perd rien

Quand l’âme perdrait tout, elle ne perd rien, pourvu que l’union au bon plaisir de Dieu lui demeure.

Avril 1644 M 3,15 Que nous sommes ignorants

Que nous sommes ignorants quand nous nous plaignons de la perte de nos dispositions

5 Avril 1644 LMR Vos prières ne seront point vaines

Ce 5 avril 1644/Paix et amour. Monsieur, j’ai reçu les vôtres adressées par leur inscription à Notre Révérende Mère, elle vous écrit

20 avril 1644 LMR Saint-Maur Priez fortement pour ma conversion.

À Monsieur de Rocquelay. Mane nobiscum Domine quoniam ad

1er mai 1644

14 mai 1644 LMR Obéissance de Monsieur de Bayeux

À Monsieur de Rocquelay. Monsieur, j’ai reçu les vôtres datées du 28 avril sur lesquelles je vous dirai seulement que pour nos Sœurs

13 mai 1644 LMJ À Jourdaine .Sur Mere Benoîte

À Jourdaine de Bernières Benedictus sit Sanctissimum Sacramentum

20 Mai 1644 M 3, 23 La grâce des grâces c’est de nous tirer de notre vie humaine à la surhumaine.

Dieu nous a fait une grande grâce de nous tirer du néant

28 Mai 1644 M 1,79 (1.9.8) L’extrême anéantissement

Passant dans une église, proche du lieu où l’on faisait une fosse pour enterrer un corps, je vis plusieurs têtes de morts

Juin 1644 M 2116 (2.15.1) Dieu veut être aimé

Dieu veut être aimé dans une très grande pureté

Juin 1644 M 2117 (2.15.2) L’amour de Dieu, quand il est pur et parfait

Si l’amour fait oublier toutes choses et soi-même pour vivre dans l’objet aimé

30 Juin 1644 M 2,7 (2.2.1) Tout ce qui est l’ordre de Dieu est mon souverain bien.

Tout ce qui est ordre de Dieu m’est en singulière vénération.

30 Juin 1644 M 2,8 (2.2.2) Le seul ordre de Dieu

Je dois être aussi content d’une petite vocation comme d’une grande.

30 Juin 1644 M 2,9 (2.2.3) L’ordre de Dieu suffit pour rendre l’âme bienheureuse.

Je n’avais jamais bien entendu cette vérité si souvent dite et redite

30 Juin 1644 M 3, 52 Toutes les voies de Dieu sont bonnes.

L’on doit être fort passif aux opérations de Dieu en nous.

30 Juin 1644 M 3,53 Vie divine de Jésus souffrant

Jésus doit être notre modèle en ses jouissances et en ses souffrances.

2 Juillet 1644 M 2113 Bienheureuse l’âme qui se laisse dévorer à l’Amour.

Si nous nous remettons entièrement entre les mains de Jésus Homme Dieu

2 Juillet 1644 M 2149 Mourir plutôt, mon Dieu, que de me détourner jamais de vous.

Qu’est-ce que Dieu?

15 juillet 1644 Saint-Maur LMR Le voyage de Lorraine

À Monsieur de Rocquelay. Dites, s’il vous plaît, à notre cher […] que Monsieur de Barbery lui écrit

17 juillet 1644 Saint Maur LMR Mes petites aventures

À Monsieur de Rocquelay. J’ai reçu ce matin les vôtres, mais n’y remarquant point de date

20 Juillet 1644 L 1,12 Quand vos mystères sont une fois goûtés, ô Jésus.

M. Je vous envoie le premier sentiment que j’ai écrit depuis notre tracas

4 Août 1644 L 1,13 Pourvu que je sois avec ce cher Ami, tous lieux me sont indifférents.

M. Je remercie Notre Seigneur des grâces qu’Il vous fait

18 août 1644 LMB La lettre de la bonne âme

Monsieur, Il me semble vous avoir supplié de ne vous mettre point en peine

19 août 1644 LMR Aimez Dieu pour moi

Notre divine Princesse, la sacrée Mère d’amour

5 septembre 1644 L 1,14 Ce qu’est la créature après la chute d’Adam.

M. Voulant répondre à la vôtre, j’ai trouvé que les sentiments que Dieu m’avait donnés en l’oraison ne vous seraient pas mauvais

30 septembre

Automne 1644 L 1,11 La véritable amitié n’est fondée qu’en Dieu.

Ma très chère Sœur, Notre Seigneur fait notre unique consolation. Il ne faut pas différer

Automne 1644 L 1,15 Il faut trouver moyen d’être vraiment et parfaitement pauvre avec Jésus.

M. Je sens un mouvement intérieur de vous écrire ce

10 Octobre 1644 M 2,28 (2.6.2) O que l’on perd de temps!

C’est un grand secret aux personnes spirituelles pour leur avancement, que le bon emploi du temps.

20 Octobre 1644 M 2119 Porter sa croix

L’essence du christianisme est de renoncer à soi-même

21 octobre 1644 LMR J’attends cet le bon Père Chrysostome

À Monsieur de Rocquelay. Bénie soit la divine Providence qui m’a aujourd’hui consolée de vos chères lettres

26 Octobre 1644 M 1,72 (1.9.1) Tout ce qui n’est point Dieu n’est que fumée, vanité et folie.

Après l’expérience que j’ai eu de plusieurs complaisances et joies

26 Octobre 1644 M 1,73 (1.9.2) Quand me séparerez-vous, Seigneur, du corps de cette mort?

Comme je venais de dormir

10 décembre 1644 LMR Saint Maur

Amour, amour, amour pour Jésus anéanti

25 Décembre 1644 L 3,11 Il ne dit point : qu’il soit élevé en l’oraison, mais qu’il prenne sa croix

M. Il faut prendre garde de mettre la perfection où elle n’est pas

26 Décembre 1644 M 2106 (2.14.4) Aimer Dieu par état et par opération.

Le peu de connaissance et d’amour actuel que nous avons pour Dieu

[1645]

3 Janvier 1645 M 2,99 (2.13.8) Désirs de la solitude

Il me vient toujours des désirs de la solitude pour vaquer à Dieu plus facilement

3 Janvier 1645 M 2100 (2.13.9) Les petits oiseaux me semblent bienheureux, qui se retirent au plus haut des arbres. -- Un jour après la sainte communion…

3 janvier 1645 LMR Quelque effet du véritable abandon

Monsieur, Je vous désire consommé des divines flammes du saint amour

6 Janvier 1645 M 2140 L’état de désoccupation des créatures en l’occupation de Dieu seul

Le désir d’une grande liberté d’esprit m’a fort occupé

6 Janvier 1645 M 2128 Dans l’esprit de croix est contenu la suprême liberté de L’Esprit.

L’esprit de la Croix fut donné par infusion à Jésus

7 Janvier 1645 L 1,16 Il ne faut que Dieu seul à une âme qui aime.

M. L’Enfant Jésus soit l’unique objet de nos affections. Notre Seigneur vous a donc mis à l’épreuve.

29 janvier 1645 LMR route de Rambervillers.

À Monsieur de Rocquelay. Notre sortie de Paris a été en quelque sorte si précipitée

Février 1645 LMR Rambervillers

1 Février 1645 M 3, 16 Grande paix

«Mon Dieu, tout ce que vous voudrez». C’était lors mon aspiration.

11 Février 1645 M 1,80 (1.9.9) La pourriture est la suite et la récompense du péché.

Mon aspiration présente c’est : «Ô Amour, laissez-moi souffrir

11 Février 1645 M 1,81 (1.9.10) La justice divine

J’admirais la beauté de la justice de Dieu en elle-même et en ses effets qui anéantissent le corps

11 Février 1645 M 1,82 (1.9.11) La divine justice

L’amour de la divine justice rend l’âme triomphante.

11 Février 1645 M 1,83 (1.9.12) La justice a été opprimée

La divine Justice paraît merveilleusement en la passion et en la mort de Jésus.

12 Février 1645 L 1,17 Suprême indifférence à tout état et toute disposition.

3 Mars 1645 L 2,48 Nous ne voyons plus que Lui au milieu des tintamarres de Paris.

3 Mai 1645 M 2142 Les êtres créés ne me semblent que des songes et des rêveries.

Dieu vient quelquefois dans une âme, et s’y fait voir, ou plutôt il s’y découvre

5 Mai 1645 M 2102 (2.13.11) L’âme glorifie Dieu en aimant

Comme dans le regard de la Majesté souveraine

5 Mai 1645 M 1,4 (1.1.4) La créature de Dieu n’est faite que pour brûler d’amour pour Dieu.

Mon aspiration présente, c’est : «je suis créé pour Dieu, je suis tout à Dieu».

5 Mai 1645 M 1,5 (1.1.5) Faire en soi ce que Dieu fait en Lui-même

Que c’est une grande chose que d’être créé à l’image de Dieu

5 Mai 1645 M 2,86 (2.12.3) Retirons nos affections éparses

Un ami spirituel vaut mieux tout seul, que ne valent ensemble tous les amis de la chair et du sang

5 Mai 1645 M 2,87 (2.12.4) L’amour des parents ne se perd point, mais il se purifie à la mort.

Divine Providence, que vous êtes admirable dans la conduite de vos amis!

7 Mai 1645 M 2,68 (2.10.8) Nous devons voir ceux qui nous persécutent avec des yeux de douceur et d’amour.

La seule affection de souffrir

7 Mai 1645 M 2125 L’abandon à la divine Providence comme la plus grande richesse qui soit en la terre.

L’homme intérieur fortifié de la grâce et éclairé des lumières de la foi

7 Mai 1645 M 2129 Former notre intérieur sur le sien

Pour acquérir un grand intérieur il faut s’appliquer souvent à contempler l’intérieur de Jésus

31 Mai 1645 L 1,18 Le Cœur seul de Jésus-Christ me pourrait suffire de lecture et de conférences.

26 juin 1645 LMB à Saint Maur.

M., Jésus anéanti soit la consommation de nos désirs et de nos desseins.

30 juin 1645 LMB Saint Maur Constante et ferme résolution des cinq solitaires

Je réponds aux deux lettres que vous avez pris la peine de m’écrire

Juillet 1645 M 2111 (2.14.9) C’est la grande peine des âmes de purgatoire d’aimer beaucoup.

Il m’a semblé que c’était un purgatoire d’amour

4 juillet 1645 LMB Tâchez de venir promptement à Saint-Maur.

J’ai reçu les vôtres et appris l’état de vos affaires.

4 juillet 1645 L 1,19 Cinq ou six personnes de rare vertu.

21 juillet 1645 M 1,35 (1.5.3) L’aversion que les véritables chrétiens ont pour le monde.

Que le sens de ces divines paroles est beau! «Mihi mundus crucifixus est, et ego mundo»

22 Juillet 1645 L 2,10 Le meilleur est de laisser tout à Dieu et de rien choisir de nous-mêmes.

29 juillet 1645 L 1,20 Je ne veux point d’autre solitude que la solitude du bon plaisir divin.

30 juillet 1645 LMB de l’ermitage du Saint-Sacrement

7 Août 1645 M 2132 Heureux qui se peut perdre et qui ne se retrouve jamais!

Une âme se perd en Jésus lorsqu’elle s’anéantit

8 Août 1645 M 1,85 (1.10.2) Au-dessus de nos mérites

Quelque petite grâce que nous recevions

11 Août 1645 LMB Notre pauvre retraite de Saint-Maur

15 Août 1645 L 2,38 Marie a été la plus misérable, la plus chétive et la plus crucifiée de toutes les créatures après son fils.

17 Août 1645 M 1,36 (1.5.4) C’est une grande affaire que de vivre en solitude.

Un saint homme disait

25 Septembre 1645 LMB Saint Maur Lorraine

Je vous écris ce petit mot, en hâte

3 octobre 1645 L 1,21 Ce qui vient de la Providence est bien meilleur pour notre perfection, que ce que nous choisissons.

13 octobre 1645 L 1,22 Notre Seigneur retarde mon retour par la maladie de mon valet.

1645 LMR Que faut-il faire pour être toute à Dieu?

Que vous dirai-je, mon très cher Frère

13 Octobre 1645 M 2143 Nos amis

C’est un grand sacrifice que d’immoler à Dieu nos amis

13 Octobre 1645 M 2144 La possession de Dieu seul est le paradis des âmes vertueuses.

Que nous sommes injustes de nous plaindre de la Providence

13 Octobre 1645 M 2145 La pauvreté des créatures nous donne la possession de Dieu.

Je ne m’étonne plus que Jésus nous ait obligés à estimer et aimer la pauvreté de toutes les créatures.

13 Octobre 1645 M 2146 Rien de si peu connu par les hommes que Dieu.

Vous diriez que les hommes se font tort de penser à Dieu

21 Octobre 1645 L 1,23 Sur la mort précieuse de ce même serviteur.

Novembre 1645 M 2,76 (2.10.11) Peu arrivent à la perfection parce que peu veulent beaucoup souffrir.

Pourquoi pensez-vous que si peu arrivent à la perfection?

Novembre 1645 M 2,71 (2.10.12) Quelque chose d’excellent avec rien

Il n’appartient qu’à Dieu de faire quelque chose d’excellent avec rien.

5 novembre 1645 LMB Très cher Père Chrysostome

Je vous envoie ce que vous m’avez demandé

8 Novembre 1645 M 2,11 (2.3.2) Notre vie intérieure doit être notre vie ordinaire et continuelle

L’homme mène ici-bas plusieurs vies différentes

8 Novembre 1645 M 3,61 En Dieu seul se trouve la plénitude.

Je me suis étonné comme quoi Dieu veut se communiquer à de chétives créatures

9 Novembre 1645 M 2111 Pur amour

Lorsque le pur amour vient dans un cœur

11 novembre 1645 LMB Dieu

C’est donc aujourd’hui que j’entre dans la privation de votre chère présence

1645 LMR Privée de sa présence

11 Novembre 1645 M 3,62 De la complaisance de Dieu en Dieu seul.

Je sens toujours beaucoup d’amour pour la félicité de Dieu

11 Novembre 1645 M 3,63 La félicité de Dieu

La vue de Dieu heureux en soi est ma principale disposition

12 Novembre 1645 M 3,64 Mon Dieu

Tout ce que j’entends dire et tout ce que je vois, me fait réjouir de la félicité de Dieu.

12 Novembre 1645 M 3,65 La félicité de Dieu est uniquement mon tout en toutes choses.

Je ne puis dire avec délibération que je me réjouis en ceci ou en cela

15 novembre 1645 LMB Dites-moi, je vous prie en confiance

Vous qui, par un très saint et particulier effet de la grâce

17 Novembre 1645 M 2124 Cette transformation veut

Il faut qu’un chrétien soit dans la transformation de Jésus

17 Novembre 1645 M 1,6 (1.2.1) Le péché est pire pour les hommes que le néant.

Il est vrai que je ne suis qu’un pur néant et que péché.

17 Novembre 1645 M 2127 L’éloignement de la vie de Jésus est plus à craindre que l’enfer.

Dieu, par sa divine conduite, prétendant faire de moi,

18 Novembre 1645 M 2101 (2.13.10) l’amour presse une âme et la tourmente pour l’obliger à demeurer seule avec le Bien-Aimé

Il est impossible d’aimer Dieu sans le connaître, et c’est dans la solitude extérieure

31 Novembre 1645 M 2139 Nous sommes appelés à la conquête du royaume de Dieu.

Le Royaume des cieux souffre violence

Décembre 1645 Tout ce qui nous anéantit est bon et il n’y a rien de meilleur en la terre.

Ne pouvant vous aller voir durant le saint temps de l’Avent

20 Décembre 1645 M 1,15 (1.2.10) Une âme qui est une fois dans l’état du péché n’en peut jamais sortir d’elle-même.

La vue de l’état du péché me faisait connaître combien j’étais indigne

Décembre 1645 L 1,24 Quand une âme bien disposée trouve un bon directeur, elle fait merveille.

30 décembre 1645 M 1,1 (1.1.1) Sentiment du néant.

La vue de mon néant et de ma pauvreté me pénètre tellement

30 Décembre 1645 M 1,37 (1.5.5) Par la lumière surnaturelle je vois tout le temporel comme un chien mort.

Il me semble que Dieu me veut occuper tout en lui-même

31 Décembre 1645 M 1,59 (1.8.1) La chute des âmes élevées arrive ordinairement par faute de mortification.

J’ai connu plus que jamais, qu’une âme ne peut demeurer longtemps dans un haut état d’oraison

31 Décembre 1645 M 1,60 (1.8.2) Les plus petites inclinations naturelles doivent être mortifiées.

Qu’il faut peu de choses à mettre obstacle à la grâce de Dieu

31 décembre 1645 M 1,61 (1.8.3) La grâce

La grâce ne s’établit en nos âmes que par la ruine de ce que nous avons de plus cher

31 décembre 1645 M 1,62 (1.8.4) Dans une vie douce, l’on va doucement à la perfection.

Nous voulons être chrétiens et parfaits chrétiens

[1646]

1646 L 1,58 La seule vie en Dieu par un abandon et un écoulement en Lui m’est douce.

2 Janvier 1646 L 1, 25 Prêchez, mais à l’apostolique.

2 Janvier 1646 M 1,2 (1.2.2) Dieu seul connaît le néant de la créature.

Je ne puis bien connaître mon néant ni ma pauvreté par toutes mes lumières.

2 Janvier 1646 M 2126 La pauvre étable de Bethléem avec Jésus

La pauvre étable de Bethléem avec Jésus vaut mieux que tous les palais les plus riches de l’univers

3 Janvier 1646 M 2134 La couronne est la gloire du roi et le mépris du pauvre de Jésus-Christ.

J’ai eu une forte vue que Jésus a sanctifié tous les états de misère où il a passé

3 janvier 1646 L 1,26 Dieu ébauche les saints sur le Thabor et les achève sur le Calvaire.

13 Janvier 1646 M 2,98 (2.13.7) Tant plus qu’une âme est élevée en l’oraison

Tant plus qu’une âme est élevée en l’oraison, tant plus son équipage de grâce doit croître et son train grossir.

13 Janvier 1646 LMB La maladie du cher Père

Jésus anéanti soit à jamais l’objet de nos amours. J’ai reçu les vôtres très chères que j’attendais avec impatience.

16 Janvier 1646 M 2104 (2.14.2) Dieu est en notre âme. Il s’y fait voir, Il s’y repose et s’y plaît.

Sur l’attente que mon âme avait d’être toute à Dieu et de Lui être fidèle

16 Janvier 1646 LMB En peine de notre très cher Père

Je crois que vous êtes en peine de notre très cher Père [Chrysostome] ensuite des nouvelles que je vous ai mandées.

16 Janvier 1646 M 2105 (2.14.3) Ces âmes choisies semblent inutiles

Le divin Époux se réserve des âmes choisies qu’il n’emploie que très peu aux affaires temporelles

19 Janvier 1646 M 2,10 (2.3.1) L’intérieur dissipé est comme un feu follet.

Le feu d’un intérieur qui n’est pas retiré en soi-même

19 Janvier 1646 M 2115 Rien ne peut contenter une âme qui aime beaucoup et purement que le Bien-Aimé.

Une âme qui brûle du pur amour

19 Janvier 1646 M 2116 Cette âme ressemble au cœur qui n’est jamais inquiet.

Cette façon d’aimer est excellente

20 janvier 1646 M 1,66 (1.8.8) Tout plaisir qui n’est point de Dieu dans l’usage des créatures doit être mortifié.

L’état présent de cette vie corrompue

21 Janvier 1646 M 2156 Il est des directeurs trop humains et sensuels.

Allons donc à ce qui est plus de Dieu

21 Janvier 1646 M 1,38 (1.5.6) Jésus n’est pas né dans une hôtellerie, mais dans une pauvre étable.

Un des plus grands empêchements à la perfection

21 Janvier 1646 M 1,39 (1.5.7) Une âme ne peut être en repos et satisfaite que dans les croix.

La conduite des chrétiens de la primitive Église est admirable

21 Janvier 1646 M 1,67 Il faut quitter le soin des choses temporelles pour ne penser qu’à Dieu seul.

Il ne faut être dans les créatures, que autant que la gloire de Dieu et leur besoin le requièrent

22 Janvier 1646 M 1,69 (1.8.11) Ô que Marie Madeleine me plaît dans son oisiveté!

Il ne faut être dans les créatures qu’autant que la gloire de Dieu et leur besoin le requièrent

22 Janvier 1646 M 1,68 (1.8.10) Rien n’est si mortifiant que le pur amour.

Le pur amour est terrible et cruel.

30 Janvier 1646 M 1,40 (1.5.8) Il faut quitter les honneurs et les richesses lorsqu’on le peut faire.

Si l’on veut être parfait, et se revêtir entièrement de l’Esprit de Jésus-Christ

30 Janvier 1646 M 2120 Etats de grâce

Jésus nous a mérité les grâces et les faveurs du christianisme sur le Calvaire, lieu très abject

Février 1646 M 1,25 (1.3.7) Ne point trop écouter notre nature.

Nous devons croire que notre nature tend toujours à la corruption et aux relâchements

Février 1646 M 1,65 (1.8.7) L’usage de la mortification dans les maladies.

L’excellente mortification quand elle est continuelle

9 Février 1646 L 2,11 Se voir et s’aimer en Dieu, c’est se voir et s’aimer comme il faut.

Dieu seul, et il suffit. Si je ne vous écris pas si souvent comme je désirerais ce n’est pas faute d’affection…

10 Février 1646 LMB Fièvre de notre cher Père

16 Février 1646 LMR Il y a crainte de mort

Le saint Amour de Jésus soit la consommation de nos désirs!nMonsieur

26 février 1646 LMJ Saint Maur les Paris La riche nuit qu’il reçut à Saint-Maur

À la Mère Jourdaine de Bernières, Supérieure

Lorsque je fais réflexion sur mes extrêmes misères

6 Mars 1646 L 1,27 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix.

M. Dieu tout seul suffit à l’âme, puisqu’il est suffisant à soi-même.

10 Mars 1646 L 1,28 L’on ne manque jamais de trouver pleinement Dieu quand on a perdu toutes les créatures.

M . J’ai reçu de vos chères lettres, qui m’apprennent le départ de votre bonne supérieure

23 mars 1646 L 1,29 L’Esprit de Dieu aime l’ordre et la sainte discrétion.

M . Je vous dirai simplement pour répondre à la vôtre

26 Mars 1646 LMB Tristes nouvelles

Fidélité sans réserve! Sacrificate sacrificium, etc. Je n’espérais pas vous mander de si tristes nouvelles

28 Mars 1646 LMB -- le sacrifice de notre saint Père est consommé

Fiat voluntas tua/M/S’en est fait, le sacrifice de notre saint Père est consommé

Lettre de Mère Benoîte de la Passion à notre révérende Mère Institutrice [Mère Mectilde] réfugiée à Saint-Maur

Vive l’anéantissement sacré de mon Dieu! Par la lecture de votre lettre, j’ai appris que notre cher Père avait quitté la terre

1er Avril 1646 L 1,30 La fidélité est le plus pur de la charité.

Mon très cher frère, Jésus soit notre tout pour jamais

Avril 1646 M 2,79 (2.10.19) Recevons amoureusement les croix qui nous arrivent.

Si nous avions à regretter quelque chose à la mort

Avril 1646 M 2,80 (2.10.20) Le temps de souffrir, c’est le temps d’aimer.

La mesure de l’amour que Dieu nous porte

4 Avril 1646 M 2,81 (2.11.1) Jésus a très peu de compagnons de sa pauvreté.

La pauvreté est un état tout à fait ennuyeux à la nature.

4 Avril 1646 M 2,82 (2.11.2) L’esprit de pauvreté est très rare parmi les chrétiens.

Jésus a très peu de compagnons de sa pauvreté

4 Avril 1646 M 2,83 (2.11.3) Aimer la pauvreté des amis

Une bonne raison pour porter une âme à aimer la pauvreté des amis et les injures des ennemis

7 avril 1646 M 2,49 (2.8.4) L’obstacle que nos sens apportent à notre perfection.

C’est une pratique admirable pour un chrétien

7 Avril 1646 M 2107 (2.14.5) L’homme ne peut être sans aimer

L’homme ne peut être sans aimer. Tant moins il aime les créatures, tant plus il aime Dieu.

8 Avril 1646 M 2108 (2.14.6) Quelle générosité faut-il à un cœur qui veut aimer purement.

La fidélité d’amour consiste à faire mourir

8 Avril 1646 M 2109 (2.14.7) L’état le plus parfait de cette vie

Il me semble que l’état le plus parfait de cette vie, c’est quand l’amour et la souffrance se rencontrent

8 Avril 1646 M 2110 (2.14.8) Allons donc à la mort de tout ce qui n’est point Dieu.

Ô Seigneur Jésus, les fondements de la perfection à laquelle vous appelez vos amis, sont étranges!

10 Avril 1646 LMB. Il est demeuré abject dans l’esprit de quelques-uns

16 Avril 1646 LMJ. Effort pour nous avoir quelques-uns de ses écrits

Puisque notre joie et notre plaisir doivent être dans les volontés de notre bon Dieu

18 Avril 1646 M 1,17 (1.2.12) Qui meurt …

Qui meurt plus conformément à Jésus, meurt plus heureusement

18 Avril 1646 M 1,18 (1.2.13) Jésus crucifié est notre trésor. -- L’on tient que Jésus crucifié a reconnu tous nos péchés…

1646 L 2,44 C’est un feu que l’oraison; qui s’en éloigne tombe dans la froideur.

23 Avril 1646 L 1,31 La vie passe comme un songe.

25 Avril 1646 M 2118 Quelle générosité faut-il à un cœur qui veut aimer purement?

La fidélité d’une âme

26 Avril 1646 LMB Au nombre de ses bons protecteurs. La privation de ces écrits…

30 Avril 1646 L 1,32 Ô que je gagnerais au milieu de mes pertes, si j’étais fidèle!

Mai 1646 M 2,94 (2.13.3) Il serait bon de nous adresser à Dieu premièrement qu’à la créature.

Souvent notre faiblesse et notre ignorance fait que nous avons besoin des autres.

3 mai 1646 L 1,33 J’aspire très fortement à mon ermitage qui me servira de fumier. -- Dieu seul, et il suffit. Il est vrai que la

11 Mai LMB. j’ai besoin de votre secours

Monsieur, je vous supplie et conjure pour l’amour de notre bon Seigneur Jésus-Christ que vous me donniez conseil

12 Mai 1646 LMB. Sur son tombeau, je ne l’y trouvais point, mais toujours dedans Dieu

13 Mai 1646 M 2,72 (2.10.13) Regarder le dessein du Père éternel

Le vrai spirituel ne regarde pas le dessein particulier de la créature qui la persécute

15 Mai 1646 RMB. Je ne puis écrire au révérend Père Elzéar sans avoir où j’adresserai mes lettres.

5 Juin 1646 RMB. Me fortifiez de votre secours aux pieds de Dieu et de notre saint Père.

14 Juin 1646 M 2160 Je L’aime parce qu’Il est bon, et non pas seulement parce qu’Il me fait des miséricordes.

Quoiqu’il arrive du changement en nous

24 Juin 1646 RMR Imprimer quelque écrit de notre bienheureux Père

Le jour de la Saint Jean [Baptiste], qui est la fête de notre très cher frère

7 juillet 1646 RMB Une telle captivité et impuissance

9 Juillet 1646 M 2,21 (2.5.6) La croix d’incertitude est une grande croix.

Une âme qui connaît ce que Dieu veut d’elle

28 Juillet 1646 RMB Imiter Grégoire Lopez

1646 L 2,43 Aimons si fortement l’Amour que nous vivions et mourions d’Amour.

21 Août 1646 RMB Nouvelles d’une félicité éternelle

5 septembre 1646 L 1,34 La perte des créatures

7 Septembre 1646 M 2,93 (2.13.2) Il faut toujours vivre conformément à l’état présent où Dieu nous met.

C’est se moquer que de vouloir faire oraison

8 Septembre 1646 M 1,51 (1.7.3) Paroles inutiles

Les paroles, les pensées et les entretiens des créatures qui paraissent bonnes et saintes

8 Septembre 1646 M 1,53 (1.7.4) La vraie souffrance est pure, humble, résignée et paisible.

Quand nous souffrons avec trouble et inquiétude

8 Septembre 1646 M 1,55 (1.7.5) La croix cause de la peine, mais notre amour propre cause de l’imperfection et de l’inquiétude.

Il y a beaucoup de différence entre les peines de la nature dans les croix

8 septembre 1646 M 2,14 (2.4.2) Il faut demeurer comme la Magdeleine aux pieds de notre maître en silence.

La parfaite correspondance intérieure est une chose si cachée

8 septembre 1646 M 2,15 (2.4.3) La plus grande affaire

La plus grande affaire qu’une âme puisse avoir en ce monde, c’est d’obéir à Dieu et de le contenter.

16 Septembre 1646 M 2112 La solitude me plaît et j’y aspire parce que j’y trouve Dieu seul qui est l’objet et le centre du pur Amour.

La plus grande misère de cette vie n’est pas la souffrance

26 Septembre 1646 RMR J’ai reçu les cahiers

5 Octobre 1646 RMR J’attends avec affection le traité de la sainte abjection de notre B. P.

23 Octobre 1646 RMB Plus de quatre heures d’oraison solitaire. Rambervillers

Octobre 1646 M 2,53 (2.8.8) Imperfections

Quiconque se défie de soi, ne s’étonne point de se voir tombé en plusieurs imperfections, ni même en péché.

Octobre 1646 M 1,3 (1.1.3) Aveu de son néant, souverain remède de l’orgueil.

Je dois honorer les grandeurs de la divinité par mes petitesses

6 Novembre 1646 RMB Ni grâce, ni capacité pour être supérieure

J’ai reçu les vôtres aujourd’hui et je vous y fais un mot de réponse.

10 Novembre 1646 RMB Mille fois mieux un petit coin dans mon état d’abjection

Je pense que vous avez reçu celle que je vous écrivis mercredi dernier.

17 Novembre 1646 RMR Un refuge pour nos Sœurs près de Caen

Je vous dois des reconnaissances infinies

14 Décembre 1646 RMB Je doute si nos Mères me donneront liberté d’y être retirée.

J’ai reçu les vôtres très chères par lesquelles vous prenez la peine de nous déclarer vos pensées sur l’affaire

37C.JEAN DE BERNIERES ET L'ERMITAGE DE CAEN, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle - Lettres & Maximes Tome II 1647 – 1659 [Dom Éric de Reviers, o.s.b]

Suivant l’ordre chronologique de la Correspondance

Citant des extraits du Chrétien Intérieur

et d’Auteurs mystiques



(48) Correspondance Bernières 1647-1659 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt



!Correspondance Bernières 8e éd 1647-1659 au 12jan18.docx

Table

Pourquoi lire Jean de Bernieres aujourd’hui?

Première partie : un dévot de l’époque baroque

Un siècle coupé en deux périodes, l’une baroque et l’autre classique..

Une famille normande à l’époque de la Réforme «catholique»

La charité baroque de Jean de Bernières

La révolte des nu-pieds (1639-1340)

La compagnie du Saint-Sacrement et Bernières

Jean de Bernières et la fondation de la Nouvelle-France

L’Ermitage créé par Jean de Bernières

Deuxième partie : le christianisme intérieur de Bernières, nouveauté ou tradition?

La critique janséniste du christianisme intérieur comme point de repère“ moderne”

La tradition mystique dans laquelle se situe Bernières.

La théologie mystique de Bernières

La partie supérieure de l’âme, le cœur

La lumière en l’âme, l’embrasement, la déification, l’union transformante

La crucifixion, l’abjection, l’abandon de soi, le néant

La prière continuellement

La connaissance négative de Dieu et le repos de l’âme.

Conclusion : lire Bernières aujourd’hui!


Correspondance 1647-1659

[1647]

1647 M 1,30 (1.4.3) Les ouvrages de la grâce sont quasi tout faits de la main de Dieu.

Ma nature faible entre quelquefois dans des craintes de trop faire

Janvier 1647 M 3,18 Les voies dont Dieu se sert pour purifier les âmes, sont différentes.

Dieu se communique quelquefois à des âmes imparfaites

Janvier 1647 M 3,19 D’une grâce qui va et vient, tantôt ordinaire, tantôt extraordinaire.

Il faut de la grâce pour méditer, mais il faut une abondance de grâce pour contempler.

12 Janvier 1647 L 2,14 Ne vous attachez point à la rigueur de vie, mais uniquement au bon plaisir de Dieu, qui doit être votre seule vie.

Janvier1647 L 1, 37 J’ai été dans des oublis de Dieu si grands qu’ils vous étonneraient très fort.

18 Janvier 1647 RMB Votre silence a été bien long; votre fièvre en a été la cause

22 Janvier 1647 M 1,63 (1.8.5) -- Il faut toujours aimer et toujours pratiquer la mortification du corps…

4 Février 1647 L1, 57 Je reçois des nouvelles lumières, et de nouvelles forces pour aller promptement au dernier état que Dieu me prépare.

Février 1647 M 1,70 (1.8.12) Le dépouillement, gage d’une grande pureté.

La grâce, pour l’ordinaire, nous porte aux dépouillements effectifs

Février 1647 M 1,11 (1.2.6) Nous ne tenons à Dieu que par un filet de miséricorde.

Nous avons un aussi grand fond d’orgueil que Lucifer

9 février 1647 M 1,41 (1.5.9) Vanité

Par nos vanités nous croyons de nous ce qui n’est pas

15 février 1647 L 2, 35 Soyez donc comme une petite boule de cire entre ses mains, et soyez contente de ses divines dispositions.

16 février RMB Il faudra souffrir par notre retour à Rambervilliers

Monsieur, mon âme a reçu tant de forces et de consolations par la lecture de vos chères lettres

23 Février 1647 M 2131 Le Corps mystique

Il faut que l’âme se mette sous la conduite de Jésus.

26 février RMB Vous êtes encore nécessaire pour sa gloire

… Je vous dis en toute simplicité que ma santé est très bonne

1er mars 1647 M 2,44 (2.7.10) Il faut aspirer aux pures vertus.

Nous devons toujours prendre le parti de Dieu contre nous-mêmes.

1er mars 1647 M 2,45 (2.7.11) Vertu

Tant plus un homme est vertueux

Mars 1647 L1 La solitude est bonne, mais le Calvaire est préférable.

25 Mars 1647 M 1,52 (1.7.2) Ne pas désirer les grâces extraordinaires, mais les recevoir avec humilité.

Tout désir des grâces extraordinaires

27 Février LMJ

1er Avril 1647 LMR Consoler nos Mères de Lorraine

7 Avril 1647 LMR Écrits de la bonne âme

1647 L 1,35 Le parfait abandon qui rend l’âme toute simple.

Avril 1647 M 1,10 (1.2.5) Si Dieu était mortel, le péché le ferait mourir.

Il est vrai que tout pécheur est ignorant

Avril 1647 M 1,7 (1.2.2) Tout péché enferme le mépris de Dieu.

Le grand mal du péché, c’est le mépris de Dieu.

Avril 1647 M 1,8 (1.2.3) C’est une grande stupidité que d’être insensible aux offenses de Dieu.

Le seul déplaisir que doit avoir une créature raisonnable

3 mai 1647 LMB M’anéantir à Caen

13 Mai 1647 M 1,12 (1.2.7) Le péché originel nous a entièrement renversés.

Le péché originel nous a entièrement renversés, et voici la grande désolation où il nous met tous.

13 Mai 1647 M 1,42 (1.5.10) Notre première affaire et notre obligation principale, c’est d’être à Dieu.

13 Mai 1647 M 1,43 (1.5.11) Les nouvelles et les affaires : la poussière dans les yeux de l’âme.

Quand j’entends quelques nouvelles

13 Mai 1647 M 1,75 (1.9.4) Le désir de mourir est très bon.

Puisque l’on ne peut vivre sans pécher

13 Mai 1647 M 1,76 (1.9.5) Ô qu’une âme plaît à Dieu dans le désir de la mort pour mourir au péché.

Saint Thérèse qui allait toujours à la pureté d’amour

25 mai 1647 LMB J’ai tant d’affaires

25 Mai 1647 M 3,17 Le Saint-Esprit résidant en nous, nous dirige.

L’Esprit de Dieu qui est le Saint-Esprit

26 Mai 1647 M 2135 Unir le peu que nous faisons avec l’infini que Jésus fait.

Quand notre âme sera distraite

27 Mai 1647 M 3,73 Le fond de notre cœur : le lieu de la pure oraison.

Dieu est dans toutes les créatures.

31 Mai 1647 M 1,77 (1.9.6) Une bonne maladie gagnée au service de Dieu.

C’est une grande conquête qu’une bonne maladie gagnée au service de Dieu.

2 Juin 1647 L 2,15 La vie présente fournit les occasions d’un continuel sacrifice.

6 Juin 1647 M 2,75 (2.10.15) La sainteté divine prend plaisir de purifier les élus dans les tribulations, comme l’or dans la fournaise.

Les croix, les souffrances intérieures et extérieures

6 Juin 1647 M 2,76 (2.10.16) La Providence a ses martyrs.

Dieu s’intéresse dans la conduite de ses mains

15 Juin 1647 LMB Pour ce qui est de nos habits, je ne prendrai qu’une robe

15 juin 1647 L 2,36 Former Jésus-Christ dans les cœurs.

16 Juin 1647 M 2112 (2.14.10) Il faut toujours tendre à ce qui est plus parfait.

Parce que nous rendons à Dieu un témoignage

16 Juin 1647 M 2113 (2.14.11) L’amour mutuel demande fidélité.

Les âmes qui aiment beaucoup Dieu

16 Juin 1647 M 2,52 (2.8.7) Il faut que notre fidélité paraisse en répandant notre foi sur toutes nos actions.

Cette maxime est prise d’une belle pensée de Clément

2 Juillet 1647 M 3, 68 Le plus grand ouvrage de Dieu, dans la créature, c’est sa pure union.

Il faut croire que le plus haut état où Dieu me veut

14 Juillet 1647 M 2133 Qui se tiendra dans les bornes de la raison ne fera jamais grandes choses en fait de christianisme.

Il faut fuir les indiscrétions

1647 L 2,4 Il faut servir Dieu à sa mode, et non à la vôtre.

Août ou juillet (P 101) 1647 LMB Il me semblait que j’étais dans mon centre

Août 1647 M 1,22 (1.3.4) Un homme pauvre

Un homme qui travaille à se détacher de soi-même

14 août 1647 M 1,78 (1.9.7) Il faut tout mépriser, quand on veut aller à Dieu : les biens, l’honneur, et même la vie.

Un bon religieux m’a dit autrefois qu’il sentait bien la perte

21 Août 1647 M 2,36 (2.7.2) Exemple d’une sainte fille qui ne faisait que filer.

Une âme bien faite ne doit avoir attention qu’à faire ce que Dieu veut, et rien plus.

21 Août 1647 M 2,37 (2.7.3) Que Dieu et sa sainte volonté

Une âme qui se plaint de faire peu quand elle fait ce que Dieu veut, se plaint par amour propre

21 Août 1647 M 2,38 (2.7.4) Toutes les grâces, grandes ou petites, sont l’œuvre de Dieu.

Un même Esprit qui est Dieu, fait une grande division et une grande diversité de grâces

21 Août 1647 M 2,39 (2.7.5) Peu faire, peu souffrir, peut prier, c’est le propre des petites âmes.

Ma petitesse et ma pauvreté en matière de vertu

21 Août 1647 M 2,40 (2.7.6) Une véritable pratique, bien solide et utile.

J’ai appris en ce temps une véritable pratique

21 Août 1647 M 2,41 (2.7.7) Les grandes âmes sont employées aux grandes œuvres.

Dieu éprouve assurément ses bons serviteurs

21 Août 1647 M 2,42 (2.7.8) Se contenter de son emploi.

21 Août 1647 M 2,43 (2.7.9) S’humilier de n’avoir pas à souffrir beaucoup.

Il nous faut humilier, si Dieu ne nous met pas en état de souffrir beaucoup dans de grandes occasions.

8 Septembre 1647 M 2,84 (2.12.1) Le prochain

Nous devons condescendre au prochain en tout ce qui ne sera point contraire à Dieu

12 Septembre 1647 M 2,50 (2.8.5) La patience avance une âme dans les voies de Dieu aussi bien que la jouissance.

Il ne faut point que nous prétendions ni de grandes faveurs

12 Septembre 1647 M 3,24 Rayon de Dieu en l’âme

Un des grands effets du rayon de Dieu en l’âme

12 Septembre 1647 M 3,25 En présence de Dieu tout s’évanouit comme un songe.

Ce rayon de lumière divine cause encore une grande surprise

12 Septembre 1647 M 3,48 Le goût de Dieu est suivi des embrassements amoureux.

Une âme ne peut ressentir les visites et les communications

12 Septembre 1647 M 3,49 Dialogue de l’âme avec le Bien Aimé.

Une âme bien pure, bien morte à tout

12 Septembre 1647 M 3,50 Dialogue de l’âme avec le Bien Aimé.

L’Époux parlant, l’âme l’écoute avec grand respect, et amour,

12 Septembre 1647 M 3,51 En l’absence du Bien Aimé.

Quand l’Époux ne donne point de marques extraordinaires

12 Septembre 1647 M 3, 69 Demeurer uni à Dieu, c’est tout faire.

Ne pensons pas ne rien faire en demeurant unis avec Dieu.

12 Septembre 1647 M 3, 70 C’est dans le fond du cœur que se passent les plus nobles opérations de l’amour.

Quand Dieu nous prive de cette union en telle manière que

23 Septembre 1647 M 1,71 (1.8.13) Nous craignons trop notre réputation.

La révérende mère de Chantal disait que la raison pourquoi

23 Septembre 1647 M 2,25 (2.5.10) L’état d’une âme qui ne veut que Dieu seul.

Il ne faut mettre de bornes à nos dépouillements.

28 Septembre 1647 M 2,26 L’abandon à la Providence.

L’abandon à la Providence n’empêche pas que l’on se donne

1647 L 1,36 Ne rougissez point de suivre l’Évangile.

Novembre 1647 M 1,24 (1.3.6)

Sainte Thérèse dit qu’il ne faut pas faire beaucoup d’état de quelques petites maladies

Novembre 1647 M 1,44 (1.5.12) Peu s’y perfectionnent parce que l’on y est divisé

Beaucoup se sauvent dans les mariages, dans les affaires et dans les emplois

Novembre 1647 M 2158 Vivre en ce monde comme s’il n’y avait que Dieu seul.

Un grand secret pour la perfection est de vivre en ce monde, comme s’il n’y avait que Dieu seul.

Décembre 1647 M 2,92 (2.13.1) Quelquefois s’aider en l’oraison

Il faut quelquefois s’aider en l’oraison

2 Décembre 1647 M 3,71 Ce que c’est que le fond de l’âme, et comme Dieu s’y plaît.

Le fond de l’âme est une demeure sacrée et secrète, où Dieu

2 Décembre 1647 M 3,72 Le temps des visites de Dieu dépend de son bon plaisir.

L’âme ainsi conduite au secret de son cœur reçoit un grand discernement

12 décembre 1647 LMB Meilleure santé

[1648]

Janvier 1648 M 1,19 (1.3.1) L’oraison

L’oraison est le canal par où les grâces viennent dans notre âme.

Janvier 1648 M 1,20 (1.3.2) Un artifice du démon de susciter de beaux prétextes pour nous retirer de l’oraison.

Beaucoup d’âmes sont déçues

Janvier 1648 M 1,21 (1.3.3) Il faut contenter Dieu à l’aveugle.

J’ai vu une bonne âme qui vivait dans des états de peines et de ténèbres

Janvier 1648 M 1,56 (1.7.6) L’expérience de ses péchés et de ses imperfections ruine beaucoup notre propre estime.

L’expérience que l’on a de ses péchés et de ses imperfections

Janvier 1648 M 1,57 (1.7.7) Nous plairons à Dieu si nous nous tenons petits.

Je remarque aussi plusieurs peines d’esprit qui nous arrivent

Janvier 1648 M 2,69 (2.10.9) Différence entre les souffrances qui sont présentes et les futures.

J’ai trouvé qu’il y a cette différence

20 Janvier 1648 M 2147 Bouches inutiles

1er février 1648 L 2,46 Le martyre d’amour est plus long que celui des tyrans.

M. Jésus hostie vous soit tout pour jamais. Je fus hier bien marri

L 2,47 Ma volonté me paraît perdue dans celle de Dieu.

25 Mars 1648 M 2,81 (2.10.21) Il n’y a que l’âme de croix qui goûte les joies de l’Esprit et les suavités divines.

Il ne faut jamais être sans souffrir pour être heureux

11 Avril 1648 M 3,54 L’union à Jésus est l’unique paradis de la terre.

J’ai plus de plaisir à voir Jésus, et ses mystères

11 Avril 1648 M 3,55 Avoir toujours Jésus présent.

N’y aurait-il pas moyen d’avoir toujours Jésus ainsi présent?

25 Juin 1648 LMB Donner de vos nouvelles

29 Juin 1648 M 1,51 (1.7.1) Les trois quarts et demi de notre vie se passent en croix.

Tant que nous serons sur terre, nous aurons toujours à souffrir.

29 Juin 1648 M 3, 34 Docte ignorance

Dieu seul en pure foi est une excellente manière d’oraison.

19 Août 1648 LMB Maladie de Bernières

À Monsieur de Bernières, le 19 août 1648. Monsieur. J’ai reçu une lettre de notre bonne amie, la mère de Saint-Jean

24 Août 1648 LMB Meilleure santé

A Monsieur de Bernières 24 août 1648 le jour Saint-Barthélemy. Monsieur. J’ai reçu les vôtres avec consolation de vous savoir en meilleure santé

7 Septembre 1648 LMB Une diversité de petites affaires

À Monsieur de Bernières, le 7 septembre 1648. Monsieur. Je pensais vous écrire amplement aujourd’hui et à notre chère Mère de Saint Jean

10 Septembre 1648 LMB

À Monsieur de Bernières, le 10 septembre 1648. Monsieur. Je ne vous saurais exprimer la force et la consommation que j’ai reçues par les vôtres dernières

28 Septembre 1648 LMB

À Monsieur de Bernières, le 28 septembre 1648. Monsieur. Ce petit mot seulement pour vous dire que j’ai reçu les vôtres toutes pleines d’onction

8 Octobre 1648 LMB

À Monsieur de Bernières, le 8 octobre 1648. J’ai reçu les vôtres du trois courant. Je vous rends mille et millions de grâces très humbles de votre charité

26 Octobre 1648 LMB Mauvaises nouvelles de Lorraine

À Monsieur de Bernières, le 26 octobre 1648. Monsieur. J’ai reçu les vôtres il y a huit jours et je pensais y faire un mot de réponse; mais deux ou trois petits embarras

5 Novembre 1648 LMB

À Monsieur de Bernières le 5 novembre 1648. Monsieur. J’ai reçu vos très chères lettres du 29 du mois passé.

7 Décembre1648 LMB Par les ténèbres et par la pauvreté

À Monsieur de Bernières le 7 décembre 1648. Monsieur. Ces mots ne sont pas pour vous obliger à nous répondre

1648 L 3,12 Vouloir être à Dieu en la manière qu’Il lui veut, soit active, ou passive, ou patiente.

Monsieur , Étant à Paris, le P. P. me dit qu’il fallait une grande patience

1648 L 2,1 Quand l’on ne veut que Dieu et son bon plaisir, l’on se sent paisible et content en tous les états.

Je n’ai pu vous écrire plus tôt les deux mots qui suivent. C’est une grande pitié que d’être imparfait

1648 L 2,37 Demeurez en la compagnie de Jésus, pauvre, abject, petit, humilié, et hostie.

Que Jésus seul vive à présent en votre cœur plus que jamais


[1649]

Mars 1649 M 3,26 La pure oraison

La pure oraison cause la perte de l’âme en Dieu où elle s’abîme comme dans un océan de grandeur

Mars 1649 M 3,27 La comparaison d’une goutte d’eau qui tombe dans la mer.

Cette perte en Dieu ne se peut exprimer que grossièrement

Mars 1649 M 3,28 L’âme perdue

L’âme ainsi perdue est tout abandonnée entre les mains de Dieu

Mars 1649 M 3,35

Quand Dieu allume le flambeau de la foi dans une âme

Mars 1649 M 3,36 Quand Dieu laisse l’âme dans la foi nue.

Quelquefois Dieu prive l’âme des clartés et des goûts que la foi donne

Octobre 1649 M 2,67 (2.10.7) En Dieu seul est la vraie joie et le repos.

Que la vie du chrétien est douce et agréable, quand elle est crucifiée

2 Octobre 1649 M 2,33 (2.6.7)

8 0ctobre 1649 M 2,35 (2.7.1) Le grand soin d’une âme est de s’appliquer uniquement à contenter Dieu.

Le moindre soin d’une âme bien pure est de réfléchir sur elle-même

9 Octobre 1649 M 2136 Il ne faut pas tellement s’appliquer à la divinité qu’on oublie la vie crucifiée de Jésus.

Quand on est élevé à la connaissance de Jésus-Christ

9 Octobre 1649 M 2154 Il faut suivre à l’aveugle la Providence de Dieu.

Le secret le plus assuré pour aller à la sainteté

M 2155 Mourir à tout ce qui n’est point Dieu.

Il ne faut pas se contenter de mourir à tout ce qui n’est point Dieu

9 Octobre 1649 M 3,57 L’entrée de l’âme dans l’état d’union.

Dieu achemine l’âme à l’union par les bonnes pensées

9 Octobre 1649 M 3,58 Cette entrée coûte de grands labeurs.

L’on ne parvient ordinairement à cet état d’union qu’après plusieurs années

11 Octobre 1649 M 3,56 Dans un seul regard voir Jésus Dieu et homme.

L’âme passe par divers états devant que d’arriver à ce dernier

18 Octobre 1649 M 3,38 Vivre selon ce qui nous est donné de Dieu, avec fidélité, et puis il fait ce qu’Il Lui plaît.

L’on peut connaître en cette lumière

19 Novembre 1649 M 3,37 Au milieu des ténèbres du corps, Dieu donne la foi comme une lumière divine et miraculeuse.

J’ai senti mon esprit comme enfermé dans la prison de ce corps

30 Novembre 1649 M 2,64 (2.10.4) Un grand aveuglement

C’est un grand aveuglement que d’aimer si peu la souffrance

Décembre 1649 M 2121 La félicité des chrétiens, c’est d’être les images vivantes de Jésus Christ en terre.

Comme le Père éternel a des complaisances infinies

Décembre 1649 M 2,77 (2.10.17) La vie des chrétiens

La vie des chrétiens conduite dans les règles de l’Évangile est un martyre perpétuel

Décembre 1649 M 1,16 (1.2.11) Jésus mourant fait connaître le péché.

L’on ne peut jamais mieux voir ses péchés

Décembre 1649 M 3,41 Comme la lumière divine fait voir et goûter en Dieu les plus sublimes vérités.

Quand on considère les vérités chrétiennes

5 décembre 1649 M 2,70 (2.10.10) Une âme bien éclairée

Une âme bien éclairée fait usage de toutes les contradictions

16 Décembre 1649 M 2,51 (2.8.6) Lorsque la foi règne

Lorsque la foi règne dans notre âme, elle lui communique des vues et des sentiments


[1650]

1er janvier 1650 L 2,19 Face à la médisance, s’abîmer en Dieu.

1er Janvier 1650 M 3,44 Rien que la foi toute nue pour trouver Dieu en un moment.

Dans la gloire, l’on voit Dieu à découvert.

4 Janvier 1650 M 3,60 L’oraison d’union consiste à l’adhérence à Dieu.

Il faut bien remarquer que la substance de l’oraison

4 Janvier 1650 M 3,60 Le tout de l’âme c’est d’être en Dieu par union de foi pure.

Les lumières que l’âme reçoit n’étant pas Dieu

4 Janvier 1650 M 2172 Les lumières, les goûts, les sentiments ne sont pas Dieu.

L’état d’aveuglement et d’insensibilité

20 Janvier 1650 M 3,31 La grande passivité de l’âme doit être de posséder Dieu en son fond

La grande passivité de l’âme doit être

20 Janvier 1650 M 3,32 Ce pur anéantissement s’appelle nuit obscure.

Cet état de pur anéantissement est un état de grandes souffrances au commencement

20 Janvier 1650 M 3,45 A une âme qui agit trop en l’oraison par ses propres opérations.

Il faut dire à une âme qui agit trop en l’oraison par ses propres opérations

7 Février 1650 M 3,12 La théologie mystique

Pour apprendre la théologie mystique, il faut plus étudier le crucifix que les livres

Avril 1650 M 3,39 Ce goût de Dieu vaut mieux que tout.

D’où me vient l’impression si forte

Avril 1650 M 3,42 On ne connaît le goût de Dieu qu’en Dieu même.

Avril 1650 M 3,43 Ce goût de Dieu est un petit échantillon de la Gloire.

Pour peu que cet Être infini se donne à expérimenter

Avril 1650 M 3,46 Ce goût de Dieu est le fruit de la Croix.

Nous ne verrons point combien le Seigneur est doux

Avril 1650 M 3,47 Ce goût de Dieu sépare l’âme d’elle-même et des créatures.

Quel moyen de s’amuser aux créatures

Mai 1650 M 3,74 L’âme n’a point de ciel que Dieu même.

En l’autre monde, Dieu fait le grand coup de sa miséricorde

Mai 1650 M 3,75 L’union essentielle où l’âme jouie de Dieu.

À moins que d’en avoir eu l’expérience

Mai 1650 M 3,76 Distinguer union essentielle et union accidentelle.

En l’union accidentelle l’âme reçoit

1650 M 3,79 L’union essentielle c’est une possession de Dieu et une jouissance de Lui en Lui-même.

Enfin il me semble que toutes les écritures de ces choses devraient finir

20 Juillet 1650 M 1,32 (1.4.5) Tant de livres?

Pourquoi tant de livres? Il faut désirer les créatures avec beaucoup de modération

12 Septembre 1650 M 3,78 En état d’unité

En état d’unité la créature est totalement anéantie

9 décembre 1650 L 2,16 Une âme n’a autre chose à faire en la terre que d’écouter Dieu et Le suivre.

Monsieur, On dit d’ordinaire que c’est le plus parfait d’être sans sentiment,

15 Décembre 1650 L 2,53 Il faut obéir à Dieu et vous perdre pour Lui et en Lui entièrement.

M, J’ai reçu vos dernières dans lesquelles vous me mandez que Dieu seul nous doit suffire;


[1651]

Janvier 1651 M 3,77 La grâce de vision est plus pure, plus spirituelle et plus divine que la simple vue.

La grâce de vision est plus pure, plus spirituelle et plus divine que la simple vue.

Janvier 1651 L 2,2 Il ne faut pas attendre d’être parfait pour communier. -- Jésus soit notre unique tout pour jamais. Puisqu’il vous fait la grâce de vouloir venir en vous…

M. Jésus soit notre unique tout pour jamais. Puisqu’il vous fait la grâce de vouloir venir en vous

3 Janvier 1651 M 2, 174 l’âme demeure passive, laissant opérer l’Esprit qui gémit en ceux qui sont anéantis.

La conduite de l’âme dans l’oraison me semble bonne et avantageuse lorsque l’anéantissement est suivi de la paix

7 Janvier 1651 L 2,5 la pure oraison ne se fait point par lumières, mais par anéantissement.

M. Nous avons lu avec affection, et consolation les petites remarques sur vos exercices

12 Janvier 1651 L 2,9 Ne vous dispensez pourtant jamais de votre chapelet.

M. Dieu soit béni à jamais de ce que vous êtes en parfaite santé.

14 Février 1651 L 1,39 Il faut qu’un capitaine meure à la tête de sa compagnie.

M. Dieu seul suffit. Je répondrai brièvement à vos lettres premières et dernières

10 mai 1651 J’ai appris les discours que le père N. a fait de vous et de moi, et qui vous cause tant d’abjection.

Ma très chère soeur.Dieu seul et il suffit. J’ai appris les discours que le père N

29 juin 1651 … au reste ma très chère sœur

1651 L 3,49 Ce riche néant dans lequel on trouve tout.

M. Prenez courage, et continuez à vous avancer dans la mort de votre propre esprit et de vous-même

1651 L 3,28 Ce qui met obstacle à l’âme de devenir divine.

Il faut vous dire, puisque vous le voulez, et que la direction l’a ordonné,

1651 L 2,54 -- Dieu seul doit suffire à une âme morte et anéantie…

M. Dieu seul doit suffire à une âme morte et anéantie.

1651 L 3,56 Rien que Dieu n’occupe mon âme, puisque rien n’y demeure.

M. Jésus Dieu et homme, et Il suffit.

16 Décembre 1651 L 2,3 La patience passive est une excellente oraison.

Madame, Jésus soit notre unique lumière et conduite. Je réponds à vos deux dernières


[1652]

1652 L 1,40 Le métier d’un chrétien est de porter sa croix.

Mademoiselle, puisque vous voulez que je vous dise mes petits sentiments,

1652 M 2171 Sans pensées et sans sentiments

Si votre âme durant l’oraison est sans pensées et sans sentiments, ne vous en mettez point en peine

Mars 1652 L 2,28 Ne pas s’attarder, ni s’attacher aux visions.

Monsieur, J’apprends par vos dernières ce qui se passe dans votre intérieur

6 Mai 1652 L 2,18 -- Madame, Jésus soit notre unique joie dans nos souffrances…

Madame, Jésus soit notre unique joie dans nos souffrances

26 Juillet 1652 LM à M. Boudon

Mon très cher frère, Dieu seul suffit! Le 26 juillet 1652. Je reçus hier votre chère lettre avec grande joie, mais la lecture d’icelle m’affligea sensiblement

18 Septembre 1652 L 2,41 Se laisser conduire en aveugle.

Monsieur. Jésus-Christ souffrant soit l’unique Amour de nos cœurs. Je n’ai pu répondre plus tôt à vos dernières qui me déclarent bien naïvement l’état intérieur de votre âme

26 octobre 1652 L 1,49 Soyez comme la Madeleine à ses pieds.

Madame, Je me réjouis de vous voir toujours dans le dessein d’être tout à Dieu


[1653]

1653 L 3,39 De la vie cachée avec Jésus Christ en Dieu.

M. J’ai reçu grande joie d’apprendre des nouvelles de votre santé

1653 L 3,7 Jetez plutôt les yeux sur Jésus-Christ que sur vos imperfections

Monsieur, Jésus soit notre unique Amour. Pour répondre à vos dernières, je vous puis assurer en toute sincérité, que vous m’êtes plus cher que moi-même

1653 L 3,18 S’accoutumer à faire l’oraison avec la pure lumière de la foi.

M. Je vous dirai qu’il ne faut pas s’étonner des oppositions et contradictions

1653 L 3,40 Dans la voie passive de l’anéantissement.

M. Depuis que Dieu par sa miséricorde a introduit l’âme dans la voie passive de l’anéantissement

1653 L 3,51 Dieu est mon âme et mon âme est Dieu.

Monsieur, Pour le présent il me semble que Dieu est mon seul intérieur

2 janvier 1653 LMB Monsieur Picoté, prêtre de Saint-Sulpice, grand serviteur de Dieu, ami de notre très saint et très digne Père Chrysostôme

Monsieur, Je ne crois pas que nous soyons si fort dans le silence cette année que celle que nous avons passée.

9 janvier 1653 L Ne pas tant vous occuper à l’extérieur que vous ne donniez pour l’intérieur

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre unique pour le temps et l’éternité. Ce n’est pas à moi de dire mes sentiments d’une affaire si importante

19 Janvier 1653 L 2,20 La voie de pure souffrance est la meilleure.

Mon cher Père, Jésus soit notre unique vie. J’ai eu beaucoup de joie de recevoir de vos lettres dans lesquelles je remarque clairement la conduite de Dieu

10 Février 1653 M 2172 Cette sacrée obscurité est plus claire que la lumière même.

Quand l’âme est parvenue à un degré d’oraison où l’esprit humain se trouve perdu dans l’abîme obscur de la foi

23 février 1653 L 3,21 Continuellement je ne suis plus en moi, mais en Lui.

M. Je ne puis vous exprimer la joie que je reçois d’apprendre la ferveur et la fidélité

3 Mars 1653 L 2,21 C’est au Saint Esprit à qui vous devez demander direction et conduite.

Mon Très cher Père, Dieu seul suffit. Pour répondre à vos lettres que j’ai reçues aujourd’hui

24 Avril 1653 L 3,29 Qui vit en Dieu seul, voit en Dieu ses amis.

M. Jésus Ressuscité soit notre unique vie. Ces lignes sont pour vous réitérer les assurances de mes affections

4 Mai 1653 L 2,13 -- Monsieur de Renti était mon intime ami.

4 Mai 1653 L 2,49 Un simple regard vers Jésus-Christ suffit.

Mon Révérend Père, Jésus-Christ soit l’union de nos cœurs. Je viens de recevoir vos dernières, lesquelles m’apprennent la fidélité

20 mai1653 LM à M. Boudon Souffrir quelque chose pour son nom.

Mon très cher frère, 20 mai 1653. Je prie Notre Seigneur Jésus

Ce mot est pour vous témoigner la joie de mon cœur en ce qu’il a plu à Dieu vous rendre digne de souffrir quelque chose pour son nom.

Juillet 1653 L 3,22 Il y a différents états dans la voie mystique.

Mon très cher Père, Dieu seul suffit à une âme anéantie. Je viens de recevoir vos dernières. Pour réponse, je vous dirai que la difficulté

1er Juillet 1653 L 3,42 Demeurer unis et abîmés dans cette infinie bonté.

Ma très chère Sœur, Jésus soit l’unique vie de nos cœurs. Quoique vous soyez éloignée, je crois que vous êtes présente à l’Ermitage

9 Août 1653 LMB J’ai mis en mains de Monsieur Boudon…

Monsieur, Ce 9 août 1653. Je vous fais ce petit mot pour vous assurer que j’ai mis en mains de Monsieur Boudon le livre que vous avez désiré

Août 1653 L 1,41 Priez votre Sainte Mère de me secourir dans ma misère.

Monsieur, Jésus soit notre unique vie. J’ai eu beaucoup de consolation de recevoir de vos chères lettres. J’avais besoin de leur secours

Août 1653 L 1,42 Qu’il fait bon être enfant de la Providence!

Monsieur, Jésus fait notre unique vie, par le saint Amour et divin Cœur de son admirable et très digne Mère.

Août 1653 L 1,43 Si votre fond est vide, ne le remplissez pas.

Madame, Jésus soit notre unique vie. Je viens de recevoir vos dernières qui me font connaître que Notre Seigneur vous donne part à sa croix

Août 1653 L 3,57 Comment l’âme doit vivre perdue en Dieu.

M. Jésus soit notre unique vie pour le temps et pour l’éternité. Je remercie Notre Seigneur de la continuation des grâces qu’Il vous fait en l’état où Il vous met.

23 Août 1653 L 3,32 La vraie oraison c’est Dieu même en l’âme.

M. Je répondrai à vos dernières, sans faire réflexion sur ce que vous a dit Monsieur N.

25 août 1653 L 1, 44 J’ai une petite chambre que je vous garde.

Monsieur, chacun a sa grâce.

25 Août 1653 L 2, 50 Un regard amoureux de Dieu en l’oraison.

M. Un regard simple de Jésus-Christ ou de quelqu’un de ses mystères, ou de quelque perfection divine

26 Août 1653 L 2,52 Dieu seul, Lui-même, doit être l’âme de votre âme.

4 Septembre 1653 L 1,46 Dans la direction ne pas contraindre les âmes.

7 Septembre 1653 L 2,27 Quand Dieu devient l’âme de notre âme.

Touchant la déclaration que vous me faites de votre oraison

8 Septembre 1553 L 2,29 Il faut tout doucement encourager les âmes.

M. Je vois par vos dernières que l’union d’entre vous et N. n’est pas faite au point que je l’aurais désiré.

1er Décembre 1653 lettre à Monsieur Henri Boudon.

16 Décembre 1653 L 3,9 La boue entre les mains de Dieu fait des miracles.


[1654]

1654 L 3,34 Le secret de la parfaite union avec Dieu.

Avant février 1654 LMB Nous prendrons la croix

Je vous supplie me faire la faveur de faire savoir à notre très chère Sœur que nous prendrons la croix

22 Mars 1654 L 3,33 C’est une grande richesse que la pauvreté intérieure.

M. Jésus souffrant soit notre unique amour. J’ai grande joie qu’il ait fait notre union par providence particulière

29 Mars 1654 L’esprit de notre petit Ermitage.

Ma très chère Mère, Jésus soit l’unique vie de nos âmes.

30 Mars 1654 L 3,4 N’avoir rien, c’est avoir tout.

M. Jésus mourant soit l’unique vie de nos âmes. Ce mot est pour vous assurer, que je me sens aussi uni à vous à Caen comme à Rouen

19 Avril 1654 L 2,51 Il faut mourir auparavant que de vivre d’une nouvelle vie.

M. Jésus soit l’unique amour nos cœurs.

Mai 1654 L 3,2 La récompense d’une croix est plus grande croix.

J’ai reçu votre lettre avec beaucoup de consolation, y apprenant la continuation à rechercher le Bien-aimé

13 Mai 1654 L 3,6 Il n’y a qu’à Le laisser faire.

M, Jésus soit l’unique Vie et la seule Lumière de nos âmes.

21 Août 1654 LMB Je vous reproche votre infidélité de n’être point venu à Paris avec Monsieur Bertaut

Ce 21 Août 1654. Je ne vous fais que ce mot étant encore bien faible d’une petite fièvre

15 septembre 1654 MB sur le père Eudes et Marie des Vallées [extraits]

J’ai reçu samedi l’honneur de la vôtre par laquelle vous avez la bonté de nous mander

17 Septembre 1654 L 3,55 Le seul appui est la pure foi

M. Puisque cette personne est avec vous, prenez-y garde.

14 Octobre 1654 L 2,39 Comme une petite étable de Bethléem.

Ma Révérende Mère, après avoir prié sur ce que vous me proposez en votre lettre au sujet de vos établissements

17 Octobre 1654 L 3,5 Autant on est détaché de toute choses, autant on est disposé à être uni à Dieu.

M. Jésus soit notre unique conduite, puisqu’il est la Lumière essentielle

19 Octobre 1654 L 3,60 Que l’Esprit de Dieu fasse son ouvrage à sa mode.

Monsieur, Jésus soit notre unique Lumière.

L 3,61 Quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Autant que ma petite lumière me donne de discernement

20 Octobre 1654 L 2,25 Un abrégé de la voie mystique.

Ma très chère Sœur, Jésus la Lumière essentielle soit notre unique conduite dans les voies de la sainte oraison.

5 novembre 1654 L 1,46 Mon fond, c’est la seule lumière de la Foi.

M. Je connais un certain état d’anéantissement de la créature

11 Novembre 1654 L 3,41 Dieu est et vit, et cela me suffit.

Mon Très cher Frère, Jésus soit l’unique vie de nos âmes


[1655]

Non datée L 2,22 Les lumières de Jésus-Christ ne sont pas Jésus-Christ.

Mon très cher Père, Nous nous portons bien Dieu merci, tous ensemble.

Janvier 1655. mon possible pour aller vous voir cet été prochain

Jésus soit l’unique de nos âmes. Vous ne devez pas douter ma très chère sœur que je fasse mon possible

Janvier 1655 Extrait d’une lettre que Monsieur de Bernières fit à notre vénérable mère

[…] S’il m’était permis de me regarder je serais affligée de son Établissement

Fin janvier 1655 J’attendais le retour de Mr de Montigny

J’attendais le retour de Mr de Montigny pour vous donner de nos nouvelles,

2 février 1655 L 2,40 Ce qui attire Jésus dans les monastères.

Ma Révérende Mère, Jésus soit l’unique de nos âmes.

3 Février 1655 M 2166 Demeurez en sa Sainte Présence.

Étant en oraison, si votre intérieur devient insensible devant Dieu

11 Mars 1655 L 3,59 Ce Jour d’éternité est un jour de vérité

M. Je vous dirai pour réponse à vos dernières, que les faveurs et les dons de la gloire

17 Mars 1655 L 3,24 On s’imagine qu’être en quiétude, c’est ne rien faire.

Mon Révérend Père, C’est une grande misère de ne point connaître qu’il ne faut pas toujours chercher Notre Seigneur.

27 Septembre 1655 L 3,27 Demeurer en Dieu et y vivre c’est un Paradis.

Jésus soit notre unique vie pour jamais


[1656]

3 Janvier 1656 L 3,13 Perte de l’âme en Dieu, la comparaison d’une rivière

Ma très chère Sœur, Jésus Christ soit notre unique vie. Je viens de recevoir vos dernières qui me consolent beaucoup

4 Août 1656 L 3,58 Quand Jésus, Soleil éternel, se lève au fond de l’âme.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Vous m’avez obligé de me donner avis de la douleur de N

13 Août 1656 M 2173 Il blesse d’une manière que Lui seul peut guérir.

Mon oraison a bien changé. Ce n’est plus qu’un exil ou un bannissement de Dieu

14 Septembre 1656 L 3,25 Tant de goût et de saveur à être anéanti.

M. Je fus presque résolu hier de partir avec Monseigneur l’évêque de Kilala;

10 Octobre 1656 L 3,47 En même temps, sa présence et son absence.

M. Jésus soit l’unique union de nos cœurs.

13 Octobre 1656 L 3,26 Ayant Dieu on a tout.

M. Jésus soit notre unique vie pour le temps et l’éternité.

20 Novembre 1656 L 3, 36 Que nous soyons un jour tous fondu en Jésus.

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre mort, notre vie, notre néant et notre tout.

21 Novembre 1656 L 3,37 Le procédé simple et pauvre de Jésus-Christ.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Nous vous envoyons la lettre de N.

[1657]

16 Janvier 1657 L 2,31 Les trois degrés pour monter au sommet de la montagne.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Je vous suis infiniment obligé

21 Janvier 1657 L 3,31 Les biens qu’apporte cette sorte d’oraison sont innombrables

M. Jésus la lumière éternelle soit notre unique conduite.

23 Janvier 1657 L 3,15 De l’anéantissement mystique.

M. Pour ce qui vous regarde, nous n’avons rien à dire

9 Avril 1657 L 3,35 Tournez votre âme du côté de la confiance en Dieu.

Jésus soit notre tout pour jamais. J’ai fait réflexion sur ce que vous me mandez

9 Avril 1657 L 2, 24 C’est Dieu seul qui fait cet ouvrage.

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre tout pour jamais. Je vous demande pardon

3 Août 1657 L 3,14 Il faut voir à quelle oraison l’on est appelé.

Mon révérend Père, connaître et aimer Jésus Christ soit notre unique prétention.

26 Août 1657 L 2,23 Souffrir en patience passive.

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre unique lumière, et notre unique appui.

30 Août 1657 L 3,16 C’est la dernière lecture qu’il faut quitter, que celle de l’Écriture sainte.

Jésus soit notre tout pour jamais. Je ne manquerai pas durant votre retraite

20 Septembre 1657 L 3,17 Une vue simple et amoureuse doit nourrir votre âme

M. Jésus la lumière éternelle soit votre unique conduite.

20 Septembre 1657 M 1,87 (1.10.4) La fidélité d’une âme consiste à recevoir la mort que toutes ces choses lui donnent, et à ne point agir autrement.

Les ténèbres, les sécheresses et les étouffements intérieurs

24 Septembre 1657 M 1,84 (1.10.1) Chercher Dieu. le posséder et d’en jouir.

L’unique affaire que nous avons en ce monde

25 Septembre 1657 L 3,53 Jésus anéantit l’âme qui est unie à Lui.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Votre état présent

29 Septembre 1657 M 1,89 (1.10.6) L’union mutuelle en Dieu supplée à tout et opère secrètement des effets de grâce plus grands que le commerce des lettres.

Ceux pour qui j’ai plus d’affection

29 Septembre 1657 M 1,90 (1.10.7) Mourir au désir de ne pas mourir assez tôt.

L’avancement de l’intérieur

6 Octobre 1657 L 2,30 Dans l’oraison, il ne faut jamais quitter Jésus Christ.

M. Touchant la difficulté qui est venue à la personne dont il est question lisant Sainte Thérèse

7 Octobre 1657 L 3,1 Les trois degrés d’oraison extraordinaire.

Monsieur, Jésus la lumière éternelle, soit toujours votre unique conduite. J’ai lu

13 Octobre 1657 L 3,54 Sur l’anéantissement et la déification.

Mon très cher Frère, Jésus soit notre unique vie pour jamais. Il y a bien de la différence

28 Octobre 1657 M 2167 -- Si Dieu vous appelle par grâce à la pure passivité dans l’oraison…

20 Novembre 1657 M 2168 L’oraison faite sans industrie est la meilleure.

L’abandonnement et la simplicité sont tout à fait nécessaires

20 Novembre 1657 M 2169 Demeurez plutôt doucement abandonnée à l’œuvre de Dieu en vous

C’est le propre du centre de tirer à lui les choses qui doivent y être unies.

20 Novembre 1657 M 2170 Ceux qui commencent doivent marcher petitement et humblement.

Au commencement l’on ne peut pas pratiquer si bien


[1658]

30 janvier 1658. bâtir un monastère qui soit conforme à la demeure de Jésus-Christ au très Saint-Sacrement.

Je vous suis infiniment obligé Madame

1 Juillet 1658 L 3,45 Vous êtes en chemin vers un pays qu’on appelle le néant.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Je viens de recevoir

29 Septembre 1658 L 3,10 Il doit suffire de laisser brûler ce Feu intérieur.

Monsieur, la personne dont il est question, doit s’abandonner

7 Octobre 1658 L 3,48 Quand Dieu se manifeste Lui-même et révèle, ô quelle perte! Quel anéantissement dans une âme!

Jésus-Christ soit notre unique vie pour le temps et pour l’éternité. C’est Lui seul

10 Octobre 1658 L 3,44 Dieu écoulé dans votre fond sollicite et tire votre âme de passer du rayon en Lui seul.

Monsieur, Jésus soit notre tout pour le temps et pour l’éternité. Je reconnais par la lecture de votre dernière

31 Octobre 1658 L 3,50 Une différence très grande entre la lumière du rayon et la lumière du centre

Monsieur, Jésus soit notre unique tout pour jamais. J’ai lu avec attention votre dernière

11 Novembre 1658 M 1,88 (1.10.5) Un moment de la volonté de Dieu est préférable à toutes les choses du monde.

Un moment de la volonté de Dieu

27 Novembre 1658 L 1,47 Un Chartreux, c’est comme une rivière qui coule dans un désert s’écoulant en la mer qui est Jésus-Christ. -- J’ai reçu une grande joie d’apprendre par vos dernières que vous avez été reçu à faire profession…

Mon Très cher Frère, Jésus soit notre unique tout pour le temps et pour l’éternité. J’ai reçu une grande joie

1er Décembre 1658 L 1,48 Surtout aimez la pureté de cœur, sans laquelle il n’y a rien à faire en l’oraison.

M. Votre dernière m’a beaucoup consolé

2 Décembre 1658 L 2,34 Retourner et s’écouler en Dieu.

M. Jésus soit notre unique tout pour le temps et pour l’éternité. La personne dont vous m’avez écrit doit des reconnaissances

12 Décembre 1658 L 3,20 Un pauvre chétif homme qui tend à l’anéantissement est capable de tout.

Monseigneur , Jésus soit notre unique vie pour le temps et l’éternité. Je ne vous puis exprimer la joie que nous avons tous récemment d’apprendre

16 Décembre 1658 L 3,38 C’est un grand don d’entrer dans le néant, plus grand d’y habiter, et très grand d’y être consommé.

M. Jésus soit notre unique tout pour le temps et l’éternité. Je reçois votre dernière

21 Décembre 1658 L 2,33 Votre oraison s’augmentera peu à peu avec la fidélité de la faire tous les jours.

Monsieur, Je suis fort obligé à Monsieur votre frère

22 décembre 1658 L 1,49 Moins vous ferez, plus vous ferez de bien à vos novices.

Mon Révérend Père, Jésus nous soit toutes choses. Sa divine Providence


[1659]

1659 L 3,52 Tout ce qui n’est point essentiel sépare l’âme de Jésus-Christ.

Mon très cher Père, Jésus soit notre unique tout pour le temps et pour l’éternité. Je crois que vous avez bien fait d’assister les hospitalières

Janvier 1659 L 1,50 Marchez le plus que vous pourrez en liberté d’esprit.

M. Jésus soit unique force et soutien. Pour répondre à vos dernières

Janvier 1659 L 1,51 Laisser à Dieu de vouloir pour vous.

Madame, Je répondrai par ce mot à vos deux lettres

4 janvier 1659 L 2,17 Toute votre oraison, dans le délaissement intérieur où vous êtes, est de n’en avoir point.

Mon Révérend Père, Jésus anéanti soit votre soutien

12 Janvier 1659 L 3,46 C’est le trésor des trésors de se perdre en Dieu.

M. Jésus soit notre unique tout pour jamais. Comme je pensais répondre

24 Janvier 1659 L 3,19 Prenez garde à ne pas vouloir être si fort abandonné que vous vouliez tomber dans l’oisiveté.

M. Jésus soit votre unique conduite. Je vous confesse que je suis mortifié d’être obligé de vous aider

24 Janvier 1659 L 3,43 Le seul ordre de Dieu nous donne Dieu seul.

M . Jésus seul soit notre unique conduite. Je reçus hier vos dernières lettres

26 Janvier 1659 L 3,8 L’âme agit plus dans la simplicité que dans la multiplicité.

Monsieur, Jésus soit votre lumière. C’est à Lui à vous éclairer

Février 1659 L 1,56 Quand l’âme est oisive, elle devient pleine de tiédeur.

Monsieur, Pour répondre à votre dernière, je vous dirai que dans l’oraison

Février 1659 L 2, 26 Il faut mourir en la croix où Dieu attache.

M. L’intérieur de N. étant conduit par la pure lumière de la foi

5 février 1659 L 1,54 L’union sensible bien ménagée fait du bien.

M. Jésus soit notre tout pour jamais. La disposition intérieure

10 Février 1659 L 1,53 Très souvent on imite Jésus-Christ qu’en apparence et en idée.

Monsieur, Jésus crucifié soit notre unique amour. Il faut que vous disiez la même chose

14 Février 1659 L 1,55 Je suis résolu de ne point descendre de la croix, et d’y souffrir sans me plaindre et sans me justifier.

M. Le soupçon que l’on a eu que j’ai appuyé M.D. m’a décrié

19 Février 1659 L 2,45 La différence entre l’abandon et l’oisiveté.

Monsieur, Jésus soit notre unique tout pour jamais. J’ai lu vos dernières du septième de ce mois

16 Mars 1659 L 3,3 L’essentiel de la vie mystique.

M. Je vous suis infiniment obligé de l’honneur de votre souvenir

29 Mars 1659 L 1, 60 Il faut reculer les affaires de Dieu pour vaquer à Dieu seul.

Monsieur, Jésus soit notre tout pour le temps et pour l’éternité. Pour répondre à votre dernière, je vous dirai

2 Avril 1659 L 3,23. La non-oraison est la voie pour l’oraison mystique.

Monsieur, Jésus-Christ crucifié soit notre unique amour. Votre dernière m’a beaucoup consolé

8 Avril 1659 L 1,52 Ne pas descendre des croix où vous êtes attachée.

Madame, Jésus soit notre unique consolation et mettez en lui seul votre confiance, et votre amour.

16 Avril 1659 L 2,32 L’humilité et l’abandon doucement exercé en sa Présence.

Monsieur, Jésus soit notre tout à jamais. J’ai grande joie

Maximes non datées

M 3, 1 Dans l’état passif, l’âme ne doit presque plus agir, mais l’Esprit de Dieu doit agir en elle.

Après qu’une personne a été quelque temps fidèle à la simplicité intérieure

M 3, 2 L’état passif n’est pas pour toutes les âmes qui tendent à la perfection.

L’oraison qui se fait avec foi simple

M 3, 3 L’état passif consiste à supprimer notre activité propre, pour entrer dans l’activité de Dieu.

L’état passif ne consiste pas à n’avoir point de pensées

M 3, 4 L’état passif consiste à se laisser posséder par L’Esprit de Jésus-Christ.

Cet état consiste à se laisser posséder à l’Esprit de Jésus-Christ

M 3, 5 Le premier degré de l’état passif est purgatif.

Le premier degré de cet état

M 3, 6 L’état de l’âme dans ce premier degré de vie parfaite demeure dénué et étouffé.

Les distractions, les tentations, les ténèbres, et les sécheresses

M 3, 7 Le fruit de ce premier degré de vie unitive n’est pas de cesser les œuvres extérieures de sa condition, mais de ne les plus faire de son propre esprit.

Le fruit de ce premier degré

M 3, 8 Le second degré de l’état passif est illuminatif.

Le second degré est illuminatif.

M 3, 9 En ce second degré de vie unitive, l’âme éprouvent encore de grands délaissements.

L’âme en ce second degré

M 3, 10 Le dernier degré c’est l’unitif, où l’âme devient un même esprit avec Dieu.

Le dernier degré c’est l’unitif

M 3, 11 Dans ce dernier degré de la vie unitive le temps d’oraison n’est pas réglé comme aux autres précédents.

Dans ce dernier degré


Table des matières


Table des incipit 1631-1659


37D. Lettres Bernières - Mectilde


(49) Correspondance Bernières 8e ed 1631-1646 & 1647-1659 – Lettres seules – Mectilde.odt

Table des matières

Jean de Bernières et l'Ermitage de Caen, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle. 3

Lettres & Maximes 3

Édition et Chronologie 4

Eclairer Bernières par Bernières 4

Les sources 4

Répartition des correspondances 7

Titres, sigles, corps de caractères 7

Correspondance 9

Lettres et Maximes suivant l’ordre chronologique 9

6 Novembre 1642 LMR Barbery. Le lieu de notre petite retraite 9

Je prie celui qui remplit votre cœur de la sacrée dilection de son divin amour pour ces indignes esclaves 9

Décembre 1642 LMR Suppliez-le que je me convertisse sans plus tarder 10

Quoique extrêmement pressée de mes occupations ordinaires 10

[1643] 11

2 Janvier 1643 L 1,6 Vous ne devez pas tant lire, mais beaucoup ruminer. 11

9 Janvier 1643 LMR L’amour est fidélité! 12

Cet aimable Jésus me tient [si fort barré] en captivité 13

27 Janvier 1643 L 1,7 Je tâche de m’occuper plus en Dieu qu’en moi-même. 15

2 février 1643 LBM Sur l’humilité de la Très Sainte Vierge dans la purification. 17

Que vous dit votre cœur ce matin, ma très chère Sœur 17

LBM Vous êtes la meilleure amie que j’ai au monde. 20

Ma très chère Sœur, avant que Jésus unisse son Cœur au mien par la Sainte Communion 20

5 Mars 1643 LMRJe ne sais plus où j’en suis”. 21

15 Mai 1643 LMR J’ai un grand attrait pour chérir la sainte abjection 23

Monsieur, Notre Seigneur triomphant et glorieux vous comble de son saint amour pour humble remerciement de la sainte charité que vous me faites. 23

29 Mai 1643 L 2,7 Correspondre à toutes ses faveurs 24

Ma très chère Sœur, Voici tout simplement ce qu’il me semble que Dieu me donne 24

30 juin 1943 (Juin 1945) LMB Ô que cet homme est angélique et divinisé. 29

De St Maur, 30 juin 1643. Mon très cher Frère, Béni soit celui qui par un effet de son amoureuse Providence 29

15 Août 1643 L 1, 5 Il me paraît que je suis dans une plus profonde pauvreté d’esprit que jamais. 31

28 août 39

25 Septembre 1643 LMR Près de partir pour retourner à Barbery 39

Nous avons reçu les vôtres du 17 du courant. 39

16 octobre 1643 Rêve mystique . La terre d’anéantissement 41

Ma nuit fut partagée en deux différentes dispositions 41

13 Novembre 1643 LMR Si pauvre que je ne puis exprimer ma pauvreté 50

15 Novembre 1643 LMB Il nous survient ensuite de cette croix 51

28 novembre 1643 LMB Je pris possession d’une terre 53

Il y a environ quatre ou cinq ans que je pris possession d’une terre quasi pareille à Celle dont vous me faites la description 53

2 Décembre 1643 LMB Je n’irai point en Lorraine 54

J’ai reçu les vôtres datées du vingt novembre 54

Décembre 1643 LMR Soupirs d’une âme toute glacée 55

Amour. Fidélité. /Jésus couronne votre cœur, Marie sanctifie votre âme 55

28 Décembre 1643 LMR Elle se tiendra bien honorée d’être le marchepied 56

Jésus soit votre amour et Marie votre conduite, très cher esclave 56

[1644] 56

Le 25 janvier de l’an 1644 LMB A Saint-Maur-les-Paris 56

Je prie Dieu qu’il accomplisse les sacrés souhaits que vous faites à mon âme 56

19 février 1644 LMB Saint Maur. Nos Sœurs de Barbery iront à Saint-Silvin 57

Jésus, Marie, Benoît. Monsieur, mon très cher frère. Béni soit Celui qui est éternellement 57

31 mars 1644 LMB Un bien petit abrégé en cet écrit 59

Puisque Notre Seigneur m’a voulu priver de votre cher entretien, j’espère qu’il vous fera recevoir la présente, 59

5 Avril 1644 LMR Vos prières ne seront point vaines 60

Ce 5 avril 1644/Paix et amour. Monsieur, j’ai reçu les vôtres adressées par leur inscription à Notre Révérende Mère, elle vous écrit 60

20 avril 1644 LMR Saint-Maur Priez fortement pour ma conversion. 61

À Monsieur de Rocquelay. Mane nobiscum Domine quoniam ad 61

1er mai 1644 64

14 mai 1644 LMR Obéissance de Monsieur de Bayeux 64

À Monsieur de Rocquelay. Monsieur, j’ai reçu les vôtres datées du 28 avril sur lesquelles je vous dirai seulement que pour nos Sœurs 64

13 mai 1644 LMJ À Jourdaine .Sur Mere Benoîte 65

À Jourdaine de Bernières Benedictus sit Sanctissimum Sacramentum 65

15 juillet 1644 Saint-Maur LMR Le voyage de Lorraine 67

À Monsieur de Rocquelay. Dites, s’il vous plaît, à notre cher […] que Monsieur de Barbery lui écrit 67

17 juillet 1644 Saint Maur LMR Mes petites aventures 68

À Monsieur de Rocquelay. J’ai reçu ce matin les vôtres, mais n’y remarquant point de date 68

4 Août 1644 L 1,13 Pourvu que je sois avec ce cher Ami, tous lieux me sont indifférents. 70

M. Je remercie Notre Seigneur des grâces qu’Il vous fait 70

18 août 1644 LMB La lettre de la bonne âme 74

Monsieur, Il me semble vous avoir supplié de ne vous mettre point en peine 74

19 août 1644 LMR Aimez Dieu pour moi 77

Notre divine Princesse, la sacrée Mère d’amour 77

5 septembre 1644 L 1,14 Ce qu’est la créature après la chute d’Adam. 78

M. Voulant répondre à la vôtre, j’ai trouvé que les sentiments que Dieu m’avait donnés en l’oraison ne vous seraient pas mauvais 78

30 septembre 80

21 octobre 1644 LMR J’attends cet le bon Père Chrysostome 80

À Monsieur de Rocquelay. Bénie soit la divine Providence qui m’a aujourd’hui consolée de vos chères lettres 80

10 décembre 1644 LMR Saint Maur 81

Amour, amour, amour pour Jésus anéanti 81

3 janvier 1645 LMR Quelque effet du véritable abandon 82

Monsieur, Je vous désire consommé des divines flammes du saint amour 82

29 janvier 1645 LMR route de Rambervillers. 83

À Monsieur de Rocquelay. Notre sortie de Paris a été en quelque sorte si précipitée 83

Février 1645 LMR Rambervillers 85

26 juin 1645 LMB à Saint Maur. 86

M., Jésus anéanti soit la consommation de nos désirs et de nos desseins. 86

30 juin 1645 LMB  Saint Maur Constante et ferme résolution des cinq solitaires 87

Je réponds aux deux lettres que vous avez pris la peine de m’écrire 87

4 juillet 1645 LMB Tâchez de venir promptement à Saint-Maur. 88

J’ai reçu les vôtres et appris l’état de vos affaires. 88

30 juillet 1645 LMB de l’ermitage du Saint-Sacrement 90

7 Août 1645 M 2132 Heureux qui se peut perdre et qui ne se retrouve jamais! 91

Une âme se perd en Jésus lorsqu’elle s’anéantit 91

8 Août 1645 M 1,85 (1.10.2) Au-dessus de nos mérites 91

Quelque petite grâce que nous recevions 91

11 Août 1645 LMB Notre pauvre retraite de Saint-Maur 92

25 Septembre 1645 LMB Saint Maur Lorraine 92

Je vous écris ce petit mot, en hâte 92

1645 LMR Que faut-il faire pour être toute à Dieu? 93

Que vous dirai-je, mon très cher Frère 93

5 novembre 1645 LMB Très cher Père Chrysostome 94

Je vous envoie ce que vous m’avez demandé 94

11 novembre 1645 LMB Dieu 95

C’est donc aujourd’hui que j’entre dans la privation de votre chère présence 95

1645 LMR Privée de sa présence 96

11 Novembre 1645 M 3,62 De la complaisance de Dieu en Dieu seul. 97

Je sens toujours beaucoup d’amour pour la félicité de Dieu 97

11 Novembre 1645 M 3,63 La félicité de Dieu 98

La vue de Dieu heureux en soi est ma principale disposition 98

12 Novembre 1645 M 3,64 Mon Dieu 99

Tout ce que j’entends dire et tout ce que je vois, me fait réjouir de la félicité de Dieu. 99

12 Novembre 1645 M 3,65 La félicité de Dieu est uniquement mon tout en toutes choses. 100

Je ne puis dire avec délibération que je me réjouis en ceci ou en cela 100

15 novembre 1645 LMB Dites-moi, je vous prie en confiance 101

Vous qui, par un très saint et particulier effet de la grâce 101

17 Novembre 1645 M 2124 Cette transformation veut 102

Il faut qu’un chrétien soit dans la transformation de Jésus 102

17 Novembre 1645 M 1,6 (1.2.1) Le péché est pire pour les hommes que le néant. 103

Il est vrai que je ne suis qu’un pur néant et que péché. 103

17 Novembre 1645 M 2127 L’éloignement de la vie de Jésus est plus à craindre que l’enfer. 104

Dieu, par sa divine conduite, prétendant faire de moi, 104

18 Novembre 1645 M 2101 (2.13.10) l’amour presse une âme et la tourmente pour l’obliger à demeurer seule avec le Bien-Aimé 104

Il est impossible d’aimer Dieu sans le connaître, et c’est dans la solitude extérieure 104

31 Novembre 1645 M 2139 Nous sommes appelés à la conquête du royaume de Dieu. 106

Le Royaume des cieux souffre violence 106

Décembre 1645 Tout ce qui nous anéantit est bon et il n’y a rien de meilleur en la terre. 107

Ne pouvant vous aller voir durant le saint temps de l’Avent 107

20 Décembre 1645 M 1,15 (1.2.10) Une âme qui est une fois dans l’état du péché n’en peut jamais sortir d’elle-même. 110

La vue de l’état du péché me faisait connaître combien j’étais indigne 110

Décembre 1645 L 1,24 Quand une âme bien disposée trouve un bon directeur, elle fait merveille. 110

30 décembre 1645 M 1,1 (1.1.1) Sentiment du néant. 113

La vue de mon néant et de ma pauvreté me pénètre tellement 113

13 Janvier 1646 LMB La maladie du cher Père 114

Jésus anéanti soit à jamais l’objet de nos amours. J’ai reçu les vôtres très chères que j’attendais avec impatience. 114

16 Janvier 1646 M 2104 (2.14.2) Dieu est en notre âme. Il s’y fait voir, Il s’y repose et s’y plaît. 115

Sur l’attente que mon âme avait d’être toute à Dieu et de Lui être fidèle 115

16 Janvier 1646 LMB En peine de notre très cher Père 115

Je crois que vous êtes en peine de notre très cher Père [Chrysostome] ensuite des nouvelles que je vous ai mandées. 115

10 Février 1646 LMB Fièvre de notre cher Père 116

16 Février 1646 LMR Il y a crainte de mort 117

Le saint Amour de Jésus soit la consommation de nos désirs!nMonsieur 117

26 février 1646 LMJ Saint Maur les Paris La riche nuit qu’il reçut à Saint-Maur 118

À la Mère Jourdaine de Bernières, Supérieure 118

Lorsque je fais réflexion sur mes extrêmes misères 118

10 Mars 1646 L 1,28 L’on ne manque jamais de trouver pleinement Dieu quand on a perdu toutes les créatures. 120

M . J’ai reçu de vos chères lettres, qui m’apprennent le départ de votre bonne supérieure 120

23 mars 1646 L 1,29 L’Esprit de Dieu aime l’ordre et la sainte discrétion. 122

M . Je vous dirai simplement pour répondre à la vôtre 122

26 Mars 1646 LMB Tristes nouvelles 124

Fidélité sans réserve! Sacrificate sacrificium, etc. Je n’espérais pas vous mander de si tristes nouvelles 124

28 Mars 1646 LMB -- le sacrifice de notre saint Père est consommé 125

Fiat voluntas tua/M/S’en est fait, le sacrifice de notre saint Père est consommé 125

Lettre de Mère Benoîte de la Passion à notre révérende Mère Institutrice [Mère Mectilde] réfugiée à Saint-Maur 126

Vive l’anéantissement sacré de mon Dieu! Par la lecture de votre lettre, j’ai appris que notre cher Père avait quitté la terre 126

10 Avril 1646 LMB. Il est demeuré abject dans l’esprit de quelques-uns 127

16 Avril 1646 LMJ. Effort pour nous avoir quelques-uns de ses écrits 129

Puisque notre joie et notre plaisir doivent être dans les volontés de notre bon Dieu 129

26 Avril 1646 LMB Au nombre de ses bons protecteurs. La privation de ces écrits… 131

11 Mai LMB. j’ai besoin de votre secours 133

Monsieur, je vous supplie et conjure pour l’amour de notre bon Seigneur Jésus-Christ que vous me donniez conseil 133

12 Mai 1646 LMB. Sur son tombeau, je ne l’y trouvais point, mais toujours dedans Dieu 135

15 Mai 1646 RMB. Je ne puis écrire au révérend Père Elzéar sans avoir où j’adresserai mes lettres. 137

5 Juin 1646 RMB. Me fortifiez de votre secours aux pieds de Dieu et de notre saint Père. 138

24 Juin 1646 RMR Imprimer quelque écrit de notre bienheureux Père 138

Le jour de la Saint Jean [Baptiste], qui est la fête de notre très cher frère 138

7 juillet 1646 RMB Une telle captivité et impuissance 140

28 Juillet 1646 RMB Imiter Grégoire Lopez 141

1646 L 2,43 Aimons si fortement l’Amour que nous vivions et mourions d’Amour. 143

21 Août 1646 RMB Nouvelles d’une félicité éternelle 145

5 septembre 1646 L 1,34 La perte des créatures 148

26 Septembre 1646 RMR J’ai reçu les cahiers 151

5 Octobre 1646 RMR J’attends avec affection le traité de la sainte abjection de notre B. P. 151

23 Octobre 1646 RMB Plus de quatre heures d’oraison solitaire. Rambervillers 153

6 Novembre 1646 RMB Ni grâce, ni capacité pour être supérieure 159

J’ai reçu les vôtres aujourd’hui et je vous y fais un mot de réponse. 159

10 Novembre 1646 RMB Mille fois mieux un petit coin dans mon état d’abjection 161

Je pense que vous avez reçu celle que je vous écrivis mercredi dernier. 161

17 Novembre 1646 RMR Un refuge pour nos Sœurs près de Caen 162

Je vous dois des reconnaissances infinies 162

14 Décembre 1646 RMB Je doute si nos Mères me donneront liberté d’y être retirée. 164

J’ai reçu les vôtres très chères par lesquelles vous prenez la peine de nous déclarer vos pensées sur l’affaire 164

Jean de Bernières et l'Ermitage de Caen, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle. 171

Lettres & Maximes 171

Correspondance 1647-1659 173

[1647] 173

Janvier1647 L 1, 37 J’ai été dans des oublis de Dieu si grands qu’ils vous étonneraient très fort. 173

18 Janvier 1647 RMB Votre silence a été bien long; votre fièvre en a été la cause 176

4 Février 1647 L1, 57 Je reçois des nouvelles lumières, et de nouvelles forces pour aller promptement au dernier état que Dieu me prépare. 178

15 février 1647 L 2, 35 Soyez donc comme une petite boule de cire entre ses mains, et soyez contente de ses divines dispositions. 182

16 février RMB Il faudra souffrir par notre retour à Rambervilliers 189

Monsieur, mon âme a reçu tant de forces et de consolations par la lecture de vos chères lettres 189

26 février RMB Vous êtes encore nécessaire pour sa gloire 190

Je vous dis en toute simplicité que ma santé est très bonne 192

1er mars 1647 M 2,44 (2.7.10) Il faut aspirer aux pures vertus. 193

Nous devons toujours prendre le parti de Dieu contre nous-mêmes. 193

1er mars 1647 M 2,45 (2.7.11) Vertu 194

Tant plus un homme est vertueux 194

Mars 1647 L1 La solitude est bonne, mais le Calvaire est préférable. 194

27 Février LMJ 196

1er Avril 1647 LMR Consoler nos Mères de Lorraine 196

7 Avril 1647 LMR Écrits de la bonne âme 198

1647 L 1,35 Le parfait abandon qui rend l’âme toute simple. 200

3 mai 1647 LMB M’anéantir à Caen 201

25 mai 1647 LMB J’ai tant d’affaires 203

2 Juin 1647 L 2,15 La vie présente fournit les occasions d’un continuel sacrifice. 204

15 Juin 1647 LMB Pour ce qui est de nos habits, je ne prendrai qu’une robe 206

15 juin 1647 L 2,36 Former Jésus-Christ dans les cœurs. 207

Août ou juillet (P 101) 1647 LMB Il me semblait que j’étais dans mon centre 209

12 décembre 1647 LMB Meilleure santé 210

L 2,47 Ma volonté me paraît perdue dans celle de Dieu. 211

25 Juin 1648 LMB Donner de vos nouvelles 212

19 Août 1648 LMB Maladie de Bernières 214

À Monsieur de Bernières, le 19 août 1648. Monsieur. J’ai reçu une lettre de notre bonne amie, la mère de Saint-Jean 214

24 Août 1648 LMB Meilleure santé... 215

A Monsieur de Bernières 24 août 1648 le jour Saint-Barthélemy. Monsieur. J’ai reçu les vôtres avec consolation de vous savoir en meilleure santé 215

7 Septembre 1648 LMB Une diversité de petites affaires 216

À Monsieur de Bernières, le 7 septembre 1648. Monsieur. Je pensais vous écrire amplement aujourd’hui et à notre chère Mère de Saint Jean 216

10 Septembre 1648 LMB 217

À Monsieur de Bernières, le 10 septembre 1648. Monsieur. Je ne vous saurais exprimer la force et la consommation que j’ai reçues par les vôtres dernières 217

28 Septembre 1648 LMB 218

À Monsieur de Bernières, le 28 septembre 1648. Monsieur. Ce petit mot seulement pour vous dire que j’ai reçu les vôtres toutes pleines d’onction 218

8 Octobre 1648 LMB 219

À Monsieur de Bernières, le 8 octobre 1648. J’ai reçu les vôtres du trois courant. Je vous rends mille et millions de grâces très humbles de votre charité 219

26 Octobre 1648 LMB Mauvaises nouvelles de Lorraine 221

À Monsieur de Bernières, le 26 octobre 1648. Monsieur. J’ai reçu les vôtres il y a huit jours et je pensais y faire un mot de réponse; mais deux ou trois petits embarras 221

5 Novembre 1648 LMB 223

À Monsieur de Bernières le 5 novembre 1648. Monsieur. J’ai reçu vos très chères lettres du 29 du mois passé. 223

7 Décembre1648 LMB Par les ténèbres et par la pauvreté 224

À Monsieur de Bernières le 7 décembre 1648. Monsieur. Ces mots ne sont pas pour vous obliger à nous répondre 224

15 Décembre 1650 L 2,53 Il faut obéir à Dieu et vous perdre pour Lui et en Lui entièrement. 225

M, J’ai reçu vos dernières dans lesquelles vous me mandez que Dieu seul nous doit suffire; 225

14 Février 1651 L 1,39 Il faut qu’un capitaine meure à la tête de sa compagnie. 228

M. Dieu seul suffit. Je répondrai brièvement à vos lettres premières et dernières 228

10 mai 1651 J’ai appris les discours que le père N. a fait de vous et de moi, et qui vous cause tant d’abjection. 231

Ma très chère soeur.Dieu seul et il suffit. J’ai appris les discours que le père N 231

29 juin 1651 … au reste ma très chère sœur 234

1651 L 3,49 Ce riche néant dans lequel on trouve tout. 234

M. Prenez courage, et continuez à vous avancer dans la mort de votre propre esprit et de vous-même 234

1651 L 2,54 -- Dieu seul doit suffire à une âme morte et anéantie… 235

M. Dieu seul doit suffire à une âme morte et anéantie. 235

26 Juillet 1652 LM à M. Boudon 238

Mon très cher frère, Dieu seul suffit! Le 26 juillet 1652. Je reçus hier votre chère lettre avec grande joie, mais la lecture d’icelle m’affligea sensiblement 238

2 janvier 1653 LMB Monsieur Picoté, prêtre de Saint-Sulpice, grand serviteur de Dieu, ami de notre très saint et très digne Père Chrysostôme 241

Monsieur, Je ne crois pas que nous soyons si fort dans le silence cette année que celle que nous avons passée. 241

9 janvier 1653 L Ne pas tant vous occuper à l’extérieur que vous ne donniez pour l’intérieur 245

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre unique pour le temps et l’éternité. Ce n’est pas à moi de dire mes sentiments d’une affaire si importante 245

19 Janvier 1653 L 2,20 La voie de pure souffrance est la meilleure. 246

Mon cher Père, Jésus soit notre unique vie. J’ai eu beaucoup de joie de recevoir de vos lettres dans lesquelles je remarque clairement la conduite de Dieu 246

10 Février 1653 M 2172 Cette sacrée obscurité est plus claire que la lumière même. 249

Quand l’âme est parvenue à un degré d’oraison où l’esprit humain se trouve perdu dans l’abîme obscur de la foi 249

23 février 1653 L 3,21 Continuellement je ne suis plus en moi, mais en Lui. 249

M. Je ne puis vous exprimer la joie que je reçois d’apprendre la ferveur et la fidélité 249

3 Mars 1653 L 2,21 C’est au Saint Esprit à qui vous devez demander direction et conduite. 251

Mon Très cher Père, Dieu seul suffit. Pour répondre à vos lettres que j’ai reçues aujourd’hui 251

24 Avril 1653 L 3,29 Qui vit en Dieu seul, voit en Dieu ses amis. 253

M. Jésus Ressuscité soit notre unique vie. Ces lignes sont pour vous réitérer les assurances de mes affections 253

20 mai1653 LM à M. Boudon Souffrir quelque chose pour son nom. 255

Mon très cher frère, 20 mai 1653. Je prie Notre Seigneur Jésus 255

Ce mot est pour vous témoigner la joie de mon cœur en ce qu’il a plu à Dieu vous rendre digne de souffrir quelque chose pour son nom. 255

1er Juillet 1653 L 3,42 Demeurer unis et abîmés dans cette infinie bonté. 256

Ma très chère Sœur, Jésus soit l’unique vie de nos cœurs. Quoique vous soyez éloignée, je crois que vous êtes présente à l’Ermitage 256

9 Août 1653 LMB J’ai mis en mains de Monsieur Boudon… 258

Monsieur, Ce 9 août 1653. Je vous fais ce petit mot pour vous assurer que j’ai mis en mains de Monsieur Boudon le livre que vous avez désiré 258

4 Septembre 1653 L 1,46 Dans la direction ne pas contraindre les âmes. 259

Avant février 1654 LMB Nous prendrons la croix 260

Je vous supplie me faire la faveur de faire savoir à notre très chère Sœur que nous prendrons la croix 260

22 Mars 1654 L 3,33 C’est une grande richesse que la pauvreté intérieure. 262

M. Jésus souffrant soit notre unique amour. J’ai grande joie qu’il ait fait notre union par providence particulière 262

29 Mars 1654 L’esprit de notre petit Ermitage. 264

Ma très chère Mère, Jésus soit l’unique vie de nos âmes. 264

13 Mai 1654 L 3,6 Il n’y a qu’à Le laisser faire. 269

M, Jésus soit l’unique Vie et la seule Lumière de nos âmes. 269

21 Août 1654 LMB Je vous reproche votre infidélité de n’être point venu à Paris avec Monsieur Bertaut 272

Ce 21 Août 1654. Je ne vous fais que ce mot étant encore bien faible d’une petite fièvre 272

15 septembre 1654 MB sur le père Eudes et Marie des Vallées [extraits] 273

J’ai reçu samedi l’honneur de la vôtre par laquelle vous avez la bonté de nous mander 273

us ne devez pas douter ma très chère sœur que je fasse mon possible17 Septembre 1654 L 3,55 Le seul appui est la pure foi 274

M. Puisque cette personne est avec vous, prenez-y garde. 274

14 Octobre 1654 L 2,39 Comme une petite étable de Bethléem. 277

Ma Révérende Mère, après avoir prié sur ce que vous me proposez en votre lettre au sujet de vos établissements 277

20 Octobre 1654 L 2,25 Un abrégé de la voie mystique. 278

Ma très chère Sœur, Jésus la Lumière essentielle soit notre unique conduite dans les voies de la sainte oraison. 278

possible pour aller vous voir cet été prochain 285

Jésus soit l’unique de nos âmes. Vo 285

Janvier 1655 Extrait d’une lettre que Monsieur de Bernières fit à notre vénérable mère 285

[…] S’il m’était permis de me regarder je serais affligée de son Établissement 285

Fin janvier 1655 J’attendais le retour de Mr de Montigny 286

J’attendais le retour de Mr de Montigny pour vous donner de nos nouvelles, 286

2 février 1655 L 2,40 Ce qui attire Jésus dans les monastères. 288

Ma Révérende Mère, Jésus soit l’unique de nos âmes. 288

27 Septembre 1655 L 3,27 Demeurer en Dieu et y vivre c’est un Paradis. 296

Jésus soit notre unique vie pour jamais 296

[1656] 298

3 Janvier 1656 L 3,13 Perte de l’âme en Dieu, la comparaison d’une rivière 298

Ma très chère Sœur, Jésus Christ soit notre unique vie. Je viens de recevoir vos dernières qui me consolent beaucoup 298

4 Août 1656 L 3,58 Quand Jésus, Soleil éternel, se lève au fond de l’âme. 302

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Vous m’avez obligé de me donner avis de la douleur de N 302

20 Novembre 1656 L 3, 36 Que nous soyons un jour tous fondu en Jésus. 305

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre mort, notre vie, notre néant et notre tout. 305

21 Novembre 1656 L 3,37 Le procédé simple et pauvre de Jésus-Christ. 310

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Nous vous envoyons la lettre de N. 310

23 Janvier 1657 L 3,15 De l’anéantissement mystique. 311

M. Pour ce qui vous regarde, nous n’avons rien à dire 311

9 Avril 1657 L 3,35 Tournez votre âme du côté de la confiance en Dieu. 313

Jésus soit notre tout pour jamais. J’ai fait réflexion sur ce que vous me mandez 313

9 Avril 1657 L 2, 24 C’est Dieu seul qui fait cet ouvrage. 315

Ma très chère Sœur, Jésus soit notre tout pour jamais. Je vous demande pardon 315

[1658] 319

30 janvier 1658. bâtir un monastère qui soit conforme à la demeure de Jésus-Christ au très Saint-Sacrement. 319

Je vous suis infiniment obligé Madame 319

Table des matières



37D. Lettres Bernières - Bertot

(50) Correspondance Bernières […] Bertot.docx

Table des matières

Jean de Bernières et l'Ermitage de Caen, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle. 3

Lettres & Maximes 3

Édition et Chronologie 4

Eclairer Bernières par Bernières 4

Les sources 4

Répartition des correspondances 7

Titres, sigles, corps de caractères 7

Correspondance 10

Lettres et Maximes suivant l’ordre chronologique 10

31 Mai 1645 L 1,18 Le Cœur seul de Jésus-Christ me pourrait suffire de lecture et de conférences. 10

4 juillet 1645 L 1,19 Cinq ou six personnes de rare vertu. 13

3 octobre 1645 L 1,21 Ce qui vient de la Providence est bien meilleur pour notre perfection, que ce que nous choisissons. 15

[1646] 18

1646 L 1,58 La seule vie en Dieu par un abandon et un écoulement en Lui m’est douce. 18

23 Août 1653 L 3,32 La vraie oraison c’est Dieu même en l’âme. 20

M. Je répondrai à vos dernières, sans faire réflexion sur ce que vous a dit Monsieur N. 20

17 Septembre 1654 L 3,55 Le seul appui est la pure foi 22

M. Puisque cette personne est avec vous, prenez-y garde. 22

14 Octobre 1654 L 2,39 Comme une petite étable de Bethléem. 25

Ma Révérende Mère, après avoir prié sur ce que vous me proposez en votre lettre au sujet de vos établissements 25

17 Octobre 1654 L 3,5 Autant on est détaché de toute choses, autant on est disposé à être uni à Dieu. 26

M. Jésus soit notre unique conduite, puisqu’il est la Lumière essentielle 26

L 3,61 Quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre. 28

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Autant que ma petite lumière me donne de discernement 28

11 Mars 1655 L 3,59 Ce Jour d’éternité est un jour de vérité 31

M. Je vous dirai pour réponse à vos dernières, que les faveurs et les dons de la gloire 31

14 Septembre 1656 L 3,25 Tant de goût et de saveur à être anéanti. 32

M. Je fus presque résolu hier de partir avec Monseigneur l’évêque de Kilala; 32

21 Janvier 1657 L 3,31 Les biens qu’apporte cette sorte d’oraison sont innombrables 36

M. Jésus la lumière éternelle soit notre unique conduite. 36

1 Juillet 1658 L 3,45 Vous êtes en chemin vers un pays qu’on appelle le néant. 39

M. Jésus soit notre tout pour jamais. Je viens de recevoir 39

7 Octobre 1658 L 3,48 Quand Dieu se manifeste Lui-même et révèle, ô quelle perte! Quel anéantissement dans une âme! 41

Jésus-Christ soit notre unique vie pour le temps et pour l’éternité. C’est Lui seul 41

10 Octobre 1658 L 3,44 Dieu écoulé dans votre fond sollicite et tire votre âme de passer du rayon en Lui seul. 46

Monsieur, Jésus soit notre tout pour le temps et pour l’éternité. Je reconnais par la lecture de votre dernière 46

31 Octobre 1658 L 3,50 Une différence très grande entre la lumière du rayon et la lumière du centre 50

Monsieur, Jésus soit notre unique tout pour jamais. J’ai lu avec attention votre dernière 50

12 Janvier 1659 L 3,46 C’est le trésor des trésors de se perdre en Dieu. 55

M. Jésus soit notre unique tout pour jamais. Comme je pensais répondre 55

24 Janvier 1659 L 3,43 Le seul ordre de Dieu nous donne Dieu seul. 57

M . Jésus seul soit notre unique conduite. Je reçus hier vos dernières lettres 57

Ici lettres issues de Arfuyen !

38.RENCONTRES AUTOUR DE MONSIEUR DE BERNIERES (1602 – 1659)

(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).doc

(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).pdf



Rencontres autour de Monsieur de Bernières (1603-1659) Mystique de l’abandon et de la quiétude, coll. « Mectildiana », Editions Parole et Silence, 2013, 594 p. [ce collectif assemblé par J-M. Gourvil & D. Tronc, regroupe les contributions de dom T. Barbeau, J. Dickinson, J.-M. Gourvil, I. Landy, dom J. Letellier, B. Pitaud, J. Racapé, dom E.de Reviers, D. Tronc, A. Valli.]

Redécouvrir Jean de Bernières

Parmi les mystiques du XVIIe siècle, Jean de Bernières (1602-1659) est une grande figure laïque. Son importance et la profondeur de sa vie intérieure égalent celles de figures religieuses qui le précèdent de peu : l’évêque pasteur des âmes François de Sales (1567-1622), le franciscain capucin Benoît de Canfield (1562-1610), le grand carme Jean de Saint-Samson (1571-1636), l’ursuline amie Marie de l’Incarnation fondatrice au Canada (1599-1672).

L’influence spirituelle et mystique de « Monsieur de Bernières » s’étendit non seulement auprès de ses dirigé(e)s, mais par ses écrits qui, arrangés et publiés peu après sa mort, rencontrèrent un succès inattendu. L’Intérieur chrétien devenu Le Chrétien intérieur bénéficia d’innombrables éditions. Cette influence très large a pu être comparée à celle exercée par L’introduction à la vie dévote de l’évêque de Genève. Bernières figure ainsi parmi les auteurs de spiritualité les plus lus au XVIIe siècle. L’un des éditeurs du Chrétien intérieur dit en avoir imprimé trente mille exemplaires.

Déjà de son vivant il fut une personnalité forte et appréciée. Trésorier de France il collabore à la fondation de nombreuses œuvres à Caen avec saint Jean Eudes et le baron Gaston du Renty. Il est membre influent de la Compagnie du Saint Sacrement. Dans une ville où les protestants et les jansénistes occupent une place importante, et qui connut de nombreux troubles politiques liés à la misère — en 1639 les « nu-pieds » se révoltent — Jean est reconnu comme un catholique artisan de paix. Mais alors que l’autre Jean (Eudes) fut canonisé, le fondateur de l’Ermitage devint suspect, car son oeuvre fut rattachée post-mortem en 1689 au corpus quiétiste (mais lui-même ne fut pas mis en cause) condamné au moment même d’une tentative de béatification à Rome ; ceci en bonne compagnie dont Benoît de Canfeld, confesseur de Monsieur Vincent, et Jean-Joseph Surin.

En effet, entre la disparition en 1659 de monsieur de Bernières et la fin du siècle, la méfiance vis-à-vis des expressions mystiques s’accroît. Le Crépuscule des mystiques, titre évocateur donné par Louis Cognet à sa célèbre étude de la crise quiétiste, marque un tournant dans l’histoire de la spiritualité et dans l’histoire des mentalités : un « univers dionysien » laisse place à l’exercice d’une rationalité moderne peu adaptée aux expressions d’un christianisme intérieur.

La redécouverte de la grande richesse spirituelle du début de l’époque moderne se fera au début du XXe siècle sous l’impulsion d’Henri Bremond. La volonté de sortir Jean de Bernières d’un relatif oubli participe de cette redécouverte des trésors de notre histoire. Car notre époque en recherche est sensible aux témoignages de vécus existentiels. C’est tout justement là où réside l’intérêt de la redécouverte de Bernières : n’ayant pas à tenir compte d’une appartenance à un ordre religieux, cet homme actif autant que contemplatif, se livre intimement et très simplement, toujours avec grande humilité, mais non sans manifester une ferme autorité.

Notre époque a ressuscité de grandes figures mystiques du XVIIe siècle : celles de Canfeld par les travaux d’Orcibal, de Surin par les travaux de Certeau, de Marie de l’Incarnation et de son fils Dom Claude par les travaux de Dom Oury. Si les travaux de Souriau (1913) et de Heurtevent (1938) sortirent Bernières de l’obscurité, il manquait une approche plus récente d’une spiritualité commune aux membres du cercle de l’Ermitage.

Une journée d’étude organisée autour du « Caennais Jean de Bernières mystique de l’abandon et de la quiétude » eut lieu le 13 juin 2009 au cœur de sa ville natale, dans l’église St Jean qu’il a si souvent fréquentée et dans laquelle il avait été inhumé au moment de la disparition du monastère des Ursulines à la fin du XVIIIe siècle. Trois cent cinquante années et un mois après la disparition du mystique le 3 mai 1659, cette première manifestation collective fut organisée à l’initiative de Jean-Marie Gourvil avec l’appui du Centre d’Études Théologiques de Caen et de la paroisse438. L’assistance à cette journée fut plus nombreuse que ses organisateurs n’étaient en droit d’espérer. Ce fut un signe de l’intérêt attaché aujourd’hui aux conditions permettant à tous d’exercer une vie mystique complète, active et contemplative tout à la fois, à la suite de la figure exemplaire de Jean.

Le présent ouvrage a été donc construit en complétant largement des matériaux recueillis lors de cette journée d’étude. Tandis que les auteurs de contributions orales ont depuis remanié leur texte, des études complémentaires ont été sollicitées auprès d’autres connaisseurs de Bernières et grands amateurs de ses écrits mystiques. Nous n’avons pas voulu restreindre leurs approches alors même qu’elles privilégient tel disciple plutôt que le maître, car elles illustrent ainsi son rayonnement.

Les amis de Jean de Bernières se retrouvent ainsi rassemblés. Ils honorent celui dont Bremond déclarait qu’il « ne pense pas autrement que l’unanimité des grands mystiques, depuis le pseudo Denys jusqu’à saint Jean de la Croix »439.

Un premier ensemble de deux contributions expose des fondamentaux nécessaires pour SITUER « MONSIEUR DE BERNIERES » : John A. Dickinson présente le cadre normand caractérisé par une dureté des temps et des politiques. Dom Joël Letellier développe en une large fresque l’entourage humain sur lequel Bernières exerça sa profonde influence puis évoque les principaux thèmes de ce « chrétien intérieur. » Le lecteur prendra ici déjà connaissance de nombreux textes issus de ce dernier440.

Un second ensemble comporte quatre contributions qui présentent les rapports entre JEAN ET SES AMIS SPIRITUELS. Quatre regards convergent ainsi à partir de ces figures vers l’animateur du cercle de l’Ermitage. Il s’agit de l’ursuline Marie de l’Incarnation (du Québec), de l’évêque François de Laval, de la bénédictine fondatrice Mectilde de Bar et du prêtre Jacques Bertot. Plus précisément Isabelle Landy-Houillon s’attache à la présence de Jean dans les écrits de Marie de l’Incarnation et de son fils Dom Martin. Dom Thierry Barbeau nous introduit au bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec ainsi qu’à la réplique de l’Ermitage fondée en Nouvelle-France. Le père Bernard Pitaud présente des extraits de la correspondance de la direction spirituelle de Mectilde puis s’attache à l’évolution de cette grande figure fondatrice. Enfin, nous sommes heureux de franchir le cercle francophone grâce à la contribution d’Annamaria Valli, sœur de l’ordre fondé par Mectilde.

Le troisième ensemble présente JEAN DANS SON SIÈCLE. Il comprend deux contributions qui s’attachent aux influences reçues et exercées par delà les figures amies précédentes. Jean-Marie Gourvil présente un Bernières actif soutien des pauvres et rattache notre Trésorier de France dans la grande tradition mystique commune aux Églises chrétiennes qui s’efface avec la condamnation des mystiques et l’enfermement des pauvres à la fin du XVIIe siècle. Dominique Tronc rappelle les influences reçues d’un directeur franciscain puis celles exercées sur divers membres du cercle de l’Ermitage et de leurs descendants à travers des filiations spirituelles.

L’ouvrage ne pouvait se refermer sans LIRE JEAN DE BERNIERES. Dom Éric de Reviers nous propose une lectio autour de trois thèmes : « Dame Pauvreté », le Saint Abandon, l’Oraison mystique. Cette présence de monsieur de Bernières par des extraits de lettres de direction — après les larges citations offertes par Dom Joël Letellier et par le père Bernard Pitaud — est complétée hors correspondance par les lectures qui furent faites en l’église Saint-Jean de Caen à la fin de la journée d’étude.

Enfin des « Sources bibliographiques » soulignent l’importance des travaux de Charles Berthelot du Chesnay et de Paul Milcent, deux disciples récents de saint Jean Eudes qui fut un ami de Jean de Bernières, puis décrit des éditions anciennes, propose les rééditions disponibles et un choix d’études.

Le présent recueil constitue ainsi tout à la fois une étude et un florilège de notre spirituel, en une tresse associant citations, gloses, approches historiques. Des regards indépendants convergent vers l’auteur à partir d’amis qu’il sût rassembler en son Ermitage. Le corpus de son œuvre sera rendu entièrement disponible lorsque le volume de la Correspondance complètera celui des Chrétiens récemment paru.

Il reste pour nos successeurs à approfondir de nombreux thèmes : « Bernières et l’Ecole Rhéno-flamande. » ; « L’Ermitage fut-il un béguinage ? » ; « La grande diversité spirituelle d’amis collaborant à une même œuvre » ; « Bernières et Marie des Vallées » (leurs deux noms sont gravés sur la grande cloche du séminaire de Coutances fondé par saint Jean Eudes…) ; un « Bernières et Thérèse de Lisieux » et, pourquoi pas, un « Bernières et l’hésychasme oriental ».

Mieux comprendre Bernières c’est revenir au témoignage d’une vie mystique vécue par un laïc intégré dans la Cité. La rupture culturelle de la fin du XVIIe siècle marque encore notre mentalité et rend difficile l’accès à une vie ouverte sur le christianisme intérieur et sur sa grande tradition mystique. En approchant « monsieur de Bernières » nous nous intégrons dans la Paradosis trop oubliée.

J-M.G & D.T.



[Contributions : pp.17-589, v. Table]

Jean de Bernières, sources et influences sur l’histoire de la spiritualité

La contribution à la journée d’étude organisée en 2009 autour du « Caennais Jean de Bernières mystique de l’abandon et de la quiétude »  constitua l’amorce de l’étude sur l’auteur et son école qui figure au début du premier volume des oeuvres de Jean publié deux années plus tard aux Éditions du Carmel441. La communication sous sa forme écrite que l’on va lire reprend donc une bonne partie de cette étude,442 mais expose en plus les influences qui s’exercèrent au-delà du Royaume de France et des milieux catholiques et n’avaient pu trouver place dans cette étude. Elles s’exercèrent tout au long du XVIIIe siècle et au début du siècle suivant.

Les sources puis les influences sur l'histoire de la spiritualité sont exposées ici en trois parties :

I. Influence par des écrits : le succès de librairie d’une œuvre construite post-mortem à partir de lettres assura le rayonnement du mystique en son siècle.

II. Sources et influence directe d’ « Amis spirituels » au XVIIe siècle : les écrits n’ont qu’une influence indirecte, donc modeste, lorsqu’il s’agit de la vie la plus intime. S’attacher aux rapports directs entre mystiques vivants situe Jean au sein d’un réseau issu du franciscanisme puis montre son influence sur ses amis puis ses cadets. Les habitués de l’Ermitage fondèrent « l’école du Pur Amour ». Les traces restent visibles sur la durée du siècle, puisque ses acteurs pouvaient agir au grand jour avant la condamnation du quiétisme par le bref Cum alias en 1699. Ceci justifie le titre attaché au dernier volet :

III. « Rivières cachées » aux siècles suivants. Une condamnation d’origine politique ne peut tarir un courant spirituel qui dépend peu des hommes. Le rejet fit partie d’une remise en ordre générale du Royaume par un Louis XIV confronté aux protestants, opposé aux jansénistes, certes indifférent à toute « mystiquerie », mais laissant pleine liberté à Mme de Maintenon. Les mystiques se cachèrent donc, mais nous relèverons quelques résurgences qui indiquent le parcours de divers ruisseaux souterrains actifs durant les trois derniers siècles.

I. Un succès éditorial

Jean de Bernières n'a écrit ou dicté que des lettres outre quelques notes personnelles prises au cours de retraites. On a fabriqué le Chrétien Intérieur en les assemblant avec toute la liberté permise à l’époque.

Les éditions furent un succès de librairie à l’origine d’un célèbre procès entre éditeurs : ainsi l’Intérieur Chrétien devint l’année suivante le Chrétien Intérieur aux multiples impressions durant le XVIIe siècle : « Le Chrétien Intérieur … publié en 1661 … atteint dès 1674 sa quatorzième édition et la même année le libraire Edme Martin estime qu’il en a vendu trente mille exemplaires ».443 Les impressions se poursuivirent aux deux siècles suivants avant de cesser depuis le milieu du XIXe siècle.444

Les deux Chrétiens atteignent un public large car ils sont faciles à lire. Ils présentent peu d’idées neuves, mais sont pleins d’onction. Car un choix, orienté par un « co-rédacteur » parfois doloriste, adapte le grand mystique à l’esprit de son temps. Aussi le titre apparaît-il dans des bibliothèques très réduites. Ainsi la « veuve de Pierre Helyot445 … détient les Fleurs des saints en deux volumes in-folio, le Chrétien Intérieur de Bernières-Louvigny, une Explication des cérémonies de la messe et une quinzaine d’autres petits livres de dévotion dont … une préparation à la mort »446.

L'histoire à rebondissements provoqués par le succès du premier titre — Intérieur Chrétien (1659), rapidement devenu Chrétien intérieur (ce dernier selon deux versions : « primitive » de 1660 et « tardive » de 1676) — a été décortiquée avec soin et sagacité par Heurtevent et Luypaert447. Les deux Chrétiens sont suivis d’Œuvres spirituelles (1670) distinctes et fiables, enfin de Pensées (1676). La brève synthèse suivante porte sur les acteurs, la pièce jouée, la revue des principales éditions selon « une étoile à quatre branches ».



Les acteurs principaux à l’origine des éditions

Il faut citer en premier lieu Jourdaine de Bernières (1596-1645), qui entra au couvent des Ursulines, construit magnifiquement en 1624 avec l’argent de la famille. Dirigée par son cadet, elle devient supérieure du couvent dès 1630 et fit montre d’une belle autorité qui put s’accompagner de conseils pittoresques : ainsi à propos d’une novice à éprouver, écrit-elle : « Mettez-la à bouillir… » 448.

D’autres religieuses du même couvent auront également un rôle déterminant : la Mère Michelle Mangon, une grande spirituelle cachée, amie du père Chrysostome de Saint-Lô, ainsi que la Mère de Saint-Charles. Outre ces ursulines qui tentent de contrôler la situation, de 1659 à 1677 opèrent trois personnages masculins en relation avec les éditeurs :

Nicolas Charpy de Sainte-Croix, figure littéraire assez connue à l’époque, fut choisi pour assurer le succès d’une première édition. Courtisan auprès des Grands, de Mazarin en particulier, Charpy révélera un caractère aventurier après sa disgrâce.

Le père Louis-François d’Argentan (1615-1680), franciscain capucin attirera toujours l’attention des admirateurs de Bernières à la suite de son activité opiniâtre d’éditeur-rédacteur. Jean Yver fût admis au noviciat des capucins sous le nom de Louis François d'Argentan. Un an après, il fit profession et ses supérieurs l'envoyèrent au couvent de Falaise. Il y demeura jusqu'en 1638 et, à cette date, revient au couvent d'Argentan. En 1641, le père Louis-François était lecteur de philosophie au couvent de Caen, tout en prenant part aux missions prêchées dans la contrée. De 1653 jusqu'à sa mort, il est deux fois provincial, deux fois définiteur, commissaire général, gardien de plusieurs couvents et, malgré tout, il s'adonne à une prédication ininterrompue449. Il rédige lui-même de nombreux écrits. Ceci explique son rôle encombrant qu’il assuma en réécrivant Bernières. Dans son œuvre propre il en fut un abondant, mais pâle imitateur450. Glanons cependant chez lui un reflet du maître451 :

Ne considérez pas l’humanité seule, ni aussi la divinité seule séparément, ou l’une après l’autre Si donc elle contemple l’une et l’autre ensemble, il faut qu’elle ait des images et qu’elle n’en ait point en même temps, et dans la même simple vue ; ce qui semble impossible Il participe à nos faiblesses et nous participons à Sa force vous Le contemplez souffrant et mourant en vous-même, bien mieux et plus distinctement que vous ne pourriez Le considérer endurant en Jérusalem et sur le Calvaire. [I, 268-272].

Le père Robert de Saint-Gilles ( ?-1673), de l’ordre des minimes452, chargé de l’édition des Œuvres spirituelles… qui paraissent en 1670, succéda en 1667 à Dom Quinet comme Visiteur du couvent. Il était le frère de la Mère Michelle Mangon.



La pièce jouée

Contons-là au présent pour en rendre toute la vivacité : La première publication cherche à mettre en valeur quelques écrits de Bernières sous l’autorité de Nicolas Charpy de Sainte-Croix : L’Intérieur chrétien … par un Solitaire, paraît à Paris chez Cramoisy en 1659. Charpy signe l’ « Épitre à Jésus-Christ » ouvrant le petit volume comportant quatre livres aux courts chapitres. Très probablement d’Argentan opère sous son autorité, agissant en intermédiaire entre le couvent des ursulines où devaient se trouver les sources, et l’homme de lettre auquel on a fait appel pour assurer le succès de l’édition.

Le succès dépasse les espérances. D’Argentan assemble alors hâtivement des sources qui s’avèrent beaucoup plus considérables que ce qui venait d’être publié. Le Chrétien intérieur … par un Solitaire [d’Argentan], paraît à Rouen en huit livres chez Grivet en 1660.

Survient un procès prévisible entre deux éditeurs. Les titres étaient trop proches même si les contenus différaient largement : 531 pages pleines succédaient à 165 pages aérées ! L’éditeur rouennais Grivet est condamné (toutefois sans amende) et l’éditeur parisien Cramoisy devient propriétaire des deux titres avec une exclusivité de neuf ans. Ce dernier est donc le grand gagnant car il va pouvoir rééditer de nombreuses fois le Chrétien : non pas selon sa propre forme initiale courte, mais selon la version ample en 8 livres compilée par d’Argentan et publiée chez son adversaire, le perdant ! Le même titre sort donc successivement chez deux éditeurs ennemis ce qui n’a pas peu contribué à obscurcir l’historique éditorial.

Il faut donc attendre 1670 pour toute initiative possible de la part des perdants, les ursulines et le maladroit d’Argentan. Il avait de plus publié hâtivement son deuxième Chrétien et son assemblage manquait de plan et d’équilibre. La sœur de Jean, Jourdaine de Bernières, est probablement fort mécontente du « gel » imposé pendant neuf ans à la suite d’une précipitation initiale. Les urulines cherchent ailleurs et ont recours au frère de la Mère Michelle Mangon, le minime Robert de Saint-Gilles.

Mais à la date libératoire, un Official janséniste persécute les Ursulines de Jourdaine (l’interdit est jeté sur le couvent !), tandis que meurt la Mère Mangon. Cela fait perdre un peu de temps, celui nécessaire à la communauté pour sortir des épreuves. Robert — sous un titre passe-partout d’Œuvres spirituelles ne prêtant guère à contestation — publie enfin des lettres soit cachées (premier tome de Maximes), soit ouvertement (deuxième tome de Lettres). Elles sont très précieuses car peu remaniées et datant souvent de la fin de vie de Bernières, rendues disponibles par la mort de Jourdaine qui les avait gardées sept ans. On est en 1670. Robert meurt en 1673.

Lors de la réédition en 1675 des Œuvres spirituelles, les Maximes sont annotées en marges pour indiquer les dates des lettres dont elles sont extraites — heureuse initiative de la nouvelle Mère de Saint-Charles. En 1676 paraissent en adjonction au Chrétien, les Pensées…, assez proches de lettres dont elles sont issues.

Enfin, dernier épisode, d’Argentan publie en 1677, sous son nom et non plus sous celui d’un « Solitaire », sa version « améliorée » : Le Chrétien intérieur … par le R.P. Louis-François d’Argentan, en deux tomes et dix livres.



Une étoile à quatre branches

Les éditions dont nous venons de décrire l’histoire tourmentée ont été établies fort librement à partir de manuscrits rassemblés à la mort de Bernières. Quatre tomes manuscrits (deux utilisés pour le Chrétien ? deux ajoutés postérieurement et couvrant les années de la fin de vie de Bernières ?) se seraient égarés au début du XVIIIe siècle453. Pierre-Daniel Huet, caennais né en 1630, le savant évêque d’Avranches qui avait la réputation méritée d’être un observateur scrupuleux, atteste les avoir vus454. Il se plaint à juste titre du travail de réécriture par Louis-François d’Argentan :

 J’ai lu exactement tous les livres de M. de Bernières … Ses écrits furent abandonnés au Père Louis-François qui les tourna à sa mode, et c’est de quoi je me suis plaint. Le Chestien Intérieur est de ce genre455.

À notre époque on peut heureusement tirer parti de publications (textes de Chrysostome de Saint-Lô édité par Bernières) ou de lettres non publiées (copies en possession des Bénédictines du Saint-Sacrement). L’ensemble doit inclure la formation de Bernières, par son maître Chrysostome, puis les directions du même Bernières qui échange avec ses proches. Jean transmet ce qu’il a reçu à Mectilde du Saint Sacrement, à Bertot, à des figures devenues canadiennes, etc. On a malheureusement perdu la correspondance avec la vénérable Mère Marie de l’Incarnation.456

Les éditions furent très nombreuses car la technique des presses manuelles de l’époque ne permettait de tirer, généralement en un mois pour un titre, qu’entre cinq cents et douze cents exemplaires. Les caractères en plomb, principale richesse d’un éditeur (avec le stock imprimé non relié), étaient constamment réemployés 457. Ceci (et le fait de l’activité indépendante de reliure permettant facilement de modifier l’assemblage d’imprimés non reliés, l’adjonction de correctifs, etc.) explique la multiplicité des éditions et les variations si souvent constatées entre éditions. Ce qui exige de ne pas s’en tenir aux seuls titres et justifie d’en décrire très attentivement les contenus. Nous renvoyons pour celles de Jean de Bernières à la « Description des éditions anciennes » donnée en annexe de ses Œuvres mystiques 458.

La multiplicité des éditions du Chrétien se ramènent en fait à trois sources (« Trois frères chrétiens ») : Intérieur Chrétien de 1659, Chrétien Intérieur « primitif » de 1660, Chrétien Intérieur « tardif » remanié de 1676. Indépendamment s’ajoutent des Œuvres spirituellesMaximes et Lettres. (« Un cousin »).

Les trois familles du Chrétien se distinguent par de considérables différences de taille459. Aux ajouts — nouvelles sources et amplifications — correspond une baisse de la fidélité aux sources provenant des dictées de Bernières, et donc de qualité, car d’Argentan était bien moins doué que son maître, comme il a l’honnêteté de l’avouer en évoquant ses propres écrits dans l’édition de ceux de son maître :

À mon grand regret, elles [ses Conférences théologiques] n’allument pas, ce me semble, un si grand feu dans la volonté, parce qu’elles n’ont pas cette abondance de l’onction divine, qui se fait goûter par tout le Chrétien Intérieur … qu’il n’est pas en notre pouvoir de donner à nos paroles, si le saint Esprit ne répand sa grâce sur nos lèvres460.

Le « co-auteur » d’Argentan nous renseigne avec candeur sur son traitement des écrits de Bernières suggérant ainsi un large travail de réécriture :

Il y a beaucoup de redites [de Bernières] … étant vrai que les lumières et les affections que la grâce répand dans une âme, sont bien souvent les mêmes, sinon qu’elles se perfectionnent toujours dans la suite, et qu’elles la font passer dans des états bien plus purs et plus élevés. Mais on n’y voit pas cette variété de pensées, de matières, ni de sujets qui divertit dans les autres livres, et qui empêche que la lecture n’en soit ennuyeuse. Il a fallu débrouiller tout cela avec assez de fatigue et mettre quelque ordre où il n’y en avait aucun. Et après tout, il s’y trouvera encore peut-être, un peu trop de répétitions…

N'attendez pas dans ce petit livre [du Chrétien] une disposition si régulière, ni une liaison si juste des matières qu'il traite. Il [Bernières] ne parle pas pour instruire personne, il va où Dieu le conduit, et bien heureux qui le pourra suivre. Et ne m'accusez pas si je n'ai pas été si exact à écrire tout ce qu'il a dit sur un sentiment que j'ai quelquefois trouvé plus étendu qu'il ne fallait ; ou si j'ai d'autres fois ajouté quelques lignes du mien quand Dieu m'en a donné la lumière et que j'ai cru qu'il était nécessaire pour un plus grand éclaircissement461.

Face à l’édition des Œuvres spirituelles viennent se greffer aux Chrétiens l’ajout de Pensées à partir de 1676. De l’autre côté, la source de la composition de Maximes à partir de lettres est signalée par les ajouts marginaux de dates, mais seulement lors de leur réédition de 1675 en premier tome des Œuvres spirituelles (à l’origine il fallait se placer à la hauteur des Chrétiens en proposant une « œuvre » et pas seulement les lettres du second tome).

En résumé, ce qui fut tardivement édité sous le nom d’ Œuvres spirituelles … Maximes Lettres (au nombre de 175) est souvent de première qualité. Cet ensemble est beaucoup moins connu que les Chrétiens mais plus fiable462. Les mêmes lettres ne sont pas utilisées dans les Chrétiens et dans les Œuvres463. On n’oubliera pas l’adjonction tardive de Pensées au Chrétien. Il faudrait enfin y ajouter « près d’une centaine de lettres » localisées par Heurtevent qui prévoyait dès 1938 leur édition464. De qualité moindre vient L’Intérieur Chrétien de 1659 et Le Chrétien Intérieur en huit livres de 1660 (le livre VII est toutefois remarquable). Car un an après le décès de Bernières, d’Argentan n’a pas eu le temps de réécrire son maître, ce qui console du plan défectueux ! Enfin en dernier vient Le Chrétien Intérieur de 1677 largement tributaire d’un d’Argentan peu inspiré mystiquement.

II. Des « amis » spirituels

En fait il s’agit d'un réseau étoilé reliant en tous sens diverses figures amies. Nous privilégions la chaîne centrale liant Chrysostome de Saint-Lô à Jean de Bernières, ce dernier à « Monsieur Bertot » puis ce prêtre mystique à Jeanne-Marie Guyon… Nous ne faisons ici qu’effleurer le sujet (rien qu’en ce qui concerne la « branche guyonienne »465, il existe une seconde chaîne passant par Jean Aumont « Le pauvre villageois » et par Archange Enguerrand « le bon franciscain »). Bien des études restent à entreprendre, poursuivant la tâche entreprise par le P. Charles du Chesnay 466.

Il s’agit en fait d’un courant qui passe des aînés aux cadets, où des figures à fort relief comme Bernières puis plus tard comme Guyon et Fénelon apparaissent aux nœuds de multiples liens. Aucun « n’invente » quoi que ce soit, mais il transmet ce qu’il a reçu. Jean de Bernières reçoit d’une très ancienne tradition franciscaine incarnée par « notre bon Père Chrysostome », avant d’être influent sur Mectilde de Bar, Jacques Bertot, de nombreuses figures dont les canadiennes. On n’oubliera pas les « frères » plutôt que disciples que sont Gaston de Renty, saint Jean Eudes…



Jean se rattache à une tradition franciscaine

Jean est disciple de Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) du Tiers Ordre Régulier franciscain et fit partie du Tiers Ordre laïc étroitement connecté au réguliers, comme nous le rapporte l’historien de l’ordre Jean-Marie de Vernon :

Le sieur de Bernières de Louvigny de Caen éclate assez par son propre lustre, sans que ma plume travaille pour honorer sa mémoire. Son livre posthume publié sous l'inscription du Chrétien intérieur avec tant de succès, est une étincelle du feu divin qui l'embrasait. Les lumières suréminentes dont son esprit était rempli, n'ont pas pu être toutes exposées sur le papier ni dans leur entière force : comme il était enfant de notre Ordre dont il a pris l'habit [nos italiques] ; aussi en a-t-il tendrement aimé tous les sectateurs 467.

Quand il s’agit d’éditer une « œuvre » à partir de ses lettres, on fait appel à d’Argentan capucin, puis à un minime, ordre assez proche des franciscains. Et plus tard la liste des membres majeurs de l’école du Pur Amour souligne une forte présence franciscaine468.

Membre de la confrérie confidentielle de la « sainte Abjection » fondée sous l’impulsion du P. Chrysostome, unissant des amis tous pénétrés de révérence envers la grandeur divine, Jean fut dirigé fermement. Il est très important de saisir l’esprit intime qui les anime. Voici un échange de lettres469 :

Mon révérend père470,

Je me suis trouvé depuis quelques semaines dans une grande obscurité intérieure, dans la tristesse, divagation d'esprit, etc. Ce qui me restait en cet état était la suprême indifférence en la pointe de mon esprit, qui consentait avec paix intellectuelle à être le plus misérable de tous les hommes et à demeurer dans cet état de misère où j'étais tant qu'il plaira à notre Seigneur.

Réponse :

J'ai considéré votre disposition. Sur quoi, mon avis est que cet état de peine vous a été donné pour vous disposer à une plus grande pureté et sainteté intellectuelle par une profonde mort des sens est une véritable séparation des créatures. Je vous conseille durant cet état de peines :

1. De vous appliquer davantage aux bonnes oeuvres extérieures qu'à l'oraison,

2. Ayez soin du manger et dormir de votre corps,

3. Faites quelques pèlerinages particulièrement aux églises de la Sainte Vierge,

4. Ne violentez pas votre âme pour l'oraison : contentez-vous d'être devant Dieu sans rien faire.

5. Dites souvent de bouche : je veux à jamais être indifférent à tout état, ô bon Jésus, ô mon Dieu, accomplissez votre sainte volonté en moi, et semblables. Il est bon aussi de prononcer des vérités de la Divinité, comme serait : Dieu est éternel, Dieu est tout puissant, et de la sainte Humanité, comme serait : Jésus a été flagellé, Jésus a été crucifié pour moi et par amour. Ce que vous ferez en corps que vous n'ayez aucun goût en la prononçant, etc.

Le P. Chrysostome n’hésite pas à éclairer Jean inquiet sur une oraison devenue « abstraite » après les ferveurs anciennes :

J'ai lu et considéré le rapport de votre oraison. …

1. Souvenez-vous que d'autant plus que la lumière monte haut dans la partie intellectuelle et qu'elle est dégagée de l'imaginaire et du sensible, d'autant plus est-elle pure, forte et efficace, tant en ce qui est du recueillement des puissances qu'en ce qui est de la production de la pureté.

2. Quand vous sentirez disposition à telles lumières, rendez-vous entièrement passif.

3. Souvenez-vous qu'aucune fois cette vue est si forte qu'au sortir de l'oraison le spirituel croit n'avoir point affectionné son objet, ce qui n'est pas pourtant. Car la volonté ne laisse pas d'avoir la tendance d'amour, mais elle est comme imperceptible, à cause que l'entendement est trop pénétré de la lumière.

4. Enfin, souvenez-vous que dans cet état, il suffit que la lumière soit bonne et opérante, et il n'importe que l'entendement et la volonté opèrent également ou qu'une puissance absorbe l'autre. Il faut servir Dieu à sa mode dans telle lumière qui ne dépende point de nous. […]

Mais aussi bien Chrysostome répond à des questions touchant la vie pratique, par exemple en réponse au désir de solitude éprouvé par Jean :

Divisez votre temps et tendez de ne vous donner aux affaires que par nécessité, prenant tout le temps qu'il vous sera possible pour la solitude de l'oratoire. O cher frère, peu de spirituels se défendent du superflu des affaires. O que le diable en trompe sous des prétextes spécieux et même de vertu. […]

Puis Jean devenu à son tour directeur d’âmes demande l’avis de son maître :

Comment dois-je conseiller les âmes sur la passivité de l'oraison. Les y faut-il porter et quand faut-il qu'elles y entrent et quels en sont les dangers ?

Réponse :

Ordinairement le spirituel ne doit pas prévenir la passivité. Je dis ordinairement, d'autant que s'il travaille fortement il pourrait demeurer quelque peu de temps sans agir, s'exposant à la grâce et à la lumière, et éprouver, de temps à autre, si telle pauvreté lui réussit. Benoît de Canfeld en son Traité de la volonté divine, est de cet avis. Je crois néanmoins que celui qui s'en servira doit être discret et fidèle. […]

L’adhésion à une sévère rectitude permet une transmission mystique dont Bernières témoignera chaleureusement :

Ce me serait grande consolation que nous puissions parler de ce que nous avons ouï dire à notre bon Père puisque Dieu nous a si étroitement unis que de nous faire enfants d’un même Père Savez-vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu ? 471.

On a beaucoup insisté sur le caractère sévère de Chrysostome de Saint-Lô et certes Bernières prendra « à la lettre » ses injonctions :

Le père Jean-Chrysostome lui avait écrit que l’actuelle pauvreté était le centre de sa grâce Ce sentiment d’un directeur adressé à un disciple en augmentait les ardeurs d’une manière incroyable. Ainsi il commença tout de bon à chercher les moyens d’être pauvre. Mais comme son bon directeur n’était plus ici-bas il ne trouvait presque personne qui ne s’y opposât 472. 



Jean est conseillé par des amies mystiques

Bernières a peut-être eu à surmonter un tempérament scrupuleux, mais il bénéficia des conseils de plusieurs mystiques amies (citées ici suivant l’ordre chonologique) :

La simple, mais sainte « sœur » Marie des Vallées (1590-1656) reçoit chaque année à Coutances la visite de membres de l’Ermitage et ses « dits » sont consignés :

Ces conseils ont été donnés apparemment à Mr. de Bernières … ou à quelqu’un de leurs amis, qui avaient tous une grande estime pour cette fille, et l’allaient voir ordinairement une fois par an. Sur le don d’anéantissement ou de la foi nue, l’emploi pour le prochain, la présence réelle de Jésus-Christ, la conversation en esprit et en silence, la communication essentielle de Dieu : 1. Cette Servante de Dieu étant consultée par un Serviteur de Dieu473, elle lui dit d’avoir courage, qu’il n’est point arrivé, mais qu’il est en chemin ; qu’il faut laisser aller les personnes qui ont des lumières et des beaux sentiments, que ce n’est point là sa voie… 2. Elle a dit qu’elle ne peut rien faire ni penser, sinon demeurer dans sa maison qui est le néant… 3. Elle m’a dit quantité de fois, vous voilà en beau chemin, Dieu vous y conduise…474.

Et nous dit Jean Eudes :

Dans un voyage que M. de Bernières fit à Coutances, pendant qu’il y fut il alla souvent prendre son repas chez M. Potier où était la sœur Marie. Or l’un et l’autre firent dessein d’envoyer quérir du sucre et quelque autre petite délicatesse, afin de le mieux traiter, mais lorsqu’il était présent, ils ne s’en souvenaient point du tout ; et quand il était parti, ils étaient fâchés d’y avoir manqué, mais pourtant ils oublièrent encore par après, excepté un soir qu’ils l’attendaient et qu’ils se souvinrent bien, mais cette fois il ne vint pas. Ensuite de cela, comme la sœur Marie se plaignait de leur peu de mémoire, Notre Seigneur lui dit : « C’est ma divine volonté qui en a ainsi disposé. Elle veut que vous lui aidiez à marcher dans le chemin de la perfection. Toutes ces choses ne sont que des retardements, excepté quand on en use par infirmité ou par quelque autre bonne raison. [320]475.

Bernières, après avoir conduite à Dieppe Marie de l’Incarnation [Guyart] pour son départ au Canada, restera un correspondant préféré mais les longues lettres « de quinze ou seize pages » sont perdues :

Ses lettres ne traitaient pour la plupart que de l’oraison … Il [Bernières] en faisait une estime singulière. Il me dit qu’il avait connu bien des personnes appliquées à l’oraison … qu’il n’en avait jamais vu qui en eût mieux l’esprit, ni qui en eût parlé plus divinement.476.

Notre Mère est une seconde sainte Thérèse … C’est aussi le sentiment de Monsieur de Bernières … quoiqu’il y eût peu de personnes éminentes en oraison qui n’eussent communiqué avec lui … je lui ai néanmoins entendu dire qu’il n’avait jamais vu de personnes élevées au point où était la mère de l’Incarnation.477.

On ne peut donc que supposer un échange fructueux avec la mystique ursuline en remarquant que Marie Guyart reçoit des « communications de pur amour » avant la fin 1626 et qu’elle est déjà fort avancée mystiquement lors de sa rencontre avec Jean au printemps 1639478. Nous pensons qu’elle fut une « aînée » conseillère, notant l’approfondissement ultérieur de Jean de l’abjection à l’abandon.

La bénédictine Charlotte le Sergent (1604-1677), figure cachée au sein du couvent de Montmartre, « sublime » mystique pour Bremond479, soutint Bernières (et bien d’autres dont Mectilde de Bar) :

Persuadé que Dieu l’éclairait sur la conduite d’autrui, on la consultait de tous côtés et même des personnes qui d’ailleurs étaient fort éclairées : comme Monsieur de Bernières… Elle lui dit entr’autres choses … « il m’a semblé que votre âme se rabaissait par trop en réfléchissant sur elle-même, et sur les opérations divines dans son intérieur. Elle doit être à mon avis plus simple et s’attacher uniquement à l’Auteur de cet ouvrage et non pas à ses effets. Il vous doit suffire de lui laisser une pleine liberté d’agir à sa mode et selon son bon plaisir… »

Monsieur de Bernières étant pressé d’abandonner toutes choses et d’entreprendre une vie pauvre et réduite à la mendicité … [reçut cette réponse :] Votre esprit naturel est agissant et actif … vous devez demeurer indifférent à tout … seulement vous humilier. C’est en ce point que consiste la pauvreté d’esprit dans ce vide et dans ce dénuement de toute propre élection…480.



L’influence de Jean sur ses proches

Saint Jean Eudes (1601-1680) est du même âge et leur amitié durera longtemps. Le fondateur des Eudistes illustre l’esprit actif de tous les membres de l’Ermitage. Il faut mettre ici en doute l’opposition entre actifs et contemplatifs : le « préquiétiste » Bernières s’usera à la tâche. En fait la distinction s’avère secondaire dès lors que l’ascèse ne prend pas la place de la charité : il s’agit de différences subtiles comme celles qui font le charme des fleurs d’une même famille.

De concert avec Gaston de Renty (1611-1649), autre mystique laïc, grand seigneur qui passe des armes et des sciences à l’exercice de la charité, Bernières contribue à la fondation d’hôpitaux, de couvents, de missions et de séminaires :

Il paye de sa personne, car il va chercher lui-même les malades dans leurs pauvres maisons, pour les conduire à l’hôpital porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui. 481.

Une histoire souvent reprise illustre un esprit de liberté et d’indépendance que l’on ne trouve pas toujours explicite dans les écrits retravaillés de Jean : Mme de la Peltrie ( -1671), veuve, aussi généreuse qu’originale, veut fonder une maison religieuse au Canada. Sa famille s’y oppose, elle consulte un religieux qui suggère l’expédient d’un mariage simulé. La proposition est présentée à M. de Bernières, ce « fort honnête homme qui vivait dans une odeur de sainteté ». Ce dernier consulte son directeur : « Celui qui le décida fut le Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô Finalement Bernières se décida, sinon à contracter mariage du moins à se prêter au jeu en faisant demander sa main. La négociation réussit trop bien à son gré. Au lieu de lui laisser le temps de réfléchir, M. de Chauvigny [le père], tout heureux de l’affaire « faisait tapisser et parer la maison pour recevoir et inspirait à sa fille les paroles qu’elle lui devait dire pour les avantages du mariage »482. Notons l’intervention positive du père Chrysostome, qui peut être sévère, mais sans étroitesse d’esprit, et la liberté de tous dans cette affaire qui prend une pente assez comique quand Bernières est veillé à Paris par Mme de la Peltrie lors d’une maladie.

Car le grand voyage pour le Canada débute par un « ramassage » de deux sœurs à Tours suivi d’une présentation à la Cour et d’un séjour à Paris :

« Le groupe comprenait sept personnes, Mme de la Peltrie et Charlotte Barré, M. de Bernières avec son homme de chambre et son laquais, et les deux Ursulines dont Marie de l’Incarnation, qui écrit : « M. de Bernières réglait notre temps et nos observances dans le carrosse, et nous les gardions aussi exactement que dans le monastère À tous les gîtes, c’était lui qui allait pourvoir à tous nos besoins avec une charité singulière Durant la dernière journée de route, M. de Bernières s’était senti mal : il arriva à Paris pour se coucher. » Mme de la Peltrie joua jusqu’au bout la comédie du mariage : « elle demeurait tout le jour en sa chambre, et les médecins lui faisaient le rapport de l’état de sa maladie et lui donnaient les ordonnances pour les remèdes ». Mme de la Peltrie et la sœur de Savonnières s’amusaient beaucoup de cette comédie. M. de Bernières un peu moins. »483.

Finalement le grand départ de Dieppe de la flotte de printemps en 1639 a lieu :

Marie de l’Incarnation est encore sous le coup du ravissement qu’elle vient d’avoir en la chapelle de l’Hôtel-Dieu. M. de Bernières monta dans la chaloupe avec les partantes mais on lui conseilla de demeurer en France afin de recueillir les revenus de Mme de la Peltrie, pour satisfaire aux frais de la fondation.484.

Jourdaine est l’aînée très attachée à son frère. Elle sauvera, non sans rencontrer des contrariétés, sa mémoire. On sait que Bernières allait souvent parler aux ursulines. Nous renvoyons à Souriau et aux Annales du monastère485. « Le directeur des directeurs de conscience486 » parle avec humour d’un « hôpital » un peu particulier qui accueille des hôtes de passage, maison qu’il a fait construire « au pied » du couvent de Jourdaine :

« Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger a avec moi que des pauvres spirituels [...] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes. »487.

« Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir ; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison. »488.

Dans une lettre du 29 mars 1654, il affirme le but de l’Ermitage :

« C’est l’esprit de notre Ermitage que d’arriver un jour au parfait néant, pour y mener une vie divine et inconnue au monde, et toute cachée avec Jésus-Christ en Dieu. »

Sur le plan de l’activité professionnelle, Bernières, qui fut Trésorier de France à Caen de 1631 à 1653, semble avoir bien rempli son rôle à en juger par cette lettre adressée par des Trésoriers de France à Caen le 29.10.1648 :

« Messieurs, Tous les Bureaux de France vous sont grandement redevables d'avoir travaillé si utilement et heureusement à nos affaires communes. Comme ils sont obligés à vous en faire leurs très humbles remerciements nous serions bien fâchés qu'aucuns nous devançâssent à vous en témoigner sa gratitude. Nous nous acquittons donc de ce devoir et louons Dieu que le succès a répondu par vos soins à nos espérances. »489.

Au-delà d’un « devoir d’état » pleinement assumé, Jean paye de sa personne lorsque maladie et misère sont en cause, désirant en bon membre du Tiers Ordre franciscain pratiquer la pauvreté. Il veut faire donation de ses biens, mais « Ma belle-sœur fait de son mieux pour empêcher que je ne sois pauvre ; elle me fait parler pour ce sujet par de bons religieux il n’y a plus moyen d’être pauvre » 490. Pour ses dernières années il a trouvé la solution : il ne vit plus que de ce que lui donne sa famille — aussi déclarera-t-il : « J’embrasse la pauvreté quoiqu’elle m’abrège la vie naturelle » 491. Mais il est tout à fait capable de conseiller Mme de la Peltrie en procès avec sa famille et il gère des ressources pour aiser à la fondation des missions du Canada.

Jean de Bernières fut sensible à l’amitié, mais insensible aux différences sociales :

« Ses serviteurs ne sont pas pour lui de simple laquais, mais de véritables frères en Jésus-Christ Jean rapporte cette conversation étonnante : « Vous êtes mon maître, je vous dois tout dire comme à mon père spirituel – Vous le pouvez, lui dis-je, car je vous aime en Jésus-Christ, et je vous ai tenu auprès de moi, afin que vous fussiez tout à lui » 492.

Il est très humble :

« Je m’exprime comme je puis, car il faut chercher des termes pour dire quelque chose de la réalité de cet état qui est au-dessus de toutes pensées et conceptions. Et pour dire en un mot, je vis sans vie, je suis sans être, Dieu est et vit, et cela me suffit … Voilà bien des paroles pour ne rien exprimer de ce que je veux dire. »493.

L’oraison est le fondement de sa vie : « L’oraison est la source de toute vertu en l’âme ; quiconque s’en éloigne tombe en tiédeur et en imperfection. L’oraison est un feu qui réchauffe ceux qui s’en approchent, et qui s’en éloigne se refroidit infailliblement. »494. Les Chrétiens proposent surtout l’oraison passive dans laquelle il a vécu toutes ses dernières années. Celle-ci met l’âme dans « une nudité totale pour la rendre capable de l’union immédiate et consommée », dit-il dans une lettre à sa sœur Jourdaine. Elle « ne peut souffrir aucune activité, ayant pour tout appui l’attrait passif de Dieu […] En cet état, il faut laisser opérer Dieu et recevoir tous les effets de sa sainte opération par un tacite consentement dans le fond de l’âme. » 495.

Aucune satisfaction ne doit être donnée à la « nature », si peu que ce soit. Mais la raison de cette rigueur est beaucoup plus profonde que des outrances qui ne sont plus de notre époque : la grâce, qui est pour lui la présence de Jésus-Christ, doit gouverner toutes les actions, jamais l’homme naturel : « Ce qui est purement naturel ne plaît pas à Dieu ; [il] faut que la grâce s’y trouve afin que l’action lui soit agréable et qu’elle nous dispose à l’union avec lui. »496. L’idéal est de se laisser gouverner par la grâce :

« C’est un moyen très utile pour l’oraison de s’accoutumer à ne rien faire que par le mouvement de Dieu. Le Saint-Esprit est dans nous, qui nous conduit : il faut être poussé de lui avant que de rien faire […] L’âme connaît bien ces mouvements divins par une paix, douceur et liberté d’esprit qui les accompagne, et quand elle les a quittées pour suivre la nature, elle connaît bien, par une secrète syndérèse [remords de conscience] qu’elle a commis une infidélité. »497.

Dans ses dernières années, il se méfie de toute action qui ne serait pas dictée par un mouvement de la grâce :

« Ne vous embarrassez point des choses extérieures sans l’ordre de Dieu bien reconnu, si vous n’en voulez recevoir de l’affliction d’esprit et du déchet dans votre perfection. … Oh, que la pure vertu est rare ! Ce qui paraît le meilleur est mélangé de nature et de grâce. »498.

C’est dans ses Lettres à l’ami intime499, que Bernières se dévoile le plus : bien que son ami soit plus jeune, il est visible qu’il le considère comme son égal. Il peut lui parler à cœur ouvert des états les plus profonds de ses dernières années :

Je ne puis vous exprimer par pensées quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre… Plus Dieu s’élève dans le centre de l’âme, plus on découvre de pays d’une étendue immense, où il faut aller, et un anéantissement à faire, qui n’est que commencé : cela est incroyable, sinon à ceux qui le voient en Dieu même, qu’après tant d’années d’écoulement en Dieu, l’on ne fait que commencer à trouver Dieu en vérité, et à s’anéantir soi-même …500.

Jean dans sa jeunesse croyait l’abjection supérieure à tout. Il s’aperçoit que l’abandon est le sommet et la base de tout, ce qui lui fait composer cet hymne :

Ô cher abandon, vous êtes à présent l'objet de mon amour, qui dans vous se purifie, s'augmente et s'enflamme. Quiconque vous possède, ressent et goûte les aimables transports d'une grande liberté d'esprit. Une âme se perd heureusement en vous, après avoir perdu toutes les créatures pour l'amour de l'abjection, et ne se retrouve jamais qu'en Dieu, puisqu'elle est séparée de tout ce qui n'est point lui. […]

Vous êtes admirable, mon Dieu, vous êtes admirable dans vos saintes opérations, et dans les ascensions que vous faites faire aux âmes que vous conduisez de lumière en lumière avec une sainte et divine providence qui ne se voit que dans l'expérience. Il me semblait autrefois que la Grâce de l'amour de l'abjection était comme la dernière ; mais vous m'en découvrez d'autres qui me font monter l'âme plus haut. […]

Ô cher abandon, vous êtes le bon ami de mon cœur, qui pour vous seul soupire. Mais quand pourrai-je connaître que je vous posséderai parfaitement ? Ce sera lorsque la divine Volonté régnera parfaitement en moi. Car mon âme sera établie dans une entière indifférence au regard des événements et des moyens de la perfection, quand elle n'aura point d'autre joie que celle de Dieu, point d'autre tristesse, d'autre bonheur, d'autre félicité. […]501.



Jean veille sur ses cadets

Nous somme brefs sur ces amitiés qui sont couvertes dans les communications de cet ouvrage collectif :

Catherine de Bar qui deviendra la sainte « Mère du Saint-Sacrement » (1614-1698) transmet l’esprit de l’Ermitage grâce à une vie particulièrement féconde et longue. Elle passe environ un an au monastère de Montmartre et au moins trois années à Caen où le Père Jean-Chrysostome est son confesseur. Elle demeurera en correspondance avec Bernières502, de même que son nouveau confesseur Épiphane Louys (1614-1682), mystique attachant et lorrain comme elle, qui se liera également avec Bernières. Jean peut être rude dans ses lettres : « Vous n'êtes pas pourtant dans cet état [de pur amour], car l'on vous chérit trop »… Elle traverse dans sa jeunesse les affres « nocturnes » de purification mystique :

3 juillet 1643. Monsieur, Notre bon Monsieur Bertot nous a quittées avec joie pour satisfaire à vos ordres. Il vous dira de nos nouvelles et de mes continuelles infidélités et combien j'ai de peine à mourir. Je ne sais ce que je suis, mais je me vois souvent toute naturelle, sans dispositions de grâces. je deviens si vide et si pauvre, même de Dieu que cela ne se peut exprimer. Cependant il faut selon la leçon que vous me donnez l'un et l'autre que je demeure ainsi abandonnée laissant tout désir

13 novembre 1643. …Il n'y a rien dans mon cœur . Je suis pauvre véritablement, mais si pauvre que je ne puis exprimer 503.

« L’ami intime » Jacques Bertot (1620-1681) ou « Monsieur Bertot » (car il est prêtre), est une figure charnière reliant Caen et Paris, aussi fondamentale que demeurée discrète504. Un bref résumé de sa vie ainsi qu’un témoignage sur la fidélité de disciples est inclus dans l’Avertissement placé en tête des œuvres rassemblées sous le titre Le directeur Mistique [...] ami intime de feu Mr de Bernières… publié quarante-cinq ans après sa mort de Bertot en révérence de Mme Guyon à son directeur :

« Monsieur Bertot natif de Coutances [en fait de Caen] grand ami de Jean de Bernières s’appliqua à diriger les âmes dans plusieurs communautés de Religieuses [à diriger] plusieurs personnes engagées dans des charges importantes tant à la Cour qu’à la guerre Il continua cet exercice jusqu’au temps que la providence l’attacha à la direction des Religieuses Bénédictines de l’abbaye de Montmartre proche [de] Paris, où il est resté dans cet emploi environ douze ans jusqu’à sa mort [au] commencement de mars 1681 après une longue maladie de langueur. [Il fut] enterré dans l’Église de Montmartre au côté droit en entrant. Les personnes ont toujours conservé un si grand respect [qu’elles] allaient souvent à son tombeau pour y offrir leurs prières.

Après des études au collège de Caen, il devint prêtre et s’attacha à Jean de Bernières. Ce dernier lui écrivit ces lettres « à l’ami intime » qui tranchent par leur ton et leur profondeur particulière sur l’ensemble de la correspondance505. On y sent l’autorité de l’expérience, mais aussi une complicité spirituelle et la certitude d’être parfaitement compris d’un jeune compagnon qui prend le chemin commun :

…Dieu seul, et rien plus. Je n’ai manqué en commencement de cette année de vous offrir à Notre Seigneur, afin qu’Il perfectionne, et qu’Il achève Son œuvre en vous. Je conçois bien l’état où vous êtes : recevez dans le fond de votre âme cette possession de Dieu, qui vous est donnée en toute passiveté, sans ajouter votre industrie et votre activité, pour la conserver et augmenter. C’est à Celui qui la donne à le faire, et à vous, mon cher Frère, à demeurer dans le plus parfait anéantissement que vous pourrez. Voilà tout ce que je vous puis dire, et c’est tout ce qu’il y a à faire. Plus une âme s’avance dans les voyes de Dieu, moins il y a de choses à lui dire…506.

Jean de Bernières forme à l’Ermitage pendant plusieurs années François de Montmorency-Laval (1623-1708), qui emportera avec lui le manuscrit des « dits » de Marie des Vallées avant de devenir évêque de Québec.507.

De nombreux familiers de l’Ermitage suivront le même chemin : Ango de Maizerets, dont la vie se confondra avec celle du séminaire fondé là-bas à l’imitation de l’Ermitage, et qui se dévouera à l’éducation des enfants ; M. de Bernières, neveu de Jean, qui meurt à Québec en 1700 ; M. de Mésy, duelliste raffiné converti, premier gouverneur de Québec ; Roberge, le fidèle valet de chambre et disciple, après la mort de son maître…

Henri-Martin Boudon (1624-1702), l’archidiacre « persécuté » d’Évreux, l’auteur d’une abondante production littéraire, dont une biographie du P. Chrysosotome, conservera la confiance et l’appui de Bernières, car ce dernier est ferme dans ses convictions :

Lorsqu’on attaque ses amis, il les défend avec énergie. Quand le grand archidiacre d’Évreux, Boudon, victime d’une sorte de conjuration, est menacé d’interdiction, Jean déclare à la cohorte ennemie que Boudon aura toujours un refuge en sa maison, et que lui, Jean, se trouverait heureux d’être calomnié et persécuté pour lui 508.

Bien d’autres figures devraient être citées. Sur place, M. de Gavrus, neveu de Jean, fonde l’hôpital général de Caen. Jean Aumont (1608-1689) du Tiers Ordre franciscain, est un auteur notable et attachant509. Lambert de la Motte, devenu Mgr de Béryte, est l’un des premiers évêques de la Chine. Etc.



Une heureuse fin

Usé par une vie suractive, la fin de Bernières sera brève, exauçant un intime désir né du souvenir de l’agonie douloureuse de son confesseur  Jean-Chrysostome :

Il avait pourtant peur de la mort Une tradition de famille rapportait qu’il demandait toujours à Dieu de mourir subitement Le 3 mai 1659 rentré à l’Ermitage, le soir venu, il se mit à dire ses prières. Son valet de chambre vint l’avertir qu’il était temps pour lui de se mettre au lit. Jean lui demanda un peu de répit, et continua de prier…510.

Son valet de chambre [Denis Roberge] ne s’en aperçut [de sa mort] qu’en l’entendant tomber sur son prie-Dieu. Il avait passé le jour aux Croisiers, où l’on solemnisait la fête de l’Invention de la Sainte-Croix, jour précieux pour lui…511

Sa mort et sa maladie n’ont duré qu’un quart d’heure. Sans être aucunement malade, sur les 9 heurs du soir, samedi, 3e de mai … il se souviendra de nous. Il nous aimait. 512.

Ce qui a été semé germe :



L’Ecole du Pur Amour

Il s’agit de l’association de laïcs et de religieux sans règle propre aux « religions » constituées : un réseau autour d’une filiation courant successivement du laïc sieur de la Forest au père Chrysostome, puis au laïc Bernières, au prêtre Bertot, à Mme Guyon…

Jean Aumont (1608-1689) du Tiers Ordre franciscain est « Le vigneron de Montmorency », auteur attachant qui mériterait d’être mieux étudié ; Paulin d’Aumale (apr. 1694) du Tiers Ordre Régulier sera mêlé à la querelle du quiétisme ; Archange Enguerrand (1631-1699) Récollet, sera « le bon franciscain » qui éveillera à la vie intérieure la jeune Jeanne-Marie Guyon (1648-1717).

Mme Guyon sera l’animatrice du cercle mystique important de la fin du siècle. Elle éveillera à la vie mystique François de Fénelon (1651-1715) et bien d’autres figures. Ils seront nommés « notre mère » et « notre père » par les disciples des cercles de Blois et de Cambrai. Nous avons relevé des indices précis sur ses liens avec le cercle normand comme avec la mouvance franciscaine, outre sa direction par monsieur Bertot disciple direct de Bernières513. Mais elle ne cite pas ce dernier514, très certainement par précaution, compte tenu de la condamnation post-mortem associée à celle de Molinos qui s’avère gênante puisqu’elle se produit pendant les années actives publiques parisiennes.

Par contre Mme Guyon estime Mectilde de Bar, la « sainte » Mère du Saint-Sacrement, connue personnellement :

Un mot là-dessus : la mère du Saint-Sacrement est celle dont je vous ai parlé, qui est l’ins[ti]tutrice de cet ordre, fut de mes amies et [est] une s[ain]te. Le reste de la communauté est fort opposé à l’intérieur et mad[emoise]lle de Chevreuse fera bien de n’en pas parler, afin de ne se point attirer de croix mal à propos et de conserver son don. Elle pourra parler à la mère du Saint-Sacrement tant qu’elle voudra.515

Ainsi que Marie des Vallées :

« Pour Sœur Marie des Vallées, les miracles qu’elle a fait depuis sa mort et qu’elle fait encore en faveur des personnes qui l’ont persécutée, la justifient assez. C’est une grande sainte et qui s’était livrée en sacrifice pour le salut de bien des gens. Elle était très innocente, l’on ne l’a jamais crue dans le désordre, mais bien obsédée et même possédée, mais cela ne fait rien à la chose ».516.

Ce deuxième foyer parisien très actif à la fin du XVIIe siècle « relance » le courant mystique issu du premier foyer normand. Les écrits originaux sont aujourd’hui accessibles517. Mme Guyon et Fénelon sont à l’origine de cercles spirituels établis hors du Royaume en Hollande, Suisse et Allemagne, Écosse, autour de Poiret, de Fleischbein et de Dutoit, des Forbes, sur lesquels nous allons revenir.

Pour résumer la période qui s’achève à la mort de Bernières, « L’Ecole », à prendre au sens d’un réseau d’amis associant aînés et cadets, s’est constituée autour de Jean-Chrysostome de Saint-Lô, l’organisateur en Normandie-Bretagne de la seconde province française du Tiers Ordre Régulier franciscain, et de son très actif et rayonnant disciple Jean de Bernières basé à Caen. Le « cercle mystique normand » s’étend ensuite à Paris grâce au « passeur » monsieur Bertot peu après la disparition de Jean. Il fleurira une deuxième fois, tard dans le siècle, autour du célèbre couvent de bénédictines de Montmartre.

On touche ici au rôle d’un courant bénédictin entrelacé au courant issu du Tiers Ordre Régulier franciscain : le célèbre couvent prend monsieur Bertot pour confesseur, « l’Ami intime » dans des lettres de Bernières tandis que Mectilde de Bar fonde les bénédictines du Saint-Sacrement518. Le cercle animé par monsieur Bertot s’est établi autour du couvent des bénédictines de Montmartre avant d’être repris par Mme Guyon et Fénelon519.

Sur la liste des apôtres principaux de « l’école du cœur », six (ou sept) d’entre eux sont directement rattachés aux courants franciscains, dont quatre (ou cinq) aux deux tiers ordres. Il s’agit de deux membres du TOR et de deux (ou trois) membres du Tiers Ordre laïc, auxquels s’ajoutent un Récollet et l’Annonciade devenue fondatrice de son propre ordre de bénédictines. Tous les membres, sauf deux « héritiers », sont nés du vivant de « l’initiateur » Jean-Chrysostome.

Ce réseau informel liant franciscains à des prêtres séculiers et à des laïcs fut bien vivant par sa descendance à travers Jacques Bertot, ainsi que par l’intermédiaire de deux ordres toujours actifs fondés par saint Jean Eudes et par la Mère du Saint-Sacrement ; il se propagea à travers toute l’Europe (les cercles quiétistes qui sortent même du monde catholique, les bénédictines du Saint-Sacrement présentes en Pologne) et au Canada (par la grande mystique Marie de l’Incarnation, la correspondante de Bernières) :

III. « Rivières cachées »

Nous pensons que les membres de « l’école du cœur » appartenant aux deux Tiers Ordres ainsi que leur descendance « étoilée » dans et hors du cadre français catholique forment la principale contribution couvrant deux siècles provenant des franciscains. Les mystiques normands animés par Bernières seront actifs à Paris, au Canada, en Europe et en Écosse, enfin aux Etats-Unis.



Une voie occultée

L’importance de cette voie mystique a été occultée pour plusieurs raisons :

(1). Elle inclut certains quiétistes même s’il ne s’agit pas d’hétérodoxes ayant partagé l’ « erreur » d’un quiétisme perçu comme paresse spirituelle (l’étiquette est d’un usage si large que les propositions condamnées ne se retrouvent pas dans les textes520). Cette appartenance à une voie ou école ou « parti quiétiste » provoqua en 1687 la condamnation post-mortem d’œuvres de Bernières en même temps que celle de Molinos (la figure comme l’œuvre), puis en 1699 d’un ensemble élargi par le bref Cum alias à Mme Guyon, François de Fénelon et d’autres. Car la reconnaissance du rôle de transmission entre Caen et Paris assuré par monsieur Bertot était déjà reconnue à la fin du siècle par une enquête qui souligna son rôle à la tête du « parti » :

« Il y a plus de vingt ans que l’on voit à la tête de ce parti M. Bertau [Bertot], directeur de feu madame de Montmartre [la supérieure du couvent des bénédictines]… Madame G[uyon] était, disait-il, sa fille aînée… » 521.

(2). Elle est vécue par des « amis » d’origines diverses, appartenant souvent à la société laïque, ce qui ne permet pas de cerner facilement un corps ou « religion », ce qui constitue une première étape indispensable pour définir un champ d’études. Aussi le champ, par ailleurs objet de suspicion, resta en friche. L’école alterne ses membres les plus influents entre religieux et laïcs selon la séquence principale suivante : à l’origine, le Tiers Ordre Régulier franciscain – un premier relai existe incarné par le sieur de la Forest à Rouen522 — le Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô – Monsieur de Bernières à Caen – le prêtre Jacques Bertot à Caen puis Paris – Mme Guyon et l’archevêque de Cambrai Fénelon - des disciples catholiques français « cis » et protestants étrangers « trans » sur lesquels nous allons revenir… : il s’agit d’un mélange entre religieux et laïcs tout moderne même s’il trouve sa source naturelle dans le milieu franciscain médiéval des deux Tiers Ordres !

(3). Le relai assuré par des protestants dont en premier lieu par le pasteur-éditeur Pierre Poiret près d’Amsterdam puis par le pasteur-éditeur Dutoit-Mambrini à Lausanne. En outre l’utilisation par des pamphlétaires protestants de la persécution « papiste » subie par Mme Guyon n’arrangea rien.

Catholiques, protestants… On retrouve leur unité pour certains d’entre eux au niveau du vécu d’un « christianisme intérieur » — certes suspect vu des autorités « extérieures », aussi bien protestantes vis-à-vis des piétistes (souvent en interaction avec des membres de cercles guyonniens), que catholiques vis-à-vis des quiétistes :

Chez les protestants ce vécu est orienté par la lecture de l’œuvre guyonnienne  et d’autres mystiques : les publication de Poiret circulent largement. On a les traces d’envois de livres (par exemple cent volumes sont expédiés à Londres au docteur Cheynes, dont quarante-deux parviendront aux grandes familles écossaises vivant près d’Edimbourg ou d’Aberdeen) et de lettres (par exemple des lettres adressées à des correspondants du cercle de Morges près Lausanne dont certaines atteignent des vallées reculées d’une Suisse encore sauvage).

Chez des laïcs catholiques, des vœux particuliers prennent la place des règles vécues par leurs guides religieux, ce qui rapproche les uns des autres : Bernières, incité par son directeur Chrysostome,  met en œuvre des vœux propres au tiers ordre séculier, réalisant son souci de pratique de la pauvreté. De même Mme Guyon — qui partage avec Bernières la particularité d’appartenir à une fort riche famille — témoigne de vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance, pris lors de son veuvage :

J’avais fait cinq vœux en ce pays-là [Thonon en Savoie, à l’époque de la rédaction de son Moyen court] : le premier de chasteté, que j’avais déjà fait sitôt que je fus veuve ; celui de pauvreté ; c’est pourquoi je me suis dépouillée de tous mes biens. Je n’ai jamais confié ceci à qui que ce soit. Le troisième, d’une obéissance aveugle, à l’extérieur, à toutes les providences ou à ce qui me serait marqué par mes supérieurs ou directeurs, et au-dedans, d’une totale dépendance de la grâce. Le quatrième, d’un attachement inviolable à la sainte Église, ma mère, non seulement dans ses décisions générales, où tout catholique est obligé de se soumettre, mais dans ses inclinations, et de procurer le salut de mes frères dans ce même esprit. Le cinquième était un culte particulier à l’enfance de Jésus-Christ, plus intérieur qu’extérieur. Et quoique mon âme ne fût plus en état d’avoir besoin de ces vœux, Notre Seigneur me les fit faire extérieurement et me donna, en même temps, au-dedans, l’effet réel de ces mêmes vœux. Depuis ce temps, il n’est pas en mon pouvoir de garder de l’argent : je vis avec une entière pauvreté.523

Ainsi leurs membres sont solidement ancrés dans la pratique des vertus sans en être esclave (le franciscain capucin Martial d’Etampes résume : « Servez-vous des vertus et jamais ne servez les vertus ») ce qui permet à l’école du Pur Amour de poursuivre son chemin malgré les traverses. Mais elle requiert une exploration des courants souterrains qui prirent le relai des cercles mystiques formés à Blois autour de Mme Guyon et à Cambrai autour de Fénelon :



Influences hors du Royaume

Chez les catholiques la vie intérieure est censurée en Italie comme en Espagne ce qui limite la possibilité d’utiliser des imprimés. En Europe centrale et du nord, les protestants piétistes (mais non les confessions calvinistes ou même luthériennes opposées à une mystique associée aux moines et moniales combattus par les réformes) sont influencés au contraire par ce moyen. Des relais à l’étranger se constituèrent au début du XVIIIe siècle :

(1) en Suisse à Morges près de Lausanne où Jean-Philippe Dutoit-Mambrini (1721-1793), notable écrivain vaudois, fut pasteur dans la seconde moitié du siècle et éditeur de l’œuvre guyonnienne524. Jean-Philippe naquit d’un père vaudois qui, lui, renonça à devenir pasteur en jugeant sévèrement l’état du clergé protestant, et d’une mère d’origine italienne ; il fit des études de théologie. À trente et un ans il traversa une crise intérieure à l’occasion d’une longue et dangereuse maladie. L’année suivante il rencontre par les textes Mme Guyon :

S'il avait reçu « une clarté » de Voltaire, il devait, l'année suivante, en recevoir une bien plus grande de celle dont il fut le pieux disciple et le fervent éditeur. En feuilletant un jour les étalages des bouquinistes de la foire, avec son ami le régent Ballif, les Discours de Mme Guyon tombèrent entre ses mains et, sinon tout de suite, du moins bien vite, la grande mystique devint sa directrice et son inspiratrice… »525.

Il faut souligner l’importance d’une saisie par la sévère police bernoise à la fin du XVIIIe siècle chez ce pasteur piétiste. Nous citons ici un extrait du procès-verbal compte tenu de l’importance d’une telle pièce qui atteste la conscience d’une continuité « d’école » sur plus d’un siècle526 :

« 6e Janvier 1769. Nous David Jenner, ci-devant colonel en Hollande, actuellement baillif de Lausanne, au nom et de la part de Leurs Excellences nos Souverains Seigneurs de la ville et république de Berne, savoir faisons qu'en conséquence des ordres que nous aurions reçus de L.L. E.E[xcellenc]es du Sénat, en date du 5e du courant, pour enlever à Monsieur le Ministre Dutoit de Moudon, tous ses papiers, écrits et livres, faire inventaire des dits et en procurer ensuite l'expédition […avons] rencontré le dit Mr Dutoit, actuellement dans un état de maladie, au dit domicile, logé à un 3me étage, dans un petit cabinet dont le lit et une malle occupent presque tout l'espace. […faisons l’] inventaire suivant : La Bible de Mme Guyon et plusieurs de ses ouvrages, mais non pas tous. Monsieur de Bernières soit le Chrétien intérieur. La Théologie du Cœur [de Poiret]. Le Directeur mystique de Monsieur Bertot. Œuvres de Ste Thérèse (N. B. Appartient à Mr Grenus.) La Bible de Martin [Luther]. L'Imitation d'A Kempis. Déclarant de bonne foi qu'il ne se sait ici aucun autre livre mystique ou ascétique… »

Le groupe guyonnien rencontre par la suite un écho lors du « réveil » suisse animé par Vinet au début du XIXe siècle, puis semble disparaître.

Benjamin Constant, influencé un temps par son cousin le Chevalier de Langalerie, nous apporte dans son roman semi-autobiographique Cécile son témoignage sur les derniers jours du groupe de Morges. Il vaut d’être cité compte tenu de la valeur de l’écrivain touché un moment par la grâce :

Il y a à Lausanne une secte religieuse, composée d’un assez grand nombre de personnes de conditions différentes et qui, connues sous le nom de Piétistes et fort calomniées, professent les opinions de Fénelon et de Mme Guyon. Plusieurs de mes parents appartenant à cette secte avaient, à diverses époques, esssayé de m’y faire entrer. J’avais été très irreligieux dans ma jeunesse […] Cet homme, de l’esprit duquel je ne puis douter et dont la bonne foi, encore aujourd’hui, ne m’est point suspecte […] avait écarté de ses discours tout ce qui n’aurait eu rapport qu’à des dogmes qui eussent appelé un examen dangereux. Le mot même de Dieu n’avait pas été prononcé. « Vous ne pouvez nier, m’avait-il dit, qu’il n’y ait hors de vous une puissance plus forte que vous-même. […] Comment prier, m'objecterez-vous, quand on ne croit pas ? Je ne puis vous faire qu'une réponse : essayez et vous verrez, deman­dez et vous obtiendrez. Mais ce n'est pas en demandant des choses déterminées que vous serez exaucé ; c'est en demandant de vouloir ce qui est. Le changement ne se fera pas sur les circonstances extérieures, mais sur la dis­position de votre âme. […] Ces réflexions me frappèrent. La lecture de plusieurs ouvrages de Mme Guyon produisit en moi une sorte de calme inusité qui me fit du bien. J'essayai la prière, autant que cela se peut sans conviction préalable. J'écar­tai toute recherche sur la nature de la puissance inconnue que je sentais au-dessus de moi. Je ne m'adressai qu'à sa bonté. Je ne lui demandai que de me donner la force de me résigner à ses décrets. J'éprouvai un soulagement manifeste. Ce qui m'avait paru dur à supporter tant que je m'étais arrogé le droit de la résistance et de la plainte, perdit la plus grande partie de son amertume dès que je me fis un devoir de m'y soumettre. Ce premier adoucis­sement de mes longues souffrances m'encouragea…

(2) en Allemagne le comte Friedrich von Fleichbein (1700-1774)527, dont la jeune femme Pétronille d’Eisweiler connut brièvement le cercle de Blois et Mme Guyon, associe quiétisme et piétisme rigoriste528. Il est en relation avec le pasteur Dutoit-Mambrini qui le révère.

(3) en Hollande à Rijnsburg, le cercle formé autour de Pierre Poiret (1646-1719)529 sera influent sur le grand mystique et théologien Tersteegen (1697-1759) qui « découvrira les écrits de nombreux mystiques, notamment ceux de Mme Guyon … dont il traduira une partie. »530.

(4) en Écosse à Aberdeen, les disciples écossais de Mme Guyon constituaient un groupe d’amis531 dont Henderson532 restitue l’atmosphère attachante, la droiture et le courage de ses membres pris par les remous politiques. Car l’Écosse a une histoire faite de luttes inégales533.

Le groupe qui deviendra guyonien était à l’origine marqués par l’esprit ouvert de la confession protestante épiscopalienne parce que se succédèrent des religieux remarquables qui enseignèrent in Divinity à l’université d’Aberdeen (l’une des trois meilleures universités britanniques, avec Oxford et Cambridge) : John Forbes, qui tint un journal intérieur de 1624 à 1647 ; puis Henry Scougall, auteur de la remarquable Life of God in the soul of man534 (1677) ; enfin James Garden auteur de la non moins remarquable Comparative theology (1699). Ce dernier devint guyonien ainsi que son jeune frère George dont la vie profonde tranparaît dans des conseils adressés à un correspondant trop « enthousiaste »535 :

[…] 6. Pour ceux qui s’adonnent à la prière du silence, il est [pré]supposé que leurs sens, appétits et passions sont en grande part mortifiés et soumis … sinon ils peuvent être conduits à une fausse quiétude qui ne purifie pas le cœur, mais l’expose à l’illusion.

7. La prière de silence étant détournement de l’âme de la compréhension de toutes les créatures et de toutes leurs images, et se fixer par pure Foi sur Dieu, suprême Vérité et Bien, comme il est en Lui-même infiniment au-delà des conceptions de toute créature, par un amour ardent de la suprême et sans limite et incompréhensible beauté [lovelyness], la grande Fin de tout ceci doit être enracinée dans l’espoir et l’amour divin […] Celui qui prie de cette façon n’attend aucun discours, ni mouvements, ni lumières extraordinaires, ni autres miracles. Et ne désire aucune autre chose sinon de toujours croire en Dieu profondément et fermement, d’espérer en lui et de l’aimer dans le temps et durant l’éternité sans changement.

8. Mais si de telles âmes ont à quelque moment des lumières et conditions extraordinaires sur des choses particulières, ils ne sont pas mariés avec elles, parce qu’ils savent que ce qui est connu, possédé et senti ici bas n’est pas Dieu […]

9. L’état ordinaire d’une âme qui est sur le point d’acquérir la prière silencieuse, est un état de foi pure et obscure. Il ne connaît pas Dieu, il ne le sent pas. Nuages et obscurité l’entourent. Il est placé comme dans une terre sèche et assoiffée où il n’y a pas d’eau : et cependant il est encore plus assoiffé et affamé de Dieu et de la prière et ses dégoûts des choses temporelles s’accroissent, tandis qu’il lui semble n’avoir ni vertu et ne pas aimer Dieu. Et ceci est sa vraie purification, pas simplement des images et de l’amour des choses corporelles, mais de soi, de l’amour-propre, de la complaisance en soi-même, de la recherche de soi-même…

Jacobites de manière avouée ou cachée, ils voyageaient ou se réfugiaient sur le continent. Ils passaient par la Hollande, qui n’était qu’à trois (voire deux) jours de bateau des ports de la côte est situés entre Edimbourg et Aberdeen. De nombreuses communautés d’Ecossais s’établirent ainsi sur le continent, tout comme les Hollandais furent présents à Culross, le beau port et village visité de nos jours près d’Edimbourg.

Le dégoût des affrontements et des controverses au nom de l’Ecriture souvent interprétée trop littéralement, tourna leur attention vers « l’intérieur » mystique. Tout un réseau d’Ecossais reçut ainsi les ouvrages mystiques de Poiret par l’intermédiaire du Dr. Keith de Londres. Ce dernier importa par exemple cent exemplaires d’un de ses titres pour en redistribuer quarante-deux en Écosse536.

(5) Une influence s’exercera aux Etats-Unis où la branche protestante méthodiste se développa par l’intermédiaire de John Wesley, le spirituel au centre de cette renaissance qui succède dans la seconde moitié du XVIIIe siècle à la période sèche « des lumières » en Angleterre537 :

« Plus que tout autre, son action a permis la survie dans le monde anglo-saxon du goût de la vie intérieure et de la croyance à la possibilité de la sainteté. Elle n’aurait pas été possible sans les efforts de Poiret qui lui ont fourni la charte du Méthodisme…538. »

Il admet la possibilité de la délivrance « du pouvoir de pécher par la complète domination de Dieu dans le cœur qu’Il remplit entièrement de son amour » (Orcibal). Son « pure love » rejoint l’union avec Dieu défendue par Mme Guyon539. Il est en relation avec Dutoit par l’intermédiaire de J. de La Fléchère…

…pasteur suisse qu'il choisira comme successeur. Ami du guyonien Dutoit-Membrini, celui-ci donna courageusement au mot « mystique » un sens bien différent de celui que Wesley lui attribuait encore d'une façon implicite. […] Aux Lumières, succédait le Pré-romantisme et Richardson, le nouvel auteur à la mode, faisait dans son sir Charles Grandison le portrait du pieux non-jureur Robert Nelson. Un poème de John Byrom réussissait à donner au mot enthusiasm, longtemps si décrié, un sens favorable. Sans doute ce mouvement s'accompagnait vers 1773 d'une reconnaissance du guyonisme et du bourignonisme, mais le rôle bienfaisant de J. Wesley sur la société anglaise était maintenant trop bien reconnu pour qu'il risquât d'être confondu avec des illuminés extravagants.540.

« Très tôt il avait été question de la célèbre mystique en Grande-Bretagne. En décembre 1703 parut à Londres la traduction de son plus fameux opuscule sous le titre A short and easie method of Prayer.541 Nous sommes à tout le moins sûrs que J. Wesley consacra à l'étude de A short method les journées des 4 et 5 janvier 1735 542. Le 5 juin 1742, il relut l'opuscule en y joignant le texte français des Torrents spirituels. Sous l'influence de J. Fletcher, Wesley redevenait beaucoup plus favorable à la mystique. À la suite de Hartley, il se posait donc, le 27 août 1770, en champion de Mme Guyon contre Littleton : malgré ses erreurs, elle n'avait rien d'« une enthousiaste. Sans aucun doute, elle possédait une intelligence tout à fait exceptionnelle et une excellente piété. Elle n'était pas plus lunatique qu'hérétique543.

« Mais c'est l'année 1772 qui marque un tournant décisif dans l'histoire du guyonisme anglo-saxon. […] Fait plus grave544, il semble que bien des méthodistes, et parmi les plus zélées, avaient aussitôt (surtout à Bristol) pris la mystique pour modèle545. Il n'y a donc pas à s'étonner que, les années suivantes, son nom se retrouve près de vingt fois sous la plume de J. Wesley. On comprend pourtant que ses avertissements soient d'abord restés vains : s’il dénonçait les « raffinements « mystiques de Mme Guyon et leur « quiétisme anti-scriptural «, il ne manquait pas en effet d'ajouter qu'ils étaient d’autant plus dangereux que beaucoup « de choses excellentes « s'y trouvaient mêlées. […] « le monde n'a jamais vu une telle vie… un mélange aussi prodigieux «. […] « dans cette gangue, que d'or pur ! Quelle profondeur de religion, d'union spirituelle à Jésus-Christ ! Quelles hauteurs de justice, et de paix, et de joie dans le Saint-Esprit ! Que nous rencontrons peu d'exemples comparables d'amour exalté de Dieu et du prochain ; de véritable humilité ; d'invincible douceur et de résignation sans bornes ! Si bien que, somme toute, je ne sais s'il ne faudrait pas parcourir plusieurs siècles pour retrouver en une autre femme un tel modèle de véritable sainteté «. Par la suite,Wesley rappela de temps en temps ses réserves, mais il ne rétracta jamais rien de ses éloges : c'est toujours l'exilée de Blois qu'il prend pour terme de comparaison en fait de profonde communion avec Dieu et, les livres de « sister Pennington « ayant brûlé, il place Mme Guyon parmi les quelques volumes qui doivent lui être envoyés d'urgence. En 1781, deux de ses publications révélèrent ses nouveaux sentiments à un plus vaste public. Dans les extraits qu'il donna de The fool of quality de Henry Brooke (sous le titre de The History of Henry, earl of Moreland), il reproduisait les termes enthousiastes qu'inspirait à l'auteur la maîtresse spirituelle de sa Louisa. En revanche, sa Concise ecclesiastical history supprimait la plupart des attaques dont elle et Fénelon faisaient l'objet dans Mosheim et Maclaine.546.

« Mais les noms de Fénelon et de Renty n'évoquent pas assez la violence de la crise mystique que Wesley traversa de 1731 à 1736 : lui-même en a reconnu la réalité et ses Diaries inédits en précisent la nature. Son ardeur était alors entretenue par son professeur de sténographie J. Byrom qui essayait de faire connaître en Angleterre les auteurs édités par P. Poiret. […] En janvier 1735, Wesley étudiait également le Moyen court de Mme Guyon et le docteur Cheyne réussit même à éveiller chez lui un vif intérêt pour Marsay qu'il traitait encore en 1756 d'« éminent mystique «. À ces auteurs, l'influence de William Law lui faisait enfin joindre la lecture de Tauler, de la Théologie germanique et de Molinos. On ne s'étonnera donc pas qu'il ait défendu l'idéal de l'Amour pur, le désintéressement total qui va jusqu'à la résignation à l'Enfer, si telle est la volonté de Dieu.547.

Il faut également souligner l’influence chez les Quakers qui firent beaucoup « pour la renommée de la victime de Bossuet » comme l’indique précisément Orcibal :

Après avoir publié, en 1727, une courte Letter to J.O. being an account of Madam Guyon, Josiah Martin traduisait plusieurs de ses poèmes dans The Archbishop of Cambray's dissertation on pure love (Londres, 1735, pp. 122-138) – et en note il souligne « nettement l'importance que prit dès lors chez les Quakers son idée de la fécondité spirituelle [que nous trouvons un apport saisissant à la lecture de son Cantique]. Et il insiste sur le rôle que jouèrent après Martin, les ouvrages de Gough et surtout A Guide to true Peace (Stockton, 1813) où W. Backhouse et J. Janson groupèrent des extraits de Fénelon, de Mme Guyon et de Molinos. »548.

…le « Friend » Josiah Martin, intéressant écrivain qui devait répondre aux Lettres philosophiques de Voltaire, fit plus encore pour la réputation de l'archevêque de Cambrai, en qui il voyait « aussi un quaker » , puisqu'il publia entre 1727 et 1738 divers recueils d'écrits du prélat auxquels il joignit des cantiques de Mme Guyon et une apologie des idées de celle-ci.549

L’année 1772 « marque un tournant décisif dans l'histoire du guyonisme anglo-saxon. Le Quaker de Bristol James Gough donna, en deux volumes, une traduction de la Vie de Mme Guyon. Quelques mois plus tard, Cornelius Cayley accordait des éloges également vifs à la tolérance de l'héroïne et à l'esprit catholique de l'éditeur »550. Enfin l’idée de fécondité spirituelle propre à Mme Guyon, que nous trouvons particulièrement mise en valeur à l’occasion de son Commentaire au Cantique ainsi rendu très original, fut largement reprise551.

Wiliam Law (1686-1761), ascète et mystique assez proche des Quakers mais qui vécut et mourut Anglican, écrivait vers 1738 :

Je désirais presque, écrivait-il vers 1738, qu'il n'y eût pas de livres de spiritualité en dehors de ceux qui ont été écrits par des catholiques. Vous trouverez chez Bertot premier directeur de Mme Guyon, « toutes les instructions qu’une (531) personne descendue du Ciel pourrait vous donner ». Il s'intéressait pour les mêmes raisons au carme Laurent de la Résurrection, humble cuisinier fort admiré de Fénelon, dont les paroles et les exemples étaient bien connus en Angleterre grâce aux Devotional Tracts concerning the Presence of God. 552.

La bibliothèque de Law possédait les Discours chrétiens et spirituels et le Moyen Court. Il les « a certainement étudiés de très près car ils sont couverts de traits et de signes divers. Les pages blanches du second volume contiennent en outre d'excellents résumés des idées essentielles de la mystique »553.

§

Nous n’avons pas encore réussi à retracer en aval le devenir de ces petites rivières d’un « delta spirituel » après le début du XIXe siècle et hors de France. Le cercle de Morges se sclérose après 1832, mais qu’en est-il en Écosse, Norvège et Suède (les grandes familles écossaises ayant pied des deux côtés de la mer du nord), voire en Russie où un pope aurait traduit partiellement Mme Guyon !



Influences dans le monde catholique français

Les influences dans le monde catholique français chez des figures mystiques que l’on trouve rassemblées autour du thème de l’abandon furent occultées à la suite des condamnations du « quiétisme ». Il s’agit en premier lieu du cercle constitué autour de Monsieur Bertot, repris et élargi par Mme Guyon. Une vingtaine de noms sont bien identifiés, desquels se détachent les ducs et duchesses de Chevreuse et Beauvillier, la duchesse de Mortemart, Dupuy…, puis à la génération suivante le neveu marquis de Fénelon et d’autres amis de Fénelon, vivant à ou près de Cambrai, malheureusement mal identifiés554.

D’autres foyers existèrent :

(1) François-Claude Milley (1668-1720) fut en rapport avec Jean-Pierre de Caussade (1675-1751), tous deux jésuites, par l’intermédiaire de la Mère de Siry : il s’agit de « deux maîtres de l’abandon qui ont puisé à la même source »555.

Milley écrit à la Mère de Siry :

J’ai vu les lettres spirituelles de M. de Bernières ; cet ouvrage surpasse tous les autres … j’y ai trouvé mes sentiments pour la conduite de l’abandon si bien marqués, et exprimés en termes si ressemblants, que je croyais presque l’avoir copié avant que de le connaître. Les personnes …disent que c’était moi qui avait fait ces lettres 556.

(2) le P. de Caussade est influencé de façon directe. Car L’Abandon à la Providence divine n’est pas de lui. Il est aujourd’hui clair que « l’image d’un Caussade auteur spirituel majeur … n’a pas résisté à cette mise à plat », tandis que la liaison avec la Visitation de Meaux explique l’ » inspiration guyonnienne »557. On sait combien ce beau livret traverse les siècles et est lu largement aux Etats-Unis comme en France.

Nous relevons enfin une influence prolongée au cours des XIXe et XXe siècles :

(3) chez le Père Henri Ramières (1821-1884), jésuite, bon spirituel, premier éditeur de L’Abandon à la Providence divine attribué à Caussade.

(4) chez Dom Vital Lehodey (1857-1948), auteur de l’ouvrage : Le saint Abandon, 1919.

(5) d’autres bénéficièrent de l’influence de ce courant mystique, mais ces liens échappent à la preuve directe.

Est attestée en tous cas l’influence prolongée de L’abandon à la Providence divine réédité au XIXe siècle par le père jésuite H. Ramières558 : ce texte « fait figure de superbe rejeton de la tradition guyonienne … qui inspirera notamment le P. Grou puis, au XIXe siècle, la spiritualité dite de l’abandon ou de l’enfance, illustrée par Mgr Gay et Thérèse de Lisieux. »559.

Conclusion

Cette présentation à Caen nous a donnée l’idée et l’impulsion de poursuivre un travail qui ne manquera pas d’être sujet à discussions et donc à de fructueuses mises au point560. Il présentera le grand courant mystique de la quiétude qui naît de membres des deux Tiers Ordres franciscains, se développe au sein du groupe de mystiques normands familiers d’un Ermitage construit et animé par monsieur de Bernières, passe à Paris dans le cercle né autour du couvent de Montmartre, prit de l’importance autour de Mme Guyon et de Fénelon avant d’être contraint de se cacher, pour se répandre cependant en Europe, avant d’être étudié par Bremond, l’auteur du Sentiment religieux561, et par Cognet, l’auteur du Crépuscule des mystiques562, enfin édité563.

Les écrits issus de Jean de Bernières seront eux bientôt et enfin entièrement disponibles en éditions critiques : Outre le « cahier spirituel » publié chez Arfuyen livrant le Livre VII du Chrétien en huit Livres et des Lettres à l’ami intime et l’ édition intégrale des deux Chrétiens précédemment cités, la Correspondance de Jean mise en ordre chronologique564 et présentée par le P. Éric de Reviers mettra en valeur la trajectoire mystique accomplie entre 1644 (environ) et 1659, date de la disparition précoce du « pauvre devant Dieu » dont l’abjection devant la grandeur divine devint abandon à son amour.



Table

Rencontres autour de Jean de Bernières mystique de l’abandon et de la quiétude2

Redécouvrir Jean de Bernières5


I. SITUER « MONSIEUR DE BERNIÈRES »9


Caen à l’époque de Jean de Bernières et de François Montmorency de Laval10

John A. Dickinson

Une période de crises politiques, religieuses, sociales et environnementales10

Une ville à la vie culturelle bien développée « les pieds dans l’eau »11

Chef-lieu d’une économie locale14

Un centre intellectuel14

La charité nécessaire15

Une action laïque pour contrer le protestantisme16

Père spirituel de l’Église canadienne17


L’entourage et la spiritualité de Jean de Bernières (1602-1659)19

Avec quelques traits caractéristiques de ses lettres contenues dans les Œuvres spirituelles en la première période de sa correspondance, 1641-164519

Dom Joël Letellier, o.s.b.19

I/ Le texte et le contexte. Succès des éditions, mais difficulté d’atteindre l’écrit originel20

L’entourage de Jean de Bernières, le contexte de ses premières lettres et sa lignée spirituelle24

II/ La spiritualité de Jean de Bernières d’après ses premières lettres, de 1641 à 164549

Conclusion : une fenêtre ouverte sur l’univers de Jean de Bernières85


II. JEAN ET SES AMIS SPIRITUELS88


La présence de Jean de Bernières dans les écrits de Marie de l’Incarnation et de son fils Dom Martin89

Isabelle Landy-Houillon89

Présence de Monsieur de Bernières dans les textes91

Spiritualités comparées : créature et Créateur93

Oraison, contemplation et charité100


Un disciple méconnu de Jean de Bernières : le bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec (1623-1708)104

Dom Thierry Barbeau, o.s.b.104

François de Laval : un homme, une vie106

L'Ermitage de Caen ou la formation spirituelle d'un futur pasteur112

Jean de Bernières et François de Laval : une commune spiritualité de la désappropriation120

Un Ermitage pour une Église naissante : la fondation du Séminaire de Québec125


La correspondance spirituelle entre Jean de Bernières et mère Mectilde du Saint-Sacrement136

Bernard Pitaud, P.S.S.136

Introduction : la rencontre ; une amitié spirituelle ; les conditions de la correspondance137

LA DIRECTION SPIRITUELLE DE MERE MECTILDE PAR BERNIERES140

DEUXIEME PARTIE : L’EVOLUTION DE LA VIE SPIRITUELLE DE MERE MECTILDE170

La filiazione Bernières – Bertot – Catherine Mectilde de Bar213

Annamaria Valli, OSBap213

1. Il vissuto di Mectilde nelle lettere a Rambervillers del 1659-1661214

2. Le notizie su Monsieur Jacques Bertot e il rimando a Bernières224

3. Conclusioni236


III. JEAN DANS SON SIECLE245


Jean de Bernières, dans l’histoire sociale et spirituelle de l’époque moderne246

Jean-Marie Gourvil246

Bernières et la modernité246

Bernières entre popularité et condamnation251

Jean de Bernières : sa vie, son œuvre254

Les ruptures de l'époque moderne263

Le Moyen-Age, vie communautaire et vision enchantée du monde264

L'émergence de la période moderne et le Concile de Trente270

L'hôpital des deux XVIIes siècles, de la compassion à l'hôpital général277

L'école et l'éducation des deux XVIIes siècles291

La spiritualité dionysienne de Jean de Bernières297

Bernières et la modernité308

Bernières entre popularité et condamnation312

Jean de Bernières : sa vie, son œuvre315

Les ruptures de l'époque moderne323

Le Moyen-Age, vie communautaire324

et vision enchantée du monde324

L'émergence de la période moderne et le Concile de Trente330

L'hôpital des deux XVIIe siècles, de la compassion à l'hôpital général336

L'école et l'éducation des deux XVIIe siècles349

La spiritualité dionysienne de Jean de Bernières355

Conclusion, sortir de la modernité !363


Jean de Bernières, sources et influences sur l’histoire de la spiritualité365

Dominique Tronc365

I. Un succès éditorial366

II. Des « amis » spirituels372

III. « Rivières cachées »387

Conclusion398


IV. LIRE JEAN DE BERNIERES400


Jean de Bernières, Portrait spirituel à partir de sa correspondance et de ses notes spirituelles.401

Dom Éric de Reviers, o.s.b.401

« Un pauvre ermite caché dans le fond de sa solitude »406

Maître du Saint Abandon et de l’enfance spirituelle.421

Un Maître d’oraison439


Textes de Jean de Bernières lus en l’église Saint Jean de Caen le 13 Juin 2009.507


Sources bibliographiques513

Le « paysage mystique normand » abordé par Charles Berthelot du Chesnay, Eudiste.513

Des éditions anciennes aux éditions contemporaines.519







39.MARIE DES VALLEES LE JARDIN DE L’AMOUR DIVIN

(52) MARIE_DES_VALLEES_Arfuyen_20oct2010.doc

(52) Correctif pour Marie des Vallées éd Arfuyen juin 2013.doc



!Marie des Vallées Jardin de l'amour anc. Vie admirable D & M Tronc (Arfuyen 2013).pdfMarie des Vallées Jardin de l'amour anc. Vie admirable D & M Tronc (Arfuyen 2013).doc



Marie des Vallées, Le Jardin de l’Amour divin, Textes choisis et présentés par Dominique et Murielle Tronc, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2013, 207 p.

Préface

« Je vous crucifierais, dit-elle au Seigneur, je frapperais à grands coups de marteau sur les clous, je vous mettrais même en Enfer, si la Divine Volonté me l’ordonnait ». Voilà qui est parler, et que nous sommes loin des timides façons du christianisme ordinaire ! … Que cette sainte me plaît. Elle parle à Dieu presque d’égal à égal, et elle a l’air d’avoir perdu la tête au moment où son bon sens de paysanne est le plus fort »565.

Marie des Vallées (1590-1656), exerça une profonde influence sur le cercle mystique normand, auquel appartenaient Jean de Bernières (1602-1659) et son jeune associé Jacques Bertot, la mère fondatrice Catherine de Bar, François de Montmorency-Laval futur évêque de Québec, saint Jean Eudes, le baron de Renty Certains membres du cercle de l’Ermitage de Caen allaient chaque année passer plusieurs jours auprès de « la sainte de Coutances », lui faisant part de leurs difficultés les plus intimes.

Son souvenir resta présent chez leurs successeurs et l’on se recueillit longtemps sur sa tombe. Ce réseau mystique s’étendit jusqu’à Paris et pénétra la Cour peu après le milieu du XVIIe siècle par l’intermédiaire de M. Bertot ; et Mme Guyon, qui s’y rattache, écrit à la fin du siècle au fidèle duc de Chevreuse :

« …pour Sœur Marie des Vallées, les miracles qu’elle a fait depuis sa mort et qu’elle fait encore en faveur des personnes qui l’ont persécutée, la justifient assez. C’est une grande sainte et qui s’était livrée en sacrifice pour le salut de bien des gens. Elle était très innocente, l’on ne l’a jamais crue dans le désordre mais bien obsédée et même possédée, mais cela ne fait rien à la chose »566.

Cette confidence résume une vision juste d’une mystique par une autre : l’« innocente » servante, obsédée par la crainte, voire la conviction d’être possédée, à une période où l’on brûle les sorcières par milliers, s’est jetée sans réserve à Dieu. Elle s’est aussi dangereusement « livrée en sacrifice » pour le rachat de ses persécuteurs. Ce don a renforcé des épreuves à l’issue incertaine. On apprécie mieux aujourd’hui le risque d’une telle offrande à porter le mal d’autrui. Le jeune jésuite Surin arrive à Loudun en 1634, l’année où Marie émerge du « mal de douze ans » et va de même entreprendre un étrange voyage intérieur567.

« Cela ne fait rien à la chose » ? En effet la sainte servante parvient à un état spirituel permanent qui lui permet de venir en aide à ses visiteurs. L’un d’entre eux, (le futur saint) Jean Eudes, note soigneusement ses « dits ». Son texte est resté dans l’ombre, en vue de le préserver pour permettre sa canonisation, car il fut pris à partie dans une méchante querelle où l’on chercha à le discréditer en rapportant sa dépendance envers la « sœur Marie ».

Signe de vénération, une copie du texte accompagna Monseigneur de Laval au Canada, sur une coquille en bois, dans les conditions aventureuses d’une des traversées maritimes si bien décrites par Marie de l’Incarnation. Redécouvert, le manuscrit revient en France deux siècles plus tard, cette fois sur un bateau en fer. Ayant ainsi traversé avec succès deux fois l’océan, il repose aujourd’hui aux archives eudistes de Paris : cette Vie admirable mérite enfin d’être reconnue. Nous faisons suivre des extraits, qui forment la plus grande partie de ce petit volume, par un bref aperçu des Conseils d’une grande servante de Dieu, oublié, lui aussi, au sein d’un recueil mystique publié tardivement568. Ce bref résumé de la voie mystique vécue dans toute son exigence jette un éclairage vivant sur les entretiens par lesquels la sœur Marie, âgée, rayonnait sur ses visiteurs.

Marie fut ainsi « sauvée » et authentifiée deux fois et dans deux directions différentes : par le premier évêque de Québec, qui emporta de France le manuscrit de la Vie admirable rédigé par Jean Eudes ; puis près d’Amsterdam, par l’éditeur protestant des œuvres de M. Bertot où sont inclut les Conseils.

Certaines pages paraissent aujourd’hui étranges parce qu’elles mettent en évidence l’esprit du temps vécu par une fille de la campagne normande qui a traversé des épreuves intimes extrêmes et se croit possédée, suivant en cela l’opinion de ses proches. Mais le témoignage pénètre plus profond, car sœur Marie atteint le cœur de la vie mystique. Elle se révèle positive et moins portée à la crédulité que certaines des figures religieuses de son époque. Elle présente une « figure de résistante » qui surmonte toute épreuve. En ce qui concerne la forme, la véracité d’une nuit mystique est restituée sur un mode très coloré, souvent proche de celui des visionnaires du Moyen Age. S’en détachent des « songes » de toute beauté.

Le témoignage est admirable par la trajectoire héroïque dans et par une passiveté qui sortira victorieuse du bourbier des sens. Ses « dits » sont à comparer, par leur droiture devant la grandeur divine, à ceux de la grande Catherine de Gênes. De multiples dialogues magnifiques dans leur profondeur transcendent le ciment d’un rapporteur trop sensible aux rites de la piété d’antan. Nous les avons dégagés de leur gangue pour les présenter ici.

Il s’agit bien d’une œuvre maîtresse dont le mérite est de traduire l’élan « implacable » nécessaire à l’achèvement du chemin mystique569. L’appel, qui reste à vivre aujourd’hui sous des formes qui ont évoluées, témoigne d’un Invariant qui transcende époques et croyances. Achevons par un bref aperçu biographique :

La sainte de Coutances

Marie des Vallées naît dans un village de Basse Normandie de parents pauvres. Orpheline de père à douze ans, elle devient servante. Demandée en mariage, elle refuse et se trouve victime, au plan du vécu psychologique, d’un sort jeté sur elle. On la conduit à Rouen auprès de l’archevêque pour des exorcismes solennels :

« On lui fit faire fort souvent des choses fort pénibles, comme lorsqu’on lui ordonna d’apporter un réchaud plein de feu dans lequel on lui faisait mettre quantité de soufre mêlé avec de la rüe hachée menue, et qu’on lui commanda de tenir sa bouche ouverte sur le réchaud pour recevoir la fumée qui en sortait et lors qu’on lui faisait boire des douze verres d’eau bénite tout de suite ».

La rüe, plante médicinale d’un goût âcre et amer, à l’odeur très persistante, était en effet utilisée contre les ensorcellements.

« Ensuite de quoi elle fut rasée partout. Ce qui se fit le matin, et l’après-midi, il vint six ou sept des messieurs du Parlement avec des médecins et des chirurgiens en la présence desquelles elle fut dépouillée pour la seconde fois ; et ce fut alors qu’elle fut piquée par tout le corps avec des aiguilles et des alènes »570.

L’absence de douleur était un signe suspect : telle était la pratique d’époque des procès en sorcellerie. Rouen héritait d’une Inquisition rodée. Après six mois de prison vécus dans des conditions atroces, elle est déclarée vertueuse et devient servante au service de l’évêché de Coutances. Elle se croit toujours possédée, car « à son époque, dans le contexte de la polémique avec les protestants, mettre en doute la réalité d’une possession pouvait être interprété comme un manque de foi 571 ». On devine l’effet pervers qui peut s’ensuivre.

A vingt-cinq ans, le 8 décembre 1615, elle accepte héroïquement un « échange de volonté » (ce qui peut être comparé à la prise en charge par Surin d’âmes en perte). Trop volontaire, elle vit le désespoir des damnés qui sont les objets de « l’Ire de Dieu » et connaît deux épisodes terribles qu’elle nomme « l’Enfer » (1617-1619) et « le Mal de douze ans » (1622-1634) 572 : « Elle dit qu’une des plus grandes peines des damnés, c’est l’ennui qui est si grand que les heures leur semblaient des siècles ». (V 2.4 573)

Sortant lentement de cette nuit, elle vivra encore vingt-deux années. Sur ordre de l’évêque, le père Eudes l’exorcise « en grec » en 1641. Puis elle deviendra la conseillère d’un grand nombre de visiteurs. Ainsi « l’an 1653, au mois de juin, quelques personnes de piété étant venues voir la sœur Marie pour la consulter sur plusieurs difficultés qu’ils avaient touchant la voie par laquelle Dieu les faisait marcher, qui était une voie de contemplation, ils demeurèrent quinze jours à Coutances, la voyant tous les jours et conférant avec elle sur ce sujet, deux, trois, quatre, et quelquefois cinq heures par jour. » 

D’une grande sagesse, elle évoque pour eux la diversité des chemins spirituels :

« Ce n’est pas à nous de choisir cette voie et nous ne devons pas y entrer de nous-mêmes et par notre mouvement. C’est à Dieu de la choisir pour nous et nous y faire entrer. On n’en doit parler à personne pour la leur enseigner car si on y fait entrer des personnes qui n’y soient point attirées de Dieu, on les met en danger et grand péril de s’égarer et de se perdre […] Il ne faut point s’imaginer qu’il n’y ait que ce chemin qui conduise à l’anéantissement de nous-mêmes et à la perfection. Les uns y vont par la contemplation, les autres par l’action, les autres par les croix, les autres par d’autres chemins. Chaque âme a sa voie particulière. »

« Comme ils voulaient continuer à lui parler, elle leur dit : La porte est fermée, je n’entends plus rien à ce que vous me dites. »574, faisant ainsi écho à un Ruusbroec (1293-1381) qui renvoyait parfois ses visiteurs lorsqu’il sentait la grâce d’inspiration absente.

Les dits que l’on va aborder utilisent des images vives, voire luxuriantes. Ils traduisent une culture visuelle typique de qui n’est pas intellectuel, en utilisant la représentation médiévale du monde qui perdure dans les campagnes. Ces images demeurent ici très bien organisées et veulent assurer la fonction enseignante de paraboles mystiques.

Hors image, le dit demeure sobre, une « flèche de feu » comme chez Catherine de Gênes - sûr indice de la véritable vie mystique opposée à la seule imagination visionnaire : si la « sœur Marie » rapporte un songe c’est pour l’interpréter allégoriquement en vue d’un enseignement spirituel. Et ses réactions vis-à-vis de clercs, ses interactions sociales, etc., révèlent un solide bon sens et même un sens souvent critique : ne travaille-t-elle pas pour venir en aide aux ensorcelés de toutes origines ?

[Le Jardin de l’Amour divin : pp.19-200]



NOTE SUR LE PRÉSENT TEXTE

Jean Eudes rencontre Marie des Vallées en 1641. Elle a entamé la paisible et dernière partie de sa vie. Le visiteur relate en détails les révélations de la « voyante de Coutances » dans sa Vie admirable en 10 livres rédigée en 1655. Le « manuscrit de Québec », intitulé La vie admirable de Marie des Vallées et des choses prodigieuses qui se sont passées en elle… est une copie de cette première relation perdue. Il n’a jamais été édité par crainte de voir la réputation de son rédacteur mise en cause. Quelques extraits utilisés par des biographes modernes satisfont surtout une curiosité envers l’étrange, ce qui a fait méconnaître la grandeur de la mystique. Ils sont abondants au seul début d’un manuscrit par ailleurs difficile à déchiffrer. D’autres sources existent dont le manuscrit Renty 3177 de la Mazarine, intitulé Admirable conduite de Dieu, l’Abrégé rédigé en 1653 par le P. Eudes, etc. L’étude comparative entre toutes les sources reste à faire. Nous éditerons prochainement le « manuscrit de Québec » complet.



40.LA VIE ADMIRABLE DE MARIE DES VALLEES ET SON ABREGE RÉDIGÉS PAR JEAN EUDES SUIVIS DE CONSEILS D’UNE GRANDE SERVANTE DE DIEU

(53) Marie des Vallées définitif.pdf

(53) MdV_DEFINITIF_3jan13_nettoyé_antidoté.doc



La Vie Admirable de Marie des Vallées et son Abrégé rédigés par saint Jean Eudes suivis des Conseils d’une grande servante de Dieu, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2013, 693 p.

Textes présentés et édités par Dominique Tronc & Joseph Racapé, cjm Avec la collaboration de la Congrégation des Eudistes.

Marie des Vallées, possédée par Dieu

La Vie de Marie des Vallées est vraiment un livre extraordinaire […]: « Je vous crucifierais, dit-elle au Seigneur, je frapperais à grands coups de marteau sur les clous, je vous mettrais même en Enfer, si la Divine Volonté me l’ordonnait ». Voilà qui est parler, et que nous sommes loin des timides façons du christianisme ordinaire ! [] Que cette sainte me plaît. Elle parle à Dieu presque d’égal à égal, et elle a l’air d’avoir perdu la tête au moment où son bon sens de paysanne est le plus fort. (Julien Green575)

Marie des Vallées exerça une profonde influence sur le cercle mystique normand, auquel appartenaient saint Jean Eudes, le baron de Renty, Jean de Bernières et son jeune associé Jacques Bertot, Mechtilde-Catherine de Bar (la Mère fondatrice du Saint-Sacrement), François de Montmorency-Laval (le futur évêque de Québec), ainsi que sur des figures venant d’autres horizons576. Certains membres du cercle allaient chaque année passer plusieurs jours auprès de « sœur Marie » lui faisant part de leurs difficultés les plus intimes pour être conseillés.

Puis son souvenir resta très présent chez leurs successeurs, et l’on se recueillait sur sa tombe, dans la cathédrale de Coutances. Ainsi Madame Guyon, qui se rattache à ce réseau mystique – il s’étendit jusqu’à Paris et pénétra la Cour peu après le milieu du siècle par l’intermédiaire de Monsieur Bertot – écrit à la fin du siècle au duc de Chevreuse :

pour Sœur Marie des Vallées, les miracles qu’elle a faits depuis sa mort et qu’elle fait encore en faveur des personnes qui l’ont persécutée, la justifient assez. C’est une grande sainte et qui s’était livrée en sacrifice pour le salut de bien des gens. Elle était très innocente, l’on ne l’a jamais crue dans le désordre, mais bien obsédée et même possédée, mais cela ne fait rien à la chose577.

Cette confidence résume une vision juste d’une mystique par une autre : l’« innocente » servante, obsédée par la crainte voire la conviction d’être possédée, à une période où l’on brûle les sorcières par milliers, s’est jetée sans réserve à Dieu. Elle s’est aussi dangereusement « livrée en sacrifice » pour le rachat de ses persécuteurs (dont un vrai sorcier ?). Ce don a renforcé des épreuves « nocturnes » à l’issue incertaine. On apprécie mieux aujourd’hui le risque d’une telle offrande à porter le mal d’autrui. Le célèbre jésuite Jean-Joseph Surin arrive à Loudun en 1634, l’année où Marie émerge du « mal de douze ans » et va lui aussi entreprendre un étrange voyage intérieur578.

« Cela ne fait rien à la chose », nous dit la mystique de la fin du grand siècle ? En effet la sainte servante parvint à un état apostolique stable qui lui permit de venir en aide à ses visiteurs. L’un d’entre eux, saint Jean Eudes, nota soigneusement les « dits de la sœur Marie ». Son texte est resté dans l’ombre, en vue de préserver le saint, car il fut pris à partie dans une méchante querelle où l’on chercha à le discréditer par une supposée dépendance579.

Signe de vénération, une copie du texte accompagna Monseigneur de Laval au Canada, sur une coquille en bois, dans les conditions aventureuses d’une des traversées maritimes si bien décrites par Marie de l’Incarnation. Redécouverte, elle revint en France deux siècles plus tard, cette fois sur un bateau en fer. Ayant ainsi traversé avec succès deux fois l’océan, le « manuscrit de Québec » repose depuis lors aux archives eudistes de Paris : il mérite bien d’être enfin transcrit, toute controverse atténuée : sa Vie admirable constitue le corps de notre volume.

Nous avons fait suivre ce recueil par l’Abrégé de la vie, œuvre de saint Jean Eudes rédigée à l’occasion de l’enquête diocésaine portant sur sa dirigée : il justifie avec vigueur et profondeur la sainte servante auprès des autorités religieuses de son temps.

Enfin le volume s’achève par des Conseils d’une grande servante de Dieu, qui figurent au sein d’un recueil mystique publié tardivement580. Cet admirable résumé de la voie mystique vécue dans toute son exigence jette un éclairage vivant sur les entretiens par lesquels « sœur Marie », âgée, rayonnait sur ses visiteurs. Il offre au lecteur en recherche spirituelle de lire avec attention, avec bienveillance et ouverture, un complément précieux au long et parfois étrange périple raconté dans la Vie admirable.

Marie fut ainsi « sauvée » et authentifiée deux fois, dans deux directions bien différentes : par le premier évêque de Québec, qui emporta de France un manuscrit de la Vie admirable rédigée par saint Jean Eudes ; par l’éditeur Pierre Poiret des œuvres de Monsieur Bertot incluant des Conseils dont nous ne connaissons pas l’auteur.

D’autres textes manuscrits restent à étudier dont certains attribués à Gaston de Renty, mais aucun n’approche la richesse de cette Vie admirable. On sait que d’autres membres du cercle mystique réunis autour de Monsieur de Bernières visitèrent la sœur Marie, tel Boudon581.

Certaines pages paraîtront étranges parce qu’elles mettent en évidence l’esprit du temps vécu par une fille de la campagne normande ayant traversé des épreuves intimes extrêmes et se croyant possédée. Elles témoignent de la peur des diables, comparable, s’il faut citer un exemple actuel, à celle de fidèles du vaudou. Parfois le « dieu-monstre » paraît se repaître de la douleur des hommes en expiation de leurs péchés. Nuit et dépression associée sont renforcées par la crédulité de proches, voire par l’effet dévastateur d’une crucifixion mal interprétée. On ne peut que compatir à la souffrance inutile qui s’ajoute alors à celle de toute purification intérieure.

Mais le témoignage, attentivement lu, pénètre beaucoup plus profond, car sœur Marie atteint directement le cœur du message chrétien. Elle se révèle plus positive et moins portée à la crédulité que certaines des figures religieuses de l’époque. Elle présente une « figure de résistante » qui surmonte toute épreuve. En ce qui concerne la forme, la véracité descriptive d’une nuit mystique est restituée sur un mode très coloré, souvent proche de celui de visionnaires du moyen âge, dont se détachent des rêves de toute beauté.

Le témoignage demeure admirable par la trajectoire héroïque dans et par sa passive582 qui sortira victorieuse d’un bourbier des sens, et par des « dits » que l’on ne peut comparer, dans leur droiture parfaite devant la grandeur divine, qu’à ceux de la grande Catherine de Gênes. Si le début de la biographie est par trop peuplé de diables, la seconde partie (d’une nouvelle main qui commence au livre 4), offre de multiples dialogues magnifiques dans leur profondeur ; diamants dans une gangue, ils transcendent le ciment du rapporteur parfois sensible aux rites d’une piété d’antan.

Il s’agit d’une œuvre maîtresse dont le premier mérite est de traduire l’élan « implacable » nécessaire à l’achèvement du chemin mystique583. L’appel reste à vivre aujourd’hui sous des formes qui ont évolué. Il témoigne d’un Invariant qui transcende époques et croyances.

La sainte de Coutances

Marie des Vallées (1590-1656) est née de parents pauvres dans un village de basse Normandie. Orpheline de père à douze ans, elle devint servante. Demandée en mariage, elle refusa et fut la victime d’un sort jeté sur elle par une sorcière. Son entourage et l’évêque lui-même finirent par se convaincre qu’elle était possédée du démon. On la conduisit à Rouen auprès de l’archevêque pour des exorcismes solennels :

… on lui fit faire fort souvent des choses fort pénibles, comme lorsqu’on lui ordonna d’apporter un réchaud plein de feu dans lequel on lui faisait mettre quantité de soufre mêlé avec de la rüe hachée menue, et qu’on lui commanda de tenir sa bouche ouverte sur le réchaud pour recevoir la fumée qui en sortait et lors qu’on lui faisait boire des douze verres d’eau bénite tout de suite. […]

La rüe, plante médicinale d’un goût âcre et amer, à l’odeur très persistante, était utilisée contre les ensorcellements.

Ensuite de quoi elle fut rasée partout. Ce qui se fit le matin, et l’après-midi, il vint six ou sept des messieurs du Parlement avec des médecins et des chirurgiens en la présence desquels elle fut dépouillée pour la seconde fois ; et ce fut alors qu’elle fut piquée par tout le corps avec des aiguilles et des alènes584.

L’absence de douleur est un signe suspect. Telle est la pratique des procès en sorcellerie. Rouen héritait d’une inquisition rodée, et cela avant même le célèbre procès de Jeanne en 1431.

Après six mois de prison vécus dans des conditions atroces, Marie est déclarée vertueuse (mais toujours sous l’emprise des diables585). Elle habite à l’évêché de Coutances, puis devient servante du curé Le Rouge et de l’abbé Potier ; elle est alors dirigée par M. Le Pileur, vicaire général.

Elle se croit toujours possédée, car « à son époque, dans le contexte de la polémique avec les protestants, mettre en doute la réalité d’une possession pouvait être interprété comme un manque de foi586 ». On devine l’effet pervers qui peut s’ensuivre.

À vingt-cinq ans, le 8 décembre 1615, elle accepte un « échange de volonté » suivant en cela la seule porte de sortie possible :

… si ma propre volonté est anéantie et que celle de Dieu me soit donnée en la place, je ne l’offenserai plus, car il n’y a que ma propre volonté qui puisse faire le péché. C’est pourquoi je renonce de tout mon cœur à ma propre volonté et me donne à la très adorable volonté de mon Dieu, afin qu’elle me possède si parfaitement que je ne l’offense jamais. (Vie 1.9)

Probablement trop volontaire, elle vit le désespoir des damnés, objets de « l’Ire de Dieu », et connut deux épisodes terribles qu’elle nomma « l’Enfer » (1615-1618) et « le Mal de douze ans » (1621-1633)587 :

Elle dit qu’une des plus grandes peine des damnés, c’est l’ennui qui est si grand que les heures leur semblaient des siècles. (Vie 2.4)

Alors, elle se résolut de se tuer. Pour cet effet elle prend un couteau […] Dieu lui ouvrant l’esprit : […] Où suis-je ? […] Je suis encore au monde, voici une table, un coffre, un lit. Je suis en une chambre, je suis encore en la terre et par conséquent je puis me sauver. (Vie 2.5)

Elle sort lentement de cette nuit et vivra encore vingt-deux années. Sur ordre de l’évêque, le père Jean Eudes l’exorcise « en grec » en 1641. Elle deviendra progressivement la conseillère d’un grand nombre de visiteurs :

L’an 1653, au mois de juin, quelques personnes de piété étant venues voir la sœur Marie pour la consulter sur plusieurs difficultés qu’ils avaient touchant la voie par laquelle Dieu les faisait marcher, qui était une voie de contemplation, ils demeurèrent quinze jours à Coutances, la voyant tous les jours et conférant avec elle sur ce sujet, deux, trois, quatre, et quelquefois cinq heures par jour. Il est à remarquer qu’elle n’est pas maintenant dans cette voie, étant dans une autre incomparablement au-dessus de celle-là par laquelle elle a passé autrefois, mais il y a si longtemps qu’elle ne s’en souvient plus. (Vie 9.6.2)

D’une grande sagesse, elle évoque alors la diversité des chemins spirituels :

Ce n’est pas à nous de choisir cette voie et nous ne devons pas y entrer de nous-mêmes et par notre mouvement. C’est à Dieu de la choisir pour nous et nous y faire entrer. On n’en doit parler à personne pour la leur enseigner, car si on y fait entrer des personnes qui n’y soient point attirées de Dieu, on les met en danger et grand péril de s’égarer et de se perdre […] Il ne faut point s’imaginer qu’il n’y a que ce chemin qui conduise à l’anéantissement de nous-mêmes et à la perfection. Les uns y vont par la contemplation, les autres par l’action, les autres par les croix, les autres par d’autres chemins. Chaque âme a sa voie particulière. Il ne faut point penser que la voie de la contemplation soit la plus excellente…

Comme ils voulaient continuer à lui parler, elle leur dit : « La porte est fermée, je n’entends plus rien à ce que vous me dites. » (Vie 9.6.2)

Faisant ainsi écho à Ruusbroec qui renvoyait parfois ses visiteurs lorsqu’il sentait la grâce d’inspiration absente.

Sa biographie comporte trois périodes de durées comparables : jeunesse et possession avec des épreuves extérieures associées (maltraitances de jeunesse, prison et procès à Rouen) jusqu’à vingt-cinq ans, période d’épreuves intérieures jusqu’à quarante-quatre ans (enfer, mal de douze ans, 1615-1634), normalisation progressive et apostolat jusqu’à la mort arrivée à l’âge assez avancé de soixante-six ans (1634-1656).

Le côté excessif des possessions et du désespoir a-t-il été exagéré dans les comptes rendus de témoins en contact avec une malade sans médecins ? C’est une hypothèse basée sur un grand écart que nous ressentons entre la qualité des « dits » attribuables à sœur Marie avec certitude et certains des développements qui leur sont associés.

Les dits utilisent des images vives, voire luxuriantes, et traduisent une culture visuelle typique de qui n’est pas un intellectuel, utilisant la représentation médiévale du monde. Ces images demeurent bien organisées et sont associées pour assurer avec succès la fonction enseignante de véritables paraboles mystiques. Hors image, le dit demeure sobre, « flèche de feu » comme chez Catherine de Gênes, sûr indice de la vraie mystique opposée à la visionnaire (qu’elle ne veut pas être : si elle rapporte un rêve c’est pour l’interpréter allégoriquement de suite à fin d’enseignement spirituel). D’autre part ses interactions sociales, ses réactions vis-à-vis de clercs, etc., révèlent un solide bon sens et même un sens critique : ne travaille-t-elle pas pour deux types de sorciers, ceux d’Église comme les autres ? Les apports du biographe soulignent souvent l’extrême : car il s’agit de vanter l’héroïcité face aux défis infernaux.

Une progressive emprise de Dieu

Les rêves ou « songes » de Marie des Vallées sont d’une étonnante intensité. Au commencement ils expriment son angoisse liée aux suspicions de sorcellerie, en évoquant un monde infernal. Par la suite, ils traduiront l’ouverture vers le monde divin. Commençons par son antipode :

Elle se trouva en esprit enfermée un espace de temps dans une salle où il n’y avait aucune ouverture, par conséquent ni portes ni fenêtres, et au milieu était l’embouchure de l’enfer, c’est-à-dire un gouffre et un abîme au fond duquel elle voyait le feu de l’enfer… Chaque jour le lieu où elle était fondait peu à peu sous ses pieds, et le puits de l’abîme s’augmentait jusqu’à tant qu’il n’était qu’un petit rebord qui était à la muraille et une petite pièce de bois percée à jour et détachée de la paroi, à laquelle elle passait son bras pour s’empêcher de tomber dans l’abîme. Elle criait à Notre Dame : Est-ce là le chef d’œuvre de votre puissance ? Quelle cruauté ! Ah ! Je ne puis plus demeurer en cet état. Enfin quand tout fut fondu sous ses pieds, elle se trouva délivrée. (Vie 1.8)

De même :

Imaginez-vous, dit-elle, un puits extrêmement large et profond, dans lequel il y a de l’eau et du feu. L’eau est au milieu en figure ronde, et qui s’élève en haut […] sans être appuyée ni soutenue tout autour d’aucune chose, demeurant ferme et solide comme une colonne sans qu’il en tombe une seule goutte, et cette eau est horriblement vilaine, puante et froide extrêmement et plus que toutes les glaces imaginables. Le feu est tout autour de l’eau comme si c’était une muraille qui l’environnât. Si bien que représentez-vous une muraille de feu tout autour de cette eau, dans laquelle il y a depuis le bas jusques au haut, quantité de sièges ou de places disposées comme sont les trous d’un colombier. C’est dans ces sièges de feu qu’elle appelle des chaises que sont les damnés, et les mêmes sièges sont plus ou moins ardents pour chacun d’eux, qu’ils ont plus ou moins commis de péchés. Et après qu’ils ont été quelque temps dans le feu, les démons les prennent et les jettent dans l’eau, et peu après ils les rejettent de l’eau dans le feu, les faisant ainsi passer d’une extrême chaleur à une extrême froideur… (Vie 2.6)

Au-delà de cette veine imaginative, ses dits sont sobres et montrent un esprit très clair : « au premier degré, la volonté cherche à devenir conforme à celle de Dieu (Vie 4.2) » ; puis la volonté « ne fait plus d’élection ; elle ne produit plus aucun acte, comme étant déjà fort malade d’amour, mais elle laisse agir Dieu pour elle ainsi qu’il lui plaît (Vie 4.2) » ; au troisième degré, la volonté est morte, anéantie : elle n’a plus de vie ni de sentiment ; c’est Dieu qui agit ; ailleurs elle parle à ce sujet de « vivre hors de son être, d’une vie inconnue à celui qui la possède (Vie 9.4) ».

Elle évoque brièvement la sécheresse mystique…

Notre Seigneur lui dit qu’elle était comme un vaisseau de terre qui est plein d’une précieuse liqueur, mais il ne la sent ni ne la goûte point. (Vie 3.8)

… distincte de la dépression selon ce qu’elle en laisse paraître :

Et il ne faut point penser que cela vienne de quelque humeur mélancolique fâcheuse dont elle soit pétrie, car au contraire elle est sanguine de son tempérament et par conséquent elle est joviale, douce, facile, condescendante et obligeante tout ce qui se peut. (Vie 3.9)

Elle souligne l’utilité de l’épreuve par une formule paradoxale et abrupte :

Le plus grand don que Notre Seigneur lui a fait est de lui avoir donné le désespoir qui lui a ôté la foi et l’espérance. (Vie 3.8).

Car elle n’est rien en elle-même – mais habitée par Dieu :

Qu’êtes-vous donc ? Dit-Il.

Alors venant à se regarder, elle ne trouve rien.

Notre Seigneur lui dit : […] C’est moi qui suis vivant en vous… (Vie 4.8.1)

Le péché disparaît avec toute propriété, ce qu’elle exprime par un dialogue :

Elle dit souvent à Notre Seigneur : En vous cherchant je me suis perdue, et Notre Seigneur lui répond quelquefois : Eh bien avez-vous perdu au change ? Je me suis mis en votre place. Et quand elle s’examine pour trouver en elle quelque péché, Il lui dit : Me croyez-vous capable de pécher ? S’il y a du péché en vous, c’est moi qui l’ai commis. (Vie 6.13.1)

Elle insiste sur la seule possibilité qui lui reste de laisser Dieu opérer, bien au-delà des moyens humains disponibles dans une abbaye d’ici-bas, utilisant un jeu de paradoxes qui souligne notre incapacité naturelle :

Notre Seigneur lui proposa une forme d’abbaye dont l’abbesse était la divine Volonté. La maîtresse des novices était Notre Dame. Les âmes qui y sont venues sont exercées durant leur noviciat à la connaissance d’elles-mêmes […] ne font profession que quand elles sont entièrement dépouillées d’elles-mêmes. Lorsqu’elles font profession, elles sont au pied de la montagne de perfection sur laquelle s’acheminant, elles commencent de se déifier peu à peu, et en cet état elles ont à pratiquer les excès de l’Amour divin qui contient sept articles : Le premier est d’allumer le feu dans l’eau. Le second de marcher sur les eaux à pied sec. Le troisième d’habiter parmi les couleuvres, serpents et autres bêtes venimeux sans en être endommagé. Le quatrième de vivre dans la mort. Le cinquième de faire la guerre à Dieu et Le vaincre. Le sixième d’être chargé de chaînes et de liens pour aller plus vite. Le septième de s’abstenir de toute nourriture pour être plus fort et plus gras.

Voici l’explication que Notre Seigneur lui a donnée de ces choses : Allumer le feu dans les eaux, c’est conserver l’amour divin dans les souffrances… Marcher sur les eaux à pied sec, c’est mépriser et fouler aux pieds les plaisirs licites et illicites sans y toucher […] Faire la guerre à Dieu et Le vaincre c’est s’opposer à Dieu fortement quand Il veut châtier les pécheurs et Le fléchir à miséricorde. Être enchaîné pour mieux courir, c’est porter la peine du péché d’autrui pour aller promptement à Dieu. […] Toutes ces choses surpassent la nature, dit la sœur Marie. Il n’y a que Dieu seul qui les puisse opérer dans l’âme […] il n’y a qu’une chose à faire c’est d’avoir toujours les yeux fixés sur la divine volonté et ne regarder ni le ciel ni la terre. (Vie 4.10-11)

Il faut passer par la nuit de la purification pour atteindre un Dieu pourtant proche, comme le décrit ce dialogue construit autour d’une image forte et qui reprend probablement le déroulement d’un rêve mystique :

Notre Seigneur lui dit : Que cherchez-vous ?

– C’est vous que je cherche, il y a si longtemps et je ne vous trouve point […]

­– Venez, venez ici, Je vous veux donner quelque chose.

Alors elle vit dans le Saint Sacrement une main extrêmement noire et épouvantable qui lui donna une grande frayeur. Cette main était serrée et elle tenait en soi quelque chose qui était dans une enveloppe beaucoup plus noire et épouvantable que la main. Notre Seigneur ayant levé un coin de cette enveloppe, elle aperçut une pierre précieuse cachée là-dedans, grosse comme un petit œuf qui jetait des rayons de lumière extrêmement brillants. Cette pierre précieuse était entourée de bandelettes qui pourtant ne la couvraient pas toute, et elle vit que cette pierre précieuse voulait sortir et comme s’échapper pour aller ailleurs. Mais cette main la retenait dedans soi.

– Qu’est-ce que tout cela, dit la sœur Marie. Qui est cette main qui est si noire ? […]

C’est mon divin amour, répondit Notre Seigneur […]

Quel est ce gant ?

– C’est l’Ire de Dieu […] cette pierre précieuse c’est Moi-même, car Je suis en vous, Je vous soutiens. (Vie 4.9.19)

Un autre beau dialogue joue sur le paradoxe de la lumière et de l’aveuglement :

Un jour Notre Seigneur dit à la sœur Marie : Les aveugles se sont assemblés pour faire le procès au soleil. Ils disent pour leur raison qu’il a perdu sa lumière et qu’il faut le chasser du ciel parce qu’il occupe inutilement la place qu’il y a.

– Je vous prie, ayez pitié d’eux, car ils ne savent ce qu’ils disent, et leur donnez un arrêt favorable.

– Oui, dit Notre Seigneur. Je m’en vais terminer ce procès et lui donnerait arrêt dans l’excès de mon amour. Et en même temps Il prononça l’arrêt en cette sorte : Je condamne le soleil de donner des yeux aux aveugles pour le connaître et pour voir sa lumière. Au même temps que Notre Seigneur parla du procès des aveugles, la grâce divine descendit… (Vie 5.2.4)

Elle exprime ainsi la maternité spirituelle :

Vous êtes suspendue entre le ciel et la terre, car vous n’avez consolation ni du ciel ni de la terre et vous êtes en travail d’enfant […] vous enfanterez la joie. (Vie 5.6.6)

La divine volonté revient très souvent :

Elle dit qu’elle regarde la divine volonté comme sa reine et qu’elle se comporte avec elle avec grande soumission et respect et qu’elle ne prend aucune familiarité avec elle, et que son occupation ordinaire et continuelle est de chercher les moyens de faire en toutes choses ce qu’elle veut avec promptitude et fidélité. (Vie 6.2.5)

La grandeur divine se manifeste par un amour rigoureux :

Mais l’amour divin est sévère, rigoureux et terrible. Il rit toujours, mais il frappe bien rudement. Je tremble quand je le vois. Quand on se plaint à lui, il ne fait qu’en rire ; on ne sait où il va ni où il mène ; il se fait suivre à l’aveugle. (Vie 6.4)

Les étapes de la voie sont détaillées dans un songe mystique qui a pour cadre une forêt. Il décrit de façon imagée le travail de purification, le cheminement sur la voie mystique de la foi nue sous la forme d’une montée suivie d’un envol spirituel, enfin la nuit inattendue :

« Frappe sur ces branches ! » Elle frappe, il en sort du sang. […] Elle coupa ses branches tout autour, c’est-à-dire celles du bas. […] Et elles arrivèrent à un bel arbre tout émondé auquel il ne restait qu’une petite branche en haut pour soutenir une colombe. Elle y monta jusqu’au haut par le moyen des estocs qui y étaient restés après avoir été émondés, et ne trouvant rien pour s’appuyer, elle fut saisie de frayeur, mais elle fut changée en colombe et devint aveugle et bien effrayée, ayant peine à s’appuyer et ne sachant où voler ailleurs, à cause qu’elle était aveugle (Vie 7.1.4),

car on rencontre Dieu en faisant l’expérience du néant :

C’est une chose très certaine que mon esprit s’en est allé au néant et qu’il a épousé la divine volonté. Ce n’est point une rêverie ni une imagination. C’est une vérité véritable, de laquelle il m’est impossible de douter. […]

Aujourd’hui, Il me disait : Si votre esprit revenait, [ne] le voudriez-vous point ?

-- Non […] j’aimerais mieux aller au néant que de lui donner la moindre étincelle de l’amour que je dois à Dieu seul. […] C’est un amour déiforme qui n’appartient qu’à Dieu seul. Il n’y a que Dieu seul qui le puisse donner et par une très pure bonté : car cet amour ne se peut mériter par aucune bonne œuvre ni souffrance quelle qu’elle soit588.

Dans les Conseils, elle souligne que demeurer dans la « maison du néant » assure la passiveté qui permet à Dieu de « faire son ouvrage » :

Ce ne sont pas les goûts, mais l’opération de Dieu que l’on cherche. (§11)

Dieu dès le premier degré prend l’âme par la main et la conduit ; elle n’a qu’à demeurer passive et Dieu fait son ouvrage. (§12)

La sœur Marie [...] très souvent n’aperçoit point même Dieu dans son fond, il se cache, et elle le laisse cacher, sans vouloir qu’il se manifeste plus clairement ; car elle ne peut choisir : toute sa capacité est de laisser faire Dieu. (§20)

Il est aisé de remarquer quand une âme y est arrivée : elle est contente de son néant, il lui est toutes choses. (§22)

La vraie demeure de l’âme, c’est la maison du néant, où il n’y a rien. (§4)

Ce néant, c’est elle-même qui doit s’effacer devant Dieu, partout présent, si proche qu’Il ne peut être vu :

« Depuis qu’Il lui fit voir qu’elle n’était rien et qu’Il était tout en elle, Il est toujours demeuré dans son cœur. C’est là qu’elle Le trouve et qu’elle Le voit d’une manière qui est sans nulle forme ni figure. » (Vie 9.6.2)

Quand elle donne conseil à ses amis, elle souligne combien il est illusoire d’attribuer quelque importance à ce que l’on réalise par volonté propre, par une comparaison entre nos enfantillages et la puissance divine (c’est ici Dieu qui parle) :

Voulez-vous que je vous fasse voir de quelle façon vous augmentez Ma gloire ? Dites-moi une chose : voilà un petit enfant qui prend de l’eau dans le creux de sa main ou au bout de son doigt et qui la jette dans la mer, accroît-il de beaucoup l’eau de la mer ? […] Il y en a d’autres qui retiennent toute l’eau dans leur main au lieu de la jeter dans la mer et ce sont ceux qui font quelques bonnes actions, mais qui Me les dérobent par vanité.

« En une autre occasion, Il lui dit encore : Voulez-vous savoir ce que vous faites et de quoi vous servez à Mon œuvre ? Vous y servez autant qu’un petit enfant de deux ou trois ans qui voyant charger un tonneau dans une charrette, va pousser au bout avec une petite bûchette, puis il dit qu’il a mis le tonneau dans la charrette et cependant il a bien plus apporté d’obstacle qu’il n’a servi, incommodant et retardant ceux qui chargeaient le tonneau, parce qu’ils avaient crainte de le blesser.  (Vie 10.4)

Un dense résumé d’une vie mystique :

J’ai donné cette médecine à mes apôtres et à mes meilleurs amis. Elle est composée de trois ingrédients, donner, recevoir et demander. Donner à Dieu sa vie humaine et recevoir Sa vie divine laquelle on reçoit à mesure qu’on lui donne la sienne […] Et quand il est tout à fait mort à soi-même et à la vie humaine, il ne vit plus que de Dieu et il n’y a plus rien en lui que de divin, il se présente à Dieu ayant en soi Ma vie et tous Mes mérites, et lui demande hardiment le salut du prochain et tout ce qui est nécessaire pour le procurer. Voilà le plus court chemin de la perfection. (Vie, 10.3.1)

… est suivi d’un encouragement sous la forme d’une certitude d’un achèvement sans distinction de qualités propres :

Il y a cette différence entre ceux qui tendent à la perfection et les gentilshommes qu’entre ceux-ci il y a des comtes et des barons, des marquis, des ducs et très peu de rois, car il est impossible que tous soient rois. Mais tous ceux qui tendent à la perfection peuvent devenir rois, car à mesure qu’ils perdent leur vie, ils vivent de la vie de Dieu, et quand ils sont tout à fait morts à eux-mêmes, ils ne vivent plus que de la vie de Dieu et pour lors ils sont rois. (Vie 10.9.1)

En résumé, son orientation spirituelle consiste en une soumission totale, aimante, absolument désintéressée, à la volonté de Dieu, sans avoir aucun égard ni au mérite ni à la récompense, ce qui n’exclut pas un dialogue d’égal à égal avec les médiateurs Jésus-Christ et sa Mère. Elle porte les peines d’autrui dans un désir profond de leur salut, « pour enfanter la joie ».

Au sein d’une tradition mystique

Elle apprend à lire et goûte Benoît de Canfield, apprécie Thomas Deschamps589 (comme l’apprécia également Jean de Saint-Samson), mais fait une réserve pour Thérèse (comme le fit madame Acarie à son premier contact par lecture seule), qui lui paraît placer trop haut un sensible qui précède la nuit. Cette discrimination qui témoigne de son expérience mystique est attestée ainsi :

Auparavant qu’elle vint à Coutances, elle ne savait pas lire, mais lorsqu’elle y fut, on lui apprit à lire. En ce temps-là, Notre Seigneur lui fit avoir un livre qui s’appelle : la Règle de la Perfection qui est divisé en trois parties. La troisième partie traite de la plus haute contemplation et les deux premiers enseignent les moyens dont on peut se servir pour y arriver.

Lorsqu’elle eut ce livre, elle ne savait que lire très imparfaitement, en épelant et en hésitant. Néanmoins lorsqu’elle vint à l’ouvrir, elle lisait tout courant et sans broncher dans la troisième partie, et qui plus est, elle l’entendait fort bien. Mais elle ne pouvait lire dans les deux autres, d’autant qu’elle n’en avait que faire, Dieu ne l’ayant point fait passer par ce chemin là pour la conduire à la perfection où elle était arrivée et qui était décrite dans cette troisième partie.

Notre Seigneur lui donna encore un autre livre composé par un prêtre nommé Thomas Deschamps, intitulé les Fleurs de l’Amour Divin ou le Jardin des Contemplatifs, là où l’on voyait plusieurs choses de très haute perfection […] quand elle lisait ce que sainte Thérèse a écrit dans ses livres touchant la plus sublime contemplation, elle s’étonnait de ce que cette sainte en faisait tant d’états, parce qu’elle croyait que cela était commun à tout le monde. (Vie 9.6)

Elle se sent très proche de Catherine de Gênes :

La sœur Marie assure qu’elle a expérimenté en soi beaucoup de conformité avec ce qui est écrit de sainte Catherine de Gênes en sa Vie, excepté qu’il y avait en cette sainte beaucoup d’amour sensible… Sainte Thérèse va doucement et s’avance peu à peu, mais je suis trop précipitée, dit la sœur Marie, je marche à la désespérade, (c’est son mot) : témoins ces grands désirs que j’ai eus de l’enfer […] sainte Catherine de Gênes ne veut rien que ce que Dieu veut […] C’est pourquoi elle dit que sainte Catherine de Gênes est sa bonne sœur. (Vie 7.5)

Elle exerce une profonde influence sur saint Jean Eudes, qui défend son souvenir avec constance, comme un bien majeur qu’il ne peut trahir. Il notera : « J’eus le bonheur de commencer à connaître la sœur Marie des Vallées, par laquelle sa divine Majesté m’a fait un très grand nombre de grâces très signalées590. » Car seule une intime certitude de la circulation de grâce, associée aux rapports visibles, permet d’être fidèle à des personnes dont on ne partage pas forcément les caractères particuliers ; il en sera de même entre Madame Guyon et Fénelon.

Une autre influence dont on possède la trace écrite concerne le baron de Renty Renty qui vient la voir en 1642:

Nous vous avons bien recommandée à cette bonne âme [sœur Marie], quoi qu’elle ne vous ait pas oubliée depuis la première fois, elle vous est fort liée.

Elle lui donne « la clef qui ouvre le chemin que j’ai marché en cette vie » :

Dans ce chemin l’amour divin consomme l’âme en lui-même, et la transforme en Dieu ; il l’anéantit et la déifie, et n’y demeure que Dieu seul vivant et régnant. Voilà la dignité…591 

Table

La Vie Admirable de Marie des Vallées1

Textes présentés et édités par2

Dominique Tronc & Joseph Racapé, cjm2

Centre Saint-Jean-de-la-Croix2


Marie des Vallées, possédée par Dieu3

La sainte de Coutances6

Une progressive emprise de Dieu8

Au sein d’une tradition mystique12


Saint Jean Eudes, témoin fidèle14

Avant-Propos14

La renommée d’une dirigée14

Les manuscrits 68 de Cherbourg et 6980 de Vienne (Autriche)15

Deux lettres de saint Jean Eudes16

Lettre LVI : À M. Trochu, aumônier de Mgr de Ligny, évêque de Meaux, qui avait écrit à M. de La Haye, Supérieur du séminaire de Caen, au sujet des bruits qu’on faisait courir sur le P. Eudes, par rapport à Marie des Vallées.16

Lettre LVII : A Mgr de Nesmond, évêque de Bayeux. Sur ses rapports avec Marie des Vallées. [1675]17

Avertissement19


LA VIE ADMIRABLE DE MARIE DES VALLÉES, ET DES CHOSES PRODIGIEUSES QUI SE SONT PASSEES EN ELLE 20


Livre 1.21

Contenant ce qui s’est passé en elle jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans.21

Chapitre 1er. Sa vie et sa disposition depuis sa naissance jusques à l’âge de dix-neuf ans, et comme elle a été instruite, conduite et protégée de Dieu.21

Chapitre second. De la manière qu’elle a été possédée corporellement par les malins esprits.24

Chapitre troisième. Ce qu’elle fit quand elle eut connaissance qu’elle était possédée des malins esprits.25

Chapitre 4. Ce qu’elle a souffert de la part des démons par la possession.26

Chapitre 5. Ce qu’elle a souffert de la part des hommes, spécialement pendant qu’elle a été prisonnière à Rouen.27

Chapitre 6. Ce qu’elle a souffert de la part des sorciers.31

Chapitre 7. Les remèdes dont l’Église se servait pour détruire les maléfices et comme elle en fut entièrement délivrée.33

Chapitre 8. L’état misérable des sorciers.34

Chapitre 9. De l’échange qui s’est fait de la volonté de la sœur Marie avec celle de Dieu.37

Chapitre 10. Des choses qui se sont ensuivies du susdit échange, dont la première est qu’elle est privée de sa liberté.41

Chapitre 11. De la seconde chose qui s’est ensuivie du sudit échange, qui est la privation de la sainte communion.43


Livre 2. Les désirs extrêmes qu’elle a eus de souffrir, et tout ce qui concerne l’enfer dans lequel elle a été.45

Chapitre 1.45

Chapitre 2. Elle désire ardemment et demande avec instance les tourments de l’enfer afin d’en garantir les sorciers : elle y descend et y est condamnée à souffrir les supplices qu’ils méritent.47

Chapitre 3. Les peines de l’esprit. L’Ire de Dieu.50

Chapitre 4. Les peines des sens.52

Chapitre 5. De plusieurs autres choses qui lui arrivèrent pendant qu’elle était en enfer.54

Chapitre 6. Description de l’enfer et comme la sœur Marie en sortit.55

Chapitre 7. Les peines d’enfer lui avaient été prédites et figurées avant qu’elle y entrât.57

Chapitre 8. La raison pour laquelle elle ne croit point aux choses qui se passent en elle, c’est la poire d’angoisse qu’on lui a mise en la bouche, c’est-à-dire, les quatre grands maux que le Père, le Fils, le Saint-Esprit et la Sainte Vierge lui ont donnés après l’enfer.57


Livre 3. Qui contient ce qui concerne le mal de douze ans et qui fait voir comme elle a porté les péchés d’autrui et un grand nombre de diverses sortes de souffrances.59

Chapitre 1. Figures et prédictions du mal de douze ans. Il est figuré par une coupe pleine de feu et de soufre. Elle est appelée à souffrir ce mal de douze ans.59

Section 1. Le mal de douze ans est figuré par une couche et une fournaise ardente.60

Section 2. Autres figures de ce même mal.60

Chapitre 2. Vœux pour obtenir le mal de douze ans. Vœu que Notre Seigneur a fait à la Croix pour la sœur Marie de souffrir ce mal. Vœu de Notre Dame pour impétrer le même mal.61

Chapitre 3. Son esprit a des désirs très ardents d’entrer dans le mal de douze ans. Ses sens en sont effrayés. Elle connaît qu’il est proche et le prédit, et de plusieurs autres choses qui se sont passées en elle pour l’y préparer, durant les trois ans qui l’ont précédé.62

Chapitre 4. Le mal de douze ans.64

Chapitre 5. Les plaies du mal de douze ans.68

Chapitre 6. On lui fait rendre grâces à Dieu de lui avoir donné le mal de douze ans.71

Chapitre 7. Elle est chargée des péchés de tout le monde. Elle en porte les sentiments, la malédiction et la punition : c’est l’Amour divin qui l’en a chargée, dont Notre Seigneur lui donnera l’absolution.71

Chapitre 8. Elle est privée de toute consolation et ne croit point aux choses qui se passent en elle, et n’en parle que par contrainte : les sens font des conférences.75

Section 1. Le plus grand don que Notre Seigneur lui a fait est de lui avoir donné le désespoir qui lui a ôté la foi et l’espérance.77

Chapitre 9. La Passion de Notre Seigneur est le cœur et l’âme de la sœur Marie et comme toutes choses l’affligent, on lui plante la Croix dans le Cœur.78

Section 1. Elle est privée de toute consolation et est remplie de souffrances. La consolation lui est un retardement dans sa voie, elle préfère les souffrances aux joies du paradis.80

Section 2. Ses sens sont purifiés par plusieurs tribulations. Tourment de quinze jours et de douze jours. Elle rend grâce à la Trinité des cinq plaies qu’elle a portées.81


Livre 4. Contenant plusieurs choses qui font voir l’excellence de cette œuvre.82

Chapitre 1. De son innocence, de sa pureté virginale, de son martyre.82

Chapitre 2. Trois degrés de perfection.83

Chapitre 3. Règle de perfection.84

Chapitre 4. L’état de perfection où est arrivée la sœur Marie est le plus haut degré du dénuement intérieur. De sa conformité avec Notre Seigneur.88

Section I. Elle est attachée à la queue de cheval de Notre Seigneur qui est son amour divin, afin qu’elle le suive partout. Elle est crucifiée avec lui.88

Chapitre 5. Elle est la croix vivante de Notre Seigneur.89

Chapitre 6. Notre Seigneur est toujours en son cœur et il y est régnant comme dans son palais royal.90

Chapitre 7. Contestation entre l’esprit et les sens. Cinq versets pour les sens et cinq pour l’esprit. Notre Seigneur est son époux.90

Chapitre 8. Qu’elle est morte et anéantie et que Notre Seigneur est tout en elle.94

Section 1. Que Notre Seigneur rend plus d’honneur et de gloire à son Père, qu’Adam et toute sa postérité ne lui en auraient rendu quand ils seraient demeurés dans la Justice originelle.97

Section 2. Comme son esprit, sa mémoire, son entendement, sa volonté, ses passions, ses sens et sa raison s’en sont allés au néant.98

Section 3. Elle est toute anéantie en soi-même et toute transformée en Notre Seigneur et déifiée.100

Section 4. Autre anéantissement qui s’appelle l’expiravit de l’esprit, lequel ensuite épouse la divine Volonté.101

Section 5. L’expiravit des sens.105

Chapitre 9. Son beau verset.105

Section 1. Son beau verset est un verset divin sorti d’un conseil divin et c’est la sapience éternelle.107

Section 2. Son beau verset lui est représenté par une pierre précieuse enchâssée dans une bague.108

Chapitre 10. Plusieurs autres choses qui font voir son état. Le Fils de Dieu la demande en mariage.109

Section 1. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit lui donnent la bénédiction. Dieu conduit toutes ses actions et exauce ses prières.109

Section 2. Il y a un grand feu caché sous la cendre.110

Section 3. Elle se revêt d’une vieille robe qui représente son état.110

Section 4. Elle est noire, mais elle est belle. Elle a une bague à son doigt.111

Section 5. Elle est représentée par un ver de terre.112

Section 6. Trois oiseaux : un paon, un aigle et une colombe qui représentent le parfait usage qu’elle a fait des trois puissances de son âme.113

Section 7. L’amour divin fait un tableau en la sœur Marie, et la sœur Marie fait un beau tableau de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.114

Section 8. La sœur Marie est un bouquet composé de toutes sortes de maux. Elle est un chandelier d’or avec un encensoir.115

Section 9. Par trois encensoirs on fait voir comment elle est associée avec Notre Seigneur et la Sainte Vierge dans l’œuvre du salut des âmes.116

Section 10. Ce qui se fait en elle est l’œuvre de l’Amour divin et des excès de la Charité divine.117

Section 11. Abbaye de perfection et règles des excès de l’Amour divin qu’il a fait garder à la sœur Marie.118

Section 12. Les grands chemins abondent en froment et les campagnes sont stériles. On lui donne et elle donne un grain de raisin. Dieu est tout en elle et n’est que son habit dont Il est revêtu.119

Section 13. Plusieurs versets qui expriment son état.120

Section 14. Son état est représenté par ces paroles : Terribilis est locus iste. Non est hic aliud nisi domus Dei et porta cœli.121

Section 15. Deux cantiques en forme de colloques entre Notre Seigneur, sa sainte mère et la sœur Marie, qui expriment son état.121

Section 16. Elle est dans le néant du péché avec Notre Seigneur pour en tirer les âmes.127

Section 17. La sœur Marie est une étable aux pourceaux, la maison du soleil, le château de Jésus et sa couche nuptiale, etc.127

Section 18. Salle carrée qui est la figure de la sœur Marie et des fruits que Dieu en tirera.129

Section 19. Belle description de la sœur Marie.130

Section 20. Elle voit Notre Seigneur crucifié et couvert de plaies, qui est le modèle de l’état où elle est. Elle n’a qu’un même cœur avec Notre Seigneur et Sa sainte mère.132

Section 21. Elle est dans un état de mort effroyable.133


Livre 5. Contenant plusieurs autres choses qui font voir la sublimité, la vérité, la fin et les fruits de l’œuvre admirable que Dieu a opérée en la sœur Marie.135

Chapitre 1. Ce qui se fait en la sœur Marie est un œuvre de l’amour divin, qui est impénétrable à l’esprit, à la raison et à la science humaine.135

Chapitre 2. La vérité des choses qui se passent en la sœur Marie.136

Section 1. On lui atteste que ce qui se passe en elle est l’œuvre du Saint-Esprit.136

Section 2. Bâtons d’ivoire et de cèdre, preuves de la vérité.137

Section 3. Témoignages de l’esprit de Dieu en la sœur Marie et de la vérité des choses qui se passent en elle.137

Section 4. Les aveugles font le procès au soleil. Le procès d’entre les sens de la sœur Marie et quelques particuliers.138

Chapitre 3. La sœur Marie se met entre Notre Seigneur et la terre pour empêcher de la châtier, prenant sur elle les peine dues à ses péchés.140

Chapitre 4. Dieu récompense abondamment ceux qui servent à cet œuvre. Des trois rois.141

Chapitre 5. Abrégé des états principaux par lesquels la sœur Marie a passé.141

Chapitre 6. Ce qui se passe en elle sera manifesté en son temps.144

Section 1. Les douze frères sont des conseillers examinateurs. On lui promet qu’elle gagnera son procès.145

Section 2. Notre Dame fait vœu et promet de la mener à la sainte Trinité dans le ciel pour être guérie. On écrit son arrêt.145

Section 3. Notre Seigneur lui chante un motet et lui promet de la ressusciter. Elle fait quatre vœux. On la fera vivre en terre de la vie du ciel.146

Section 4. Notre Seigneur lui promet plusieurs grandes choses. Elle demande cinq choses pour ses cinq sens. Elle doute extérieurement et est assurée intérieurement.147

Section 5. Notre Seigneur lui promet de lui faire connaître la vérité et à tout le monde. Confirmation de la vérité.149

Section 6. Elle est suspendue entre le ciel et la terre. Elle enfante la joie.152

Chapitre 7. La fin de cet œuvre. Le changement et la fin viendront quand elle y pensera le moins.153

Section 1. Elle va au-devant de son époux par la voie des excès. Il L’attend caché dans une sente pour la surprendre en passant.153

Section 2. La fin sera plus belle et plus admirable qu’on ne pense.154

Section 3. Au moment que la sœur Marie connaîtra la vérité, elle demeurera endormie sur le pavé. Les souffrances sont un grand sujet de joie.155

Section 4. Le changement est proche.156

Chapitre 8. La destruction des péchés est la fin de cet œuvre. La divine Volonté marchera à la tête de l’armée.157

Section 2. Le feu de la haine du péché dont elle est embrasé pour l’anéantir. David a tué Goliath, Judith, Holopherne. Esther a délivré son peuple et Aman a été pendu.158

Section 3. Conclusions de la très sainte Trinité contre le péché. Trois flèches pour faire mourir les péchés de fragilité, d’ignorance et de malice.159

Section 4. L’amour divin commande à toutes les vertus de lever chacune une armée pour combattre et pour tuer le péché.161

Section 5. Arrêt de mort contre le péché.162

Chapitre 9. La grande tribulation que Dieu enverra pour détruire le péché163

Chapitre 10. La conversion générale. Vœux et prières pour la conversion générale.163

Section 1. Plusieurs belles paroles et promesses touchant la conversion générale.167

Section 2. Trois femmes dont l’une est morte, l’autre se tue, et la troisième est crucifiée.168

Section 3. On lui fit dire trois litanies pour la conversion des infidèles, des mauvais catholiques, des prêtres et de tout le monde.170

Section 4. Baptême de deux enfants dont Notre Dame est enceinte. L’amour divin instruit le faux zèle des païens.170

Section 5. Figures de l’état des infidèles et de leur vocation et conversion à la foi.171

Section 6. La conversion des sorciers.172

Section 7. Trois villes prises, à savoir le ciel, la terre et l’air, qui est une figure de la conversion générale.173

Section 8. Les canons du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour convertir tout le monde.173

Section 9. Elle est une flèche empoisonnée. Elle fait un message aux éléments.174

Section 10. Notre Seigneur ayant visité ses terres, dit avec tristesse : terra miseria, etc. La joie qui le suit chante alléluia et prend possession de tout le monde.175

Section 11. Notre Seigneur sur le bord du néant du péché pour en tirer les âmes. Le torrent des sept rivières.176

Section 12. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont disposés à faire miséricorde à toutes les âmes et la leur faire de grands dons.179

Section 13. Le cantique de la divine sapience. La terre sera peuplée de saints.181

Section 14. Les cèdres du Liban. La corne de licorne. L’état du monde après la conversion générale.182

Section 15. Dieu se servira des malins esprits pour détruire leur ouvrage et pour convertir le monde.184


Livre sixième. Contenant ce qui appartient aux divins attributs, à Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa sainte Passion, au Saint-Sacrement, à la communion et à la confession.186

Chapitre 1. C’est ici un œuvre des divins attributs.186

Chapitre 2. L’amour de la sœur Marie vers la divine volonté. Elle l’honore comme sa mère, etc.187

Section 1. Elle regarde et suit en toutes choses la divine volonté. Les créatures nous montrent cette leçon : elle doit être suivie au préjudice de la raison.188

Section 2. Deux manières de donner sa volonté à Dieu. Il donne la sienne à ceux qui lui donnent la leur comme il faut.189

Section 3. Suivre en tout la divine volonté est un martyre. Moyens pour connaître la divine volonté.190

Section 4. Elle est animée de la divine Volonté. Estriveries qui font voir que la divine Volonté est régnante en elle.191

Section 5. Sa soumission et son respect vers la divine Volonté, qui règle les choses qui la concernent, lesquelles sont toutes mystérieuses.192

Section 6. La divine Volonté couronnée en la sœur Marie.193

Chapitre 3. Son abandon à la divine providence.194

Chapitre 4. L’amour divin est rigoureux et terrible.194

Section 1. Le jardin de l’amour divin.194

Section 2. La charité divine fait une collation à la divine justice, l’enivre de son vin, met des bondes à son torrent et lui arrache des mains son couteau, ses flèches et ses foudres.195

Section 3. Trois déluges, dont le troisième est l’amour divin.196

Section 4. La différence qu’il y a entre l’amour divin et la charité divine.197

Chapitre 5. De la divine miséricorde.197

Chapitre 6. De la divine justice.198

Section 1. La divine Justice est la plus belle des divines perfections.198

Section 2. Son grand amour envers la divine justice.199

Section 3. Les différents effets de la miséricorde, de la charité et de la justice.200

Chapitre 7. De la force divine, de la patience et de la toute-puissance.201

Chapitre 8. La miséricorde, la patience et la bonté de Dieu sont lassées d’attendre les pécheurs.201

Chapitre 9. Notre Seigneur a donné trois armes à la sœur Marie, avec lesquelles elle a vaincu l’Ire de Dieu, sa toute-puissance et sa justice.202

Chapitre 10. De Notre Seigneur Jésus-Christ.202

Section 1. Trois cœurs de Notre Seigneur Jésus-Christ. Rosaire en l’honneur de son saint nom.203

Chapitre 11. De la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est son âme qu’Il met entre les mains de son Père. Son grand amour vers elle.204

Section 1. La Passion de Notre Seigneur est l’estomac de la gentilité, de l’hérésie et de l’Église, pour digérer et consumer leurs péchés.205

Section 2. Ce que la Passion est à Dieu, aux hommes et au péché.206

Section 3. L’abjection de Jésus-Christ est une fontaine de lumière, et sa Passion est une fournaise d’amour.206

Chapitre 12. Du très Saint Sacrement de l’autel. Comme elle le salue. Elle y trouve tous les saints.207

Section 1. Le paradis terrestre qui est le Saint Sacrement de l’autel.207

Section 2. Autre jardin du Saint Sacrement.209

Section 3. Comme il faut exposer le Saint Sacrement.211

Chapitre 13. De la communion et de la confession.212

Section 1. La sainte communion lui est rendue.212

Section 2. Qui sont ceux qui peuvent communier souvent.213

Section 3. De la confession et comme elle purifie les âmes.213


Livre 7. Qui contient ce qui regarde la mère de Dieu, les anges et les saints, l’Église militante et souffrante.215

Chapitre 1. La dévotion que la sœur Marie a eue pour la Sainte Vierge et qu’elle est la main de Dieu.215

Section 1. La Sainte Vierge la délivre de prison et est sa caution.215

Section 2. Notre Dame lui prête son carrosse.216

Section 3. Elle est la grande basse de la Sainte Vierge.216

Section 4. Notre Dame lui commande de donner une aumône et lui rend peu après. La même Vierge donne des armes pour combattre et des prix à ceux qui vainquent.217

Section 5. Notre Dame défend à un prédicateur de recommander un autel dédié à son honneur aux aumônes. Elle a un privilège : de sauver ceux qui la prêchent. Son humilité et sa charité.219

Chapitre 2. De l’Ave Maria, du Saint Rosaire et du Saint Scapulaire.220

Chapitre 3. La fête du très Saint Cœur de la bienheureuse Vierge, de l’Ave cor sanctissimum et de cette prière : Sancta Maria virgo cui data omis, etc.222

Chapitre 4. Ce qu’il faut faire pour honorer les reliques des saints. Elle les va saluer au ciel.224

Section I. Les saints viendront pour détruire le péché.226

Chapitre 5. De quelques saints en particulier. De saint Joseph, saint Joachim, sainte Anne, saint Pierre, saint Paul, saint Étienne, sainte Catherine de Gênes, de Ste Thérèse et de sainte Gertrude.227

Chapitre 6. De l’Église et de l’état où elle est.229

Section I. On la fait prier pour l’Église.230

Section II. Dispute entre l’Amour divin et l’Église.231

Section III. Vœux pour l’Église et pour les prêtres. Elle sera saignée. On la fait baigner au fleuve du Jourdain.232

Chapitre 7. Du purgatoire. Comme plusieurs âmes en sont délivrées par son moyen.233


Livre 8 contenant plusieurs choses contre le péché en général et plusieurs péchés en particulier.235

Chapitre 1. La laideur du péché et la haine que la sœur Marie lui porte, et la cause.235

Section 1. Le dernier degré de la haine du péché, et sur ces paroles : « Voce magna expiravit. »236

Section 2. Désir extrême qu’elle a de la mort du péché. Les hommes attirent l’Ire de Dieu par leurs péchés. Le péché est notre frère aîné.237

Chapitre 2. Contre l’orgueil. Exemples de quelques personnes orgueilleuses.238

Chapitre 3. Contre la vanité. La haine que la sœur Marie lui porte. Combien elle est dangereuse. Elle rend une puanteur insupportable. Un saint homme est en purgatoire pour la vanité.239

Section 1. La vanité se nourrit par les louanges, et se fortifie par les flatteries des hommes qui sont du poison.240

Chapitre 4. Contre l’amour-propre, la propre excellence, la vanité et l’orgueil.241

Chapitre 5. Contre la profanation des Lieux saints. Les ecclésiastiques qui se comportent irrévérencieusement dans l’église attirent l’Ire de Dieu.242

Section 1. Contre ceux qui chantent en fredonnant et qui ne prononcent pas bien ce qu’ils disent. Contre ceux qui causent à l’église, et contre les mères dont les enfants profanent l’église par leur faute.242

Chapitre 6. Contre les superstitions, parjures et ceux qui retiennent le bien d’autrui.245

Chapitre 7. Contre l’envie, les contestations et les moqueries.245

Chapitre 8. Contre la gourmandise, ivrognerie et friandise.247

Chapitre 9. Contre le péché déshonnête.248

Section 1. Oraison et moyen contre les tentations impures. Contre les gorges découvertes, pompes et vanités mondaines ; et contre les chansons profanes.248

Chapitre 10. Contre les nouvelles modes.250

Chapitre 11. Contre le monde. Les biens temporels ne sont rien.252

Section 1. Elle a vaincu le monde, le diable et la chair.253


Livre 9. Qui contient des choses très excellentes touchant la grâce et plusieurs des principales vertus chrétiennes.254

Chapitre 1. La sœur Marie est en la main de la grâce qui l’a toujours conduite depuis son baptême et à laquelle elle a toujours obéi.254

Section 1. Règne de la grâce dans la sœur Marie, et les règles qu’elle lui donne pour les puissances de son âme, pour ses sens, pour ses passions, pour la prière, tentations, charité vers soi-même, ses amis et vers ses ennemis.255

Section 2. Elle lui fait pratiquer plusieurs mortifications. Elle anime quelquefois ses sens. La grâce est une couronne. Dieu la donne à celui qui fait ce qu’il peut.256

Chapitre 2. De la foi. Trois sortes de foi.257

Chapitre 3. De l’amour de Dieu. Colloque entre Notre Seigneur et la sœur Marie, qui fait voir le grand amour qu’elle lui porte.258

Section 1. Elle aime Dieu purement et ne veut point de récompense. Son amour déiforme au regard de Dieu.259

Section 2. On ne peut rien faire pour l’amour de Dieu quand on n’a pas l’amour de Dieu en soi. Différence de ceux qui agissent par amour de Dieu et de ceux qui agissent par amour propre.261

Chapitre 4. De la dévotion. En quoi elle consiste et quelle a été celle de Notre Seigneur sur la terre.261

Section 1. Différence des âmes qui sont dans la dévotion sensible d’avec celles qui sont dans les sécheresses. Le démon donne quelquefois des consolations. Trois maux dans la dévotion et leurs remèdes.262

Chapitre 5. De sa dévotion et vénération pour toutes les choses de l’Église. Sur les encensements. De l’eau bénite.263

Section 1. Du psautier. Trois directeurs de la sœur Marie. Excellence de sept psaumes pénitentiaux.265

Chapitre 6. De la contemplation. La sœur Marie a été élevée dès le commencement au plus haut degré de la contemplation.268

Section 1. La manière avec laquelle Notre Seigneur lui parle et comme elle connaît la vérité des choses qui lui sont proposées.269

Section 2. Trois sortes de contemplations. Elle résout des difficultés qu’on lui propose sur la contemplation, et donne des avis fort utiles sur ce sujet.269

Chapitre 7. Le jardin des contemplatifs.272

Chapitre 8. Plusieurs manières d’oraison de la sœur Marie en divers temps.275

Section 1. Elle ne peut prier quand elle veut, ni pour qui elle veut. On la fait prier pour sept sortes de personnes et pour cinq sortes de pèlerins.276

Section 2. Elle prie pour le salut de plusieurs qu’elle obtient. Prières qu’on lui fait dire au matin, à midi, et au soir au son de la cloche.278

Section 3. Trois rosaires qu’on lui fait dire pour remercier Dieu de tous les biens qu’il a faits à Jésus-Christ, à Notre Dame et à tous les saints. Explication de ces paroles : « Petite et accipietis, etc.. Hosanna in excelsis est une prière infinie.280

Chapitre 9. Elle aime son prochain plus que soi-même. Combien la condescendance est agréable à Dieu. Un homme est sauvé pour approuver le bien. Une fille sauvée pour un acte de charité.281

Chapitre 10. De sa charité vers ses ennemis.282

Chapitre 11. De sa charité vers les âmes et du zèle de leur salut. La sœur Marie voit la beauté des âmes et est embrasée de zèle pour leur salut.283

Section 1. Son amour pur vers Dieu et son affection pour les âmes.283

Section 2 : Elle trouve la couronne de Notre Seigneur qui sont les âmes, dans la mer, dans l’abîme et dans le néant.284

Section 3. Sa charité vers les âmes. Elles sont son cœur et elle n’a que des excès d’amour vers elles.285

Section 4. Les tourments que son amour lui fait souffrir en la vue de la perdition des âmes.288

Section 5. Son zèle très ardent pour le salut des âmes.288

Section 6. Elle a grande compassion des pécheurs. Travailler pour le salut des âmes, c’est conquérir la terre sainte. C’est le plus court chemin de la perfection et le plus grand témoignage d’amour vers Dieu. Cinq sortes de personnes qui travaillent au salut des âmes.291

Chapitre 12. De la charité et mansuétude vers les pauvres, et de l’aumône.292


Livre 10. Contenant beaucoup de choses très utiles touchant l’humilité et plusieurs autres vertus. De la perfection. Du don de prophétie et des miracles.292

Chapitre 1. De l’humilité de la sœur Marie.292

Section 1. Les trois partages des enfants d’Adam qui contiennent une belle instruction sur la connaissance de soi-même.293

Section 2. Notre Seigneur lui dit ses louanges, qui appartiennent aussi à tous les enfants d’Adam et qui contiennent une plus grande explication des trois partages.294

Section 3. Elle a une très basse estime de soi-même, un très grand mépris et haine de soi-même. Actes merveilleux d’humilité.295

Section 4. Elle aime d’être avertie. Sa plus grande joie est d’être méprisée et son plus grand tourment d’être honorée.296

Section 5. Tout ce qui tourne à son honneur lui sert à confusion et à tourment.297

Section 6. Elle a affection pour ceux qui la méprisent et aversion pour ceux qui l’estiment. Les louanges sont du poison et plus dangereuses que les médisances.298

Section 7. Notre Seigneur cache dans son sein la petite violette qui est la sœur Marie.300

Chapitre 2. De la haine extrême qu’elle a contre l’honneur.300

Section 1. Le dernier degré de la haine de l’honneur.301

Section 2. Ce qu’elle dit aux autres porte à l’humilité.302

Chapitre 3. De plusieurs autres choses qui montrent l’humilité, en quoi elle consiste et qu’elle a une infinité de degrés.303

Section 1. L’humilité comprend deux choses : la connaissance de Dieu et de soi-même — et c’est le plus court chemin pour arriver à la perfection. Qui a l’humilité a toutes les vertus.304

Section 3. L’humilité et la crainte soutiennent la fragilité.306

Section 4. Plusieurs motifs d’humilité. Le portrait de la vraie et parfaite humilité.307

Chapitre 4. De l’obéissance. Notre Seigneur lui commande de faire plusieurs petites choses pour l’exercer dans cette vertu. Elle vaut mieux que la dévotion. Contre la propre volonté.308

Section 1. Exemples de l’obéissance.309

Chapitre 5. Du silence, de la patience, des austérités et de la pauvreté.309

Chapitre 6. De l’abstinence de la sœur Marie et comme elle porte au boire et au manger la pénitence du plaisir déréglé que les autres y prennent. De la virginité, de la chasteté, et que Notre Seigneur conseille toujours le plus facile.310

Chapitre 7. De la vérité, simplicité et fidélité dans les promesses.311

Section 1. Elle prie pour la connaissance de la vérité : la fidélité de l’âme au regard de Dieu.313

Chapitre 8. Belle instruction sur toutes les vertus.313

Chapitre 9. De la perfection. En quoi elle consiste. Son abrégé.314

Section 1. Le plus court chemin de la perfection. La grande différence qu’il y a entre ceux qui marchent par ce chemin.315

Section 2. La meilleure manière de faire ses actions avec perfection. Trois choses dont il se faut garder dans le chemin de la perfection.315

Chapitre 10. Communion, union, transformation et déification.316

Section 1. La goutte de rosée qui demande de se perdre dans la mer de la Divinité.317

Chapitre 11. De son esprit prophétique. Elle connaît l’état différent des âmes. Elle les voit aussi après leur mort.317

Section 1. Elle discerne l’esprit de vérité dans les âmes d’avec l’esprit d’illusion.318

Section 2. Elle voit la perdition d’une fille mondaine, le salut d’une autre, l’état d’un grand après sa mort.318

Section 3. Dieu fait miséricorde à une fille qui s’était noyée, Il suspend le jugement d’un jeune homme qui s’était pendu. Elle voit l’état effroyable du plus méchant homme du monde.318

Section 4. Elle connaît les pensées les plus secrètes de l’esprit.318

Section 5. Elle prédit les choses à venir.319

Chapitre 12. De plusieurs choses miraculeuses que la divine Puissance a opérées par la sœur Marie. Notre Seigneur la vient voir avec sa couronne d’épines.320

Continuation du même sujet.320

Toute sa vie est pleine de miracles.321


ABRÉGÉ DE LA VIE ET ÉTAT DE MARIE DES VALLÉES.323


Chapitre 1. Des choses principales qui se sont passées en elle depuis sa naissance jusqu’en l’an dix-neuvième de son âge.323

Chapitre 2. De la manière en laquelle la Sœur Marie a été possédée corporellement des malins esprits et comme elle a été persécutée par les sorciers325

De l’échange qui fut fait de la volonté de la S [œur] M [arie] avec celle de Dieu328

Oraison du R. P. Cotton .329

Des choses qui se sont ensuivies de la susdite échange.331

De la seconde chose qui s’est ensuivie du susdit échange333

D’un autre enfer dans lequel S [œur] M [arie] a été l’espace de 12 ans335

Remarques sur les choses susdites qui font voir que c’est un ouvrage du Saint-Esprit337

Plusieurs autres marques qui font voir que c’est l’Esprit de Dieu qui est l’auteur de cet ouvrage341

Première marque341

Seconde marque343

Troisième marque345

Quatrième marque347

Cinquième marque qui en contient un grand nombre d’autres.347

Éclaircissement des difficultés350

Première difficulté : c’est une possédée. Réponse350

Seconde difficulté avec sa réponse.353

Troisième difficulté355

Quatrième difficulté. La privation de la communion, l’espace de trente-trois ans. Réponse357

Cinquième difficulté. Il s’ensuivrait que la S [œur] M [arie] ne pêcherait plus en aucune façon359

Sixième difficulté. Souffrir les tourments de l’enfer en ce monde ici est une chose inouïe362


CONSEILS D’UNE GRANDE SERVANTE DE DIEU APPELEE SŒUR MARIE DES VALLEES 366


Bibliographie sommaire378

I. Sources manuscrites378

II. Sources imprimées (par ordre chronologique de parution)378

Table des Matières380





41.INFLUENCE MYSTIQUE ET POSTERITE DE MARIE DES VALLEES [Coutances 2013]

(54) Influence mystique et postérité de M des V (Courances 1juin13).doc



Contribution à « Marie des Vallées, la « sainte de Coutances », Actes du Colloque du 1er juin 2013 réunis pa le P. Daniel Doré, cjm, Vie Eudiste, hors série, 39-48.



L’influence de Marie des Vallées (1590-1656) [M des V] s’exerça directement par les conseils qu’elle donna à ses visiteurs dont saint Jean Eudes, Jean de Bernières et d’autres spirituels de l’Ermitage de Caen fondé par ce dernier.

La postérité d’une telle influence fut assurée à la génération suivante puis plus récemment grâce aux « dits » rapportés. Ils sont livrés dans La Vie admirable rédigée par saint Jean Eudes et dans les Conseils édités en collaboration avec Joseph Racapé592.



Regrettons que l’état de santé du Père Racapé ne lui ait pas permis d’assurer un aller-retour entre Paris et Coutances. M’intéressant à madame Guyon et à sa lignée spirituelle dont monsieur de Bernières593, je suis venu aux Archives eudistes consulter les dossiers assemblés par le P. Du Chesnay en vue d’une grande thèse inachevée sur le fondateur de l’Ermitage. Leur conservateur m’a fait découvrir le manuscrit dit de Québec et devint un ami. Il a repris avec grand soin ma transcription et éclaire la lecture d’un texte imprégné par la pratique religieuse traditionnelle. Il a ajouté l’Abrégé. Le volume s’achève par un texte méconnu, les Conseils d’une grande servante de Dieu attachés au Directeur mystique publié en milieu protestant à Amsterdam en 1726. Nous touchons ici à des influences qui s’exercèrent au sein de milieux les plus divers.

Influence directe par des conseils aux visiteurs.

Les membres de l’Ermitage de Caen faisaient annuellement un séjour auprès de « sœur Marie ». Nous en trouvons des traces écrites dans La Vie ou les Conseils (leurs références figurent en notes dans notre contribution rédigée). Voici un passage assez long mais révélateur :

L’an 1653, au mois de juin, quelques personnes de piété étant venues voir la sœur Marie pour la consulter sur plusieurs difficultés qu’elles avaient touchant la voie par laquelle Dieu les faisait marcher, qui était une voie de contemplation, elles demeurèrent quinze jours à Coutances, la voyant tous les jours et conférant avec elle sur ce sujet, deux, trois, quatre, et quelquefois cinq heures par jour.

Il est à remarquer qu’elle n’est pas maintenant dans cette voie, étant dans une autre incomparablement au-dessus de celle-là par laquelle elle a passé autrefois, mais il y a si longtemps qu’elle ne s’en souvient plus. C’est pourquoi, lorsqu’elles lui parlaient de cela, au commencement elle leur disait que ce n’était pas là sa voie et qu’elle n’y entendait rien. Mais peu après Dieu lui donna une grande lumière pour répondre à toutes leurs questions, pour éclaircir leurs doutes, pour lever leurs difficultés, pour parler pertinemment sur l’oraison passive, pour en découvrir l’origine, les qualités et les effets, pour faire voir les périls qui s’y rencontrent, pour donner les moyens de les éviter et pour discerner la vraie dévotion d’avec la fausse.

« Cette voie est fort bonne en soi, leur dit-elle, et c’est la voie que Dieu vous a donnée pour aller à lui, mais elle est rare : il y a peu de personnes qui y passent, c’est pourquoi il est facile de s’y égarer.

« Ce n’est pas à nous de choisir cette voie et nous ne devons pas y entrer de nous-mêmes et par notre mouvement. C’est à Dieu de la choisir pour nous et nous y faire entrer. On n’en doit parler à personne pour la leur enseigner, car si on y fait rentrer des personnes qui n’y soient pas attirées de Dieu, on les met en danger et grand péril de s’égarer et de se perdre. Si quelques-uns en parlent, il faut les écouter. Si on reconnaît à leur langage qu’ils marchent en ce chemin, alors on peut s’en entretenir avec eux. Cette voie est pleine de périls, il y faut craindre la vanité, l’amour-propre, la propre excellence, l’oisiveté et perte de temps.

« Il ne faut pas s’imaginer qu’il n’y ait que ce chemin qui conduise à l’anéantissement de nous-mêmes et à la perfection. Tous chemins vont en ville. Il y a une infinité de voies qui vont à la perfection : les uns y vont par la contemplation, les autres par l’action, les autres par les croix, les autres par d’autres chemins. Chaque âme a sa voie particulière. Il ne faut pas penser que la voie de la contemplation soit la plus excellente… 594 

Les conférences mystiques n’excluaient pas de bons moments. Mais ils restent contrôlés:

Dans un voyage que M. de Bernières fit à Coutances, pendant qu’il y fut il alla souvent prendre son repas chez M. Potier où était la sœur Marie. Or l’un et l’autre firent dessein d’envoyer quérir du sucre et quelque autre petite délicatesse, afin de le mieux traiter, mais lorsqu’il était présent, ils ne s’en souvenaient point du tout ; et quand il était parti, ils étaient fâchés d’y avoir manqué, mais pourtant ils oublièrent encore par après, excepté un soir qu’ils l’attendaient et qu’ils se souvinrent bien, mais cette fois il ne vint point. Ensuite de cela, comme la sœur Marie se plaignait de leur peu de mémoire, Notre Seigneur lui dit : « C’est ma divine volonté qui en a ainsi disposé. Elle veut que vous lui aidiez à marcher dans le chemin de la perfection. Toutes ces choses ne sont que des retardements, excepté quand on en use par infirmité ou par quelque autre bonne raison. »]595

Le grand respect de tous les pèlerins mystiques envers celle qu’ils nommaient notre « sœur Marie » demeura gravé dans le bronze ce dont témoigne la cloche du séminaire de Coutances : « +1655 iai este nommee Marie par Marie des Vallers et par Mre Jean de Berniere ». Et sœur Marie fut inhumée dans la chapelle du séminaire de Coutances, le 4 novembre 1656596.

Elle était donc bien « considérée comme une sainte femme, et une conseillère spirituelle avisée, par beaucoup de personnes notables. On peut citer entre autres : Gaston de Renty (1611-1649) ; Jean de Bernières (1602-1659) ; la mère Mechtilde du Saint-Sacrement (Catherine de Bar) (1614-1698), fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement ; Catherine de Saint-Augustin ; Simone de Longprey (1632-1668 à Québec), moniale hospitalière de la Miséricorde, béatifiée le 23 avril 1989 ; Mgr François de Montmorency-Laval (1623-1708), premier évêque de Québec, béatifié le 22 juin 1980 ; Mgr Pierre Lambert de la Motte (1624-1679), vicaire apostolique de Cochinchine, etc. » 597.

Jean Eudes prit courageusement sa défense dans son Abrégé que nous publions à la suite de la Vie : il ne pouvait abandonner sa dirigée et en même temps inspiratrice ; il précède ainsi l’archevêque de Cambrai Fénelon prenant la défense de madame Guyon.

Comprenons bien la source toute intérieure, clef du respect de tous ces proches, livrée dans les Conseils. Que se passait-il autour d’elle ? On perçoit trois niveaux :

1.Elle répond aux questions et ses réponses seront notées probablement le jour même par ses interlocuteurs dont saint Jean Eudes,

2.Elle raconte ce qui lui arrivait dont ses « songes » ou rêves, pour instruire,

3.Une communication de cœur à cœur en silence se produit dans une prière commune mystique.En témoigne probablement Bernières dans les Conseils d’une grande servante de Dieu rapportés dans le Directeur mystique :

27. Je dis à la sœur Marie que je conversais avec elle en Dieu, sans que je pense y converser de paroles. Elle m’a dit qu’il y a un langage intérieur, et que cela était vrai. Je suis venu peu à peu à ne plus parler avec elle, mais à demeurer auprès d’elle en Dieu […] J’ai bien connu que c’était imperfection à moi de lui parler, n’étant pas la manière que Dieu voulait sur moi. Il me semblait que mon âme était introduite dans un cabinet seule avec elle, où les autres ne pouvaient empêcher la conversation, non pas elle-même : c’est un pur don que Dieu seul peut faire598.

33. En l’année 1655, notre voyage pour voir la sœur Marie ne fut pas à dessein d’avoir quelque réponse ou quelque don particulier, mais afin d’obtenir par ses prières, l’établissement de la réelle présence de Dieu dans le fond de notre âme. Nous avions eu quelques mois auparavant plusieurs lumières qu’il y a dans l’essence de l’âme une capacité comme infinie de recevoir cette réelle présence ou plutôt d’être abîmée en Dieu même ; nous étions dégoûtés de nous servir d’aucuns moyens, cette communication essentielle de Dieu ne se pouvant faire qu’en Dieu et par Dieu même, ce que notre âme expérimente par un instinct secret.

34. Elle ne laissa pas de nous dire des histoires, ou des visions ou lumières qu’elle avait eues de l’état de déification, qui faisaient connaître le bonheur d’une âme qui entre en cet heureux état. Nous lui témoignâmes de le désirer, et que nous ne pouvions plus goûter aucun don, mais Dieu seul, et qu’elle priât pour nous obtenir cette grande miséricorde : nous trouvions notre intérieur changé, comme étant établi dans une région plus indépendante de moyens, et où il y a plus de liberté, de pureté et de simplicité, où l’anéantissement et la mort de soi-même sont expérimentés d’une manière tout autre que par le passé.599

Puis l’influence devenue moins directe se poursuit cependant sur la génération suivante par la diffusion de ses paroles :

-Soit perçue négativement par des jansénistes (nous ne traitons pas les épisodes compliqués de la collision entre mystiques et anti-mystiques),

-Soit perçue positivement - cela nous intéresse - par d’autres spirituels. D’abord par l’intermédiaire de Mgr de Laval qui emporta en Nouvelle-France notre manuscrit. C’est un indice de vénération profonde car on ne transportait pas de bibliothèques dans les traversées aventureuses de l’époque ! Le manuscrit « de Québec » traversa d’ailleurs deux fois l’océan…

L’influence atteindra à la fin du siècle madame Guyon – elle se rattache au même réseau mystique par monsieur Bertot passeur de Caen à Montmartre– réseau qui s’étendit ainsi à Paris et pénétra la Cour peu après le milieu du siècle. Madame Guyon écrit en 1693 au duc de Chevreuse :

pour Sœur Marie des Vallées, les miracles qu’elle a faits depuis sa mort et qu’elle fait encore en faveur des personnes qui l’ont persécutée, la justifient assez. C’est une grande sainte et qui s’était livrée en sacrifice pour le salut de bien des gens. Elle était très innocente, l’on ne l’a jamais crue dans le désordre, mais bien obsédée et même possédée, mais cela ne fait rien à la chose600.

L’influence se prolonge encore au XVIIIe siècle par les Conseils édités près d’Amsterdam en 1726 par le groupe du pasteur Poiret, influent éditeur de trésors mystiques601.

Puis la personnalité de M des V parvint à émouvoir des chercheurs spirituels au XXe siècle :

Emile Dermenghem, reconnu par la suite pour ses belles études sur le soufisme, la fait heureusement revivre même s’il insiste sur les possessions et autres étrangetés 602.

Julien Green témoignera dans son Journal :

La Vie de Marie des Vallées est vraiment un livre extraordinaire […] : « Je vous crucifierais, dit-elle au Seigneur, je frapperais à grands coups de marteau sur les clous, je vous mettrais même en Enfer, si la Divine Volonté me l’ordonnait ». Voilà qui est parler, et que nous sommes loin des timides façons du christianisme ordinaire ! […] Que cette sainte me plaît. Elle parle à Dieu presque d’égal à égal, et elle a l’air d’avoir perdu la tête au moment où son bon sens de paysanne est le plus fort. 603 .604.

Quel intérêt nous pousse à lire M des V aujourd’hui ?

Selon deux champs distincts :

Le champ historique / sociologique :

Le témoiognage éclaire les conditions difficiles auxquelles eurent à faire face des mystiques au début du XVIIe siècle. Leurs vies présentent des phases semblables : épreuves, déréliction, parfois troubles proches de la folie, résurrection intérieure. Même Benoît de Canfield ou François de Sales en sa jeunesse se croient un moment au moins perdus !

La comparaison de deux grandes figures qui sortirent de leur enfer héroïquement par le haut reste à faire : je pense au proche cadet Jean-Joseph Surin (1600-1665) [Marie des Vallées : 1590-1656].

Comme lui, l’« innocente » servante, obsédée par la crainte voire la conviction d’être possédée, à une période où l’on brûle les sorcières par milliers, s’est jetée sans réserve à Dieu. Elle s’est aussi dangereusement « livrée en sacrifice » pour le rachat de ses persécuteurs. Ce don a renforcé des épreuves. On apprécie mieux aujourd’hui le risque d’une telle offrande à porter le mal d’autrui. Jean-Joseph Surin arrive à Loudun en 1634, l’année où Marie émerge du « mal de douze ans » et il va entreprendre à son tour un étrange voyage intérieur.

Dans ses précieuses notices à l’édition de la correspondance de Surin605, Michel de Certeau décrit comment le jésuite tente une approche humaine au milieu du théâtre fou de Loudun – et ce qui s’ensuivit606.

Le champ spirituel et mystique :

Il s’agit de quitter ce qui attire notre curiosité et de tenter une approche plus intérieure.

M des V montre comment l’on peut surmonter ses handicaps naturels par le haut, comme le fera Surin (et d’autres). Ces handicaps furent probablement renforcés par ce que nous pensons avoir été des épreuves troubles vécues dans sa jeunesse -peut-être même peut-on supposer quelque viol dont on imagine les effets sur bien des années.

De tels témoignages mis à jour et situés dans leur contexte soulignent comment peut s’opérer une progressive emprise de Dieu. Cette emprise permet de passer au-delà du plan psychologique et d’atteindre le plan spirituel, ce dont témoigne une grande paix et sagesse durant les dix dernières années. Selon une voie certes étrange et dépendante de l’époque. En témoignent des rêves et des « dits » de toute beauté.

Il faut ici souligner ce qui constitue à nos yeux le bon « mode d’emploi » de La Vie : commencer la lecture au Livre quatrième sinon même par les Conseils à la fin du volume! Ce que j’ai vérifié la semaine dernière lors d’une relecture de l’ensemble du volume : à une rupture de la copie par introduction de feuillets vierges et par un changement de main du copiste (indiqué note 121, page 151) correspond un changement très profond d’atmosphère où les beaux et profonds passages prennent place en remplaçant bien des diableries. S’agirait-il de deux rédactions distinctes d’époques différentes?

Laissons-lui la parole.

Je vous convie à achever cette matinée sur quelques extraits d’un volume de 693 pages :

Le deuxième jour de décembre [1644], Notre Seigneur lui proposa une forme d’abbaye dont l’abbesse était la divine Volonté. […]

Les âmes qui sont en ce noviciat ne font profession que quand elles sont entièrement dépouillées d’elles-mêmes. Lorsqu’elles font profession, elles sont au pied de la montagne de perfection sur laquelle s’acheminant, elles commencent de se déifier peu à peu, et en cet état elles ont à pratiquer les excès de l’amour divin qui contient sept articles :

Le premier est d’allumer le feu dans l’eau.

Le second de marcher sur les eaux à pied sec. […]

Le cinquième de faire la guerre à Dieu et Le vaincre. […]

Voici l’explication que Notre Seigneur lui a donnée de ces choses : allumer le feu dans les eaux, c’est conserver l’amour divin dans les souffrances. Plus les souffrances s’augmentent, plus l’amour divin s’augmente et s’embrase.

Marcher sur les eaux à pied sec, c’est mépriser et fouler aux pieds les plaisirs licites et illicites sans y toucher. Les plaisirs sont signifiés par les eaux parce qu’ils s’écoulent comme l’eau et n’ont point d’arrêt. […]

Faire la guerre à Dieu et le vaincre, c’est s’opposer à Dieu fortement quand Il veut châtier les pécheurs et le fléchir à miséricorde[…]

Toutes ces choses surpassent la nature, dit la sœur Marie. Il n’y a que Dieu seul qui les puisse opérer dans l’âme. 607

§

Un jour Notre Seigneur dit à la sœur Marie : « Les aveugles se sont assemblés pour faire le procès au soleil. Ils disent pour leur raison qu’il a perdu sa lumière et qu’il faut le chasser du ciel parce qu’il occupe inutilement la place qu’il y a.

– Je vous prie, ayez pitié d’eux, car ils ne savent ce qu’ils disent, et leur donnez un arrêt favorable.

– Oui, dit Notre Seigneur. Je m’en vais terminer ce procès et lui donnerais arrêt en l’excès de mon amour. »

Et en même temps Il prononça l’arrêt en cette sorte : « Je condamne le soleil de donner des yeux aux aveugles pour le connaître et pour voir sa lumière. »608

[…]

– Qu’est-ce que ces yeux et qu’est-ce que cette lumière du soleil ?

– Ces yeux, répliqua Notre Seigneur, c’est Ma divine grâce que Je donnerai à tous, et la lumière du soleil, c’est la foi.609

Elle aime Dieu purement :

L’an 1653, le 29 juillet, la sœur Marie, étant animée extraordinairement, parla en cette sorte : « C’est une chose très certaine que mon esprit s’en est allé au néant et qu’il a épousé la divine Volonté. Ce n’est point une rêverie ni une imagination.610

Dans la même inspiration :

Il lui dit : « Vous êtes comme un luth qui ne dit mot si on ne le touche, et qui ne dit que ce qu’on lui fait dire ; c’est la divine volonté qui vous anime, qui vous fait parler et qui vous fait dire ces choses611. »

§

Ses visions sont d’une grande beauté mais parfois obscures elles demandent attention et interprétation. Ce sont des analogies mystiques :

Un jour la Sainte Vierge dit à la sœur Marie : « Allons, ma grande basse [servante], travailler au bois. » La Sainte Vierge avait une faucille, une hache et une échelle dont les échelons étaient de corde, et une petite bêche. Elle la mena à l’entrée du bois où ce n’était qu’épines et broussailles. Elle lui bailla la faucille et lui commanda d’essarter [débroussailler] toutes ces épines. Elle le fait et voyant ses mains ensanglantées, elle dit à la Sainte Vierge : « Ma mère, j’ai mes mains tout ensanglantées. » La Sainte Vierge répartit : « Mon Fils ne m’a jamais demandé de mitaines. » Elle continue, fait la même plainte plusieurs fois et entend la même réponse. En essartant, elle arrive à un bel arbre touffu qui jetait de belles branches de tous côtés. La Sainte Vierge lui dit : « Frappe, ma grande basse, frappe sur ces branches ». Elle frappe, il en sort du sang.

Elle en a frayeur et se veut retirer. La Sainte Vierge lui dit plusieurs fois avec colère : « Frappe, il occupe la terre. » Elle coupa ses branches tout autour, c’est-à-dire celles du bas. Elle lui commanda d’essarter comme devant avec les mêmes plaintes et les mêmes réponses, et elle disait ce verset : Sequar quocumque ierit. Et elles arrivèrent à un bel arbre tout émondé auquel il ne restait qu’une petite branche en haut pour soutenir une colombe. Elle y monta jusqu’en haut par le moyen des estocs qui y étaient restés après avoir été émondés, et ne trouvant rien pour s’appuyer, elle fut saisie de frayeur, mais elle fut changée en colombe et devint aveugle et bien effrayée, ayant peine à s’appuyer et ne sachant [273v] où voler ailleurs, à cause qu’elle était aveugle.612

Son exigence :

Eh bien ! Que demandez-vous ? Voulez-vous que je vous donne la méditation ?

– Nenni, dit-elle, ce n’est pas cela que je veux.

– Voulez-vous la contemplation ?

– Non.

– Quoi donc ?

– Je demande la connaissance de la vérité ! 613

Son plus profond désir est de sauver les âmes :

« Mais quand je serais arrivée à la porte du paradis, après que toutes les âmes y seraient entrées jusqu’à la dernière, si on me fermait la porte, que dirais-je ? Je dirais à Dieu sans regret, puisque toutes les âmes sont sauvées : « Je suis en repos, je suis contente qu’on m’envoie au néant »614

Sa grande prudence dans la conduite d’autrui due à une longue expérience :

Ce n’est pas à nous de choisir cette voie et nous ne devons pas y entrer de nous-mêmes et par notre mouvement. C’est à Dieu de la choisir pour nous et nous y faire entrer. On n’en doit parler à personne pour la leur enseigner, car si on y fait rentrer des personnes qui n’y soient pas attirées de Dieu, on les met en danger et grand péril de s’égarer et de se perdre. Si quelques-uns en parlent, il faut les écouter. Si on reconnaît à leur langage qu’ils marchent en ce chemin, alors on peut s’en entretenir avec eux. Cette voie est pleine de périls, il y faut craindre la vanité, l’amour-propre, la propre excellence, l’oisiveté et perte de temps.

Il ne faut pas s’imaginer qu’il n’y ait que ce chemin qui conduise à l’anéantissement de nous-mêmes et à la perfection. Tous chemins vont en ville. Il y a une infinité de voies qui vont à la perfection : les uns y vont par la contemplation, les autres par l’action, les autres par les croix, les autres par d’autres chemins. Chaque âme a sa voie particulière. Il ne faut pas penser que la voie de la contemplation soit la plus excellente.615

§

Sa manière ordinaire de connaître la vérité des choses qui lui sont proposées par diverses personnes n’est pas par intelligence ni par lumière, mais par un goût expérimental qui lui ouvre le fond du cœur dans lequel elle entre…616

Sa modestie empreinte de réalisme :

En une autre occasion, Il lui dit encore : « Voulez-vous savoir ce que vous faites et de quoi vous servez à Mon œuvre ? Vous y servez autant qu’un petit enfant de deux ou trois ans qui voyant charger un tonneau dans une charrette, va pousser au bout avec une petite buchette, puis il dit qu’il a mis le tonneau dans la charrette et cependant il a bien plus apporté d’obstacle qu’il n’a servi, incommodant et retardant ceux qui chargeaient le tonneau, parce qu’ils avaient crainte de le blesser. 617

Terminons par ce beau passage qui fait songer à Ruusbroec :

L’an 1647, la sœur Marie entendit une voix qui criait en elle : « Audience, audience, ô grande mer d’amour. C’est une petite goutte de rosée qui demande d’être absorbée dans vos ondes, afin de s’y perdre et de ne se retrouver jamais. » Cette voix cria ainsi presque trois jours durant continuellement.

La sœur Marie demanda : « Qu’elle est cette voix ?

– C’est la voix, dit Notre Seigneur, d’une âme qui est arrivée à la perfection, laquelle est dépouillée d’elle-même et de tout ce qui n’est point Dieu, et qui est revêtue et embrasée d’amour et de charité, et qui crie par les grands désirs qu’elle a d’être tout à fait transformée et déifiée 618. Mais je la laisse dans ce divin feu afin de la purifier encore davantage.













42.LES AMITIÉS MYSTIQUES DE MÈRE MECTILDE DU SAINT-SACREMENT 1614-1698

(55) Mectilde Amitiés éd.7 b.docx



Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement Catherine de Bar 1614-1698, Moniale et fondatrice bénédictine au XVIIe siècle, D. Tronc avec l’aide de moniales de l’Institut du Saint-Sacrement, coll. Mectildiana, Parole et Silence, 2917, 1-343.

Ouverture

« Le langage des mystiques est fort malaisé à entendre pour ceux qui ne le sont pas.

« C’est une théologie qui consiste toute en expérience, puisque ce sont des opérations de Dieu dans les âmes par des impressions de grâces et par des infusions de lumières ; par conséquent l’esprit humain n’y saurait voir goutte pour les comprendre par lui-même.

« Ce « Rien » dont notre Mère [Mectilde] parle avec tant d’admiration se trouve de cette nature. C’est, sans doute, un dépouillement de l’âme effectué par la grâce, qui la met en nudité et en vide, pour être revêtue de Jésus-Christ, et pour faire place à son Esprit qui veut venir y habiter.

« Mais nous pouvons dire encore que la nature par elle-même ne peut arriver à cet état. Il n’appartient qu’à Celui qui a su, du rien faire quelque chose, la réduire de quelque chose comme à Rien, non pas par son anéantissement naturel, mais par un très grand épurement de tout le terrestre, où il la peut mettre. » 619.

Il n’est nul besoin de revenir sur la vie extérieure de Mère Mectilde (voyages, épreuves, fondation de l’Institut, etc.) puisqu’elle a été fort bien décrite dans tous ses détails. Notre point de vue sera tout autre, car nous allons nous centrer sur le vécu intérieur de Mectilde. Sa vie se nourrit en effet d’une expérience spirituelle profonde et les fondations ne sont que le jaillissement créateur qui en est issu : sans la grâce, l’action dans le monde n’aurait ni sens ni fondement. C’est cette intériorité qui attire encore à l’heure actuelle les femmes qui aspirent à rentrer dans la communauté : l’appel mystique vécu par la mère fondatrice s’est transmis de génération en génération, toujours vivant.

Autour de cet axe central, il nous a paru utile de rassembler des textes qui sont toujours d’actualité pour le chercheur spirituel, car ils émanent d’une personne qui a demandé la grâce et qui l’a reçue. Ce choix comprend essentiellement des lettres de Mère Mectilde : elle fut en effet en relation avec de nombreux correspondants qui partageaient la même recherche mystique. De nombreuses lettres possèdent une force intérieure toujours actuelle qui peut aider des chercheurs de vérité.

C’est tout un milieu que nous allons découvrir : c’est pourquoi nous avons donné à ce volume le titre d’Amitiés mystiques 620. Dès sa jeunesse et pendant une vie exceptionnellement longue pour l’époque puisqu’elle couvre quatre-vingt-trois années, Mectilde a connu un milieu très favorable à l’expérience intérieure. Nous verrons ainsi se succéder des correspondant(e)s que nous avons classé(e)s en trois groupes selon un ordre chronologique : des « aînés » dans la voie spirituelle l’ont aidée dans sa recherche intérieure ; puis elle a noué des amitiés avec des compagnes de la même génération ; enfin en tant que Mère Mectilde du Saint-Sacrement, elle a transmis son expérience à ses dirigées ou aux visiteurs.

 Chaque figure aura son entrée et un choix de textes. L’ordre chronologique sera respecté : il s’ouvre sur les initiateurs et s’achève sur des figures sous influence tandis que la première ANNEXE donne une liste de figures omises au fil du texte principal.

Nous verrons ainsi le franciscain du Tiers Ordre régulier Chrysostome de Saint-Lô, puis Jean de Bernières s’imposer comme ses directeurs principaux, tandis que Marie des Vallées et Charlotte Le Sergent ont exercé des influences profondes, mais plus discrètes (QUATRE « AÎNÉS DIRECTEURS »).

Mectilde ayant alors atteint la maturité peut fonder et animer mystiquement son Institut des bénédictines du Saint-Sacrement. Elle nous fait partager un “véritable esprit” qui l’anime par des extraits de Conférences et d’Entretiens.

Revenant au fil des amitiés mystiques nous nous attacherons à des COMPAGNES ET COMPAGNONS : l’amie Marie de Châteauvieux, la Mère Benoîte de la Passion (Élisabeth de Brême), Dorothée (Heurelle) deviennent des bénédictines rattachées à l’Institut. Le lorrain Épiphane Louys, confesseur mystique et abbé d’Estival, est en relation étroite avec la Mère Benoîte et aidera Mectilde. Monsieur Bertot, ami de Jean de Bernières et confesseur des ursulines de Caen puis des bénédictines de Montmartre, assurera des contacts.

Puis nous nous intéresserons à la génération suivante une AMIE & DES MONIALES. Elles se livraient en toute vérité et Mère Mectilde répondait sans complaisance avec toute la rigueur nécessaire au grand but poursuivi, mais guidée par l’amour immense dans lequel elle baignait.

Enfin, n’oublions pas des RELATIONS & INFLUENCES plus larges et parfois tardives. La Tradition bénédictine fut forte, les relations avec le jésuite Guilloré ou avec l’archiprêtre Boudon furent cordiales. À la fin de sa vie, la Mère du Saint-Sacrement rencontra madame Guyon et Fénelon, figures éminentes du courant de la quiétude issu d’une même source, l’Ermitage fondé par monsieur de Bernières.

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Ce parcours chronologique ne livre qu’une petite partie de ce qui nous est parvenu, car les moniales nous ont préservé près de trois mille lettres et pièces diverses en les recopiant durant trois siècles 621. Ces lettres et d’autres pièces manuscrites 622 sont répertoriées dans un Fichier central 623 établi au siècle dernier. Nous disposons de près de mille d’entre elles, éditées à fin de lecture spirituelle 624 et connaissons souvent l’histoire des transmissions 625.

L’intérêt des correspondances l’emporte à l’époque classique sur celui des textes publiés, car elles traduisent des amitiés initiatrices qui respectent « l’autre » dans ce qu’il a de personnel et d’unique 626. Leur usage privé ou limité à des lectures dans un cercle discret permettait d’échapper aux censures de l’État et de l’Église. Enfin les lettres résistaient assez bien aux travaux éditoriaux de réécriture 627 courants à l’époque.

Ce Florilège a été établi par « distillations successives » opérées par lecture de l’ensemble des imprimés disponibles. Les extraits proposés ont été vérifiés et corrigés par sœur Marie-Hélène Rozec [s. M.-H.] en recourant à des manuscrits considérés comme fiables par les auteures du Fichier Central. Nous y avons adjoint des extraits de manuscrits, tels que ceux concernant Madame de Béthune, ainsi que des extraits d’écrits hors correspondances (Conférences et Entretiens). Dans tous les cas l’orthographe a été revue ainsi que la ponctuation.

Rares sont les ensembles de correspondances qui conservent une pleine utilité pour le lecteur d’aujourd’hui : pour le Grand Siècle, on peut citer celles de François de Sales, Jean-Joseph Surin, Marie de l’Incarnation (du Canada), Jeanne-Marie Guyon, François de Fénelon. Les lettres de Mère Mectilde sont de la même profondeur.

Afin de situer Mectilde au centre de relations multiples, nous commencerons par un bref rappel des durées qu’elle vécut en des lieux très divers : il témoigne d’une longue vie semée d’épreuves. On complétera cette présentation par les études disponibles citées en notes et annexes.

Le premier chapitre s’achève sur une « Chronologie et durée des états de vie ». Chaque personnalité incarnant la grâce de façon différente, des extraits tenteront de cerner l’esprit mystique qu’elle transmettait à des compagnes lorsque la formation spirituelle explicitée au second chapitre fut achevée. Le chapitre suivant situé presque au centre de gravité de l’ouvrage opère un choix dans des pièces sans destinataires (datées on non). Les trois derniers chapitres distribuent par correspondant(e)s celles dont les destinataires sont connues; ils couvrent la plus grande partie du volume.

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Pour aller au-delà de notre choix orienté mystiquement, on dispose d’un large éventail. Il fut édité par les sœurs de l’Institut à la suite de l’achèvement d’un Fichier Central listant les sources des pièces d’origine mectildienne distribuées dans l’Institut. Pour faciliter l’usage de cette vaste entreprise éditoriale, nous reconstituons sa trame en fin de l’annexe « Histoire de transmissions ».

Nous nous effaçons devant les témoignages mystiques livrés ici en caractères romains. Résultat d’une lente distillation opérée sur l’ensemble publié ainsi que sur certains manuscrits, puis vérifiés, ils prédominent largement au fil du texte principal. À lire sans ordre imposé !

MECTILDE (1614-1698)

La biographie de Mectilde 628 a été souvent et bien présentée 629. Précisons seulement ici les durées vécues dont rend compte la « Chronologie et durée des états de vie » (fin de ce chapitre). En effet seules des durées associées à des lieux de rencontres possibles entre personnes physiques permettent des influences profondes des aînés aux cadets sur la voie mystique.

La vie de Mectilde comporte deux périodes de durées comparables : jeunesse et années de formation intérieure, puis accomplissement d’« une mystique de présence continuelle à Dieu grâce à la pauvreté de cœur 630 ».

Jeunesse et années de formation intérieure :

En première moitié de vie, dix-sept années précèdent l’entrée dans un ordre religieux suivies de dix-neuf années qui connaissent voyages d’est en ouest et inversement. Ces déplacements forcés s’accompagnent de nombreuses épreuves. Elles sont  intérieures et extérieures. Un incendie et deux guerres sont vécus sur les marches du Royaume sans parler de la Fronde et de sa misère parisienne. Mectilde vit des changements d’état consacrés, d’annonciade en bénédictine « simple » puis prieure et fondatrice.

Cette période est souvent dramatique, extérieurement très active, parfois presque chaotique, partageant le lourd souci de la responsabilité de communautés : elle voudra s’y soustraire 631. Les événements ne renverseront pas l’équilibre de notre solide Lorraine, mais ne lui épargneront ni doutes, ni angoisses, ni maladies.

En durées, cette première moitié de la vie couvre près de huit années comme annonciade 632, puis quatre années comme bénédictine, ces dernières réparties presque également entre Rambervillers, Saint-Mihiel, Montmartre 633, la région caennaise. Et ce n’est pas fini : succèdent quatre années à Saint-Maur près de Paris, trois années au Bon Secours de Caen, enfin un semestre à Rambervillers 634.

Une moitié lorraine vécue à l’est, hors ou aux marches du royaume, est ainsi « équilibrée » si l’on peut dire par une autre moitié vécue à l’ouest ou au centre du royaume entre région parisienne et région de Caen. Les multiplicités de lieux et de déplacements sont souvent accompagnées de pauvreté, voire de misère. Au total deux « séjours » à Rambervillers, deux « séjours » caennais, six déplacements avec changements de vie 635.

Accomplissement d’une mystique de présence à Dieu.

Les quarante-sept années parisiennes de la deuxième période de maturité et de vieillesse comportent encore des déplacements liés aux fondations : ainsi quatre visites sont attestées pour celle de Rouen 636. Ce presque demi-siècle couvre trois années d’implantation parisienne, puis cinq années vécues au monastère de la rue Férou, enfin trente-neuf années plus paisibles (après une crise intérieure culminant en 1659, l’année de la mort de son guide Jean de Bernières). Elles sont vécues au monastère de la rue Cassette 637.

Adhérer-adorer

Après cet aperçu biographique, illustrons l’esprit communiqué autour d’elle. Mectilde laissera comme testament les deux seuls mots « adhérer-adorer » ; « adorer Dieu dans le temple de notre âme, dans notre prochain, dans tout événement, et adhérer à cette “volonté de Dieu qui est Dieu même” ». Elle se situe mystiquement dans la ligne du franciscain capucin Benoît de Canfield ce qui s’explique assez naturellement par sa première appartenance franciscaine comme Annonciade, un ordre proche des capucins, et parce qu’elle a passé un an à Montmartre auprès de la supérieure Marie de Beauvilliers aidée au début du siècle par Benoît lors de la célèbre et difficile réforme du monastère.

D’autres influences indirectes s’exercent, dont témoignera un beau texte glosant Jean de la Croix si important pour elle 638, cité infra dans la section consacrée à Marie de Châteauvieux.  Il livre en même temps un aperçu sur la direction exercée par la fondatrice, bien adaptée à des intellectuels, direction ferme mais aussi toute chargée d’une dynamique positive. Au-delà de Jean de la Croix, qui à l’époque n’est pas encore pleinement reconnu par tous, Mectilde a lu d’autres auteurs mystiques contemporains 639.

Mais nous donnons la priorité aux rapports directs entre personnes bien vivantes. De nombreux textes donnent le parfum des « conférences » adressées par la « sainte mère » à ses religieuses :

Pour moi, je ne veux que la sainteté, je veux tout donner pour l’acquérir. Vous me direz peut-être qu’elle est trop rigou­reuse et trop difficile à contenter. Hélas, qu’est-ce donc que ces sacrifices qu’elle exige de nous ? Que nous lui donnions de l’humain pour le divin, y a-t-il à balancer ? […]

Laissez à cette divine sainteté la liberté d’opérer en vous, et elle vous divinisera, et je vous puis dire comme saint Paul que vous verrez et éprouverez ce que la langue ne peut expliquer, ce que l’esprit ne peut concevoir, ce que la volonté et le cœur ne peuvent espérer ni oser désirer. Mais personne ne veut des opérations de cette adorable sainteté. Presque toutes les âmes s’y opposent. Dès qu’elles se trouvent dans quelque état de sécheresse ou de ténèbres, elles crient, elles se plaignent, elles s’imaginent que Dieu les oublie ou les abandonne.

Ah ! Quelque désir que vous ayez de votre perfection, Dieu en a un désir infiniment plus grand, plus vif et plus ardent. Sa divine volonté ne peut souffrir vos imperfections. Sacrifiez-les donc toutes à toute heure et à tout moment, et vous deviendrez toute lumineuse. Mais l’on veut se donner la liberté d’aller partout ; [91] de tout dire, tout voir, tout entendre, tout censurer, juger celle-ci, contrarier celle-là : ainsi l’on s’attire bien des sujets de distraction et de dissipation dont on ne se défait point si facilement. On sort de son intérieur, on ne veut point de captivité, point de recueillement. […] Transportez-vous dans le Paradis, mes sœurs, je vous le permets…

Il n’y a pas de plus ou de moins en Dieu, cela n’est que selon notre manière de voir les choses, mais pour parler notre langa­ge, on peut dire que la sainteté de Dieu est la plus abstraite de ses adorables perfections. Elle est toute retirée en elle-même. Si nous n’avons pas de grandes lumières, des pénétrations extraordinaires et que nous ne soyons même pas capables de ces grâces éminentes, aimons notre petitesse et demeurons au moins dans l’anéantissement, sans retour sur nous-mêmes pour le temps et pour l’éternité. Ce n’est pas moi qui vous parle, je ne le fais pas en mon nom, je ne suis rien, et je suis moins que personne, mais je le fais de la part de mon Maître qui m’a mise dans la place où je suis. Finissons ; je ne sais pas ce que je vous dis. Priez Notre-Seigneur pour moi 640.

Une conférence, datée de l’année 1694, livre l’intimité mystique vécue à la fin d’une longue vie éprouvée :

Il n’est pas nécessaire pour adorer toujours de dire : « Mon Dieu, je vous adore », il suffit que nous ayons une certaine tendance intérieure à Dieu présent, un respect profond par hommage à sa grandeur, le croyant en nous comme il y est en vérité […]

C’est donc dans l’intime de votre [98] âme, où ce Dieu de Majesté réside, que vous devez l’adorer continuellement. Mettez de fois à autre la main sur votre cœur, vous disant à vous-même : « Dieu est en moi. Il y est non seule­ment pour soutenir mon être, comme dans les créatures inani­mées, mais il y est agissant, opérant, et pour m’élever à la plus haute perfection, si je ne mets point d’obstacle à sa grâce.

Imaginez-vous qu’il vous dit intérieurement : « Je suis toujours en toi, demeure toujours en moi, pense pour moi et je penserai pour toi et aurai soin de tout le reste. Sois toute à mon usage comme je suis au tien, ne vis que pour moi », ainsi qu’il dit dans l’Écriture : « Celui qui me mange vivra pour moi, il demeurera en moi et moi en lui » (Jn 6, 57).

Oh ! Heureuses celles qui entendent ces paroles et qui adorent en esprit et en vérité le Père, le Fils et le Saint-Esprit et Jésus Enfant dans sa sainte naissance avec les saints Mages, si vous voulez que nous retournions au Mystère de l’Épiphanie 641.

Chronologie et durées des états de vie

Cette chronologie 642, donnée aux deux pages suivantes pour un aperçu d’ensemble face à face, souligne les avatars et les DIFFICULTÉS surmontées au cours d’une longue vie.

Mectilde vécut de nombreux aller et retour de l’est à l’ouest  sous plusieurs états (d'annonciade, de bénédictine, de fondatrice).

Les durées sont soulignées.

1614 31/12 : Naissance de Mectilde = 17 années avant l’entrée dans un ordre religieux.

1631 /11. Annonciades rouges de Bruyères (Vosges).

1633. « Soeur Catherine de Saint Jean l’évangéliste ».

1635. « Mère Ancelle ».

1635 29/05 : INCENDIE du couvent de Bruyères, exode Saint-Dié-Badonviller-Epinal.

1636 à 1638. Séjour à Commercy où elle tient une école.

1638 à 1639. Second séjour à Saint-Dié.

= 1631 /11 à 1639 /07 : = 7 ans 8 mois annonciade (dont 4 ans 1 mois hors couvent de Bruyères).

1639 2/07 : Bénédictines de Rambervillers (Vosges).

1640 11/07 : « Soeur Mectilde ».

= 1639 /07 à 1640 /09 : = 1 an 2 mois bénédictine à Rambervillers, Vosges.

1640 /09. GUERRE DE TRENTE ANS, départ vers Saint-Mihiel.

1640 /09 à 1641 21/08 : Saint-Mihiel.

= 1640 /09 à 1641 21/08 : = 1 an bénédictine à Saint-Mihiel.

1641 01/08 : Pèlerinage au sanctuaire marial de Benoîte-Vaux.

1641 21/08 : Départ pour Paris.

1641 24/08 : Refuge à Paris (Mlle Le Gras) = une nuit !

1641 25/08 à 1642 10/08 : chez les Bénédictines de Montmartre.

= une année au monastère des Bénédictines de Montmartre, Paris.

1642 /08. En Normandie à Caen, Almenèches, Vignats, Barbery.

1643 /06. Fin de séjour normand = 10 mois en Normandie.

1643 23/08 : Saint-Maur [des-Fossés], près Paris.

= 1643 /06 à 1647 /06 : = 4 ans à Saint-Maur près Paris.

1644 25/03 : Décès du P. Jean-Chrysostome

1647 21/06 : Priorat des Bénédictines N.-D. du Bon-Secours de Caen.

= 1647 /06 à 1650 /08 : = 3 ans 2 mois au monastère des Bénédictines N.-D. du Bon-Secours de Caen.

1650 28/08 : prieure à Rambervillers = 7 mois à Rambervillers, Vosges.

1651 24/03 : GUERRE FRANCE-EMPIRE, arrivée à Paris, rue Saint Dominique, « Le Bon ami ».

1652 14/08 : Premier contrat de fondation.

1653 25/03 : Première exposition du Saint Sacrement lors de la fête de l’Annonciation, rue du Bac/05 obtention des Lettres Patentes.

1654 12/03 : Pose de la croix rue Férou avec la Reine,

1654 22/08 : La Vierge est élue Abbesse perpétuelle.

= 1651 24/03 à 1659 21/03 : = 8 ans à Paris (dont 5 ans env. rue Férou en location de 1654 à 1659.

1659 21/03 : rue Cassette (installation).

1664 8/12 : Toul (fondation de).

1666 28/04 : Rambervillers (agrégation du monastère).

1669 8/04 : Nancy, Lorraine.

1684 Paris (Second monastère) (fondation du).

1685 Caen (agrégation du monastère des bénédictines).

1688 Varsovie & Châtillon-sur-Loing (fondations de).

1696 Dreux (fondation de).

1698 6/04 : Mère Mectilde décède à l’âge de 83 ans 4 mois six jours à la veille de l’Annonciation, le dimanche de Quasimodo.

= 39 ans rue Cassette, (1659-1698).

Des « Aînés directeurs »

Nous privilégions les influences reçues de figures qui, ayant précédé Mectilde sur le chemin mystique, lui apportèrent de précieuses directions et des conseils : ils sont nés entre 1590 et 1604 soit au moins dix ans avant elle et c’est leur expérience qu’elle va revivre. Cette partie les regroupe ; elle se situe en « amont » dans l’histoire intime des amitiés d’une Mectilde encore « progressante ».

Mectilde eut en effet la chance d’être dirigée par quatre mystiques accomplis, cas qui demeure unique à nos yeux -- et elle sut avec ténacité en tirer parti. En effet se succèdent : le Père Chrysostome de juin 1643 à son agonie en mars 1646, la « sœur Marie » des Vallées qui disparaît en 1656 643, la Mère de Saint Jean l’évangéliste (Charlotte Le Sergent), bénédictine qui demeurera cachée à Montmartre, enfin Monsieur de Bernières, actif à l’Ermitage de Caen jusqu’à sa mort soudaine en 1659. Seul ce dernier a fait récemment l’objet d’approches variées et d’éditions de textes.

Des relations intimes illustrent comment fonctionne un réseau d’amis qui s’entraident sur le chemin mystique. Elles nous sont parvenues grâce à l’Institut fondé par Mectilde. Ses soeurs bénédictines ont su les préserver dans leurs monastères, mais le corpus des textes accumulés reste à défricher.

Une telle diversité de relations croisées associée à leur préservation demeure à nos yeux uniques 644. Elles n’ont pas fait l’objet d’études aussi nombreuses que celles sur tel mystique largement reconnu qui demeure isolé, voire placé sur un piédestal. Cette relative absence, mais plutôt l’utilité toujours actuelle de méditer sur des relations exemplaires entre pèlerins mystiques justifie notre travail 645.

Nous commençons par l’« aîné » Père Chrysostome de Saint-Lô. Son disciple Jean de Bernières, qui le suivra dans le tour des amis que nous menons chronologiquement -- à défaut d’établir une synthèse qui demanderait un rappel des liens croisés entre les membres de ce réseau spirituel 646 -, écrivait à Mectilde peu après la disparition de leur « bon père » Chrysostome :

… ce me serait grande consolation que [...] nous puissions parler de ce que nous avons ouï dire à notre bon Père [...] puisque Dieu nous a si étroitement unis que de nous faire enfants d’un même Père [...] Savez-vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu ? 647.

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (~1595-1646)

Cette section consacrée au « Père des mystiques normands » sera ample dans sa présentation incluant celle de son cadre. Par contre nous ne situerons que brièvement les autres figures principales, pouvant renvoyer à leurs sources et à des études.

On connaît mal le passeur mystique Jean-Chrysostome 648, tandis que Bernières, Marie des Vallées, l’abbé d’Estival Épiphane Louys, et même certaines des compagnes et des dirigées de Mectilde sont aujourd’hui assez bien étudiés. Le Père Chrysostome est à la source d’un vaste réseau spirituel.

Le cercle mystique normand donnera naissance à trois branches : (1) celle ouverte par Mectilde, fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement ; (2) celle prenant pied en Nouvelle-France, ensemencée par Marie de l’Incarnation et par François de Laval ; (3) une « école de la quiétude » dont le passeur est Monsieur Bertot puis l’animatrice Madame Guyon auprès de Fénelon et de membres de cercles cis (français) et trans (européens). Nous approchons dans le présent volume la branche d’un « delta spirituel » qui a été moins explorée par suite de la vie en clôture. Outre son intérêt propre, elle a assuré la conservation de très nombreux témoignages ainsi bien protégés jusqu’à notre époque et qu’il importe de sauver 649.

Il s’agit d’abord de présenter l’esprit franciscain qui anime aussi bien la jeune annonciade Mectilde que les membres de l’Ermitage fondé par Bernières sur la suggestion de Jean-Chrysostome, nombreux amis qu’elle rencontrera dans un malheur transformé pour elle en source d’approfondissement mystique.

L’esprit est transmis par un Provincial du Tiers Ordre Régulier franciscain dont la spiritualité encore proche du Moyen Age ensemence le cercle mystique dont fera partie Mectilde. Un bref rappel historique précède ici les rapports entre le directeur et sa dirigée pour mieux situer une histoire -- qui reste ici française et donc somme toute locale -- dans le fil séculaire de la vénérable tradition mystique franciscaine. La tradition bénédictine est également importante pour Mectilde, mais nous l’abordons peu, seulement en fin de volume, car son caractère mystique est moins exprimé.

Tertiaires franciscains réguliers et Laïcs

L’historien Pierre Moracchini explique :

Très tôt, sans doute dès le XIIIe siècle, des membres du Tiers-Ordre franciscain (hommes et femmes) ont vécu en communauté et se sont orientés vers la vie religieuse, la vie « régulière ». Ce mouvement a donné naissance à une infinie variété de sœurs franciscaines, mais également – et c’est plus étonnant compte tenu de l’existence du premier ordre des frères mineurs – à un Tiers-Ordre régulier masculin. Celui-ci a connu une histoire complexe, marquée par diverses réformes dont celle du père Vincent Mussart au début du XVIIe siècle650.

La première communauté du Tiers-Ordre Régulier franciscain aurait été reconnue par le Pape en 1401 et se propage jusqu’à Gênes où ils ont en charge l’hôpital 651 ; Catherine de Gênes (1447-1510) fut tertiaire franciscaine. De l’Italie arrivent deux membres du Tiers Ordre Régulier, Vincent de Paris et son compagnon Antoine. Ils recherchent une solitude peu compatible avec les événements politiques de la fin des guerres de religion, comme en témoigne le récit des tribulations de nos ermites aux mains des gens de guerre, alors qu’ils voulaient vivre cachés dans la forêt. Jean Marie de Vernon explique 

Ils tombèrent entre les mains des Suisses hérétiques, qui espérant une bonne rançon de quelques Parisiens qu’ils avaient pris parce que le siège [de Paris, en 1590] devait être bientôt levé, étaient résolus de les laisser aller, et de prendre les deux hermites. Frère Antoine en eut avis secrètement par une Demoiselle prisonnière, le malade [Vincent] qui tremblait la fièvre quarte entendit ce triste discours, et se jetant hors de sa couche descendit l’escalier si promptement qu’il roula du haut en bas, sans néanmoins aucune blessure. L’intempérance des soldats, et l’excès du vin les avaient mis en tel état, que Vincent et Antoine s’échappèrent aisément… 652.

Pierre Moracchini résume ensuite l’histoire de la fondation qui prend forme :

Une fois guéri, Vincent reprend sa vie d’ermite, et il est rejoint par plusieurs compagnons, dont son propre frère, François Mussart. […] Vincent Mussart et ses compagnons cherchent encore leur voie sur le plan spirituel. C’est alors que survient l’épisode décisif que nous relate Jean-Marie de Vernon : « Le Père Vincent taschant plus que jamais de découvrir la volonté de Dieu, connut par le rapport de Frère Antoine, que la manière de vivre de la Demoiselle Flamande, qui le faisoit autrefois subsister par ses aumosnes, consistoit dans la troisième Règle de saint François d’Assize. […] Ayant visité plusieurs Bibliothèques de Paris, il rencontra dans celle de M[onsieur] Acarie -- mary de sœur Marie de l’Incarnation, avant qu’elle entrast dans l’Ordre des Carmélites -- les Commentaires du docteur extatique Denis Rikel chartreux 653, sur la troisième Règle de saint François ».

Soulignons le lien de Vincent avec le couple Acarie : il se poursuivit probablement au sein du cercle qui incluait le chartreux Beaucousin, vit passer François de Sales. Vincent établit le monastère de Picpus entre le Faubourg Saint Antoine et le château du bois de Vincennes ; la congrégation se développa et une bulle de 1603 ordonna qu’un Chapitre provincial fût tenu tous les deux ou trois ans. Le premier Chapitre eut lieu en 1604. Vincent de Paris étendit peu à peu sa juridiction sur d’anciens couvents tertiaires en y implantant sa réforme.

Apparaît le père Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), figure centrale à laquelle se réfèrent les membres du cercle mystique normand qui n’entreprennent rien sans son avis. Seule l’humble « sœur Marie » des Vallées (1590-1656), sa contemporaine qui va faire l’objet de la présentation suivante, jouira d’un prestige comparable et attirera chaque année ses membres à séjourner auprès d’elle.

Une vie chargée, des témoignages mystiques forts

Jean-Chrysostome naquit vers 1594 dans le diocèse de Bayeux en basse Normandie, et étudia au collège des jésuites de Rouen. Âgé de dix-huit ans, il prit l’habit, contre le gré paternel, le 3 juin 1612 au couvent de Picpus à Paris. Lecteur en philosophie et théologie à vingt-cinq ans, il fut définiteur de la province de France en 1622, définiteur général de son ordre et gardien de Picpus en 1625, puis de nouveau en 1631, provincial de la province de France en 1634, puis premier provincial de la nouvelle province de Saint-Yves (après que la province de France eut été séparée en deux) en 1640.

Le temps de son second Provincialat étant expiré, on le mit confesseur des religieuses de Ste Élisabeth de Paris qui fut son dernier emploi à la fin de sa troisième année [de Provincialat] […] Au confessionnal dès cinq heures du matin, il rendait service aux religieuses avec une assiduité incroyable. À peine quelquefois se donnait-il lieu de manger, ne prenant pour son dîner qu’un peu de pain et de potage, pour [y] retourner aussitôt654.

Il alla en Espagne sur l’ordre exprès de la Reine, pour aller visiter de sa part une visionnaire, la Mère Louise de l’Ascension, du monastère de Burgos. Voyage rude et contraint, car il préférait la solitude :

Libéral pour les pauvres […] il ne voulait pas autre monture qu’un âne […] Dans les dernières années de sa vie il ne pouvait plus supporter l’abord des gens du monde et surtout de ceux qui y ont le plus d’éclat655.

Aussi, quand il fut enfin libéré de son provincialat, il éprouva une sainte joie et ne tarda pas à se retirer :

Il ne fit qu’aller dans sa cellule pour y prendre ses écrits et les mettre dans une besace dont il se chargea les épaules à son ordinaire […] passant à travers Paris […] sans voir ni parler à une seule personne de toutes celles qui prenaient ses avis…656.

Il enseignait : Qu’il fallait laisser les âmes dans une grande liberté, pour suivre les attraits de l’esprit de Dieu […] commencer par la vue des perfections divines […] ne regarder le prochain qu’en charité et vérité dans l’union intime avec Dieu657.

Le cercle spirituel qui se rassembla autour de lui à Caen, comprenait Jean de Bernières et sa sœur Jourdaine, Mectilde du Saint-Sacrement, Jean Aumont (sans doute tertiaire régulier), auxquels les historiens ajoutent Vincent de Paul et J.-J. Olier. Ils ont vécu ensemble « une doctrine d’abnégation, de désoccupation, de passivité divine…658» Jean-Chrysostome est la figure discrète, mais centrale à laquelle se référaient ces éminentes figures qui n’auraient rien entrepris sans l’avis de leur père spirituel :

L’on a vu plusieurs personnes de celles qui suivaient ses avis, marcher à grands pas, ou, pour mieux dire, courir avec ferveur dans les voies les plus simples de la haute perfection. […] La première est feu Mr de Bernières, de Caen. […] Le P. Jean-Chrysostome lui avait écrit que l’actuelle pauvreté était le centre de sa grâce, et qu’il n’aurait jamais de parfait repos qu’il n’y fût comme dans son centre 659.

Ce que nous connaissons provient de sa biographie écrite par Boudon. Les connaisseurs modernes de l’école des mystiques normands, Souriau660 et Heurtevent661, n’ajoutent guère à ses éléments : le premier éclaire le contexte historique ; le second ajoute qu’un de ses frères fut capucin, une de ses sœurs clarisse à Rouen : tout le milieu était donc d’inspiration franciscaine ! Boudon ne nous cache pas que son agonie fut difficile et qu’il traversa un dernier dépouillement intérieur. Il exerça peut-être un dernier soutien en liaison à des proches :

Ayant été soulagé de la fièvre quarte il s’en alla à Saint Maur […] pour y voir la R. Mère du Saint-Sacrement [Mectilde], maintenant supérieure des Religieuses bénédictines du Saint Sacrement […] Elle était l’une des filles spirituelles du bon père, et en cette qualité il voulut qu’elle fût témoin de son agonie : il passa environ neuf ou dix jours à Saint Maur, proche de la bonne Mère […] Au retour de Saint Maur […] il entra dans des ténèbres épouvantables […] il écrivit aux Religieuses :

 « Mes Chères Sœurs […] il est bien tard d’attendre à bien faire la mort et bien douloureux de n’avoir rien fait qui vaille en sa vie. Soyez plus sages que moi […] C’est une chose bien fâcheuse et bien terrible à une personne qui professait la sainte perfection de mourir avec de la paille […] »

L’on remarqua que la plupart des religieux du couvent de Nazareth où il mourut [le 26 mars 1646, âgé de 52 ans], fondaient en larmes et même les deux ou trois jours qui précédèrent sa mort, et cela sans qu’ils pussent s’en empêcher662.

Les trois seuls exemplaires connus des ouvrages de Jean-Chrysostome relèvent de deux sources663 : la première est constituée des Divers traités spirituels et méditatifs. Le Traité premier, Le Temps, la mort et l’éternité, comporte des « Pensées d’Éternité d’un certain solitaire et d’un autre serviteur de Dieu » qui nous touchent par leur rectitude et leur grandeur. Si ce texte évoque les grandes peurs de la damnation, il possède par contre un côté biographique tout nouveau. Jean-Chrysostome y résume sobrement les biographies de deux amis 664 foudroyés par l’amour divin : après le coup de poing initial asséné par la grâce, la vie mystique est résumée en quelques périodes ponctuées de moments charnières, dans une dynamique qui couvre toute la durée de la vie. Une existence est dite en quelques paragraphes, ce qui nous livre une impression saisissante de force associée à la brièveté de notre condition :

I. Le premier, étant un jeune homme d’un naturel fort doux et d’un esprit fort pénétrant […] se retira en solitude, après une forte pensée qu’il eut de l’Éternité, en cette manière. C’est que huit jours durant, à même qu’il commençait la nuit à dormir dans son lit, (82) il entendit une voix très éclatante qui prononçait ce mot d’Éternité, et pénétrait non seulement le sens externe, mais encore le fonds de l’âme, y faisant une admirable impression.

II. Là-dessus, s’étant retiré en solitude, il lui était souvent dit à l’oraison, Je suis ton Dieu, je te veux aimer éternellement : ce qui lui faisait une grande impression de cet amour éternel.

III. Ensuite il lui semblait que toutes les créatures lui disaient sans cesse d’une commune voix « éternité d’amour », et son âme en demeurait fort élevée.

IV. Il passa à un état de peine, et demeura quelques années dans une vue du centre de l’enfer […] (84)

VI. Dieu tout bon lui fit voir un jour ce qui se passait dans le jugement particulier d’une âme qui l’avait bien servi : je voyais, disait-il, une miséricorde infinie qui comblait cette âme d’un amour éternel.

VII. Une autre fois faisant oraison, il entendit une voix qui dit : Je t’ai aimé de toute Éternité : ce qui lui imprima une certaine idée de cet (85) amour divin, qui le séparait du souvenir des créatures. Et au même temps il fut tellement frappé d’amour, qu’il en demeura comme hors de soi toute sa vie665, laquelle il finit heureusement en des actes d’amour, pour les aller continuer à toute Éternité. […]

On passe maintenant à l’autre ami de Dieu :

I. Un autre serviteur de Dieu a été conduit à une très haute perfection [86] par les vues pensées de l’Éternité. Il était de maison et façonné aux armes. Voici que environ à l’âge de vingt-trois ans, comme il banquetait avec ses camarades mondains, il entrouvrit un livre, où lisant le seul mot d’Éternité, il fut si fort pénétré d’une forte pensée de la chose, qu’il tomba par terre comme évanoui, et y demeura six heures en cet état couché sur un lit, sans dire son secret.

II. Le lendemain, ayant l’usage fort libre de ses puissances, environné néanmoins de la vue d’Éternité, il s’alla confesser à un saint Religieux avec beaucoup de larmes et lui ayant révélé son secret, il en reçut beaucoup de consolation, car il était serviteur de Dieu et homme de grande oraison, qui avait eu révélation de ce qui s’était passé, et qui en se séparant lui dit : Mon frère aime Dieu un moment, et tu l’aimeras éternellement. Ces mots portés et partis d’un esprit embrasé, lui furent comme une flèche de feu, qui navra son pauvre cœur d’un certain amour divin, dont l’impression lui en demeura toute sa vie.

III. Ensuite il fut tourmenté de la vue de l’éternité de l’Enfer, environ huit ans, dans plusieurs visions […]

IV. Après cet état il demeura trois autres années dans une croyance comme certaine de sa damnation : tentation qui était aucune fois si extrême, qu’il s’en évanouissait.

V. Ensuite de cet état, il [89] demeura un an durant fort libre de toutes peines […]

VI. Après cette année, il en demeura deux dans la seule vue de la brièveté de la vie […] Ce qui lui donna un si extrême mépris des choses du monde […] [qu’il] ne pouvait comprendre comme les hommes créés pour l’éternité s’y pouvaient arrêter. [90]

VII. Ensuite […] il fut huit ans dans la continuelle vue que Dieu l’aimait de toute Éternité ; ce qui l’affligeait, avec des larmes de tendresse et d’amour, d’autant qu’il l’aimait si peu et avait commencé si tard. Il eut conjointement des vues fort particulières de la Sainte Passion.

VIII. Dans la dernière maladie il fut tourmenté d’un ardent amour envers Dieu, et d’une grande impatience d’aller à son Éternité.

Dans son Traité second : La Sainte Désoccupation de toutes les créatures, pour s’occuper en Dieu seul, Jean-Chrysostome balaye le chemin sans compromis : il faut laisser de la place et toute la place au divin qui peut alors animer la créature : la passiveté mystique est le terme d’un long cheminement. Jean-Chrysostome donne des indications concrètes et fournit des exemples plutôt qu’il n’expose une théorie :

Dieu tout bon a imprimé votre âme de Sa belle image, pour vous divertir de la laideur des créatures et vous attacher à Sa pure beauté. […] Le Bienheureux frère Gilles, Religieux mineur, enseignait que pour aller droit à la sainte perfection, il fallait que le spirituel fut un à un, c’est-à-dire seul avec Dieu seul, occupé de Dieu seul, et désoccupé de tout ce qui n’était point Dieu666.

À chaque chose principale qu’il commençait dans la journée, il entrait dans un recueillement intérieur et il faisait résolution de la commencer, continuer et finir en la vue de Dieu seul […] désoccupation très pure, par laquelle l’âme parvient à une continuelle vue et présence de Dieu : de sorte que toutes les créatures semblent lui disparaître, et ne regarde en elle que Dieu seul, intimement présent et opérant […] L’âme parvient à ce degré […] par la fervente pratique de l’oraison et des actes du pur amour667.

Lors […] elle est comme déiformée et comme passive en ses opérations ; car encore que la volonté concoure à aimer Dieu, néanmoins Dieu opère tellement en cette âme, qu’il semble que ce soit plutôt Lui qui produise cet amour […] l’âme demeure souvent comme liée et garrottée, sans rien penser ni agir comme d’elle-même, mais mue seulement par le Saint-Esprit tant Dieu est jaloux que tout ce qu’elle fait, elle le fasse pour Lui668.

Le Traité troisième : les dix journées de la sainte occupation, ou divers motifs d’aimer Dieu et s’occuper en son amour appartient aux schémas de retraites qui forment une littérature propre au XVIIe siècle. Leur forme répondait au besoin des directeurs dans les maisons religieuses (une retraite de dix jours est toujours pratiquée annuellement par les carmélites). Le thème de l’amour pur et la joie donnée par la grâce tranchent avec bonheur sur le pessimisme et la culpabilité qui se répandront dans les retraites de la seconde moitié du siècle. De la seconde source, Divers exercices…, nous retiendrons l’extrait d’une lettre peut-être écrite à une dirigée :

Ne vous donnez point la peine de m’écrire votre état passé : je crois vous connaître beaucoup mieux que vous ne vous connaissez vous-même : allez droit à Dieu […] ne vous précipitez pas ; soumettez toujours votre perfection et votre ferveur à la volonté divine, ne voulant que l’état qu’elle agréera en vous […] Votre paix […] consiste en un certain état de l’âme dans lequel elle est tranquille en son fonds avec son maître, quelque tempête qu’il y ait au dehors ou en la partie inférieure qui sert de croix à la supérieure où Dieu réside dans la pureté de son esprit et dans la paix suprême. […]

Tout n’est rien. Tout n’est ni pur ni parfait sinon Dieu seul […] par la grâce d’oraison, et je tiens que c’est Dieu qui se rend maître de l’âme, qui la lui donne [la grâce d’oraison], avec goût qu’elle seule savoure et peut dire669.

L’Exercice de la Sainte vertu d’Abjection, a été écrit pour répondre aux besoins du groupe de l’Ermitage fondé à Caen par son disciple Jean de Bernières. Le terme abjection ne doit pas être pris au sens péjoratif d’avilissement : il désigne l’humiliation et la prosternation intérieure devant la grandeur divine (second sens selon Littré), la prise de conscience due à la grâce que l’on n’est rien devant Dieu. Quelques extraits font comprendre l’extrême austérité du vécu de ces spirituels :

Premier exercice traitant de la sainte vertu d’abjection/ Premier traité : de la sainte abjection. / La Société spirituelle de la sainte abjection ; / Pratiquée en ce temps avec grand fruit de perfection, par quelques dévots de Jésus humilié et méprisé. / Avis. 670

Chapitre I. Vues ou lumières surnaturelles de la superbe [orgueil] d’Adam.

Le spirituel en cet état est pénétré de certaines vues ou lumières surnaturelles, par lesquelles il entre en la connaissance [14] intime de son âme et de ses parties intellectuelles, et voit clairement que tout cet être est rempli de la superbe, de l’ambition, de l’orgueil, et de la vanité d’Adam […]

Chapitre II. Abjection dans le rien de l’être.

Le spirituel en cet état voit par lumière surnaturelle, comme le néant ou le rien est son principe originel. Sur quoi vous remarquerez : 1. Que cette vue provient d’une grande faveur de Dieu. 2. Que par icelle l’âme se voit dans un éloignement infini de son créateur. 3. Qu’elle le voit dans une sublimité infinie. 4. Qu’elle se réjouit selon la disposition de sa pureté [16] intérieure de voir que son Dieu soit en l’infinité de l’être et de toute perfection, et elle comme en une certaine infinité du non-être, c’est-à-dire du néant et du rien.

La pratique. L’exercitant ainsi disposé : 1. Se réjouira de l’infinité Divine. 2. Il prendra plaisir de se voir dans l’infinité du rien respectivement à son Dieu. 3. Il considérera que Dieu l’a tiré de ce rien par sa toute-puissance, pour l’élever et le faire entrer en la communion incompréhensible de son être divin et de sa vie divine, par les actes intellectuels et spirituels de l’entendement et de la volonté, par lesquels il est si hautement élevé que comme Dieu se connaît et s’aime, ainsi par alliance ineffable, il le connaît et l’aime […]

Chapitre IV. Abjection d’inutilité.

Cet état appartient particulièrement aux personnes qui sont [19] liées et attachées par obligation aux communautés, dont nous en voyons plusieurs extrêmement tourmentées de la vue de leur inutilité, desquelles aucunes le sont par une certaine bonté naturelle de voir leurs prochains surchargés à leur occasion, et les autres par un certain orgueil qui les pique et les aigrit ; le diable se mêle en ces deux dispositions et le spirituel doit prendre garde de s’en défendre. Pour donc en faire bon usage, 1. Il considérera que celui qui agrée son abjection dans son inutilité, rend souvent plus de gloire à Dieu qu’une infinité de certains utiles, suffisants, indévots et superbes […] 4. Il supportera patiemment les inutilités des autres prochains. 5. Il pensera que la créature [20] n’est autant agréable à Dieu qu’elle est passive à la conduite divine […]

Chapitre XIX. Tourment d’amour en l’abjection.

La superbe vide l’âme de toute disposition d’amour envers son divin créateur où au contraire la sainte abjection la purifie et la dispose à la pureté de cette charité divine dans les manières ineffables […] J’appelle cet état tourment d’amour, d’autant qu’en icelui les âmes sanctifiées par les humiliations sont extrêmement [53] tourmentées des saintes ardeurs, vives flammes et divin amour […]

Méditation XXIII. De la sainte abjection de Jésus dans le reniement de St Pierre.

[108] Considérez et pesez ensuite les circonstances de l’abjection que Jésus a souffertes au reniement de Pierre. 1. C’était le plus considérable des Apôtres. 2. C’était celui qui lui avait plus témoigné de bonne volonté. 3. C’était dans une grande persécution, et lorsqu’il était délaissé de tous les siens. 4. C’était enfin en un temps auquel étant accusé d’avoir semé et prêché des fausses doctrines, il paraissait plus suspect et coupable par un tel reniement […]

Méditation XXX. De l’abjection de Jésus dans son crucifiement.

[130] Quand vous verrez certaines personnes dévotes mourir dans la folie et même avec des circonstances étranges, extravagantes et superbes, ainsi qu’est mort le saint nommé Tauler 671 […] souvenez-vous qu’il peut arriver que Dieu accorde la mort d’abjection à certains de ses fidèles amants, pour les récompenser de leurs travaux généreux dans les voies de cette sainte vertu et pour les rendre conformes à Jésus […]

IV. Traité. Méditations d’abjection en la vue de la divinité.

Méditation I. D’abjection en la vue de l’existence divine.

Considérez que comme Dieu est le premier être de soi, qui n’a jamais été et ne peut jamais être dans le rien, de même l’amour divin n’a jamais été et ne peut jamais être dans le rien ; pensez que comme [145] Dieu a toujours été et sera toujours nécessairement, étant l’être de soi nécessaire ; ainsi il s’est toujours aimé et s’aimera toujours nécessairement. Ajoutez qu’encore que vous soyez très vil et très abject, il vous a néanmoins toujours aimé et vous aimera toujours à toute éternité, d’un amour autant adorable qu’inconcevable, pesez bien surtout combien c’est une chose étrange et incompréhensible qu’un Dieu s’applique à aimer une créature si abjecte et si petite, qu’elle n’est de soi qu’un pur rien […] chose inconcevable, qu’un Dieu daigne vous donner de l’amour pour l’aimer […]

Méditation XI. D’abjection en la vue de l’incompréhensibilité divine.

Considérez que Dieu […] reste toujours à connaître à l’infini dans son infinité.

Il semble que nous nous soyons éloignés loin de notre sujet ? Mais l’écart apparent nous permet d’être bien au fait du caractère rigoureux, mais attentif à l’autre, d’une initiation qui va façonner Mectilde :

L’initiation de Mectilde

Mectilde, âgée de vingt-huit ans et demi est depuis dix mois réfugiée en Normandie. Elle a rencontré en juin 1643 Chrysostome par l’intermédiaire de Jean de Bernières, l’un de ses dirigés qui a déjà pris soin d’elle sur le plan matériel et que nous rencontrerons plus tard comme directeur mystique 672 :

Monsieur, mon très cher Frère,

Béni soit Celui qui par un effet de son amoureuse Providence m’a donné votre connaissance pour, par votre moyen avoir le cher bonheur de conférer de mon chétif état au saint personnage que vous m’avez fait connaître.

J’ai eu l’honneur de le voir et de lui parler environ une heure. En ce peu de temps, je lui ai donné connaissance de ma vie passée, de ma vocation et de quelqu’affliction que Notre-Seigneur m’envoya quelque temps après ma profession. Il m’a donné autant de consolation, autant de courage en ma voie et autant de satisfaction en l’état où Dieu me tient que j’en peux désirer en terre. O que cet homme est angélique et divinisé par les singuliers effets d’une grâce très intime que Dieu verse en lui ! Je voudrais être auprès de vous pour en parler à mon aise et admirer avec vous les opérations de Dieu sur les âmes choisies. O que Dieu est admirable en toutes choses ! Mais je l’admire surtout en ces âmes-là.

Il m’a promis de prendre grand intérêt à ma conduite. Je lui ai fait voir quelques lettres que l’on m’a écrites sur ma disposition. Il m’a dit qu’elles n’ont nul rapport à l’état où je suis et que peu de personnes avaient la grâce de conduite, ce que je remarque par expérience.

Entre autres choses qu’il m’a dites, et qu’il m’a assurée, c’est que j’étais fort bien dans ma captivité, que je n’eusse point de crainte que Dieu voulait que je sois à lui d’une manière très singulière et que bientôt je serai sur la croix de maladies et d’autres peines. Il faut une grande fidélité pour Dieu.

Je vous dis ces choses dans la confiance que vous m’avez donnée pour vous exciter de bien prier Dieu pour moi. Recommandez-moi, je vous supplie, à notre bonne Mère Supérieure [Jourdaine, sœur de Jean de Bernières] et à tous les fidèles serviteurs et servantes de Dieu que vous connaissez. Si vous savez quelques nouvelles de la sainte créature que vous savez [Marie des Vallées], je vous supplie de m’en dire quelque chose. [...]

On sent que la jeune femme est nature dans sa relation, alternant compte-rendus, exclamations, incertitude présente quant à sa « carrière ». Cela changera en passant de la dirigée à la directrice ! Pour l’instant la jeune Mectilde a besoin d’être assurée en ce début de la voie mystique.

Le Père Chrysostome apportera donc point par point ses réponses aux questions que se pose la jeune dirigée. Elle lui demande conseil sur son expérience profonde et ardente. Chrysostome lui répond de façon très détachée et froide de façon à ne susciter chez cette femme passionnée ni attachement ni émotion sensible ; afin que son destin extraordinaire soit mené jusqu’au bout, il ne manifeste pratiquement pas d’approbation, car il veut la pousser vers la rigueur et l’humilité la plus profonde. La relation faite à son confesseur est rédigée à la troisième personne ! - du moins dans ce qui nous est parvenu673.

Premier texte : Relation au Père Chrysostome avec réponses, juillet 1643.

1re Proposition : Cette personne [Mectilde] eut dès sa plus tendre jeunesse le plus vif désir d’être religieuse ; plus elle croissait en âge, plus ce désir prenait de l’accroissement. Bientôt il devint si violent qu’elle en tomba dangereusement malade. Elle souffrait son mal sans oser en découvrir la cause ; ce désir l’occupait tellement qu’elle épuisait en quelque sorte toute son attention et tous ses sentiments. Il ne lui était pas possible de s’en distraire ni de prendre part à aucune sorte d’amusement. Elle était quelquefois obligée de se trouver dans différentes assemblées de personnes de son âge, mais elle y était de corps sans pouvoir y fixer son esprit. Si elle voulait se faire violence pour faire à peu près comme les autres, le désir qui dominait son cœur l’emportait bientôt et prenait un tel ascendant sur ses sens mêmes qu’elle restait insensible et comme immobile en sorte qu’elle était contrainte de se retirer pour se livrer en liberté au mouvement qui la maîtrisait. Ce qui la désolait surtout, c’était la résistance de son père que rien ne pouvait engager à entendre parler seulement de son dessein. Il faut avouer cependant que cette âme encore vide de vertus n’aspirait et ne tendait à Dieu que par la violence du désir qu’elle avait d’être religieuse sans concevoir encore l’excellence de cet état.

Réponse : En premier lieu, il me semble que la disposition naturelle de cette âme peut être regardée comme bonne.

2. Je dirai que dans cette vocation, je vois beaucoup de Dieu, mais aussi beaucoup de la nature : cette lumière qui pénétrait son entendement venait de Dieu ; tout le reste, ce trouble, cette inquiétude, cette agitation qui suivaient étaient l’œuvre de la nature. Mais, quoi qu’il en soit, mon avis est, pour le présent, que le souvenir de cette vocation oblige cette âme à aimer et à servir Dieu avec une pureté toute singulière, car dans tout cela il paraît sensiblement un amour particulier de Dieu pour elle.

2e Proposition : cette âme, dans l’ardeur de la soif qui la dévorait ne se donnait pas le temps de la réflexion ; elle ne s’arrêta point à considérer de quelle eau elle voulait boire. Elle voulait être religieuse, rien de plus ; aussi tout Ordre lui était indifférent, n’ayant d’autre crainte que de manquer ce qu’elle désirait : la solitude et le repos étant tout ce qu’elle souhaitait.

Réponse : 1. Ces opérations proviennent de l’amour qui naissait dans cette âme, lesquelles étaient imparfaites, à raison que l’âme était beaucoup enveloppée de l’esprit de nature. 2. Nous voyons de certaines personnes qui ont la nature disposée de telle manière qu’il semble qu’au premier rayon de la grâce, elles courent après l’objet surnaturel : celle-ci me semble de ce nombre. Combien que par sa faute il se soit fait interruption en ce qu’elle s’éloignait674 de Dieu.

Le dialogue se poursuit et se terminera sur une 19e proposition : le père Chrysostome est patient !

[...]

17e Proposition675 : Elle entrait dans son obscurité ordinaire et captivité sans pouvoir le plus souvent adorer son Dieu, ni parler à Sa Majesté. Il lui semblait qu’Il se retirait au fond de son cœur ou pour le moins en un lieu caché en son entendement et à son imagination, la laissant comme une pauvre languissante qui a perdu son tout ; elle cherche et ne trouve pas ; la foi lui dit qu’il est entré dans le centre de son âme, elle s’efforce de lui aller adorer, mais toutes ses inventions sont vaines, car les portes sont tellement fermées et toutes les avenues, que ce lieu est inaccessible, du moins il lui semblait ; et lorsqu’elle était en liberté elle adorait sa divine retraite, et souffrait ses sensibles privations, néanmoins son cœur s’attristait quelquefois de se voir toujours privé de sa divine présence, pensant que c’était un effet de sa réprobation.

D’autre fois elle souffrait avec patience, dans la vue de ce qu’elle a mérité par ses péchés, prenant plaisir que la volonté de son Dieu s’accomplisse en elle selon qu’il plaira à Sa Majesté.

Réponse : Il n’y a rien que de bon en toutes ses peines, il les faut supporter patiemment et s’abandonner à la conduite de Dieu. Ajoutez que ces peines et les autres lui sont données pour la conduire à la pureté de perfection à laquelle elle est appelée et de laquelle elle est encore bien éloignée. Elle y arrivera par le travail de mortification et de vertu.

18e Proposition : Son oraison n’était guère qu’une soumission et abandon, et son désir était d’être toute à Dieu, que Dieu fût tout pour elle, et en un mot qu’elle fût toute perdue en Lui ; tout ceci sans sentiment. J’ai déjà dit qu’en considérant elle demeure muette, comme si on lui garrottait les puissances de l’âme ou qu’on l’abîmât dans un cachot ténébreux. Elle souffrait des gênes et des peines d’esprit très grandes, ne pouvant les exprimer ni dire de quel genre elles sont. Elle les souffrait par abandon à Dieu et par soumission à sa divine justice.

Réponse : J’ai considéré dans cet écrit les peines intérieures. Je prévois qu’elles continueront pour la purgation et sanctification de cette âme, étant vrai que pour l’ordinaire, le spirituel ne fait progrès en son oraison que par rapport à sa pureté intérieure, sur quoi elle remarquera qu’elle ne doit pas souhaiter d’en être délivrée, mais plutôt qu’elle doit remercier Dieu qui la purifie. Cette âme a été, et pourra être tourmentée de tentations de la foi, d’aversion de Dieu, de blasphèmes et d’une agitation furieuse de toutes sortes de passions, de captivité, d’amour. Sur le premier genre de peine, elle saura qu’il n’y a rien à craindre, que telles peines est un beau signe, savoir de purgation intérieure, que c’est le diable, qui avec la permission de Dieu, la tourmente comme Job. Je dis plus qu’elle doit s’assurer que tant s’en faut que dans telles tempêtes l’âme soit altérée en sa pureté, qu’au contraire, elle y avance extrêmement, pourvu qu’avec résignation, patience, humilité et confiance elle se soumette entièrement et sans réserve à cette conduite de Dieu.

Sur ce qui est de la captivité dont elle parle en son écrit, je prévois qu’elle pourra être sujette à trois sortes de captivités : à savoir, à celle de l’imagination et l’intellect et à la composée de l’une et de l’autre. Sur quoi je remarque qu’encore que la nature contribue beaucoup à celle de l’imagination et à la composée par rapport aux fantômes ou espèces en la partie intellectuelle, néanmoins ordinairement le diable y est mêlé avec la permission de Dieu, pour tourmenter l’âme, comme dans le premier genre de peines ; en quoi elle n’a rien à faire qu’à souffrir patiemment par une pure soumission à la conduite divine ; ce que faisant elle fera un très grand progrès de pureté intérieure.

Quant à l’intellectuelle, elle saura que Dieu seul lie la partie intellectuelle, ce qui se fait ordinairement par une suspension d’opérations, exemple : l’entendement, entendre, la volonté, aimer, si ce n’est que Dieu concoure à ses opérations ; d’où arrive que suspendant ce concours, les facultés intellectuelles demeurent liées et captives, c’est-à-dire, elles ne peuvent opérer ; en quoi il faut que l’âme se soumette comme dessus676 à la conduite de Dieu sans se tourmenter. Sur quoi elle saura que toutes les peines de captivité sont ordinairement données à l’âme pour purger la propriété de ses opérations, et la disposer à la passivité de la contemplation. Sur le troisième genre de peines d’amour divin, il y en a de plusieurs sortes, selon que Dieu opère en l’âme, et selon que l’âme est active ou passive à l’amour, sur quoi je crois qu’il suffira présentement que cette bonne âme sache :

1. Que l’amour intellectuel refluant en l’appétit sensitif cause telles peines qui diminuent ordinairement à proportion que la faculté intellectuelle, par union avec Dieu, est plus séparée en son opération de la partie inférieure.

2. Quand l’amour réside en la partie intellectuelle, ainsi que je viens de dire, il est rare qu’il tourmente ; cela se peut néanmoins faire, mais je tiens qu’il y a apparence que, pour l’ordinaire, tout ce tourment vient du reflux de l’opération de l’amour de la volonté supérieure à l’inférieure, ou appétit sensitif.

3. Quelquefois par principe d’amour l’âme est tourmentée de souhaits de mort, de solitude, de voir Dieu et de langueur ; sur quoi cette âme saura que la nature se mêlant de toutes ces opérations, le spirituel doit être bien réglé pour ne point commettre d’imperfections ; d’où je conseille à cette âme :

1. d’être soumise ainsi que dessus à la conduite de Dieu ;

2. de renoncer de fois à autre à tout ce qui est imparfait en elle au fait d’aimer Dieu ;

3. elle doit demander à Dieu que son amour devienne pur et intellectuel ;

4. si l’opération d’amour divin diminue beaucoup les forces corporelles, elle doit se divertir et appliquer aux œuvres extérieures ; que si ne coopérer en se divertissant, l’amour la suit [la poursuit], il en faut souffrir patiemment l’opération et s’abandonner à Dieu, d’autant que la résistance en ce cas est plus préjudiciable et fait plus souffrir le corps que l’opération même. Je prévois que ce corps souffrira des maladies, d’autant que l’âme étant affective, l’opération d’amour divin refluera en l’appétit sensitif, elle aggravera le cœur et consommera beaucoup d’esprit, dont il faudra avertir les médecins. J’espère néanmoins qu’enfin l’âme se purifiant, cet amour résidera davantage en la partie intellectuelle, dont le corps sera soulagé. Quant à la nourriture et à son dormir, c’est à elle d’être fort discrète, comme aussi en toutes les austérités, car si elle est travaillée de peines intérieures ou d’opérations d’amour divin, elle aura besoin de soulager d’ailleurs son corps, se soumettant en cela en toute simplicité à la direction. Sur le sujet de la contemplation, je prévois qu’il sera nécessaire qu’elle soit tantôt passive simple, même laissant opérer Dieu, et quelquefois active et passive ; c’est-à-dire, quand à son oraison la passivité cessera, il faut qu’elle supplée par l’action de son entendement.

Ayant considéré l’écrit, je conseille à cette âme :

1. De ne mettre pas tout le fond de sa perfection sur la seule oraison, mais plutôt sur la tendance à la pure mortification.

2. De n’aller pas à l’oraison sans objet. À cet effet je suis d’avis qu’elle prépare des vérités universelles de la divinité de Jésus-Christ, comme serait : Dieu est tout-puissant et peut créer à l’infini des millions de mondes, et même à l’infini plus parfaits ; Jésus a été flagellé de cinq mille et tant de coups de fouet ignominieusement, ce qu’Il a supporté par amour pour faire justice de mes péchés.

3. Que si portant son objet et à l’oraison elle est surprise d’une autre opération divine passive, alors elle se laissera aller. Voilà mon avis sur son oraison : qu’elle souffre patiemment ses peines qui proviennent principalement de quelque captivité de faculté. Qu’elle ne se décourage point pour ses ténèbres ; quand elle les souffrira patiemment, elles lui serviront plus que les lumières.

19e Proposition : Il semble qu’elle aurait une joie sensible si on lui disait qu’elle mourrait bientôt ; la vie présente lui est insupportable, voyant qu’elle l’emploie mal au service de Dieu et combien elle est loin de sa sacrée union. Il y avait lors trois choses qui régnaient en elle assez ordinairement, à savoir : langueur, ténèbres et captivité.

Réponse : Voilà des marques de l’amour habituel qui est en cette âme. Voilà mes pensées sur cet état, dont il me demeure un très bon sentiment en ma pauvre âme, et d’autant que je sens et prévois qu’elle sera du nombre des fidèles servantes de Dieu, mon Créateur, et que par les croix, elle entrera en participation de l’esprit de la pureté de notre bon Seigneur Jésus-Christ. Je la supplie de se souvenir de ma conversion en ses bonnes prières, et je lui ferai part des miennes [T4, p. 641] quoique pauvretés. J’espère qu’après cette vie Dieu tout bon nous unira en sa charité éternelle, par Jésus-Christ Notre Seigneur auquel je vous donne pour jamais.

Dans le deuxième texte infra on note la précision et le soin pris de même pour encadrer la jeune femme (elle n’aura que trente ans à la mort de son directeur). Une liste (cette fois elle atteint trente points !) livre le parfum commun à l’école. Bertot proposera plus tard de façon très semblable un « décalogue » de règles à observer par la jeune madame Guyon (dans une filiation, on n’invente pas).

Nous livrons tout le texte malgré sa longueur, car il est unique par sa précision et sa netteté dans une direction mystique assurée avec fermeté par « le bon Père Chrysostome » : on est infiniment loin de tout bavardage spirituel.

Deuxième texte : Autre réponse du même père à la même âme 677.

Cette vocation paraît : 1. Par les instincts que Dieu vous donne en ce genre de vie, vous faisant voir par la lumière de sa grâce la beauté d’une âme qui, étant séparée de toutes les créatures, inconnue, négligée de tout le monde, vit solitaire à son unique Créateur dans le secret dû.

2. Par les attraits à la sainte oraison avec une facilité assez grande de vous entretenir avec Dieu des vérités divines de son amour.

3. Dieu a permis que ceux de qui vous dépendez aient favorisé cette petite retraite qui n’est pas une petite grâce, car plusieurs souhaitent la solitude et y feraient des merveilles, lesquels néanmoins en sont privés.

4. Je dirai que Dieu par une providence vous a obligée à honorer le saint Sacrement d’une particulière dévotion, et c’est dans ce Sacrement que notre bon Seigneur Jésus-Christ, Dieu et homme, mènera une vie toute cachée jusqu’à la consommation des siècles, que les secrets de sa belle âme vous seront révélés.

5. Bienheureuse est l’âme qui est destinée pour honorer les états de la vie cachée de Jésus, non seulement par acte d’adoration ou de respect, mais encore entrant dans les mêmes états. D’Aucuns honorent par leur état sa vie prêchante et conversante, d’autres sa vie crucifiée ; quelques-uns sa vie pauvre, beaucoup sa vie abjecte ; il me semble qu’Il vous appelle à honorer sa vie cachée. Vous le devez faire et vous donner à Lui, pour, avec Lui, entrer dans le secret, aimant l’oubli actif et passif de toute créature, vous cachant et abîmant avec Lui en Dieu, selon le conseil de saint Paul, pour n’être révélée qu’au jour de ses lumières.

6. Jamais l’âme dans sa retraite ne communiquera à l’Esprit de Jésus et n’entrera avec lui dans les opérations de sa vie divine, si elle n’entre dans ses états d’anéantissement et d’abjection, par lesquels l’esprit de superbe est détruit.

7. L’âme qui se voit appelée à l’amour actif et passif de son Dieu renonce facilement à l’amour vain et futile des créatures, et contemplant la beauté et excellence de son divin Époux qui mérite des amours infinis, elle croirait commettre un petit sacrilège de lui dérober la moindre petite affection des autres et partant, elle désire d’être oubliée de tout le monde [T4, p. 653] afin que tout le monde ne s’occupe que de Dieu seul.

8. N’affectez point de paraître beaucoup spirituelle : tant plus votre grâce sera cachée, tant plus sera-t-elle assurée ; aimez plutôt d’entendre parler de Dieu que d’en parler vous-même, car l’âme dans les grands discours se vide assez souvent de l’Esprit de Dieu et accueille une infinité d’impuretés qui la ternissent et l’embrouillent.

9. Le spirituel ne doit voir en son prochain que Dieu et Jésus ; s’il est obligé de voir les défauts que commettent des autres, ce n’est que pour leur compatir et leur souhaiter l’occupation entière du pur amour. Hélas ! Faut-il que les âmes en soient privées ! Saint François voyant l’excellence de sa grâce et la vocation que Dieu lui donnait à la pureté suprême, prenait les infidélités à cette grâce pour des crimes, d’où vient qu’il s’estimait le plus grand pécheur de la terre et le plus opposé à Dieu, puisqu’une grâce qui eût sanctifié les pécheurs, ne pouvait vaincre sa malice.

10. L’oraison n’est rien autre chose qu’une union actuelle de l’âme avec Dieu, soit dans les lumières de l’entendement ou dans les ténèbres. Et l’âme dans son oraison s’unit à Dieu, tantôt par amour, tantôt par reconnaissance, tantôt par adoration, tantôt par aversion du péché en elle et en autrui, tantôt par une tendance violente et des élancements impétueux vers ce divin678 objet qui lui paraît éloigné, et à l’amour et jouissance auquel elle aspire ardemment, car tendre et aspirer à Dieu, c’est être uni à Lui, tantôt par un pur abandon d’elle-même au mouvement sacré de ce divin Époux qui l’occupe de son amour dans les manières [T4, p. 655] qu’il lui plaît. Ah ! Bienheureuse est l’âme qui tend en toute fidélité à cette sainte union dans tous les mouvements de sa pauvre vie ! Et à vrai dire, n’est-ce pas uniquement pour cela que Dieu tout bon la souffre sur la terre et la destine au ciel, c’est-à-dire pour aimer à jamais ? Tendez donc autant que vous pourrez à la sainte oraison, faites-en quasi comme le principal de votre perfection. Aimez toutes les choses qui favorisent en vous l’oraison, comme : la retraite, le silence, l’abjection, la paix intérieure, la mortification des sens, et souvenez-vous qu’autant que vous serez fidèle à vous séparer des créatures et des plaisirs des sens, autant Jésus se communiquera-t-Il à vous en la pureté de ses lumières et en la jouissance de son divin amour dans la sainte oraison ; car Jésus n’a aucune part avec les âmes corporelles qui sont gisantes dans l’infection des sens.

11. L’âme qui se répand dans les conversations inutiles, ou s’ingère sous des prétextes de piété, se rend souvent indigne des communications du divin Époux qui aime la retraite, le secret et le silence. Tenez votre grâce cachée : si vous êtes obligée de converser quelquefois, tendez avec discrétion à ne parler qu’assez peu et autant que la charité le pourra requérir ; l’expérience nous apprendra l’importance d’être fidèle à cet avis.

12. Tous les états de la vie de Jésus méritent nos respects et surtout ses états d’anéantissement. Il est bon que vous ayez dévotion à sa vie servile ; car il a pris la forme de serviteur, et a servi en effet son père et sa mère en toute fidélité et humilité vingt-cinq ou trente ans en des exercices très abjects et en un métier bien pénible ; et pour honorer cette vie servile et abjecte de notre bon Sauveur Jésus-Christ, prenez plaisir à servir plutôt qu’à être servie, et vous rendez facile aux petits services que l’on pourra souhaiter de vous, et notamment quand ils seront abjects et répugnants à la nature et aux sens.

13. Jésus dans tous les moments de sa vie voyagère a été saint, et c’est en iceux la sanctification des nôtres ; car il a sanctifié les temps, desquels il nous a mérité l’usage, et généralement toutes sortes d’états et de créatures, lesquelles participaient à la malédiction du péché. Consacrez votre vie jusqu’à l’âge de trente-trois ans à la vie voyagère du Fils de Dieu par correspondance de vos moments aux siens, et le reste de votre vie, si Dieu vous en donne, consacrez-le à son état consommé et éternel, dans lequel Il est entré par sa résurrection et par son ascension. Ayez dès à présent souvent dévotion à cet état de gloire de notre bon Seigneur Jésus-Christ, car c’est un état de grandeur qui était dû à son mérite, et dans lequel vous-même, vous entrerez un jour avec lui, les autres états [d’anéantissement] de sa vie voyagère n’étant que des effets de nos péchés.

14. L’âme qui possède son Dieu ne peut goûter les vaines créatures, et à dire vrai, celui-là est bien avare à qui Dieu ne suffit679. À mesure que votre âme se videra de l’affection aux créatures, Dieu tout bon se communiquera à vous en la douceur de ses amours et en la suavité de ses attraits, et dans la pauvreté suprême de toutes créatures, vous vous trouverez riche [T4, p. 659] par la pure jouissance du Dieu de votre amour, ce qui vous causera un repos et une joie intérieure inconcevables.

15. Vous serez tourmentée de la part des créatures qui crieront à l’indiscrétion et à la sauvagerie : laissez dire les langues mondaines, faites les œuvres de Dieu en toute fidélité, car toutes ces personnes-là ne répondront pas pour vous au jour de votre mort ; et faut-il qu’on trouve tant à redire de vous voir aimer Dieu ?

16. Tendez à vous rendre passive à la Providence divine, vous laissant conduire et mener par la main, entrant à l’aveugle et en toute soumission dans tous les états où elle voudra vous mettre, soit qu’ils soient de lumière ou de ténèbres, de sécheresse ou de jouissance, de pauvreté, d’abjection, d’abandon, etc. Fermez les yeux à tous vos intérêts et laissez faire Dieu, par cette indifférence à tout état, et cette passivité à sa conduite, vous acquerriez une paix suprême qui [vous établira dans la pure oraison680] et vous disposera à la conversion très simple de votre âme vers Dieu le Créateur.

17. Notre bon Seigneur Jésus-Christ s’applique aux membres de son Église diversement pour les convertir à l’amour de son Père éternel, nous recherchant avec des fidélités, des artifices et des amours inénarrables. Oh ! Que l’âme pure qui ressent les divines motions de Jésus et de son divin Esprit, est touchée d’admiration, de respect et d’amour à l’endroit de ce Dieu fidèle !

18. Renoncez à toute consolation et tendresse des créatures, cherchez uniquement vos consolations en Jésus, en son amour, en sa croix et son abjection. Un petit mot que Jésus vous fera entendre dans le fond de votre âme la fera fondre et se liquéfier en douceur. Heureuse est l’âme qui ne veut goûter aucune consolation sur la terre de la part des créatures !

19. Par la vie d’Adam, nous sommes entièrement convertis à nous-mêmes et à la créature, et ne vivons que pour nous-mêmes, et pour nos intérêts de chair et de sang ; cette vie nous est si intime qu’elle s’est glissée dans tout notre être naturel, n’y ayant puissance dans notre âme, ni membre en notre corps qui n’en soit infecté ; ce qui cause en nous une révolte générale de tout nous-mêmes à l’encontre de Dieu, cette vie impure formant opposition aux opérations de sa grâce, ce qui nous rend en sa présence comme des morts ; car nous ne vivons point à Lui, mais à nous-mêmes, à nos intérêts, à la chair et au sang. Jésus au contraire a mené et une vie très convertie à son Père éternel par une séparation entière, et une mort très profonde à tout plaisir sensuel et tout intérêt propriétaire de nature, et Il va appelant ses élus à la pureté de cette vie, les revêtant de Lui-même, après les avoir dépouillés de la vie d’Adam, leur inspirant sa pure vie. Oh ! Bienheureuse est l’âme qui par la lumière de la grâce connaît en soi la malignité de la vie d’Adam, et qui travaille en toute fidélité à s’en dépouiller par la mortification, car elle se rendra digne de communiquer à la vie de Jésus !

20. Tandis que nous sommes sur la terre, nous ne pouvons entièrement éviter le péché. Adam dans l’impureté de sa vie nous salira toujours un peu ; nous n’en serons exempts qu’au jour de notre mort que Jésus nous consommera dans sa vie divine pour jamais, nous convertissant si parfaitement [à son Père éternel] par la lumière de sa gloire que jamais plus nous ne sentions l’infection de la vie d’Adam ni d’opposition à la pureté de l’amour.

21. La sentence que Notre Seigneur Jésus-Christ prononcera sur notre vie au jour de notre mort est adorable et aimable, quand bien par icelle il nous condamnerait, car elle est juste et divine, et partant mérite adoration et amour : adorez-le donc quelquefois, car peut-être alors vous ne serez pas en état de le pouvoir faire ; donnez-vous à Jésus pour être jugée par lui, et le choisissez pour juge, quand bien même il serait en votre puissance d’en prendre un autre. Hugo, saint personnage, priait Notre Seigneur Jésus-Christ de tenir plutôt le parti de son Père éternel que non pas le sien : ce sentiment marquait une haute pureté de l’âme, et une grande séparation de tout ce qui n’était point purement Dieu et ses intérêts.

22. Notre bon Seigneur Jésus-Christ dit en son Évangile : bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Oh ! En effet, bienheureuse est l’âme qui n’a point ici d’autre désir que d’aimer et de vivre de la vie du pur amour, car Dieu lui-même sera sa nourriture, et en la plénitude de son divin amour assouvira sa faim. Prenez courage, la faim que vous sentez est une grâce de ferveur qui n’est donnée qu’à peu. Travaillez à évacuer les mauvaises humeurs de la nature corrompue, et cette faim ira toujours croissant, et vous fera savourer avec un plaisir ineffable les douceurs des vertus divines.

23. Tendez à acquérir la paix de l’âme autant que vous pourrez par la mortification de toutes les passions, par le renoncement à toutes vos volontés, par la désoccupation de toutes les créatures, par le mépris de tout ce que pourront dire les esprits vains et mondains, par l’amour à la sainte abjection, par un désir d’entrer courageusement dans les états d’anéantissement de Jésus-Christ quand la Providence le voudra, par ne vouloir uniquement que Dieu et sa très sainte volonté, par une indifférence suprême à tous événements ; et votre âme ainsi dégagée de tout ce qui la peut troubler, se reposera agréablement dans le sein de Dieu, qui vous possédant uniquement, établira en vous le règne de son très pur amour.

24. Il fait bon parler à Dieu dans la sainte oraison, mais aussi souvent il fait bon l’écouter, et quand les attraits et lumières de la grâce nous préviennent, il les faut suivre par une sainte adhérence qui s’appelle passivité.

25. Le spirituel dans les voies de sa perfection est sujet à une infinité de peines et de combats : tantôt il se voit dans les abandons, éloignements, sécheresses, captivités, suspensions ; tantôt dans des vues vives de réprobation et de désespoir ; tantôt dans les aversions effroyables des choses de Dieu ; tantôt dans un soulèvement général de toutes ses passions, tantôt dans d’autres tentations très horribles et violentes, Dieu permettant toutes ces choses pour évacuer de l’âme l’impureté de la vie d’Adam, et sa propre excellence. Disposez-vous à toutes ces souffrances et combats, et souvenez-vous que la possession du pur amour vaut bien que nous endurions quelque chose, et partant soyez à Jésus pour tout ce qu’il lui plaira vous faire souffrir.

26. Derechef, je vous répète que vous soyez bien dévote à la sainte Vierge : honorez-la dans tous les rapports qu’elle a au Père éternel, au Fils et au Saint-Esprit, à la sainte humanité de Jésus. Honorez-la en la part qu’elle a à l’œuvre de notre rédemption, en tous les états et mystères de sa vie, notamment en son état éternel, glorieux et consommé dans lequel elle est entrée par son Assomption ; honorez-la en tout ce qu’elle est en tous les saints, et en tout ce que les saints sont par elle : suivez en ceci les diverses motions de la grâce, et vous appliquez à ces petites vues et pratiques selon les différents attraits. Étudiez les différents états de sa vie, et vous y rendez savante pour vous y appliquer de fois à autre ; car il y a bénédiction très grande d’honorer la sainte Vierge. Je dis le même de saint Joseph : c’est le protecteur de ceux qui mènent une vie cachée, comme il l’a été de celle de Jésus-Christ.

27. La perfection ne consiste pas dans les lumières, mais néanmoins les lumières servent beaucoup pour nous y acheminer, et partant rendez-vous passive à celles que Dieu tout bon vous donnera, et en outre tachez autant que vous pourrez à vous instruire des choses de la sainte perfection par lectures, conférences, sermons, etc., et souvenez-vous que si vous ne nourrissez votre grâce, elle demeurera fort faible et peut-être même pourrait-elle bien se ralentir.

28. L’âme de Jésus-Christ est le paradis des amants en ce monde et en l’autre ; si vous pouvez entrer en ce ciel intérieur, vous y verrez des merveilles d’amour, tant à l’endroit de son Père que des prédestinés. Prenez souvent les occupations et la vie de ce tout bon Seigneur pour vos objets d’oraison.

29. Tendez à l’oraison autant que vous pourrez : c’est, ce me semble, uniquement pour cela que nous sommes créés : je dis pour contempler et [pour] aimer ; c’est faire sur la terre ce que font les bienheureux au ciel. Aimez tout ce qui favorisera en vous l’oraison, et craignez tout ce qui lui sera opposé. Tendez à l’oraison pas vive, en laquelle l’âme sans violence entre doucement dans les lumières qui lui sont présentées, et se donne en proie à l’amour, pour être dévorée par ses très pures flammes suivant les attraits et divines motions de la grâce. Ne vous tourmentez point beaucoup dans l’oraison, souvent contentez-vous d’être en la présence de Dieu, sans autre opération que cette simple tendance et désir que vous sentez de L’aimer et de Lui être agréable ; car vouloir aimer est aimer, et aimer est faire oraison.

30. Prenez ordinairement des sujets pour vous occuper durant votre oraison ; mais néanmoins ne vous y attachez pas, car si la grâce vous appelle à d’autres matières, allez-y ; je dis ordinairement, car il arrivera que Dieu vous remplissant de sa présence, vous n’aurez que faire d’aller chercher dedans les livres ce que vous aurez dans vous-même ; outre qu’il y a de certaines vérités divines dans lesquelles vous êtes assez imprimée, que vous devez souvent prendre pour objets d’oraison. En tout ceci, suivez les instincts et attraits de la grâce. Travaillez à vous désoccuper et désaffectionner de toutes les créatures, et peu à peu votre oraison se formera, et il y a apparence, si vous êtes fidèle, que vous êtes pour goûter les fruits d’une très belle perfection, et que vous entrerez dans les états d’une très pure et agréable oraison : c’est pourquoi prenez bon courage ; Dieu tout bon vous aidera à surmonter les difficultés que vous rencontrerez dans la vie de son saint Amour. Soyez fidèle, soyez à Dieu sans réserve ; aimez l’oraison, l’abjection, la croix, l’anéantissement, le silence, la retraite, l’obéissance, la vie servile, la vie cachée, la mortification. Soyez douce, mais retenue ; soyez jalouse de votre paix intérieure. Enfin, tendez doucement à convertir votre chère âme à Dieu, son Créateur, par la pratique des bonnes et solides vertus. Que Lui seul et son unique amour vous soient uniquement toutes choses. Priez pour ma misère et demandez quelquefois pour moi ce que vous souhaitez pour vous 681.

Marie des Vallées (1590-1656)

Cette influence est moins directe - les deux femmes, la simple servante dans le Cotentin et la supérieure à Caen ou à Rouen ne se sont très probablement jamais rencontrées. Les demandes de Mectilde se font donc par intermédiaires masculins, principalement par Bernières. Nous disposons de relations  dont se détache celle rédigée par saint Jean Eudes et renvoyons aux récentes éditions des « dits » admirables de la simple servante 682. On notera le souvenir très vivant de Marie des Vallées invoquée par la Mère du Saint Sacrement dans les dernières citations de cette section 683.

« Sœur Marie » possédée par Dieu

Les membres de l’Ermitage de Caen faisaient annuellement un séjour auprès de celle qu’ils appelaient « sœur Marie » même si elle ne demeura que simple servante. Nous en trouvons des traces écrites dans La Vie ou dans les Conseils. Voici un passage révélateur d’un séjour qui fut sûrement rapporté à Mectilde :

L’an 1653, au mois de juin, quelques personnes de piété étant venues voir la sœur Marie pour la consulter sur plusieurs difficultés qu’elles avaient touchant la voie par laquelle Dieu les faisait marcher, qui était une voie de contemplation, elles demeurèrent quinze jours à Coutances, la voyant tous les jours et conférant avec elle sur ce sujet, deux, trois, quatre, et quelquefois cinq heures par jour.

Il est à remarquer qu’elle n’est pas maintenant dans cette voie, étant dans une autre incomparablement au-dessus de celle-là par laquelle elle a passé autrefois, mais il y a si longtemps qu’elle ne s’en souvient plus. C’est pourquoi, lorsqu’elles lui parlaient de cela, au commencement elle leur disait que ce n’était pas là sa voie et qu’elle n’y entendait rien. Mais peu après Dieu lui donna une grande lumière pour répondre à toutes leurs questions, pour éclaircir leurs doutes, pour lever leurs difficultés, pour parler pertinemment sur l’oraison passive, pour en découvrir l’origine, les qualités et les effets, pour faire voir les périls qui s’y rencontrent, pour donner les moyens de les éviter et pour discerner la vraie dévotion d’avec la fausse.

« Cette voie est fort bonne en soi, leur dit-elle, et c’est la voie que Dieu vous a donnée pour aller à lui, mais elle est rare : il y a peu de personnes qui y passent, c’est pourquoi il est facile de s’y égarer.

« Ce n’est pas à nous de choisir cette voie et nous ne devons pas y entrer de nous-mêmes et par notre mouvement. C’est à Dieu de la choisir pour nous et nous y faire entrer. On n’en doit parler à personne pour la leur enseigner, car si on y fait rentrer des personnes qui n’y soient pas attirées de Dieu, on les met en danger et grand péril de s’égarer et de se perdre. Si quelques-uns en parlent, il faut les écouter. Si on reconnaît à leur langage qu’ils marchent en ce chemin, alors on peut s’en entretenir avec eux. Cette voie est pleine de périls, il y faut craindre la vanité, l’amour-propre, la propre excellence, l’oisiveté et perte de temps.

« Il ne faut pas s’imaginer qu’il n’y a que ce chemin qui conduise à l’anéantissement de nous-mêmes et à la perfection. Tous chemins vont en ville. Il y a une infinité de voies qui vont à la perfection : les uns y vont par la contemplation, les autres par l’action, les autres par les croix, les autres par d’autres chemins. Chaque âme a sa voie particulière. Il ne faut pas penser que la voie de la contemplation soit la plus excellente.

Sa manière ordinaire de connaître la vérité des choses qui lui sont proposées par diverses personnes n’est pas par intelligence ni par lumière, mais par un goût expérimental qui lui ouvre le fond du cœur dans lequel elle entre.684.

Que se passait-il autour d’elle lors d’une telle visite ? Une communication de cœur à cœur en silence se produit dans une prière commune mystique. Ce dont témoigne ses Conseils donnés probablement à Bernières :

27. Je dis à la sœur Marie que je conversais avec elle en Dieu, sans que je pense y converser de paroles. Elle m’a dit qu’il y a un langage intérieur, et que cela était vrai. Je suis venu peu à peu à ne plus parler avec elle, mais à demeurer auprès d’elle en Dieu […] J’ai bien connu que c’était imperfection à moi de lui parler, n’étant pas la manière que Dieu voulait sur moi. Il me semblait que mon âme était introduite dans un cabinet seule avec elle, où les autres ne pouvaient empêcher la conversation, non pas elle-même : c’est un pur don que Dieu seul peut faire 685.

33. En l’année 1655, notre voyage pour voir la sœur Marie ne fut pas à dessein d’avoir quelque réponse ou quelque don particulier, mais afin d’obtenir par ses prières, l’établissement de la réelle présence de Dieu dans le fond de notre âme. Nous avions eu quelques mois auparavant plusieurs lumières qu’il y a dans l’essence de l’âme une capacité comme infinie de recevoir cette réelle présence ou plutôt d’être abîmée en Dieu même ; nous étions dégoûtés de nous servir d’aucuns moyens, cette communication essentielle de Dieu ne se pouvant faire qu’en Dieu et par Dieu même, ce que notre âme expérimente par un instinct secret.

34. Elle ne laissa pas de nous dire des histoires, ou des visions ou lumières qu’elle avait eues de l’état de déification, qui faisaient connaître le bonheur d’une âme qui entre en cet heureux état. Nous lui témoignâmes de le désirer, et que nous ne pouvions plus goûter aucun don, mais Dieu seul, et qu’elle priât pour nous obtenir cette grande miséricorde : nous trouvions notre intérieur changé, comme étant établi dans une région plus indépendante de moyens, et où il y a plus de liberté, de pureté et de simplicité, où l’anéantissement et la mort de soi-même sont expérimentés d’une manière tout autre que par le passé 686.

Voici maintenant un exemple des dits rapportés dans la Vie admirable en grand nombre… mais à partir du chapitre IV 687 :

Le deuxième jour de décembre [1644], Notre Seigneur lui proposa une forme d’abbaye dont l’abbesse était la divine Volonté. […]

Les âmes qui sont en ce noviciat ne font profession que quand elles sont entièrement dépouillées d’elles-mêmes. Lorsqu’elles font profession, elles sont au pied de la montagne de perfection sur laquelle s’acheminant, elles commencent de se déifier peu à peu, et en cet état elles ont à pratiquer les excès de l’amour divin qui contient sept articles :

Le premier est d’allumer le feu dans l’eau.

Le second de marcher sur les eaux à pied sec. […]

Le cinquième de faire la guerre à Dieu et Le vaincre. […]

Voici l’explication que Notre Seigneur lui a donnée de ces choses : allumer le feu dans les eaux, c’est conserver l’amour divin dans les souffrances. Plus les souffrances s’augmentent, plus l’amour divin s’augmente et s’embrase.

Marcher sur les eaux à pied sec, c’est mépriser et fouler aux pieds les plaisirs licites et illicites sans y toucher. Les plaisirs sont signifiés par les eaux parce qu’ils s’écoulent comme l’eau et n’ont point d’arrêt. […]

Faire la guerre à Dieu et le vaincre, c’est s’opposer à Dieu fortement quand Il veut châtier les pécheurs et le fléchir à miséricorde […]

Toutes ces choses surpassent la nature, dit la sœur Marie. Il n’y a que Dieu seul qui les puisse opérer dans l’âme. 688.

Un jour Notre Seigneur dit à la sœur Marie : « Les aveugles se sont assemblés pour faire le procès au soleil. Ils disent pour leur raison qu’il a perdu sa lumière et qu’il faut le chasser du ciel parce qu’il occupe inutilement la place qu’il y a.

– Je vous prie, ayez pitié d’eux, car ils ne savent ce qu’ils disent, et leur donnez un arrêt favorable.

– Oui, dit Notre Seigneur. Je m’en vais terminer ce procès et lui donnerais arrêt en l’excès de mon amour. »

Et en même temps Il prononça l’arrêt en cette sorte : « Je condamne le soleil de donner des yeux aux aveugles pour le connaître et pour voir sa lumière. »689.

Ses visions sont d’une grande beauté, mais parfois obscures, elles demandent attention et interprétation. Ce sont des analogies ou paraboles mystiques :

Un jour la Sainte Vierge dit à la sœur Marie : « Allons, ma grande basse [servante], travailler au bois. » La Sainte Vierge avait une faucille, une hache et une échelle dont les échelons étaient de corde, et une petite bêche. Elle la mena à l’entrée du bois où ce n’était qu’épines et broussailles. Elle lui bailla [donna] la faucille et lui commanda d’essarter [débroussailler] toutes ces épines. Elle le fait et voyant ses mains ensanglantées, elle dit à la Sainte Vierge : « Ma mère, j’ai mes mains tout ensanglantées. » La Sainte Vierge répartit : « Mon Fils ne m’a jamais demandé de mitaines. »

Elle [la sœur Marie] continue, fait la même plainte plusieurs fois et entend la même réponse. En essartant, elle arrive à un bel arbre touffu qui jetait de belles branches de tous côtés. La Sainte Vierge lui dit : « Frappe, ma grande basse, frappe sur ces branches ». Elle frappe, il en sort du sang.

Elle en a frayeur et se veut retirer. La Sainte Vierge lui dit plusieurs fois avec colère : « Frappe, il occupe la terre. » Elle coupa ses branches tout autour, c’est-à-dire celles du bas. Elle [la S. Vierge] lui commanda d’essarter comme devant avec les mêmes plaintes et les mêmes réponses, et elle disait ce verset : Sequor quocumque ierit 690.

Et elles arrivèrent à un bel arbre tout émondé auquel il ne restait qu’une petite branche en haut pour soutenir une colombe. Elle y monta jusqu’en haut par le moyen des estocs qui y étaient restés après avoir été émondés, et ne trouvant rien pour s’appuyer, elle fut saisie de frayeur, mais elle fut changée en colombe et devint aveugle et bien effrayée, ayant peine à s’appuyer et ne sachant où voler ailleurs, à cause qu’elle était aveugle 691.


Son exigence [de soeur Marie] est forte :

Eh bien ! Que demandez-vous ? Voulez-vous que je vous donne la méditation ?

– Nenni, dit-elle, ce n’est pas cela que je veux.

– Voulez-vous la contemplation ?

– Non.

– Quoi donc ?

– Je demande la connaissance de la vérité !

Relations avec Mectilde

Marie des Vallées était considérée comme une sainte femme conseillère spirituelle avisée par beaucoup de personnes notables : Gaston de Renty ; Jean de Bernières ; Catherine de Saint-Augustin ; Simone de Longprey (1632-1668 à Québec), moniale hospitalière de la Miséricorde ; Mgr François de Montmorency-Laval (1623-1708), premier évêque de Québec ; Mgr Pierre Lambert de la Motte (1624-1679), vicaire apostolique de Cochinchine, etc.  Nous relevons des demandes transmises par Mectilde en 1652 et en 1654, sa confiance exprimée en 1677 puis 1683 en une « bonne âme », la « sœur Marie » qui l’accompagne intérieurement :

Mectilde écrit à Boudon :

[…] Travaillez pour la consolation de l’Église. Je suis outrée au dernier point lorsque je vois qu’elle souffre. Je me souviens d’une chose que vous avez vue dans les écrits de la bonne âme. Notre Seigneur a dit qu’il lui donnera une purgation, etc., car Notre Seigneur dit qu’il lui donnera aussi une saignée ; cela comprend beaucoup. Bienheureux ceux qui sont vrais enfants de l’Église, et bien unis à Jésus Christ 692.

Je vous supplie, mon très cher frère, de nous écrire autant souvent que vous le pouvez sans vous incommoder. Vous savez ce que vous m’êtes en Jésus Christ et comme il veut que vous soyez ma force et sa vertu. Recommandez-moi bien à M. Burel et lui racontez un peu, si Notre Seigneur vous en donne la pensée, l’occasion qui se présente de faire un établissement pour adorer perpétuellement le Saint Sacrement. Dites-lui aussi que M. Tardif vint avant-hier me livrer une nouvelle persécution sur ce sujet, parce qu’étant à Saint-Denis, il vit un mémoire que j’avais écrit pour obtenir de Rome un bref pour me mettre en état de contracter avec les Dames qui fournissent pour établir cette piété. Elles se sont toutes recueillies et fournissent une somme assez suffisante dans le commencement, mais la tempête s’est levée si haut que je ne sais si elle ne renversera point l’œuvre. Car on me blâme d’une étrange manière, disant que mes prétentions sont d’être supérieure et que je me procure cette qualité jusque dans Rome. Il m’en dit beaucoup et de qui j’avais pris conseil sur une affaire de telle importance ; après tout cela, les messieurs du Port-Royal se joignent et redoublent d’importance, et je savais que cela fera de grand éclat et que je passe pour la plus ambitieuse de charges qui ne fut jamais, et pour bien d’autres choses qui exerceraient une personne moins stupide que moi ; mais je suis si bête que je ne me trouble point, laissant le tout à la disposition divine.

Je voudrais bien, mon très cher frère, que vous puissiez aller jusqu’à Caen voir M. de Bernières et prendre ses conseils et ses sentiments sur tout cela. M. Tardif veut que j’en confère avec la bonne âme de Coutances [Marie des Vallées qui y résidait]. Il faudrait que vous et M. de Bernières vissiez cela avec le bon Frère Luc [de Bray], pénitent, qui demeure à Saint-Lô 693. J’aimerais mieux mourir que d’entreprendre cet ouvrage ni aucun autre s’il n’est tout à la gloire de Dieu.

Vous savez mes intentions et mes dispositions ; je vous en ai parlé avec sincérité et franchise. Vous pouvez parler à ces bonnes personnes librement. M. de Bernières a une charité si grande pour mon âme qu’il sera bien aise de me donner ses avis pour la gloire de Notre Seigneur. Nous ne cherchons tous que cela.

De vous dire que j’ai ardeur pour cette œuvre, je vous confesse ingénument que je ne l’ai point du tout et qu’il me faut pousser pour m’y faire travailler : les serviteurs de Dieu m’en font scrupule. J’ai donc consenti que l’on agisse, mais il y a si peu de choses fait, qu’on le peut facilement renverser si l’on connaît que ce n’est point de Dieu. Mais ce bon M. Tardif ne peut en aucune manière l’approuver, disant que j’ai une ambition effroyable de vouloir être supérieure, que c’est contre mon trait intérieur et contre les desseins de Dieu sur moi, qu’il a souvent manifestés, même par la bonne âme, et que, si elle consent à cela, qu’il soumettra son esprit et n’y répugnera plus.

Je suis en perplexité savoir si je dois continuer, et je voudrais bien qu’il eût plu à Notre Seigneur donner mouvement à la bonne Sœur Marie de l’approuver. Néanmoins, je m’en remets à la conduite de la Providence, vous assurant que j’y ai moins d’attache que jamais. L’accomplissement ou la rupture de cette affaire m’est, à mon égard, une même chose, et, si j’osais, je dirais que le dernier me serait plus agréable, tant j’ai de crainte de m’embarquer dans une affaire qui ne soit point dans l’absolu vouloir de Dieu. Je vous supplie et conjure de beaucoup prier et d’en aller au plus tôt conférer avec notre bon M. de Bernières avant que l’affaire soit poussée plus avant, et que je la puisse rompre en cas qu’il ne l’approuve pas. […] 694.

Mectilde sollicite la protection de « notre très chère sœur » par l’intermédiaire de Bernières  :

À monsieur de Bernières, 1654. Je vous supplie me faire la faveur de faire savoir à notre très chère Sœur que nous prendrons la croix695 le 10e de février, jour que nous faisons la fête de notre grande sainte Scholastique. Je la supplie, autant instamment que je puis, de vouloir derechef présenter cette œuvre à Notre Seigneur, et le prier très humblement y vouloir donner sa sainte bénédiction et que le tout soit uniquement pour sa gloire.

Je remets tous mes intérêts, si j’en ai en cette œuvre, pour être sacrifiée, par elle, à Jésus dans la sainte hostie. Je renonce de tout mon cœur à ce qu’il peut y avoir d’humain et proteste que je n’y veux que Dieu seul et l’honneur de sa sainte Mère, laquelle nous avons constituée notre très digne et très adorable supérieure. C’est elle, mon bon frère (362) qui est la vraie Mère et la très digne Mère du Saint Sacrement696. C’est elle qui est notre Prieure. C’est pour elle cette œuvre et non pour moi. Je la remets en ses saintes mains et n’en retiens pour moi que la peine et l’abjection. Je n’y veux rien, je n’y désire rien, je n’y prétends rien pour moi, au moins est-ce mon désir, et je supplie notre chère Sœur de prier Notre Seigneur et sa très sainte Mère d’y être parfaitement tout ce qu’ils y doivent être, et que nous ayons la grâce, par leur très grande miséricorde, d’être les vraies victimes du très Saint Sacrement.

Cette Maison s’établit à sa seule gloire pour, comme je vous ai déjà dit, réparer autant que l’on peut sa gloire, profanée dans ce très Saint Sacrement par les sacrilèges et (par les) impies ; et surtout par tous les sorciers et magiciens qui en abusent si malheureusement et horriblement.

Priez notre bonne Sœur [Marie des Vallées] qu’elle présente nos intentions à Notre Seigneur et lui demande, pour nous toutes et pour toutes celles que sa Providence conduira en cette Maison, la grâce de vivre de la vie cachée de Jésus dans ce divin Sacrement, savoir : d’une vie cachée et toute anéantie, que nous ne soyons plus rien dans les créatures et que nous commencions à vivre à Jésus, de Jésus et pour Jésus dans l’hostie.

Je voudrais bien qu’il plût à Notre Seigneur opérer ce jour ma vraie conversion, qu’il me fasse sortir entièrement de ma vanité et des créatures.

Tâchez de voir cette chère Sœur ; je vous en supplie, faites y votre possible, et lui remettez de ma part ce saint œuvre entre ses mains pour être présenté à Notre Seigneur. J’ai une grande passion qu’elle soit toute à Dieu et pour Dieu. Je lui demande un quart d’heure de son temps, si Dieu lui permet, pour s’appliquer à lui pour nous, et qu’elle continue à lui demander pour moi une très profonde humilité et la grâce de ne rien prendre en cette œuvre. J’ai un grand désir d’y vivre toute anéantie, mais je suis si impure que ma vie me fait horreur. Priez Notre Seigneur qu’il me change par sa toute-puissance, et que je sois, avant que de mourir, parfaitement à lui et pour lui, et, en son esprit, votre très fidèle et affectionnée

Possible aurons-nous la croix dimanche prochain. Néanmoins toutes choses n’y sont pas encore disposées. Ce qui me satisfait le plus, c’est que j’ai mis cette œuvre entre les mains de mes supérieurs, pour en être fait comme Dieu les inspirera. C’est eux, contre leur ordinaire, qui me pressent d’achever et de prendre vitement la croix697.

Deux ans plus tard une autre référence à « sœur Marie » permet en outre d’introduire d’autres spirituels que nous n’aborderons pas ou peu : saint Jean Eudes et Mgr de Laval, le discret monsieur Bertot et d’autres familiers, tous de « bons ermites ». Le réseau formé autour de Bernières sous la houlette du P. Chrysostome est ainsi en relation avec Mectilde lorsqu’elle prend solidement pied à Paris (1654 est l’année de la pose de croix pour le nouveau couvent rue Férou) :

À monsieur de Bernières. Ce 21 Août 1654. Je ne vous fais que ce mot étant encore bien faible d’une petite fièvre que j’ai eue et de laquelle le Révérend Père Eudes vous dira des nouvelles. Nous avons eu l’honneur de le voir et recevoir beaucoup de sa charité dont toute notre petite communauté en reste touchée. Je crois que sa conférence opérera de grands effets, je vous supplie de l’en remercier698. Il vous dira de nos nouvelles et comme il m’a mandé de manger de la viande, ce que j’ai fait sans difficulté puisqu’il l’a voulu et que je sais qu’il est désintéressé. J’espérais qu’il ferait la bénédiction de l’image de Notre Dame, mais la sainte Providence nous en a voulu mortifier, c’est seulement demain que la cérémonie s’en fera, jour de l’octave de l’Assomption. Il m’a promis qu’il sera notre avocat vers la bonne sœur Marie [des Vallées]. J’ai admiré la conduite de Notre Seigneur : quand je l’ai désiré, il ne me l’a pas donné et quand tous désirs et volontés ont été anéantis en moi, il l’a voulu et lui a donné charité pour moi. Je ne doute point que ce ne soit un coup de la sainte et aimable Providence qui se plaît à faire des coups pareils. Je l’adore en tout et prends plaisir de la laisser régner partout sans me mettre en peine d’aucune chose. Ô mon très cher Frère, qu’il fait bon se perdre.

J’ai reçu trois ou quatre de vos chères lettres, mais si petites qu’il n’y avait quasi que deux mots. Nous avons vu Monsieur de [Bernay] et demain il nous fera conférence et je lui rendrai tous les petits services que je pourrai. Monsieur Bertaut [Bertot]699 dit hier la sainte Messe céans [ici], mais comme nous chantâmes aussitôt après la grand’Messe, je ne pus le voir, il me fit dire qu’il reviendrait.

Cette bonne dame que vous m’aviez mandé de bien recevoir et qui est intime de Timothée [Marie des Vallées] n’est point venue, je la régalerai le mieux que je pourrai.

Le Révérend Père Lejeune 700 nous vient voir souvent et a grand soin de ma santé, je vous prie l’en remercier quand vous lui écrirez, il a grande bonté pour nous.

Je vous reproche votre infidélité de n’être point venu à Paris avec Monsieur Bertaut. Notre Seigneur vous donnait cette pensée pour le bien et la perfection de ce nouveau monastère où toutes les âmes qui y sont ont une grande tendance à la solitude et à l’anéantissement. Un peu de vos conférences les ferait avancer, l’excuse que vous prenez pour couvrir votre prétexte de ne nous point écrire, de la sainte oraison, n’est point recevable; si c’était un autre que vous, je dirais qu’il fait des compliments spirituels. Je vous supplie de croire que je n’ai d’autre expérience que mon néant que je chéris et que j’aime, mais pour le reste, je suis tout à fait ignorante, donc, très cher Frère, par charité et pour l’amour de Dieu, écrivez-moi quand vous en aurez la pensée.

J’ai bien cru que M. de Montigny [François de Laval-Montigny 701] vous consolerait et édifierait par sa ferveur, je suis très aise de le savoir là : qu’il y puise bien le pur esprit de Jésus et qu’il s’y laisse bien anéantir afin qu’il soit rendu digne des desseins que Dieu a sur lui. Je salue humblement tous les bons ermites et les supplie de prier pour cette petite Maison qui tend bien à la vie solitaire. J’espère que Notre Seigneur nous donnera la joie et la chère consolation de vous y voir un jour, il me semble que ce sera sa pure gloire. Quoique j’y rencontrerai ma satisfaction, nous ne laisserons pas d’être tous anéantis en Jésus. Je suis en lui toute vôtre702.

Beaucoup plus tard, Mectilde se souvient par deux fois au moins de celle qu’elle n’a jamais rencontrée autrement qu’en prières qui furent jugées efficaces. Lors du premier chapitre tenu à Rouen le 12 novembre 1677, elle renouvelle le lendemain sa demande de protection 703 :

[…] Le jour des saints de l’Ordre, treizième de novembre, elle nous dit, au sortir de son action de grâce de la sainte communion, qu’elle avait eu toute la matinée, devant Notre Seigneur, une distraction sur le sujet de la « bonne âme », qui était qu’elle l’avait regardée comme la Sunamite [I Rg. 1,1-4], qui réchauffait en quelque manière Notre Seigneur des froideurs que les pécheurs lui donnaient sujet d’avoir contre eux, en s’étant offerte pour satisfaire pour eux et ayant porté les peines que leurs péchés méritaient. Cette bonne âme est une grande servante de Dieu de la ville de Coutances, dont la plupart du monde ignore la sainteté, la tenant pour une magicienne 704, parce que Dieu la conduit par une voie fort extraordinaire que les personnes les plus spirituelles ont censurée et n’approuvent pas.

Mais comme notre digne Mère connaît sa vertu et son mérite, tant par la communication qu’elle a eue avec elle par lettres, plus que par le rapport que les serviteurs de Dieu qui la fréquentaient lui en ont fait et plus aussi par les lumières que Notre Seigneur lui en a données et par les assistances qu’elle en a reçues depuis sa mort, si bien qu’elle a recours à elle et la prie souvent dans ses besoins et reçoit par son moyen des grâces très grandes, témoin celles qu’elle lui a faites ici, mais qu’elle n’a pas voulu déclarer. Elle eut donc le mouvement en commençant cette Maison de la mettre sous sa protection et de la prier qu’elle en prît soin, ce qu’elle lui promit. Nous avons cru que ç’avait été elle qui nous avait procuré toutes les traverses que nous avons eues, car l’on dit que toutes les âmes qui l’invoquent, elle ne leur obtient de Dieu que des croix et des humiliations, en connaissant le prix et l’excellence, et que ce sont les plus grandes faveurs qu’il puisse faire aux âmes en ce monde, elle-même en ayant été bien comblée, ayant souffert ce qui ne se peut concevoir. Notre digne Mère nous dit qu’elle obtiendrait aux religieuses de cette Maison la grâce du néant, de connaître Dieu en foi et d’être très pauvre intérieurement. Elle ajouta : « Cela n’est guère agréable pour l’amour-propre, qui veut toujours voir et sentir et ne peut souffrir sa destruction ».

Mectilde témoigne encore de sa confiance en écrivant en 1683 à une religieuse de Toul 705:

Je suis toujours en transe [en appréhension] de faire aussi continuer les prières. Voilà un grand mal pour une personne aussi usée que votre bonne et digne prieure. Je l’ai, ma très chère fille, toujours à l’esprit et, comme la bienheureuse Marie des Vallées fait quantité de miracles, je la prie, et vous aussi d’y avoir recours. Ne cessez point que vous n’obteniez sa santé. Cependant, embrassez cette chère Mère pour moi, et lui dite de la part de Dieu que je lui défends de mourir.

Enfin dans une Conférence tardive :

Vous craignez, dites-vous, la vanité lors même que vous reportez à Dieu les grâces que vous en recevez, et que vous en avez même de n’en avoir point pris706 ! Ce sont des pensées qu’il faut mépriser et les laisser tomber sans y réfléchir. Tout le bien donc que vous voyez en vous reportez-le à Dieu, de peur qu’en vous y arrêtant trop vous ne profaniez en vous les dons de Dieu.

La bonne Marie des Vallées ayant une fois demandé à Dieu, pour faire partage avec lui, qu’il lui fasse connaître ce qui appartenait à Dieu en elle-même, afin que dans la suite elle puisse lui rendre ce qui lui appartenait, et qu’elle eût aussi sa part, qu’il était de justice de rendre à chacun ce qui lui convenait, il lui fut répondu fort distinctement : « Ce qui t’appartient est le néant d’être et le double néant de péché, l’ire de Dieu et sa justice ; l’enfer est ton partage, voilà tout ce qui t’appartient, tout le reste est à moi. » 707.

Mectilde s’inscrit dans un cercle vénérant la « sœur Marie » : Mgr de Laval emporta en Nouvelle-France une copie de la Vie admirable, alors que l’on ne transportait pas de bibliothèques lors des traversées maritimes aventureuses de l’époque. L’influence de sœur Marie atteindra à la fin du siècle madame Guyon qui se rattache au même réseau mystique de l’Ermitage par monsieur Bertot « passeur mystique » de Caen à Montmartre. Madame Guyon écrit en 1693 :

pour Sœur Marie des Vallées, les miracles qu’elle a faits depuis sa mort et qu’elle fait encore en faveur des personnes qui l’ont persécutée, la justifient assez. C’est une grande sainte et qui s’était livrée en sacrifice pour le salut de bien des gens. Elle était très innocente, l’on ne l’a jamais crue dans le désordre, mais bien obsédée et même possédée, mais cela ne fait rien à la chose 708.

L’influence se prolonge au XVIIIe siècle par les Conseils édités près d’Amsterdam en 1726 par le groupe du pasteur Poiret, l’éditeur de trésors spirituels 709. Le grand respect de tous les pèlerins mystiques que nous venons de citer envers celle qu’ils nommaient « sœur Marie » demeure gravé dans le bronze de la cloche du séminaire de Coutances : « † 1655 iai este nommee Marie par Marie des Vallers et par Mre Jean de Berniere 710 ». Sœur Marie fut inhumée le 4 novembre 1656 dans la chapelle du séminaire de Coutances 711

Charlotte Le Sergent (1604-1677)

Présentons cette figure cachée, puis sa direction de Bernières qui deviendra lui-même directeur de Mectilde. Nous abordons ensuite la relation de Charlotte avec Mectilde : « Vous n’avez rien à craindre… ».

§

Charlotte Le Sergent, bénédictine, maîtresse des novices et prieure connue sous le nom de Mère de Saint Jean l’évangéliste à l’abbaye de Montmartre, exerça un grand rayonnement sur le cercle normand :

On la consultait de tous côtés […] Monsieur de Bernières […] la sœur Antoinette de Jésus […] la Révérende Mère du Saint-Sacrement [Mectilde] et plusieurs autres 712.

Elle fut attirée par le Carmel et après « quinze ou seize ans » d’instruction « d’une infinité de merveilles 713 », connut une nuit dont elle fut délivrée ainsi :

Voulant obéir, elle essayait de multiplier les actes et Dieu de son côté lui faisait voir la beauté d’une âme qui ne veut être autre chose qu’une pure capacité de sa divine opération [...] Après six mois d’exercices interrompus par la vivacité de son esprit naturel accoutumé à vouloir connaître toutes choses, elle résolut enfin d’anéantir tout ce qu’il y avait de contraire à l’attrait de Sa grâce. Quand j’en devrais mourir, dit-elle, je le ferai pour Dieu. Cette résolution prise, il lui sembla ressentir au plus intime de son âme une approche de Dieu très secrète et très certaine et elle entendit cette parole intérieure [...] « J’agirai à ma mode : vous irez par un chemin que vous ne connaissez pas » [...] Cette âme demeura lors dans un profond respect devant une si grande Majesté et toute confuse du passé elle répandit quantité de larmes. Cette occupation intérieure dura cinq heures ou environ, pendant laquelle il lui parut que Dieu fit un vide dans son âme, comme quand on prend un balai, et que l’on pousse les ordures hors d’une chambre : en effet, elle se trouva si déchargée, qu’elle respirait à son aise et sans nulle peine : elle allait à l’oraison comme au festin de noces, et l’espace d’un an elle ne manqua guère d’y employer quatre ou cinq heures chaque jour, ne portant avec elle que la nudité d’esprit et la cessation de tout acte. Elle voyait Dieu présent par une foi simple 714

Dix-huit ans avant sa mort, elle cessa d’écrire ses dispositions,

« parce que Dieu produisait en son âme des abîmes si impénétrables qu’elle les adorait sans les pouvoir ni vouloir comprendre ». Madame de Beauvilliers lui donna « un pouvoir absolu pour la direction de la Communauté ; elle a été trente-deux ans prieure en différentes nominations 715 »

Quand on lui demande son avis sur une religieuse « extraordinaire », elle répond avec humour en évoquant son vécu « ordinaire » de « bête en la Maison du Seigneur » :

Que pouvez-vous espérer d’une créature qui est dans un abîme de ténèbres et qui marche à l’aveugle dans sa petite voie ? […] L’entende qui pourra, c’est une vérité que l’âme est comme perdue sans savoir où elle est, ni ce qui se passe en elle. Elle n’ose pas même remuer, il faut qu’elle demeure ainsi anéantie sans nulle réflexion.

Mais pour vous dire ma pensée sur la personne dont vous me parlez […] elle réfléchit un peu trop sur ce qui se passe en elle […] Mais enfin Dieu ne conduit pas toutes les âmes par un même sentier : elles ne sont pas toutes appelées pour être des bêtes en la Maison du Seigneur. Il y a des personnes auxquelles on ne peut donner de lois ; il les faut abandonner aux règles de l’amour, et le laisser prendre tel empire qu’il lui plaît sur elles. Il faut seulement les tenir fort petites et humiliées et ne jamais leur faire valoir leurs opérations…716.

Elle dirigea Bernières dont elle discerna l’excès d’activité et une compréhension imparfaite de « notre tout aimable abjection » 717.

Il m’a semblé que votre âme se rabaissait par trop en réfléchissant sur elle-même et sur les opérations divines en son intérieur : elle doit, à mon avis être plus simple, et s’attacher uniquement à l’Auteur de cet ouvrage et non pas à ses effets […] Vous me parlez, mon cher Frère, d’un état de déréliction et d’abandon aux égarements d’esprit. Je crois vous avoir déjà dit qu’il faut s’élever en Dieu par la partie suprême de l’âme, et s’y tenir fixe, négligeant beaucoup ce qui se passe dans la partie inférieure […]  C’est alors qu’il faut faire usage d’une foi nue et élevée au-dessus des sens, cette vertu ayant le pouvoir d’arrêter l’âme en Dieu, pendant le tintamarre qui se fait en bas, et que la Sagesse divine permet afin que chacun connaisse quelle serait sa faiblesse s’il était abandonné à lui-même […]

On croit quelquefois que tout est perdu, parce que l’on ne sait pas quel est le prix de la nudité d’esprit […] si l’âme veut agir par elle-même, elle oppose son opération basse et ravalée, à celle de Dieu. Cette inclination d’agir est un reste des activités passées qu’il faut anéantir et écouler en Dieu, pour lui laisser l’âme abandonnée…718.

Elle lui adressa une longue lettre le dissuadant de pratiquer la pauvreté matérielle extérieure : Bernières était en effet écartelé entre son désir d’être délivré du souci des biens et le recours que l’on faisait à ses capacités de gestionnaire. Il ne fut donc pas question pour lui d’accompagner Marie de l’Incarnation au Canada ! Charlotte l’incita à pratiquer une pauvreté tout intérieure :

Votre esprit naturel est agissant et actif, Dieu le veut faire mourir […] Ne faites aucune élection pour l’intérieur ni pour l’extérieur : tout exercice vous doit sembler bon : consolation, désolation, tentation […] C’est en ce point que consiste la pauvreté d’esprit dans ce vide et dans ce dénuement de toute propre élection, dans le détachement des goûts, des consolations et du repos intérieur [...] Pour l’extérieur, tout emploi vous doit être aussi très indifférent, et votre nouvel état d’oraison, de repos et de silence le demande, puis que son fondement est plus dans la mort de l’esprit et de ses propres opérations, que dans une retraite extérieure. Je sais que celle-ci est bonne quand elle vient de Dieu ; mais il la faut posséder sans attache. L’âme ne doit être liée qu’au seul bon plaisir de l’amour ; qu’il nous mette en l’état qu’il lui plaira, il n’importe. Celui du sacré silence convient fort à l’oraison, il est vrai, mais la soumission aux attraits de l’amour vaut beaucoup mieux [...] tout est aimable quand il vient de ce noble principe 719.

Relation avec Mectilde : « Vous n’avez rien à craindre ».

Déjà, avant de rencontrer « notre bon P. Chrysostome », Mectilde s’inspirait d’une belle devise de Charlotte Le Sergent :

J’aime beaucoup cette béatitude :

« Bienheureux qui se voit réduit

à porter dans son impuissance

la Puissance qui le détruit. »

Désirez qu’elle s’accomplisse en moi 720.

La direction du P. Chrysostome ayant été déterminante, mais brève, Charlotte, dont nous venons d’apprécier la vie mystique, prit le relais à partir de juin 1643. Véronique Andral cite une source manuscrite 721:

« Ne pouvant pas ensuite, tout éclairée qu’elle était, se conduire autrement que par l’obéissance, elle [Mectilde] se mit sous la direction de la Mère de Saint Jean l’évangéliste, religieuse de Montmartre d’un très grand mérite, qui était Supérieure d’une petite Communauté au Faubourg de la Ville-l’Evêque. Cette nouvelle directrice lui interdit absolument toutes les pénitences que le Père Chrysostome lui avait ordonnées. » Elle quitte sa ceinture de fer (L’abbé Berrant, p. 56, situe le fait en juin 1646) 722. « Que si elle n’était si crucifiée de corps sous la Mère de Saint Jean, elle le fut beaucoup plus du côté de l’esprit, car ce fut alors qu’elle entra par ses avis dans le creuset purifiant où il faut se tenir pour arriver à l’indépendance de toutes les créatures et au Pur Amour de l’Être incréé, et pour mettre sa félicité dans un parfait dénuement de tout soi-même. Sur quoi elle disait souvent qu’elle sentait à toute heure la main du divin Amour qui se faisait justice en elle et qui y détruisait, par la voie d’un crucifiement douloureux, jusqu’au moindre reste de son amour-propre. »

La Mère de Saint Jean l’évangéliste [ci-dessus] désigne Charlotte Le Sergent. Bremond en fait ainsi l’éloge :

De toutes les élèves de Charlotte Le Sergent, c’est Catherine de Bar qui lui fut la plus chère et qu’elle a le mieux façonnée à sa propre image. Elle avait connu d’avance la vocation particulière de cette future « victime » dont nous admirerons plus tard le génie et l’apostolat.

Étant en oraison ce matin, lui écrivait-elle, je vous ai vue entre les bras de Jésus-Christ, comme une hostie qu’il offrait à son Père pour lui-même et d’une manière où votre âme n’agissait point, mais elle souffrait en simplicité ce que l’on opérait en elle » 723.

Charlotte encourage Mectilde :

Vous n’avez rien à craindre, le je ne sais quoi qui vous va séparant de toute douceur est ce que j’estime le plus simple et le plus sûr en votre voie. Vous n’avez qu’à vous abandonner totalement, élevez-vous à la suprême vérité qui est Dieu, laissez tout le reste pour ce qu’il est […] Je vous dis ce que l’on me met en l’esprit sans le comprendre, étant dans un état où je n’ai rien, rien, rien, sinon une certaine volonté qui veut ce que Dieu veut et qui est disposée à tout.

J’ai vu tout votre être absorbé dans une lumière, devant laquelle la vôtre est disparue, et je voyais en cette région lumineuse, un jour sans ténèbres où la créature n’était plus rien, Dieu étant tout. L’âme demeure entre les bras de son Seigneur sans le connaître et sans même s’en apercevoir 724.

Le 7 septembre 1648, Mectilde écrit à Bernières :

Je vous demande part à la belle conférence du Rien que vous avez eue avec la chère Mère de Saint Jean.

Ce « rien » est bien sûr celui de Jean de la Croix que Bernières connut et apprécia tôt 725 ; en effet la Mère de Saint Jean lui écrivait :

Je me doutais bien, lorsque vous me dites que vous tiriez des lumières du Père Jean de la Croix, que vous seriez bientôt conduit dans le sentier secret des peines et des doutes où j’aime mieux votre âme que dans les clartés où elle semblait être auparavant.726.

Monsieur de Bernières va à son tour prendre la relève. 

Jean de Bernières (1602-1659)

Jean de Bernières a édifié la maison de l’Ermitage, lieu de retraite à l’origine de l’école du Cœur où alterneront consacrés et laïcs au sein d’une filiation de directeurs spirituels. Son courant mystique né dans le milieu franciscain médiéval atteindra les rives du XIXe siècle selon les trois branches d’un « delta spirituel ».

Frère Jean « de Jésus pauvre »

Étrangement, il est difficile de cerner l’homme dans son intimité, car il s’efface dans une humilité gênante pour notre propos. Les amples études qui incluent son nom présentent le milieu, la doctrine et le rayonnement, mais n’abordent guère sa vie personnelle 727. Frère Jean ne put cependant disparaître entièrement, car son abondante correspondance fut à l’origine de compositions de « livres » : celui intitulé Le Chrétien Intérieur le rendit célèbre dès sa disparition. Après une éclipse liée à la condamnation de quiétistes dont lui-même, il a été redécouvert au XXe siècle et ses écrits sont depuis peu rendus accessibles 728.

Jean de Bernières naquit dans une famille de la haute bourgeoisie normande : en bon franciscain de cœur, il aurait voulu se débarrasser de sa fortune, mais sa famille s’y refusant, il en fit un large usage. Au-delà de ses dons, il impliquait sa personne : son amour des pauvres était tel qu’il les portait sur son dos jusqu’à l’hôpital de la bonne ville de Caen, suscitant l’hilarité.

Il hérita d’une charge de receveur général des impôts et s’en acquitta de 1631 à 1653 à la satisfaction générale. En 1639-1640, en tant que notable impliqué par sa charge, il dut faire face aux événements de la révolte des nu-pieds qui, menacés de la gabelle, attaquèrent les maisons des receveurs. Cette révolte fut horriblement réprimée par le chancelier Séguier dont on sait qu’il notait sur son carnet jour après jour le nombre de pendus pour l’exemple… On raconte que Bernières allait à cheval prévenir les paysans de la répression imminente.

Quelques histoires personnelles sont édifiantes ou comiques, par exemple celle où Bernières contracte un mariage blanc dans un but très saint. Madame de La Peltrie (1603-1671), veuve aussi généreuse qu’originale, voulait donner son argent à une fondation en Nouvelle-France incluant un projet d’expédition imaginée pour aller convertir les Indiens d’Amérique, mais sa famille s’y opposait. Un religieux suggéra un expédient : un mariage simulé libérerait la dame. La proposition fut présentée à M. de Bernières et ce « fort honnête homme qui vivait dans une odeur de sainteté » demanda conseil à son directeur :

Celui qui le décida fut le Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô […] Finalement Bernières se décida, sinon à contracter mariage […] du moins à se prêter au jeu […] en faisant demander sa main. […] La négociation réussit trop bien à son gré. Au lieu de lui laisser le temps de réfléchir, M. de Chauvigny [le père], tout heureux de l’affaire « faisait tapisser et parer la maison pour recevoir et inspirait à sa fille les paroles qu’elle lui devait dire pour les avantages du mariage729.

On voit là combien le Père Chrysostome pouvait, malgré son austérité, être large d’esprit, et la liberté de tous dans cette affaire qui va prendre une pente assez comique. En vue du grand voyage au Canada, ils partent chercher deux sœurs à Tours, dont la grande Marie de l’Incarnation (1599-1672), puis supportent une présentation à la Cour et un séjour à Paris :

Le groupe comprenait sept personnes, madame de La Peltrie et Charlotte Barré, M. de Bernières avec son homme de chambre et son laquais, et les deux Ursulines dont Marie de l’Incarnation, qui écrit :

« M. de Bernières réglait notre temps et nos observances dans le carrosse, et nous les gardions aussi exactement que dans le monastère. […] À tous les gîtes, c’était lui qui allait pourvoir à tous nos besoins avec une charité singulière […] Durant la dernière journée de route, M. de Bernières s’était senti mal : il arriva à Paris pour se coucher. » Madame de La Peltrie joua jusqu’au bout la comédie du mariage : « elle demeurait tout le jour en sa chambre, et les médecins lui faisaient le rapport de l’état de sa maladie et lui donnaient les ordonnances pour les remèdes ». Madame de la Peltrie et la sœur de Savonnières s’amusaient beaucoup de cette comédie. M. de Bernières un peu moins730.

Finalement partant de Dieppe, la flotte du printemps 1639 emporta Mme de La Peltrie, fondatrice temporelle de la communauté ursuline du Québec, et Marie de l’Incarnation qui allait animer cette communauté :

Marie de l’Incarnation est encore sous le coup du ravissement qu’elle vient d’avoir en la chapelle de l’Hôtel-Dieu. M. de Bernières monta dans la chaloupe avec les partantes […], mais on lui conseilla de demeurer en France afin de recueillir les revenus de Madame de la Peltrie, pour satisfaire aux frais de la fondation731.

Bernières, resté en France malgré son ardent désir de partir en mission, gérera les ressources pour les missions de Nouvelle-France pendant les vingt années qui suivront le voyage de fondation. Il aura une longue correspondance (malheureusement perdue) avec Marie de l’Incarnation, aînée mystique qui lui permit de progresser et de sortir de ses limitations.

Bernières eut maille à partir avec sa famille pour des questions financières : faisant partie du Tiers-Ordre franciscain, il voulait faire donation de ses biens. Sa famille résistait. Il se plaignait :

« Ma belle-sœur fait de son mieux pour empêcher que je ne sois pauvre ; elle me fait parler pour ce sujet par de bons religieux […] il n’y a plus moyen d’être pauvre »732. Pour ses dernières années, il trouva un accord : il ne vécut plus que de ce que lui donnait sa famille, c’est-à-dire très pauvrement et sans confort. Il déclarait, enfin satisfait : « J’embrasse la pauvreté quoiqu’elle m’abrège la vie naturelle »733.

Il était insensible aux différences sociales. Ses serviteurs n’étaient pas pour lui de simples laquais, mais de véritables frères en Jésus-Christ. Son valet le considérait comme son père spirituel :

Vous êtes mon maître, je vous dois tout dire comme à mon père spirituel – Vous le pouvez, lui dis-je, car je vous aime en Jésus-Christ, et je vous ai tenu auprès de moi, afin que vous fussiez tout à lui 734.

Comme il avait en esprit le souvenir de l’agonie longue et douloureuse de son directeur Jean-Chrysostome, il était très angoissé par la mort. En fait, usé par une vie suractive, il fut exaucé :

Il avait pourtant peur de la mort […] Une tradition de famille rapportait qu’il demandait toujours à Dieu de mourir subitement […] Le 3 mai 1659 […] rentré à l’Ermitage, le soir venu, il se mit à dire ses prières. Son valet de chambre [Denis Roberge] vint l’avertir qu’il était temps pour lui de se mettre au lit. Jean lui demanda un peu de répit, et continua de prier735.

Son valet de chambre ne s’en aperçut [de sa mort] qu’en l’entendant tomber sur son prie-Dieu736.

Mectilde écrit :

Sa mort et sa maladie n’ont duré qu’un quart d’heure. Sans être aucunement malade, sur les 9 heures du soir, samedi, 3e de mai […] Il se souviendra de nous. Il nous aimait 737.


L’intériorité d’un directeur de conscience

Nous sont parvenues près de deux cents lettres éditées et datées à partir de 1641, qui tracent son parcours spirituel. Les dix-huit années couvertes par cette correspondance témoignent entre autres de la rencontre avec Mectilde dès 1643 (on a malheureusement perdu la correspondance avec Marie de l’Incarnation), puis de la mort du P. Chrysostome en 1646, année où débute la construction du bâtiment de l’Ermitage achevé deux années plus tard.

Presque aveugle à la fin de sa vie, Bernières dictait sa correspondance à un prêtre qui vivait chez lui, monsieur de Rocquelay. Le Chrétien intérieur a été composé hâtivement à partir de ces lettres.

Les années de jeunesse sont pleines de culpabilité et de tension : Bernières appartenait à la confrérie de la « sainte Abjection » fondée par Jean-Chrysostome, et même si ce dernier terme traduit à l’époque reconnaissance et soumission devant la grandeur divine, nous préférons ce qui nous est parvenu des années de maturité où, peut-être grâce à Marie de l’Incarnation, Bernières a évolué de l’abjection vers l’abandon.

Dans les dernières années, il atteint la grande simplicité :

Je m’exprime comme je puis, car il faut chercher des termes pour dire quelque chose de la réalité de cet état qui est au-dessus de toutes pensées et conceptions. Et pour dire en un mot, je vis sans vie, je suis sans être, Dieu est et vit, et cela me suffit […] Voilà bien des paroles pour ne rien exprimer de ce que je veux dire.738

L’oraison est le fondement de sa vie :

L’oraison est la source de toute vertu en l’âme ; quiconque s’en éloigne tombe en tiédeur et en imperfection. L’oraison est un feu qui réchauffe ceux qui s’en approchent, et qui s’en éloigne se refroidit infailliblement.

Il en décrit plusieurs sortes, et propose surtout l’oraison passive dans laquelle il a vécu toutes ses dernières années. Celle-ci met l’âme dans « une nudité totale pour la rendre capable de l’union immédiate et consommée », écrit-il à sa sœur Jourdaine :

[L’âme] ne peut souffrir aucune activité, ayant pour tout appui l’attrait passif de Dieu […] En cet état, il faut laisser opérer Dieu et recevoir tous les effets de sa sainte opération par un tacite consentement dans le fond de l’âme.739

Cette oraison ne peut donc s’appuyer que sur un absolu renoncement à tout ce qui n’est pas Dieu : aucune satisfaction ne doit être donnée à la « nature », si peu que ce soit. Ce principe a couramment donné lieu à des outrances ascétiques qui ne sont plus de notre époque : l’amour de la souffrance et l’intense culpabilité vis-à-vis de la « nature » nous choquent. Mais ici la raison de cette rigueur est beaucoup plus profonde : il s’agit de laisser la grâce, la présence de Jésus-Christ, gouverner toutes les actions humaines :

Ce qui est purement naturel ne plaît pas à Dieu ; [il] faut que la grâce s’y trouve afin que l’action lui soit agréable et qu’elle nous dispose à l’union avec lui.740

C’est un moyen très utile pour l’oraison de s’accoutumer à ne rien faire que par le mouvement de Dieu. Le Saint-Esprit est dans nous, qui nous conduit : il faut être poussé de lui avant que de rien faire […] L’âme connaît bien ces mouvements divins par une paix, douceur et liberté d’esprit qui les accompagne, et quand elle les a quittées pour suivre la nature, elle connaît bien, par une secrète syndérèse [remords de conscience] qu’elle a commis une infidélité.741

La charité en particulier ne doit s’appuyer que sur cette vie intérieure profonde. Contrairement au volontarisme de sa jeunesse, Bernières se méfie de toute action qui ne serait pas dictée par un mouvement de la grâce :

Ne vous embarrassez point des choses extérieures sans l’ordre de Dieu bien reconnu, si vous n’en voulez recevoir de l’affliction d’esprit et du déchet dans votre perfection. […] Oh, que la pure vertu est rare ! Ce qui paraît le meilleur est mélangé de nature et de grâce 742.

Les « Lettres à l’Ami intime » 743 sont des plus belles et Bernières s’y dévoile : bien que son ami (très probablement Jacques Bertot) soit plus jeune, Bernières a trouvé un être à qui il peut confier librement ses états les plus profonds :

Je ne puis vous exprimer par pensées quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre […] 

Plus Dieu s’élève dans le centre de l’âme, plus on découvre de pays d’une étendue immense, où il faut aller, et un anéantissement à faire, qui n’est que commencé : cela est incroyable, sinon à ceux qui le voient en Dieu même, qu’après tant d’années d’écoulement en Dieu, l’on ne fait que commencer à trouver Dieu en vérité, et à s’anéantir soi-même…744

Après avoir cru l’abjection supérieure à tout, et pratiqué l’humiliation de soi devant Dieu avec une austérité extrême, dans ses dernières années, il prend conscience que l’abandon est la clé de tout et, dans sa joie, lui compose un hymne :

Ô cher abandon, vous êtes à présent l’objet de mon amour ; qui dans vous se purifie, s’augmente et s’enflamme. Quiconque vous possède, ressent et goûte les aimables transports d’une grande liberté d’esprit. […]

Ô cher abandon, vous êtes la disposition des dispositions, et toutes les autres se rapportent à vous. Bienheureux qui vous connaît, car vous valez mieux que toutes les grâces et toute la gloire de la terre et du ciel. Une âme abandonnée à un pur regard vers Dieu n’a du ressentiment que pour ses intérêts, n’a point de désir, même des croix et de l’abjection : elle abandonne tout pour devenir abandonnée. Peu de paroles ne peuvent expliquer les grands effets que vous produisez dans un intérieur, qui n’est jamais parfaitement établi en Dieu s’il ne l’est en vous. Vous le rendez insensible à toutes sortes d’accidents, rien que votre perte ne le peut affliger.

Vous êtes admirable, mon Dieu, vous êtes admirable dans vos saintes opérations, et dans les ascensions que vous faites faire aux âmes que vous conduisez de lumière en lumière avec une sainte et divine providence qui ne se voit que dans l’expérience. Il me semblait autrefois que la Grâce de l’amour de l’abjection était comme la dernière ; mais vous m’en découvrez d’autres qui me font monter l’âme plus haut. […]

Ô, cher abandon, vous êtes le bon ami de mon cœur, qui pour vous seul soupire. Mais quand pourrai-je connaître que je vous posséderai parfaitement ? Ce sera lorsque la divine Volonté régnera parfaitement en moi. Car mon âme sera établie dans une entière indifférence au regard des événements et des moyens de la perfection, quand elle n’aura point d’autre joie que celle de Dieu, point d’autre tristesse, d’autre bonheur, d’autre félicité. […] 745.

Comme cela était possible à cette époque, ce laïc très respecté dirigea des clercs comme des laïcs : on le considéra comme « directeur des directeurs de conscience746 ». Il créa un « hôpital » un peu particulier pour accueillir ses amis d’oraison, maison qu’il fit construire « au pied » du couvent de Jourdaine. Il en parlait avec humour :

Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger avec moi que des pauvres spirituels […] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes 747.

Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir ; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison 748.

Dans une lettre du 29 mars 1654, il précise le but de ces réunions d’amis :

C’est l’esprit de notre Ermitage que d’arriver un jour au parfait néant, pour y mener une vie divine et inconnue au monde, et toute cachée avec Jésus-Christ en Dieu.

Frère Jean est confident de Mectilde puis la dirige

Le P. Jean-Chrysostome meurt lorsque Mectilde a trente-deux ans. Un long chemin reste à parcourir. Pendant seize ans elle va bénéficier de la maturité intérieure de Bernières. Une séquence d’extraits de lettres nous est parvenue depuis 1643, lettre remerciant Bernières de l’avoir présentée au P. Chrysostome, citée précédemment en ouverture de la direction par ce dernier, jusqu’à la mort de Bernières survenue en 1659 à Caen.

Mais toute correspondance devient inutile lorsqu’ils peuvent se voir ou entrer facilement en relation par émissaires. On note donc une concentration des extraits que nous avons retenus sur quelques années où Mectilde réside à Saint-Maur près Paris de fin août 1643 à juin 1647, puis plus tard, lorsque Mectilde a quitté Caen (où elle résida de 1647 à 1650), reprise de correspondance couvrant de 1651 à 1654.

Notre choix s’arrête lorsque « tout est mis en place » sur le plan intérieur chez Mectilde. On se reportera à l’analyse détaillée de leur correspondance par Bernard Pitaud qui vient d’être éditée 749 . Elle peut être complémentée par Annamaria Valli 750.

Lorsqu’elle s’adresse au fidèle secrétaire de Bernières la jeune femme est fort entortillée, comme à l’occasion d’une lettre qui remerciait cinq mois plus tôt Bernières pour la rencontre de son premier directeur Chrysostome – mais cela changera complètement lorsque la jeune dirigée deviendra mystique accomplie directrice d’expérience ; c’est l’intérêt de suivre une correspondance au long cours parce qu’elle illustre une progression sur le chemin mystique. Commençons par citer intégralement une lettre qui témoigne de débuts laborieux :

[...]

« On la retrouve à Rambervillers où elle vient d’être élue Prieure. Le 7 de l’an 1651 : « C’est ici une étrange solitude » Elle est dans le « tintamarre » et en éprouve une révolte à en tomber malade. Elle est perplexe et a la tentation de se retirer dans un monastère où elle aurait la paix. Elle projette de demander un Bref au Pape pour se tirer de là. Mais « je ne veux rien faire de ma volonté ». Elle ne désire qu’oraison et solitude. Une abbaye en Alsace, comme sa sœur le lui avait proposé ? Non, elle préfère porter la besace que la crosse ! Ce qu’il lui faut, c’est un petit coin en Provence ou devers Lyon, (pour n’être plus connue de personne). Elle craint que sa « petite oraison » ne s’évapore dans ce tracas 751.

Bernières lui répond par une belle et longue lettre :

De l’hermitage [sic] de saint Jean Chrysostome ce 14 février 1651.

Dieu seul et il suffit.

Je répondrai brièvement à vos lettres, qui sont les premières et les dernières que j’ai reçues de votre part, lesquelles m’ont beaucoup consolé d’apprendre de vos nouvelles, et de votre état extérieur et intérieur. Je ne vous ai jamais oubliée devant Notre Seigneur, quoi que je ne vous aie pas écrit, notre union est telle que rien ne la peut rompre. Ces souffrances, nécessités et extrémités, où vous êtes, me donneraient de la peine si je ne connaissais le dessein de Dieu sur vous, qui est de vous anéantir toute, afin que vous viviez toute à lui, qu’il coupe, qu’il taille, qu’il brûle, qu’il tue, qu’il vous fasse mourir de faim, pourvu que vous mouriez toute sienne, à la bonne heure. Cependant, ma très chère Sœur, il se faut servir des moyens dont la Providence vous fera ouverture pour vous tirer du lieu où vous êtes, supposé l’extrémité où vous réduit la guerre752. J’ai bien considéré tous les expédients contenus dans vos lettres ; je ne suis pas capable d’en juger, je vous supplie aussi, de ne vous pas arrêter à mes sentiments. Mais je n’abandonnerai pas la pauvre Communauté de Rambervillers, quoique vous fussiez contrainte de quitter Rambervillers ; c’est-à-dire qu’il vaut mieux que vous vous retiriez à Paris pour y subsister, et faire subsister votre refuge qui secourera vos Sœurs de Lorraine ; que d’aller au Pape pour avoir un couvent, ou viviez solitaire, ou que de prendre une abbaye : La divine Providence vous ayant attachée où vous êtes, il faut mourir, et de la mort de l’obéissance et de la croix. Madame de Mongomery vous y servira et Dieu pourvoira à vos besoins, si vous n’abandonnez pas les nécessités spirituelles de vos Sœurs. Voilà mes pensées pour votre établissement, que vous devez suivre en toute liberté !

Pour votre intérieur, ne vous étonnez pas des peines d’esprit et des souffrances que vous portez parmi les embarras et les affaires que votre charge vous donne, puisque ce sont vos embarras et affaires de l’obéissance. Les portant avec un peu de fidélité, elles produiront en votre âme « une grande oraison », que Dieu vous donnera quand il lui plaira. Soyez la victime de son bon plaisir, et le laissez faire. Quand il veut édifier dans une âme une grande perfection, il la renverse toute ; l’état où vous êtes est bien pénible, je le confesse, mais il est bien pur. Ne vous tourmentez point pour votre oraison, faites-là comme vous pouvez, et comme Dieu vous le permettra, et il suffit. Ces unions mouvementées, ces repos mystiques que vous envisagez ne valent pas la pure souffrance que vous possédez, puisque vous n’avez ce me semble ni consolation divine, ni humaine. Je ne puis goûter que vous sortiez de votre croix, par ce que je vous désire la pure fidélité à la grâce, et que je ne désire pas condescendre à celle de la nature. Faites ce que vous pourrez en vos affaires pour votre Communauté ; si vos soins ont succès à la bonne heure ; s’ils ne l’ont pas ayez patience, au moins vous aurez cet admirable succès de mourir à toutes choses. Si vous étiez comme la Mère Benoîte religieuse particulière, vous pourriez peut-être vous retirer en quelque coin ; mais il faut qu’un capitaine meure à la tête de sa compagnie, autrement c’est un poltron. Il est bien plus aisé de conseiller aux autres que de pratiquer. Dieu ne vous déniera pas ses grâces Courage, ma chère Sœur, le pire qui vous puisse arriver c’est de mourir sous les lois de l’obéissance et de l’ordre de Dieu. À Dieu, en Dieu, je suis de tout mon cœur, ma très chère Sœur, votre très humble, obéissant, frère Jean hermite, dit « Jésus pauvre », c’est le nom qu’il avait pris en renonçant à ses biens 753.

Le deuxième priorat est bref : sept mois, interrompu par la guerre. Elle est rendue à Paris en 1651. Elle va fonder les bénédictines du Saint-Sacrement ce qui l’occupera fort à partir de 1652 et ouvre ainsi une seconde moitié de vie plus sédentaire. À partir de maintenant, nous avons moins de lettres intérieures à citer en relation avec Bernières et les amis de Caen 754.

D’abord une grande crise doit être surmontée : c’est ce que Véronique Andral que nous citons titre « Le centre du Néant » :

Le 7 septembre 1652, Mère Mectilde écrit à Bernières : « Je ne sais et ne connais plus rien que le tout de Dieu et le néant de toutes choses. J’ai bien passé par le tamis, depuis que je vous ai écrit Je vous dirai un jour les miséricordes que Notre Seigneur m’a faites depuis un an et demi, et qu’il les a bien augmentées depuis quelques mois ». « J’observe tant le silence pour les choses intérieures que j’ai perdu l’usage d’en parler Je n’ai pas la liberté intérieure de communiquer ». Elle s’enfonce dans le silence et écrit le même jour à Mère Benoîte : « Je suis devenue muette et je n’ai plus rien à dire, car je ne sais et ne connais plus rien dans la vie intérieure. Je n’y vois plus goutte » 755.

Mère Mectilde a trouvé le « fond » de son néant, mais il y a plusieurs fonds, et elle va aller de fond en fond au moins jusqu’en 1662 […] sa voie s’approfondit et se simplifie. Elle va en reparler à Bernières en lui envoyant le livre de « La Sainte Abjection », œuvre du Père Chrysostome, le 23 novembre 1652 756 .

Notre Seigneur me fit la miséricorde de me faire rentrer d’une manière toute particulière dans le centre de mon néant où je possédais une tranquillité extrême, et toutes ces petites bourrasques [elle vient de subir de très grandes humiliations] ne pouvaient venir jusqu’à moi parce que Dieu, si j’ose parler de la sorte, m’avait comme cachée en Lui Cela a bien détruit mon appui et ma superbe qui m’élevait de pair avec les saints, et à qui ma vanité semblait se rendre égale ! Oh ! Je suis bien désabusée de moi-même. Je vois bien d’un autre œil mon néant et l’abîme de mes misères ! J’étais propriétaire de l’affection et de l’estime des bonnes âmes. Notre Seigneur a rompu mes liens de ce côté-là Il m’a semblé que Notre Seigneur faisait un renouvellement en moi d’une manière bien différente des autres dispositions que j’ai portées en ma vie : il me dépouillait même de lui-même et m’a fait trouver repos et subsistance hors de toutes choses, n’étant soutenue que d’une vertu secrète qui me tenait unie et séparée. C’est que Notre Seigneur me fait trop de miséricordes 757.

Le 9 août de l’année suivante 1653 elle a l’occasion de joindre Bernières par l’intermédiaire du fidèle Boudon :

Je vous fais ce petit mot pour vous assurer que j’ai mis en mains de Monsieur Boudon le livre que vous avez désiré que je vous envoie. Je crois qu’il le portera demain au messager. Ce bon Monsieur est à Paris depuis environ trois semaines ; nous l’avons vu avec Monsieur de Montigny 758, lequel est aussi un très grand serviteur de Dieu. Je l’ai mené ces jours passés à Montmartre où nous trouvâmes le Père Paulin 759. Je crois que vous savez qu’il demeure à Paris et qu’il fait merveille dans la sainte voie d’anéantissement. Pour moi, j’apprends à me taire, je m’en trouve bien. Je sais quelque petite chose de mon néant et je tâche d’y demeurer et de n’être plus rien dans les créatures et qu’elles ne soient plus rien en moi. J’ai, ce me semble, quelque amour et tendance de vivre d’une vie inconnue aux créatures et à moi-même. Je me laisse à Notre Seigneur Jésus Christ pour y entrer par son esprit. Il y a plus de trois semaines que je n’ai vu le Révérend Père Le Jeune 760 ; je ne sais s’il est ou non satisfait de moi, je lui ai parlé selon ma petite capacité et l’avais prié de prendre la peine de m’interroger sur tout ce qu’il lui plairait, avec résolution de lui répondre en toute simplicité : je ne sais ce qu’il fera. Je suis toute prête de lui obéir et avec joie, si cela vous plaît, sur tout ce qu’il désire que je fasse.

Vos chères lettres me font plus de bien que toutes les directions des autres personnes. Je crois que c’est à cause de l’union en laquelle notre bon Père nous a unis avant sa mort, nous exhortant à la continuer et à nous entre-consoler les uns les autres. Je ne vous en demande pourtant que dans l’ordre qui vous en sera donné intérieurement, car je veux apprendre à tout perdre pour n’avoir plus que Dieu seul, en la manière qu’il lui plaira. Je vous supplie de prier Dieu pour moi afin que je sois fidèle à sa conduite. Je la vois bien détruisant mon fond d’orgueil et tout ce qui me reste des créatures. J’ai pourtant une petite peine qui me reste au regard de la fondation où la Providence nous a engagées et j’aurais beaucoup de pente à m’en retirer. Je vous manderai le sujet. Présentement, il faut finir : il est trop tard. Je viens de voir le Révérend Père Le Jeune. J’ai bien à vous écrire, mon très bon frère, mais, en attendant, priez Dieu pour moi 761.

Nous avons cité supra la demande de protection de Mère Mectilde par « notre très chère sœur » Marie des Vallées dans une lettre adressée à Bernières en 1654 ainsi que celle du 25 août de la même année citée infra qui présente les « bons ermites » groupés autour de Jean de Bernières.

Achevant ici presque notre choix, on consultera ses éditeurs récents : V. Andral et d’autres religieuses de l’Institut, B. Pitaud, E. de Reviers 762. Citons V. Andral :

Le 26 janvier 1655 elle a encore un désir : elle écrit à Bernières : « Il me semble que la plus grande et la dernière de mes joies serait de vous voir et en­tretenir encore une fois avant de mourir, et autant qu’il m’est permis de le désirer, je le désire, mais tou­jours dans la soumission, car la Providence ne veut plus que je désire rien avec ardeur. Il faut tout perdre pour tout retrouver en Dieu ».763.

Quand on sait la véhémence des désirs de Mère Mectilde dans sa jeunesse, on voit le chemin parcouru.

Elle parle ensuite de son monastère « ce petit trou solitaire » et ajoute :

« S’il m’était permis de me re­garder en cette maison, je serais affligée de son éta­blissement, me sentant incapable d’y réussir. Mais il faut tout laisser à la disposition divine ».764

Elle le con­sulte sur son désir de ne s’appuyer que sur Dieu seul :

« Il me semble aussi que je n’ai point l’am­bition de faire un monastère de parade. Au contraire, je voudrais un lieu très petit et où on ne soit ni vu ni connu de qui que ce soit. Il y a assez de maisons écla­tantes dans Paris et qui honorent Dieu dans la ma­gnificence. Je désirerais que celle-ci l’honorât dans le silence et dans le néant ». Elle termine : « un mot, je vous supplie » 765.

D’après Collet, Bernières lui répond :

« Ne doutez pas que je fasse mon possible pour aller vous voir cet été prochain afin de nous entretenir encore une bonne fois en notre vie, y ayant l’apparence que ce sera la dernière, soit que la mort nous surprenne, soit que l’in­commodité de mes yeux ne me permette pas de faire ce voyage plus souvent » 766.

En conclusion, voici un extrait d’une lettre non datée de Bernières, peut-être de 1652 :

Cette vie nouvelle que vous voulez n’est autre que la vie de Jésus Christ, qui nous fait vivre de la vie surhumaine, vie d’abaissement, vie de pauvreté, vie de souffrance, vie de mort et d’anéantissement, voilà la pure vie dans laquelle se forme Jésus Christ, et qui consomme l’âme en son pur et divin amour.

Soyez seulement patiente et tâchez d’aimer votre abjection. Vous dites que vous êtes à charge et que vous êtes inutile ; cette pensée donnerait bien du plaisir à une âme qui tendrait au néant. O ! qu’il est rare de mourir comme il faut ! Nous voulons toujours être quelque chose et notre amour-propre trouve de la nourriture partout. Rien n’est si insupportable à l’esprit humain que de voir que l’on ne l’estime point, qu’on n’en fait point de cas, qu’il n’est point recherché ni considéré.

Vous ne croiriez jamais si vous ne l’expérimentiez, le grand avantage qu’il y a d’être en abjection dans les créatures. Cela fait des merveilles pour approfondir l’âme dans sa petitesse et dans son néant, quand elle sent et voit qu’elle n’est plus rien qu’un objet de rebut. Cela vaut mieux qu’un mont d’or.

Vous n’êtes pas pourtant dans cet état, car l’on vous aime et chérit trop. C’est une pensée qui vous veut jeter dans quelque petit chagrin et abattement. Présentez-là à Notre Seigneur et sucez la grâce de la sainte abjection dans les opprobres et confusions d’un Jésus Christ 767.

Il s’agit ici d’une mort mystique. Bernières meurt physiquement en 1659, mais Mectilde, après « sept ans d’épreuves » qui s’achèvent par sa retraite de 1661-1662, va être pleinement utile pendant près de quarante ans, épaulée par des ami(e) s et elle formera à son tour.

Avant de quitter les directeurs, nous présentons un dirigé et jeune ami de monsieur de Bernières qui eut quelques relations avec Mectilde. De même que le « bon frère Jean [Aumont] », il demeure dans l’ombre de Bernières.

Table

Préface8

Remerciements11


LES AMITIÉS MYSTIQUES DE MÈRE MECTILDE12

Ouverture12


MECTILDE (1614-1698)18

Jeunesse et années de formation intérieure :18

Accomplissement d’une mystique de présence à Dieu.19

Adhérer-adorer20

Chronologie et durées des états de vie24


DES « AINÉS DIRECTEURS »28

Jean-Chrysostome de Saint-Lô (~1595-1646)30

Tertiaires franciscains réguliers et Laïcs32

Une vie chargée, des témoignages mystiques forts34

L’initiation de Mectilde44


Marie des Vallées (1590-1656)60

« Sœur Marie » possédée par Dieu60

Relations avec Mectilde66


Charlotte Le Sergent (1604-1677)76

Relation avec Mectilde : « Vous n’avez rien à craindre ».80


Jean de Bernières (1602-1659)84

Frère Jean « de Jésus pauvre »84

L’intériorité d’un directeur de conscience87

Frère Jean est confident de Mectilde puis la dirige94


CONFÉRENCES ET ENTRETIENS124

Une séquence de Conférences et entretiens datés126

1632 (ou 1633)126

Avant 1639129

[...]


Un bouquet de conférences sans date168


COMPAGNES & COMPAGNONS192

Marie de Châteauvieux (~1604-1674)192

Élisabeth de Brême, la Mère Benoîte de la Passion (1607-1668)204

Correspondance de Mectilde avec la Mère Benoîte210

Correspondance avec Épiphane Louys, confesseur et collaborateur224

Épiphane Louys, abbé d’Estival (1614-1682)230

Les Conférences232

Correspondance avec Mère Benoîte et ses dirigées252

Jacques Bertot (1620-1681)266


UNE AMIE & DES MONIALES272

Catherine de Rochefort (1614-1675)274

Jacqueline Bouette de Blemur (1618-1696)292

Gertrude de sainte Opportune [Cheuret]296

Marie de saint François de Paule [Françoise Charbonnier] (-1710)304

Madame de Béthune (1637-1669)314

Présentation314

1683-1686317

1688323

1689326

Mère Marie de Saint-Placide (-1730)330

Et diverses bénédictines de l’Institut340


RELATIONS & INFLUENCES362

La Tradition bénédictine de Saint Vanne et Hydulphe en Lorraine puis de Saint Maur à Paris364

François Guilloré (1615-1684)366

Henri-Marie Boudon (1624-1702)368

Madame Guyon (1647-1717)372

Fénelon (1651-1715)374

Des Bénédictines du Saint-Sacrement de Mectilde à nos jours375


HISTOIRE DES TRANSMISSIONS378

I. Les monastères d’origine.380

II. Les auteurs, principales rédactrices ou copistes.382

III. Les possesseurs de volumes.386

IV. Les transferts importants.390

V. Les « Vies » de Mère Mectilde.392

VI. Pertes de documents (manuscrits et lettres autographes).396

VII. Le Fichier central des Écrits.398

Etat actuel du Fichier Central399

Bibliographie :400


ANNEXES, INDEX & TABLE402

Listes de figures omises au fil du texte principal.404

1. Relations hors fondations :404

2. Bénédictines du Saint-Sacrement et associées :405

Bibliographie, manuscrits, leur disponibilité.408

Ouvrages fréquemment cités et leurs noms réduits.408

Autres sources.408


Manuscrits : leur genèse et leur disponibilité informatique.409


Un travail réfléchi d’édition a déjà été accompli.410


Comment mettre en valeur ce trésor écrit qui témoigne des écoles de la quiétude ?411


Index414

Table416



43.MECTILDE ITINÉRAIRE SPIRITUEL & ORIGINE DES CONFERENCES - ENTRETIENS FAMILIERS



Par Véronique Andral, osb. ap. 1997

- Marie-Catherine Castel, osb. ap.1984



(56) Mectilde, Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx

Réimpression, 2016

Table

ITINÉRAIRE SPIRITUEL 5


INTRODUCTION 11

LISTE DES MANUSCRITS UTILISES 13

ENFANCE 15

CHEZ LES ANNONCIADES 18

BÉNÉDICTINE À RAMBERVILLERS 26

VERS LA MORT MYSTIQUE ET LA RÉSURRECTION. 31

ABRÉGÉ D’UNE RETRAITE DE L’ANNÉE 1640 31

LA NORMANDIE. LE PÈRE CHRYSOSTOME. 35

BERNIÈRES 42

RETRAITE 43

LE PROJET D’ERMITAGE 45

CAEN 49

RELATIONS SPIRITUELLES AVEC BERNIÈRES 55

RAMBERVILLERS 70

RETOUR A PARIS 72

LE CENTRE DU NÉANT 76

LA FONDATION 79

LES SEPT ANS D’ÉPREUVE. 93

RETRAITE 108

DEUXIÈME GRANDE ÉTAPE 119

LES DOUZE ANS ET LE DOUZIÈME DEGRE D’HUMILITÉ 119

TERRASSÉE 119

TOUL 123

RÉPARATION 124

PARIS 127

TÉMOIGNAGE DU FRERE LUC DE BRAY 133

UNION SUBSTANTIELLE 138

ADORATION DE LA JUSTICE DE DIEU 141

TROISIÈME GRANDE ÉTAPE L’ENFER DU PUR AMOUR 145

ÉPREUVES 151

GRÂCE D’ABANDON 154

VISITE CANONIQUE 156

« VICTIME » 157

DÉLAISSEMENT 157

MISÉRICORDE 159

LA VIERGE MARIE 161

DERNIERS LABEURS 163

CONFESSION 166

INVITATION AU PARADIS 167

DÉTRESSE 168

JOIE 171

CONSOMMATION 172

1698 — LA PÂQUE DE MERE MECTILDE 177

ÉPILOGUE 182

NOTES 188



ORIGINE DES RECUEILS DE CONFERENCES DE MERE MECTILDE SUR L'ANNEE LITURGIQUE. 199

LE TRAVAIL DE LA MERE N. 200

DIFFERENCES ENTRE LES CONFERENCES. 201

FIDELITE DES COPISTES 203

LES ANNEES LITURGIQUES 204

II L'EXPERIENCE DE MERE MECTILDE. 204

III L’ ENSEIGNEMENT DES CONFERENCES 207

C'EST PAR LA FOI QU'ON ENTRE DANS LE MYSTERE 209

ON NE PEUT MIEUX ENTRER DANS LES MYSTERES QUE PAR CONFORMITE (191) 210

LA VIERGE MARIE 211

TOUS LES MYSTERES DANS LE MYSTERE. L'EUCHARISTIE. 211

LE CORPS MYSTIQUE. L'EGLISE. 213


[Sœur Castel] 215

ENTRETIENS FAMILIERS 215

AVANT-PROPOS 215

ENTRETIENS 219

Billet 1685 219

21 septembre 1687 220

Le jour des Saints Anges 1687 220

1689 Je vous exhorte à fuir l’humain ». 221

2 février 1692 222

1692 « Notre bonne Mère ». 223

1692 « Abjection ». 224

13 février 1694 226

15 février 1694 228

16 février 1694 230

20 février 1694 230

24 février 1694 « Dégagement ». 231

25 février 1694 232

26 février 1694 233

7 mars 1694 233

19 mars 1694 235

19 mars 1694 235

20 mars 1694 236

Mars 1694. Après sa maladie « Commeen celle (évangile) d’aujourd’hui ». 236

1er avril 1694 240

Avril 1694 241

Avril 1694 241

2 avril 1694. 242

2 avril 1694 243

10 avril 1694, Samedi Saint 244

12 avril 1694. Lundi de Pâques 245

18 avril 1694. Octave de Pâques 246

3 mai 1694 « Une expression de ses états ». 247

Mai 1694 249

21 mai 1694 249

26 juin 1694 249

Août 1694 « Et d’où vient ». 251

Août 1694 253

7 septembre 1694 253

8 novembre 1694 254

2 décembre 1694. Un jeudi 256

8 décembre 1694 « Ne feignez pas ». 257

Date présumée : 1694 258

Sur la confession 259

Date présumée : 1694 261

Date présumée : 1694 « Abject ». 261

Date présumée : 1694 262

Date présumée : 1694 263

Mercredi des Cendres 1695 263

10 avril 1695 264

28 avril 1695 264

30 avril 1695 266

20 mai 1695 270

21 mai 1695 272

23 mai 1695 273

24 mai 1695 « Pour assister au Veni Creator ». 274

25 mai 1695 275

28 mai 1695 276

29 mai 1695 279

29 mai 1695 280

29 mai 1695 281

29 mai 1695 282

31 mai 1695 282

12 juin 1695 (sic) 284

Date présumée : 1695 288

Date présumée : 1695 288

1695 288

Du jour de la Présentation de la très sainte Vierge 1696. 289

12 octobre 1697 291

Octobre 1697 « Captivité ». 293

16 octobre 1697 294

6 novembre 1697 295

Date présumée : 1697 296

Date présumée : 1697 296

Date présumée : 1697 297

Date présumée : 1697 297





44.MECTILDE « Totum » (éditions publiées de 1973 à 1998).

(57) MECTILDE totum intégral (ocr éditions modernes).docx



Ensemble en fichier *.docx éditable en deux tomes I & II. Au total ~1400 pages.

Cette compilation contribue à faire revivre le grand travail effectué à l’Institut du temps où les moniales de l’Ordre des bénédictines du Saint-Sacrement étaient très nombreuses. Elles ont tiré au cours du dernier quart du XXe siècle le meilleur parti des archives en leur possession par l’établissement d’un « Fichier central » suivi d’un choix éclairé de correspondances de leur fondatrice au Grand siècle. Ces choix furent établis avec une pleine appréciation spirituelle.

Constituer aujourd’hui une édition critique de toute la correspondance de Mectilde avec ses ami(e)s supposerait un travail immense dont la ‘plus-value’ spirituelle n’apporterait qu’un complément aux choix éclairés disponibles.

Le dossier que l’on propose infra pour lecture par des « âmes intérieures » n’a demandé qu’un peu de technique : photographies de livres suivis de reconnaissance des caractères (à corriger et compléter). Il regroupe cinq millions de caractères sans espaces ! L’ensemble est compact mais la source Word *.docx disponible sur demande se lit facilement sur écran ou tablette dont les formattages sont souples. A nos yeux lecture obligée pour apprécier le siècle mystique parcouru par Mectilde (1614-1698).

Ce dossier fut donc lu pour établir mon florilège plus bref cité précédemment : « Les Amitiés Mystiques de Mère Mectilde… » publié en ligne en 2017, préparant une édition prochaine chez « Parole et Silence » dans la collection « Mectildiana » 768.

Il est facile d’y apprécier et d’extraire de beaux passages de lettres de Mectilde. Il permet de lire avec grand fruit certains des volumes publiés au sein de l’Institut, actuellement indisponibles, tels que les remarquables « Itinéraire » et « Pologne ».

Il comporte (l’odre non chronologique débute par des études situant Mectilde dans son milieu) :

Ame offerte = Catherine de Bar 1614-1698 Une âme offerte à Dieu en saint Benoît, Téqui, 1998.

Amitié = Une amitié spirituelle au grand siècle, lettres de Mère Mectilde de Bar à Marie de Châteauvieux, Tequi, 1989.

Daoust = J. Daoust, Catherine de Bar Mère Mectilde du Saint-Sacrement, Tequi, 1979.

Documents historiques = Catherine de Bar, Documents Historiques, 1973.

Ecoute = Mère Mectilde su Saint Sacrement à l’écoute de Saint Benoît, Bénédictines du SS Rouen, Téqui, 1988.

Inédites = Catherine de Bar Mère Mectilde du Saint Sacrement 1614-1698, Lettres inédites, Bénédictines du SS, Rouen, 1976.

Itinéraire = Véronique Andral, Catherine de Bar Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, Itinéraire spirituel, 2e éd. 1997.

Pologne = En Pologne avec les bénédictines de France, Téqui, 1984.

Rouen = Catherine de Bar Fondatrice des Bénédictines du Saint Sacrement 1614-1698 Fondation de Rouen, Bénédictines du SS, Rouen, 1977.



45.LES AMIS DES ERMITAGES DE CAEN & DE QUEBEC

(58) Amis Ermitages Caen Québec 1juillet15-revu17.docx



Les Amis des Ermitages de Caen & de Québec, dossier assemblé par D. Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 564 p. [Filiations et amis, directions mystiques, membres du cercle normand, Marie de l’Incarnation, liens et documents]

Quatrième de couverture :

Dossier assemblé par Dominique Tronc

« Nous présentons en première partie sous le titre I. FILIATION ET AMIS le cercle large de l’Ermitage normand. C’est la vision « horizontale » où nous accordons la plus grande importance aux mystiques fondateurs.

Comment s’opère la succession d’aîné à cadet ? C’est la vision « verticale » Nous reprenons les liens entre quelques fondateurs en seconde partie où nous centrons l’aperçu intérieur sur des II. DIRECTIONS MYSTIQUES dont celles de Bernières et de Mectilde par « notre bon père Chrysostome ».

« Suivent des matériaux :

« III. MEMBRES DU CERCLE NORMAND regroupe des extraits mystiques pour ses principales figures.

« IV. MARIE DE L’INCARNATION extraits de correspondance.

« V. LIENS entre les deux principales figures de Marie de l’Incarnation et de Jean de Bernières.]

PRÉSENTATION

Proviennent-ils de Paris ? ou de Rouen, seconde ville du royaume ? De cités plus modestes : Caen et Tours ! Car tout repose sur quelques mystiques qui apparaissent ici ou là et pas forcément dans de grands centres culturels, politiques ou sociaux.

Tout commence à la fin du XVIe siècle lorsque le royaume de France sort avec Henri IV du choc entre protestants et catholiques 769. En 1600 Paris compte environ deux cent cinquante mille habitants, Rouen est la seconde ville du royaume avec environ soixante-dix mille habitants, Caen a trente mille habitants (Paris doublera sa population à la fin du siècle, Rouen et Caen stagneront). C’est de Caen, dixième ville du royaume, que surgira un renouveau spirituel à partir d’une maison sans prétention, construite et animée par Jean de Bernières « dans la cour » d’un couvent d’ursulines dirigé par sa sœur aînée Jourdaine. Jean et Jourdaine sont dirigés par le Père Chrysostome de Saint-Lô, un franciscain.

Notre histoire va être celle du cercle né autour de ces figures. Nous les appelons Amis des Ermitages : Amis, car les contacts directs d’aide entre spirituels sont essentiels: on ne fait pas de feu avec une seule bûche. Ermitages, parce qu’il faut un foyer spirituel, un lieu concret facilitant les rencontres. Il y en eut deux, le premier foyer à Caen suivi d’une migration en Nouvelle France à Québec.

Ils prennent place au sein d’une tradition qui remonte au Moyen Age, tandis que l’on pourra suivre leurs successeurs en France jusqu’au XIXe siècle. Nous nous limitons à la première moitié du XVIIe siècle : des débuts normands aux émigrations vers le Canada. Ensuite les lignées divergent.

§

Nous présentons en première partie sous le titre I. FILIATION ET AMIS le cercle large de l’Ermitage normand. C’est la vision « horizontale » où nous accordons la plus grande importance aux mystiques fondateurs.

Comment s’opère la succession d’aîné à cadet ? C’est la vision « verticale » Nous reprenons les liens entre quelques fondateurs où nous centrons l’aperçu intérieur sur des II. DIRECTIONS MYSTIQUES dont celles de Bernières et de Mectilde par « notre bon père Chrysostome ».

Suivent des matériaux :

III. MEMBRES DU CERCLE NORMAND regroupe des extraits mystiques pour ses principales figures.

IV. MARIE DE L’INCARNATION regroupe des extraits de sa correspondance.

V. LIENS relevés entre Marie de l’Incarnation et Jean de Bernières.

VI. DOCUMENTS (Québec) extraits.



Mais tout d’abord présentons un tableau du réseau d’amis. Limité à quelques fondateurs, il est complété infra.

Ce réseau des Amis de deux Ermitages - l’un situé à Caen, l’autre à Québec -, d’un Cercle de la Quiétude et de Bénédictines, présente les figures fondatrices autour desquelles s’assemblèrent de nombreux spirituels en « Ecoles du Cœur ».

Trois branches d’un « delta spirituel » se forment à partir de l’Ermitage animé par Jean de Bernières sous la direction de « notre bon père Chrysostome ». En Nouvelle France, animé par Mgr de Laval, dans le Cercle de la Quiétude créé par Monsieur Bertot pour être repris par Madame Guyon et par Fénelon, chez les Bénédictines du Saint-Sacrement, ordre contemplatif fondé par Mère Mectilde.

Ce diagramme résume notre synthèse d’une longue histoire de liberté qui relie religieux et laïcs dans une tradition propre aux Tiers ordres franciscains. Elle se prolongera jusqu’à nos jours en terres catholiques et protestantes.

I. Filiation et amis

Quatre parties dans cette première présentation des FILIATION et des AMIS :

LES DEBUTS : Origine franciscaine,

LES AMIS DE BERNIERES : « L’école du Cœur »,

DISCIPLES et FILIATIONS en France, 

MIGRATIONS CANADIENNES.

LES DEBUTS : Origine franciscaine

Notre histoire commence dès la naissance de l’ordre franciscain. Il recouvre rapidement l’Europe et sont déjà plusieurs dizaines de milliers à la mort de François en 1226. En particulier son tiers ordre est très vivant. Pour contrôler des dérives possibles – il y avait eu du temps de François bien de mouvements de réforme, dont les pauvres de Lyon, les vaudois, etc., qui n’eurent pas eu la chance de François d’être accepté par un évêque ami devenu pape - on créa en 1400 un Tiers Ordre Régulier.

Les deux tiers ordres - le laïc et le régulier - seront en interaction. C’est le secret d’une fécondité rare constatée au XVIIe siècle où deux mille membres du TOR occupent une place importante alors qu’ils sont très minoritaires au sein de cent mille franciscains français qui vécurent le siècle 770.

Le balancement de génération à génération entre clercs et laïcs est également remarquable. S’ajoute la variété des appartenances : franciscains, ursulines, jésuites, prêtres et laïcs se retrouveront en amitié à l’Hermitage de Caen construit par Bernières.

Nous commençons à l’arrivée en France de tertiaires réguliers et poursuivrons par une revue de ses amis.

La réforme française du Tiers-Ordre régulier.

Le père Vincent Mussart (1570-1637) en est l’artisan lorsqu’il découvre dans la bibliothèque du couple Acarie (Mme Acarie deviendra la première Marie de l’Incarnation cofondatrice des carmélites françaises) les commentaires du mystique Denys le chartreux (1402/3-1471) sur la troisième règle de saint François. Ceci se passe vers 1592/3. Il rencontre un ermite réputé, Antoine Poupon. La vie érémitique n’est pas facile à l’époque des guerres de religion:

Ils tombèrent entre les mains des Suisses hérétiques, qui espérant une bonne rançon de quelques Parisiens qu’ils avaient pris parce que le siège [de Paris, 1594] devait être bientôt levé, étaient résolus de les laisser aller, et de prendre les deux hermites. Frère Antoine en eut avis secrètement par une Demoiselle prisonnière, le malade [Vincent Mussart] qui tremblait la fièvre quarte entendit ce triste discours, et se jetant hors de sa couche descendit l’escalier si promptement qu’il roula du haut en bas, sans néanmoins aucune blessure. L’intempérance des soldats, et l’excès du vin les avaient mis en tel état, que Vincent et Antoine s’échappèrent aisément

Puis des compagnons se présentent : sept tertiaires vont suivre une année de noviciat et en 1595 le Tier-Ordre régulier renaît en France 771.

Antoine le Clerc (1563-1628)

Le rôle éminent d’Antoine le Clerc « sieur de La Forest » est souligné par l’historien du Tiers Ordre franciscain Jean-Marie de Vernon qui nous livre en 1667 un aperçu complet de sa vie 772. Il couvre cinq chapitres ce qui est tout à fait exceptionnel puisqu’il ne se distingue ni par son rang au sein de la noblesse ni par quelque rôle éminent au sein de l’Église ou de l’Ordre.

Né de bonne famille à Auxerre, il mène une jeunesse aventureuse et doublement compromettante pour des yeux catholiques. L’historien nous avertit :

À vingt ans il prit les armes, où il vécut à la mode des autres guerriers, dans un grand libertinage. La guerre étant finie, il entra dans les études, s'adonnant principalement au droit […] Il tomba dans le malheur de l'hérésie [protestante][528] d'où il ne sortit qu'après l'espace de deux ans.

Le récit de sa conversion est le « coup de foudre » rapporté par le Père Jean-Chrysostome qui fait le compte-rendu de la conversion de son conseiller de jeunesse, ami « de maison et façonné aux armes » 773.

Le texte évoque les grandes peurs de la damnation que l’on rattache en général au Moyen Âge. Après le coup de poing initial donné par la grâce, la vie mystique est découpée en quelques grandes périodes ponctuées de moments charnières, dans une dynamique qui couvre la durée d’une vie. Une existence résumée en quelques paragraphes rend l’impression saisissante de force associée à la brièveté de toute condition.

Nous allons lire largement - nous ferons souvent de même favorisant le florilège mystique plutôt que l’étude historique – sans toutefois signaler oralement les coupures opérées dans le texte :

I. Un autre serviteur de Dieu a été conduit à une très haute perfection [86] par les vues pensées de l’Éternité. Il était de maison et façonné aux armes. Voici que, environ à l’âge de vingt-trois ans, comme il banquetait avec ses camarades mondains, il entrouvrit un livre, où lisant le seul mot d’Éternité, il fut si fort pénétré d’une forte pensée de la chose, qu’il tomba par terre comme évanoui, et y demeura six heures en cet état couché sur un lit, sans dire son secret.

II. Le lendemain, ayant l’usage fort libre de ses puissances, environné néanmoins de la vue d’Éternité, il s’alla confesser à un saint Religieux avec beaucoup de larmes et lui ayant révélé son secret, il en reçut beaucoup de consolation, car il était serviteur de Dieu et homme de grande oraison, qui avait eu révélation de ce qui s’était passé, et qui en se séparant lui dit : « mon frère aime Dieu un moment, et tu l’aimeras éternellement. » Ces mots portés et partis d’un esprit embrasé, lui furent comme une flèche de feu, qui navra son pauvre cœur d’un certain amour divin, dont l’impression lui en demeura toute sa vie.

III. Ensuite il fut tourmenté de la vue de l’éternité de l’Enfer, environ huit ans, dans plusieurs visions […]

IV. Après cet état il demeura trois autres années dans une croyance comme certaine de sa damnation : tentation qui était aucune fois si extrême, qu’il s’en évanouissait.

V. Ensuite de cet état, il [89] demeura un an durant fort libre de toutes peines […]

VI. Après cette année, il en demeura deux dans la seule vue de la brièveté de la vie […] Ce qui lui donna un si extrême mépris des choses du monde […] [qu’il] ne pouvait comprendre comme les hommes créés pour l’éternité s’y pouvaient arrêter. [90]

VII. Ensuite […] il fut huit ans dans la continuelle vue que Dieu l’aimait de toute Éternité ; ce qui l’affligeait, avec des larmes de tendresse et d’amour, d’autant qu’il l’aimait si peu et avait commencé si tard. Il eut conjointement des vues fort particulières de la Sainte Passion.

VIII. Dans la dernière maladie, il fut tourmenté d’un ardent amour envers Dieu, et d’une grande impatience d’aller à son Éternité.

Revenlons sur la biographie du « sieur de la Forest ».

Il possédait un talent utile dans le monde :

Son bel esprit et sa rare éloquence paraissaient dans les harangues publiques dès l'âge de vingt ans. Sa parfaite intelligence dans la langue grecque éclata lorsque le cardinal du Perron le choisit pour interprète dans la fameuse conférence de Fontainebleau contre du Plessis Mornay

Mais mieux, charité, travail, vie intérieure approfondie, dons mystiques, se combinent, mais sans facilité :

[532] Un lépreux voulant une fois l'entretenir, il l'écouta avec grande joie, et l'embrassa si serrement, qu'on eut de la peine à les séparer. […] Une autre peine lui arriva, savoir qu'étant entièrement plongé dans les pensées continuelles de Dieu qui le possédait, il ne pouvait plus vaquer aux affaires des parties dont il était avocat. [535] Ses biens de fortune étant médiocres, la subsistance de sa famille dépendait presque de son travail…

Indice révélateur d’une vie mystique, le « soulagement » ou paix du cœur ressenti en sa présence :

Dieu lui révélait beaucoup d'événements futurs, et les secrets des consciences : par ce don céleste il avertissait les pécheurs […] marquait à quelques-uns les points de la foi dont ils doutaient ; à d'autres il indiquait en particulier ce qu'ils étaient obligés de restituer […] Les âmes scrupuleuses recevaient un grand soulagement par ses conseils et ses prières…

Une vie bien remplie s’achève en combattant courageusement la crainte du diable, mal dont tous étaient atteints au début du XVIIe siècle (Benoît de Canfield, François de Sales…).

Voici par notre historien du TOR un récit typique des récits d’agonie qui termine la Vie et précèdent la revue des Vertus dans les écrits hagiographiques d’époque :

Quatre mois devant sa mort étant sur son lit dans ses infirmités ordinaires, il s'entretenait sur [542] les merveilles de l'éternité : on tira les rideaux, et sa couche lui sembla parée de noir ; un spectre sans tête parut à ses pieds tenant un fouet embrasé : cette horrible figure ne l'effrayant point […] il parla ainsi au démon : « […] garde-toi bien de toucher au fond de mon âme, qui est le trône du Saint-Esprit. » L'esprit malin disparaissant, le pieux Antoine demeura calme, et prit cette apparition pour un présage de sa prochaine mort ; ses forces diminuèrent toujours depuis […] il vit son âme environnée d'un soleil, et entendit cette charmante [au sens fort de charme] promesse de notre Seigneur : « Je suis avec toi, ne crains point. » Les flammes de sa dilection s'allumèrent davantage, et il ne s'occupait plus qu'aux actes de l'amour divin, voire au milieu du sommeil.

Plus sobrement le Père Jean-Chrysostome concluait ainsi :

VIII. Dans la dernière maladie, il fut tourmenté d’un ardent amour envers Dieu, et d’une grande impatience d’aller à son Éternité. [91 des Traités de 1651]

Les proches bénéficièrent de l’agonie priante du mourant - il en sera de même à la mort de Jean-Chrysostome :

[543] M. Bernard [un ami] présent sentit des atteintes si vives de l'amour de Dieu, qu'il devint immobile et fut ravi. […] Le lendemain samedi vingt-trois de janvier […] il [le sieur de la Forest] rendit l'esprit à six heures du soir dans la pratique expresse des actes de l'amour divin…

Puis :

on permit [544] durant tout le dimanche l'entrée libre dans sa chambre aux personnes de toutes conditions, qui le venaient visiter en foule. Les religieux du tiers ordre de Saint-François gardaient son corps, qui fut transporté à Picpus.

Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646)

Voici page précédente un portrait conventionnel, mais prêtant une figure très attachante « à notre bon Père Chrysostome »,

La gravure figure en frontispice à la page de titre de l’ouvrage édité par Bernières à Caen d’écrits recueillis - difficilement - par la Mère Mectilde à Paris en son couvent de franciscains du TOR : tous n’étaient pas des amis du mystique… 



>> La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. Tome I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, Récollets), D. Tronc, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 367 pages.



Étant encore écolier, [Jean-Chrysostome] écrivit de Rouen à M. de la Forest pour le consulter sur sa vocation. Étant venu à Paris, il prit l'habit à Picpus…774.

Ce rapport entre le sieur de la Forest et le jeune homme est un exemple des nombreuses relations qui se poursuivront entre le TO des laïcs et le TO des Réguliers : il n’y a pas de hiatus entre la vie intérieure et le monde. Alternent, par quelque bénéfique hasard, après le Père Vincent Mussart, Antoine le Clerc, sieur de la Forest ; puis le Père Jean-Chrysostome, Monsieur de Bernières, le prêtre Jacques Bertot, madame Guyon, l’archevêque Fénelon (succession propre à l’une des filiations nées à l’Ermitage). Des relations directes les relient, mais n’ont souvent pas laissé de traces écrites 775.

Jean-Chrysostome de Saint-Lô est la figure centrale à laquelle se réfèrent les membres du cercle mystique normand, qui n’entreprennent rien sans l’avis de « notre bon Père Chrysostome ».  Seule l’humble « sœur Marie » des Vallées jouira d’un prestige comparable et attirera chaque année ses membres à séjourner auprès d’elle.

Ce que nous connaissons de la biographie de Chrysostome provient essentiellement de Boudon 776. Les connaisseurs de l’école normande n’y ajoutent guère d’éléments777. Tout ce que nous savons sur Chrysostome se réduit à quelques dates, car si Boudon est prolixe quant aux vertus, il reste discret quant aux faits ! Sa pieuse biographie couvre des centaines de pages qui nous conduisent « de la vie aux vertus », mais le contenu spécifique au héros se réduit à quelques paragraphes.

Jean-Chrysostome naquit vers 1594 et étudia au collège des jésuites de Rouen. À dix-huit ans, il prit donc l’habit suivant l’avis du sieur de la Forest et entra le 3 juin 1612 contre le gré paternel au couvent de Picpus à Paris fondé par Mussart :

Le P. Chrisostome dit de St Lo [sic] naquit à St Fremond Basse-Normandie diocèse de Bayeux et fut nommé Joachim au baptême. Un de ses frères fut capucin et une sœur a été clarisse à Rouen de l'étroite observance. Joachim étudia à Rouen et y eut pour maître le P. Caussin, jésuite778. Étant encore écolier, il écrivit de Rouen à M. de la Forest pour le consulter sur sa vocation. Étant venu à Paris, il prit l'habit à Picpus. Son père fit ce qu'il put pour le faire sortir du cloître et y employa à cet effet un magistrat considérable du parlement de Normandie. Le jeune homme tint ferme779.

Après une vie de directeur780, il traverse à son agonie un dernier dépouillement intérieur dont l’effet se communique, tout comme ce fut le cas d’Antoine le Clerc :

L’on remarqua que la plupart de religieux du couvent de Nazareth où il mourut [le 26 mars 1646], fondaient en larmes et même les deux ou trois jours qui précédèrent sa mort, et cela sans qu’ils pussent s’en empêcher781.

Les incompréhensibles « larmes » sont à rapprocher des « atteintes vives de l’amour de Dieu » ressenties auprès d’Antoine, comme des phénomènes proprement mystiques.

Jean-Chrysostome assura ainsi un rôle de passeur. En témoignent des lettres remarquables de direction adressées à Catherine de Bar et à Jean de Bernières sur lesquelles nous revenons en fin de journée. Elles éclairent une très vigoureuse conduite d’abnégation et de « désoccupation ». Son influence couvre la première génération du cercle spirituel : Jean de Bernières et sa sœur Jourdaine, Mectilde du Saint-Sacrement et Jean Aumont; les historiens ajoutent des figures extérieures à notre école :Vincent de Paul, J.-J. Olier…

Les amis de Bernières : « L’école du Cœur »

Voici page précédente un portrait conventionnel, prêtant une figure de dévôt des plus sérieux à Monsieur de Bernières.

Réseau d’amis associant aînés et cadets, le « cercle mystique normand » basé à Caen se constitue donc autour de Chrysostome et de ses dirigé(e)s Jourdaine et Jean de Bernières. Nous reviendrons dans notre seconde partie des DIRECTIONS MYSTIQUES non seulement sur Jean-Chrysostome, mais sur Marie des Vallées et Marie de l’Incarnation provisoirement « oubliés ».

La moitié des membres de « l’école du cœur » nés du vivant de l’initiateur Jean-Chrysostome sont directement rattachés aux courants franciscains. Le rayonnement de Jean de Bernières sur des amis qui séjournent dans son Ermitage est renforcé par son exemplaire pauvreté et sa charité, fondée sur l’oraison dans l’abandon à la grâce divine. Le réseau informel fut vivant par sa descendance dans deux ordres toujours actifs, l’un fondés par Catherine de Bar appelée aussi « Mère du Saint-Sacrement », l’autre par saint Jean Eudes.

Catherine fonde en Pologne ; Mgr de Laval  crée l’Ermitage du Nouveau Monde au séminaire de Québec ; M. Bertot confesseur aux ursulines de Caen puis aux bénédictines de Montmartre est à l’origine du cercle mystique 782 dont des membres quiétistes pénétreront plus tard des terres protestantes.

Quel nom donner à une telle association sans unité de conditions ni de liens canoniques (mais monsieur de Bernières « prit l’habit de notre ordre  [franciscain] » dit l’historien du TOR Jean-Marie de Vernon et il se plaignit de ne pouvoir vivre la pauvreté ; Mme Guyon prendra également vœu portant sur la pauvreté. Tous deux étaient issus de riches familles).

Les expressions d’Oratoire du cœur et d’Ecole de l’oraison cordiale apparaissent chez Bremond dans le chapitre qu’il consacre à Querdu Le Gall et à Jean Aumont (deux figures secondaires du réseau) 783. Filiation mystique du pur Amour, insistant sur le lien de nature mystique qui exista entre aînés et cadets, et évitant la note intellectuelle attachée à École est malheureusement bien long. En ayant soin d’enlever la note affective attribuée à cœur depuis Rousseau et le Romantisme, nous adoptons la contraction en Ecole du cœur. Elle ouvre sur une pratique mystique de l’oraison.

[Tableau omis]

Le tableau des deux pages suivantes dispose les noms des figures que nous allons rapidement présenter.

Verticalement chronologique (1ere colonne) il témoigne des influences d’aînés vers des cadets.

Horizontalement il indique des compagnonnages.

Au centre une filiation Chrysostome - Bernières – Bertot – Guyon.

S’appuyant solidement à droite sur une colonne en grande partie féminine de Marie des Vallées, Jourdaine, Mectilde.

La dernière colonne concerne de près la Nouvelle-France, elle est largement à compléter et nous sommes avec vous pour apprendre !

À gauche des amis un peu plus autonomes, dont Eudes et Renty.

À souligner :

-Près de trente figures choisies dans une foule dévote.

-La diversité des appartances (en italiques). De g. à dte et de ht en bas : jésuite, bénédictin, laïc, franciscain, laïque, ursuline, pour la seule première ligne. On y ajoutera la diversité franciscaine : TOR, capucin, récollet ; un prémontré, de simples prêtres…

Cette diversité explique une difficulté rencontrée jusqu’à aujourd’hui pour rendre compte de leur importance : pas de définition claire, pas d’Ordre fédérateur permettant une identification claire d’un objet d’études – s’ajoute l’ombre portée par la condamnation du quiétisme en 1699.



FILIATIONS ET AMITIÉS MYSTIQUES

Explorons les figures dans l’ordre chronologique de leurs naissances. On ne pourrait que perdre le parfum intérieur c’est-à-dire l’essentiel en les rassemblant sous des habits communs d’appartenances religieuses ou de corps de pensée ou sous des thèmes fédérateurs issus par exemple de l’école historique des Annales.

Nous laissons pour l’instant de côté les deux grandes figures apparemment excentrées (au moins pour les Français du centre du Royaume !) de « sœur » Marie des Vallées et de Marie de l’Incarnation (« du Canada »).

Jourdaine de Bernières (1596-1645), la fondation et l’histoire d’un couvent d’ursulines.

Attachée à son frère cadet, Jourdaine sauvera sa mémoire, non sans rencontrer des contrariétés éditoriales. Son frère allait souvent parler à la communauté des ursulines et le bâtiment de l’Ermitage était situé « aux pieds » du couvent c’est-à-dire à son service (en fait dans sa cour, au même niveau).

Sur Jourdaine et la vie de « son » couvent, nous disposons de précieuses Annales du monastère de Ste Ursule de Caen établi en 1624… Ce long manuscrit sauvé par miracle 784 expose tardivement, mais avec intelligence sur la durée d’un siècle les vicissitudes vécues dans ce couvent ; en particulier les religieuses seront en butte à des jansénistes zélés, mais nous négligerons ce sujet. Nous citons plutôt que de gloser :

[La sainte famille Bernières]

Dès qu'elles [les religieuses destinées à la fondation] furent arrivées à Caen qui fut le sixième septembre 1624, on les conduisit à la maison que Mme de Bernières mère de la fondatrice avait mis par ses soins en état de recevoir les religieuses. Elles la trouvèrent garnie des meubles et autres provisions nécessaires, et quand il leur manquait quelque chose on n'allait pas plus loin que chez M. et Mme de Bernières qui fournissaient abondamment à tout, jusqu'à dégarnir un lit de taffetas cramoisi pour tendre le sanctuaire et faire un pavillon au Saint-Sacrement.

L'on sait quel fut leur fond de religion [à la famille Bernières], et avec quelle exactitude ils observèrent la loi du Seigneur. Il [le père de Jean] leur donna trois fils, le premier fut d'épée, et fit voir que la piété n'est pas incompatible avec les armes. M. D’acqueville (21) pris la robe et fut conseiller au grand Conseil. Il était d'une prudence et d'une probité extraordinaire, c'était le père des pauvres, et on peut dire que la charité lui procurera une mort prématurée, car étant maire de ville à Paris il voulut se procurer à la descente des bateaux remplis de soldats qui avaient des maladies contagieuses et pour […] les pressants entre ses bras pour les conduire à l'hôpital. Au retour il fut ?atteint de la même maladie dont il mourut. Pour Monsieur de Bernières de sainte mémoire qui était le troisième [fils], ses écrits le font assez connaître.

Cette maison que nos Mères occupèrent émit située en la rue Guilbert, elles y furent 12 ans tandis que sans interruption on travaillait à bâtir celle où nous sommes présentement.

[Notre très honorée fondatrice Jourdaine de B.]

Dans son couvent des Ursulines, construit magnifiquement en 1624 avec l’argent de la famille,

Ce jour [d’engagement] qu'elle disait le plus heureux de sa vie fut le 30e de novembre 1626. (27) Elle ne voulut pas l'avancer d'un moment quoiqu'on lui offrit de faire venir une dispense de Rome aisée à obtenir eu égard à son âge, à ses talents […] La providence qui l'avait choisie pour gouverner cette maison en fit un exemple de régularité, d'obéissance, d'humilité. […] (28)

Après sa profession, on la vit courir sans relâche dans les voies de la perfection, et elle y fit de si grands progrès que peu de temps après, on l'établit maîtresse des novices […] Elle était si remplie de Dieu et avait tant de grâce pour en remplir les autres, que dans les instructions particulières et les exhortations générales, ces novices étaient pénétrés de la force et de l'onction de l'esprit qui parlait par sa bouche…

[La peste et la retraite dans une maison des Bernières]

La peste qui désolait les environs de la ville de Caen entra dans notre maison, et y attaqua une sœur converse qui venait de faire profession. Aussitôt que cette pauvre fille sentit son mal, elle fit prier la mère de Sainte Ursule [Jourdaine] d'aller la trouver dans un lieu écarté. S'y rendant promptement et la malade lui ayant expliqué l'état où elle se trouvait la supplia de ne point approcher d'elle, disant qu'elle croyait que c'était la peste. Mais la charitable maîtresse sans s'effrayer du péril voulut voir l'endroit où elle paraissait […] et malgré les vomissements et les autres accidents qui tourmentaient cette fille, elle resta auprès d'elle tout le temps nécessaire pour la consoler et l'encourager à bien soutenir cette épreuve du Seigneur. Elle s'offrit même de l'assister jusqu'à la mort si on le lui voulait permettre. 16-(34) 785 la mère supérieure avertie de cet accident fit visiter la malade ; et dès qu'on eut aperçu que c'était la peste, elle fut séparée de la communauté avec deux religieuses une de chœur et une converse qui s'offrirent volontairement pour la garder.

Cependant les supérieurs jugèrent qu'il fallait transporter la malade hors la ville avec ses gardes, il s'agissait de trouver un lieu, chose qui n'était pas facile. Ce fut singulièrement en cette occasion que Monsieur de Bernières fit paraître la tendresse qu'il avait pour sa fille et pour sa chère communauté.

Il prêta donc une maison de campagne à demi-lieue de la ville pour y retirer la malade et celles qui l'assistaient, ou il eut soin de les faire visiter et consoler, en ne les laissant manquer d'aucune chose surtout des secours spirituels. M. le prieur de ?Venoix administra les sacrements à la malade, et communia plusieurs fois les deux religieuses qui étaient auprès d'elle. 17-(35) La malade mourut bien secourue en toutes manières. Celles qui l'assistaient n'eurent aucun mal, et revirent enrichies des mérites que leur charité leur avait acquis, faisant voir qu'on a rien à craindre où Dieu nous veut. Toutes les autres furent aussi préservées, mais ce ne fut pas sans de grandes attentions, et bien des mouvements.

On jugea nécessaire de faire sortir un grand nombre de novices, et toutes les pensionnaires, avec plusieurs religieuses pour les conduire. Monsieur de Bernières continuant ses bontés prêta une autre maison de campagne bien meublée et propre à les recevoir, mais par malheur il n'y avait point de chapelle ni de lieu propre à en servir. Elles furent obligées de faire leur oratoire sous une charterie qu'on orna le mieux qu'il fut possible. Là, comme dans le plus magnifique temple, on disait tous les jours la sainte messe. 18-(36) Elles y communiaient régulièrement deux fois la semaine, un père de la compagnie de Jésus, à qui en avait eu recours dès l'établissement allait entendre leur confession sous les ?vendredi. L'office divin y était récité aux heures marquées avec autant de piété que dans nos églises. Je ne peux cependant passer sous silence une particularité réjouissante […] leur sérieux y fut mis plus d'une fois à l'épreuve, par l'ignorance d'un homme qui leur servait de sacristain, lequel ne savait des réponses de la messe que le seul mot d'amen qu'il plaçait partout, de sorte qu'une religieuse était obligée de la répondre…

Apparaît ici la très discrète et austère Mère Michelle Mangon, grande spirituelle amie du Père Chrysostome:

[La Mère Michelle Mangon]

19-(37) La Mère supérieure avec celles qui étaient restées au couvent firent tout ce qui était nécessaire pour en ôter le mauvais air, et rappelèrent les fugitives qui avaient un empressement extrême de se réunir à elles. Le désir qu'eut la mère de Sainte Ursule de rester dans sa chère clôture fut si grand, et son détachement du monde si parfait, que passant auprès du logis de M. son père et de Madame sa mère, elle ne voulut point descendre du carrosse pour y entrer, quelque instance qu'on lui en fit, et quelque bonne que parussent les raisons qu'on lui disait. Elle crut qu'il n'en était point qui ne dussent céder à l'intention qu'elle avait de donner un exemple à la postérité. En effet le sien eut tant de pouvoir sur toute sa compagnie 21-(38) qu'aucune novice ne se voulut séparer des autres quoiqu'elles en fussent fortement sollicitées par leurs parents, mais rentrèrent toutes ensemble dans leur maison avec beaucoup de joie de voir réunies pour louer et remercier Dieu qui les avait préservés…

[Maximes de Jourdaine]

Jourdaine devint supérieure du couvent dès 1630. Elle fit montre d’une belle autorité qui pouvait s’accompagner de conseils pittoresques : ainsi à propos d’une novice à éprouver, écrit-elle : « Mettez-la à bouillir… »786.

Voici quelqu'une de ces maximes qu'on a eu soin de recueillir comme très propre à maintenir le bon ordre […] Qu'avons-nous à faire, disait-elle, de nous embarrasser du monde, il nous quitte plus volontiers que nous ne pensons. Ne nous faisons de sorte que le moins que nous pourrons. L'enceinte de nos murs peut suffire à notre béatitude. (51)-33 […] soyons religieusement observatrice du silence, et si attentives sur nos paroles que nous puissions compter les inutiles pour en rendre compte, puisque Dieu nous le demandera un jour. Le silence d'action n'est pas moins nécessaire pour se maintenir dans le recueillement. Cinquièmement ne manquons jamais à faire la retraite annuelle, les affaires temporelles n'en souffriront rien. Et soyons fille d'oraison, nous en serons plus utiles au prochain.

[Jourdaine et Chrysostome]

161 Cependant quelque soin qu'elle ait pris de se dérober à nous cacher les ferveurs et les grâces singulières qu'elle a reçues dans ses communications avec Dieu nous en pouvons apprendre quelque chose par son commerce de lettres avec le révérend père Chrysostome pénitent directeur de Monsieur de Bernières qui était à son égard, ce qu'était à Sainte Thérèse ce bon gentilhomme dont elle parle si souvent. Comme elle n'avait rien de secret pour lui, et que réciproquement il lui faisait part des lumières qu'il recevait si abondamment dans son oraison, ils se trouvèrent des rapports de grâce et de lumière qui les réunit tous la même conduite. La mère de la Conception [Jourdaine] lui donnait par écrit sa manière d'oraison, ses vues de perfection, ses sentiments intérieurs, les dons et les grâces dont Dieu l'honorait, particulièrement dans ses retraites, ses peines ses doutes, etc. et en un mot tout ce qui se passait de bon et de mauvais dans elle, comme le font toutes les âmes fidèles à se faire conduire sûrement dans les voies de Dieu ; monsieur de Bernières en consultait le père Chrysostome et ce sont ces réponses à une ursuline qu'on 162 trouve dans son livre des maximes et lettres spirituelles qui nous font connaître quelques traits de sa vie intérieure dont elle n'a laissé que peu d'écrits…

Ce fut elle qui obtint de leur saint directeur la communication des écrits de Monsieur de Bernières. M. Roquelay son fidèle secrétaire eu ordre de les lui ?remettre entre les mains, et comme elle était alors supérieure, elle les fit transcrire par les mains de sœur Charles et de Jésus. Nous en conservons deux tomes in-folio [malheureusement perdus], d'où l'on a extrait les deux parties du Chrétien intérieur qui ont été imprimées.

[Jourdaine âgée élue pour la troisième fois]

… il s'agissait des intérêts de Dieu et de la religion, […] C'est ce qui lui fit refuser avec une fermeté inflexible deux religieuses du Port Royal, qui lui furent envoyées avec une lettre de cachet en l'année 1663. Elle les retint hors la clôture, tandis qu'elle envoya un exprès à Bayeux porter une lettre à monseigneur l'évêque rempli de si bonnes raisons pour se défaire des deux religieuses 149 qu'enfin elle gagna sa cause, elles furent envoyées ailleurs. […]

Elle a passé les jours et une partie des nuits à écrire des lettres pour envoyer au bout du monde à de saints missionnaires, avec lesquels elle avait des correspondances pour moyenner avec eux la conversion des peuples sauvages du Canada et de L'hybernie. […150] Il n'y avait rien de plus aimable que son commerce de lettres avec les personnes qui passaient dans la Nouvelle-France pour y cultiver ces jeunes plantes de l'Évangile qu'on y élevait, lesquelles se sentant redevables à ses bienfaits, lui faisaient des remerciements suivant leur génie capable de toucher et mettre en mouvement un aussi bon cœur que le sien.



Jean de Bernières (1601-1659)

>> Jean de Bernières, Le Chrétien intérieur, textes choisis suivis des Lettres à l’Ami intime, Texte établi et présenté par Murielle et Dominique Tronc, Paris, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2009, 200 pages. [septième livre du Chrétien intérieur et « Lettres à l’Ami intime ».]

>> Jean de Bernières, Œuvres Mystiques I, L’Intérieur chrétien suivi du Chrétien intérieur augmenté des Pensées, Edition critique avec une étude sur l’auteur et son école par Dominique Tronc, Ed. du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2011, 518 pages.

>> Jean de Bernières, son influence sur l’histoire de la spiritualité », 381-421, & « Des éditions anciennes aux éditions contemporaines », 583-588, in : Rencontres autour de Monsieur de Bernières (1603-1659) Mystique de l’abandon et de la quiétude, coll. « Mectildiana », Editions Parole et Silence, 2013, 594 pages. [ce collectif assemblé par J-M. Gourvil & D. Tronc regroupe les contributions de dom T. Barbeau, J. Dickinson, J.-M. Gourvil, I. Landy, dom J. Letellier, B. Pitaud, J. Racapé, dom E.de Reviers, D. Tronc, A. Valli.]

>> Jean de Bernières, Œuvres Mystiques II, Correspondance, Edition critique présentée par le P. Eric de Reviers, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques ». [à paraître prochainement]

§

Il utilisa sa fortune à la fondation d’hôpitaux, de missions et de séminaires. Insensible aux différences sociales (il traite son serviteur en frère spirituel), il n’obéissait pas aux règles de l’époque concernant son rang :

Il paye de sa personne, car il va chercher lui-même les malades dans leurs pauvres maisons, pour les conduire à l’hôpital [...] porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice. [...] Il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui787.

Le Directeur spirituel

Dans ses Lettres à l’ami intime788, Bernières se dévoile, car bien que son ami prêtre Jacques Bertot soit plus jeune il lui parle à cœur ouvert des états les plus profonds vécus dans ses dernières années :

Je ne puis vous exprimer par pensées quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre […] Plus Dieu s’élève dans le centre de l’âme, plus on découvre de pays d’une étendue immense, où il faut aller, et un anéantissement à faire, qui n’est que commencé : cela est incroyable, sinon à ceux qui le voient en Dieu même, qu’après tant d’années d’écoulement en Dieu, l’on ne fasse que commencer à trouver Dieu en vérité, et à s’anéantir soi-même…789.

Jean pratique un abandon intérieur qui ne l’empêche pas d’être très actif et en premier lieu de diriger ceux qu’il attire. Ce « directeur des directeurs de conscience790 »  parle avec humour d’un « hôpital » un peu particulier qui accueille des hôtes de passage, maison qu’il a fait construire « au pied791 » du couvent de Jourdaine :

Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger a avec moi que des pauvres spirituels […] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes 792.

Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir ; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison 793.

Dans une lettre du 29 mars 1654, il précise ainsi le but d’une association pour laquelle il a construit un foyer d’accueil :

C’est l’esprit de notre Ermitage que d’arriver un jour au parfait néant, pour y mener une vie divine et inconnue au monde, et toute cachée avec Jésus-Christ en Dieu.

Nous achevons sur l’histoire d’

Une œuvre reconstituée et influente.

Jean de Bernières n'a écrit que des lettres et quelques notes personnelles prises au cours de retraites. On a fabriqué en les assemblant avec toute la liberté permise à l’époque L’Intérieur Chrétien, puis dès l’année suivante Le Chrétien Intérieur. Ce dernier titre entreprend une glorieuse carrière : « Le Chrétien Intérieur […] publié en 1661 […] atteint dès 1674 sa quatorzième édition et la même année le libraire Edme Martin estime qu’il en a vendu trente mille exemplaires794 ».

Le texte atteint un public très large, car il est facile à lire. Il est plein d’onction. Un choix orienté par l’éditeur-corédacteur d’Argentan adapte le mystique à l’esprit de son temps. Aussi le titre se retrouve dans des bibliothèques même réduites. Ainsi 

« la veuve de Pierre Helyot795 [] détient les Fleurs des saints en deux volumes in-folio, le Chrétien Intérieur de Bernières-Louvigny, une Explication des cérémonies de la messe et une quinzaine d’autres petits livres de dévotion dont [] une préparation à la mort »796.

L’Intérieur Chrétien (1659) est devenu Le Chrétien intérieur, ce dernier lui-même faisant l’objet de deux versions : « primitive » de 1660 et « tardive » de 1676 797. Succèdent des Œuvres spirituelles (1670) distinctes et fiables, enfin on ajoute aux Chrétiens des Pensées (1676). Des rééditions modernes sont disponibles ou en cours 798.

La grandeur mystique du trajet de l’abjection à l’abandon est évidente par la mise en ordre chronologique de la correspondance. Jean a réussi à rester très caché dans sa vie personnelle, mais de récentes contributions soulignent les multiples influences qu’il a exercées 799.

L’Ermitage

Reprenons ici la suite de citations des Annales du couvent  en commençant par ce qui concerne la pierre angulaire de l’Ermitage – réduit après un nettoyage post-quiétiste illustré par la reproduction figurant au verso de ce feuillet et qui s’ouvre par :

Il ne faut pas oublier la maison reconnue l'Ermitage que Monsieur de Bernières frère de notre révérende mère fondatrice fit bâtir dans l'avenue qui conduit de notre cours du dehors. [Barré : la communauté avait acheté le fond ?450 ? livres] ce bâtiment fut commencé en 1646 et achevé en 49. La communauté avait acheté le fond ?[illis.]? livres. Et il donna ?2000 ? [illis.] [barré : à la communauté] en demandant de [illis.]pendant sa vie dont il fit part à plusieurs ecclésiastiques qui demeuraient avec lui. Monseigneur de la Boissière qui a été évêque dans les pays étrangers M. Bertot qui a été notre supérieur en fût le second…

Large omission dans la copie du XIXe siècle de tout ce qui suit 800. À partir d'ici le bas de page est barré ainsi que la page suivante, deux fois en croix !

110 …M. Roquelé [add.: secrétaire de Monsieur de Bernières] que nous pouvons mettre au nombre de nos bienfaiteurs y demeura longtemps. Il nous laissa en mourant non seulement une grande idée de ses vertus, mais encore de grands témoignages de son attachement pour la communauté, à laquelle il donna 1000 écus pour fonder une messe à perpétuité, dont celle du lundi, se dit pour la dernière décédée sur l'autel privilégié. De plus il nous envoya tous ses livres qui ont bien augmenté notre bibliothèque. Il nous donna aussi de

111 que [sic]…

Changement de main et discontinuité du sens : feuillet[s] enlevé[s] ? La numérotation est continue : 110-111, et donc postérieure au ms. lui-même plus ancien que sa copie du XIXe siècle citée en note. Le texte suit ainsi :

…que M. de Gavrus prenait la place de son ?saint oncle se retirât dans cette maison avec plusieurs gentilshommes pieux et détachés du monde comme lui, pour y faire revivre l'esprit de son saint fondateur. Le premier n'en sortait que pour visiter les ouvriers qu'il faisait travailler à l'église de l'hôpital général dans le qu'il avait la conduite, dès qu'elle fut ?rehaussée de bâtir, Dieu l'attira à lui, il en fit le lieu de sa sépulture et demanda d'être mis à l'entrée de la poste.

Messieurs de ?Moneanisi de Dampierre et Dargences leur succédèrent, ajoutant à la vie solitaire et intérieure des premiers hermites au milieu d'une ville, ce que la charité peut faire de plus utile pour le prochain ; qui est le service des pauvres. Ils pansent leurs plaies, les soignent et leur donnent toute sorte de médicaments ne trouvant point de plus grandes douceurs dans leurs travaux que le soulagement qu'ils donnent au plus dégoûtant.

Commençons une revue de figures remarquables associées à l’Ermitage en suivant l’ordre chronologique. Certaines sont à l’origine du grand mouvement mystique qui couvre plus de deux siècles en plusieurs branches d’un « delta spirituel » : branche canadienne par Marie de l’Incarnation et Mgr de Laval, branche religieuse de l’ordre des Bénédictines du Saint Sacrement fondé par Mectilde-Catherine de Bar, branche « quiétiste » animée par monsieur Bertot puis par madame Guyon et Fénelon… Sans oublier la congrégation des Eudistes dont la dépendance vis-à-vis de l’Ermitage est moindre.

M. Rocquelay prêtre (-1669)

Outre le passage que nous venons de citer, les mêmes Annales rédigées jusqu’en 1738 peuvent mettre plus aisément le secrétaire de Bernières en valeur que ce dernier qui a fait l’objet d’une condamnation post-mortem :

159.. Je trouve en 1665 une donation de cent livres de rente, fait à cette communauté par M. François Roquelay prêtre secrétaire et intime ami lequel voulant montrer de plus en plus sa singulière affection qu'il avait pour nous, il donna encore l'année suivante la somme de 2200 livres, le tout avec des conditions très avantageuses qui sont écrites dans les registres. Le chapitre s'engagea par reconnaissance à le faire participant de toutes nos prières et bonnes œuvres, et après sa mort, les mêmes messes communions et offices comme pour nos sœurs décédées.

Jean Eudes (1601-1680), missionnaire.

Jean Eudes est du même âge que Jean de Bernières et leur amitié durera longtemps. Il illustre l’esprit actif de tous les membres de l’Ermitage  et le « préquiétiste » Bernières s’usera plus vite encore à la tâche

Originaire d’une famille paysanne, Jean Eudes entre à l’Oratoire et se distinguera par son assistance héroïque aux pestiférés qui sont isolés par peur de la contagion. Son biographe moderne nous explique : « Jean Eudes voulait assister les malades : il ne pouvait donc rester dans les quartiers encore sains. Il décida de vivre comme ceux qu’il aidait. On les isolait dans les prés, abrités dans de grands tonneaux […] dans la vallée de l’Orne, les prairies Saint-Gilles appartenant à l’abbaye aux Dames […] c’est là qu’il priait, dormait, mangeait ; et l’abbesse, nous dit-on, venait elle-même lui servir ses repas 801. »

Jean Eudes consacre ensuite son activité aux missions, évangélisant des diocèses normands 802. Il quitte l’Oratoire pour pouvoir fonder une congrégation en vue de former des prêtres et prend en charge plusieurs séminaires, malgré l’opposition de ses anciens confrères appuyés par des jansénistes. Il trouve « lumière et encouragement » chez Marie des Vallées - on lui doit notre principale source sur elle, le fameux manuscrit de Québec - ainsi qu’auprès de Bernières et de Renty.

Pour lui « l’amour, vie de Dieu, est l’alpha et l’oméga de toute réalité […] chacun est aimé sans mesure, d’un amour unique ». Notre cœur - symbole d’amour et d’intériorité mystérieuse qui fait « un seul être de tous les membres du corps mystique » - est fait pour « une très simple vue de Dieu, sans discours ni raisonnement ». Le sens profond que prend pour lui le mot « cœur » est remarquable, avant que ce terme d’origine physiologique, caractéristique du temps où l’on plaçait notre centre dans cet organe ne soit dévalué par des sensibilités imaginatives. C’est un symbole d’intériorité et d’amour.

Regardez votre prochain […] comme une chose qui est sortis du cœur et de la bonté de Dieu , qui est une participation de Dieu, qui est créée pour retourner en Dieu 803.

Jean Aumont (1608-1689), pauvre villageois.

Autre disciple de Jean-Chrysostome de Saint-Lô, laïc membre du Tiers Ordre, Jean Aumont vécut dans le monde : il possédait peut-être un petit vignoble à Montmorency 804. Il fut en relation assez étroite avec Catherine de Bar : le « bon frère Jean » aurait été envoyé en exil en 1646 par suite de son ardeur à propager les maximes de Jean-Chrysostome mort la même année (ceci laisse entrevoir des tensions fortes entre ces mystiques et leur entourage). Il est « tellement rempli de la divine grâce à présent, qu’il a perdu tout autre désir. Il se laisse consommer » dit-elle. Il rencontrera de nouveau Catherine à Caen en 1648 et à Paris en 1654.

Il nous a laissé un livre atypique 805, beau, original et savoureux, dont les illustrations (de même que les images publiées par Querdu Le Gall 806) ont fait la joie de Bremond lorsque celui-ci présenta « le vigneron de Montmorency et l’école de l’oraison cordiale ». Dans L’Agneau occis dans nos cœurs (1660) l’auteur est parfois trop abondant et imaginatif et son style est rocailleux 807. Mais il recèle de grandes beautés et témoigne d’une « intelligence extrêmement vive, pénétrante et limpide au didactisme le plus subtil 808. »

Cet homme apparemment si simple avait atteint les profondeurs de la vie en Dieu : il nous transmet son élan qui fait fi de tous les obstacles. L’ouvrage rare n’ayant jamais été réédité et reflétant avec originalité de suggestives représentations propres à l’ancienne astrologie médiévale, nous en livrons ici d’assez longs extraits. Tout d’abord une vive analogie imagée :

Mais dites-moi de grâce si quelqu'un enfermé en votre cave, et frappant à la porte pour se faire ouvrir, vous alliez cependant au plus haut et dernier étage la maison demander qui est là : vous n'auriez sans doute aucune bonne réponse, car la grande distance du grenier à la cave ne permettrait pas que votre ‘Qui va là ?’ fût entendu. Mais peut-être que cette personne-là n'ayant pas encore bien appris tous les lieux et endroits de la maison pourrait bien être excusée d'aller répondre au grenier quand on frappe à la porte de la cave, et ignorant principalement ces bas étages et lieux souterrains : c'est pourtant d'ordinaire où l'on a de coutume de loger le meilleur et le plus excellent vin ; mais assez souvent l'on se contente d'y envoyer la servante sans se donner la peine d'y descendre soi-même pour en puiser à son aise et se rassasier. Je veux dire que Dieu étant l'intime de notre intime 809, il frappe à la porte de ce fond et plus profond étage de nos âmes, et que partant il y faut descendre en esprit et par foi pour y écouter en toute humilité ce qu'il plaira à Sa divine Majesté de nous y ordonner pour son contentement, et ne nous pas contenter d'y envoyer la servante de quelque chétive considération, laquelle ne peut descendre jusqu'au caveau de l'Époux, mais seulement sans s'abaisser elle demande du faîte de la maison qui est là. […]

Voici donc, âmes chrétiennes, que tout le secret et l'importance de l'affaire de notre salut est qu'il faut bien apprendre et bien savoir une bonne fois pour toutes notre vie, que toute la beauté, le trésor et les richesses de l'âme chrétienne sont par dedans elle-même, et que c'est par ce dedans que Dieu nous frappe, et nous appelle d'une voix de père et de cordial ami 810.

Il faut enfin entrer, et se retirer en esprit, en foi et en amour dans notre église intérieure, d’étage en étage, de degré en degré, et de dedans en dedans jusques dans le sanctuaire divin. Et là l’âme toute ramassée et réunie en elle-même, et toute réduite à son point central, et toute passive et abandonnée aux impérieux débords du divin [31] amour, qui la pénètrent au-dedans et qui la revêtent et investissent de divinité, et ainsi, l’âme croissant en amour croît aussi en lumière…

[33] Enfin il faut avouer que Dieu aime infiniment le cœur humain, au fond duquel est la capacité amatique [d’aimer] propre à recevoir ce Dieu d'amour dans le fourneau de sa volonté : car comme Il est infiniment aimant, Il cherche des cœurs qui se veulent donner tout entier en proie à son divin amour afin que, les en ayant tous remplis jusques à en regorger, ils le puissent aimer en sa manière infinie avec son même amour.

Il faut passer au-delà du fonctionnement « dans la tête » :

[57] C'est la maladie naturelle de l'homme de vouloir être homme raisonnant et à soi sans démission ; et roulant dans sa tête le chariot naturel de ses pensées, il se figure une foi plus imaginaire qu'infuse, et partant plus acquise que donnée, et ainsi avec certaine pratique spirituelle et non intérieure, puisqu'il ne tend pas en dedans au fond du cœur, mais demeurant seulement dans la nature du propre esprit bien policé et prudemment exercé par les temps, les lieux, les motifs, les actes, les sujets et les raisonnements sur tout cela ; et cependant on ne s'avise pas que l’on tient continuellement le dos tourné à Dieu et à ce divin soleil intérieur qui luit au fond de nos âmes, et dont ils ne sont point éclairés, parce qu’ils se tiennent la face de l’âme tournée en dehors sur leurs actes, sur les points et motifs des sujets et objets de leur méditation avec la roue du raisonnement, tout ainsi qu’un écureuil enfermé dans une cage en forme de roue qui court sans cesse à l’entour de soi-même, et n'entre jamais dedans, et ne cessant de tournoyer sans rien avancer, ni bouger d'un pas, ni sortir de sa place, ni même changer de posture ; ainsi fait l'homme qui cherche Dieu à la naturelle ne cessant de rôder, et tournoyer à l'entour de la roue de ses propres raisonnements

Voici un développement à partir de belles images qui relie les forces intérieures à des figures astrologiques communes à une culture évangélique populaire :

De la souveraineté de la Foi sur toutes les lumières infuses les plus sublimes811.

…Dieu n'a rien fait que de parfait. Et comme il est en soi et de soi lumière éternelle, il va éclairant et illuminant toutes ténèbres, soit par lui-même, ou par causes secondes. D'où vient qu'il a posé au ciel de notre âme ses deux grands corps lumineux, la Foi et la Charité, pour y verser leurs influences et ordonner toutes les saisons. Et partant, la Foi nous y est comme une belle Lune, qui va nous éclairant parmi cette vastitude immense et ténébreuse qu'il y a à passer entre Dieu et nous ; et elle nous a été donnée de Dieu tout ainsi que l'Étoile d'Orient fut donnée aux Mages pour les conduire sûrement, et les éclairer pour chercher et trouver ce tendre Agneau de Dieu dans son palais de Bethléem, où elle disparut et s'éclipsa à l'abord de ce beau Soleil lumineux de l'Orient (403) éternel, tout nouvellement levé sur notre horizon pour y éclairer les épaisses ténèbres de la gentilité. Ainsi la Foi comme une belle lune attachée au ciel de notre esprit va éclairant et vivant parmi tous les étages de ce monde spirituel de degré en degré.

Mais tout ainsi que l'Étoile d'Orient disparut aux Mages lors de leur entrée en Jérusalem, de même [il] en arrive à l'âme recueillie et ramassée au fond de sa Jérusalem intérieure, de là où se lève ce grand corps lumineux de la Charité ; lequel comme un beau Soleil éclatant, ardent et tout lumineux et embrasant, fait éclipser la Foi pour ce moment par son abord enflammé, opérant et impérieux, et qui réduit et réunit toute lumière en son principe. En sorte que pendant ses grandes irradiations embrasées de la Charité dont l'âme est tout investie, pénétrée et abîmée en cet océan divin, la foi n'y paraît point pendant l'opération, quoiqu'elle y soit beaucoup plus noblement, et plus lumineuse, et comme vivifiée et éclairée de la Charité, qui fait la vie de sa lumière. Et tout ainsi qu'au lever du soleil toute la lumière des Astres s'éclipse, de même à l'abord du Soleil de la Charité, toutes les vertus comme lumières participées de ce grand corps éclatant et flamboyant de ses divines ardeurs, s'éclipsent pendant le temps et le moment de cette irradiation. Quoique la Foi s'éclipse et disparaît durant ces lumineuses irradiations de la Charité, elle ne laisse pas d'être toujours dans l'âme, même tenant le dessus sur toutes les lumières de la Charité, parce que nous croyons infiniment plus de Dieu par la Foi qu'il ne nous en est manifesté par ces excessives lumières d'amour.

L’ambition spirituelle est une qualité lorsqu’elle est bien comprise, affirmation qui est bien loin du dolorisme et que l’on entend rarement à l’époque :

[454…] Âme chrétienne, voulez-vous contenter votre démangeaison d'être ? Eh bien, soyez à la bonheur, mais en Jésus-Christ ; et ne soyez point jamais ailleurs ; car ce que vous ne pouvez être vous-même par nature, vous le pourrez être en Jésus-Christ par la foi, par sa grâce, et par son amour, et en vous rendant intérieurement à lui au fond de votre cœur : tout ce que vous ne pourrez apprendre ni atteindre par votre propre esprit, vous le pourrez savoir et appréhender par l'Esprit de Jésus-Christ. Car le Saint-Esprit donné à l'âme va anéantissant la créature pour la rendre en lui, et la faire grande et solidement savante. Non toutefois en comprenant ou atteignant par nous-mêmes les divins Mystères, mais en nous laissant comprendre à eux, ils nous conduisent et nous font entrer en Dieu, d'où ils sont sortis, et nous y font être créature nouvelle…

La souveraine liberté réside dans l’adhérence au divin attrait :

Et comme cet écoulement de l'âme en la Divinité est prévenu d'un puissant attrait intérieur, cela fait que l'on dit ne pas agir, quoique pourtant l'âme agisse toujours, mais d'une manière si simple et si libre qu’il ne paraît point à l'âme qu'elle agisse. Et à la vérité elle n'agit que d'un acte très simple, qui consiste en attention ou en adhérence au divin attrait ;

[…] il faut donc approcher de Dieu en esprit et par foi. Mais où, chères âmes ? C’est au fond de votre cœur, là où vous vous devez retirer en silence et humilité, pour y recevoir l’illustration du pur Amour dans le miroir intérieur de votre âme, duquel rayon lumineux et clarifiant, est réimprimée en votre âme la divine ressemblance, laquelle vous ouvrira le droit héréditaire à l’héritage du Père ; et partant entrons dans le cabinet de notre cœur et y établissons notre demeure au plus profond de ce mystérieux désert [...] solitude qu’elle porte partout avec elle, où elle se peut retirer comme dans un monastère naturel, vivant et portatif

[603] Se tourner à l’opposite sur l’exercice naturel des puissances et s’en façonner des notions, raisonnements et affections, c’est de propos délibéré se façonner des idoles spirituelles, auxquelles on défère plus qu’à Dieu

Gaston de Renty (1611-1649)

Gaston de Renty 812 reçut l’éducation d’un grand seigneur, se distingua en mathématiques et sciences naturelles, entra à dix-sept ans à l’académie militaire, fut marié à vingt-deux ans : le couple aura deux fils et deux filles. Il publie à vingt-huit ans un traité de la sphère céleste, une géographie, un manuel de fortification. « Tous les éléments d’une réussite mondaine sont réunis » - mais il veut se faire chartreux !

Découvert et ramené à Paris, il s’occupe de reconstruire des églises ! Sa mère, dont les projets sont ainsi ruinés, le poursuivra de procédures pour lui disputer l’héritage paternel. Il trouve le cadre de son action dans la Compagnie du Saint-Sacrement dont il est un supérieur exemplaire de 1639 à sa mort, multipliant les fondations charitables. Se levant à cinq heures, il peut également diriger des carmélites, une ursuline, une fille de Saint-Thomas, la présidente de Castille ; il fonde avec Henry Buch les Frères cordonniers en 1645, puis les Frères tailleurs. « Dans Paris inondé, glacé et assiégé, il porte lui-même du pain à des pau­vres honteux dans des quatrièmes étages813. »

Son influence sera considérable au XVIIIe siècle, en particulier sur le fondateur du méthodisme John Wesley qui l’étudie lors de son séjour dans la Géorgie lointaine et qui tire un Abrégé très élaboré de sa Vie 814, ainsi que sur le quaker W. Penn, sur le groupe mystique guyonien d’Aberdeen, etc.

Ses lettres témoignent d’un profond équilibre spirituel et d’une grande paix, ce que ne laissait pas deviner sa biographie 815.

…tant s'en faut qu’elle [la grâce] nous restreigne à deux conditions qu'au contraire elle les sanctifie toutes. … Et je crois que ce serait une très grande erreur de vouloir faire changer une personne de son état et de sa condition pour lui faire trouver la perfection … Car il faut savoir que la grâce ne détruit pas la nature, mais la perfectionne 816.

…vrai renoncement de soi, qui consiste à ne se servir plus de sa propre prudence, prévoyance, ni de la capacité de notre esprit, mais met l’âme nue et dépouillée de tout dans l’abandon et la tutelle de l’esprit de son Dieu qui lui suggère en chaque temps et action ce qui est à faire et est son mouvement et sa vie; mais cet état doit être accompagné de paix, et d’une grande adhérence à Dieu dans son recueillement 817.

La paix mystique l’habite, il ne sait que suivre le mouvement de la grâce quand il s’agit de s’occuper d’autrui :

Pour ce qui me regarde, je n’ai pas grand-chose à dire. Je porte par la miséricorde de Dieu un fond de paix devant lui en l’esprit de Jésus-Christ, dans une expérience si intime de la vie éternelle, que je ne la puis déclarer: et voilà où je suis le plus tiré, mais je suis si nu et si stérile, que j’admire la manière où je suis, et en laquelle je parle. Je m’étonnais, comme parlant à la personne susdite, je commençais un discours sans savoir comme je le devais poursuivre, et disant la seconde parole, je n’avais point de vue de la troisième et ainsi des suivantes. Ce n’est pas que je n’aie la connaissance entière des choses en la manière que j’en suis capable, mais pour produire quelque chose au dehors, cela m’est donné et comme on me le donne, je le donne à un autre, et après il ne me reste rien que le fond susdit 818.

L’unité ou communion des saints est une réalité perçue ici-bas :

Il y a environ dix ou douze jours que m’étant mis à mon ordinaire le matin à prier Dieu, je sentais en moi-même n’y avoir aucune entrée: je me tiens là humilié Lorsqu’il me fut donné à connaître qu’en effet j’avais l’indignité que je sentais, mais que je devais chercher en la communion des Saints mon entrée à Dieu J’eus connaissance pour lors que Dieu et Notre Seigneur ne nous formaient pas pour être tous seuls et séparés, mais pour être unis à d’autres, et composer avec eux par notre union un Tout divin. Comme une belle pierre, telle que serait le chapiteau d’une colonne, est inutile, si elle n’est au lieu où elle est destinée pour tout l’ouvrage, et jusqu’à ce qu’elle soit posée et cimentée avec tout le corps du bâtiment, elle n’a ni sa conservation, ni sa décoration, ni en un mot, sa fin. Cela m’a laissé dans l’amour et dans la liaison véritable et expérimentale de la Communion et de la communication des Saints 819.

Mectilde-Catherine de Bar (1614-1698)

>> Catherine de Bar 1614-1698 Mère Mectilde du Saint-Sacrement, Les amitiés mystiques de Mère Mectilde, un florilège, Dominique Tronc [en préparation)



Catherine de Bar fit profession chez les franciscaines Annonciades en 1633 820. Nommée supérieure, elle fuit avec ses religieuses la guerre et l’entrée des Français en Lorraine et trouve refuge au monastère des bénédictines de Rambervilliers, puis à l’abbaye de Montmartre où elle passe l’année 1641. Établie à Caen, elle rencontre Jean de Bernières et tout le groupe qui l’entoure, dont Jean Eudes et Marie des Vallées. À cette époque Bernières lui écrit avec rudesse : vous n'êtes pas pourtant dans cet état [de pur amour], car l'on vous chérit trop

Elle reconstitue sa communauté à Saint-Maur-des-Fossés près de Paris en 1643. Elle se confie alors au père-Chrysostome de Saint­-Lô, qui « trou­vait plus de spiritualité dans le petit hospice de Saint­-Maur que dans tout Paris. » Elle demeurera en correspondance avec Bernières821, de même que son nouveau confesseur Epiphane Louys (1614-1682), qui se liera également avec Bernières.

Elle traverse dans sa jeunesse les douleurs du vide :

3 juillet 1643. Monsieur, Notre bon Monsieur Bertot nous a quittées avec joie pour satisfaire à vos ordres. Il vous dira de nos nouvelles et de mes continuelles infidélités et combien j'ai de peine à mourir. Je ne sais ce que je suis, mais je me vois souvent toute naturelle, sans dispositions de grâces. Je deviens si vide et si pauvre, même de Dieu que cela ne se peut exprimer. Cependant il faut selon la leçon que vous me donnez l'un et l'autre que je demeure ainsi abandonnée laissant tout désir

13 novembre 1643. …Il n'y a rien dans mon cœur. Je suis pauvre véritablement, mais si pauvre que je ne puis exprimer 822.

C’est la préparation à une vie active accompagnant une longue montée spirituelle823.

Approfondissement.

Bernières meurt en 1659 tandis que Mectilde va vivre encore pendant 39 ans. L’ascension mystique se poursuit au milieu d’une perpétuelle activité de la fondatrice et de dures épreuves intérieures. Maladie et délaissement marquent les dernières années qui nous laissent les plus beaux témoignages mystiques :

Oui, mes enfants, dans l'abandon il y a une grâ­ce ineffable qui conduit l'âme jusque dans le sein de Dieu [...] Je trouve néanmoins qu'il y a encore quelque chose de plus dans le délaissement que l'âme fait d'elle-même. Car dans l'abandon nous nous avons encore en vue, mais dans le délaissement nous nous perdons [...] Il y en a très peu qui se délaissent, parce que les re­tours que nous faisons sur nos intérêts nous font re­prendre ce que nous avions abandonné. Et voilà comme j'ai appris le délaissement : mon imagination, après deux ou trois jours de ma maladie, me présenta à mon jugement, et Dieu me fit la miséricorde de me mettre dans un état d'abandon et de délaissement. En ce même temps, mon âme me fut représentée comme une chiffe, et je voyais cette chiffe toute marquée de Dieu. Cela me fit comprendre que Dieu voulait que je me délaissasse ainsi que l'on fait d'une chiffe, qu'à peine relève-t-on de terre, ou du moins si on la relève, ce n'est que pour la mettre en quelque coin, et non pour la serrer dans un coffre. En vérité, mes enfants, il fait bon être chiffe ! [...] Dieu m'a renvoyée afin que je commence à vivre en simplicité comme un enfant, tout abandonnée à lui sans retour sur moi.824.

Je me suis coulée comme un petit mou­cheron en Dieu […] Il y a plus de trente ans que je l'ai prié de me tenir sous ses pieds. J'ai été effrayée de voir l'amour infini de ce Cœur adorable envers les créatures. Il ne s'irrite point contre elles, pour tous les outrages qu'il en reçoit à tout moment. Au lieu de nous foudroyer comme nous le mériterions, il n'en a pas même de ressentiment. Il n'est pas vindicatif : toujours prêt à nous recevoir, il n'attend pas même que nous allions à lui. Il nous pré­vient par ses grandes miséricordes.825.

Une vie bien remplie. Influences.

Mectilde-Catherine de Bar fut active par de nombreuses fondations. Résumons-les : Institut de l’Adoration perpétuelle rue Cassette à Paris826 où les religieuses s’établirent en 1659, fondations de Toul (1664), agrégation de son monastère de profession de Rambervilliers (1666), agrégation à Nancy (1669), fondations de Rouen (1676-1678), d’un second monastère à Paris (1684), agrégation du Bon Secours de Caen (1685), fondations de Varsovie (1687-1688), de Châtillon (1688) et Dreux (1696)… La fondatrice est accablée et supplie ainsi en 1685 un Prieur en vue d’éviter sa réélection :

La crainte de retomber aux élections de la Prieure dans cette place que j’ai remplie si indignement, m’oblige de vous représenter Mon très Révérend Père que je ne trouve en moi aucune capacité de bien faire […] J’ai deux incommodité[s] qui s’y oppose[nt] ; la première est que n’ayant plus de dents je ne puis plus parler qu’avec une très grande peine et sans me pouvoir bien faire entendre, n’ayant pas la poitrine bonne je ne peux parler si haut, la seconde c’est que je suis assez sourd[e] […] Les infirmités de l’esprit sont beaucoup plus grandes…827

Usée à la fin d’une vie si bien remplie elle se confessa au P. Paulin, le supérieur du couvent du TOR de Picpus et le dépositaire des papiers de Bertot. Le jour de sa mort, vers six heures du matin, ce dernier lui de­manda : "Ma Mère, que faites-vous ? À quoi pensez- vous ?" Elle lui répondit par ces deux mots qui ouvrirent jadis sa mission de fondatrice et qu'elle redit si souvent depuis : "J'adore et me soumets".828

La mort de la fondatrice à plus de 83 ans précède de peu la création d’un monastère à Rome en (1703)829. De nos jours les bénédictines du Saint-Sacrement sont actives en France, Italie, Allemagne, Pologne, et veillent sur la mémoire de leur fondatrice830. Il s’agit d’une des trois rivières dont la source commune se situe à l’Ermitage de Caen : cet ordre de bénédictines, la communauté canadienne, la filiation mystique transmise par monsieur Bertot.

Résidant à la fin de sa vie au premier monastère de la rue Cassette dont elle était la supérieure, Mectilde-Catherine était connue et appréciée de Madame Guyon qui déclare à son confident831 :

« La Mère du Saint-Sacrement est celle dont je vous ai parlé, qui est l’Ins[ti]tutrice de cet ordre [des bénédictines du Saint-Sacrement], fut de mes amies et [est] une s[ain]te. »

Fénelon de son côté écrira à une religieuse à l’occasion de sa mort 832:

« Elle me disait, elle m’écrivait, qu’elle ne sentait pas la moindre révolte […] ‘Je sens’ (m’écrivait-elle l’année passée) ‘en moi une disposition si prompte à entrer dans tous les desseins de Dieu et agréer les états les plus anéantissants qu'aussitôt qu'il m'y met, je baise, je caresse ce précieux présent’ […] Conservez la simplicité […]que notre chère Mère [du Saint-Sacrement] vous a enseignée. » 

Disciples et filiation en France

Louis-François d’Argentan (1615-1680), capucin.

Le franciscain capucin Louis-François d’Argentan (1615-1680), accéda à de larges responsabilités au sein de son ordre 833. Il retient l’attention des admirateurs de Bernières à la suite de son activité opiniâtre d’éditeur-corédacteur. Ses réécritures bien adaptées à l’esprit du temps contribuèrent à faire connaître son maître 834. Son œuvre propre le montre abondant, mais pâle imitateur de Bernières835. Glanons toutefois chez lui un beau reflet du maître836:

« Ne considérez pas l’humanité seule, ni aussi la divinité seule séparément, ou l’une après l’autre [...]Si donc elle contemple l’une et l’autre ensemble, il faut qu’elle ait des images et qu’elle n’en ait point en même temps, et dans la même simple vue; ce qui semble impossible Il participe à nos faiblesses et nous participons à Sa force [...] vous Le contemplez souffrant et mourant en vous-même, bien mieux et plus distinctement que vous ne pourriez Le considérer endurant en Jérusalem et sur le Calvaire. » [I, 268-272].

Zélé éditeur de Bernières, à ses ajouts au sein d’éditions successives correspondent une baisse de la fidélité aux sources provenant de dictées, et par là de qualité, car d’Argentan était moins doué. Il a la grande honnêteté de nous le déclarer en évoquant ses propres écrits :

À mon grand regret, elles [ses propres Conférences Théologiques] n’allument pas, ce me semble, un si grand feu dans la volonté, parce qu’elles n’ont pas cette abondance de l’onction divine, qui se fait goûter par tout le Chrétien Intérieur … qu’il n’est pas en notre pouvoir de donner à nos paroles, si le saint Esprit ne répand sa grâce sur nos lèvres 837.

Il nous renseigne aussi avec candeur à nos yeux sur son travail de réécriture. Notre capucin souligne si bien la « fatigue » que ressentent d’honnêtes spirituels non mystiques à la lecture de textes abordant des états intérieurs sans figures !

« N'attendez pas dans ce petit livre [du Chrétien] une disposition si régulière, ni une liaison si juste des matières qu'il traite. Il [Bernières] ne parle pas pour instruire personne, il va où Dieu le conduit, et bien heureux qui le pourra suivre. Et ne m'accusez pas si je n'ai pas été si exact à écrire tout ce qu'il a dit sur un sentiment que j'ai quelquefois trouvé plus étendu qu'il ne fallait ; ou si j'ai d'autres fois ajouté quelques lignes du mien quand Dieu m'en a donné la lumière et que j'ai cru qu'il était nécessaire pour un plus grand éclaircissement 838. »

Jacques Bertot (1620-1671)

>>Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par Dominique Tronc, coll. « Sources mystiques », Editions du Carmel, Toulouse, 573 p., 2005. [Première étude présentant le résultat de recherches sur la ‘vie cachée’ de monsieur Bertot et la reconstitution du corpus de ses écrits précède le choix d’un septième de leur volume].

La filiation de Bertot à Madame Guyon (1647-1717)

La vie mystique fleurira une deuxième fois autour du célèbre couvent de bénédictines de Montmartre dans le cercle spirituel animé par Bertot et repris par madame Guyon. Notons ici le rôle d’un courant bénédictin entrelacé au courant issu du Tiers Ordre Régulier franciscain. Nous relevons d’autres liens avec le cercle normand, car, outre sa direction par monsieur Bertot, madame Guyon est ouverte à la vie intérieure par “le bon franciscain” Enguerrand, lui-même en relation avec Jean Aumont : c’est une « chaîne parallèle » reliant en deux générations à Bernières. Un remarquable mémoire sur Marie des Vallées est présenté dans le Directeur Mystique accompagnant les écrits de Bertot assemblés par elle puis édités par le groupe de Poiret839 : son influence est ainsi confirmée tardivement en 1726. Enfin madame Guyon connaît et apprécie la “sainte” Mère du Saint-Sacrement.

Ainsi les liens avec la mouvance franciscaine se sont maintenus : outre l’ouverture à la vie intérieure par “le bon franciscain” Enguerrand, le seul vivant contemporain cité est “l’auteur du Jour mystique” Pierre de Poitiers, franciscain capucin ; enfin les papiers de Bertot furent déposés au couvent franciscain de Nazareth alors dirigé par Paulin d’Aumale avant de parvenir à madame Guyon puis d’être édité par le groupe du pasteur Poiret.

Deuxième bras du « delta spirituel »

Madame Guyon sera associée mystiquement à Fénelon (1651-1715) et leurs cercles s’établiront en Hollande, Suisse et Allemagne, Écosse. Certes madame Guyon ne put citer Bernières compte tenu de la condamnation post-mortem 840, mais les cercles spirituels s’en souviendront : informés de l’existence à Lausanne d’un groupe suspect de piétisme, les autorités bernoises firent le 6 janvier 1769 une saisie des rares livres et écrits en possession du pasteur Dutoit, second éditeur de madame Guyon, dont la liste prouve la conscience qui demeura de la filiation passant par Bernières puis Bertot 841.

Henri-Martin Boudon (1624-1702)

Reprenant de son ami François de Laval la charge de l’archidiaconé d’Évreux, Boudon reçoit le sacerdoce le 1er janvier 1655. Il se met à l’œuvre « jetant l’effroi dans tous les ouvriers d’iniquité et plein de bonté pour les âmes faibles », 842 mais rentre en conflit avec des jansénistes. On échafauda une histoire scandaleuse mettant en cause une veuve mère de famille. Elle entreprit de se justifier par ses écrits et « ce fut un beau tapage ». Il fut ensuite accusé d’avoir eu pour servante une sainte fille déguisée en homme, aussi « on le chansonna sur le Pont-Neuf ». Mais il conservera la confiance et l’appui de Bernières :

Jean déclare à la cohorte ennemie que Boudon aura toujours un refuge en sa maison, et que lui, Jean, se trouverait heureux d’être calomnié et persécuté pour lui 843.

L’Archidiacre est cependant déposé et interdit. Il demeura « dans une humilité admirable jusqu’en 1675, où son principal accusateur, touché de repentir, se rétracta. » Il reviendra à la table de son évêque et ce dernier assistera de nouveau à ses prédications… Boudon est l’auteur d’une très abondante production littéraire844. Ses livres eurent un succès extraordinaire et furent traduits en nombreuses langues. La doctrine - bien exercée par la vie - tient au recours en « Dieu seul » 845 et en la pratique d’une sainte abjection, au sens de révérence devant la grandeur divine, où « l’on reconnaît les doctrines de l’Ermitage. »

Claude La Colombière (1641-1682)

Dans sa jeunesse Claude La Colombière jésuite (1641-1682) connaît l’Ermitage qui est pour lui « un paradis terrestre 846. » Juste après sa profession jésuite le 2 février 1675 il est nommé supérieur de Paray-le-Monial où vit la visitandine Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690). Il en devient « le directeur par une volonté expresse de Dieu ». Mais il y demeure seulement dix-huit mois, arrivant à Londres le 13 octobre 1676. Après cinq semaines passées dans le cachot de King’s Bench à la fin de l’année 1678, expulsé, il rentre à Lyon, épuisé. Revenu à Paray-le-Monial en septembre 1681, il meurt six mois plus tard, le 15 février 1682 847.

Migrations canadiennes

Marie-Madeleine de la Peltrie (1603-1671)

[Mme de la Peltrie et Mr de Bernières, une entreprise secrète]

Nous utilisons toujours les Annales :

« Les refus de la mère fondatrice plusieurs fois réitérées pour de nouvelles fondations n'empêchèrent pas Mme de la Peltrie de lui demander ses conseils et quelqu'une de ces religieuses pour contribuer au dessein que Dieu lui avait inspiré de fonder une maison d'ursulines dans la Nouvelle-France à la ville de Québec. Cette vertueuse veuve en avait consulté plusieurs fois Monsieur de Bernières qui approuvant fort cette sainte entreprise n'oublia rien de ce qu'il put faire pour sa réussite et [ qu'ils eussent add.] de fréquents entretiens sur ce projet se firent toujours si secrètement que personne n'en eut la connaissance. Ils savaient ce que dit le sage, qu'une affaire déclarée est ordinairement une affaire échouée. Ce fut avec cette prudente conduite 38 que se conclut en fort peu de temps la plus grande entreprise que les femmes pussent faire pour la gloire de Dieu [add. et le salut des âmes]. On peut voir cette histoire fort particularisée dans la vie de la religieuse Mère de l'Incarnation qui alla établir ce monastère à l'autre bout du monde avec Mme de la Peltrie. Voici l'extrait d'une lettre qu'elle écrivit à notre mère fondatrice étant sur le point de son embarquement qui exprime lieu les sentiments tout divins de son cœur vers Dieu, que tout ce qu'on en pouvait dire. Comme cette lettre est écrit de sa main nous la conservons aussi précieusement qu'une relique, la voici mot à mot.

Suit le texte de la lettre de Mme de la Peltrie 848 :

Ma très chère et honorée sœur, 39 Je serais la plus ingrate du monde si avant que de m'embarquer je ne vous rendais, mais très humbles devoirs, pour vous remercier des obligations infinies que je vous ai, et pour vous dire le dernier adieu […] J’ai prié mon ange gardien visible, Monsieur de Bernières, votre frère, de vous dire toutes choses. […] Ce 20e septembre 1633 [en fait 1639 !]

M. de Mésy (-1665)

« Il faudrait encore citer parmi les anciens disciples de Bernières à l’Ermitage de Caen Augustin de Saffray de Mézy, ancien duelliste converti, qui fut le premier gouverneur de la Nouvelle-France sous l’autorité directe du roi (1663-1665). »849 

« C'est une figure très originale 850; après avoir été « plongé dans le siècle » , après avoir passé pour un duelliste raffiné, il finit par édifier même Mme de Longueville. C'est M. de Bernières, son ami intime, qui l'a conquis à la vie de la grâce. Il prend à l'Ermitage de telles leçons d'humilité que, aux processions, il aime à porter la croix des Capucins ; il devient l'ami de cœur du pauvre Boudon, du futur évêque de la Nouvelle-France. La Compagnie du Canada ayant donné son territoire au Roi, Louis XIV laisse l'évêque de Québec choisir lui-même le premier gouverneur : Mgr de Laval se rappelle son ancien confrère de l'Ermitage, et en 1663 l'emmène avec lui au Canada. Comme signe de particulière confiance, l'évêque donne au gouverneur une clef de son séminaire pour qu’il y puisse venir à toute heure […] les deux amis cessèrent vite de s’entendre, le Roi ayant commis l’imprudence de donner la présidence du Conseil au gouverneur et à l’évêque […] Un jour, dans une discussion plus violente que d'habitude, M. de Mézy accable Mgr de Laval des plus grossières injures, et lui jette à la tète la propre clef du Séminaire. M. de Mésy, on le voit, n'avait pas encore tout à fait « dépouillé le vieil homme » ; il était fort vif. Pourtant il n'avait pas oublié complètement les beaux jours de l'Ermitage. Lorsque, en février 1665, il se sentit près de mourir, il se fit transporter à l'Hôtel-Dieu fondé par l'évêque, dans la salle des pauvres. Il fit venir Mgr de Laval pour une réconciliation sincère. Il se confessa à lui, il eut le temps de rétracter publiquement tout ce qu'il avait dit ou écrit contre le clergé et son chef; il mourut enfin, le 5 mai, dans les bras de l'évêque, et fut enterré, suivant sa volonté, dans le cimetière des pauvres. »

Ango de Maizerets

Louis Ango des Maizerets qui avait accompagné Mgr de Laval en 1663, au retour de son voyage en France, et qui fut désigné comme premier assistant du supérieur 851

«  Celui-ci descend des grands marchands de Dieppe 852, de ces Ango qui traitent d'égal à égal avec les rois. Sa famille possède un château à Argentan 853. Il fait ses études à La Flèche, où il entre dans la congrégation du Père Bagot. Il se retrouve à Paris avec ses amis de collège, et fonde avec eux une espèce de petite communauté au faubourg Saint-Marceau. En 1652 la guerre civile les force à quitter Paris ; ils vont se réfugier au château de M. de Maizerets. Au bout de quelques mois, les amis se séparent : quelques-uns retournent à Paris, tandis que Louis Ango, avec d'autres, entre à l'Ermitage. Tout en restant un homme du monde aux manières prévenantes, alliant la politesse la plus parfaite à la simplicité, il se pénètre de l'esprit de la maison ; il y prend le goût de la vie pénitente et mortifiée. Puis, à la dispersion de l'Ermitage, après la mort de M. de Bernières, il va faire son séminaire à Paris, aux Bons-Enfants : ordonné prêtre, il se sent peu à peu envahi par le désir d'aller retrouver au Canada ses anciens confrères de Caen, le neveu de M. de Bernières, et Morel, et Dudouyt, et l'évêque de Pétrée ; Mgr de Laval, pendant un de ses séjours en France, le décide ; Ango quitte tout, famille, patrie. Sur le vaisseau qui l'emmène au Canada, le scorbut éclate : M. de Maizerets tombe si gravement malade que ses amis font pour lui un vœu à saint Ignace et à saint François-Xavier : il est sauvé. À partir de ce moment, sa vie se confond avec celle de l'Église du Canada, avec celle du « séminaire » que Mgr Laval a fondé là-bas, à l'imitation de l'Ermitage ; à ce séminaire il donne tout, et d'abord sa fortune : « Nos biens étaient communs avec ceux de l'évêque, écrit-il. Je n'ai jamais vu faire parmi nous aucune distinction du pauvre et du riche ni examiner la naissance et la condition de personne, nous regardant tous comme frères`. » Il donne aussi son travail, sa santé, sa vie. Il finit par être frappé d'une hémiplégie qui lui ôte l'usage de la parole : « En quoi, dit une chronique manuscrite du séminaire, Dieu l'a voulu purifier », car on l'accuse d'être un peu indiscret 3. C'est sa concession à la faiblesse humaine. Par ailleurs c'est un homme fort, qui, pendant près de cinquante ans, se dévoue à l'éducation des enfants. Il les aime d'une tendresse presque féminine, qui éclate surtout au moment de sa fin : il pleure en les voyant autour de son lit de mort, et il leur donne sa bénédiction sans pouvoir parler. »

M. de Bernières (-1701), neveu de Jean

l’Ermitage de Caen, en plus de François de Laval : Henri de Bernières qui en fut le premier supérieur et occupa cette charge à quatre reprises, en tout pendant 25 années ;854

« . Il part pour le Canada en même temps que l'évêque de Pétrée : « C'est un jeune gentilhomme qui ravit tout le monde par sa modestie », écrit la Mère Marie de l'Incarnation. Il se dévoue à l'Église de la Nouvelle-France, « faisant voir par ses vertus, dit une Ursuline de Québec, le fruit qu'avait produit en lui l'éducation qu'il avait reçue de son saint oncle, M. de Bernières ». II meurt à Québec le 3 décembre 17002. »855.

Les Annales en parlent ainsi :

42-(60) […] Monsieur de Bernières ne pouvant aller conduire à Québec Mme de la Peltrie, lui donna un autre lui-même pour lui servir d'ange visible, ce fut son neveu fils de M. Dacqueville, seul dans la famille qui se soit engagé dans les ordres sacrés ; déjà il était diacre quand son saint oncle conduisit la fondatrice des ursulines en la Nouvelle-France, et pour lui donner un aumônier de vaisseau dont il fut sûr, il inspira au jeune diacre de se faire prêtre pour se sacrifier à cette nouvelle mission. La chose ne fut pas difficile à lui persuader étant naturellement fort porté au bien, il reçut la proposition, et aussitôt la mit en effet. Une seule difficulté (61)-43 s'opposaient à son pieux dessein, Madame sa mère qui l'aimait extrêmement et qui était charmé d'avoir un fils consacré aux autels, se faisait une forte anticipée quand elle pensait à lui voir dire sa première messe, et à participer tous les jours à son sacrifice. C'était un grand embarras que de lui déclarer cette nouvelle vocation pour tirer son consentement. L'on crut qu'étant aussi vertueuse qu'elle l'était elle ne s'y opposerait pas absolument. Mais pour éviter les obstacles qui auraient pu apporter quelque retardement Monsieur de Bernières animé de l'esprit de Dieu se faisant fort du consentement le fit embarquer, et revint en apporter lui-même la nouvelle à Madame sa mère, guérissant à même temps par des saintes industries la plaie qu'il avait faite. C'est ce que j'ai cru rapporter plus d'une fois à Madame Dacqueville sa mère, qui eut la consolation après vingt ans d'absence de le revoir en ce pays, à la vérité pour peu de temps et seulement pour chercher les moyens de donner une partie 44-(62) de son bien au séminaire des missions de Québec, où il retourna incessamment pour y tenir jusqu'à sa mort la place de grand vicaire et de supérieur des ursulines et hospitalières de cette ville, où il finit sa sainte vie dans les travaux, et la rigueur d'un hiver qui fit mourir beaucoup de personnes en ce pays. Ce fut en 1701.

L'abbé Dudouyt

Jean Dudouyt, débarque à Québec au cours de l’été ou à l’automne de 1662 et nommé procureur du Séminaire en 1664.856

« Nous sommes certains de l'affiliation de l'abbé Jean Dudouyt 857, un des plus grands missionnaires du Canada. De taille moyenne, il a l'œil vif, la figure ascétique, le maintien grave et digne. Il aurait pu avoir des ambitions mondaines : il a tout quitté pour entrer à l'Ermitage 858. La vie austère qu'on y mène l'attire, comme aussi l'intransigeance dans l'orthodoxie. Dangereusement malade, il voit s'approcher de son lit, pour lui donner le viatique, le curé d'une paroisse de Caen, véhémentement soupçonné de jansénisme. Dudouyt refuse absolument de communier de sa main : on est obligé d'aller chercher un autre prêtre. Tant de vigueur agrée au futur évêque de Québec ; Dudouyt finit par aller rejoindre Mgr de Laval dans son vicariat apostolique D'esprit pratique, ayant le sens administratif, Dudouyt devient le bras droit de son évêque. Il se distingue surtout dans une mission de confiance que lui a donnée Mgr de Laval : Dudouyt revient à Paris, chargé de traiter avec Colbert la grave question de l'eau-de-vie au Canada. L'évêque de Québec, qui ne voit que l'intérêt religieux, condamne la traite ; Colbert, qui ne cherche que l'intérêt fiscal, approuve les traitants.

Les lettres de Dudouyt à son évêque reflètent la pure doctrine de l'Ermitage. Il y a là beaucoup plus que la moyenne de l'esprit catholique 859. Avec une entière liberté, Dudouyt ose, par exemple, lamer les procédés qu'emploie un frère de l'évêque, Henri de Laval, prieur de la Croix, notamment à propos d'un procès que ce frère soutient pour le prieuré de Tournay : « Cette affaire est assez douteuse Je ne sais quelle en sera l'issue. Il serait à souhaiter qu'il ne s'y fût pas engagé. Il vaudrait beaucoup mieux se disposer à bien mourir Cela n'édifie pas. » Même liberté dans les conseils un peu autoritaires que cet homme apostolique envoie à Mgr de Laval : « Je bénis Dieu, avec tous vos amis, de vous avoir conservé pour le bien de son Église, et le prie de vous donner des grâces et des années pour affermir ce que vous avez si heureusement établi. Votre âge et vos indispositions ne vous permettent pas de supporter de si grands travaux. Il faut les modérer, et prendre les soulagements nécessaires pour travailler plus longtemps au salut des âmes que Notre-Seigneur vous a confiées 860. » Peu de prêtres écriraient sur ce ton à leur évêque, quand même ce ne serait pas un Montmorency-Laval. Il y a là comme un souvenir de la primitive Église ; ou peut-être encore est-ce un reste de l'amitié spirituelle qui les unissait à l'Ermitage ; d'avoir été tous deux les élèves de M. de Bernières entretenait entre eux une de ces amitiés de séminaire qui résistent aux différences de la hiérarchie. Puis Dudouyt a sa grandeur propre : c'est, dit-on au Canada, « l'un des plus grands ecclésiastiques que Mgr de Laval ait employés 861. » Revenu à Paris, il s'y considère comme en exil, séparé qu'il est de son évêque, et de ce Séminaire de Québec qui est la reconstitution lointaine de l'Ermitage. En 1677 il supplie Mgr de Laval de le rappeler : « L'on pourra vous écrire qu'il serait à propos que je reste encore quelque temps en France; mais il n'y faut pas acquiescer Il ne serait pas d'édification que je restasse plus longtemps en France 862. » Il y mourut pourtant; mais Mgr de Laval rapporta au Canada le cœur de son fidèle compagnon, de celui qui l'avait aidé à fonder l'Église de Québec ; pour ne pas être tout à fait séparé de son ami, l'évêque inhuma ce cœur dans sa cathédrale 863. »

François de Laval (1623-1708)

Mgr de Laval sera présenté vendredi par dom Thierry Barbeau.

M. de Laval demeura quatre ans chez M. de Bernières , & y mena la vie la plus recueillie & la plus austère. L'oraison, l'étude, les conférences spirituelles n'y étaient interrompues que par les visites qu'il rendait assidûment aux malades de l'Hôtel-Dieu.

Troisième bras du « delta spirituel »

L’évêque fondera un Ermitage à Québec à l’image de celui qui l’a formé à Caen 864.

Il donnera une dernière marque de l’estime et de la confiance qu’il portait envers François de Laval en lui demandant d’emmener avec lui l’un de ses neveux, Henri, le fils de son frère cadet, Pierre, le sieur d’Acqueville que nous venons de présenter.

On lira l’appréciation donnée de Laval par Marie de l’Incarnation, en 1659 :

C’est une consolation d’avoir un homme dont les qualités personnelles sont rares et extraordinaires. … Il ne sait ce que c’est que respect humain. Il est pour dire la vérité à tout le monde, et il la dit librement dans les rencontres. Il fallait ici un homme de cette force pour extirper la médisance…

Citons seulement un exemple de belle conformité à la grâce divine : Mgr de Saint-Vallier avait sur le Séminaire des vues différentes de son prédécesseur François et en entreprit la refonte. À l’automne 1689, le vieil évêque se confiait ainsi à l’abbé Milon, prêtre du Séminaire des Missions étrangères de Paris :

Vous jugerez bien, mon cher Monsieur, que s’il y a eu jamais une croix amère pour moi, c’est celle-ci, puisque c’est l’endroit où j’ai toujours dû être le plus sensible, je veux dire le renversement du Séminaire, que j’ai toujours considéré, comme en effet qu’il l’est, comme l’unique soutien de cette Église et tout le bien qui s’y fait. […] Mais au milieu de toutes ces agitations, nous ne devons pas nous abattre si les hommes ont du pouvoir pour détruire, la main de Notre-Seigneur est infiniment plus puissante pour édifier. Nous n’avons qu’à lui être fidèles et le laisser faire865.





II. DIRECTIONS MYSTIQUES

Après avoir situé tour à tour les figures associées à l’Ermitage normand, nous voulons maintenant préciser ce qui les unit. La vie mystique ne se prêtant pas à une approche thématique voire une théorie des idées, nous préférons insister sur les liens établis entre deux mystiques. Plus précisément entre aînés et cadets comme enseignement qui se doit d’être adapté à chacun même s’il s’avère utile à d’autres.

Nous choisissons les quelques directions dont nous avons des traces écrites:

Bernières dirigé par Chrysostome et conseillé par trois figures féminines : Marie des Vallées, Marie de l’Incarnation, Charlotte le Sergent.

Mectilde dirigée par le même Chrysostome et conseillée par la même Charlotte.

François de Laval et Mectilde dirigés par Bernières devenu à son tour un « aîné ».

Nous avons déjà vu un canadien conseillé par Bertot.

Nous n’avons pas le temps de nous pencher sur Mectilde dirigeant de nombreuses bénédictines ou Bertot dirigeant Mme Guyon…

Le tableau des figures que nous avons présenté tout à tour en première intervention adoptait la forme d’un damier : cette présentation matricielle assurait verticalement un déroulement et regroupait horizontalement par affinités.

Il ne laissait pas voir les recouvrements qui permettent des influences entre figures par contacts répétés durant de nombreuses années. Aussi une présentation synchronique s’impose tout en rendant moins claires les filiations :

FIGURE : UN RÉSEAU D’AMIS (PRÉSENTATION SYNCHRONIQUE)



<< Benoît de Canfield (1562-1610) capucin

<< Antoine le Clerc (1563-1628) laïc



1590 Marie des Vallées, « sœur Marie »….……1656

1594 JEAN-CHRYSOSTOME fr.TOR 1646

1596 Jourdaine de Bernières = M. Ste Ursule ursuline…1670

1599 MARIE DE L’INCARNATION [du Canada] ursuline 1672

1601 Jean Eudes, Congrégation des Eudistes…… 1670

1602 JEAN DE BERNIÈRES, laïc…………1659

1604 Charlotte le Sergent, bénédictine………………….. 1677

Table

LES AMIS DES ERMITAGES DE CAEN & DE QUEBEC 3

PRÉSENTATION 13

I. FILIATION ET AMIS 19

LES DEBUTS : Origine franciscaine 19

La réforme française du Tiers-Ordre régulier. 20

Antoine le Clerc (1563-1628) 20

Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) 27

LES AMIS DE BERNIERES : « L’école du Cœur » 33

Jourdaine de Bernières (1596-1645), la fondation et l’histoire d’un couvent d’ursulines. 41

[La sainte famille Bernières] 41

[Notre très honorée fondatrice Jourdaine de B.] 42

[La peste et la retraite dans une maison des Bernières] 42

[La Mère Michelle Mangon] 43

[Maximes de Jourdaine] 44

[Jourdaine et Chrysostome] 44

[Jourdaine âgée élue pour la troisième fois] 45

Jean de Bernières (1601-1659) 47

Le Directeur spirituel 48

Une œuvre reconstituée et influente. 49

L’Ermitage 51

M. Rocquelay prêtre (-1669) 55

Jean Eudes (1601-1680), missionnaire. 55

Jean Aumont (1608-1689), pauvre villageois. 57

Gaston de Renty (1611-1649) 63

Mectilde-Catherine de Bar (1614-1698) 67

Approfondissement. 70

Une vie bien remplie. Influences. 71

DISCIPLES et FILIATION en FRANCE 75

Louis-François d’Argentan (1615-1680), capucin. 75

Jacques Bertot (1620-1671) 77

La filiation de Bertot à Madame Guyon (1647-1717) 77

Deuxième bras du « delta spirituel » 77

Henri-Martin Boudon (1624-1702) 78

Claude La Colombière (1641-1682) 79

MIGRATIONS CANADIENNES 81

Marie-Madeleine de la Peltrie (1603-1671) 81

[Mme de la Peltrie et Mr de Bernières, une entreprise secrète] 81

M. de Mésy (-1665) 82

Ango de Maizerets 83

M. de Bernières (-1701), neveu de Jean 84

L'abbé Dudouyt 85

François de Laval (1623-1708) 87

Troisième bras du « delta spirituel » 87

II. DIRECTIONS MYSTIQUES 91

FIGURE : UN RÉSEAU D’AMIS (PRÉSENTATION SYNCHRONIQUE) 93

Bernières 95

Dirigé par le P. Chrysostome 95

Les visites à Marie des Vallées (1590-1656) 101

Le soutien de Charlotte le Sergent (1604-1677). 101

L’influence de Marie de l’Incarnation (1599-1672) 102

Mectilde / Catherine de Bar 105

Dirigée par le P. Chrysostome 105

Lui succède Charlotte le Sergent. 116

Confessée par Epiphane Louys (1614-1682) 117

Dirigée par Bernières. 117

François de Laval 119

Dirigé par Bernières à l’Ermitage de Caen 119

Le lien est maintenu 120

III.  MEMBRES DU CERCLE NORMAND (Florilège) 125

Marie des Vallées 1590-1656 125

Influence directe par des conseils aux visiteurs. 125

La source toute intérieure 127

Les influences sur les générations suivantes 128

Le champ historique / sociologique 130

Le champ spirituel et mystique 131

Jourdaine de Bernières 1596-1670 (Annales des ursulines de Caen) 139

[La sainte famille Bernières] 139

[Notre très honorée fondatrice Jourdaine de Bernières] 139

[La peste et la retraite dans une maison des Bernières] 141

[Maximes de Jourdaine] 143

[Mme de la Peltrie et Mr de Bernières, une entreprise secrète] 144

[Lettre de Mme de la Peltrie] 145

[La Mère Michelle Mangon] 146

[Il ne faut pas oublier la maison reconnue l’Ermitage…] 147

[Le janséniste Charles du Four suivi de l’interdit] 148

[Jourdaine âgée élue pour la troisième fois] 149

[M. François Roquelay] 150

[Jourdaine et Chrysostome] 150

Jean de Bernières 1602-1659 153

La présence de Dieu se voit clairement dans un intérieur épuré. 153

Se laisser conduire à l’Esprit de Dieu 156

Autres dispositions d’une maladie, où le corps et l’âme sont en croix. 158

Le grand fruit que nous pouvons tirer des croix intérieures. 159

Des différentes sortes d’oraison mentale. 160

Qu’il faut être indifférent à telle oraison que Dieu voudra que nous fassions. 163

Qu’il est sur tout nécessaire de s’appliquer à l’oraison. 165

Des obstacles qui empêchent de faire oraison. 168

Des moyens qui facilitent l’exercice de l’oraison. 171

Qu’il ne se faut porter de soi-même qu’à une oraison ordinaire. 174

Comme on passe de l’oraison ordinaire à la contemplation. 176

De l’oraison de Foi 178

Des sacrées ténèbres de l’oraison 181

Des lumières de l’oraison 184

De l’oraison passive 187

De la pure et parfaite oraison 190

De la faim et du rassasiement de Dieu 193

De l’oraison infuse 196

De l’oraison de quiétude 199

De l’intime union d’amour de l’âme avec Dieu en l’oraison 203

Du silence intérieur où Dieu parle et est écouté. 207

De la contemplation très épurée 209

Des différentes caresses que Dieu fait à l’âme dans l’oraison 214

Jean Aumont (1608-1689), pauvre villageois. 219

L’ouverture intérieure du royaume de L’AGNEAU OCCIS dans nos cœurs : 220

Gaston de Renty 1611-1649 233

L.55 A Mademoiselle de la Chevalerie. 233

L. 61 au P. Saint-Jure du 13 novembre 1643 233

L.72 Vers le 11 décembre 1643 A la Mère Marie de la Trinité 234

L.102 Vers le 22 avril 1644 A la Mère Élisabeth de la Trinité 234

L.117 A la mère Elisabethe de la Trinité 24 juin 1644 235

L. 133 4 octobre 1644 A la Mère Thérèse de Jésus-Languet 236

L.174 Vers le 6 janvier 1645 A la Mère Thérèse de Jésus-Languet 237

L.176 Vers le 6 janvier 1645 A son Directeur le R. P. Saint-Jure S. J. 238

L.195 A son Directeur, le R. P. Saint-Jure, S. J. 238

L.197 Trois lettres à son Directeur, le R. P. Saint-Jure S. J. 239

L. 200 Extrait d’ « Un de ses papiers ». 239

L.252 Destinataire inconnu. 239

L.266 Ma tr. ch. Sr. 240

L.286. 2 juin 1646 [M. des V.] 240

L.295 Vers le août 1646 A l’un de ses amis au Collège de Bourgogne. [relation Eudes] 241

L.357 Septembre 1647 Au Père Jean Eudes. 242

L.369 Octobre 1647 Au Père Jean Eudes.+ note 243

L.299 3 août 1646 Au Président de Castille. 243

L. 302 Trois lettres à son Directeur le R. P. Saint-Jure S. J. 244

L.315 245

L.339 Début mai 1647 A son Directeur, le Révérend Père Saint-Jure S J. 246

L.350 27 juin 1647 A son Directeur le Révérend Père Saint-Jure S J. 247

L.379 A son Directeur le Révérend Père Saint-Jure S. J. 248

Mère Mectilde 1614-1698 249

Jacques Bertot 1620-1681 251

3.68B D’un Serviteur de Dieu […] lettre écrite de Canada. 251

3.69. Réponse à la lettre […] écrite de Canada. 252

3.69B. Du même serviteur de Dieu… 265

3.70. Réponse à la précédente. Dieu tout en l’âme. 265

Mgr de Laval 1623-1708 (Gosselin, Vie) 269

Sur Boudon 269

Sur l’Ermitage de Caen 270

Sur l’embarquement de Mgr de Laval et le neveu de Bernières 273

Jean Eudes 275

Seconde partie IV Du premier fondement de la vie et sainteté chrétienne 275

X La perfection du dégagement chrétien 275

XXII De l’excellence des vertus 276

Lectionnaire propre à la Congrégation de Jésus et Marie (Paris 1977) 277

Du Four le janséniste 279

[fin] 280

IV. MARIE DE L’INCARNATION 1599-1672 283

A. La Vie 283

I. « Une clé » mystique : 283

II.Relevés sur la Vie : 285

B. La Correspondance 291

Correspondance « spirituelle » 291

L.1 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, fin 1626 (?). 291

L.5 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, début 1627. 292



[……………] reprise infra sous le titre Marie de l’Incarnation





VI La traversée des deux premières Ursulines de Paris 519

XIV De Québec, la Mère Marie de S. Joseph au R.P. Claude Martin, 1646 (?). 522

XXIV De Québec, Madame de la Peltrie à Dom Claude Martin, 165 5 522

XXXVII. De Québec, la Mère Marguerite de S. Athanase à Dom Claude Martin, 8 août 1672. 523



V. LIENS (MI-Bernières) 527

MI cite Bernières 527

Dans la Vie par dom Claude Martin : 527

Dans notre choix de la Correspondance de MI 528

L.34 De Paris, à la Mère Françoise de S. Bernard, Supérieure des Ursulines de Tours, 26 février 1639. 528

L.43 De Québec, à une Dame de qualité, 3 septembre 1640. 528

L.66 De Québec, à Mademoiselle de Luynes, 29 septembre 1642. 529

L.143. De Québec, à son Fils, 9 septembre 1652. 532

L.183 De Québec, à son Fils, septembre-octobre 1659. [Laval] 533

L.185 De Québec, à son Fils, 17 septembre 166o. 535

L.192 De Québec à son Fils, 2 novembre 1660 535

L.269 De Québec, au P. Poncet, Jésuite, 25 octobre 1670. [de la Peltrie - le voyage] 535

Bernières cite le Canada 547

6 Août 1641 L 2,6 Je suis aussi content de demeurer ici comme d’aller en Canada. 547

10 Janvier 1641 L 1,2 Imitez le pauvre et humble Jésus. 548

16 octobre 1643 Pensée sur la pauvreté et l’anéantissement. 548

15 février 1644 LMB Saint Maur 549

5 novembre 1654 L 1,46 Mon fond, c’est la seule lumière de la Foi. 550

16 Janvier 1657 L 2,31 Les trois degrés pour monter au sommet de la montagne. 551

12 Décembre 1658 L 3,20 Un pauvre chétif homme qui tend à l’anéantissement est capable de tout. 551

VI. DOCUMENTS (Québec) 553

Mme de la Peltrie 553

Annales de l’Hôtel-Dieu 555

Catherine de Saint-Augustin 559

Prière indienne 561

fin 563

Marie de l’Incarnation 1599-1672





J’ouvre une entrée à cette grande figure « cachée » précédemment dans Les amis des ermitages de Caen et de Québec



(58) Amis Ermitages Caen Québec 1juillet15-revu17.docx



§§



On y trouve un relevé choisi mystiquement dans sa Correspondance



supra pages 291-526 soit le gros du volume. La table précédente est allégée et reportée infra.



Et voir le relevé des liens avec Bernières, infra



Et voir le relevé de Bernières citant le Canada, infra



Table partielle :

A. La Vie 283

I. « Une clé » mystique : 283

II.Relevés sur la Vie : 285

B. La Correspondance 291

Correspondance « spirituelle » 291

L.1 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, fin 1626 (?). 291

L.5 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, début 1627. 292

L.6 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, 27 juillet 1627. 292

L.9 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, 1634 (?) 293

L.17 De Tours, à Dom Raymond dc S. Bernard, Feuillant, 3 mai (?) 1635. 294

L.25 De Tours, à Dom Raymond de S. Bernard, Feuillant, 1633-1635 (?). 295

L.34 De Paris, à la Mère Françoise de S. Bernard, Supérieure des Ursulines de Tours, 26 février 1639. 295

L.49 De Québec, à son fils, 10 septembre 1640. 296

L.56 De Québec, à son Fils, 4 septembre 1641. 297

L.66 De Québec, à Mademoiselle de Luynes, 29 septembre 1642. 302

L.68 De Québec, à son Fils (1), 1er septembre 1643. 306

L.84 De Québec, à l’une de ses Sœurs /, 3 septembre 1644. 313

L.87 De Québec, à la Mère Françoise de S. Bernard, 315

Sous-Prieure du Monastère des Ursulines de Tours, 27 septembre 1644. 315

L.100 De Québec, à son Fils, 11 octobre 1646. 317

L.101 De Québec, à sa Nièce, la Mère Marie de l’Incarnation, Religieuse Ursuline de Tours, octobre 1646. 319

L.109 De Québec, à son Fils, été 1647. 324

L.116 De Québec, à la Mère Marie-Gillette Roland, Religieuse de la Visitation de Tours, io octobre 1648. 327

L.123 De Québec, à son Fils, 22 octobre 1649 329

L.132 De Québec, à un Père de la Compagnie de Jésus (1), 1er septembre 1651 [L’incendie] 340

L.135 De Québec, à son Fils, 13 septembre 1651. 343

136 De Québec, à son Fils, octobre-novembre 1651. 346

L.140 à la Communauté de Tours [sur Mère Marie de saint Joseph] 350

L.143. De Québec, à son Fils, 9 septembre 1652. 355

L.153 De Québec, à son Fils, 26 octobre 1653. 361

L.161 De Québec, à son Fils, 24 septembre 1654. 371

L.183 De Québec, à son Fils, septembre-octobre 1659. [Laval] 377

L.185 De Québec, à son Fils, 17 septembre 166o. 382

L.192 De Québec à son Fils, 2 novembre 1660 386

L.195 à son Fils, 16 septembre 1661. 389

L.201. De Québec, à son Fils, 10 août 1662. 393

L.216 De Québec, à son Fils, 29 juillet 1665. 395

L.222 De Québec, à son Fils, 22 septembre 1666. 402

L.242 à son Fils, 12 octobre 1668 404

L.243 De Québec, à son Fils, 16 octobre 1668. 406

L.247 De Québec, A son fils, 3o juillet 1669. 407

L.263 De Québec, au P. Poncet, Jésuite, 17 septembre 1670. 409

L.267. à son Fils, 25 septembre 1670 413

L.269 De Québec, au P. Poncet, Jésuite, 25 octobre 1670. [de la Peltrie - le voyage] 417

L.274 à son Fils, 8 octobre 1671 427

Correspondance « Indienne » 433

L.43 De Québec, à une Dame de qualité, 3 septembre 1640. 433

L.46 De Quebec, à la Mère Marie-Gillette Roland, Religieuse de la Visitation de Tours, 4 septembre 1640. 438

L.50 De Québec, à la Mère Ursule de Ste-Catherine, Supérieure des Ursulines de Tours, 13 septembre 1640. 439

L.53 De Québec, à la Mère Marie-Gillette Roland, Religieuse de la Visitation de Tours, 3o août 1641. 442

L.65 De Québec, à la Mère Ursule de Ste-Catherine, Supérieure des Ursulines de Tours, 29 septembre 1642. 443

L.80 De Québec, à son Fils, 26 août 1644. 453

L.97 De Québec, à son Fils, 29 août-10 septembre 1646. 460

109 De Québec, à son Fils, été 1647. 470

L.121 De Québec, à la Communauté des Ursulines de Tours, septembre 1649. 482

L.128 De Québec, à son Fils, 3o août 1650. 484

L.131 De Québec, à son Fils, 3o octobre 165o. 489

L.172 De Québec, à son Fils, 14 août 1656. 490

L.184. De Québec, à son Fils, 25 juin 166o. 492

L.196 De Québec, à son Fils, septembre 1661. 501

L.204 à son Fils [tremblement de terre] 505

Appendice 513

II De Québec, la Mère Cécile de Ste-Croix 513

à la Supérieure des Ursulines de Dieppe, 2 septembre 1639. 513

[la traversée et l’arrivée à Québec]. 513

VI La traversée des deux premières Ursulines de Paris 519

XIV De Québec, la Mère Marie de S. Joseph au R.P. Claude Martin, 1646 (?). 522

XXIV De Québec, Madame de la Peltrie à Dom Claude Martin, 165 5 522

XXXVII. De Québec, la Mère Marguerite de S. Athanase à Dom Claude Martin, 8 août 1672. 523


V. LIENS (MI-Bernières) 527

MI cite Bernières 527

Dans la Vie par dom Claude Martin : 527

Dans notre choix de la Correspondance de MI 528

L.34 De Paris, à la Mère Françoise de S. Bernard, Supérieure des Ursulines de Tours, 26 février 1639. 528

L.43 De Québec, à une Dame de qualité, 3 septembre 1640. 528

L.66 De Québec, à Mademoiselle de Luynes, 29 septembre 1642. 529

L.143. De Québec, à son Fils, 9 septembre 1652. 532

L.183 De Québec, à son Fils, septembre-octobre 1659. [Laval] 533

L.185 De Québec, à son Fils, 17 septembre 166o. 535

L.192 De Québec à son Fils, 2 novembre 1660 535

L.269 De Québec, au P. Poncet, Jésuite, 25 octobre 1670. [de la Peltrie - le voyage] 535

Bernières cite le Canada 547

6 Août 1641 L 2,6 Je suis aussi content de demeurer ici comme d’aller en Canada. 547

10 Janvier 1641 L 1,2 Imitez le pauvre et humble Jésus. 548

16 octobre 1643 Pensée sur la pauvreté et l’anéantissement. 548

15 février 1644 LMB Saint Maur 549

5 novembre 1654 L 1,46 Mon fond, c’est la seule lumière de la Foi. 550

16 Janvier 1657 L 2,31 Les trois degrés pour monter au sommet de la montagne. 551

12 Décembre 1658 L 3,20 Un pauvre chétif homme qui tend à l’anéantissement est capable de tout. 551

46.ARCHANGE ENGUERRAND DIRECTEUR FRANCISCAIN RECOLLET (1631-1699)

(59) Enguerrand total formaté 14 x 21,6.docx



Archange Enguerrand (1631-1699), Directeur franciscain récollet et « Bon religieux » auprès de Madame Guyon, Dossier assemblé par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 2017, 196 p.



Étude et Lettres par A. Derville, S.J.

Présentation

Un Récollet intériorisé

Archange Enguerrand, né en 1631, entre chez les Récollets à seize ans et accomplit probablement son noviciat au couvent de Paris. Une lettre écrite à l’âge de vingt-cinq ans évoque sa première messe. Neuf ans plus tard, il part en Italie, passe à Rome, à Sienne, séjourne jusqu’en 1668 au mont Alverne, célèbre « désert » franciscain. Revenant en France, âgé de trente-sept ans, il rencontre à Montargis madame Guyon, âgée de vingt ans, mais qui avait déjà accompli une première recherche spirituelle ; il l’introduit à la vie intérieure :

De loin qu'il me vit, il demeura tout interdit, car il était fort exact à ne point voir de femmes, et une solitude de cinq années dont il sortait ne les lui avait pas rendues peu étrangères. Il fut donc fort surpris que je fusse la première qui se fut adressée à lui, ce que je lui dis augmenta sa surprise, ainsi qu'il me l'avoua depuis, m'assurant que mon extérieur et la manière de dire les choses l'avaient interdit, de sorte qu'il ne savait s'il rêvait. […] Il fut un grand temps sans me pouvoir parler. Je ne savais à quoi attribuer son silence. Je ne laissai pas de lui parler et de lui dire en peu de mots mes difficultés sur l’oraison. Il me répliqua aussitôt : « C'est, Madame, que vous cherchez au-dehors ce que vous avez au-dedans. Accoutumez-vous à chercher Dieu dans votre coeur et vous l'y trouverez.866 » En achevant ces paroles, il me quitta disant qu’il allait chercher des écrits afin de me les donner. Il m’a dit depuis que c’était bien plutôt la surprise afin que je ne m’aperçusse pas de son interdiction867 / Le lendemain matin, il fut bien autrement étonné lorsque je fus le voir et que je lui dis l'effet que ses paroles avaient fait dans mon âme ; car il est vrai qu'elles furent pour moi un coup de flèche qui percèrent mon cœur de part en part. Je sentis dans ce moment une plaie très profonde, autant délicieuse qu'amoureuse…868.

Le « bon religieux fort intérieur de l'ordre de Saint François », qui restera probablement quelques mois au couvent de Récollets de cette ville, lui fera rencontrer la Mère Granger, supérieure du couvent des Ursulines qui la prendra en charge, puis lui fera connaître quelques années plus tard monsieur Bertot. Par la suite madame Guyon reverra Archange à Corbeil, en 1681 : il la préviendra - judicieusement au vu des événements qui suivront près de Genève - contre les Nouvelles Catholiques au moment où elle se rend à Gex. Enfin elle le demandera comme confesseur lors de son emprisonnement, en 1696 :

En cette extrémité, je demandai un confesseur pour mourir en chrétienne. L’on me demanda qui je souhaitais ; je nommai le P. Archange Enguerrant [sic], récollet d'un grand mérite, ou bien un jésuite. Non seulement on ne voulut m'en faire venir aucun, mais on me fit un crime de cette demande.869.

Gardien du couvent de Saint-Denis (1670-1672), prédicateur assez réputé en 1677, provincial en 1683 de la province de Saint-Antoine (Artois, Hainaut et Flandre française), il est ensuite exilé dix ans à l’autre extrémité du royaume à Saint-Jean-de-Luz, à la suite d’une affaire ayant provoquée une intervention de la Cour. En 1694 il est chargé de la communauté des sœurs visitandines « de Saint Antoine » : « C’est à quoi je ne suis plus guère propre après dix ans d’exil ». Il meurt à Paris le 23 avril 1699.870

Archange Enguerrand se rattache par l’intermédiaire de son maître Jean Aumont au réseau de « l’école du cœur871 », issu de l’Ermitage fondé à Caen par monsieur de Bernières. Jean Aumont fut un temps tiercelin, et toujours disciple de Jean-Chrysostome de Saint-Lô, père spirituel de cette société d’amis. Il fut en relation avec Le Gall du Querdu et Mectilde, la « mère du Saint-Sacrement » estimée de madame Guyon, réformatrice bénédictine qui promeut l’adoration perpétuelle, sujet du premier ouvrage imprimé d’Archange 872. Ce réseau informel est une école cordiale en ce sens qu’elle veut aller directement au cœur, sans aucune spéculation, mais par tous les moyens, dont ceux d’une symbolique affective : les gravures de l’Agneau occis du « simple vigneron » en sont l’illustration. « Le cœur purifié et vidé de l’amour propre est dans son fond le lieu de l’union à Dieu 873. »

Selon les bons connaisseurs du XVIIe siècle E. Longpré et A. Rayez 874, Enguerrand est l’une des deux personnalités marquantes des Récollets 875 et « ses inédits le classent parmi les grands spirituels du siècle ». Je renvoie pour les sources textuelles876 à leur description par André Derville qui édite aussi, outre un échange avec Jean Aumont877, à l’époque le « pauvre villageois de Montmorency », des lettres à des religieuses datant de la jeunesse d’Archange. L’ensemble donne un aperçu précis sur la vie d’un Récollet à la fin du siècle en France et en Italie, et témoigne également d’expériences d’amour du début de la vie mystique 878. Cette étude intitulée « un Récollet français méconnu » suit ma brève introduction.

Une direction dans l’esprit de la fin du siècle

Je m’attache à une série suivie de lettres de direction datant de la maturité avancée. La seconde série de direction de la sœur Marguerite-Angélique, qui vivait très probablement au couvent de Saint-Denis, comporte soixante-dix lettres datées879.

On est devant ce qui se fait de mieux dans l’esprit austère de la spiritualité du martyre intérieur, lieu commun de la fin du grand siècle français880. On perd de vue la joie franciscaine parce qu’il s’adresse à une dirigée religieuse avancée dans la voie mystique – ou du moins le suppose-t-il.

Toutefois sa direction s’avère moins « janséniste 881 » que d’autres de la même époque, sans parler du dessèchement spirituel propre au siècle suivant. La ressemblance avec les lettres de Nicolas Barré de la même époque est frappante – avec toutefois, à l’avantage d’Enguerrand, une moins grande crispation : parce que ce dernier fait appel chez sa dirigée à l’abandon « quiétiste » ? En tout cas commun à tous les membres de « l’école du cœur ». Cette dernière est d’ailleurs scrupuleuse ce qui explique en partie l’attitude du directeur.

Je ne dispose pas du temps nécessaire à consacrer à l’Archange de l’« école du cœur » pour compléter le présent dossier. Il est déjà fort solide grâce à A. Derville. Il faudra un jour tenir compte de manuscrits importants répertoriés dans son étude882. Cette unique approche profonde d’Enguerrand est difficilement accessible, elle est donc reprise intégralement à la suite de ma brève introduction.

Ce dossier Archange Enguerrand s’inscrit dans un ensemble de sources qui éclairent les compagnes et les compagnons importants de Madame Guyon. Ses volumes sont pour l’instant édités à l’unité à faible coût en ligne (parfois hors commerce, tant que la prise en compte de droits d’éditions récentes ne sont pas résolue ; ce qui est le cas pour les correspondances du Fénelon mystique).

Cette série de sources par figures couvre, outre Fénelon, la « petite duchesse » de Mortemart, des Écossais (réédition du travail érudit d’Henderson), le confesseur Lacombe (intégrale de ses oeuvres), Saint-Simon (extraits des Mémoires relatifs aux membres quiétistes), des disciples « cis » et « trans » au siècle des Lumières, etc. Je construis ainsi le « premier cercle » des proches qui témoignent du rôle mystique assuré par madame Guyon. Ce travail servira aux études à venir par d’autres.

Maintenant, place au travail demeuré caché d’André Derville. Il fait revivre le compagnon éveilleur de Madame Guyon  à un moment crucial de sa vie mystique.

Le « Bon religieux » auprès de Mme Guyon

[Madame Guyon]

Je reprend mon édition de la Vie par elle-même883, première partie, chapitre huitième :

[…]

1.8 RENCONTRE ET EVEIL INTERIEUR884

[…]

[5.] Je parlais souvent à mon confesseur de la peine que j'avais de ne pouvoir méditer ni me rien imaginer. Les sujets d’oraison trop étendus m'étaient inutiles et je n'y comprenais rien : ceux qui étaient fort courts et pleins d'onction m'accommodaient mieux. Ce bon père ne me comprenait pas et je croyais que c’était que je ne pouvais me faire entendre. Enfin Dieu permit qu'un bon religieux fort intérieur de l'ordre de Saint François885 passa où nous étions. Il voulait aller par un autre endroit, tant pour abréger le chemin qu'afin de se servir de la commodité de l'eau qui lui aurait exempté la peine d’aller à pied, mais une force secrète lui fît changer de dessein, et l'obligea de passer par le lieu de ma demeure. Il vit bien d'abord qu'il y avait là quelque chose à faire pour lui. Il se figura que vous l’appeliez là, ô mon Dieu, pour la conversion d'un homme de considération à laquelle il avait déjà travaillé autrefois dans le séjour qu’il avait fait dans cet endroit; il se résolut de l’attaquer sans relâche mais ses efforts furent aussi inutiles que la première fois : c'était la conquête de mon âme que vous vouliez faire par lui. O mon Dieu, il semble que vous oubliiez tout le reste pour ne penser qu'à ce coeur ingrat et infidèle. Sitôt que ce bon religieux fut arrivé au pays, il alla voir mon père qui en eut un contentement extrême, car mon père étant autant à vous qu’il était, se faisait un très grand plaisir de voir des personnes qui vous aimaient purement, ô mon Dieu ! Mon père m’aimait d’une extrême tendresse et la mort de ma mère avait même augmenté son affection pour moi parce que je fus engagée par là à lui rendre certains devoirs que je ne lui eusse pas rendu si ma mère eût été vivante.

[…]

Mon père, ainsi que je l’ai dit, m’aimait fort et m’aimait uniquement. Il crut ne m'en pouvoir donner une marque plus solide qu'en me procurant la connaissance de ce bon religieux. Il me dit ce qu'il connaissait de ce saint homme et qu'il voulait que je le visse. J'en fis d'abord bien de la difficulté parce que je n'allais jamais voir de religieux. Je croyais devoir en user de la sorte afin d'observer les règles de la plus rigoureuse sagesse. Cependant les instances de mon père me tinrent lieu d'un commandement absolu. Je crus que je ne pouvais me mal trouver d'une chose que je ne faisais que pour lui obéir.

[6.] Je pris avec moi une de mes parentes, et j'y allai. De loin qu'il me vit, il demeura tout interdit car il était fort exact à ne point voir de femmes, et une solitude de cinq années dont il sortait886 ne les lui avait pas rendues peu étrangères. Il fut donc fort surpris que je fusse la première qui se fut adressée à lui, ce que je lui dis augmenta sa surprise, ainsi qu'il me l'avoua depuis, m'assurant que mon extérieur et la manière de dire les choses l'avaient interdit, de sorte qu'il ne savait s'il rêvait. Il n'avança qu'à peine, et je crois que s’il n’eût appréhendé d’offenser la maison de qui ces religieux tiraient presque toute leur subsistance, outre que leur maison avait été établie par la famille, sans cette appréhension dis-je, il ne serait point venu. Il fut un grand temps sans me pouvoir parler. Je ne savais à quoi attribuer son silence. Je ne laissai pas de lui parler et de lui dire en peu de mots mes difficultés sur l’oraison. Il me répliqua aussitôt : C'est, Madame, que vous cherchez au-dehors ce que vous avez au-dedans. Accoutumez-vous à chercher Dieu dans votre coeur et vous l'y trouverez. En achevant ces paroles, il me quitta disant qu’il allait chercher des écrits afin de me les donner. Il m’a dit depuis que c’était bien plutôt la surprise afin que je ne m’aperçusse pas de son interdiction887.

[7.] Le lendemain matin, il fut bien autrement étonné lorsque je fus le voir et que je lui dis l'effet que ses paroles avaient fait dans mon âme ; car il est vrai qu'elles furent pour moi un coup de flèche qui percèrent mon cœur de part en part. Je sentis dans ce moment une plaie très profonde, autant délicieuse qu'amoureuse; plaie si douce, que je désirais n'en guérir jamais. Ces paroles mirent dans mon cœur ce que je cherchais depuis tant d'années ou plutôt elles me firent découvrir ce qui y était et dont je ne jouissais pas faute de le connaître. O mon Seigneur, vous étiez dans mon cœur et vous ne demandiez de moi qu'un simple retour au-dedans pour me faire sentir votre présence. O bonté infinie, vous étiez si proche, et j'allais courant çà et là pour vous chercher, et je ne vous trouvais pas. Ma vie était misérable et mon bonheur était au-dedans de moi, j'étais dans la pauvreté au milieu des richesses et je mourais de faim près d'une table préparée et d'un festin continuel. O beauté ancienne et nouvelle, pourquoi vous ai-je connue si tard. Hélas ! je vous cherchais où vous n'étiez pas et je ne vous cherchais pas où vous étiez. C'était faute d'entendre ces paroles de votre Evangile, lorsque parlant de votre royaume sur la terre vous dites : Le Royaume de Dieu n'est point ici ou là, mais le Royaume de Dieu est au-dedans de vous888. Je l'éprouvai bien d'abord car dès lors vous fûtes mon roi, et mon coeur devint votre royaume, où vous commandiez en souverain et où vous faisiez toutes vos volontés. Car ce que vous faites dans une âme lorsque vous y venez comme roi, est le même que vous fîtes venant au monde pour être roi des Juifs. Il est écrit de moi, dit ce divin roi, à la tête du livre, que je ferai votre volonté889. C'est ce qu'il écrit d'abord à l'entrée du coeur où il vient régner.

[8.] Je dis à ce bon père, que je ne savais pas ce qu'il m'avait fait, que mon coeur était tout changé, que Dieu y était, et que je n'avais plus de peine à le trouver; car dès ce moment il me fut donné une expérience de sa présence dans mon fond, non par pensée ou par application d'esprit, mais comme une chose que l'on possède réellement d'une manière très suave. J'éprouvais ces paroles de l'Epouse des Cantiques : Votre nom est comme une huile répandue; c'est pourquoi les jeunes filles vous ont aimé890: car je sentais dans mon âme une onction qui, comme un baume salutaire, guérit en un moment toutes mes plaies, et qui se répandait même si fort sur mes sens, que je ne pouvais presque ouvrir la bouche ni les yeux. Je ne dormis point de toute cette nuit parce que votre amour, ô mon Dieu, était non seulement pour moi comme une huile délicieuse, mais encore comme un feu dévorant qui allumait dans mon âme un tel incendie qu'il semblait devoir tout dévorer en un instant. Je fus tout à coup si changée que je n'étais plus reconnaissable ni à moi-même ni aux autres, je ne trouvais plus ni ces défauts ni ces répugnances : tout me paraissait consumé comme une paille dans un grand feu.

[9.] Ce bon père ne pouvait cependant se résoudre de se charger de ma conduite quoiqu'il eût vu un changement si surprenant de la droite de Dieu. Plusieurs raisons le portaient à s'en défendre. La première était mon extérieur, qui lui donnait beaucoup d'appréhension. La seconde était ma grande jeunesse, car je n'avais que dix-neuf ans, et la troisième une promesse qu'il avait faite à Dieu par défiance de lui-même, de ne se charger jamais de la conduite d'aucune personne du sexe à moins que Notre-Seigneur ne l'en chargeât par une providence particulière. Il me dit donc, sur les instances que je lui fis afin qu'il me prît sous sa conduite, de prier Dieu pour cela, qu'il le ferait de son côté. Comme il était en oraison, il lui fut dit : Ne crains point de te charger d'elle, c'est mon Epouse. O mon Dieu, permettez-moi de vous dire que vous n'y pensiez pas. Quoi ! votre épouse, ce monstre effroyable d'ordure et d'iniquité qui n'avait fait que vous offenser, abuser de vos grâces et payer vos bontés d'ingratitude ? Ce bon père me dit après cela, qu'il voulait bien me conduire.

[10.] Rien ne m'était plus facile alors que de faire oraison : les heures ne me duraient que des moments et je ne pouvais ne la point faire : l'amour ne me laissait pas un moment de repos. Je lui disais : “O mon Amour, c'est assez, laissez moi!” Mon oraison fut dès le moment dont j'ai parlé vide de toutes formes, espèces et images; rien ne se passait de mon oraison dans la tête, mais c'était une oraison de jouissance et de possession dans la volonté, où le goût de Dieu était si grand, si pur et si simple, qu'il attirait et absorbait les deux autres puissances de l'âme dans un profond recueillement, sans acte ni discours. J'avais cependant quelquefois la liberté de dire quelques mots d'amour à mon Bien-Aimé; mais ensuite tout me fut ôté. C'était une oraison de foi savoureuse qui excluait toute distinction, car je n'avais aucune vue ni de Jésus-Christ, ni des attributs divins : tout était absorbé dans une foi savoureuse, où toutes distinctions se perdaient pour donner lieu à l'amour d'aimer avec plus d'étendue, sans motifs, ni raisons d'aimer. Cette souveraine des puissances, la volonté, engloutissait les deux autres puissances, et leur ôtait tout objet distinct pour les mieux unir en elle, afin que le distinct, en ne les arrêtant pas, ne leur ôtât pas la force unitive, et ne les empêchât pas de se perdre dans l'amour. Ce n'est pas qu'elles ne subsistassent dans leurs opérations inconnues et passives, mais c'est que la lumière générale pareille à celle du Soleil, absorbe toutes lumières distinctes, et les met en obscurité à notre égard, parce que l'excès de sa lumière les surpasse toutes.

[fin du chapitre].



« Un récollet français méconnu »

[A. Derville]


ANDRÉ DERVILLE, S.J., UN RÉCOLLET FRANÇAIS MÉCONNU: ARCHANGE ENGUERRAND

Extractum ex Periodico Archivum Franciscanum Historicum An. 90 (1997)

Grottaferrata (Roma), 1997

UN RÉCOLLET FRANÇAIS MÉCONNU : ARCHANGE ENGUERRAND

Cet article voudrait attirer l'attention sur la vie et l'oeuvre d'Archange Enguerrand, récollet de la province de Saint-Denis (Paris) dans la seconde moitié du 17e siècle. Jusqu'à présent il n'a été aperçu qu'à travers le «bon religieux» dont Madame Guyon parle, sans le nommer, avec éloge et reconnaissance dans son Autobiographie /1 891: c'est lui qui l'introduisit à la vie spirituelle intérieure. De leur côté, les bibliographes connaissent de lui deux petits ouvrages devenus rares. Surtout, le premier, le P. Éphrem Longpré a révélé l'existence de quatre manuscrits de notre récollet (Dictionnaire de spiritualité, t. 5, col. 1640); ils sont conservés à la Bibliothèque Mazarine de Paris et à celle des Jésuites, aux Fontaines (Chantilly). Nous en avons repéré deux autres, d'intérêt mineur.

Commençons par présenter l'oeuvre écrite aujourd'hui connue, car c'est essentiellement d'elle que nous pouvons préciser les événements et les étapes de la vie d'Enguerrand. En effet, l'historiographie imprimée des Récollets français au 17e siècle est peu prolixe à son sujet. L'ouvrage principal ici est celui d'Hyacinthe Le Febvre /2: il le nomme dans diverses listes, mais, publié en 1677, il ne dit rien des quelque vingt dernières années d'Enguerrand mort en 1699. La présentation de l'oeuvre donnera en même temps une idée des genres abordés par la plume d'Enguerrand.

Ensuite nous rassemblerons les éléments biographiques en une esquisse de la vie et nous donnerons quelque idée de la doctrine spirituelle.



/1 L'identification de ce «bon religieux» comme étant Enguerrand est faite par FRANÇOIS HÉBERT (1651-1728), Mémoires d'un curé de Versailles, publiés par G. Girard, Paris 1927, 213.

/2 H. LE FEBVRE, Histoire chronologique de la province des Récollets de Paris, Paris, D. Thierry, 1677.

178 892

Enfin nous présenterons et éditerons quelques textes spirituels, non pas très développés, ce qui demanderait plus d'espace que n'en peut offrir un article de revue, mais des textes révélateurs de sa manière, de son style et de son aventure spirituelle /3.

I. L'oeuvre publiée

Enguerrand a publié deux ouvrages que nous présentons rapidement /4. Le premier est de type spirituel: Instruction pour les personnes qui se sont unies à l'esprit et au dessein de dévotion de l'adoration perpétuelle du Saint Sacrement établie dans la Congrégation des religieuses bénédictines (Paris, J. Henault, 1673, in-4°, pièces préliminaires, 181 p.). Les éditions suivantes (Paris, J. Villery, 1677, à laquelle nous nous référons; Paris, J. Guilletot, 1700 et 1702) portent un titre différent: L'adoration perpétuelle du T Saint-Sacrement, qui est de faire réparation d'honneur et Amende honorable à Jésus-Christ sur les autels La 4e édition est «augmentée d'une pratique de piété pour honorer et adorer le S. Sacrement de l'autel, avec des élévations vers Jésus Christ caché dans l'Eucharistie».

L'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement fut établie dans les années 1650 par Mechtilde du Saint-Sacrement, fondatrice de la congrégation bénédictine du même nom (voir Dictionnaire de spiritualité, t. 10, col. 885-888). Dans sa vie et ses oeuvres nous n'avons pas trouvé mention d'Enguerrand. L'aspect réparateur de la dévotion est présent dès la fondation /5. L'ouvrage est destiné aux «personnes associées à l'Institut des Bénédictines» (Approbation de l'évêque de Pétrée, François de Montmorency-Laval, premier évêque du Canada), et non aux religieuses elles-mêmes.

Après de nombreuses pièces préliminaires, le eoips de l'ouvrage s'organise autour de trois thèmes: les raisons de la dévotion, ses devoirs et son «esprit» (ch. 10-13); Enguerrand développe ici une mystique



/3 On trouve plusieurs graphies du nom: Enguerrand, que nous adoptons, Enguerrant, Anguerrand, etc.- Ne pas le confondre avec le tertiaire régulier de saint François Archange de Saint-Gabriel ou de Rouen, 1637-1700, qui a publié plusieurs ouvrages souvent attribués à notre récollet. Voir Dictionnaire de biographie française, t.3, Paris 1939, col. 375s.

/4 Ces ouvrages et leurs rééditions sont conservés à la Bibliothèque Nationale de Paris, Catalogue général des livres imprimés…, t. 47, col. 580s.

/5 Dictionnaire de spiritualité, t. 13, col. 388s.



eucharistique à peine voilée, parlant de «vie eucharistique» beaucoup plus que de réparation proprement dite.

Le second ouvrage du récollet est une oraison funèbre de la reine de France, Marie-Thérèse d'Autriche, «prononcée dans l'Église cathédrale d'Arras, le 17 août 1683, par le R.P. Archange Enguerrant, provincial des Récollets de la Province de S. Antoine» (Arras, J. Lohen, 1683, in-4°, 42 p. Rééd. Paris, S. Couterot et L. Guérin, 1684). Nous apprenons ici qu'Enguerrand était provincial de la nouvelle province des Récollets, formée des couvents situés sur les provinces d'Artois, du Hainaut et de Flandre réunies à la France depuis le début du siècle.

II. L'œuvre manuscrite

1. Bibliothèque Mazarine (Paris), ms. 1213 (2262). - 321 p., 18/13 cm, 17e s. Provenance incertaine. Titre général: Lettres de la S.A.C.D.H.R.D.L.V.

Il s'agit de la soeur Anne-Cécile Duhamel893, originaire de Rouen, née vers 1644, entrée à la Visitation de Saint-Denis vers 1660, décédée en ce couvent le 6 septembre 1677. Sa notice nécrologique est conservée aux Archives de la Visitation, à Annecy. Enguerrand a dû la connaître et commencer à la diriger lorsqu'il était prieur des Récollets du couvent de Saint-Denis (1670-1672). Les lettres publiées dans le ms commencent en 1673, quand Enguerrand quitte Saint-Denis; elle s'achève «à la fin de l'année 1674».

Le titre secondaire du ms. s'énonce ainsi: «Recueil des lettres spirituelles et des écrits mystiques de la soeur Cécile de la Visitation et par elle adressées au père Archange Enguerrand, récollet, auxquelles ce père a ajouté quelques éclaircissements après la mort de la dite soeur» (1677). Le ms. se présente comme un ouvrage composé prêt à la publication.

Contenu: 1) Avant-propos sur la vie d'Anne-Cécile et sur ses écrits; elle est retirée de la direction d'Enguerrand (en 1674 ou 1675); ce que confirme la notice nécrologique.

2) «Lettres de la S.A.C écrites depuis 1673, au commencement de la 3e année de ses peines, jusqu'à la fin de 1674»: 12 lettres (p. 31-78).

3) «Avertissement sur les écrits suivants» (p. 79-83) et ces écrits (p. 83-179).

4) «Écrits de la S.A.C. depuis le changement de son état» (p. 180-190).

180

5) «Eclarcissement sur les écrits précédents», par Enguerrand: il s'agit d'un traité de théologie mystique où l'auteur fonde et défend sa spiritualité du «martyre intérieur» (p. 191-321).

Les numéros 1, 3 et 5 sont de la main d'Enguerrand.

2. Mazarine, ms. 1224 (2298). - 18 + 459 p., 19/13 cm, 17e s. Provenance incertaine. Titre général: Lettres spirituelles du père Archange Enguerand, récollet.

Contient: 1) 70 lettres d'Enguerrand, depuis 1665 jusqu'à 1692, sans ordre et adressées à différents destinataires. Beaucoup semblent des extraits délaissant tout ce qui n'est pas spirituel, en particulier les commencements et les fins. Certaines se retrouvent dans le ms. Les Fontaines S.J., 8° 214. On y trouve beaucoup de renseignements sur la vie d'Enguerrand.

2) 87 lettres d'un ecclésiastique anonyme, p. 225-401.

3) 29 lettres d'Enguerrand à une dame inconnue, p. 401-459.

3. Les Fontaines S.J., ms. 80 214. - 548 p., 18/12 cm, fin 17e s. Provenance inconnue. Pas de titre général. Une main a écrit sur le revers de la couverture: «Manuscrits du R.P. Arcange Enguerrant».

Contenu: 1) «Dix méditations sur Jésus Christ pour les Exercices», 1681, p. 1-88. - 2) «Exercice intérieur conduisant l'Âme à Dieu dans son coeur par Jésus Christ», p. 91-136; ce texte est postérieur au livre sur l'adoration perpétuelle auquel il fait allusion, p. 103. - 3) «Traité de la Tyrannie de l'amour propre», 1681, p. 137-205.

4) «Traicté des scrupules», 1681, p. 207-229. - 5) 5 lettres spirituelles, dont celle écrite au Mont Alverne, 26 juillet 1665, est importante, p. 231-279. - 6) «Discours» commentant un texte de saint Bernard, p. 279-314. - 7) «Résolution sur quelques doutes touchant les pratiques intérieures», 1656, p. 315-360.

8) Lettres à différents destinataires, p. 360-403. - 9) Lettre à une «Altesse» alors à Trie-Château (peut-être la duchesse de Longueville), p. 403-420. - 10) «Lettre d'un jeune religieux à un pauvre villageois de Montmorency» avec sa réponse, p. 420-456; le jeune religieux est Enguerrand; le villageois, Jean Aumont.

11 ) P. 457-463: blanches. - 12) Douze lettres spirituelles à une religieuse, p. 464-493; celle des p. 484-488 est écrite de Rome, Enguerrand étant en route pour le Mont Alverne, en 1665. - 13) P. 494-511: blanches. - 14) «Exortation faite à la vesture d'une novice», p. 512-548.



Les lettres commençant aux p. 231 et 233 sont identiques à celles des p. 476 et 478. Les deux séries de lettres, p. 231-279 et 464-493, sont probablement adressées à la même religieuse, car il y a grande unité de ton et des directives spirituelles.

Les numéros 2, 3 et 4 sont aussi contenus dans le ms. Les Fontaines S.J., ms. 8° 618, intitulé Trois Traictéz, 90 f., 17e s.

4. Les Fontaines S.J., ms. 4° 259 - Ce ms. comprend trois parties à pagination discontinue. Les deux premières concernent le mystique carme Jean de Saint-Samson. Puis viennent les «Lettres spirituelles du R.P. Archange, récollet, à la soeur Marguerite-Angélique, R.se de la Visitation», transcrites par deux écritures différentes. Ces lettres couvrent 167 p., 23/16 cm. La 5e lettre est datée de 1679; la 70e et dernière est du 27 novembre 1695.

Aucune réponse de Marguerite-Angélique n'y figure. L'archiviste de la Visitation (Annecy) ne connaît pas de religieuse portant ce prénom. Nous pensons qu'elle appartenait au couvent de Saint-Denis, comme Anne-Cécile Duhamel (cf. supra, n° 3), car Enguerrand évoque son expérience spirituelle (lettre du 27 septembre 1679, p. 14a), ce qui prouve que Marguerite-Angélique la connaissait directement.

Cette correspondance qui s'étale sur seize années répète inlassablement les conseils d'une spiritualité toute intérieure et qui n'est pas loin de celle du «martyre intérieur» que dispensait Enguerrand à Anne-Cécile. Il ne semble pas que Marguerite-Angélique y ait trouvé beaucoup de lumières et de consolations.

5. Vitry-le-François, Bibliothèque municipale, ms. 104, 14 fol.: Conférence spirituelle sur l'évangile de la Samaritaine par le P Arch. Enguerrand. À comparer avec Paris, Bibl. de l'Arsenal, ms. 2120, dont la 4e texte anonyme est une «Conférence spirituelle faite sur l'Évangile de la Samaritaine». Ce ms. pourrait conserver d'autres textes d'Enguerrand.

III. Repères biographiques

Le seul ouvrage, à notre connaissance, qui parle d'Enguerrand est celui d'H. Le Febvre. Les bibliographes L.E. Dupin et Joannes a S. Antonio le mentionnent en lui attribuant des livres qui appartiennent en réalité à Archange de Rouen. La rapide évocation d'Éphrem Longpré dans le Dictionnaire de spiritualité est reprise dans le

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Dictionnaire de biographie française /6. Les précisions que nous apportons proviennent de la lecture des manuscrits, que nous citerons: Mazarine 1 et 2, Les Fontaines 1 et 2, selon l'ordre dans lequel nous venons de les présenter.

Le nécrologe de la province de Saint-Denis (Paris, B.N., ms. fr. 13875. f. 5a) écrit: «P. Archange Anguerrand, mort à Paris le 23 avril 1699, âgé de 68 ans et en religion 52». Notre récollet est donc né en 1631; ce qui est confirmé par ce qu'il écrit en 1692, se disant «plus que sexagénaire» (Mazarine 1, lettre 67). Nous ne savons rien de sa famille, de son lieu de naissance, de ses premières études.

Il entre chez les Récollets de la province de Saint-Denis en 1647, à seize ans, et fait probablement son noviciat au couvent de Paris. On ne sait où il fit ses études cléricales, les Récollets ayant alors plusieurs maisons où s'enseignaient la philosophie et la théologie. Son ordination sacerdotale doit dater de 1656 ou 1657: une lettre de 1656 évoque sa première messe (Les Fontaines 1, p. 359).

En 1665, Enguerrand part pour l'Italie, passe à Rome, à Sienne et gagne le Mont Alverne où il séjourne «en solitude» jusqu'en 1668. Cette même année, revenant en France, il passe par Montargis, où existait un couvent de Récollets, et y rencontre plusieurs fois Madame Guyon; elle a alors vingt ans. Il lui ouvre les voies intérieures de la vie spirituelle. Combien de temps resta-t-il à Montargis? Probablement plusieurs mois /7. Madame Guyon reverra notre récollet à Corbeil en 1681 et le demandera en vain comme confesseur quand elle sera emprisonnée à Vincennes (1695 ou 1696) /8.

1670-1672: Enguerrand est gardien du couvent de Saint-Denis /9.

En 1677 il a déjà une certaine réputation de prédicateur à Paris, puisque Le Febvre lui attribue un Avent, six carêmes et trois octaves prêchés dans diverses paroisses parisiennes /10.

À partir de 1672 jusqu'au début des années 80, on ignore où réside



/6 LE FEBVRE, Histoire, 72, 109, 113.- L.E. Dupin, Table universelle des auteurs ecclésiastiques, Table alphabétique, t.3, Paris, A. Pralard, 1704, col. 281.- JOHANNES A S.ANTONiO, Bibliotheca Universa Franciscana, 1, Matriti 1732, 137.- Dictionnaire de spiritualité, t. 5, col. 1639; t. 6, col. 1308; t. 13, col. 388s.- Dictionnaire de biographie française, t. 12, 1970, col. 1304.

/7 La Vie de Madame J.M.E. de la Mothe-Guyon, nouvelle édition, t.1, Paris 1790, première partie, ch. 8-13.- M.L. GONDAL, L'acte mystique. Témoignage spirituel de Mme Guyon, thèse, Faculté de théologie de Lyon, 1985, 50-2, 61, 69, 205.

/8 La Vie de Mme Guyon, t. 2, ch.1, n. 6.- Relation de Mme Guyon, Les Fontaines S.J., ms., AR 2/48, p. 16.

/9 LE FEBVRE, Histoire, 72.

/10 Ibid., 109.



Enguerrand. Ses correspondances spirituelles avec les visitandines de Saint-Denis Anne-Cécile et Marguerite-Angélique laissent penser qu'il n'est plus à Saint-Denis, mais probablement à Paris ou dans un couvent proche de la capitale. En 1681 il revoit Mme Guyon à Corbeil.

En 1683, il apparaît dans l'édition de son oraison funèbre de Marie-Thérèse, reine de France, comme étant provincial de la province de Saint-Antoine (Artois, Hainaut et Flandre française). Le ms. Les Fontaines 2, p. 90, comporte une lettre datée d'Arras, août 1683.

Puis viennent dix années d'exil dans le couvent de Saint-Jean-de-Luz. La «Lettre du R.P. A. Angerand à celui qui lui avait procuré son exil», datée de ce même couvent le 15 avril 1692, est fort utile. Elle évoque une grave affaire ayant troublé la province de Saint Antoine et une intervention de la Cour, mais ne précise pas de quoi il s'agit précisément. Enguerrand est démis de sa charge et exilé à l'autre bout de la France. Quand il écrit cette lettre, il se dit exilé depuis huit ans, donc depuis 1684. Une autre lettre, écrite à Toulouse le 28 juillet 1684, dit qu'il «part en exil au désert», «à deux cents lieues de vous ». La première lettre est dans le ms. Mazarine 2, p. 212-222; la seconde dans le ms. Les Fontaines 2, p. 94 -97.

Les dernières années: en 1694, Enguerrand écrit: “Vous savez peut-être aussi que l'on m'a chargé du fardeau de cette nombreuse communauté (celle des «Soeurs de Saint-Antoine.). C'est à quoi je ne suis plus guère propre après dix ans d'exil. Enfin, il y a trois jours que nos grandes affaires de dix ans ont été jugées en dernier ressort. Cela est fini pour toujours». Les Soeurs de Saint-Antoine sont des visitandines. La lettre ne porte pas de date, mais, si l'exil il duré dix ans et qu'il a commencé en 1684, elle est datable de 1694.

En 1695 s'arrêtent les lettres d'Enguerrand à soeur Marguerite Angélique.

Selon le nécrologe, Enguerrand meurt à Paris le 23 avril 1699.

IV. Orientation spirituelle

On peut, sans crainte de se tromper, inscrire les débuts de la vie spirituelle d'Enguerrand dans le cadre de ce qu'Henri Bremond a appelé «l'école du coeur» /11. Jean Aumont, le villageois de Montmorency dont nous avons dit qu'Archange le recontra et dont nous publions



/11 Histoire littéraire du sentiment religieux, tome 7, Paris 1928, 2e partie, ch. 5, p. 321-373.

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ci-dessous l'échange de lettres, en est un bon représentant. Il fut en relation directe avec d'autres formant le groupe de l'Ermitage de Caen: Jean-Chrysostome de Saint-Lô + 1646, Jean de Bernières + 1659, Maurice Le Gall de Querdu, prêtre breton + 1694 et Mechtilde du Saint-Sacrement, réformatrice bénédictine qui promeut l'adoration perpétuelle, sujet du premier ouvrage imprimé d'Enguerrand /12.

Qu'est-ce que cette «école du coeur» /13? Le 17e siècle spirituel français a beaucoup utilisé ce mot, cette image, ce symbole, avec une grande variété de significations. Cependant on peut dire que l'école du coeur met l'accent sur trois points qu'elle tient pour principaux. D'abord, elle veut s'adresser à tout bon chrétien, fût-il sans lettres; point de spéculation éthérée, point d'intelligences mystiques, mais par des gravures, des comparaisons, une symbolique affective, atteindre directement le coeur, la capacité d'aimer. Ensuite, pour elle le coeur est un «lieu», le siège des passions bonnes et mauvaises; c'est de lui que sortent nos pensées et nos actes; c'est lui qu'il faut convertir et ouvrir à Dieu, à sa volonté, à ses lumières, à ses consolations. C'est dire que le coeur est à la fois le siège de cet amour propre qu'il faut déraciner et de l'amour de Dieu qu'il faut accueillir et faire grandir. Le coeur purifié et vidé de l'amour propre est dans son fond le lieu de l'union à Dieu.

On retrouve ces traits chez Enguerrand comme fondement de son enseignement spirituel et surtout dans ses traités. Sur ce fondement, il va progressivement, et surtout dans sa correspondance de direction spirituelle, mettre en lumière que l'union à Dieu et à sa volonté ne peut être qu'une union au Christ, et inévitablement à mesure qu'on progresse une union au Christ souffrant, dans la foi de plus en plus purifiée et nue. C'est pourquoi il parle de sa spiritualité du «martyre intérieur». Il le fait en des termes qui souvent exigent non seulement l'anéantissement de l'estime de soi et de la capacité d'agir par soi-même, mais aussi l'anéantissement de la créature que nous sommes. Y a-t-il là de l'inflation verbale? Peut-être, mais la lecture de ses lettres montre que dans son esprit les âmes appelées à une haute vie spirituelle doivent cheminer dans la nudité de la foi, dans le dépouillement radical, affrontées aux tentations de retour en arrière et de désespérance, parfois éclairées par une grâce dont le but est de les assurer qu'elles sont sur le bon chemin, celui de l'amour du Christ mourant à lui-même.



/12 Sur ces personnages, voir, selon l'ordre où ils sont cités, Dictionnaire de spiritualité, t. 2, col. 881-85; t. 1, col. 1522-27; t. 9, col. 528s; t. 10, col. 881-85. Sur les relations entre Aumont et Mechtilde, t. 2, col. 884s.

/13 Ibid., art. Cor et cordis affectus, t. 2, surtout col. 2306.



Mais Enguerrand montre peu comment, ce faisant, elles vivent à Dieu et de Dieu. Sa spiritualité est orientée vers l'union mystique avec des sévérités qui ont l'accent du jansénisme. Cette mystique explique, croyons-nous, qu'un texte visiblement prêt pour l'impression comme l'est le manuscrit 1213 de la Mazarine n'ait pas été édité à l'époque du quiétisme français. Même si cette spiritualité du «martyre intérieur» avec la déréliction qu'elle comporte est défendable en théorie

/14, il est évident qu'elle ne peut être pratiquée sans danger que si l'équilibre psychologique se maintient grâce à la paix intérieure dans le fond de l'âme. On peut se demander si elle convenait bien aux deux dirigées d'Enguerrand.

Terminons cette esquisse en signalant que notre récollet n'apparaît nulle part comme un fils de saint François. Il est un représentant de ce 17e siècle spirituel français si riche et si divers. C'est surtout à ce titre qu'il ne nous a pas paru inutile de signaler son existence et ses écrits.

V. Textes

A. Un échange de lettres

Nous publions d'abord un échange de lettres entre Archange Enguerrand et un «pauvre villageois de Montmorency». Ces deux documents, contenus dans le ms. Les Fontaines S.J., 8° 214, p. 420-456, ne sont pas datés. Archange s'y dit «jeune religieux» (p. 421) et son correspondant le nomme son «très cher frère», ce qui laisse penser qu'il n'est pas encore prêtre. Enguerrand étant entré chez les Récollets en 1647 et ayant été ordonné prêtre en 1656 ou 1657, l'échange épistolaire se situe entre ces dates.

Table

Présentation5


Un Récollet intériorisé5

Une direction dans l’esprit de la fin du siècle8

Le « Bon religieux » auprès de Mme Guyon11


« Un récollet français méconnu »[par André DERVILLE, sj.] 17

I. L'oeuvre publiée18

II. L'œuvre manuscrite20

III. Repères biographiques23

IV. Orientation spirituelle26

V. Textes28


A. Un échange de lettres28

B. Deux lettres d'Italie37

C. Lettre de direction spirituelle45


Lettres de direction [transcrites de la copie manuscrite du P. André DERVILLE] 55

Lettre première55

Lettre seconde56

Lettre troisième.58

Lettre quatrième59

Lettre cinquième du 16 juin 167960

Lettre 6e du 29 juin 167964

Lettre 7e du 9 juillet 167965

Lettre huitième du Août 167966

Lettre 9e du 27 septembre 167969

Lettre 10e du 28 octobre 167972

Lettre 11e du 2 février 168172

Lettre 12e du 12 mars 1681.76

Lettre 13e du 31 mai (1680)78

Lettre 14e du 21 juin 168079

Lettre 15e du 10 juillet 168081

Lettre 16e du 31 juillet 168082

17e lettre, sans date.84

18e lettre du 8 novembre (1680)84

19e lettre sans date90

20e lettre du 3 décembre 168091

21e lettre du 7 janvier 1681.96

22e lettre du 25 février (1681)97

Lettre 23e99

24e lettre du 22 mai (1681)100

25e lettre du 21 juin (1681)104

26e lettre du 7 juillet (1689)106

27e lettre du 20 août (1681)108

28e lettre du 20 septembre (1681)108

29e lettre du 14 octobre (1681)109

30e lettre du 22 novembre 1681 [63]111

31e lettre du 2 décembre (1681)112

32e lettre du 3 janvier 1682113

33e lettre du 13 (23 ?) Janvier 1682.115

34e lettre du 10 février 1682.118

35e lettre du 6 mai 1682.118

Lettre 36e, sans date.120

37e lettre (sans date).123

38e lettre, du 24 août (1682)126

Lettre 39e du 6 septembre 1682127

40e lettre du 21 avril 1682 (pour 1683).128

41e lettre écrite à Arras le dix neuvième août 1683130

42e lettre du 20 février 1684.130

43e lettre du 28 juin 1684131

44e lettre du 28 juillet 1684133

45e lettre du mois de novembre 1684134

46e lettre (sans date)135

47e lettre du 30 mars 1683 (1685)136

48e lettre du 4 décembre (1685)138

49e lettre du 21 janvier 1686.140

Cinquantième lettre du 19 juillet 1687.142

51e lettre du 25 novembre 1687143

52e lettre du 7 décembre 1688145

53e lettre du 17 janvier suivant (1689)148

Lettre 54e du 1er mars 1689152

Lettre 55e du 14 août 1689155

56e lettre, sans date.157

57e lettre (sans date)161

Lettre 58e du 29 septembre (1689)163

Lettre 59e du 1er décembre (1689)166

Soixantième lettre du 23 avril 1690.166

61e lettre du 15 juillet 1690.168

62e lettre du 8 octobre 1690.171

Lettre 63e du 2 novembre (1690)172

64e lettre du 27 mars 1691.174

65e lettre du mois de juillet 1691.175

66e lettre du 7 septembre 1691.176

67e lettre du 20 juin 1693.178

68e lettre du 2 octobre 1693.179

69e lettre du 16 mai 1694.182

70e et dernière lettre du 27 novembre 1695.183

L’Exercice intérieur (ms.)185

Notice de Anne-Cécile Duhamel, religieuse190

Table193









47.MONSIEUR BERTOT DIRECTEUR MYSTIQUE

(60) BERTOT DM sept 05 (avec p titre & 4e couv).doc

(60) BERTOT_DM.pdf



9 [2005] Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par D. Tronc, coll. « Sources mystiques », Editions du Carmel, Toulouse, 573 p., 2005. [La première étude présentant le résultat de recherches sur la ‘vie cachée’ de monsieur Bertot et la reconstitution du corpus de ses écrits précède le choix d’un septième de leur volume]

Présentation

Monsieur Bertot (1620-1681) fait partie des spirituels actifs mais discrets qui souhaitent demeurer cachés. Ce vœu serait accompli si sa dirigée la plus illustre, Madame Guyon (1648-1717), n’avait rassemblé des opuscules et des correspondances de sa main. Ceux-ci furent publiés tardivement en 1726, après leur mort, sous le titre : Le directeur Mistique 894. Ce titre peut paraître étrange à première vue. Il correspond en fait très exactement au contenu des quatre volumes de cette édition : Monsieur Bertot, profond spirituel, prêtre et confesseur, guida de nombreuses religieuses et des laïcs sur la voie mystique.

Son rôle au sein d’une école spirituelle dite « normande », reconnue mais pas assez étudiée, est central. Une filiation spirituelle commence avec le franciscain Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), confesseur vénéré d’un groupe nombreux dont Catherine de Bar (mère Mectilde du Saint-Sacrement, 1614-1698), et Jean de Bernières (1602-1659), un laïc. Ce dernier eut l’idée de créer le cercle de l’Ermitage, où il offrait à ses amis mystiques prière, solitude et conseil sur le chemin spirituel : parmi eux, Jacques Bertot. A son tour, Madame Guyon reprendra ce rôle de guidance au milieu d’un cercle d’amis spirituels.

Après avoir été le confesseur du couvent des bénédictines de Caen, dont la prieure était Jourdaine de Bernières, sœur de Jean, Bertot devint celui du couvent de Montmartre à Paris, rendu célèbre par sa réforme entreprise sous Benoît de Canfield. C’est à la fin de sa vie qu’il rencontra la jeune Madame Guyon.

Si Jacques Bertot nous échappe en grande partie au niveau de sa vie qui demeure très discrète, il se révèle intérieurement par son œuvre écrite assez abondante. Le corpus des écrits, reconstitué ici pour la première fois, et dont nous ne présentons ici qu’environ un septième en volume, traduit son expérience la plus profonde lorsqu’il répond aux demandes provoquées par son apostolat. Cette expérience nous a paru admirable et sans équivalent sur de nombreux points : s’en détachent particulièrement les témoignages affirmant l’efficience de la prière pour appeler la grâce divine sur ses dirigés. Ces écrits traduisent l’exigence d’une voie directe, voire abrupte, bien éloignée de toute complaisance ou d’une paresse qui justifierait le sobriquet de « quiétiste ».

Il est étrange que ces écrits remarquables par leur force et leur netteté en ce qui concerne l’expression du cheminement mystique soient demeurés quasi-inconnus jusqu’à maintenant. Des publications réalisés à faible tirage et à des dates très différentes (Les retraites en 1662, leur Conclusion… en 1684, Le directeur Mistique… en 1726), l’anonymat, la rareté, la pauvreté ou l’étrangeté des titres ont contribué à cet oubli. Les volumes ont circulé dans des bibliothèques privées. Ceux qui ont traversé trois siècles sont donc très peu nombreux - réduits pour l’instant à un seul exemplaire répertorié pour l’écrit que l’on trouvera reproduit ici intégralement en conclusion de notre anthologie ! De plus ces textes s’adressent à des dirigés déjà profondément engagés dans la voie mystique, donc peu nombreux.

Jacques Bertot présente un enseignement similaire à celui de son prédécesseur Jean de Bernières, mais l’œuvre de ce dernier nous est malheureusement parvenue profondément retouchée et amputée. Contrairement au lyrisme parfois reproché à Jeanne-Marie Guyon dans ses œuvres les plus connues (qui datent de sa jeunesse et doivent être mesurées à l’aune de textes moins célèbres datant de sa grande maturité), la marque personnelle de « Monsieur Bertot » consiste en une extrême densité et en une grande rigueur. A l’imaginaire ou à l’émotion, il préfère la sobriété, le dépouillement, la simplicité. Mais il émeut quand son amour appelle à tout laisser pour vivre dans le Divin.

Le lecteur intéressé en premier lieu par le contenu spirituel abordera directement ses écrits. Notre anthologie reproduit en premier lieu un choix de lettres qui rendent avec vigueur les thèmes récurrents d’une direction assurée. Puis un choix d’opuscules les illustre tout à tour, qui font souvent appel à des comparaisons simples et intuitives. Ces opuscules atteignent d’ailleurs souvent la dimension de petits traités ; ils ont été vraisemblablement bâtis à l’aide de lettres, voire de schémas de retraites (genre en honneur au XVIIe siècle que nous n’avons pas jugé utile d’être ici représenté). Enfin un traité remarquable, dont nous avons évoqué l’unique exemplaire répertorié à ce jour, récapitule l’essentiel de sa direction.

L’étude qui précède les textes situe Monsieur Bertot dans le milieu large où il fut formé puis où s’exerça par la suite son influence. Elle rassemble ensuite les rares éléments biographiques que nous avons pu réunir autour du très discret confesseur. Elle suggère enfin quelques thèmes caractéristiques de sa direction en l’illustrant par celle de Madame Guyon. Nous ne reproduisons pas ici grand nombre de lettres qui furent adressées à celle-ci puisqu’elles viennent d’être publiées récemment comme abondantes pièces passives du début de la correspondance de sa jeune dirigée 895.

Comme il s’agit de la première synthèse à ce jour sur Monsieur Bertot (si l’on excepte quelques courts articles de dictionnaires), nous avons dû présenter toutes nos sources par des notes nécessairement étendues lorsqu’elles discutent de dates ou lorsqu’elles détaillent les contenus des ouvrages principaux du corpus. Nous avons renvoyé les plus longues en fin de volume, sous forme d’annexes. Nous avons opéré de même pour deux tableaux pourtant très évocateurs des milieux spirituels en amont et en aval de l’époque médiane vécue par Bertot où il tient le rôle essentiel de passeur.

Nous sommes très redevable aux travaux de J. Bruno, de J. Orcibal, de C. Berthelot du Chesnay, c. j. m. ; aux aides précieuses apportées par Monsieur I . Noye, P. S. S. , par le R. P. A. Derville, S.J. , par le P. Racapé, c. j. m. La collaboration de mon épouse Murielle a amélioré considérablement ce travail qui aborde un champ peu exploré.

Nous espérons que la lecture de ces quelques textes contribuera à faire revivre un directeur spirituel trop méconnu, que sa profondeur mystique égale aux plus grands.

Monsieur Bertot, Directeur Mystique

1. Une « école » des mystiques.

Avant d’aborder la biographie de Jacques Bertot, évoquons le milieu spirituel dans lequel il occupe une place centrale, autant d’un point de vue chronologique (le pic de son activité se situe peu après le milieu du siècle) que par son rôle de passeur entre deux localisations géographiques (la Normandie et Paris).

Ce milieu a laissé relativement peu de traces en dehors des écrits restés confidentiels de ses membres et de condamnations affectant certains d’entre eux 896. « Ecole de spiritualité » selon une appellation érudite souvent utilisée ? Il s’agit plutôt d’un réseau d’amitiés : les mystiques se reconnaissent entre eux, s’aident mutuellement ; les ainés guident les plus jeunes. Ce réseau est remarquable par le rôle décisif joué par des laïcs : Jean de Bernières gagne sa vie grâce à la recette des impôts, le baron de Renty est actif dans les œuvres. Une formation mystique commune assure la continuité de « l’enseignement », dont les écrits ne sont qu’un reflet. Une forte exigence intérieure les relie, et un vocabulaire commun. Ne s’identifiant à aucun ordre religieux tels que capucins, sulpiciens, jésuites, etc., encore que l’on puisse reconnaître une forte empreinte franciscaine, ce réseau n’a pas été étudié dans son ensemble parce qu’il ne forme pas une « famille » aux contours extérieurs visibles, même si des monographies mettent en valeur quelques-unes de ses belles figures.

La part qui est consacrée à « Monsieur Bertot » dans les histoires de la spiritualité demeure donc pour l’instant modeste en comparaison des écoles françaises liées à des ordres vivants aujourd’hui et qui s’intéressent à leurs origines. Quelques auteurs ont cependant relevé la filiation reliant Bernières à Bertot, puis Bertot à Madame Guyon : P. Pourrat, I. Noye dans une étude approfondie sur le thème de l’Enfance si chère à Madame Guyon, J. Le Brun en présentant les écoles de spiritualité françaises du grand siècle 897. Nous avons récemment présenté la filiation qui relie Jean-Chrysostome de Saint-Lô à Bernières, ce dernier à Bertot… 898.

Le père Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) fut en effet l’initiateur de ce courant : franciscain du tiers-ordre régulier, il demeura dans l’ombre, tout comme Monsieur Bertot, mais on ne saurait en sous-estimer l’importance : il est celui vers lequel tous ceux de la « première génération » se tournent avant de prendre une décision importante. Nous ne pouvons ici que passer sur cette figure essentielle et auteur non négligeable. Jean de Bernières témoigne ainsi de la direction de celui qu’il considère comme son père spirituel :

[…] ce me serait grande consolation que [...] nous puissions parler de ce que nous avons ouï dire à notre bon Père [...] puisque Dieu nous a si étroitement unis que de nous faire enfants d’un même Père [...] Savez-vous bien que son seul souvenir remet mon âme dans la présence de Dieu 899 ?

Jean de Bernières, né en 1602 d’un trésorier général de France, mena une vie laïque, sensible à l’amitié, insensible aux différences sociales, payant de sa personne lorsque maladie et misère sont en cause, désirant la pauvreté, demeurant humain dans la peur de la mort. Il fut ferme dans ses convictions et lorsqu’on attaque ses amis, il les défend avec énergie : quand le grand archidiacre d’Evreux, Boudon, victime d’une conjuration, est menacé d’interdiction, Jean déclare à la cohorte ennemie que Boudon aura toujours un refuge en sa maison, et que lui, Jean, « se trouverait heureux d’être calomnié et persécuté pour lui » 900.

De concert avec Gaston de Renty (1611-1649), autre mystique laïc, grand seigneur qui passa des armes et des sciences à l’exercice de la charité 901, Bernières contribua à la fondation d’hôpitaux, de couvents, de missions et de séminaires. Boudon, devenu son biographe indique qu’il « paye de sa personne, car il va chercher lui-même les malades dans leurs pauvres maisons, pour les conduire à l’hôpital. » Il « porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice [...] il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui » 902.

« Directeur des directeurs de conscience » selon Souriau, il parle avec humour d’un « hôpital » un peu particulier qu’il crée sur ordre de Chrysostome pour accueillir des hôtes de passage :

Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger avec moi que des pauvres spirituels [...] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes 903.

Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir ; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison 904.

Nous vivons ici en grand repos, liberté, gaieté et obscurité, étant inconnus du monde, et ne nous connaissant pas nous-mêmes. Nous allons vers Dieu sans réflexion [...] Je connais clairement que l’établissement de l’Ermitage est par ordre de Dieu, et notre bon Père [Chrysostome] ne l’a pas fait bâtir par hasard ; la grâce d’oraison s’y communique facilement à ceux qui y demeurent, et on ne peut dire comment cela se fait, sinon que Dieu le fait 905.

Ces derniers fragments évoquent l’atmosphère recueillie, ouverte et libre en même temps, certainement appréciée par le jeune Bertot.

Bernières animait un large cercle sous la direction attentive du père Chrysostome : parmi eux, M. de Gavrus fonda l’hôpital général de Caen ; Boudon deviendra l’archidiacre « persécuté » d’Evreux, écrivain abondant auquel nous devons de précieuses informations ; Lambert de la Motte (Mgr de Béryte) fut l’un des premiers évêques de la Chine.

L’influence de ce cercle s’étendit au Canada, dans la mesure où Bernières facilita le départ de Marie de l’Incarnation (1599-1672), de Dieppe à Québec, par la flotte de printemps, en 1639 ; la grande mystique animera la communauté ursuline du Québec tandis que Bernières restera son correspondant préféré (avec le fils de cette dernière, dom Claude Martin), mais les longues lettres « de quinze ou seize pages » qu’il lui écrivit sont perdues.

En France, Catherine de Bar devenue Mère Mectilde du Saint-Sacrement, appréciée de Madame Guyon 906, fonda les bénédictines de l’Adoration perpétuelle du très Saint Sacrement à Paris ; elles essaimeront en Lorraine, le pays d’origine de leur fondatrice, puis jusqu’en Pologne 907. Elle se lia à Bernières et ils demeureront en correspondance. Elle passa environ un an au monastère de Montmartre et au moins trois années à Caen 908.

Jean de Bernières sera influent à Paris par l’intermédiaire du jeune confesseur Jacques Bertot. Ce dernier aura une influence déterminante sur Madame Guyon.

Nous présentons à la fin de ce volume, en deux annexes et trois tableaux, un grand nombre de figures appartenant à cette « école » des mystiques. L’Annexe I présente une table synchronique. Elle fait apparaître les recouvrements chronologiques entre des spirituels d’orientation mystique, condition d’une influence d’ainé à cadet. L’Annexe II présente l’école « quiétiste » par ses principales figures, incluant celles de l’annexe précédente. Elles influèrent ou furent tributaires de l’influence directe et indirecte de Bertot. Plus de deux siècles s’écoulent entre les initiateurs, nés à la fin du XVIe siècle, figurant dans les trois premières rangées, et les figures appartenant au XIXe siècle, de la dernière rangée.

2. La vie cachée de Monsieur Bertot.

Nous disposons de très peu de renseignements sur Jacques Bertot : il semble avoir réussi à effacer toutes traces personnelles, au point qu’il a été parfois confondu avec des homonymes car ce nom est commun en pays normand (sous des orthographes diverses). Même l’année de sa mort fit l’objet de relations contradictoires comme nous le verrons 909.

Un bref résumé de sa vie ainsi qu’un témoignage sur la fidélité de disciples est inclus dans l’Avertissement placé en tête des œuvres rassemblées sous le titre du « Directeur mistique » par Madame Guyon et publié quarante-cinq ans après la mort de Bertot 910 :

« Monsieur Bertot natif de Coutances 911 grand ami de Jean [5] de Bernières s’appliqua à diriger les âmes dans plusieurs communautés de Religieuses [à diriger] plusieurs personnes engagées dans des charges importantes tant à la Cour qu’à la guerre Il continua cet exercice jusqu’au temps que la providence l’attacha à la direction des Religieuses Bénédictines de l’abbaye de Montmartre proche [de] Paris, où il est resté dans cet emploi environ douze ans [6] jusqu’à sa mort [au] commencement de mars 1681 après une longue maladie de langueur. [7] [Il fut] enterré dans l’Eglise de Montmartre au côté droit en entrant. Les personnes ont toujours conservé un si grand respect [qu’elles] allaient souvent à son tombeau pour y offrir leurs prières.

Par ailleurs les autres sources nous renseignant sur divers événements auxquels il prit part le font apparaître successivement : comme le jeune compagnon voyageant aux côtés de son aîné Jean de Bernières, et qui s’épuise à la tâche, selon des extraits de correspondances entre religieuses ; comme un confesseur inflexible dans une chronique tardive racontant l’histoire de son premier monastère ; comme la cheville ouvrière responsable de la naissance du groupe quiétiste parisien. Si nous rassemblons la mosaïque issue de toutes ces sources 912, se dessine alors la trajectoire sans éclat apparent d’un confesseur de religieuses et de laïcs. Elle le mènera de Normandie à Paris.

Il naît à Caen le 29 juillet 1622, car probablement baptisé dès le lendemain selon la coutume en cette époque de forte mortalité infantile 913. En ce qui concerne les origines familiales et pour la période de jeunesse, on dispose à ce jour d’une lettre assez détaillée, mais d’elle seule. Nous la citons entièrement, dans le texte principal ou en note, répartie en plusieurs fragments :

il s’appelait Jacques Bertot natif de St Sauveur de Caen, fils de Louis Bertot et de Judith Le Mière sa mère qui était sœur de Mr Le Mière père de celui qui est présentement Lieutenant particulier de Mr le vicomte de Caen. Le d[it] Sr Louis Bertot était m[archan]d drappier de profession à Caen. Il quitta le négoce environ l’année 1640 vivant de son bien qui est scis [sic] en la paroisse de Tracy proche [de] Villers. Mr l’abbé Bertot était fils unique qui étant dans les ordres sacrées [sic] se mist à l’hermitage avec feu Mr de Bernières et plusieurs autres personnes pour y vivre saintement tous ensemble914

Il est donc issu d’une famille bourgeoise aisée. Nous avons d’ailleurs retrouvé, dans les archives notariales relatives au couvent des ursulines de Caen fondé par Jourdaine de Bernières, une « liasse à 24 pièces » relative aux ventes de parcelles de terres de la paroisse de Tracy à Louis et Philippe Berthot, des années 1495 à 1601, puis le témoignage silencieux d’un don fait par Bertot au couvent 915.

Bertot vécut d’abord à Caen, puis à Paris ; mais on se gardera toutefois d’attribuer une trop grande importance à ces localisations compte tenu de voyages fréquents dont témoigne Catherine de Bar (dont quelques extraits relatifs à Bertot sont donnés ci-dessous) : le suivi de religieuses dans divers couvents a pu le rendre itinérant comme ce fut le cas du P. Chrysostome de Saint-Lô, le directeur de Bernières, et d’autres familiers de Bertot.

Caen.

Après des études au collège de Caen, il devint prêtre et s’attacha à Jean de Bernières et à son groupe de l’Ermitage, comme le souligne le titre Le directeur Mistique [...] ami intime de feu Mr de Bernières… Ce dernier lui écrivit des lettres qui tranchent par leur ton et leur profondeur spirituelle particulière sur l’ensemble de sa correspondance 916. Elles sont adressées à « l’ami intime » : on y sent l’autorité de l’expérience, mais aussi une complicité spirituelle et la certitude d’être parfaitement compris d’un compagnon qui suit le même chemin 917 :

…Dieu seul, et rien plus. Je n’ai manqué en commencement de cette année de vous offrir à Notre Seigneur, afin qu’Il perfectionne, et qu’Il achève Son œuvre en vous. Je conçois bien l’état où vous êtes : recevez dans le fond de votre âme cette possession de Dieu, qui vous est donnée en toute passiveté, sans ajouter votre industrie et votre activité, pour la conserver et augmenter. C’est à Celui qui la donne à le faire, et à vous, mon cher Frère, à demeurer dans le plus parfait anéantissement que vous pourrez. Voilà tout ce que je vous puis dire, et c’est tout ce qu’il y a à faire. Plus une âme s’avance dans les voyes de Dieu, moins il y a de choses à lui dire… 918.

Mon cher Frère, demeurez bien fidèle à cette grande grâce, et continuez à nous faire part des effets qui vous seront découverts : vous savez bien qu’il n’y a rien de caché entre nous, et que Dieu nous ayant mis dans l’union il y a si longtemps, Il nous continuera les miséricordes pour nous établir dans Sa parfaite unité, hors de laquelle il ne faut plus aimer, voir, ni connaître rien 919.

Bertot devient rapidement le prêtre séculier confesseur du monastère des ursulines de Caen, de 1655 à 1675. C’est dans ce monastère tout proche de l’Ermitage construit par Jean de Bernières, que vivait la sœur de ce dernier, Jourdaine de Bernières, ainsi que Michelle Mangon, une figure discrète mais importante aux yeux de Jean. Bertot exerça les fonctions de supérieur à la mort de M. Rocher de Bernesq, vicaire générale de Bayeux, survenue en 1655.

Ce fut sa principale activité en Normandie. Une ursuline témoignera plus tard, dans quelques passages de précieuses Annales 920, du rôle parfois délicat qu’assuma Bertot. Nous relevons ces passages dans leur presque totalité, compte tenu de la rareté des sources. Sur la nomination de Bertot :

[La même année 1655 biffé] Au même temps (add. marg.) […] nous perdîmes Monsieur Du Rocher de Bernay [suit son éloge] […] On procéda incessamment à l’élection d’un autre supérieur. Messieurs François de Laval, et Jacques Bertot furent présentés à l’évêque Monseigneur de Servien qui confirma supérieur Monsieur Bertot 921

Les Annales racontent comment Jourdaine tenta d’échapper à sa troisième nomination:

Elle fut élue unanimement pour la dernière fois. Sa surprise la fit sortir du choeur et courir s’enfermer dans sa chambre pour empêcher sa confirmation et en appeler à l’évêque ; mais Monsieur Bertot, Supérieur qui présidait à l’élection et Mr. Postel son assistant, allèrent la trouver et lui faire un commandement exprès de consentir à ce que le chapitre venait de faire. A ces mots, vaincue par son respect pour l’obéissance, elle ouvre la porte et se laisse conduire à l’église pour y renouveler son sacrifice…922.

Bertot devint donc en 1655 le supérieur de Jourdaine, ce qui donna lieu à un incident qui bouleversa les cœurs. Il eut lieu avec Jourdaine de Bernières qui, remplaçant Michèle Mangon dans les fonctions de supérieure, jouissait en même temps du prestige d’avoir été la fondatrice du couvent, d’être la sœur du vénéré Jean de Bernières et d’assurer une édition relativement fiable de l’œuvre de ce dernier. Tout ne se passa pas sans quelques difficultés dues au caractère apparemment abrupt de Bertot - ce dont se plaindra aussi la jeune Madame Guyon. Bertot affronta donc Jourdaine ; le compte-rendu des Annales, dont la rédaction est assez tardive, fait penser, par sa dignité vertueuse quelque peu démonstrative, à ceux qui illustrent l’histoire du premier Port-Royal 923, mais le sens profond en est autre. Dans ce milieu, la direction mystique est assurée avec une rigueur absolue parce que rien ne doit rester qui soit obstacle à la grâce. Même s’il y avait erreur de la part de Bertot, Jourdaine l’interprète comme signe de Dieu, comme nous le verrons chez Madame Guyon dans des circonstances analogues :


1670 [le ms. est daté en tête de page]. La mère de Sainte Ursule étant en charge, le supérieur reçut quelques avis sur quelques points qui lui semblèrent importants où il crut que la Supérieure ne s’était pas acquittée de son devoir. Poussé d’un zèle peu réfléchi de donner des ordres qu’il croyait nécessaires, et en même temps de faire voir que là où il y allait des devoirs de sa charge, et de l’intérêt prétendu de la communauté, il n’avait égard à personne, il fit assembler les religieuses au chœur, et en leur présence, blâma la conduite de leur Supérieure à qui il fit une ferme réprimande avec des termes si humiliants que plusieurs des religieuses qui connaissaient son innocence en furent sensiblement touchées (et même scandalisées biffé) mais l’humble Supérieure, sans rien perdre de sa tranquillité ordinaire, se mit à genoux et écouta avec une paix et une douceur inaltérable tout ce qu’on voulut lui dire, sans répliquer une parole, ni pour se plaindre, ni pour se justifier des choses [210] qui lui étaient imputées, ce qui lui aurait été facile. On la vit sortir de cette assemblée plus contente que si on lui eut donné des louanges, de sorte que cette humiliation publique qui fit verser des larmes à plusieurs, n’eut point d’autre effet que de faire éclater son humilité et sa patience en nous laissant un rare exemple de sa vertu.

Après cette correction elle fut au réfectoire et à la récréation qu’elle aussitôt soutint avec son agrément ordinaire, tandis que plusieurs de celles qui avaient été témoins de ce qui s’était passé n’eurent pas la force de s’y trouver. Elle seule parut insensible à ses intérêts. Une officière feignant une affaire la pria d’aller à sa chambre où elle la suivit, croyant lui donner lieu de se décharger le coeur, mais la généreuse Supérieure donna ordre à toutes les affaires qui se présentèrent [211], sans parler de la sienne, répondant à celles qui blâmaient la trop grande facilité du Supérieur à croire les rapports qui lui avaient été faits, qu’on avait eu raison de la bien humilier, qu’elle le méritait pour tant de fautes connues de Dieu seul, qui n’avait jamais permis cette occasion que pour la faire mieux connaître.

Une particulière qui avait intérêt dans l’affaire, la vint trouver, fort pénétrée de douleur, pour se plaindre de la manière dont on l’avait traitée. Ma soeur, lui dit-elle, il nous faut regarder Dieu en tous événements, ne conserver non plus de ressentiment de ce qui vous touche que j’en ai de ce qui a été dit et fait à mon égard. Ce qu’elle lui dit avec une douceur admirable, quoique elle eût bien plus de sujet de se plaindre, ayant été taxée [212] sur trois ou quatre chefs plus considérables [mots illis.] que les autres dont la plupart n’étaient pas même venu à sa connaissance.

Elle poussa encore plus loin les preuves de sa vertu, car le jour même elle fut trouver le Supérieur au parloir, non pas pour (se plaindre ou biffé) se justifier, mais pour lui parler des affaires de la maison comme à son ordinaire, dont il fut également surpris et édifié. Toutes choses bien éclaircies, il conçut une plus haute estime de la mère de saint Ursule qu’il n’avait eu 20 et se reprocha fort de s’être laissé prévenir par les rapports (qu’on lui avait fais biffé). Il dit en plusieurs occasions que cette sage Supérieure s’était beaucoup mieux justifiée par son silence et sa modération, qu’elle n’aurait fait par toutes les bonnes raisons 924.

Finalement, on annonça le départ de Bertot qui devient confesseur à Montmartre 925 :

Mr Bertot, après avoir été notre Supérieur, voulut se démettre de cette charge, ayant trouvé à Paris des occupations qui l’obligeaient à la résidence ; on fit élection de Monsieur de Launé Hué, [docteur de Sorbonne : ajout marginal], pour remplir sa place [ajout interligne : le 15 avril 1675.] 926.

Bertot ne se limitait pas à la conduite spirituelle au sein du couvent fondé par Jourdaine de Bernières. Il fut en relation avec de nombreuses figures spirituelles : Marie des Vallées 927 qui fut influente sur saint Jean Eudes et sur d’autres membres du groupe de Caen, l’appréciait ; Bertot témoigna de leur relation :

Et remarquez bien une belle parole que m’a dite autrefois une âme très unie à sa Divine Majesté, savoir, que les montagnes recevaient bien les pluies, mais que les seules vallées les gardent, fructifient et en deviennent fertiles 928.

Elle me disait que la Miséricorde [en note : c’est-à-dire l’amour-propre chargé des richesses spirituelles de la Miséricorde] allait fort lentement à Dieu, parce qu’elle était chargée de dons et de présents, de faveurs et de grâces de Dieu, qu’ainsi son marcher était grave et lent; mais que l’amour divin qui était conduit par la divine Justice, allant sans être chargée de tout cela, marche d’un pas si vite que c’est plutôt voler 929.

Son rayonnement s’étendait au-delà du monastère de Caen. En témoigne une lettre écrite en 1667 par Mgr Pallu : ce missionnaire qui avait dressé un « projet de notre Congrégation apostolique », envoyait sa rédaction aux Directeurs du Séminaire des Missions étrangères en demandant l’avis de quatre personnes dont Bertot :

Sur la Méditerranée, en vue de Candie, 3 mars 1667,  […] conférez-en avec Messieurs Bertot, du Plessis et quelques autres personnes de leur esprit et de leur grâce […] [Ces messieurs devront répondre en donnant leurs avis après 15 jours de réflexion :] Priez aussi Messieurs Bertot et du Plessis et les autres auxquels vous vous en ouvrirez de m’écrire ce qu’ils en pensent… 930.  

Le même Pallu enverra de Surate, en 1672, une demande d’avis sur un auteur spirituel portugais qu’il avait traduit et qu’il proposait de faire voir à quelques personnes dont J. Bertot 931.

Comme tous ses amis normands, Bertot se passionna pour l’apostolat au Canada, aventure rendue célèbre par la mystique Marie de l’Incarnation (1599-1672). En témoignent deux belles lettres écrites en 1673-1674 à un dirigé canadien 932.

Enfin Bertot fut lié assez étroitement à Catherine de Bar. Devenue la « Mère du Saint-Sacrement » au monastère de la rue Cassette, cette fondatrice des bénédictines du Saint-Sacrement vécut assez longtemps pour être appréciée par Madame Guyon. Leur lien est attesté par plusieurs de ses lettres adressées à des tiers :

 (a) une lettre à Jean de Bernières 933, extraite d’une correspondance suivie entre Catherine et Jean, raconte des activités fructueuses du jeune Bertot et demande à le sauvegarder contre ce qui pourrait être un excès de zèle de sa part. Elle montre combien Monsieur Bertot, qui n’avait alors que vingt-cinq ans, était perçu comme un père spirituel qui répandait la grâce autour de lui. Nous percevons ici l’autre visage de Monsieur Bertot dont le travail n’avait ici pas besoin d’être empreint de rigueur. Sa présence pleine d’amour est regrettée :

De l’Hermitage du Saint Sacrement, le 30 juillet 1645.

Monsieur,

Notre bon Monsieur Bertot nous a quittés avec joie pour satisfaire à vos ordres et nous l’avons laissé aller avec douleur. Son absence [52] nous a touchées, et je crois que notre Seigneur veut bien que nous en ayons du sentiment, puisqu’Il nous a donné à toutes tant de grâces par son moyen, et que nous pouvons dire dans la vérité qu’il a renouvelé tout ce pauvre petit monastère et fait renaître la grâce de ferveur dans les esprits et le désir de la sainte perfection. Je ne vous puis dire le bien qu’il a fait et la nécessité où nous étions toutes de son secours […] mais je dois vous donner avis qu’il s’est fort fatigué et qu’il a besoin de repos et de rafraîchissement. Il a été fort travaillé céans, parlant [sans] cesse, fait plusieurs courses à Paris en carrosse dans les ardeurs d’un chaud très grand. Il ne songe point à se conserver. Mais maintenant, il ne [53] vit plus pour lui. Dieu le fait vivre pour nous et pour beaucoup d’autres. Il nous est donc permis de nous intéresser de sa santé et de vous supplier de le bien faire reposer. […]

Il vous dira de nos nouvelles et de mes continuelles infidélités et combien j’ai de peine à mourir. Je ne sais ce que je suis, mais je me vois souvent toute naturelle, sans dispositions de grâce. Je deviens si vide, et si pauvre de Dieu même que cela ne se peut exprimer. Cependant il faut selon la leçon que vous me donnez l’un et l’autre que je demeure ainsi abandonnée, laissant tout périr. […].

(b) Dans une autre lettre, Catherine de Bar transmet le récit de Bertot sur la mort assez brusque de son directeur Jean de Bernières, (nous n’avons pas retrouvé le récit de Bertot qui accompagnait la lettre) ; apparaît ici la figure du père Paulin qui témoignera par la suite sur Madame Guyon :

Mon très cher et bon frère, [...] si déjà vous ne le savez par la voye du R.P. Paulin, [...] Dieu nous a ravi notre cher Monsieur de Bernières, autrement dit Jésus Pauvre, le 3 du mois de mai dernier. Voici ce que M. Bertost [Bertot] nous en a écrit, vous y verrez comme il est mort anéanti, sans aucune apparence de maladie 934.

(c) Peu de temps après, le nom de Bertot apparaît dans des lettres adressées à d’autres religieuses bénédictines :

- à la mère Benoite de la Passion, prieure de Rambervillers, le 31 août 1659 :

Monsieur [Bertot] a dessein de vous aller voir l’année prochaine, il m’a promis que si Dieu lui donne vie il ira. Il voudrait qu’en ce temps-là, la divine providence m’y fit faire un voyage afin d’y venir avec vous [...] C’est un enfer au dire du bon Monsieur de Bernières, d’être un moment privé de la vie de Jésus-Christ [...] il faut mourir. Monsieur Bertot sait mon mal [...] s’il vous donne quelques pensées, écrivez-le moi confidemment 935.

- à la mère Dorothée (Heurelle), sous-prieure, le 3 septembre 1659:

[Monsieur Bertot] voulait avoir la bonté de nous venir voir à Pâques. Vous feriez une singulière charité à mon âme de m’obtenir ce bien-là, car il me semble que j’ai grande nécessité de personnes pour mon âme 936.

- à la même, le 8 août 1660 :

A Rambervilliers ce 8 août 1660 / M. Bertot est ici, qui vous salue de grande affection je ressens d’une singulière manière la présence efficace de Jésus-Christ Notre Seigneur937.

(d) Plus tard, dans une lettre adressée à une religieuse de Montmartre en juin 1664, elle écrira à propos de Bertot arrivé à Montmartre :

Je serai mille fois plus peinée si je ne savais que notre bon M. Bertot lui tiendra lieu de père et de frère et l’aidera à porter la croix que le Saint-Esprit a mise dans son cœur938.

Nous avons également retrouvé, relevés par le P. du Chesnay, d’autres passages de moindre portée où apparaît le nom de Bertot et les reproduisons en note 939.



Montmartre.

Dans la dernière partie de sa vie, en 1675, J. Bertot fut nommé comme confesseur à la célèbre abbaye de Montmartre, proche du pèlerinage à St Denis 940. Le lieu était à cette époque isolé de l’agglomération parisienne :

Montmartre : 223 feux, y compris ceux de Clignancourt. Ce village est sur une hauteur, au nord, près d’un faubourg de la ville Paris [sic] auquel il donne son nom [...] La chapelle des martyrs [...][possède] une statue de St Denis en marbre blanc. C’est l’endroit où l’on croit qu’il fut enterré avec ses compagnons. On a beaucoup de vénération pour ce lieu, et l’on y voit presque toujours un grand concours de peuple ; Le monastère est également vaste et beau, bien situé et accompagné de jardins d’une grande étendue. L’abbesse est à la nomination du roi. Dans le village est une église paroissiale941 dédiée à St Pierre 942.

Bertot - comme Madame Guyon après lui - a dû souvent monter et descendre la butte en contemplant la vue qui s’offrait à ses yeux :

En parcourant le tour de la montagne [sic], on jouit d’une vue très belle et très agréable ; on découvre en plein la ville de Paris, l’abbaye de St Denis et quantité de villages. Les environs sont remplis de moulins à vent. Il y a beaucoup de carrières, dont on tire continuellement le plâtre pour la consommation de Paris [...] on trouve assez fréquemment au milieu de cette masse de gypse, des ossements et vertèbres de quadrupèdes qui ne sont point pétrifiés, mais qui sont déjà un peu détruits, et sont très étroitement enveloppés dans la pierre 943.

Le rôle de la vénérable abbaye bénédictine, fondée en 1133 était central depuis sa réforme mouvementée qui avait eu lieu au début du siècle avec l’aide de Benoit de Canfield. Bertot a dû souvent entendre évoquer des souvenirs proches de cette période refondatrice :

[16] Les religieuses de plus en plus mécontentes des efforts de leur abbesse [...] deux fois essayèrent vainement de l’empoisonner ; une autre fois, elles décidèrent quelques-unes de « leurs amis » à l’assassiner, mais l’un d’eux recula devant ce crime et prévint Madame de Beauvilliers qui dès lors logea dans une chambre séparée, à porte double et ne mangea plus d’aucun plat qui ne fut préparé par une des deux sœurs converses sur lesquelles on pouvait compter [elle les avait amenées avec elle] [...] l’évêque de Paris [...] rassembla les religieuses [...] ordonna tout d’abord le rétablissement de la clôture ; toutes se levèrent et s’emportèrent, à ce qu’il paraît, de la façon la plus scandaleuse. Le prélat se retira en promettant à Mme de Beauvilliers de la défendre et en réalité il ne fit rien. / Mme de Beauvilliers, soutenue par son seul directeur, le P. Caufeld [Canfield], prit résolument son parti944.

Ceci se passait juste avant 1600 soit plus d’un demi siècle avant l’activité de Bertot. Mais il a pu connaître la réformatrice, Mme de Beauvilliers, morte en 1657 dans ce couvent 945, et il a certainement lu attentivement l’opuscule qu’elle composa pour ses religieuses, en suivant de très près Benoît de Canfield, et dont voici un passage relatif à la conformité spirituelle :

s’il est si plaisant et agréable d’entrer dans le secret de notre intime ami, qu’est-ce d’entrer dans le secret et le plus caché du cœur de Dieu ? Et c’est ce que fait, et à quoi arrive l’âme par l’exercice continuel de la conformité de sa volonté à celle de Dieu, car en faisant la volonté de Dieu, l’âme la connaît 946.

Bertot fut surtout lié à Françoise-Renée de Lorraine, Madame de Guise 947, abbesse de 1644 à 1669, en des temps moins troublés, et qui mourut dans ce même couvent en 1682:

M[ada]me de Guise dirigea l’abbaye pendant vingt-cinq ans. Douée d’une haute intelligence, elle était en relation avec les beaux esprits et les femmes élégantes du temps : le docteur Valant, le médecin de M[ada]me de Sablé et de toute la société précieuse en même temps que de l’abbaye, nous a conservé plusieurs billets d’elle fort galamment tournés [...] Son administration avait été très favorable au monastère 948.

L’origine de cette amitié est décrite ainsi par la lettre citée au début de cette biographie:

Quand il fut prêtre, il devint directeur des dames Ursulines et la communauté le députa pour aller à Paris à cause des affaires qu’elle avait avec feu Mr Du Four abbé d’Aunay. Ce voyage lui procura l’honneur de la connaissance de Madame l’Abesse [sic] de Montmartre et de son altesse royale 949 Mademoiselle de Guise 950.

Bertot ne se cantonnait cependant pas au rôle de confesseur des bénédictines de Montmartre. Il avait conservé des activités en Normandie : ainsi, on note qu’il fut chargé de régler, probablement en 1673 ou 1674, une affaire compliquée où Jean Eudes, ami de Jean de Bernières, fut attaqué par ses anciens confrères oratoriens. Ces derniers tentèrent de le discréditer, entre autres en ridiculisant son attachement à Marie des Vallées :

les Oratoriens [de Caen]n’eurent pas de peine à faire entrer en lice, une fois encore, le belliqueux Charles du Four, qui était chanoine de Rouen et abbé d’Aunay. Celui-ci fut pourvu de divers manuscrits relatifs à Marie des Vallées ; il en tira un pamphlet anonyme [...] Le P. Eudes était accusé d’avoir commis douze hérésies951.

Cela montre que J. Bertot, vers la cinquantaine, avait acquis des qualités de diplomate que nous ne devinions pas lorsqu’il abordait avec très grande netteté et sans concession les problèmes intérieurs de ses dirigés. On entrevoit tout un réseau de relations établi entre divers membres du groupe de l’Ermitage et débordant ce groupe vers d’autres spirituels dont Marie des Vallées. Le passage suivant d’une lettre de Bertot serait adressé à Jean Eudes : celui-ci avait été aidé par l’abbesse de Montmartre qui appréciait et éditera une œuvre de Bertot :

J’ai beaucoup de joie de tout ce que vous me mandez de votre cher séminaire [...] Je remercie Dieu de ce que Monseigneur est avec vous pour vous aider [...] Je prie Dieu que la providence divine se mêle de votre bâtiment. Tout ce que l’on voit en ce pays s’y oppose bien par sa pauvreté. Je suis tout à vous 952.

En milieu parisien, l’amitié de l’abbesse de Montmartre et de Madame de Guise aide à la constitution d’un cercle dévôt autour de Bertot, comme le sous-entend la suite de la même lettre citée :

Monseigneur le duc de Guise le considérait beaucoup aussi bien que Mr de Noaille, Mr le duc de St Aignan et Mr le duc de Beauvilliers 953.

L’activité d’un tel cercle 954 est attestée par la publication des deux volumes de retraites sous l’impulsion de l’abbesse. Ces schémas de retraites, comme plus tard les petits traités du premier volume du Directeur Mystique, ont pu être rapportés ou réécrits en partie par d’autres 955. Ces témoignages de son activité sont suivis, mais bien plus tard, de la très intéressante mise au point par la plume de Bertot lui-même sous le titre Conclusion aux retraites, publiée en 1684 et également destinée à Madame de Guise. Ce texte fondamental est probablement le texte évoqué par Fénelon : Jean Orcibal qui ne connaissait que les deux premiers volumes de retraites, dont il fixe la date à 1662, après avoir rappelé que divers ouvrages portaient le mot Retraite dans leurs titres, cite l’appréciation donnée par Fénelon en la supposant attribuée à ces deux volumes 956.

Le rayonnement de Bertot, qualifié de « directeur de conscience apprécié 957 » ou de « conférencier très apprécié de l’aristocratie et, en particulier, de divers membres de la famille Colbert 958 », déborde donc sur un cercle laïc dont on retrouvera les membres groupés autour de Madame Guyon.

Les méchantes langues de la Cour ne comprenaient pas ce qui unissait ce groupe d’amis que Saint-Simon appellait le « petit troupeau » avec son ironie coutumière. Il dit de Madame Guyon, le 16 janvier 1694 :

Elle ne fit que suivre les errements d’un prêtre nommé Bertaut [sic], qui bien des années avant elle, faisait des discours à l’abbaye de Montmartre, où se rassemblaient des disciples, parmi lesquels on admirait l’assiduité avec laquelle M. de Noailles, depuis Maréchal de France, et la duchesse de Charost, mère du gouverneur de Louis XIV, s’y rendaient, et presque toujours ensemble tête à tête, sans que toutefois on en ait mal parlé. MM. de Chevreuse et de Beauvilliers fréquentaient aussi cette école 959.

Saint-Simon indique également le rôle antérieur important joué par la duchesse de Béthune, autre dirigée de Bertot :

Dans ce petit troupeau était une disciple des premiers temps [la duchesse de Béthune], formée par M. Bertau qui tenait des assemblées à l’abbaye de Montmartre, où elle avait été instruite 960.

Bertot est reconnu comme le chef du « petit troupeau » quiétiste par le même Saint-Simon, toujours précisément informé par ses amis les ducs de Chevreuse et Beauvilliers :

[on pouvait] entendre un M. Bertau à Montmartre, qui était le chef du petit troupeau qui s’y assemblait et qu’il dirigeait 961.

Le témoignage capital donné par un informateur au service de Madame de Maintenon confirme le rôle central de Bertot dans les cercles laïcs constitués autour de Montmartre. Il met aussi en lumière son activité auprès des Nouvelles Catholiques, auxquelles Madame Guyon et Fénelon furent attachés. Bertot avait auparavant fait une donation aux Nouvelles Catholiques - en les associant à une œuvre de charité 962. Le lecteur appréciera le parfum d’enquête policière qui se dégage d’un document par ailleurs fort bien informé 963 :

[f° 2v°] Si cette doctrine [le quiétisme] a eu cours ou non, si elle fut étouffée alors, ou si elle s’est perpétuée par le dérèglement de quelques misérables prêtres ou religieux, c’est ce que je ne puis dire. Il y a plus de vingt ans que l’on voit à la tête de ce parti Mr Bertau [Bertot], directeur de feu Madame de Montmartre, qui mourut en 1679 ou [16]80. Cet homme était très ignorant et très grossier, sa conduite n’était pas trop édifiante ; j’ai parcouru quelques-uns de ses ouvrages, entre autres quelques lettres manuscrites qui me viennent d’un endroit sûr, ce sont les mêmes principes, le même jargon, et le même galimatias que nous trouvons dans Molinos et dans les autres quiétistes que nous connaissons. Cet homme était fort consulté ; les dévots et les dévotes de la Cour avaient beaucoup de confiance en lui ; ils allaient le voir à Montmartre, et sans même garder toutes les mesures que la bienséance demandait, de jeunes dames de vingt ans partaient pour y aller à six heures du matin tête-à-tête avec de jeunes gens à peu près du même âge. On rendait compte publiquement de son intérieur, quelquefois l’intérieur par écrit courait la campagne. Mr B[ertot] faisait aussi des conférences de spiritualité à Paris dans la maison des Nouvelles Catholiques, et auxquelles plusieurs dames de qualité assistaient et admiraient ce qu’elles n’entendaient pas. Les soeurs n’y assistaient pas [y assistaient ?], les supérieurs de cette maison ne voyant rien d’ouvertement mauvais ne les empêchèrent pas. Les ouvrages de cet homme tant imprimés que manuscrits sont en grand nombre, je ne sais pas précisément quels ils sont. Madame G[uyon] était, disait-il, sa fille aînée, et la plus avancée, et Madame de Charost était la seconde, aussi soutient-elle à présent ceux qui doutent. Elle paraît à la tête du parti, pendant que Madame Guyon est absente ou cachée. Quoique j’ai bien du respect pour Madame de Charost, je crois vous devoir avertir qu’il faut y prendre garde. […]

[f° 39v°] On pourra tirer des lumières de la sœur Garnier et de la sœur Ansquelin des Nouvelles Catholiques, si on les ménage adroitement, et qu’on ne les commette point. Elles peuvent parler sur Madame Guyon, sur la soeur Malin et sur Monsieur Bertot. Il se faisait chez elles des conférences de spiritualité auxquelles présidait Monsieur Bertot. Les Nouvelles Catholiques n’y assistaient pas, elles pourront néanmoins en dire quelque chose. Madame la duchesse d’Aumont et Madame la marquise de Villars pourront dire des nouvelles de la spiritualité du sieur Bertaut avec qui Madame Guyon avait une liaison si étroite qu’il disait que c’était sa fille aînée. […]

Malgré la vindicte de Madame de Maintenon, ce petit groupe était fort apprécié de Louis XIV pour sa haute moralité et son honnêteté : Chevreuse fut conseiller particulier du roi, Beauvilliers conservera la responsabilité des finances royales, Fénelon fut nommé précepteur du Dauphin. Malgré le manque de liberté de conscience sous ce règne, le cercle solidement constitué par Bertot, puis regroupé autour de Madame Guyon, résistera à toutes les intimidations et survivra longtemps après la mort de celui-ci.

J. Bertot mourut prématurément à 59 ans à Paris le 28 avril 1681 964 :

  11e septembre 1684, Transaction devant les notaires de Caen au sujet du testament du sieur abbé Bertot : […] on célébrera tous les ans à perpétuité un service solennel le jour de son décès arrivé le 28 avril 1681 pour repos de son âme avec une basse messe de Requiem tous les premiers mardy de chaque mois où les pauvres dud[it] hopital assisteront… » 965.

Madame Guyon a ainsi raison lorsqu’elle situe la mort de son directeur avant le début de ses voyages :

Je ne pouvais plus consulter M. B[ertot], car il était mort quatre mois avant mon départ966.

Le savant prélat érudit Huet donne une date fausse dans la lettre citée au début de cette biographie de Bertot, dont nous terminons ici la reproduction :

Mr le duc de Beauvilliers qui eût bien la bonté d’accepter la charge d’être exécuteur de son testament. Il [Bertot] mourut le vingt-trois d’avril 1683 à Montmartre, âgé de 59 cinquante neuf [sic]. Il est inhumé au dessous du bénitier dans l’église de la d[ite] abbaye967.

Les écrits reproduits dans le Directeur Mystique ont probablement cheminé par le duc de Beauvilliers, exécuteur testamentaire, ensuite par une religieuse de Montmartre, puis par le père Paulin d’Aumale qui les remit à la duchesse de Charost 968. Ce père eut en dépôt les écrits de Bertot car tous deux appartenaient probablement au même couvent de Nazareth à Paris.

7 juillet 1694. Il y a environ dix ans que Dieu m’ayant donné la connaissance de Mme la duchesse de Charost, par une visite qu’elle me fit l’honneur de me rendre dans notre église, à l’occasion de quelques manuscrits de feu M. l’abbé Bertot, qu’une religieuse de Montmartre, nommée Mme de Saint-André, m’avait chargé à sa mort de lui remettre entre les mains […] je l’allais voir chez elle…969

Ces manuscrits parvinrent finalement à Madame Guyon. On peut supposer qu’elle disposait également de lettres confiées à ses proches ; tous ces écrits furent préparés pour l’édition par Madame Guyon après sa sortie de la Bastille et enfin édités, sous le nom du Directeur mistique [sic], par les amis de Poiret, en 1726.

Bien que sans événement majeur, la vie de Bertot fut donc extrêmement remplie. Pourtant, grâce aux très rares confidences échappées au fil des lettres du Directeur Mystique 970, on sait que ce rôle ne fut pas dicté par sa volonté personnelle :

Les affaires sont un poison pour moi et une mort continuelle qui ne fait nul bien à mon âme, sinon que la mort, de quelque part qu’elle vienne, y donne toujours un repos. Mais je n’expérimente pas que cela soit ma vocation ; et ainsi ce repos n’est pas de toute mon âme, mais seulement de la pointe de la volonté 971.

Son rôle fut capital : ce prêtre entièrement dévoué à la tâche de direction spirituelle, assura la transmission de la spiritualité vécue par le groupe normand constitué autour de l’Ermitage de Jean de Bernières et du monastère de Jourdaine de Bernières, vers le groupe de Paris, constitué autour du monastère de Montmartre et du cercle qui deviendra celui de Madame Guyon quand elle succèdera à son directeur spirituel.

Des copies de lettres de Bertot circulaient chez les fidèles de Madame Guyon et celle-ci jugeait ses écrits si importants qu’elle s’est donné la peine de les rassembler elle-même dans le Directeur Mystique. L’Avertissement du premier volume, rédigé probablement par elle, atteste sa reconnaissance envers lui.

L’influence de Monsieur Bertot se poursuivra jursqu’au siècle suivant : il a été lu dans les cercles guyonniens en Europe au XVIIIe siècle. Les noms de Bertot et Bernières furent engloutis dans la catastrophe de la condamnation du quiétisme et disparurent du monde catholique. Leur importance mystique ne fut plus reconnue que par des protestants éloignés dans le temps, ce qui en quelque sorte « ferme la boucle » sur deux siècles d’histoire. Un choix d’extraits du Directeur mystique a été réédité en milieu piétiste 972. On trouve le Directeur Mystique ainsi que le Chrétien intérieur de Bernières dans les rares livres possédés par le pasteur Dutoit 973 et saisis par la police bernoise, lorsque l’activité jugée suspecte de ce dernier provoque une descente chez lui :

Inventaire et verbal de la saisie des livres et écrits de Monsieur Dutoit, 1769 : l’inventaire suivant: la Bible de Madame Guyon et plusieurs de ses ouvrages, Monsieur de Bernières, soit le Chrétien intérieur, la Théologie du Coeur, Le Directeur mystique de Monsieur Bertot, Oeuvres de Ste Thérèse [en note : appartient à Mr Grenus], La Bible de Martin, l’Imitation d’A. Kempis. Déclarant de bonne foi974.

Les noms de Madame Guyon et de Bertot sont associés dans une lettre de Fleischbein, dont l’épouse, Pétronille d’Eschweiller, fut présente à Blois, auprès de Madame Guyon. Il déclare à son jeune disciple suédois, le comte de Klinckowström :

Dévorez, consumez  écrivent Mme Guyon et M. Bertot [et plus loin:] C’est ce que conseillent et attestent Mme Guyon, M. Bertot, tous les mystiques 975.

L’importance de Bertot et Bernières est donc reconnue par les disciples de Madame Guyon, majoritairement des étrangers protestants. On sait le rayonnement de Fénelon et l’influence souterraine exercée par nos mystiques sur les jésuites Milley et Caussade, les protestants Tersteegen et Wesley, au XVIIIe siècle. Leur redécouverte, amorcée par Ramière, autre jésuite redécouvrant Caussade au XIXe siècle, est récente. Le nom même de Bertot réapparaîtra sous le nom de Berthod dans la monumentale Histoire du sentiment religieux de Bremond 976 où il redécouvre de grands spirituels en retournant aux textes eux-mêmes. Bertot a droit, cette fois sous son vrai nom, à un article de Pourrat dans le Dictionnaire de Spiritualité puis, cette fois sous son vrai nom, à un exposé sérieux : « J’ai peur de trop bien comprendre. Les actions de l’âme ne sont plus les siennes mais celles de Dieu ». L’époque où oeuvrait Pourrat explique sa sévérité vis-à-vis des « préquiétistes » auxquels appartiendraient Bernières, le frère Laurent de la Résurrection (!), le grand carme Maur de l’Enfant-Jésus disciple de Jean de Saint-Samson, etc. 977.

Le mot « quiétisme » est apparu aux historiens modernes comme une étiquette qui ne correspond à aucun contenu cohérent : on ne retrouve pas les propositions condamnées dans les auteurs dits « quiétistes » 978. Notre époque, enfin, semble capable de redécouvrirsans peur l’expression profonde de ces grands mystiques sans leur accoler d’étiquette toute faite ou des idées préconçues.

3. L’œuvre.

Le corpus de l’œuvre, tel que nous avons pu le reconstituer pour la première fois, comporte sept volumes publiés en trois fois sur une très longue durée de soixante-quatre ans. Un huitième volume qui s’intitulerait De la Contemplation resterait peut-être à découvrir 979.

Les Retraites.

En 1662 parurent Diverses retraites où une âme après avoir connu son désordre par la lumière du Saint-Esprit, se résoud à le quitter, et embrasser le chemin de la sainte perfection  ainsi que la Continuation des retraites dans lesquelles l’âme puisera des lumières pour travailler solidement à sa perfection 980  : elles donnent en deux volumes, comportant toutefois une pagination unique sinon cohérente, des schémas de retraites probablement rassemblés par les soins d’auditeurs.

Le caractère schématique et de seconde main, ou du moins attestant des retouches, nuit au contenu,  même si l’on admet que les protestations ultérieures de J. Bertot, qui seraient à l’origine du complément de sa main intitulé Conclusion aux retraites, ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Le genre littéraire propre aux schémas de retraites est bien connu ; de nos jours il apparaît caduc car il est plutôt adapté à des prédicateurs préparant des retraites de dix jours qu’aux besoins actuels. On se reportera plutôt aux retraites de Jean Chrysostome de Saint-Lô qui ont été en honneur dans le groupe de l’Ermitage et méritent la plus grande attention 981 ; c’est pourquoi nous ne retiendrons aucun texte de ces deux volumes, bien qu’ils reflètent l’activité pastorale de Bertot.

La Conclusion des Retraites […] de l’oraison…

Vingt-deux ans plus tard, en 1684, paraît La conclusion des retraites où il est traité des degrés et des états différens de l’oraison, et des moyens de s’y perfectionner. Ce troisième et dernier volume édité, après la mort de Bertot 982, par les soins de la supérieure du couvent de Montmartre, a été retrouvé à Chantilly grâce à A. Derville. Il s’agit d’un traité bref, mais bien charpenté et très précis, couvrant avec grande autorité toute la voie mystique : nous n’en connaissons pas d’équivalent contemporain. Le seul texte qui puisse l’égaler est celui des Torrents de Madame Guyon qui reprend le fond de cet exposé sous une forme parfois lyrique. Les deux textes sont d’une grande finesse psychologique. Nous rééditons ce traité dense dans sa totalité, en conclusion du volume. Il résume les principaux thèmes de la correspondance et des opuscules.

Bertot y prend le risque d’affirmer sa grande autorité, poussé à rédiger un tel traité, contrairement à son habitude, pour corriger la perspective des deux volumes de Retraites précédemment publiés : « Tous les degrés d’oraison sont expliqués, les marques pour connaître quand on y est, y sont données, et les effets de chaque degré sont aussi marqués. »

Il est réputé écrire peu  et présente en premier lieu les raisons qui justifient cette entreprise pour lui inhabituelle : précaution contre tout risque de fuite devant la réalité, reconnaissance des dons de la grâce prête à répondre à toute ouverture, reconnaissance de la fonction propre à chaque degré qui devra être parcouru au rythme propre à chacun. La grâce divine apporte le bonheur dès cette vie.

Ensuite commence l’exposition des degrés et des états, partie constituant le traité proprement dit. Elle nous intéresse par la précision de la définition des états et des critères de passages entre eux, qui révèle une expérience de première main couvrant l’ensemble du parcours mystique.

Elle est écrite avec concision sinon légèreté, ce qui est possible car les éléments de persuasion, caractéristiques de l’activité d’un confesseur conférencier, ont été laissés aux deux premiers volumes de Retraites, dont ce traité constitue l’adjonction correctrice. Le lecteur doit surmonter un style recherchant la précision plutôt que l’élégance mais sera largement récompensé de ses efforts. Une certaine pesanteur traduit la volonté du directeur d’éliminer tout ce qui pourrait être source de méprises sur la situation réelle des dirigés.

Le Directeur mystique.

De nombreux manuscrits de Jacques Bertot furent transmis après sa disparition à Madame Guyon. Ils furent mis en ordre par celle-ci, à Blois, probablement après 1710, à une époque où elle était en relation avec l’éditeur P. Poiret, devenu son disciple. Elle avait connu l’errance, la reconnaissance publique suivie des prisons, une série d’événements qui normalement auraient dû la distancier d’un ancien directeur mort trop tôt, en 1681. Mais dans sa vieillesse, elle veut rendre hommage à celui qui l’a formée et qui lui a transmis la possibilité d’aider les autres.

La mise en ordre des écrits de Monsieur Bertot nous apparaît ainsi comme un témoignage de respect rendu vers la fin de sa vie, un « tombeau » élevé à sa mémoire 983. Ces textes sont édités en 1726 sous le titre : Le directeur Mistique ou les Oeuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu M. de Bernières et directeur de Mad. Guion 984, par le cercle de P. Poiret peu après la mort de ce dernier ; il s’est alors écoulé quarante cinq ans depuis la mort de Bertot

Le titre révélateur de « Directeur Mystique » peut paraître étrange mais l’association des deux termes résume bien le contenu des quatre volumes. En conclusion sont données vingt-et-une lettres - vingt-deux si l’on compte l’ajout d’une lettre-conclusion - de Jeanne Guyon qui ne sont pas adressées à son directeur et qui apparaissent comme postérieures à la mort de ce dernier. Ces lettres montrent la maturité et l’autorité de celle qui s’adresse à son tour à des dirigés, reprenant ainsi la tâche de direction spirituelle là où Monsieur Bertot l’a interrompue 985. Cela traduit la volonté des disciples de Madame Guyon en relation avec le cercle de P. Poiret, (lui-même devenu l’un d’entre eux), d’indiquer J.-M. Guyon comme le successeur.

L’avertissement indique que Bertot est un disciple de Bernières et souligne la continuité doctrinale entre eux, qui sera de même assurée par Madame Guyon par rapport à Bertot:

…les Ecrits et les Lettres de Monsieur Bertot, son Ami intime et son Fils Spirituel … enseignent la même doctrine…986.

Il est très difficile de distinguer leurs écrits. C’est la même eau qui court, dans un style plus abrupt et dense chez Monsieur Bertot, plus clair et lyrique chez sa dirigée. Une réécriture de certains textes a pu avoir lieu pour quelques opuscules ou petits traités du tome I 987. C’était l’époque où l’on se permettait facilement d’intervenir dans le texte d’autrui. De toute façon, ce groupe ne se préoccupait pas de la vanité d’être un auteur. Ils se souciaient uniquement de transmettre une expérience commune grâce à un vocabulaire identique, de génération en génération, de façon à ce que les mystiques futurs puissent s’appuyer sur des textes solides.

Douze traités (vol. I) sont suivis de 221 lettres montrant les qualités de précision et l’autorité du directeur (vol. II à IV). Elles sont adressées à des correspondants non cités par discrétion ou prudence.

A l’œuvre de Bertot, Madame Guyon (ou peut-être les proches de Poiret, mais nous doutons qu’ils aient pris une telle liberté par rapport à « notre mère ») a ajouté une relation concernant Marie des Vallées (vol. II), et des lettres qui lui furent adressées par Maur de l’Enfant-Jésus (vol. IV) : ils sont nommément cités. L’ensemble se termine sur des lettres de Madame Guyon adressées à des disciples, indiquant une continuité dans l’apostolat 988.

Il est difficile d’établir des attributions certaines pour les lettres de Bertot qui constituent la plus grande partie du DM : les références personnelles sont rares, car elles ont été volontairement omises lorsqu’elles n’étaient pas intimement intégrées au sein du texte. Les dates aussi ont été enlevées. Le classement de l’édition, initié par Madame Guyon, poursuivi par Poiret, mélange les correspondants et n’est pas chronologique, parce qu’il a été établi selon un critère d’intériorité croissante.

De nombreuses lettres sont adressées à Madame Guyon, souvent en réponse aux questions que celle-ci posait sous forme de « lettres à l’auteur » : l’ensemble constitue ainsi une correspondance fascinante qui complète heureusement ce qu’elle rapporte dans la Vie. Cette correspondance corrige l’aspect quelque peu négatif de leurs relations telles qu’elles sont rapportées au début de la Vie dont la rédaction se situe encore tôt dans la vie de Madame Guyon. Elle apprécia mieux par la suite Monsieur Bertot en préparant ce Directeur mystique.

Autres sources.

On retrouve quelques lettres de Bertot reprises dans la correspondance publiée de Madame Guyon 989, ainsi qu’une belle lettre 990 restée manuscrite, datée du 22 mars 1677, recopiée de la main de Dupuy, copiste de lettres de Madame Guyon au duc de Chevreuse.

4. Aperçu de la voie.

Monsieur Bertot se situe dans une tradition chrétienne reconnue, comme le montrent les quelques recommandations de lecture qu’il donnait :

Tant de livres ont été faits par de saintes personnes pour aider les âmes en la première conduite, comme Grenade, Rodriguez et une infinité d’autres Pour la voie de la foi, il y en a aussi plusieurs, comme le bienheureux Jean de la Croix, Taulère, le Chrétien Intérieur [de Bernières] et une infinité d’autres991.

Le livre de la Volonté de Dieu [ou Règle de Perfection] de Benoît de Canfeld peut beaucoup servir 992.

Mais il ne s’agit jamais d’une « théorie » relevant du champ théologique. Le progrès dans la voie ne dépend jamais d’états spirituels ou d’extases, ces moments privilégiés qui fascinent beaucoup d’entre ceux qui approchent la littérature spirituelle. Bertot reste des plus discrets à leur sujet : ce directeur expérimenté considère les « lumières » comme des appels à se mettre en chemin et une aide à en accepter les fatigues, mais dont les spirituels confirmés auxquels il s’adresse doivent se détacher. Il affirme sans détour la réalité d’un état permanent en Dieu vers lequel il appelle sans relâche à se diriger sans s’arrêter en route.

Dans le premier volume du Directeur mistique, Monsieur Bertot distingue deux degrés qui correspondent à la découverte de l’intériorité puis à l’établissement dans l’unité, un troisième qui correspond à la désappropriation, un dernier à la renaissance à une nouvelle vie : la foi commence à simplifier l’âme, et le feu de ses opérations diminue sans savoir comment ; s’ensuit le repos qui consiste à trouver Dieu en son fond de même que l’on clarifie de l’eau en la laissant reposer ; l’âme se laisse alors couler et perdre dans l’abîme, non par son action mais par une inclination centrale ; enfin l’âme ayant perdu son soi-même en Dieu devenu son principe divin, elle fait ce que Dieu veut faire d’elle et par elle. On retrouve là l’écho de son maître Jean de Bernières :

La pure oraison cause la perte de l’âme en Dieu où elle s’abîme comme dans un océan de grandeur, avec une foi nue et dégagée des sens et des créatures. Jusqu’à ce que l’âme en [237] soit arrivée là, elle n’est point en Dieu parfaitement, mais en quelque chose créée qui la peut conduire à ce bienheureux centre; c’est pourquoi il faut qu’elle se laisse conduire peu à peu aux attraits de la grâce pour ainsi s’élever à une nudité totale par sa fidélité. [...] Cette perte en Dieu ne se peut exprimer que grossièrement, comme par la comparaison d’une goutte d’eau qui tombe dans la mer: par cette chute elle s’y abîme et s’y perd et devient en quelque manière la mer même par la pleine participation de toutes ses qualités. Ainsi une âme élevée en Dieu par la foi nue s’y unit, s’y abîme et s’y perd, participant aux perfections de Dieu qui la déifient en quelque [238] manière.993.

Une longue description dans le troisième volume du même Directeur mystique précise le chemin :

Il y a quatre degrés en la vie spirituelle, et par lesquels l’âme est conduite en cette vie. Le premier est celui des bonnes lumières et des bons désirs Le second est l’oraison passive en lumière, qui n’est autre chose qu’une quantité de lumières divines données de Dieu dans les puissances ; et leur effet particulier est de les purifier, en leur faisant voir la beauté Ce troisième degré est commencer à entrer dans l’intérieur du temple, je veux dire de Dieu même; et pour cet effet Dieu lui soustrait ses lumières, ses goûts et les désirs de Lui. Elle se débat et fait des efforts pour donner ordre à ce malheur c’est une divine lumière obscure et inconnue qui est donnée à l’âme dans le fond et non dans les puissances, qui fait évanouir votre première lumière qui était dans les puissances et fait voir ainsi leur vie et malignité. Comme la première lumière des puissances faisait voir les ordures du dehors celle-ci fait voir la vie et la saleté de la créature. comme les effets de la première lumière étaient de remplir et de nettoyer, les effets de celle-ci sont de vider et de faire mourir Après un long temps de mort et que l’âme y a été bien fidèle et y a bien souffert ce qui ne se peut dire, par la purification de son intérieur selon toutes ses parties, mais comme en bloc et en confusion, car la lumière y est générale, Dieu lui ôte encore toute la dévotion qu’elle avait … Elle se résout donc de plus en plus à mourir et de se laisser ainsi tuer toute vive et malgré elle. C’est pour lors que l’on découvre cette beauté admirable de notre âme dans sa ressemblance avec Dieu: Vous avez gravé en nous et sur nous la beauté de votre visage. Et un pauvre paysan vous dira des merveilles de l’unité de Dieu Il voit dans son âme comme dans une glace cette unité divine et dans l’opération de ses puissances revivifiées

5. La direction de Madame Guyon.

Monsieur Bertot fut le directeur de très nombreuses personnes, aussi bien de religieuses que de laïcs, d’aristocrates et de gens très simples. Mais les rares traces qui nous en restent n’existent que par le témoignage de madame Guyon. C’est pourquoi nous allons parler plus particulièrement des relations de Monsieur Bertot avec Madame Guyon, sa dirigée la plus connue, car elle est la seule à en avoir relaté les détails dans son autobiographie.

Nous donnons des extraits assez larges parce qu’ils éclairent ce que peut être une direction qui vise à faire franchir le plus rapidement possible les grands obstacles rencontrés sur le chemin mystique. La mémoire de la dirigée est encore vive puisque le début de sa Vie par elle-même a été rédigé dès 1682.

Madame Guyon rencontra Monsieur Bertot grâce à des intermédiaires que celui-ci connaissait depuis longtemps : il est intéressant de voir comment s’enchaîna une succession de rencontres providentielles qui répondaient à son désir d’un approfondissement intérieur. Ce fut la Mère Geneviève Granger, supérieure des bénédictines du couvent de Montargis, qui prit en charge Madame Guyon, et qui la présenta à Monsieur Bertot, la jugeant probablement arrivée à une certaine maturité spirituelle.

Nous ne possédons malheureusement que peu d’informations sur cette belle figure de religieuse dont l’influence, majeure sur la jeune femme, fut parallèle à celle de Bertot 994:

« … après sa mort [il s’agit de la mère Granger] ses amis ayant demandé quelque chose à garder pour l’amour d’elle, on fut contraint de les refuser, son trésor ne renfermait que deux choses, un pauvre crucifix et un chapelet. … aux pauvres gens qui venaient au tour du monastère, elle avait des respects prenait plus de plaisir à converser avec eux qu’avec les grands du monde, elle ne pouvait souffrir qu’une religieuse parlât de sa naissance elle se regardait comme une cloche qui avertit les autres d’aller à Dieu avait en horreur sa propre excellence, disant qu’il n’y avait rien qui éloignât davantage les âmes de la perfection que l’estime secrète voulait que l’on fît des actions ordinaires d’une façon surnaturelle … Elle avait reçu de Dieu une lumière surnaturelle pour connaître l’intérieur de ses filles [qui] n’avaient point la peine de lui déclarer leur état Approchant d’elle leurs nuages étaient dissipés [La Mère] demandait à Dieu de faire son ouvrage lui-même dans les âmes afin qu’elle n’y eut point de part. »

Madame Guyon fait ainsi le récit de sa première rencontre avec Bertot :

Je dirai que la petite vérole m’avait si fort gâté un oeil que je craignais de le perdre tout à fait, je demandai d’aller à Paris pour m’en faire traiter, bien moins cependant pour cela que pour voir M. B[ertot] que la M[ère] G[ranger] m’avait depuis peu donné pour directeur et qui était un homme d’une profonde lumière. Il faut que je rapporte par quelle providence je le connus la première fois. Il était venu pour la M[ère] G[ranger]. Elle souhaitait fort que je le visse; sitôt qu’il fut arrivé, elle me le fit savoir, mais comme j’étais à la campagne, je ne trouvais nul moyen d’y aller. Tout à coup mon mari me dit d’aller coucher à la ville pour quérir quelque chose et donner quelque ordre. Il devait m’envoyer quérir le lendemain, mais ces effroyables vents de la St Matthieu vinrent cette nuit-là de sorte que le dommage qu’ils causèrent m’empêcha de retourner de trois jours. Comme j’entendis la nuit l’impétuosité de ce vent, je jugeai qu’il me serait impossible d’aller aux Bénédictines ce jour-là et que je ne verrais point M. Bertot. Lorsqu’il fut temps d’aller, le vent s’apaisa tout à coup, et il m’arriva encore une providence qui me le fit voir une seconde fois 995.

C’est ainsi que Madame Guyon trouva son directeur 996 : elle se référera à son autorité jusqu’à la fin de sa vie, ce dont témoigne une lettre au comte de Metternich :

« Je vous envoie une lettre d’un grand serviteur de Dieu qui est mort il y a plusieurs années. Il était ami de Monsieur de Bernières, et il a été mon Directeur dans ma jeunesse 997. »

Tout en demeurant à Montargis, sa ville natale, mais « montant » parfois à Paris, Madame Guyon faisait donc maintenant partie d’un cercle spirituel qui comprenait entre autres la mère Granger, la duchesse de Charost et le duc de Noailles, les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers 998. Tous avaient une grande vénération pour Monsieur Bertot.

Etrangement, Madame Guyon ne relate dans sa Vie que ses difficultés de relation avec lui. Mais elle en dit la raison : son impossibilité à parler de son état spirituel sauf en mal, alors qu’elle est déjà dans un état d’oraison sans considérations. Elle raconte :

Paris n'était plus pour moi un lieu à redouter, le monde ne servait qu'à me recueillir et le bruit des rues augmentait mon oraison. Je vis M. Bertot, qui ne me servit pas autant qu'il aurait fait si j'avais eu alors le don de m'expliquer, mais Dieu tenait une telle conduite sur moi que, quelque envie que j'eusse de ne rien cacher, je ne pouvais rien dire. Sitôt que je lui parlais, tout m'était ôté de l'esprit 999, en sorte que je ne pouvais me souvenir de rien que de quelques défauts que je lui disais. Ma disposition du dedans était trop simple pour en pouvoir dire quelque chose, et comme je le voyais très rarement, que rien n'arrêtait dans mon esprit, et que je ne lisais rien qui fut conforme à ce que j'éprouvais, je ne savais comment m'en expliquer. D'ailleurs je ne désirais faire connaître que le mal qui était en moi : c'est ce qui a fait que M. Bertot ne m'a connue qu'après sa mort. Cela m'a été d'une très grande utilité pour m'ôter tout appui, et me faire bien mourir à moi-même1000.

Chez Bertot qui avait à s’occuper de beaucoup de gens, ce mutisme a entraîné un apparent désintérêt :

Je fus faire une retraite avec M. Bertot et Madame de C[harost], au P.[lieu inconnu]. Dieu permit que M. Bertot ne me parlât point qu'un demi-quart d'heure au plus. Comme il vit que je ne lui disais rien, que je ne savais que dire, et que d'ailleurs je ne lui avais jamais parlé des grâces que Notre-Seigneur m'avaient faites, non par envie de les cacher, mais parce que vous ne le permîtes pas, ô mon Dieu, qui n'aviez sur moi que des desseins de mort, M. Bertot parlait aux âmes qu'il croyait d'une plus grande grâce, et me laissait comme celle où il n'y avait presque rien à faire.1001

La Vie témoigne aussi de malentendus qui firent beaucoup souffrir Madame Guyon :

M. B[ertot], sur des rapports qu’on lui fit que je faisais de grandes austérités, car des gens se l’imaginaient à cause de l’extrême peine où j’étais, qui me rendait méconnaissable, et qui me les avait défendues, crut que je me conduisais à ma tête et comme dans cet état déplorable je ne lui pouvais rien mander de moi, Dieu ne le permettant pas, - car quoique j’eusse des peines si vives du péché, lorsque je voulais écrire ou en parler, je ne trouvais rien et j’étais toute stupide ; même lorsque je me voulais confesser, je ne pouvais rien dire sinon que j’avais du sensible pour la créature ; ce sensible était tel que, dans tout le temps qu’il dura, il ne me causa jamais aucune émotion ni tentation dans la chair - M. Bertot m’abandonna, il me fit mander que je prisse un autre Directeur. Je ne doutais plus que Dieu ne lui eût fait connaître mon méchant état, et que cet abandon ne fût la plus sûre marque de ma réprobation [condamnation]. / Je restais si affligée que je crus que je mourrais de douleur.1002

Au moment où elle luttait contre un penchant amoureux, Monsieur Bertot se montra inexorable :

Je croyais être perdue : car tout ce que j’avais pour l’extérieur et l’intérieur me fut ôté. M. Bertot ne me donna plus de secours; et Dieu permit qu’il comprît mal une de mes lettres, et qu’il m’abandonnât même pour longtemps dans mon plus grand besoin, ainsi que je le dirai dans son lieu 1003.

Même lorsqu’elle pensait que son état spirituel s’améliorait, Monsieur Bertot ne la laissait pas être contente d’elle-même :

J’eus l’occasion de voir M. Bertot pour quelque moment. Je lui dis que je croyais mon état bien changé, sans lui en dire le détail, ni ce que j’éprouvais, ni ce qui l’avait précédé. J’eus très peu de temps à lui parler, et encore était-il appliqué à autre chose. Vous permîtes, ô mon Dieu, qu’il me dit que non, peut-être sans y penser. Je le crus, car la grâce me faisait croire ce que l’on me disait malgré mes lumières1004.

Ce n’est qu’en rédigeant son autobiographie qu’elle comprit la signification de ce que la Providence lui avait infligé :

Il semblait que Dieu ne m’avait donné M. Bertot que pour m’ôter les appuis, et non pour m’en servir…1005.

A la fin de son existence, elle reconnaîtra définitivement le sens de ce qu’elle a vécu avec Monsieur Bertot dans l’hommage solennel rendu dans l’Avertissement qui précède le DM :

Ceux qui auront vu l’histoire de la Vie de Madame Guyon écrite par elle-même, y auront remarqué sans doute que notre Auteur a été son Directeur presque durant tout le temps que le divin Amour la conduisit par les voies les plus dures et les plus rigoureuses pour lui faire trouver la vie ressuscitée en Dieu Il est vrai qu’elle reconnaît que, par une [3] providence toute particulière, et pour lui ôter tous les appuis qui auraient pu empêcher en elle la perte de toute vie propre, il ne l’aidait guère pour son intérieur. Cependant Mr. Bertot étant mort dans les commencements de la vie nouvelle, elle nous marque que non seulement elle eut quelque signe de sa mort, et même qu’elle fut la seule à qui il s’adressa, mais aussi qu’il lui a semblé qu’il lui fit part de son esprit pour aider ses enfants spirituels 1006.

En réalité, même si Madame Guyon donne beaucoup d’emphase à sa souffrance, Monsieur Bertot apparaît aussi comme un soutien qui agit quand cela est nécessaire. Il connaît ses besoins malgré la distance physique qui les sépare :

Le jour de l’Assomption de la Vierge de la même année 1672, que j’étais dans une désolation étrange, soit à cause du redoublement des croix extérieures, ou de l’accablement des intérieures, j’étais allée me cacher dans mon cabinet pour donner quelque essor à ma douleur, je vous dis : « O mon Dieu et mon Epoux, vous seul connaissez la grandeur de ma peine. » Il me vint un certain souhait : « O si M. B[ertot] savait ce que je souffre ! » M. B[ertot], qui n’écrivait que rarement, et même avec assez de peine, m’écrivit une lettre datée de ce même jour de l’Assomption sur la croix, la plus belle et la plus consolante qu’il ait guères écrite sur cette matière. Il faut remarquer qu’il était à plus de cent lieues d’où j’étais 1007.

De même qu’il avait su à distance la mort de la Mère Granger :

M. B[ertot], quoiqu’à cent lieues du lieu où la mère Granger mourut, eut connaissance de sa mort et de sa béatitude et aussi un autre religieux 1008.

Quand Madame Guyon a besoin d’un précepteur pour son fils, Monsieur Bertot vient à son secours :

J’allai à Paris exprès pour voir M. Bertot. Je pris prétexte d’une affaire, comme j’en avais un extrême désir. Les instantes prières que je lui avais fait faire de me conduire, jointes à la mort de mon mari dont il crut que je serais fort affligée, l’obligèrent à me conduire de nouveau, ce qui ne me fut que très peu utile, car outre que je ne pouvais lui rien dire de moi, ni me faire connaître à lui, parce que toute idée m’était ôtée, même celle de mes misères, lorsque je lui parlais, votre Providence, ô mon Dieu, permettait que, lorsque j’étais empressée de le voir dans le besoin extrême que je croyais avoir de lui, c’était alors que je ne le pouvais voir. Je fus bien douze ou quinze jours à Mon[tmartre] sans lui pouvoir parler et en près de deux mois je ne lui parlai que deux fois, et encore pour peu de temps, et de ce qui me paraissait le plus essentiel. Je lui dis le besoin que j’avais d’un ecclésiastique pour élever mon fils et lui ôter les mauvaises habitudes et les impressions désavantageuses qu’on lui inspirait contre moi, ce qui était d’autant plus de conséquence qu’il devenait plus grand, car ma belle-mère lui inspirait sans cesse que je n’étais qu’une gueuse, que tout le bien venait de son côté, ce qui n’était pas tout à fait vrai. Cela vint à tel point que, quand il parlait de moi, il ne m’appelait jamais sa mère, mais « elle a dit, elle a fait ». M. Bertot me trouva un prêtre dont on lui avait rendu de très bons témoignages, il me l’envoya1009.

Quelle que soit la difficulté de sa relation avec Monsieur Bertot, Madame Guyon lui témoignait une confiance absolue, voyant en lui l’ordre de Dieu :

Je crus cependant que, quoiqu’il ne m’aidât plus, je devais m’adresser à lui pour une affaire de cette importance, et préférer ses lumières à toutes autres, persuadée que j’étais qu’il me dirait infailliblement la volonté de Dieu. J’y allai donc et il me dit que mon dessein était de Dieu et qu’il y avait déjà quelque temps que Dieu lui avait fait connaître qu’il voulait quelque chose de moi. Je le crus sans hésiter; et je revins pour mettre ordre à tout1010.

Madame Guyon est la destinataire très probable, mais non citée par discrétion, de nombreuses lettres citées dans le DM. Dans celle-ci, le détail de la maladie de la goutte du mari rend cette attribution certaine. Cette lettre rend compte de l’atmosphère habituelle qui régnait entre Bertot et Madame Guyon pendant les dix ans que dura leur relation :

Lettre à l’auteur : Depuis dix ou douze jours Mr. N [Guyon] a eu la goutte. J’ai cru qu’il était de l’ordre de Dieu de ne le pas quitter et de lui rendre tous les petits services que je pourrais. J’y suis demeurée, mais avec une telle paix et satisfaction que je n’en ai expérimenté de même. La bonne Mère [Granger] m’aide infiniment. Je suis bien heureuse qu’elle souffre que je lui conte mes misères: tout ce qu’elle me dit va bien avant dans mon coeur et j’ai fort envie d’en profiter. / Lettre 29 [réponse de Bertot] : Vous avez très bien fait de m’écrire et vous pouvez être sûre M[adame] que j’ai une joie extrême de vous pouvoir être utile en quelque chose. J’en ai reçu une que je ne vous puis exprimer, remarquant en votre lettre non seulement l’accroissement de la lumière divine en votre âme, mais encore ses grandes démarches. Car vous ne pouvez être plus certaine par aucune chose de la vérité de cette divine lumière en votre âme que par cette paix et joie à vous contenter de l’ordre de Dieu dans le service que vous rendez à M[onsieu]r. Remarquez donc que non seulement tout ce service est ordre de Dieu sur vous, mais encore tout ce que ce divin ordre opère en votre âme. Autrefois vous auriez désiré un million de choses et auriez été chagriné en ce bas emploi : mais l’esprit de Dieu vous employant par sa divine lumière en cela, vous y fait trouver Dieu qui vous met dans le repos, et qui vous y fera trouver une plénitude où vous trouverez toutes choses Vous faites bien d’être fidèle aux quatre heures d’oraison que vous faites: mais quand la providence vous en dérobera, pour lors laissez-vous heureusement surprendre Vous ne m’avez jamais mieux exprimé votre intérieur, ni mieux dit ce qui s’y passe; soyez en certaine : c’est pourquoi je renvoie votre lettre avec celle-ci, afin que gardant l’une et l’autre, elles vous servent, d’autant que cela vous sera utile pour toute votre vie1011.

Cette alliance d’amour et de rigueur, caractéristique de Monsieur Bertot, se voit dans les lettres de provenances diverses rassemblées dans le DM. Dans ce décalogue, il montre un esprit concret, raisonnable mais exigeant envers son interlocutrice (nous allégeons beaucoup le contenu des paragraphes, ce qui lui donne toute sa force) :

Vous avez vécu jusqu’ici en enfant avec bien des ferveurs et lumières. / Lisez et relisez souvent ceci; car c’est le fondement de ce que Dieu demande de vous.

1. Si le bon Dieu vous donne des lumières vous pouvez vous y appliquer par simple vue et recevoir de sa bonté ce qu’il lui plaira de vous donner; et si votre âme n’a aucun désir de cette application, il ne faut que continuer votre simple occupation.

2. Continuez votre oraison quoique obscure et insipide. Dieu n’est pas selon nos lumières et ne peut tomber sous nos sens.

3. Conservez doucement ce je ne sais quoi qui est imperceptible et que l’on ne sait comment nommer, que vous expérimentez dans le fond de votre âme; c’est assez qu’elle soit abandonnée et paisible sans savoir ce que c’est.

4. Quand vous êtes tombée dans quelque infidélité, ne vous arrêtez pas à la discerner et à y réfléchir par scrupule; mais souffrez la peine qu’elle vous cause, que vous dites fort bien être un feu dévorant, qui ne doit cesser que le défaut ne soit purifié et remédié.

5. Pour la douceur et la patience, elles doivent être sans bornes ni mesures. …

6. Pour les pénitences, la meilleure que vous puissiez faire est de les quitter…

7. Soyez fort silencieuse, mais néanmoins selon votre état en observant ce que vous devez à un mari, à vos enfants

8. Ce que vous me dites est très vrai que vous êtes bien éloignée du but … Pourvu que vous soyez fidèle, je ne vous manquerai pas au besoin, pour vous aider à vous approcher de Dieu promptement.

9. Vous expérimenterez très assurément que plus vous travaillerez de cette manière, plus vous vous simplifierez et demeurerez doucement et facilement auprès de Dieu durant le jour, quoique dans l’obscurité : au lieu de vous nuire, cela vous y servira.

10. Quand vous avez fait des fautes et que vous y avez remédié oubliez-les par retour simple à Dieu sans faire multiplicité d’actes. 1012

Son amour appelle à rejeter tout attachement et à dépasser toute limitation pour aller vers la vie en Dieu qu’il connaît d’expérience :

Vous avez cru autrefois avoir des merveilles et vous n’aviez rien: et à présent que vous croyez n’avoir rien et être toute corruption et pauvreté, vous pouvez être tout si vous en faites usage, concourant avec Dieu, qui y agit en Dieu, vous laissant doucement pourrir et mourir et vous dénuer, et par là tomber dans le calme et l’abandon1013.

Il ne faut pas s’arrêter en chemin :

Je vous dis que c’est la voie, et non pas votre centre : car vous ne devez pas vous y reposer ni y jouir, mais passer doucement plus loin en Dieu et dans le néant ; c’est-à-dire qu’il ne faut plus vous arrêter à rien quoiqu’il faille que vous soyez en repos partout. Sachez que Dieu est le repos essentiel et l’acte très pur en même temps et en toutes choses1014.

Monsieur Bertot peinait à sortir de ses états mystiques et n’écrivait que si la grâce l’incitait à le faire :

En vérité Il me détourne tellement des créatures que j’oublie tout, volontiers et de bon cœur. Ce m’est une corvée étrange que de me mettre la main à la plume, tout zèle et toute affection pour aider aux autres m’est ôtée, il ne me reste que le mouvement extérieur : mon âme est comme un instrument dont on joue ou, si vous voulez, comme un luth qui ne dit ni ne peut dire mot que par le mouvement de Celui qui l’anime. Cette disposition d’oubli me possède tellement, peut-être par paresse, qu’il est vrai que je pense à peu de chose 1015.

Aux paroles et aux lettres, ce profond spirituel préférait la communication directe avec les âmes dans le silence :

Puisque vous voulez bien que je vous nomme ma Fille, que vous l’êtes en effet devant Dieu qui l’a ainsi disposé, vous souffrirez que je vous traite en cette qualité, vous donnant ce que j’estime le plus, qui est un profond silence. Ainsi lorsque vous avez peut-être pensé que je vous oublierais, c’étais pour lorsque je pensais le plus à votre perfection. Mais je vous parlerai toujours très peu : je crois que le temps de vous parler est passé, et que celui de vous entretenir en paix et en silence est arrivé. Demeurez donc paisible, contente devant Dieu ou plutôt en Dieu dans un profond silence. Et pour lors vous entendrez ce Dieu parlant profondément et intimement au fond de votre âme.1016.

Je vous en dis infiniment davantage intérieurement et en présence de Dieu ; si vous y êtes attentive, vous l’entendrez.1017.

Madame Guyon ne l’avait pas compris, bien qu’elle ait constaté sans se l’expliquer qu’elle était forcée au silence devant Monsieur Bertot. C’est seulement plus tard dans son propre cercle spirituel qu’elle expérimentera la communication en silence.

Dans plusieurs lettres à des intimes, Monsieur Bertot affirme sans ambages la véritable nature de sa direction spirituelle. Elle se situe non dans le langage, mais dans l’union directe avec les âmes parce qu’il les retrouve dans la profondeur divine.

Je vous assure, Madame, que mon âme vous trouve beaucoup en Dieu et qu’encore que vous soyez fort éloignée, nous sommes cependant fort proches, n’ayant fait nulle différence de votre présence et de votre absence, départ et éloignement. Les âmes unies de cette manière peuvent être et sont toujours ensemble autant qu’elles demeurent et qu’elles vivent dans l’unique nécessaire: là elles se servent et se consolent aussi efficacement pour le moins que si elles étaient présentes, et la présence corporelle ne fait que suppléer au défaut de notre demeure et perte en Dieu. C’est donc là que l’on trouve ses amis et qu’on leur est plus utile qu’en toute autre manière, car en les trouvant on ne laisse pas d’avoir Dieu et de jouir de Lui. Et au contraire quand on a ses amis et qu’on en est occupé par les sens, pour l’ordinaire on est peu en Dieu et on leur est peu utile1018.

Comme dans la tradition des Pères du désert ou des staretz de l’Orthodoxie, il porte ses enfants spirituels dans sa plongée en Dieu et affirme avec hardiesse qu’à travers ce « néant » qu’il est devenu, la grâce divine peut agir :

Je veux bien satisfaire à toutes vos obligations et payer ce que vous devez à Dieu : j’ai de quoi fournir abondamment pour vous et pour beaucoup d’autres; j’ai en moi un trésor caché, c’est un fond inépuisable qui n’est autre que mon néant: c’est là que tout est, c’est là que je trouve de quoi satisfaire à vos obligations. Ce trésor est caché car on croit que je suis quelque chose : c’est qu’on ne me connaît pas. Ce fonds est un trésor, car c’est toute ma richesse, c’est mon bien et mon héritage, c’est mon tout. … Il est inépuisable car Dieu en peut tirer tout ce qu’Il veut Je donne tout d’un seul coup et je suis ravi de n’être et de n’avoir plus rien. Je vous soutiendrai que Dieu ne peut épuiser notre néant, comme Il ne peut épuiser son tout. 1019

Dans une admirable lettre, cet homme qui s’épanchait si peu livre avec émotion son souhait le plus profond :

Si j’entre dans cette unité divine, je vous attirerai, vous et bien d’autres qui ne font qu’attendre; et tous ensemble n’étant qu’un en sentiment, en pensée, en amour, en conduite et en disposition, nous tomberons heureusement en Dieu seul1020.

Monsieur Bertot mourut le 28 avril 1681 et Madame Guyon le sentit à distance. Quelques années plus tard, elle reprit la direction spirituelle des laïcs qui s’étaient regroupés autour d’elle, disant que Monsieur Bertot lui avait transmis son « esprit pour aider ses enfants spritituels » : le travail de Monsieur Bertot put ainsi continuer.



Table

Présentation4


MONSIEUR BERTOT, DIRECTEUR MYSTIQUE8

1. Une « école » des mystiques.9

2. La vie cachée de Monsieur Bertot.14

Caen.16

Montmartre.25

3. L’œuvre.38

Les Retraites.38

La Conclusion des Retraites […] de l’oraison…39

Le Directeur mystique.40

Autres sources.43

4. Aperçu de la voie.44

5. La direction de Madame Guyon.47


LES ECRITS DE MONSIEUR BERTOT60

Avertissement.62

Contenu.62

Forme.62


I CORRESPONDANCE64

Correspondance sans destinataires identifiés64


Volume II du Directeur mystique65

2.1 Don du repos intérieur.65

2.2 Vie solitaire et d’oraison.68

2.5 Comment juger de l’intérieur.71

2.8 Patience en travaillant à sa perfection.74

2.11 Edifier avant que de dénuer.75

2.12 Fidélité à sa voie.78

2.16 Vraie sainteté des choses bonnes.84

2.18 Oraison dans les grands embarras.89

2.21 Fidélité dans les choses de notre état (réponse).91

2.31 Aller à Dieu par ce qu’on a.92

2.32 Mourir au sensible.95

2.34 Fidélité à la foi purifiante.96

2.35 Purification de l’âme par la foi.98

2.39 Purification. Etat de simplicité.106

2.40 Fidélité. Marie des Vallées.107

2.41 Patience à se corriger.108

2.43 Dépendance du bon plaisir divin.109

2.45 Voie à la liberté divine.110

2.46 Chemin pour trouver Dieu.111

2.48 Voie du néant et de la perte.113

2.50 Retour en Dieu par la foi.115

2.52 Avantages de la foi passive.117

2.53 La foi conduisant par les sécheresses.120

2.54 Foi dans les sécheresses des sens.121

2.63 Fidélité au divin néant en foi.123

2.64 Divine Justice, partage du pur amour..128

2.65 Lumière du fond et de ses effets.130

2.66 La lumière divine se levant en l’âme.134


Volume III du Directeur mystique.141

3.8 Fidélité aux croix extérieures et intérieures.143

3.15 Expérience de ses misères.143

3.20 Courir vers Dieu…145

3.21 Se complaire en Dieu.147

3.24 Réponses à des questions :147

3.29 Faire régner Dieu.149

3.30 Oraison véritable. Foi divine.150

3.31 Lumière de foi.155

3.36 Divine volonté.157

3.46 Suivre Dieu sans voir où.157

3.47 Oraison de repos et d’abandon.158

3.55 S’outrepasser et s’oublier.163

3.56 Se voir en Dieu168

3.57 Multiplicité, Simplicité, Nudité.180

3.58 Degrés pour arriver à la vie spirituelle.184

3.60 Avis pour l’état de la foi nue.191

3.62 Perte totale pour trouver Jésus-Christ.201

3.64 Anéantissements et leurs effets.202

3.68B D’un Serviteur de Dieu […] lettre écrite de Canada.209

3.69. Réponse à la lettre […] écrite de Canada.210

3.69B. Du même serviteur de Dieu…222

3.70. Réponse à la précédente. Dieu tout en l’âme.223


Volume IV du Directeur mystique.225

4.01. Le vaisseau.225

4.03. Oraison de foi.225

4.05. Sécheresses.226

4. 06. Simplicité, abandon.227

4.08. Fidélité au don de foi.228

4.11. S’établir en Dieu.229

4.24 Oraison dans les maladies.231

4.30 Perte de soi-même pour trouver Dieu.234

4.42 Aimer Dieu nonobstant ses misères.235

4.49 Abandon sans regard sur soi.235

4.51 On ne trouve la vie que par la mort.239

4.52 Solitude. Abandon absolu.240

4.53. Trouver Dieu Lui-même pour Lui-même.242

4.54. Efficacité du feu de l’amour divin.243


Correspondance avec Madame Guyon (choix)247

[1.] 3.67. Lettre-traité de la vie intérieure. 1672.248

Avant octobre 1674 :256

[2.] 2.06. Chemin pour trouver Dieu.256

[3]. 2.58. Solitude et dégagement. 1674 ?260

Avant juillet 1676 :261

[4]. 2.56. Enfance spirituelle.261

Avant 1678 :264

[5]. 2.57. Maladies.264

[6]. 2.59. Se souffrir.267

1678 ( ?) :268

[7]. 3.32. Se voir en Dieu.268

[8]. 3.33. La mort à soi.274

Avant avril 1681 :279

[9]. 3.65 Réponse : arriver en Dieu, son centre.279

[10]. 3.68. Réponse : mourir à soi.281

[11]. 4.33. La foi une et pure.282

[12]. 4.34. Du centre de l’âme.287

« Onze dernières lettres de M. Bertot dans le même ordre à une même personne : »288

[13]. 4.71. [2elettre]. Silence devant Dieu.288

[14]. 4.72. [3elettre ]. Béatitude en cette vie.289

[15]. 4.75. [6elettre ]. Perte de tout en Dieu.291

[16]. 4.79. [10elettre]. Tendre à Dieu en Lui-même.292

[17]. 4.81. L’état d’anéantissement parfait en nudité entière.295


II OPUSCULES SPIRITUELS300

Opuscule 1. Conduite de Dieu sur les âmes. (Extraits).302

Opuscule 4. Etats d’oraison représentés dans l’évangile du Lazare. (Extraits).309

Opuscule 5. Traité de la voie de l’oraison et de ses divers degrés sous l’emblème des différentes manières d’atteindre au jardin.314

Premier degré.315

Second degré.317

Troisième degré.321

Degrés de l’oraison, comparés.327

Quatrième degré.331

Réflexion.344

Opuscule 6. Voie de la Perfection sous l’emblême d’un nautonnier.348

Opuscule 7. L’oiseau.377

Opuscule 8. Que les morts et les croix sont inséparables du don de foi et d’oraison.407

Opuscule 10. Sur l’état du Centre412

Opuscule 11. Sur l’état du Centre.418

Opuscule 12. Plusieurs éclaicissements422

Première demande [sur l’oraison des débuts].422

Seconde demande [sur l’oraison de simplicité et de foi].422

Troisième demande [sur le recoulement en Dieu].449

Quatrième demande [sur le Père et le Fils].465

Cinquième demande [sur la soumission et la sagesse humaine].467

Sixième demande [sur la paix, etc.].473

Septième demande [sur le fond de l’âme].475

Six questions sur l’oraison.478


III LES DEGRES D’ORAISON488

Approbations.489

Extrait du privilège du Roi.489

TABLE de ce qui est contenu en ces Conclusions des Retraites :490


[INTRODUCTION]492

DEGRES D’ORAISON.497

De l’oraison d’affection.497

[Différence de la méditation et de l’oraison d’affection]497

[Ce que c’est que l’oraison d’affection]498

[Deux sortes d’oraisons d’affection]498

[Effets de l’oraison d’affection]499

[Marques pour connaître quand on doit quitter la méditation pour passer à l’oraison d’affection]500


De l’oraison de simplicité502

[Pourquoi cette oraison s’appelle de simplicité]502

[Différence de l’oraison d’affection et de simplicité]503

[Définition de l’oraison de simplicité]504

[Effets de l’oraison de simplicité]506

[Comment l’âme agit dans l’oraison de simplicité]508

[Marques pour juger quand une âme doit passer de l’oraison de simplicité à l’oraison passive]509


De l’état de l’oraison passive511

[Divers degrés de cette oraison]513


Premier degré de la mort passive516

[Degré de mort]516

[Pourquoi ce degré est premier]516

[Différence de la soustraction de cet état, et de l’état de simplicité]516

[Dépérissement de cet état de mort]517

[Effets de ce degré de mort]517

[Dans l’entendement]518

[Dans la volonté]518

[Dans la mémoire]519

[Différences des peines de cet état et de celles des précédents et comme elles doivent être portées différemment]522

[Abus touchant les peines des premiers états]522

[Marques pour faire le discernement des peines de ce degré et des précédents]523


Second degré de la contemplation passive525

[En quoi consiste ce second degré et la différence dans les autres degrés et états]525

[Effets de ce degré]526

[L’entendement est revivifié]527

[La volonté est vivifiée]528

[La mémoire est vivifiée]528

[Des sécheresses et tentations de cet état]529

[Marques de la fin de cet état]529


Troisième et dernier degré d’union530

[Ce que c’est que ce dernier degré]530

[Comparaison qui exprime bien cet état]531

[Du commencement de cet état]533

[Du milieu de cet état]533


Marques pour discerner534

quand une âme passe de l’oraison de simplicité dans l’état passif.534

[Première marque]534

[Seconde marque]535

[Troisième marque]535

[Combien l’état passif est périlleux sans vocation]536


ECLAIRCISSEMENTS537

sur plusieurs difficultés de ces degrés d’oraison537

[Pourquoi on ne dit rien des révélations]537

[Comme on se doit servir du sujet dans l’oraison d’affection et les autres degrés]538

[Comment se font les examens, actes de contrition et autres pratiques dans les divers degrés d’oraison]540

[Comment on est certifié de son état]542

[Que doit être le directeur]542

[Abus ordinaire des âmes qui sont dans les ténèbres]543

[Différence des véritables obscurités et des fausses]544

[On doit parler des degrés d’oraison avec méthode]545

[Abus de quelques spirituels]545

[Si l’on doit généralement conseiller l’oraison]546

[Comment on doit conseiller l’oraison, selon la capacité de la personne]547

[Prétextes malheureux qui font quitter l’oraison]551


MANIERES D’AGIR DANS LES MALADIES553

et à la mort pour chaque degré553


ANNEXES560

Annexe I : Table synchronique de membres de l’école de l’amour pur561

Table synchronique des membres de l’école de l’amour pur nés entre 1590 et 1651.562


Annexe II : Tableau général de l’école quiétiste du pur amour.563

Tableau général de l’école quiétiste du pur amour (autour de Jean-Chrysostome, Jean de Bernières, Jacques Bertot).566

Suite du tableau général de l’école quiétiste du pur amour (J. Bertot, J.-M. Guyon, disciples et influences) .567


Annexe III : Notes à Monsieur Bertot, Directeur Mystique.568

- Sources utiles à l’approche biographique.568

- Identité, baptême, décès.569

- Figures amies.570

- Le corpus.570

- Ecrits du P. Chrysostome.572


Annexe IV : Chronologie de la vie de Monsieur Bertot.573

Table générale détaillée575











48.BERTOT INTEGRALE

MONSIEUR BERTOT Directeur mystique I Opuscules et Lettres


(61) Bertot Traité Lettres octobre Digest.odt



AVANT-PROPOS

Après vingt années qui ont permis de faire mieux connaître Madame Guyon il est temps de mettre en valeur son propre maître. Ce directeur discret  nous apparaît aujourd’hui comme parfois plus dense et par là il est le préféré de quelques-un(e)s.

On trouvera donc l’intégrale de ce qui nous en est parvenu, primitivement édité en sept volumes égrenés au cours du temps sans nom d’auteur. Le choix que nous avions établi il y a vingt ans  ne serait plus le même aujourd’hui.

L’opus complet présenté ici en trois tomes couvre deux mille pages. Nous avons été aidé en saisies par notre Ami canadien Benoît Emond : depuis des années il est tombé sous le charme du Directeur mystique .

Certes ce titre choisi par le premier éditeur Pierre Poiret me parut étrange lors de sa première rencontre mais il s’avère parfaitement justifié pour le plus exigeant Directeur de son siècle. Tous ses écrits sont profondément intérieurs mais font fi de toute mise en forme  littéraire, compte tenu du « public » très particulier qu’il vise, le plus souvent un seul ou une seule correspondant(e).

Ce présent tome des œuvres de Jacques Bertot entreprend l’édition des Traités et du début des Lettres contenus dans les volumes I et II (sur quatre) publiés anonymement en 1726 comme « Directeur mistique ».

Le tome sujivant achève de transmettre ce qui est directement sorti de la plume du Directeur : fin des lettres contenues dans les volumes III et IV de 1726 et Complément aux Retraites publié en 1682.

Le troisième et dernier tome contient l’intégrale de ces « Retraites » saisies en 1662 par des auditrices.

Il contient aussi les textes de mystiques associés à ceux de Bertot par l’éditeur Pierre Poiret  : il s’agit de Marie des Vallées, de Maur de l’Enfant-Jésus, de Madame Guyon qui va succéder à Bertot comme « Dame directrice ».

Madame Guyon et Pierre Poiret ont ainsi préparés leur disparition en assemblant un « Compagnon mystique » destiné à leurs disciples et à leurs associés1021. Il s’agit bien d’un Directoire à usage de disciples, à l’image du Directoire des Novices préparé par les disciples du Carme Jean de Saint-Samson1022.

Tous ces textes sont d’utilité pérenne. Choisir nous paraîtrait aujourd’hui privilégier arbitrairement telle étape du parcours mystique au détriment d’une autre. Cela justifie la reprise intégrale  du corpus reconstitué (trois mille pages en 2020 succèdent ainsi à cinq cent pages en 2005) : tous textes de même inspiration mystique profonde mais adaptés aux pèlerins sur Les secrets sentiers de l’Amour divin1023 : des tempéraments divers sont en marche.

A l’aide de quelques notes inégalement réparties (fréquentes seulement au début de chaque tome pour ne pas décourager le lecteur) je livre une approche qui se veut indirecte. Il touche à un domaine dont on sait qu’il interdit toute théorie générale1024.

Ces notes sont faciles à « sauter » ce qui permet des libertés et quelques excursus dans l’ouvrage qui succède aux rééditions de Guyon, aux Expériences en Occident, à La Vie mystique chez les Franciscains du XVIIe siècle, à l’Ecole du Coeur.

Avec Benoît-Michel nous complétons les références de Poiret pour pallier à l’ignorance moderne de textes testamentaires.

En ce qui concerne le texte courant je ne substitue aucun synonyme mais, comme pour Guyon et pour d’autres, je modernise l’orthographe et modifie parfois la ponctuation.



TABLE DES MATIERES

Je place un devant les lettres supposées adressées à madame Guyon.

Quarante lettres complètes ont été éditées dans le premier volume de la Correspondance de Madame Guyon, comme faisant partie de la correspondance passive reçue par la jeune femme entre 1672 et mars 1681, date de la mort de son directeur1. Il est probable que de nombreuses autres lettres conservées dans le DM lui sont également adressées


AVANT-PROPOS 5

MONSIEUR BERTOT, DIRECTEUR MYSTIQUE. 9

De Caen… 11

à Montmartre 18

Une voie mystique. 26

Une influence oubliée 33

LE DIRECTEUR MISTIQUE 1714 35

LE DIRECTEUR MISTIQUE OU LES ŒUVRES SPIRITUELLES DE MONSR. BERTOT, Ami intime de feu Mr de BERNIÈRES, & Directeur de Made GUION. Avec 35

Un recueil de LETTRES SPIRITUELLES tant de plusieurs AUTEURS Anonimes, que du R.P. MAUR de l’Enfant Jésus, Religieux Carme, & de Madame GUION, qui n’avaient point encore vu le jour. 35

Divisé en QUATRE VOLUMES, A COLOGNE Chez JEAN DE LA PIERRE. 1726. 35

VOLUME I (OPUSCULES) 35

Avertissement [P. Poiret] 37

Poésies de Madame Guyon 41

Premières pages [édition Poiret] 42

Avertissement [DT] 43

 I.     Conduite de Dieu sur les âmes. 45

I. De la conduite intérieure de Dieu sur les âmes, soit immédiate, soit médiate, pour les faire arriver à la perfection. 45

II.    De l’état du repos sacré. 59

II. De l’état intérieur d’une âme qui après avoir suivi fidèlement Dieu dans la voie active, est enfin élevée par lui au REPOS SACRE ; / Sous la similitude d’un enfant porté par sa mère sur son sein. 59

III.  Profondeur des saints Évangiles 69

III. De la profondeur des saints Évangiles, que les seules âmes de foi sont capables de découvrir. 69

IV.  États d’Oraison, représentés dans l’Evangile du Lazare 77

IV. Les divers états de la Vie intérieure et de l’Oraison, l’actif, le contemplatif, et celui de la mort du fond, suivi de la Vie divine ; représentés dans l’Évangile du Lazare. 77

V.  Degrés de l’Oraison ; comparés aux eaux qui arrosent un jardin. 87

V. Traité de la voie de l’Oraison et de ses divers degrés,/ Sous l’emblème des différentes manières d’arroser un jardin. 87

Avant-Propos. 87

1. Nécessité de bien correspondre à Dieu. 2. Fin et effet de sa divine opération en l’âme. 3. Sujet de ce traité. 87

Premier degré 89

4-6. Voie active et de méditation, sa nécessité et sa fin. 89

Réflexion sur ce premier degré. 91

7-8. Qu’en ce degré il ne faut pas se simplifier, ou cesser d’agir. 91

Second degré 92

9. Oraison d’affection. 10-12. Ici l’âme ne doit pas cesser d’agir, mais coopérer fidèlement avec Dieu. 13. Ce degré ne peut être continuel. 92

Réflexion 97

14.15. Fidélité requise pour avancer. 16. Fin de ce degré et commencement du troisième. 97

Troisième degré 100

17. Perte de l’opération propre par l’abondance de l’opération divine. 18-21. Comment l’âme y coopère. 22, 23. Similitude. 24-27. Effets admirables de cette opération divine en l’âme. 28-30. Qui se perfectionnent de moment en moment, nonobstant les sécheresses et les tentations. 100

Réflexion 107

31-33. En quoi consiste la fidélité de l’âme en ce degré. 34, 35. Qu’il est de grande conséquence d’être fidèle à son don d’Oraison. 38, 39. Avis pour ceux qui ne sont pas capables de ces voies. 107

§. 113

40, 41. Que Dieu a gravé en nos cœurs les instincts de ces choses. 42-46. Bonheur de ceux qui y sont bien fidèles. 113

Quatrième degré 118

47, 48. état tout passif et de la pure opération divine. 49-54. Ses grands effets en l’âme. 55, 56. Qui n’y coopère que par un repos entier et divin. 57, 58. Preuve et assurance de cet état. 59. Révélation admirable de Dieu dans le néant de la créature. 118

§. 126

60-62. Passiveté divine, différente de la passiveté de lumière. 63-66. Nudité entière de l’âme pour trouver tout Dieu en elle. 67-69. Manifestation de Jésus-Christ et de ses états, bien postérieure à celles de Dieu. 126

Réflexion 133

70-72. Que tout ce divin ouvrage s’opère en foi. 73, 74. Croix qui l’accompagnent. Fidélité à son état et au moment présent. 75. Perte de tout désir en plein repos et abandon. 133

VI. Voie de la perfection sous l’emblème d’un Nautonnier 137

VI. Description de la conduite de Dieu sur l’âme pour la mener à la perfection et lui faire trouver la vérité, sous l’emblème d’un Nautonnier qui va faire un grand voyage. 137

AVERTISSEMENT [Madame GUYON] 137

1 – 4. Occasions et sujet de ce traité. 5. Similitude pour expliquer la voie de la perfection. 138

6-8. Du Premier degré, où après les premiers travaux de la conversion 9-11. L’âme s’abandonne à la conduite de Dieu. 12-18. Qui ne manque pas d’opérer en l’âme pour l’avancer vers lui. 141

§. 148

19-22. Purification de l’âme par le feu de l’attribulation et son grand effet. 23-26. Qu’il ne faut pas s’attendre à des épreuves extraordinaires. 27-31. Bonheur qu’on trouve par cette voie, qui fait jouir de Dieu même de plénitude en plénitude. 148

§. 155

32-35. Cause des peines qu’on souffre au commencement, et défauts fort nuisibles en cette voie. 36, 37. Pour y être fidèle il faut s’attacher à la pureté et aux devoirs de son état. 38-40. Exemple de la vie cachée de Jésus-Christ et des âmes intérieures. 155

33. Trois choses sont fort nuisibles en ce degré. 155

§. 160

41-44. Du second degré, ou de la Foi toute nue et simple, et comment l’âme est élevée peu à peu. 45. Comment ses défauts y sont consumés. 46-48. Activité infinie de l’opération divine qui devient ici toute naturelle à l’âme en plein repos. 160

§. 165

49, 50. Merveilles qui s’opèrent ici, où l’âme retrouve tout ce qu’elle a perdu en son dénuement. 51-56. Description de ce dénuement, nécessaire pour conduire l’âme en son centre. 57, 58. Quelle est la vie et l’oraison de cette âme. 165

§. 172

59-62. De l’état du centre, où l’âme est revivifiée selon toute l’étendue de sa création. 63-68. Fidélité nécessaire afin d’arriver là. 69, 70. Abandon absolu, suivi d’une grande facilité à demeurer en Dieu. 71,72. Des défauts en cet état. 172

VII. De l’oraison de foi sous la figure d’un petit oiseau 183

VII. L’oiseau ou explication de l’oraison de foi Sous la figure d’un petit oiseau, lettre sur l’oraison de foi et ses trois degrés. 183

Déduction plus étendue du même sujet. 185

1-5. Premier degré de l’opération divine, le dénuement et la perte. 6, 7 ; Second degré le repos et le calme, quoiqu’en mort. 8-11. Figure de ces deux degrés, qui disposent l’âme pour la suite. 185

§. 191

12, 13. Troisième degré, la Vie nouvelle et sa figure. 14-16. Comment s’opère cet état par la foi peu à peu. 17-22. Description de cette vie nouvelle et ses progrès. 23-27. Moment éternel, où l’âme trouve et fait tout en vie de Dieu. 28-32. Activité divine donnée à l’âme. 33-36. Dégorgement en prières et bonnes œuvres. 191

§ 208

37. De l’oraison de chaque degré et comment y faire ses actions. 208

Premier degré 209

38, 39. Marques et commencement du Premier degré, et ses effets en l’âme. 40, 41. Oraison de ce degré. 42-47. Pratiques de piété et actions du jour. 209

Second degré 216

48-49. Second degré et ses effets. 50-53. De l’oraison des âmes de ce degré. 54-57. Leurs pratiques de piété et leurs actions journalières. 216

Troisième degré 222

58, 59. Du Troisième degré. 60-62. Oraison de l’âme en ce degré. 63-67 ; Ses actions et ses exercices. 222

§ 229

68. Revivification de l’âme en Dieu vers la fin de cet état. 69-71. Son oraison et ses pratiques. 72-74. Multiplicité et fécondité en unité divine. 75. Jouissance de Jésus-Christ par état. 76. Croix passagères et croix par état. 229

VIII.  Les croix inséparables du don de l’oraison 237

VIII. Que les morts et les croix sont inséparables du don de foi et d’oraison dans tous ses degrés ; et qu’il les faut porter selon son degré de passiveté et de jouissance de Dieu. 237

IX.  Opération de la Sainte Trinité dans les âmes 245

IX. Des opérations de la sainte Trinité dans les âmes, où elle produit ou ses divins effets dans leurs puissances, où soi-même dans leur fond. État et vue du centre. 245

X. Sur l’état du Centre 251

X. Réponse à quelques doutes ou difficultés sur l’état d’une âme qui commence d’arriver en son fond ou centre. 251

PREMIERE DEMANDE. 251

Si l’âme doit avoir actuellement Dieu en vue dans toutes les choses qu’elle fait afin que ces mêmes choses lui soient Dieu. 251

RÉPONSE 251

SECONDE DEMANDE 253

Quand est-ce que la lumière du fond éclaire l’âme et, si l’âme la connaît toujours, quand elle l’a et en jouit. 253

RÉPONSE 253

TROISIEME DEMANDE. 255

Si tous les mouvements qui me viennent quand je demeure dans mon centre et dans la perte, sont de l’opération de Dieu ; ou bien si je n’en dois plus avoir, et si je les dois généralement laisser tous perdre en Dieu et demeurer dans la seule et unique paix en Dieu dans le néant de toutes choses. 255

RÉPONSE. 255

QUATRIEME DEMANDE. 256

Si je ne dois plus avoir ni ne faire jamais aucuns actes intérieurs : et comme il arrive que j’en ai quoique très rarement, si c’est Dieu qui les opère et les fait en moi encore qu’il n’y paraisse rien d’extraordinaire ; et quelle est la marque pour connaître quand c’est Dieu qui les fait et opère. 256

RÉPONSE. 256

CINQUIEME DEMANDE. 257

Je vous supplie d’avoir la bonté de me dire quelque chose de la vie de l’âme dans son centre. 257

RÉPONSE. 257

SIXIEME DEMANDE. 258

Je ne sais si je me trompe ; mais il me semble que j’ai à présent un bien plus grand calme et une plus grande paix que dans toutes les misères, pauvreté et le reste, et je crains même que je n’y donne lieu. 258

RÉPONSE. 258

SEPTIEME DEMANDE. 258

Il me semble que je suis quelquefois plus nue et que d’autres fois j’ai plus de mouvement ; mais pour l’ordinaire c’est la nudité. 258

RÉPONSE. 258

HUITIEME DEMANDE. 259

Il me semble que mes sens et mes puissances se remuent comme encachette et à la dérobée pour pouvoir jouir et se perdre dans l’unité et dans le centre. 259

RÉPONSE. 259

NEUVIEME DEMANDE. 259

Il me semble que le distinct, le particulier et l’aperçu est une fatigue et une peine pour ce centre, et que cela l’incommode. J’aurais plusieurs choses à vous dire là-dessus, mais je ne sais comment m’expliquer ; c’est un abîme où il faut que je perde tout. 259

RÉPONSE. 259

DIXIEME DEMANDE. 259

Une de mes plus grandes peines pour le présent est le dénuement dans lequel je me trouve de plus en plus pour la pratique des vertus. 259

RÉPONSE. 259

ONZIEME DEMANDE. 260

Il me semble que j’expérimente quelque chose de Jésus-Christ dans le centre, et que même mes puissances et mes sens lui sont exposés pour recevoir de lui tout ce qui me manque dans la pratique des vertus, ou plutôt pour le laisser lui-même les pratiques en moi. 260

RÉPONSE. 260

DOUZIEME DEMANDE. 260

Toute chose tant intérieures qu’extérieures me deviennent indifférentes et je ne me soucie presque plus de rien, pourvu que je demeure nue et libre et que je conserve ma paix ; car pour le présent je fais ma joie de mon dépouillement et de ma nudité, comprenant bien que cela vaut bien mieux que tout le passé. 260

RÉPONSE. 260

TREIZIEME DEMANDE. 261

Il me semble que je dois aussi laisser perdre cette paix, et toutes choses quelque élevées qu’elles soient ; et que je ne suis bien que quand je n’ai rien et que je ne vois rien. 261

RÉPONSE. 261

QUATORZIEME DEMANDE. 261

S’il faut que pour toutes choses je sois dans l’anéantissement ; car il me semble que Dieu ne demande que cela de moi. 261

RÉPONSE. 261

QUINZIEME DEMANDE. 261

Ayant dit à Madame... quand j’ai eu l’honneur de lui parler, que j’avais compris par ce que vous m’avez dit que j’étais arrivé au centre, que vous m’aviez dit que Dieu était dans le centre de mon âme, et qu’en me donnant des avis, vous m’aviez presque toujours parlé du centre et donné des avis pour me perdre dans ce centre et pour y demeurer perdue. Elle a peine à croire que vous m’ayez dit cela, car elle croit que je n’y suis pas arrivée, mais que j’en suis bien proche, parce qu’elle me trouve plus dénuée que jamais. 261

RÉPONSE. 261

SEIZIEME DEMANDE. 262

Je vous supplie de me faire encore la grâce de me dire d’où vient que dans les peines et les souffrances tant intérieures qu’extérieures que je porte depuis le temps que vous savez, je n’y ai aucune joie, ni satisfaction et contentement, quoique que je ne puisse ni ne veuille vouloir autre chose que ces mêmes choses quand elle m’arrivent, et que je ne vois que la souffrance toute nue et rien qui me console. 262

RÉPONSE. 262

DIX-SEPTIEME DEMANDE. 263

Si je ne dois nullement me mettre en peine de ce qu’ayant Dieu dans le centre de l’âme, ainsi que vous me l’avez assuré et que même j’en ai quelque expérience et connaissance, quoique je ne sache comment cela se fait, dans cette possession que Dieu a pris de mon fond, je n’en ai nulle joie ni contentement : car le contentement que j’ai ne me paraît pas, ni ce que Dieu fait et opère en ce fond, puisqu’il me semble qu’il n’y fait rien, et je n’en aperçois point d’effet : tout ce que je vois est, que ce fond n’est plus mon fond et qu’il se perd de plus en plus, et qu’il y a quelque chose qui l’absorbe et qui le cache, ou plutôt l’anéantit. 263

RÉPONSE. 263

DIX— HUITIEME DEMANDE. 263

Je vous prie de me dire s’il ne me suffit pas d’avoir Dieu pour le centre de mon âme et si je ne dois pas Le laisser être et faire toutes choses en moi, et aussi qu’Il me soit tout en toutes choses, et que toutes choses me soient Lui, et que ce soit là tout mon exercice. 263

RÉPONSE. 263

XI.  Sur l’état du Centre (Avis) 265

XI. Avis () sur l’état d’une âme qui commence à se perdre en Dieu par la foi nue. 265

XII.  Éclaircissements sur l’Oraison et la Vie intérieure 271

XII. Plusieurs éclaircissements et Instructions sur les divers états d’oraison et les dispositions les plus essentielles de la vie intérieure en forme de réponse à quelques demandes. 271

XII. Éclaircissements sur l’Oraison ; etc. 293 raison de simplicité, et ceux pour les faire entrer dans l’Oraison de foi et d’anéantissement. 271

Première demande 271

Je vous supplie de m’expliquer l’oraison des âmes qui commencent d’entrer dans les voies de mortification et de présence de Dieu et ce qu’il faut qu’elles fassent pour l’intérieur et pour l’extérieur. 271

Seconde demande 271

Je vous demande de plus de me marquer les signes convaincants pour les faire entrer dans [293] l’oraison de simplicité, et ceux pour les faire entrer dans l’oraison de foi et d’anéantissement. 271

RÉPONSE[S] 271

1-10. Comment connaître les âmes propres à la simple présence et union de Dieu en foi. 11-15. Moyen de recouvrer ce don quand on l’a perdu. 16-19. Vie et conduite des âmes appelées à cette grâce. 271

§. 283

20-35. De la lumière de Foi, qui est le propre caractère de ces âmes ; avec la Réponse à plusieurs doutes. 283

§. 294

36-39. Quand l’âme peut cesser l’opération de ses puissances. Et du don de la contemplation. 40-43. Comment se disposer pour la lumière divine de la Foi. 44-47. Que cette lumière s’attache à découvrir les défauts. 294

Troisième demande 303

Expliquez-moi de plus le recoulement en Dieu pour les âmes qui ont des paroles intérieures, des ligatures des puissances, des visions et des révélations, et l’usage qu’elles doivent en faire. 303

RÉPONSE 303

1. De l’usage qu’il faut faire des grâces extraordinaires dans le degré de la Méditation et des affections. 8-12. Dans celui de la Contemplation. 13-16. Des goût intérieurs, ligatures des puissances etc. 17-23. De degré de la Foi, et de ses divers états et comment l’âme y est élevée. 24-30. Si dans ce degré l’âme a des graces extraordinaires. 303

Quatrième demande 321

Je vous prie aussi de m’expliquer la conduite de Dieu le Père sur Son Fils en Son incarnation, Sa vie et Sa mort, où Il ne Le fait paraître que comme un homme du commun, ne faisant quasi rien en Lui qui parût que comme en un autre homme. Ce point-là me touche extrêmement. Il me semble que j’aime Jésus-Christ en Son état intérieur et extérieur, et je désire Sa gloire. Je [360] n’ai point de plus grand contentement que de savoir que Dieu est, et que je ne suis rien et aussi bien que le reste des créatures, et j’ai plaisir de savoir que je ne puis rien du tout sans Lui. 321

RÉPONSE 321

1-4. Merveilles que la Foi découvre en l’Incarnation et la vie cachée de Jésus-Christ. 5-13. Comment la Foi devient à l’âme Sagesse divine qui donne et révèle Jésus-Christ et ses mistères. 321

§. 329

14,15. Communication de cette Foi, par degrés. 16, 17. Que la foi est permanente en l’âme nonobstant ses faiblesses. 18-21. Ses progrès et ses découvertes admirables. 329

Cinquième demande 335

Je vous prie encore de m’expliquer ce mot : Et erat subditus illis, comme vous me l’avez dit pour moi et comme je dois expliquer aux autres. 335

Je vous demande aussi un petit discours pour détruire la sagesse humaine, la raisonnable, et pour faire voir comment se conduire selon celle qui paraît plus surnaturelle en ce qui regarde le bien temporel ou spirituel d’une famille ou Communauté. 335

RÉPONSE 335

1-5. Mistère de la Vie cachée et soumise de Jésus-Christ, et instructions qu’il renferme. 6. Fécondité de ce mistère, dans les âmes de foi. 7-9. Vérités et conclusions qui en suivent. 335

§. 342

10-17. Principes solides de la bonne conduite d’une maison 342

Sixième demande 347

Je vous demande encore de m’expliquer quand une âme ne doit plus faire de distinction entre Jésus-Christ et ce qu’elle fait par Son ordre ou par celui des supérieurs. Dites-moi aussi bien nettement ce que c’est que de marcher dans la voie que Dieu veut de nous et d’être toujours comme Il veut ; et ce que c’est que la vraie paix et le vrai repos du cœur, parce qu’il y a des naturels fort paisibles, qui pourraient prendre le naturel pour la grâce. 347

RÉPONSE. 347

§. 348

§ 348

Septième demande 351

Je vous demande de plus ce que c’est que le fond de l’âme et comment il faut y habiter ; et quel est le moyen d’entrer dans la liberté d’esprit. 351

RÉPONSE. 351

1- 7. Du centre de l’âme et comment l’âme y est introduite par la foi. 8,9. Excellence de cet état. 351

§ 357

10-24. Plusieurs questions pour l’Eclaircissement du sujet. 357

10.  I « Comme cette lumière du centre est une lumière fort pure et très relevée, elle me paraît difficile à comprendre ; c’est pourquoi je vous prie de me permettre de vous faire quelques questions, afin de m’éclaircir certains doutes que j’ai. 357

Toutes les âmes qui arrivent à l’union, arrivent-t-elles au centre et par conséquent jouissent-elles de cette divine lumière du centre ? » 357

11. II. « Cette lumière de foi que vous dites faire et opérer ce divin centre, ou pour me servir de vos termes, cette lumière divine qui conduit suavement l’âme en la perdant, ne me paraît pas lumière : car il me semble que durant tout le temps que les sens et les puissances se simplifient et se perdent je ne sais où, en suivant ces ténèbres et en étant fidèle à ces obscurités, sécheresses et pauvretés, ce que l’âme expérimente n’est pas une lumière, mais un défaut de lumière, lequel affame et fait mourir insensiblement ses sens et ses puissances ; et qu’en vérité, ce n’est point un excès et une abondance de lumière comme vous me le dites parlant du fonds. » 358

12. III. « Durant le temps de la perte et du recoulement des sens et des puissances dans l’unité ou dans le centre, il arrive à l’âme tant de pauvretés et elle est si obscure et si pauvre que souvent les sens et les puissances s’ennuyant, vont insensiblement se courber vers les créatures et mendient quelques petits plaisirs afin de se refaire. De plus ces longues obscurités et pauvretés étant surchargées de plusieurs défauts assez fréquents, il en arrive des doutes [410] qui embarrassent très souvent l’âme. 359

Tout cela n’empêche-t-il point la course de la foi ? » 359

15. IV. “Quand la lumière de la foi s’est tellement accrue qu’elle a perdu les sens et les puissances, les réduisant en unité par la perte aperçue de leur opération en distinction, ont-ils alors leur opération en cette même lumière ?” 360

16. « Comment donc cela se fait-il ; car il me semble que très longtemps, les sens et les puissances étant fort simplifiés et perdus en leur opération, on n’aperçoit qu’une simplicité [412] obscure et très sèche, qui ne marque aucune opération ? » 360

17. « Mais, au nom de Dieu, dites-moi si une pensée que j’ai n’est point vraie, savoir comme la foi simplifiant et appauvrissant les sens, les passions et le reste de l’âme qui est capable des vertus, l’âme a souffert une extrême disette et pauvreté des mêmes vertus, et en quelque façon en été privée durant tout ce temps-là, si Dieu n’a point fait cela tout exprès afin de faire dans la suite revivre ces même sens et passions en vertus, par le fond et le centre ? » 361

18. V. « Je vous prie de me dire encore s’il arrive des extases et des visions à telle âme ? » 362

19. VI. « Dites-moi encore si la perte et le recoulement des sens et des puissances est long, et si cela se fait l’un après l’autre, c’est-à-dire si les sens recoulent les premiers et ensuite les puissances ? » 362

24. « Mais me direz-vous, quand ils sont en ce degré, sont-ils si bien morts qu’ils ne peuvent revivre ? » 366

« Mais enfin y a-t-il un temps en cette vie ou l’âme soit si perdue et si vivante en Dieu qu’il n’y ait plus rien des puissances, des sens et les passions à perdre ? » 366

Huitième demande. 368

Comment on doit prendre du soulagement dans la jeunesse ; et surtout dans la vieillesse. 368

Réponse. 368

1 – 6. Précaution pour la jeunesse. 7 — 11. Pour les personnes âgées. 368

Neuvième demande. 374

Comment il faut garder ses sens, et tout l’intérieur et l’extérieur pour vivre en pureté. 374

Réponse. 374

1 – 7. De la purification des sens et des puissances par la destruction des passions. 8 — 15. Qu’elle est différente selon les trois états de la foi. 374

Dixième demande. 385

Comment il faut converser avec les créatures. 385

Réponse. 385

1 – 3. Maximes générales. 4 — 10. Règles spéciales pour les âmes de chaque degré de la foi. 385

VOLUME  II (LETTRES) 393

2.1 Don du repos intérieur 394

LETTRE I. Comment Dieu donne peu à peu à l’âme le Repos Intérieur, et enfin sa Paix Divine. Excellence de ce don, qui s’augmente et fructifie de plus en plus par toutes les croix et contrariétés de la Vie. 394

2.2 Vie solitaire et d’oraison 403

LETTRE II. Avantages de la vie solitaire et d’Oraison par-dessus les saintes occupations 403

2.3 Du dessein de tout quitter. 405

L. III. Que le dessein de tout quitter ne doit s’exécuter qu’avec ordre et dépendance de Dieu. 405

2.4 Conformité à la volonté de Dieu. 406

L. IV. Conserver la conformité à la volonté de Dieu, nonobstant ses fautes et les dissipations de notre état. Utilité des croix. 406

2.5 Comment juger de l’intérieur 408

L. V. Qu’il faut juger de la vérité de l’Intérieur par la fidélité à la pratique des vertus et à mourir à soi par toutes les croix de providence. 408

2,6 Chemin pour trouver Dieu. 412

L. VI. Qu’on n’avance vers Dieu que par les sécheresses et la perte de tout. Chemin raccourci pour trouver Dieu par les providences de notre état. Plusieurs avis. 412

2,7 Mourir à soi. 416

L. VII. Travailler à mourir à soi selon la lumière présente. 416

2.8 Patience en travaillant à sa perfection 417

L. VIII. Qu’il faut avoir grande patience avec soi-même en travaillant à sa perfection. 417

2.9 Faire en paix ce que Dieu demande. 419

L. IX. Fidélité à faire en paix ce que Dieu demande, sans s’embarrasser de ses fautes et tentations. 419

2.10 Sécheresses et simplicité. 422

L. X. Sécheresses et simplicité en l’Oraison. 422

2.11 Édifier avant que de dénuer 422

L. XI. Qu’il faut édifier et purifier les âmes par de bonnes lumières et pratique, avant que de les dénuer et de les acheminer à l’oraison de foi. 423

2,12 Fidélité à sa voie 426

Fidélité à la voie que Dieu choisit pour nous. Bonheur de le connaître. Avantages de celle qui conduit par les pauvretés et misères. Remède à ses défauts selon sa voie et par sa voie même. 426

2.13 Expérience de ses misères 433

L. XIII. Que Dieu ne s’approche de l’âme qu’en l’anéantissant par l’expérience de ses misères afin de la purifier. Comment y correspondre en paix et abandon total. 433

2.14 Trouver Dieu dans les croix de notre état. 437

L. XIV. Que la foi fait trouver Dieu en toutes les croix et contrariétés de notre état. Porter les peines de ses dissipations et tentations, et le sentiment de ses misères sans s’en ébranler. 437

2.15 Pensées involontaires de vanité. 439

L.15 Aller bonnement avec Dieu en négligeant les pensées involontaires de vanité. 439

2.16 Vraie sainteté des choses bonnes 442

Vraie sainteté des choses bonnes. Se laisser conduire en tout à la providence et à l’ordre de Dieu, agréant même la privation des moyens extérieurs dans ce même ordre et se plaisant uniquement dans le bon plaisir divin. 442

2.17 Croix et fatigues. Usage des défauts. 449

L. XVII. S’assurer solidement dans sa voie. Comment régler et porter le sensible qui est d’ordre de Dieu, comme aussi les fatigues de notre état. Faire usage de ses défauts pour s’apetisser. Présence de Dieu au milieu des embarras. 449

2.18 Oraison dans les grands embarras 454

Avis de conduite pour une personne intérieure engagée par nécessité en des grands embarras. 454

Quand cet état souplesse paisible sous la main de Dieu supplée à l’oraison actuelle, et fait trouver Jésus-Christ en toutes choses, en mourant à soi par toutes les providences journalières. 454

2.19 Abandon dans les contrariétés. 458

L. XIX. Se mettre en repos par abandon à Dieu, afin de le trouver dans toutes les contrariétés de providence. 458

2.20 Outrepasser les hésitations de la nature. 460

L. XX. Faire ce qu’on peut pour contenter Dieu, en outrepassant les difficultés et hésitations de la nature. 460

Lettre à l’auteur. Fidélité à l’ordre de Dieu. 462

état d’une personne engagée à la Cour par fidélité à l’ordre de Dieu, et qui y trouve la paix, l’esprit d’oraison, le remède à ses défauts et le soutien parmi les dangers. 462

2.21 Fidélité dans les choses de notre état (Réponse) 463

L. XXI. Réponse à la précédente. /Se posséder en repos dans toutes les choses de notre état, comme étant ordre de Dieu sur nous, pour y trouver Dieu véritablement, quoique ces choses y semblent contraire selon les sens. Comment faire usage des sécheresses et des défauts même, pour avancer vers Dieu. 463

2.22 Tendre à Dieu en repos. 467

L. XXII. Les âmes d’un fond fort actif, doivent tendre à Dieu par de bons désirs avec ferveur, mais en repos, mourant à soi par toutes les providences. Avis sur l’Oraison, les sécheresses et les tentations. 467

2.23 Outrepasser les dons extraordinaires. 471

L. XXIII. Qu’il faut outrepasser les dons extraordinaires en mourant à soi, et tendre à la pure vertu en avançant vers Dieu par tout ce qu’il donne. 471

2.24 Bonheur des grandes croix.  477

L. XXIV. Bonheur des grandes croix, et manière de les bien porter. Source de grâces qui s’y trouve quand on y est fidèle. Avoir soin de sa santé. Se calmer dans les troubles en s’abandonnant à Dieu. 477

2,25 Obscurités. Vraie dévotion. 482

L. XXV. Fidélité dans les obscurités. Vraie dévotion ; mourir à soi par les providences de son état. Comment combattre ses passions. 482

2.26 Fidélité à se corriger dès le commencement. 484

2.27 Dieu opérant par les croix. 493

L. XXVII. Que les croix sont l’instrument par lequel Dieu opère plus magnifiquement en l’âme, qui se laissant en la main de la foi et de la providence, y doit être bien fidèle, de quelque part qu’elles [ces croix] lui viennent. 493

Lettre à l’Auteur : fidélité à l’ordre de Dieu. 504

Fidélité à suivre l’ordre de Dieu dans les croix de notre état. 504

2,28 Réponse à la [lettre] précédente : joie solide dans l’ordre de Dieu. 505

L. XXVIII. Que la seule expérience peut faire goûter la joie solide qu’on trouve dans l’ordre de Dieu, en mourant à soi avec fidélité. 505

Lettre à l’Auteur : paix dans les croix, & c. 508

Paix et joie dans les providences crucifiantes de notre état. 508

2,29 Réponse à la [lettre] précédente : marque sûre de la vraie lumière. 509

L. XXIX. Que la fidélité à se contenter de l’ordre de Dieu dans les providences humiliantes de notre état est la marque sûre de la vraie lumière, et ouvre la porte pour trouver Dieu. Se simplifier à l’Oraison. 509

2.30 On n’arrive à Dieu que par la mort. 513

L. XXX. Qu’on ne peut aller à Dieu que par la mort, qui même va toujours en augmentant par différents degrés. Raison de cette conduite de la sagesse divine. Comment y correspondre selon l’état où l’on est de simplicité ou de passivité. 513

2.31 Aller à Dieu par ce qu’on a 521

L. XXXI. faire usage de ce qu’on a de moment en moment pour aller à Dieu, qui ne manque de se communiquer par la à l’âme selon son besoin, et de la faire mourir à soi, afin qu’elle devienne une créature nouvelle. 521

2.32 Mourir au sensible 524

L.XXXII. mourir au sensible, pour se conduire par la pure foi. 524

2.33 Fidélité à la foi purifiante. 527

L. XXXIII. Fidélité à la lumière purifiante de la foi au milieu des misères qu’elle découvre dans l’âme. 527

2.34 Fidélité à la foi purifiante 530

L. XXXIV. Sur le même sujet. 530

2.35 Purification de l’âme par la foi 533

L.XXXV. De la purification des sens, des puissances et du fond de l’âme par la lumière de la foi ; et que l’on n’y doit être constamment fidèle pour arriver à l’illumination et à l’union. 533

2.36 Foi opérant dans les sécheresses. 542

L. XXXVI. Que la foi divine opère incessamment dans l’âme qui y est fidèle, pour la purifier, nonobstant ses sécheresses et obscurités. 542

Lettre à l’auteur. 546

Pour lui rendre compte d’une retraite ; et de quelques difficultés touchant l’oraison de simple foi. 546

2,37 Nudité dans l’Oraison de foi. 548

L. XXXVII. Réponse à la précédente Sur la simplicité et nudité dans l’Oraison de foi ; sur le désir d’y produire quelques paroles ; sur les doutes de son état ; sur les lectures et conversations ; sur la conséquence à ne pas prévenir l’opération de Dieu ; sur les sujets d’Oraison. 548

2.38 Silence devant Dieu. Bonté de l’Oraison. Etc. 556

L. XXXVIII. Silence devant Dieu. Bonté de l’Oraison. Avis sur le dégoût des conversations, sur la Confession, la Communion, les souffrances et les défauts. 556

2,39 Purification. état de simplicité 562

L. XXXIX. Se laisser purifier à Dieu par l’expérience de ses misères. Comment remédier à ses défauts en l’état de simplicité. Secret pour aller promptement à Dieu. 562

2.40 Mourir à soi en toutes choses 568

L. XL. Fidélité à poursuivre la mort de soi-même en toutes choses. 568

2.41 Patience à se corriger 569

L.XLI. Travailler avec une patience humble à se corriger. Vœu d’obéissance. Etre fidèle aux instincts du pur amour dans l’expérience de ses misères. Que la vraie perfection consiste dans le bon plaisir divin. 569

2.42 Trouver la vie par la voie de la mort. 574

L.XLII. L’âme fidèle à l’ordre divin trouve en tout ce qu’elle a et ce qui lui arrive, sa vie et sa béatitude par la voie assurée de la mort. 574

2.43 Dépendance du bon plaisir divin 578

L.XLIII. Que l’âme de foi trouve tout ce qu’il lui faut et Dieu même par la fidélité à la dépendance du bon plaisir divin en tout ce qui lui arrive à l’exemple de Jésus-Christ. 578

2.44 Présence de Jésus-Christ en l’âme. 582

L.XLIV. Effets de la présence de Jésus-Christ dans l’âme. 582

2.45 Voie à la liberté divine 583

L.XLV. La lumière de foi en aveuglant et apetissant l’âme, la conduit à la liberté et à l’immensité divine. Fidélité de se contenter de l’ordre divin de moment en moment, quelque détruisant qu’il paraisse. 583

2.46 Chemin pour trouver Dieu 588

L.XLVII. Voir en lumière divine. Mourir à soi est le seul chemin pour trouver Dieu et toutes ses merveilles. 588

2.47 Moyens de devenir heureux. 592

L.XLVII. Que la pauvreté, la souffrance et l’abjection rendent véritablement heureux. 592

2.48 Voie du néant et de la perte 594

L.XLVIII. Que la voie de l’anéantissement et de la perte totale est préférable à celle des lumières. 594

2.49 Paix intérieure. Oraison de foi 597

L.XLIX. le moyen d’établir la paix intérieure. Que l’expérience de nos misères sert pour faire croître l’oraison de foi. 597

2.50 Retour en Dieu par la foi 600

L. L. du retour de l’âme en son fond est en Dieu, par la lumière de la foi. 600

2.51 Foi passive et son progrès. 603

L.LI. De la foi passive et de son progrès en l’âme.) 603

2.52 Avantages de la foi passive 605

L.LII. Que la foi passive qui paraît si petite et si obscure en son commencement, et même en son progrès, avance admirablement les hommes fidèles à la suivre en mourant à soi. 605

2.53 La foi conduisant par les sécheresses 609

L.LIII. Que la foi en conduisant l’âme par les sécheresses et l’obscurité la fait heureusement arriver à Dieu. 609

2.54 Foi dans les sécheresses des sen 614

L.LIV. De la fidélité à faire usage de la foi, au milieu des sécheresses des sens. 614

2,55 Enfance spirituelle. Participation de J. C. crucifié. 618

L.LV. Vocation à la S [ain] te Enfance de Notre-Seigneur. Participation de Jésus-Christ crucifié. 618

2.56. Enfance spirituelle. 621

L.LVI. Usage des maladies. état d’enfance spirituelle. 621

2.57. Usage des maladies. 623

L.LVII. Dessein de Dieu dans les maladies envoyées aux personnes d’oraison, et comment y correspondre. 623

2.58. Solitude et dégagement. [1674 ?]  626

L.LVIII. Avantages de la solitude et dégagement entier des créatures. 626

2.59. Se souffrir. 628

L.LIX. Se corriger et se souffrir soi-même en paix et en abandon. 628

2.60 Abandon. Tristesse. Lecture. 630

L.LX. S’abandonner nuement à tout ce qui nous arrive, quelque détruisant qu’il soit. Comment outrepasser la tristesse. Quand il est temps de quitter ou de ne pas quitter la lecture. 630

2.61 Soumission et abandon etc. 633

L.LXI. Que la pure soumission et l’abandon total à la divine Providence faisant sortir l’âme de soi, la fait [font] courir à Dieu sûrement, et l’acheminant au pur dénuement devient [deviennent] pour elle une source de lumière continuelle et féconde en tout. 633

2.62 Source de lumière divine en l’âme. 638

L.LXIII.Bonheur de l’âme qui découvre en soi la source de lumière divine qui fait trouver Dieu et Jésus-Christ, lorsqu’on y est fidèle par la séparation de tout le créé. 638

2.63 Fidélité au divin néant en foi 642

L.LXIII. Comment l’âme appelée au divin néant en foi nue y doit demeurer fidèle, et faire en Dieu son oraison et toutes ses actions et pratiques. Accroissement et fécondité de cet état, qui fait germer Jésus-Christ. Piège que le diable tend à ces âmes. 642

2.64 Divine Justice, partage du pur amour... 651

2.65 Lumière du fond et de ses effets 655

2.66 La lumière divine se levant en l’âme 663

L. LXVI. état d’une âme la lumière divine commence à se lever par le centre. Sûreté de la voie de foi qui mène la par le vide, la certitude et la perte de tout. Différence des âmes conduites par la foi lumineuse d’avec les autres qui vont par la foi obscure. Que celles-ci font les délices de Dieu nonobstant leur faiblesse. 663

2.67 Liberté divine/Perte en Dieu. 670

L. LXVII. Liberté divine d’une âme perdue en Dieu, et manière de la conserver dans les occupations extérieures. 670

2.68 Génération du Verbe en l’âme. 671

L. LXVIII. D’une âme qui ayant trouvé Dieu, devient féconde en lui par la Génération du Verbe en elle. 672

Lettre à l’Auteur. Activité etc. 675

Lettre à l’Auteur. état d’une âme peinée sur ce qu’elle se trouve très active quoiqu’en repos et en unité, et sur son impuissance à remédier à ses défauts. 675

2,69 Réponse à la précédente : Se laisser à Dieu. Vrai néant de l’âme. 677

L. LXIX. Se laisser en tout à la conduite de Dieu. Remédier à ses défauts avec humilité et patience. Néant véritable où l’âme doit tendre soit en l’Oraison, soit en l’action. 677

2,70 [Partie I] : Vie divine des sens. 681

L. LXX. Éclaircissements de quelques difficultés proposées à l’Auteur au sujet de la lettre précédente. 681

I. 681

Les sens peuvent-ils être féconds en manière divine avant que d’être morts et anéantis entièrement ? Les miens ne le sont pas assurément, puisque [ms., puis que (en deux mots)] leur activité est souvent pleine de défauts. La vivacité qu’ils ont, ne vient-elle pas plutôt de leur activité première et imparfaite qui est commune à tous ceux qui ont de la vivacité et qui sont agissants ? [388] 681

RÉPONSE. 681

De la vie divine des sens par la communication sensible des états de Jésus-Christ, qui est le comble des miséricordes de Dieu en cette vie ; et des moyens pour y arriver. 681

[Partie II] : Lumières des âmes imparfaites. 685

II. 685

Puisque l’on ne peut rectifier les puissances, ni les sens, à moins que de les détruire entièrement, puis-je croire que les lumières qui me viennent, sont purement de Dieu, n’ayant point passé par toutes les agonies qui précèdent la mort réelle et véritable ? [394] 685

RÉPONSE. 685

Que Dieu ne manque pas de donner grâce et lumière aux personnes encore imparfaites. 685

[Partie III] : Mort de la mémoire. 687

III. 687

De même ma mémoire ne doit-elle pas se perdre entièrement avant que de devenir si féconde ? Je vous ai ouï dire qu’elle se perdait en un point que dans les affaires on se trouvait fort embarrassé. Et même à présent je suis souvent comme cela dans tout ce que j’entends dire, et dans tout ce que je vois qui ne regarde point mon état présent. Car même pour le passé je ne retiens rien de toutes les choses que j’ai vues, que si confusément que je n’en pourrais rapporter aucune particularité. Cela est pénible dans les conversations, et attire de l’humiliation. Enfin elle est très vide de toute idée excepté, [396] (comme je vous ai mandé) pour le présent de ce que je puis faire dans mon état. Cependant je ne la crois pas morte pour les raisons ci-dessus. Et par une [raison] toute contraire, d’où vient que la vôtre, qui est morte il y a longtemps & qui est revivifiée, manque souvent à vous fournir dans les affaires ce qui est nécessaire ? Pardonnez-moi si j’approfondis trop ; mais cela m’est venu sans y penser, et c’est pour le bien public. 687

RÉPONSE. 687

Que la mort de la mémoire pendant que l’âme se simplifie, est bien différente de la perte de cette puissance en Dieu. Que les puissances perdues en Dieu ne se retrouvent en lui que selon son bon plaisir 687

[Partie IV] : Découverte des défauts. 690

IV. 690

Pour cet instinct de pureté intérieure je l’ai toujours ressenti, mais présentement c’est comme un flambeau qui me fait voir un abîme d’imperfections naturelles, où je ne vois point de fond et dont sans un miracle je ne crois pas pouvoir sortir ; et à présent mes fautes continuelles sont des sottises et des imprudences, ce qui m’attire de bonnes humiliations. Je suis néanmoins tranquille sur cet article après ce que vous m’avez mandé. 690

RÉPONSE. 690

Que la véritable lumière découvre à l’âme de plus en plus ses défauts. 690

[Partie V] : Instinct pour recouler en Dieu. 691

V. 691

Je ne puis m’empêcher de parler d’un autre instinct, quoiqu’il n’en soit pas parlé dans la lettre, que j’ai ressenti dès le commencement que j’ai été touchée de Dieu, et qui quoique souvent caché par mes fautes et par les ténèbres et sécheresses a toujours augmenté. C’est un certain principe de vie tantôt comme [402] un amour secret et inconnu, tantôt comme une faim insatiable de Dieu, enfin comme une pierre qui tend à son centre ; ou plutôt tout cela ensemble, car tout est renfermé dans cette simplicité. Au commencement j’en parlais, comme d’une chose que je croyais commune à tous ceux qui voulaient être à Dieu ; mais cela n’est pas, à ce que je crois. C’est ce que j’ai appelé présence de Dieu. Je n’en ai jamais eu d’autre, et cela plus ou moins ; selon les degrés cela est plus ou moins simple. 691

RÉPONSE. 691

De l’instinct donné à l’âme pour recouler en Dieu. 691

[Partie VI] : Ménager le repos intérieur. 693

VI. 693

Pour le repos dont j’ai parlé, ce qui me le rend un peu suspect, c’est parce qu’il me rend à l’extérieur moins gaie. Car comme je n’ai personne à qui je puisse ouvrir mon cœur, toute ma joie et mon contentement est [sont ?] de me taire. Je ne puis prendre plaisir à ce qui divertit les autres ; et hors ce qui est de mon devoir, le reste souvent me resserre le cœur et me peine. Je l’ai bien éprouvé depuis peu, n’ayant pas eu la même liberté. Quoique je sois pleinement contente, comme je ne vois que des objets tristes, je crains de la [de le] devenir. Ayez la bonté de m’expliquer pourquoi vous m’avez dit souvent que vous ne le craignez pas pour moi ; car j’en ai [405] quelquefois de petites attaques, qui font en moi des effets très mauvais, qui seraient trop longs à dire. 693

RÉPONSE. 693

Qu’il faut bien ménager le repos intérieur pour prévenir la mélancolie. 693

TABLE DES MATIERES 696

Fin 713



MONSIEUR BERTOT Directeur mystique II Lettres Complément aux Retraites



(62) II Bertot.odt



Avertissement



Le second tome des œuvres de Jacques Bertot poursuit l’édition des lettres contenues dans « Le Directeur mistique ». il s’agit des tomes III et IV publiés comme les précédents en 1726.

Nous avons placé à leur suite le « mode d’emploi » des « Retraites » éditées en 1662 ainsi que l’une d’entre elles1025. Ceci ouvre sur la « Conclusion des Retraites » composée par Bertot peu après, mais éditée tardivement en 1682.

Le second tome achève ainsi d’éditer ce qui provient directement de la plume de Bertot.

Le troisième tome contient l’intégrale des « Retraites »1026 et les textes des mystiques associés par l’éditeur Pierre Poiret : Marie des Vallées, Maur de l’Enfant-Jésus, Mme Guyon « Dame directrice » qui lui succède.

Tous ces textes sont d’utilité pérenne. Choisir nous paraîtrait aujourd’hui privilégier arbitrairement une étape du parcours mystique.



Lettres 3

Complément aux Retraites 3

Avertissement 5

Etude (Benoît-Michel ) 7

[10 pages] 7

VOLUME  III (LETTRES) 9

[« TABLE DES LETTRES Contenues dans ce III. VOLUME » suivie d’un « ERRATA DU VOLUME III  » et d’une nouvelle page de titre légèrement allégé, sont omis] 10

3.1 Abandon à l’ordre de Dieu 10

L. I. Que l’abandon paisible à l’ordre de Dieu en tout ce qui nous arrive, est l’unique moyen de se rendre heureux, et de bien faire tout ce qu’on a à faire. 10

3.2 Détruire son fonds de corruption.  13

L.II. Comment détruire son soi-même corrompu, au commencement activement, et puis d’une manière plus simple.  13

3.3 Se simplifier en l’Oraison. Présence de Dieu. 15

L. III. Se simplifier peu à peu dans l’Oraison. Conserver la présence de Dieu dans l’action. 15

3.4 état de simplicité. 17

L. IV. Demeurer en son état de simplicité en priant vocalement, ou pour autrui, en résistant aux tentations, et en remédiant à ses défauts. 17

3.5 Connaissance de soi. Voie du rien. 18

L. V. La véritable lumière donne une vraie connaissance de soi. La voie du rien et de la petitesse est préférable à celle des grâces extraordinaires. 18

3.6 Se dénuer. Trouver Dieu en l’action. 21

L. VI. Se laisser dénuer peu à peu. Comment trouver Dieu dans l’action. Pratiques de petitesse. 21

3.7 Petites croix. Oraison simple 24

3.8 Fidélité aux croix 28

L. VIII. Fidélité aux croix extérieures et intérieures. 28

3.9 À qui parler etc. 29

L. III. Ne parler de la lumière mystique du fond qu’à ceux qui y sont appelés. 29

3.10 Moyen de trouver Dieu. 30

A la personne dont il est parlé dans la [lettre] précédente. 30

L. X. Que la mort à soi-même est l’unique moyen de trouver Dieu. 30

3.11 La croix donne la vérité. 31

L. XI. Qu’il n’y a que la croix qui donne la vérité et la plénitude en cette vie. 31

3.12 La croix fait trouver Dieu. 33

L. XII. Qu’on ne saurait trouver Dieu en cette vie que par la croix. 33

3.13 Se soutenir dans la conversation dans les croix. 35

L. XIII. Comment se soutenir lorsqu’on doit être avec le monde ; et quand on est accablé de croix et de tristesse. 35

3.14 Chagrin et sécheresses. 38

L. XIV. Souffrir humblement les chagrins et les sécheresses de la nature. 38

3.15 Expérience de ses misères 39

L. XV. Se posséder par une paix humble dans l’expérience de ses misères, en s’élevant à aimer Dioeu par-dessus tout. Trouver Jésus-Christ dans les providences crucifiantes de son état. 39

3.16 L’expérience de ses misères. 42

L. XVI. Porter gaiement l’expérience de ses misères. 42

3,17 Faire usage de ses défauts. 44

L. XVII. Comment faire usage de ses défauts et misères. La vertu et la vérité ne s’acquièrent que par le combat. 44

3.18 Moyen de trouver la présence de Dieu. 47

L. XVIII. Que la fidélité à la lumière de l’ordre divin en tout ce qui nous arrive de pénible, est le véritable moyen pour trouver la lumière de la présence de Dieu. 47

3.19 Solitude. Découverte des défauts. 50

L. XIX. Solitude intérieure et extérieure. Fidélité à la lumière qui découvre nos défauts. 50

3.20 Courir vers Dieu etc. 51

L. XX. Courir paisiblement vers Dieu en mourant à soi, quoique dénué de tout. 51

3.21 Se complaire en Dieu 53

L. XXI. Que pour trouver la paix solide, il faut se complaire non en soi, mais en Dieu. 53

3.22 Conduite dans les embarras de sa charge. 54

L. XXII. Avis de conduite intérieure pour une personne de qualité qui par la nécessité de sa condition se trouve engagée dans plusieurs occupations, et même dans des bagatelles. 54

3.23 Fidélité à l’Oraison dans les embarras. 59

L. XXIII. Sur le même sujet. Comment conserver avec la fidélité à sa charge l’esprit d’Oraison, de repos et d’abandon, même dans les abattements causés par les affaires et par la vue de ses défauts. 59

3.24 Réponses à des questions : 63

L. XXIV. Réponse à quelques doutes proposés à l’Auteur. 63

I. 63

D’où vient que je ressens plus mes défauts et souvent même que j’y tombe plus que je ne faisais il y a dix ans ? 63

II. 65

Quelle différence y a-t-il entre mes imperfections et mes chutes, et celles de ceux qui ne font que commencer ; et s’il y a lieu d’espérer que je les consume toutes. 65

III. 67

D’où vient que je n’aurais pas tant de peines intérieures que les croix extérieures ? 67

Lettre à l’auteur. 68

Etat d’une âme qui expérimente des vicissitudes fréquentes, de paix et de trouble, de force et de faiblesse. 68

3.25 Vicissitudes dans l’intérieur. Oraison. 71

Réponse à la Lettre précédente. : 71

L. XXV. Avis sur l’expérience de ses misères et les vicissitudes dans l’état intérieur. Nécessité de l’Oraison. Fruit de l’Incarnation de Jésus-Christ. 71

3.26 Se posséder dans les chutes et dans les affaires. 74

L. XXVI. Se posséder humblement dans ses chutes et dans l’accablement des affaires sans s’en surcharger, et se remettre par là doucement en repos, où l’on trouve Dieu et tout. 74

3.27 Se connaître et se combattre. 77

L. XXVII. Bonheur de se connaître et de se combattre. Victoire de Dieu en l’âme. 77

3.28 Dieu Se donnant à l’âme. 78

L. XXVIII. Quand Dieu se donne à l’âme, tout ce qui n’est pas de lui tombe des mains. Retour à Dieu dans les distractions. 78

3.29 Faire régner Dieu 80

L. XXIX. Fidélité à faire régner Dieu en nous à nos dépens, même par nos défauts. Aller à grands pas à ce qui est ordre de Dieu sans donner lieu à la timidité. 80

3.30 Oraison véritable. Foi divine 84

L. XXX. Que Dieu établit dans les âmes ou il commence à régner, sa véritable la véritable oraison, par les sécheresses, les obscurités et les dissipations ; de même qu’il leur donne la foi divine par les tentations contre la foi. Comment s’appliquer aux actions de vertu, et remédier à ses défauts en cet état. 84

3.31 Lumière de foi 94

L. XXXI. La divine lumière de foi sollicite l’âme à se purifier, puis à chercher la présence de Dieu en son intérieur, et enfin au lieu de cette présence elle substitue la divine Providence, qui lui fait trouver Dieu non seulement dans l’intérieur, mais aussi en son extérieur. Degrés et progrès de cette lumière de Providence, qui lors qu’on y est fidèle, découvre et donne Dieu par tous les moments de la vie. 94

3.32. Se voir en Dieu. 102

L. XXXII. Les âmes unies en Dieu se voient et se servent en lui, quoique absent pour arriver en à cette vie en Dieu, il faut passer par bien des morts, qui naissent ordinairement des plus petites choses de notre état. Comment y être fidèle en passiveté et pertes. Nécessité de tout outrepasser. 102

3.33. La mort à soi. 109

L. XXXIII. Que l’oraison et la solitude n’avance vers l’âme vers Dieu sans la mort à soi, qui seule peut former Jésus-Christ en nous. Avis sur l’oraison comme le moyen pour arriver à la présence de Dieu. 110

3.34 Vie nouvelle. 115

L. XXXIV. Que l’on ne vient à la vie nouvelle que par la mort. En quoi consiste cette vie. 115

3.35 Vie nouvelle. 117

L. XXXV Sur le même sujet. 117

3.36 Divine volonté 118

L. XXXVI. Que Dieu ne vient en l’âme qu’en lui communiquant sa divine volonté, qui n’opère que mort, et qui fait par là trouver Dieu partout et en tout. 118

3.37 Foi obscure. Sécheresses. Oraison. 121

L. XXXVII. Dieu ne donne la foi obscure que pour avancer l’âme vers lui et la faire mourir à soi de plus en plus. Différence des sécheresses en la voie de foi d’avec les autres. Effets de la lumière divine de la foi. Bonté de l’Oraison. Fidélité durant le jour. 121

3.38 Immobilité dans les croix et pertes. 129

L. XXXVIII. Demeurer immobile dans toutes les croix, obscurités, pertes et tentations, dont les âmes de foi se trouvent accablées de toute part par la sage conduite de la Bonté divine. 129

3.39 Croix portées avec paix. 131

L. XXXIX. Bonheur et fruit des croix portées avec paix et générosité, quoiqu’avec confusion. 131

3.40 Recevoir tout de Dieu avec complaisance. 134

L.XL. À un Ecclésiastique, qui quelque travail qu’il fît, ne croyait guère avancer vers la perfection. 134

Se laisser en la main de Dieu pour recevoir de lui avec complaisance tout ce qu’il choisit pour nous, et pour souffrir humblement même ses défauts. 134

3.41 Mystères du Néant. 136

L.XLI. Mystères du Néant, qui est le grand ouvrage de Dieu. 136

LETTRE à l’Auteur. 138

état d’une âme qui se voit tantôt en sécheresse et par là pleine de défauts, et tantôt dans un grand goût de la présence de Dieu en toutes ses actions. 138

3.42 Sécheresses et insensibilités. 139

RÉPONSE à la précédente. 139

Comment il faut être fidèle aux sécheresses et insensibilités quand on s’y trouve, non par sa faute, mais par l’ordre de Dieu. Avis sur le soin pour la santé. Vicissitudes intérieures. 139

3.43 La Foi conduisant à la Sagesse. 144

L.XLIII. Comment la Foi en aveuglant et détruisant l’âme la conduit et l’élève à la divine Sagesse. 144

3.44 S’abandonner sans réflexion. 148

L.XLIV. Ne point se donner à une vocation sans grâce. S’abandonner sans réflexion, suivant Dieu en simplicité et soumission entière. Conduite des filles. 148

3.45 Moyen de trouver J.-C. en son fond. 152

L.XLV. Que la soumission et la petitesse d’esprit est le vrai moyen de trouver Jésus-Christ dans le fond de son âme. 152

3.46 Suivre Dieu sans voir où. 155

L.XLVI. Se laisser conduire sans voir ou l’on voit. Souffrir en abandon et en joie de ce que Dieu est et veut. 155

3.47 Oraison de repos et d’abandon 157

L.XLVII. De l’oraison de repos et d’abandon ; ce que c’est : son commencement, son progrès et ses effets ; et comment s’en servir pour son avancement, même quand on est tombé en quelque défaut. 157

3.48 Croix portées en abandon. 163

L.XLVIII. Bonheur des croix portées en abandon et en perte. Grandes croix des âmes qui sont en Dieu ou qui en approchent ; et quelle doit être leur fidélité à se laisser traiter au gré de la divine Sagesse. 163

3.49 Faim de Dieu et ses effets. 169

L.XLIX. Faim de Dieu ou touche d’amour dans le centre de l’âme, qui la fait tendre au néant et par le néant la purifie et lui fait trouver Jésus-Christ. Comment Dieu se donne à l’âme par tous les besoins et les providences de son état, et enfin lui donne Jésus-Christ par les providences des croix. 169

Lettre à l’Auteur 180

Ecrite par une religieuse, qui lui expose l’état de son âme et les miséricordes de Dieu sur elle : ou l’on voit les belles démarches d’une âme conduite par la foi passive en lumière, et féconde en saintes pratiques de mortification et de renoncement à soi, et en lumières et ardeurs divines pour tous les Mystères de Jésus-Christ, et pour tous les exercices de la vie spirituelle et religieuse. 180

3.50 Perdre les lumières de Dieu en l’unité. 200

RÉPONSE à la précédente.  200

Recevoir passivement les lumières de Dieu, afin de se laisser conduire et perdre par elles dans le repos et l’unité et d’y trouver leur substance en Dieu même. Être fidèle à sa grâce. 200

Lettre à l’auteur 204

De la même religieuse, qui lui déclare les admirables progrès de la foi en son âme pour l’anéantir en elle-même et lui faire chercher et désirer Jésus-Christ seul en foi et en toutes choses, tant par de saintes pratiques que par une oraison passive très lumineuse et très féconde. 204

3.51 Différences de la lumière de Dieu d’avec la nôtre. 211

RÉPONSE à la précédente. 211

L.LI. Différence [sing.] de la lumière de Dieu d’avec la nôtre éclairée même surnaturellement par la grâce. Son efficacité à découvrir les défauts, et à rapetisser et désapproprier l’âme. 211

3.52 Perdre son âme. 215

L.LII. Qu’on ne peut trouver Dieu sans avoir perdu son âme. Ce que c’est que cette perte. Avis pour une personne peinée. 215

3.53 Porter ses misères en abandon. 217

L.LIII. Comment les âmes qui ont en soi le germe de Jésus-Christ, doivent porter en véritable abandon leurs misères et leurs pauvretés, afin d’entrer par leur mort et leur perte totale en la plénitude de Dieu même. 217

3.54 Avis pour l’âme qui approche de Dieu. 223

L.LIV. Avis pour une personne qui approche de Dieu en son fond ; sur le secours du prochain, sur le dénuement, sur l’état du centre, sur la crainte de devenir trop libre, sur la condescendance pour le prochain, sur les sécheresses dans l’Oraison, sur la manière de détruire les défauts. 223

3.55 S’outrepasser et s’oublier 233

L.LV. S’outrepasser et s’oublier incessamment, sans s’arrêter par ses scrupules ou défauts, pour aller et pour se tenir à Dieu même. Nécessité et importance de cette foi non seulement pour les âmes qui vont à Dieu, mais aussi pour celles qui à force de se quitter arrivent en lui. 233

3.56 Se voir en Dieu. Etc. 238

L.LVI. Se voir et se communiquer en Dieu. Que les âmes que Dieu destine pour soi, y sont disposées par les obscurités, les morts et les pertes de toute sorte, afin de les anéantir de plus en plus à l’égard d’elles et de toutes choses. Bonheur ineffable du Rien qui fait trouver Dieu en lui-même, avec des merveilles encore plus incompréhensibles, qui suivent ce Rien soit dès cette vie, soit après la mort. 239

3.57 Multiplicité, Simplicité, Nudité 252

L.LVII. Conduite de Dieu sur l’âme pour la tirer de la multiplicité à la simplicité, et puis à la nudité, ou à sa simple présence en foi. état et pratiques de l’âme arrivée ici, dans l’oraison, à la communion et durant toute la journée. 252

3.58 Degrés pour arriver à la vie spirituelle 262

L.LVIII. Des divers degrés par lesquels Dieu conduit l’âme à la vie spirituelle, savoir 1. Par de bonnes lumières, 2. par l’état passif en lumière divine, et enfin 3. Par la lumière obscure du fond, qui, par bien des croix et des tentations, opère l’anéantissement et la mort totale, suivi de la véritable vie de Dieu. 262

3.59 Trois degrés du don de la foi. 269

L. LIX. De trois degrés du don de la Foi, dont le premier est simplement actif, le second conduit au repos, et le troisième dans l’abîme divin de Dieu même, mais toujours en perdant et anéantissant l’âme de plus en plus. Avis de conduite sur plusieurs peines et doutes. 269

3.60 Avis pour l’état de la foi nue 276

L.LX. Avis pour l’état de la foi nue. Indifférence pour l’oraison ou l’action. Abandon à la providence de moment en moment. Remédier aux défauts en simplicité et unité. Opérer en l’unité divine, et comment l’âme y est élevée par degrés. 276

§ 285

Différence de l’état de la foi d’avec la voie active et même la contemplative, et ses grands avantages et effet. Ne pas s’arrêter au jugement que l’on porte de soi. Importance d’avoir et de suivre un directeur éclairé. Excellence de cette voie de foi devant Dieu. 285

3.61 Germe de vie dans la pauvreté. 296

L.LXI Que la pauvreté et l’abjection la plus extrême donnent le germe de vie. Mourir à tout sans craindre l’oisiveté. 296

3.62 Perte totale pour trouver Jésus-Christ. 298

L. LXII. De la perte totale (du soi), nécessaire pour trouver et pour posséder Jésus-Christ. Avis pour la direction des âmes. 298

3.63 état de pur abandon en nudité. 303

L. LXIII. état de pur abandon d’une âme arrivée à la nudité de foi, au milieu des croix et de tout ce qui lui arrive. Parole divine en l’âme. 303

Lettre à l’Auteur. 307

3.64 Anéantissements et leurs effets 307

L.LXIV. De trois sortes d’anéantissements qui disposent l’âme pour recevoir les dons surnaturels de Dieu, et ensuite Dieu lui-même et toute la sainte Trinité, et enfin le germe foncier de Jésus-Christ. 307

Commencement de vie nouvelle. [Lettre à l’auteur]. 319

Commencement de vie nouvelle en Dieu. 319

3.65. Arriver en Dieu, son centre. [Réponse à la précédente]. 320

L.LXV. Que le centre naturel de l’âme est Dieu, que l’âme y arrivant par la mort de tous y trouvent une joie solide, une dilatation de cœur, et un général qui la contente pleinement et lui donne faciliter pour tout bien intérieurement et extérieurement. 320

Lettre à l’auteur. Unité de l’âme en son fond. 324

Comment une âme arrivée dans l’unité de son fond, y fait usage de ses croix, de ses occupations et de ses défauts mêmes. 324

3.66 Unité de repos dans la multiplicité. [Réponse à la précédente]. 327

L.LXVI. Moyen de trouver Dieu en toutes choses et aussi dans son fond. Comment être en unité de repos dans la multiplicité des croix et des embarras de providence. Que tout est vie à l’âme qui n’agit que par l’ordre et par l’esprit de Dieu. 327

3.67 Commencement de la vie en Dieu. 331

L. LXVII. Sur l’état d’une âme qui commence d’être et de vivre en Dieu ; comment elle doit être fidèle à s’abandonner au moment présent tel qu’il est, pour y avancer et pour y trouver Dieu en toutes choses. 331

§§§ 346

Obstacle à cette grâce dans les personnes de qualité. 346

Lettre à l’auteur. 350

Bonheur d’une âme qui a trouvé Dieu en son fond, et ne vit ni n’agit que par lui. 350

3.68. Réponse : mourir à soi 353

L.LXVIII. Que la vie divine ne se manifeste ni s’avance dans l’âme que par la mort à soi et à son opération propre. 353

Lettre à l’Auteur. Lumières de vérité se levant en l’âme. 354

LETTRE à l’auteur. 354

D’un Serviteur de Dieu, grand ami de M. de Bernières, écrite de Canada. 354

état d’une âme qui commence d’être et de vivre dans la lumière du centre où de vérité. 354

3.69. De la lumière de vérité et de ses effets. [Réponse]. 356

RÉPONSE à la précédente. 356

L.LXIX. Ce que c’est que la lumière du centre ou de vérité. Sa différence de celle des puissances. Ses effets : mort à soi, et perte de toute opération propre ; connaissance véritable de son néant ; abandon au moment de la providence en tout. 356

§§§. 368

Comment cette lumière purifie l’âme de toute vie propre dans la pratique des vertus et dans tous les exercices de piété. Son progrès en réduisant l’âme en son unité et ensuite dans l’unité divine. Bonheur ineffable de la révélation de cette unité divine en l’âme. Génération du Verbe en elle. 368

Lettre à l’auteur. Vivre de la vie de J.C. 377

Du même serviteur de Dieu. 377

état d’une âme qui ne vit plus de sa vie et de la vie de Jésus-Christ. 377

3.70. Dieu tout en l’âme [Réponse] 379

Réponse à la précédente. 379

L.LXX. Comment Dieu devient tout et opère tout dans l’âme morte à soi et à sa propre opération, est fidèle à s’abandonner au moment présent et divin, où elle trouve sa purification et tout, sans être en cet état ni fainéante ni violentée. 379

ADDITION. 387

De quelques Lettres à l’Auteur, trouvées parmi les précédentes, mais sans réponse. 387

Lettre I. Expérience de son fonds de corruption, portée en paix. 387

Lettre II. Patience dans la voie de la mort. 388

De la même personne. 388

Patience dans la voie de la mort et de la foi, sans de décourager. 388

Lettre III. Désir de pureté d’amour. 390

D’une Supérieure. 390

Désir de la pureté d’amour. Aimer par le cœur de Jésus. 390

Lettre IV. Paix dans ses misères et croix. 391

D’une Religieuse. 391

Paix et abandon au milieu de ses misères et de ses croix. Trouver Dieu et les saints en son fond. 391

VOLUME  IV (LETTRES) 394

4.01. Le vaisseau 394

De l’oraison de simple repos, et comment, nonobstant les difficultés que l’âme y trouve au commencement, toutes choses lui peuvent servir pour y avancer. 394

4.02. Oraison de simple repos 399

Comment correspondre à l’Oraison de simple repos en ses différents états. Précaution contre quelques abus. 399

4.03. Oraison de foi 402

Comment l’âme appelée à la vie petite et abjecte et à l’oraison de foi, y doit être fidèle. 402

4.04 Don intérieur. Sécheresses. 407

Cultiver le don de l’intérieur, sans s’étonner des sécheresses des sens. 407

4.05. Sécheresses 408

Sur le bon usage des sécheresses, quoique causée par notre faute. 408

4.06. Simplicité, abandon 411

Usage des sécheresses en l’oraison. S’acheminer à la simplicité. S’abandonner aux providences crucifiantes. 411

4.7 Paix de l’esprit. 415

Paix de l’esprit dans le trouble des sens. Regard amoureux de Jésus anéanti. 415

4.08. Fidélité au don de foi 416

Du don de la foi, comment il est donné à l’âme, et comment l’âme qui l’a reçu, y doit et y peut être constamment fidèle. 416

4.9 On ne trouve Dieu qu’en etc. [On ne trouve Dieu qu’en mourant à soi.] 423

Qu’on ne peut trouver Dieu qu’en mourant à soi par toutes les croix de providence. 423

4.10 Fidélité des âmes de foi à se combattre. 424

Combien il importe pour les âmes de foi d’être fidèles à se combattre sans relâche, afin de détruire la vie propre de la nature, en faisant usage pour cela de toutes les providences de leur état. 424

4.11. S’établir en Dieu 433

Passer au-dessus de toutes les vicissitudes des sens pour s’établir en Dieu au milieu des embarras de notre état. 433

4.12 Se laisser aux croix de providence. 436

Se laisser avec courage à toutes les croix de providence et s’ajuster à elles, nonobstant les sentiments contraires. 436

4.13 S’ajuster à l’ordre de Dieu. 439

S’ajuster à l’ordre Dieu tant en ses exercices qu’en toutes les rencontres de providence, sans se laisser entraîner à la mélancolie. 439

4.14 Discernement des désirs. Moyen de trouver Dieu. 441

Comment discerner si les désirs sont de Dieu. Que la fidélité à suivre l’ordre divin en mourant à soi par tout ce qui nous arrive est le vrai moyen de trouver Dieu et toutes choses en lui. 441

4.15 La foi fait trouver Dieu par Jésus-Christ. 447

Que la foi, en nous nourrissant de Jésus-Christ, et nous faisant par là mourir peu à peu à nous-mêmes, nous fait trouver par lui Dieu et toutes ses merveilles. 447

4.16 Mourir pour trouver la vie. 455

Qu’il faut mourir pour trouver la vie. 455

4.17 Solitude. Mourir à soi. 456

Avantages de la solitude et de la fidélité à mourir à soi. 456

4.18 Mort à soi. 457

La mort à soi-même fait trouver la source de vie. 457

4.19 Mort à soi. [Même titre (d’entête) que celui de la Lettre précédente.] 459

On ne trouve la lumière de vérité, tant pour soi que pour aider le prochain, que par la fidélité à mourir à soi. 459

4.20 Mort à soi. [Même titre d’entête que ceux des deux Lettres précédentes.] 462

La mort à soi est l’abrégé de tout. 462

4.21 La Croix [ms., C maj.] supplée aux exercices. 463

Que la grâce crucifiante supplée aux exercices spirituels, quand on s’en voit privé par ordre de Dieu. 463

4.22 Agréer notre humiliation. 464

Recevoir avec abandon et reconnaissance tout ce qui nous arrive d’humiliant et nous conduit à notre néant. 464

4.23 Repos dans l’abandon. 466

Point de repos que dans l’abandon. 466

4.24 Oraison dans les maladies 467

Avis sur l’oraison de simplicité, et comment en faire usage dans les maladies pour y trouver Dieu, qui ne vient en nous que par notre rien. 467

4.25 Avantages [pluriel] des croix et de l’abandon. 470

Avantage [singulier] des croix. Bonheur d’être abandonné uniquement à Dieu. 470

4.26 Avis pour une âme peinée. [D’une correspondante.] 473

Avis donnés [plur.] à une personne peinée sur la découverte de ses misères. 473

4.27 Faire usage de ses chutes. 475

Comment faire usage de ses chutes dans la voie de la foi. 475

4.28 Fidélité à la lumière purifiante de la foi. 476

De la lumière purifiante de la foi qui découvre à l’âme ses misères afin de les détruire ; et comment on y doit être fidèle en toutes ses actions et pratiques. 476

4.29 Perte de soi-même pour trouver Dieu 483

S’assurer contre la crainte, en mourant à tout par la foi. 483

4.29 Perte de soi-même pour trouver Dieu 484

S’assurer contre la crainte, en mourant à tout par la foi. 484

4.30. Perte de soi-même pour trouver Dieu 486

Éviter la mélancolie. On ne trouve Dieu lui-même que par la perte de foi. 486

4.31 Le cœur vide possède Dieu. 488

Pour posséder Dieu il faut avoir le cœur vide des créatures. 488

4.32 État de la foi nue. 489

État de la foi nue. 489

4.33. La foi toute nue 490

Des avantages de la foi toute nue et toute pure ; et de ses effets et progrès en l’âme 490

4.34. Du centre de l’âme 496

Du centre de l’âme et ses lumières qui en émanent 496

4.35 Voie pour arriver en son centre ou en Dieu. 497

Comment l’âme appelée à l’intérieur y avance peu à peu par le sentier inconnu de la foi, de l’espérance et de la charité, qui en faisant perdre ses puissances, la conduisent heureusement en son centre, ou en Dieu. Des effets de la lumière du fond [sans s] quand elle commence à se lever dans l’âme. 497

4.36 Abandon au milieu des croix. 513

Bonheur et sûreté du pur et amoureux abandon au milieu de toutes sortes de croix. Avantages de la solitude entière. (On croit que les Lettres suivantes jusqu’à la LXIX. [69e] ont été écrites d’un même Auteur et dans le même ordre. 513

4.37 Présence intime de Jésus-Christ. [« Confession » de Bertot ?] 515

Qu’il faut être mort à soi-même pour arriver à la présence intime de Jésus-Christ. 515

4.38 Les croix font courir à Dieu. 517

Que les sécheresses, les tentations et les croix font courir l’âme fidèle vers Dieu. 517

4.39 Les croix font courir à Dieu [bis]. 518

Sur le même sujet. 518

4.40 Béatitude de cette vie. 519

Les souffrances et les humiliations font la béatitude de cette vie. 519

4.41 Attendre Dieu [titre (d’entête) complet ?]. 521

Attendre Dieu avec patience. Prix des croix. 521

4.42 Aimer Dieu nonobstant ses misères 522

Aimer Dieu, nonobstant ses misères. Des écrits et de la vie de Monsieur de Bernières. 522

4.43 Aimer sans amour sensible. 523

Aimer sans amour sensible. Du faux vide à l’Oraison. 523

4.44 Le faux et le vrai vide. 524

Du vrai et du faux vide à l’Oraison. 524

4.45 Sujets à prendre à l’Oraison. 525

Sujets à prendre pour l’Oraison. Qu’il faut mourir, mais non se procurer la mort. 525

4.46 Aimer Dieu au-dessus des sens. 526

Aimer Dieu au-dessus des sens. Aider le prochain avec grande douceur et condescendance. 526

4.47 Abandon malgré ses peines. 528

Abandon et confiance en Dieu, malgré les peines et tentations. 528

4.48 Trouver le bon plaisir divin en tout. 529

Trouver son bonheur dans le bon plaisir [ms., bonplaisir] de Dieu en tout ce qui nous arrive. Avis pour la conduite du prochain. 529

4.49 Abandon sans regard sur soi 531

Que l’abandon absolu entre les mains de Dieu sans regard sur soi est le chemin le plus court et le plus sûr pour arriver à l’amour de Dieu et à la pureté des vertus. 531

4.50 Pratique de l’abandon. 535

En s’abandonnant on apprend à s’abandonner. 535

4.51 On ne trouve la vie que par la mort 536

On ne trouve la vie et la jouissance de Dieu que par la mort et le rien. 536

4.52 Solitude. Abandon absolu 538

Solitude intérieure et extérieure. Que pour trouver Dieu véritablement, il faut perdre tout par abandon absolu. 538

4.53. Trouver Dieu Lui-même pour Lui-même 540

Dieu lui-même pour lui-même ne se trouve que par les pertes extrêmes. 540

4.54. Efficacité du feu de l’amour divin 541

Efficacité du feu de l’amour divin, qui dans les âmes de foi se nourrit même de son contraire et de toutes sortes de renversements, et s’en sert pour les purifier et les changer enfin en Jésus-Christ. 541

4.55 Mourir à tout pour que Dieu vive en nous. 547

Avis de conduite pour une âme qui, après avoir vécu dans les saintes pratiques, est appelée de Dieu à mourir à tout afin qu’il vive seul en elle. 547

4.56 Vicissitude[s]. Mort à soi. 550

Vicissitudes intérieures. On ne trouve Dieu et son amour que par la mort. 550

4.57 Recevoir amoureusement la mort. 553

Recevoir amoureusement la mort de quelque côté qu’elle vienne. 553

4.58 Souffrir ses misères. 554

Souffrir humblement ses misères en adhérant à Dieu. 554

4.59 Fruit des épreuves et des humiliations. 555

Bonheur et fruit des épreuves et des humiliations, qui en faisant mourir l’âme lui donnent la vie. 555

4.60 Sûreté de l’abandon. 558

Sûreté de l’abandon au milieu des troubles des sens. 558

4.61 Opérations purifiantes de la lumière de Dieu. 559

Avis pour une âme qui commence à expérimenter les opérations purifiantes de la lumière et de la présence de Dieu. 559

4.62 Opérations purifiantes de la lumière de Dieu. 564

Sur le même sujet. 564

4.63 Voir et sentir ses misères. 566

Il faut voir et sentir ses misères pour en être purifié. 566

4.64 Anéantissement, voie à l’union divine. 567

Que l’âme doit être toute anéantie et perdue à soi-même pour devenir l’Épouse de Jésus-Christ. 567

4.65 Obscurités dans la voie de foi. 570

Des obscurités dans la voie de la foi simple, et comment en faire usage. 570

4.66 On n’arrive en Dieu que par de grandes croix. 572

Grandes croix des âmes destinées pour arriver en Dieu. 572

4.67 J.-C. ne vit en l’âme que par la croix. 573

Jésus-Christ ne vient et ne vit en l’âme que par la croix. Porter humblement l’expérience de ses misères. 573

4.68 De la vraie régularité. Fruit et effet des opérations crucifiantes de Dieu. 574

4.69 Plusieurs avis sur ce que l'âme expérimente dans l'oraison de simplicité, et sur la conduite des âmes. Qu'il faut outrepasser les dons extraordinaires. 575

4.70 Paix et repos entier en Dieu d'une âme vraiment abandonnée. 580

Les onze lettres qui suivent ont été écrites dans le même ordre à une même personne, et (apparemment) du même auteur que la 81 ou la dernière. 580

« Onze dernières lettres de M. Bertot dans le même ordre à une même personne : » 582

4.71. Silence devant Dieu 582

Silence de l’âme afin que Dieu parle en elle. [240] 582

4.72. Béatitude en cette vie 583

Commencement de l’éternité bienheureuse par la foi. Voix du cœur. Richesse du néant. 583

4,73 Fidélité à demeurer en Dieu. 585

Fidélité à demeurer constamment en Dieu dans le vide de tout le créé. 585

4,74 Sur le même sujet. 586

4.75. Perte de tout en Dieu 588

Perte totale de soi et de toutes choses en Dieu. 588

4.76 Sur le même sujet 589

4.77 Recevoir les infirmités et la mort même en paix et abandon. 590

4.78 591

4.79. Tendre à Dieu en Lui-même 592

Tendre à Dieu seul en lui-même, et à notre néant. 592

4,80 Se contenter uniquement de Dieu seul en lui-même. 595

4.81. L’état d’anéantissement parfait en nudité entière 597

De l’état d’anéantissement parfait en nudité entière, où l’âme est et vit en Dieu, au-dessus de tout le sensible et perceptible. 597

SECONDE PARTIE contenant Quelques Lettres Spirituelles du R. P. Maur de l’Enfant-Jésus & de Madame Guyon, 602

Qui n’ont point encore vu le jour. [omises ici] 602

RETRAITES (EXTRAIT) 603

Avertissement pour la retraite. 603

Trois dispositions intérieures dans lesquelles l’âme doit être pour faire fruit des exercices, non seulement de ceci, mais aussi des autres. 612

CONCLUSION DES RETRAITES 1684 616

Approbations 617

Extrait du privilège du Roi 617

TABLE de ce qui est contenu en ces Conclusions des Retraites : 618

[INTRODUCTION] 620

DEGRES D’ORAISON 627

De l’oraison d’affection 627

[Différence de la méditation et de l’oraison d’affection] 627

[Ce que c’est que l’oraison d’affection] 628

[Deux sortes d’oraisons d’affection] 629

[Effets de l’oraison d’affection] 629

[Marques pour connaître quand on doit quitter la méditation pour passer à l’oraison d’affection] 631

De l’oraison de simplicité 632

[Pourquoi cette oraison s’appelle de simplicité] 632

[Différence de l’oraison d’affection et de simplicité] 633

[Définition de l’oraison de simplicité] 634

[Effets de l’oraison de simplicité] 636

[Comment l’âme agit dans l’oraison de simplicité] 638

[Marques pour juger quand une âme doit passer de l’oraison de simplicité à l’oraison passive] 640

De l’état de l’oraison passive 642

[Divers degrés de cette oraison] 644

Premier degré de la mort passive 647

[Degré de mort] 647

[Pourquoi ce degré est premier] 647

[Différence de la soustraction de cet état, et de l’état de simplicité] 648

[Dépérissement de cet état de mort] 648

[Effets de ce degré de mort] 649

[Dans l’entendement] 649

[Dans la volonté] 649

[Dans la mémoire] 651

[Différences des peines de cet état et de celles des précédents et comme elles doivent être portées différemment] 653

[Abus touchant les peines des premiers états] 654

Second degré de la contemplation passive 657

[En quoi consiste ce second degré et la différence dans les autres degrés et états] 657

[Effets de ce degré] 658

[L’entendement est revivifié] 659

[La volonté est vivifiée] 660

[La mémoire est vivifiée] 661

[Des sécheresses et tentations de cet état] 661

[Marques de la fin de cet état] 662

Troisième et dernier degré d’union 663

à laquelle parviennent les âmes qui sont assez heureuses pour être appelées à faire un grand progrès dans ces routes de l’oraison, et qui s’y rendent fidèles. 663

[Ce que c’est que ce dernier degré] 663

[Comparaison qui exprime bien cet état] 663

[Du commencement de cet état] 665

[Du milieu de cet état] 666

Marques pour discerner quand une âme passe de l’oraison de simplicité dans l’état passif. 667

[Première marque] 667

[Seconde marque] 667

[Troisième marque] 668

[Combien l’état passif est périlleux sans vocation] 668

ÉCLAIRCISSEMENTS 670

sur plusieurs difficultés de ces degrés d’oraison qui pour l’ordinaire donnent beaucoup de peine aux âmes qui ne sont pas instruites. 670

[Pourquoi on ne dit rien des révélations] 670

[Comme on se doit servir du sujet dans l’oraison d’affection et les autres degrés] 671

[Comment se font les examens, actes de contrition et autres pratiques dans les divers degrés d’oraison] 673

[Comment on est certifié de son état] 675

[Que doit être le directeur] 676

[Abus ordinaire des âmes qui sont dans les ténèbres] 677

[Différence des véritables obscurités et des fausses] 678

[On doit parler des degrés d’oraison avec méthode] 678

[Abus de quelques spirituels] 679

[Si l’on doit généralement conseiller l’oraison] 680

[Comment on doit conseiller l’oraison, selon la capacité de la personne] 682

[Prétextes malheureux qui font quitter l’oraison] 686

MANIERES D’AGIR DANS LES MALADIES et à la mort pour chaque degré 689

TABLE DES MATIERES 695

Fin 710




MONSIEUR BERTOT Directeur mystique III Retraites et Amis

Marie des Vallées

Jean de Bernières

Mère Mectilde

Maur de l’Enfant-Jésus

Jeanne-Marie  Guyon


(63) III Bertot.odt





Avertissement

Ce troisième et dernier tome contient l’intégrale des « Retraites » saisies par des auditrices religieuses,. Elle est suivie d’autres ensembles.

Il est fascinant de voir comment le jeune prêtre est encore fort tributaire d’une formation catholique ascétisante, tout en sachant présenter avec autorité un Essentiel mystique qui surgit « par le fond » de l’âme. Déjà Bertot pose Dieu en Libérateur du péché.

Il est souhaitable de présenter le genre caduc de schémas de retraites de dix jours. Elles étaient données au sein de plusieurs ordres religieux . On pénètre mieux au coeur de communautés d’ursulines, de bénédictines, de carmélites , etc. que par toute autres portes d’entrées. Elles sont par ailleurs physiquement fermées aux laïcs.

Sauf peut-être dans une Ecole du Coeur qui mélangeait les genres dans la bonne tradition des Tiers Ordres franciscains. On suppose que certaines Règles concernant les clercs pouvaient être discrètement contournées, ou du moins que les échanges en parloirs propageaient de fidèles échos de ces Retraites ; si nécessaire par écrit, dont les imprimés rares que nous transcrivons.

Les retraites dirigées par le « fondateur » Chrysostome de Saint-Lô furent suivies par Bernières (qui les fit éditer), tandis qu’une de celles données par Bertot fut suivie par la jeune Madame Guyon. On y partage l’esprit qui anima ces deux maîtres qui animèrent les centres ou nœuds successifs situés à Caen puis à Paris. Bertot était le passeur commun entre ces deux lieux.

L’Ermitage de Bernières était « au pied» du couvent des Ursulines (physiquement à niveau dans l’île de Caen) de sa sœur Jourdaine. Le couvent des bénédictines de Montmartre devint un « lieu de rencontre » suspect aux yeux d’un enquêteur :

« Cet homme [Bertot] était fort consulté ; les dévots et les dévotes de la Cour avaient beaucoup de confiance en lui ; ils allaient le voir à Montmartre, et sans même garder toutes les mesures que la bienséance demandait, de jeunes dames de vingt ans partaient pour y aller, à six heures du matin, en tête-à-tête avec de jeunes gens à peu près du même âge. On rendait compte publiquement de son intérieur ; quelquefois l'intérieur par écrit courait la campagne »1.

Voilà pour l’appréciation d’effets inattendus de Retraites.

Suivent dans ce dernier tome III les textes d‘Associés par l’éditeur Pierre Poiret  à Bertot.

Il s’agit des AUTRES MYSTIQUES : la « soeur » Marie des Vallées et le Carme Maur de l’Enfant-Jésus présents au sein de volumes du Directeur mistique, et Madame Guyon, la « Dame directrice » qui prendra la suite dans la lignée et conclut le volume IV.

J’ai tenu à y ajouter les INFLUENCES  reçues puis exercées : lettres à l’Ami intime adressée par Bernières à Bertot, dialogue entamé avec Mère Mectilde, dialogue avec Madame Guyon2.

Tous ces textes sont d’utilité pérenne. Choisir nous paraîtrait privilégier arbitrairement une étape d’un parcours mystique.

POSTFACE ou ESSAI [à rédiger]

Les ANNEXES présentent l’index établi par Poiret, l’édition « tardive » de Berlebourg. La biographie de Bertot, l’étude parue en 2005 devenue inaccessible, est reproduite intégralement avec les tableaux d’époque (ils ont peu évolués).

La TABLE livre quatre niveaux de titres. Trois structurant les textes le quatrième explicitant des contenus. C’est l’outil de consultation revu et détaillé qui « cartographie » l’ensemble. Nous avons omis l’index Poiret tout en indiquant liens et lieu.

Des notes réduites à un astérisque « * » signalent de « bonnes pages ».



Quarante lettres complètes ont été éditées dans le premier volume de la Correspondance de Madame Guyon, comme faisant partie de la correspondance passive reçue par la jeune femme entre 1672 et mars 1681, date de la mort de son directeur1. Il est probable que de nombreuses autres lettres conservées dans le DM lui sont également adressées


Avertissement 5

Les Retraites 9

Avertissement pour la retraite. 9

Trois dispositions intérieures dans lesquelles l’âme doit être pour faire fruit des exercices, non seulement de ceci, mais aussi des autres. 22

Approbations. 25

[Première retraite] 26

Premier jour. Méditation. De la fin pour laquelle nous sommes créés. 26

II. jour. Méditation. De la fin de votre rédemption. 29

III. jour. Méditation. Du malheur des âmes qui s’éloignent de leur fin. 33

IV. Jour.Méditation. Pour concevoir le bonheur d’une âme, laquelle après être vraiment efficacement touchée de ces vérités, conçoit un désir de retourner à son Dieu. 36

V.Jour. Méditation. De l’horreur et éloignement extrême qu’une âme doit avoir du péché pour arriver à sa fin. 41

VI. Jour. Méditation. Combien le péché véniel est dommageable à l’âme, et de sa malignité. 45

VII. Jour. Méditation. Du grand mal que fait en nous la vie tiède et négligente. 50

VIII. jour. Voie illuminative. 55

IX. Jour. Méditation. Continuation de la vie illuminative. 61

Xe Jour. Méditation. Continuation. 67

Seconde retraite 80

Avertissement. 80

Premier jour. Méditation. 82

2e jour. Méditation. 83

3e jour.Méditation. 85

4e jour. Méditation. 86

5e jour. Méditation. 88

6e jour. Méditation. 90

7e jour. Méditation. 91

8e jour. Méditation. 94

9e jour. Méditation. 96

10e jour. Méditation. 98

Conclusion. 101

Troisième retraite. Exercice de 10 jours pour exciter une âme à la conversion véritable de soi-même vers Dieu. 102

Avis. 102

Premier jour. Méditation. Signasti super nos lumen vultus tui, Domine ! 105

2e jour. Méditation. 107

3e jour. Méditation. Convivificavit nos in Christo, ut essemus in ipso Nova Creatura. 108

4e jour. Méditation. Dieu est en soi une Majesté infinie, toutes les créatures ne sont devant lui qu’un pauvre néant, ou rien du tout, les ayant créés toutes par une seule parole. 110

5e jour. Méditation. Excutere de pulvere, consurge, et solve vincula colli tui captiva filia Sion ! 111

6e jour. Méditation. Donnez-vous à notre Seigneur Jésus-Christ pour avoir part à sa lumière, afin de pénétrer ces vérités. 113

7e jour. Méditation. Continuez à vous donner à l’esprit de Jésus-Christ pour voir ces vérités si importantes. 115

8e jour. Méditation. 117

9e jour. Méditation. Donnez-vous à la lumière de Dieu, pour entrer dans ces vérités. 119

10e jour.Méditation. 120

Conclusion. 122

Quatrième retraite. Avertissement pour les méditations suivantes. 123

Premier jour. Méditation. Considération pour s’unir et participer à la grâce du divin Mystère de la Purification de la très sainte Vierge, ce qui peut servir très fructueusement pour dix jours de Solitude. 125

2e jour.Méditation. 126

3e jour. Méditation. 127

4e jour. Méditation. 128

5e jour. Méditation. 129

6e jour. Méditation. 130

7e jour. Méditation. 132

8e jour. Méditation. 134

9e jour. Méditation. 136

10e jour. Méditation. 139

[374] LITANIES du saint Enfant Jésus [omises]. [384] 146

CONTINUATION DES RETRAITES, dans lesquelles l’âme puisera des lumières pour travailler solidement à sa perfection. 147

Cinquième retraite. Dispositions pour la fête de l’Ascension. 148

Premier jour. La grâce et l’effet merveilleux du Mystère dans la sainte Vierge et les saints apôtres et ensuite dans les âmes qui participent à ce divin Mystère. 150

2e jour. 152

3e jour. 154

Avertissement. 156

Sixième retraite. Dispositions intérieures pour se préparer à la grande et admirable fête de la Pentecôte, afin d’y recevoir le S. Esprit et ses Dons 156

Premier jour. 156

2e jour. Dispositions dans lesquelles étaient les saintes âmes attendant la venue du saint Esprit dans le cénacle. 162

3e jour. Maximes nécessaires pour recevoir la grâce de ce saint jour. 165

4e jour. Du don de sagesse. 167

5e jour. Le Don d’entendement. 168

6e jour. Le don de conseil. 169

7e jour. Le Don de Force. 172

8e jour. Le Don de Science. 175

9e jour. Du Don de Piété. 176

10e jour. Le don de crainte. 179

Septième retraite. Dispositions intérieures sur le S. Mystère de la Visitation de la sainte Vierge. 181

Premier jour. Effet de la présence de Jésus-Christ en la sainte Vierge. 182

2e jour. 183

3e jour. 184

4e Jour. Effet de cette divine présence de Jésus-Christ en Sainte Élisabeth 186

5e jour. 187

6e jour. 188

7e jour. Effet de la présence de Jésus sur l’âme de saint Jean. 190

8e jour. 191

9e jour. 193

10e jour. 194

Conclusion. 196

Huitième retraite. Avant-propos à la retraite des divins attributs. 197

Premier jour. De l’existence divine. 198

2e jour. De l’Immensité divine. 201

3e jour. De la simplicité et pureté divine. 205

4e jour. De l’Immortalité et de l’Immutabilité divine. 208

5e jour. De l’Infinité et Incompréhensibilité divine. 212

6e jour. De la vérité divine. 217

7e jour. De la sainteté divine. 223

8e jour. De la Sapience et Providence divine. 228

9e jour. De la Bonté et Amour divin. 233

10e jour. De la Puissance divine. 238

Neuvième retraite. Ou solitude pour passer 10 jours, afin d’exciter l’âme à l’amour de Jésus-Christ. 242

Premier Jour. Jésus-Christ Dieu homme. Méditation. 246

II. Jour. Jésus sagesse éternel. Méditation. 252

III. Jour. Jésus-Christ est le roi des rois. Méditation. 256

IV. jour. Jésus-Christ vie de nos âmes. Méditation. 261

V.Jour. Jésus-Christ lumière de nos âmes. Méditation. 268

VI. jour. Jésus-Christ notre unique espérance. Méditation. 272

VII. Jour. Jésus notre unique aide et secours. Méditation. 278

VIII. Jour. Jésus-Christ notre protecteur fidèle. Méditation. 284

IX. Jour. Jésus plein de miséricorde pour ses Créatures. Méditation. 290

X. Jour. Jésus-Christ patience et longanimité. Méditation. 296

Conclusion. 302

INFLUENCES REÇUES PUIS EXERCEES 304

Jean de Bernières à Jacques Bertot 306

31 Mai 1645 L 1,18 Le Cœur seul de Jésus-Christ me pourrait suffire de lecture et de conférences. 307

4 juillet 1645 L 1,19 Cinq ou six personnes de rare vertu. 311

3 octobre 1645 L 1,21 Ce qui vient de la Providence est bien meilleur pour notre perfection, que ce que nous choisissons. 313

1646 L 1,58 La seule vie en Dieu par un abandon et un écoulement en Lui m’est douce. 316

5. [Arfuyen] A son ami intime, des opérations de Dieu en l’âme. 319

23 Août 1653 L 3,32 La vraie oraison c’est Dieu même en l’âme. 320

7. [Arfuyen] Au même, où il déclare…. 323

17 Septembre 1654 L 3,55 Le seul appui est la pure foi 323

14 Octobre 1654 L 2,39 Comme une petite étable de Bethléem. 327

17 Octobre 1654 L 3,5 Autant on est détaché de toute choses, autant on est disposé à être uni à Dieu. 328

L 3,61 Quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre. 331

11 Mars 1655 L 3,59 Ce Jour d’éternité est un jour de vérité 334

14 Septembre 1656 L 3,25 Tant de goût et de saveur à être anéanti. 336

10. [Arfuyen] Au même, sur les richesses du parfait anéantissement. 340

21 Janvier 1657 L 3,31 Les biens qu’apporte cette sorte d’oraison sont innombrables 341

1 Juillet 1658 L 3,45 Vous êtes en chemin vers un pays qu’on appelle le néant. 345

7 Octobre 1658 L 3,48 Quand Dieu se manifeste Lui-même et révèle, ô quelle perte ! Quel anéantissement dans une âme ! 347

10 Octobre 1658 L 3,44 Dieu écoulé dans votre fond sollicite et tire votre âme de passer du rayon en Lui seul. 353

31 Octobre 1658 L 3,50 Une différence très grande entre la lumière du rayon et la lumière du centre 359

12 Janvier 1659 L 3,46 C’est le trésor des trésors de se perdre en Dieu. 364

24 Janvier 1659 L 3,43 Le seul ordre de Dieu nous donne Dieu seul. 367

Mère Mectilde & Monsieur Bertot 370

De l’Hermitage du saint Sacrement, le 30 juillet 1645. 370

Mectilde écrit à son amie mère Benoîte de la Passion : 372

Benoîte de la Passion s’inquiète  372

Deux ans plus tard, Mectilde écrit à Benoîte 373

Mectilde écrit à une religieuse de Montmartre au sujet de la mort du frère de leur abbesse 373

Mectilde écrit à la mère saint Placide 374

La mère Catherine de Jésus  écrit le 24 octobre 1702 : 375

Monsieur Bertot à Madame Guyon avec les réponses de cette dernière. 378

Monsieur Bertot, directeur mystique. 379

De J. Bertot. 1672. [3,67 DM] 382

De J. Bertot. Avant octobre 1674. [2,06 DM] 397

De J. Bertot. Avant octobre 1674. [2,25 DM] 401

De J. Bertot. Avant octobre 1674 ? [2,26 DM] 402

Mme Guyon à J. Bertot. Avant octobre 1674 ? [DM] 409

De J. Bertot. Avant octobre 1674 ? [2,28 DM] 410

Mme Guyon à J. Bertot. Avant octobre 1674. [2,29 DM] 412

De J. Bertot. Avant octobre 1674. 413

Réponse à la lettre de Madame Guyon. 413

De J. Bertot. Avant juillet 1676 ? [2,30 DM] 418

De J. Bertot. Avant juillet 1676. [2,56 DM] 423

De J. Bertot. 22 mars 1677. [A.S.-S.] 425

De J. Bertot. Avant 1678 ? [2,57 DM] 427

De J. Bertot. Avant 1678 ? [2,59 DM] 429

De J. Bertot. Avant 1678 ? [2,60 DM] 431

De J. Bertot. Avant 1678 ? [2,61 DM] 433

De J. Bertot en réponse. 1678 ? [2,69 DM] 438

De J. Bertot en réponse à six questions1. 1678 ? [2,70 DM] 441

I. Les sens peuvent-ils être féconds en manière divine avant que d’être morts et anéantis entièrement ? Les miens ne le sont pas, assurément, puisque leur activité est souvent pleine de défauts. La vivacité qu’ils ont ne vient-elle pas plutôt de leur activité première et imparfaite qui est commune à tous ceux qui ont de la vivacité et qui sont agissants ? [388] 441

II. Puisque l’on ne peut rectifier les puissances ni les sens à moins que de les détruire entièrement, puis-je croire que les lumières qui me viennent sont purement de Dieu, n’ayant point passé par toutes les agonies qui précèdent la mort réelle et véritable ? [394] 444

III. (Lettre à l’auteur). De même, ma mémoire ne doit-elle pas se perdre entièrement avant que de devenir si féconde ? Je vous ai ouï dire qu’elle se perdait en un point que dans les affaires on se trouvait fort embarrassé. Et même à présent je suis souvent comme cela dans tout ce que j’entends dire et dans tout ce que je vois qui ne regarde pas mon état présent. Car même pour le passé, je ne retiens rien de toutes les choses que j’ai vues que si confusément que je ne pourrais rapporter aucune particularité. Cela est pénible dans les conversations et attire de l’humiliation. Enfin, elle est très vide de toute idée excepté [396] (comme je vous ai mandé) pour le présent de ce que je puis faire dans mon état. Cependant je ne la crois pas morte pour les raisons ci-dessus. Et, par une route contraire, d’où vient que la vôtre qui est morte il y a longtemps et qui est revivifiée, manque souvent à vous fournir dans les affaires ce qui est nécessaire ? Pardonnez-moi si j’approfondis trop, mais cela m’est venu sans y penser, et c’est pour le bien public. 445

V. (Lettre à l’auteur). Je ne puis m’empêcher de parler d’un autre instinct quoiqu’il n’en soit pas parlé dans la lettre, que j’ai ressenti dès le commencement que j’ai été touchée de Dieu, et qui, quoique souvent caché par mes fautes et par les ténèbres et sécheresses, a toujours augmenté : c’est un certain principe de vie, tantôt [402] comme un amour secret et inconnu, tantôt comme une faim insatiable de Dieu, enfin comme une pierre qui tend à son centre, ou plutôt tout cela ensemble, car tout est renfermé dans cette simplicité. Au commencement j’en parlais comme d’une chose que je croyais commune à tous ceux qui voulaient être à Dieu, mais cela n’est pas à ce que je crois. C’est ce que j’ai appelé présence de Dieu. Je n’en ai jamais eu d’autre, et cela plus ou moins : selon les degrés cela est plus ou moins simple. 448

VI. (Lettre à l’auteur). Pour le repos dont j’ai parlé ce qui me le rend un peu suspect, c’est parce qu’il me rend à l’extérieur moins gaie. Car comme je n’ai personne à qui je puisse ouvrir mon cœur, toute ma joie et mon contentement est de me taire. Je ne puis prendre plaisir à ce qui divertit les autres : hors ce qui est de mon devoir, le reste souvent me resserre le cœur et me peine ; je l’ai bien éprouvé depuis peu, n’ayant pas eu la même liberté. Quoique je sois pleinement contente comme je ne vois que des objets tristes, je crains de la [le] devenir. Ayez la bonté de m’expliquer pourquoi vous m’avez dit souvent que vous ne le craignez pas pour moi car j’en ai [405] quelquefois de petites attaques qui font en moi des effets très mauvais qui seraient trop longs à dire. 449

De J. Bertot. 1678 ? [3,32 DM] 451

De J. Bertot. 1678. [3,33 DM] 456

Mme Guyon à J. Bertot. Avant avril 1681. [DM « Lettre à l’auteur »] 460

De J. Bertot en réponse. Avant avril 1681. [3,66 DM] 462

Mme Guyon à J. Bertot. Avant avril 1681. [DM « Lettre à l’auteur »] 465

De J. Bertot en réponse. Avant avril 1681. [3,68 DM] 468

Mme Guyon à J. Bertot. Avant avril 1681. [4,32 DM] 469

De J. Bertot. Avant avril 1681. [4,33 DM] 470

« Onze dernières lettres de M. Bertot dans le même ordre à une même personne.  Avant avril 1681.» 475

[1ere ] De J. Bertot. [DM 4.70] 475

[2e ] De J. Bertot. [DM 4.71] 477

[3e ] De J. Bertot. [DM 4.72] 478

[4e ] De J. Bertot. [DM 4.73] 480

[5e ] De J. Bertot. [DM 4.74] 480

[6e ] De J. Bertot. [DM 4.75] 481

[7e ] De J. Bertot. [DM 4.76] 482

[8e ] De J. Bertot. [DM 4.77] 483

[9e ] De J. Bertot. [DM 4.78] 484

[10e ] De J. Bertot. [DM 4.79] 485

[11e ] De J. Bertot. Avant avril 1681. [DM 4.80] 487

De J. Bertot. Avant avril 1681. [DM 4.81] 488

AUTRES MYSTIQUES EDITES DANS LE DM 495

Marie des Vallées à Monsieur de Bernières 497

Conseils d’une grande Servante de Dieu appelée Sœur Marie des Vallées 497

Sur le don d’anéantissement ou de la foi nue, l’emploi pour le prochain, la présence réelle de Jésus-Christ, la conversation en esprit et en silence, la communication essentielle de Dieu. 499

21 Lettres du P. Maur de l’Enfant-Jésus à Madame Guyon 519

L’influence du P. Maur de l’Enfant-Jésus. 519

[1re] Du P. Maur. fin 1670 ? 524

[2e] Du P. Maur. 1673 ? 527

[3e] Du P. Maur. 1673 ? 529

[4e] Du P. Maur. 1674 ? 533

[5e] Du P. Maur. 1674 ? 536

[6e] Du P. Maur. 1674 ? 536

[7e] Du P. Maur. 1674 ? 537

[8e] Du P. Maur. 1674 ? 537

[9e] Du P. Maur. 1674 ? 538

[10e] Du P. Maur. 1674 ? 538

[11e] Du P. Maur. 1674 ? 539

[12e] Du P. Maur. 1674 ? 541

[13e] Du P. Maur. 1674 ? 543

[14e] Du P. Maur. 1674 ? 545

[15e] Du P. Maur. 1674 ? 549

[16e] Du P. Maur. 1674 ? 550

[17e] Du P. Maur. 1675 ? 552

[18e] Du P. Maur. 1675 ? 553

[19e] Du P. Maur. 1675 ? 553

[20e] Du P. Maur. 1675 ? 555

[21e] Du P. Maur. 1675 ? 557

21 Lettres de Madame Guyon concluent le Directeur Mystique 559

Madame Guyon dirigée 559

Madame Guyon succède à Monsieur Bertot 560

Avis sur l’état d’une âme qui commence à se perdre en Dieu par la foi nue. 560

 1. Voie pour devenir une créature nouvelle. 564

 2. Filiation spirituelle. 569

 3. Mourir à soi et s’abandonner. 571

4. A POIRET. Foi nue et oraison simple. 573

 5. Usage des incertitudes. Anéantissement. 575

 6. Abandon de son sort à Dieu. 578

 7. Dieu affermit la foi. 580

 8. Danger des voies extraordinaires. 581

 9. Résistance à Dieu, peines et abandon. 585

 10. Perte de la raison et de la volonté. 588

 11. Fermeté dans l’abandon. 590

 12. Fidélité dans la voie de la perte. 592

 13. D’assurance dans la voie de la perte. 594

 14. Communications des esprits. Souplesse sous Dieu. 596

 15. De la perte en Dieu. 598

 A L’AUTEUR : 598

REPONSE : 598

16. Perte totale, source de tout bien. 600

 17. Règne du pur amour. 602

 18. Agrément de l’abjection. 603

 19. Abandonnement, etc. 604

 20. état d’une âme perdue en Dieu. 605

 21. Usage des écrits intérieurs. 608

Ou conclusion de tous les écrits de Mme G[uyon]. 608

POSTFACE ou ESSAI 611

[matériaux pour rédaction, 15 pages ?] 614

Relevé partiel (DM I à III) avec préférences soulignées 614

2. Condensé révisé des préférences : 628

ANNEXES 633

INDEX 635

EDITION DE BERLEBOURG 1742 637

Page de titre : 637

Berlebourg omparé au DM 638

SOURCES 639

D. Tronc 639

Bibliothèque municipale de Lyon  639

Google books 640

MONSIEUR BERTOT, DIRECTEUR MYSTIQUE 2005 643

1. Une « école » des mystiques 643

2. La vie cachée de Monsieur Bertot. 648

Caen 651

Montmartre 661

3. L’œuvre. 675

Les Retraites 676

La Conclusion des Retraites […] de l’oraison… 677

Le Directeur mystique. 678

Autres sources 681

4.Aperçu de la voie 682

5. La direction de Madame Guyon 684

Annexes de l’édition 2005 698

I : Table synchronique de membres de l'école de l'amour pur 698

Table synchronique des membres de l'école de l'amour pur nés entre 1590 et 1651. 699

II : Tableau général de l'école quiétiste du pur amour 699

III : Sources de Monsieur Bertot, Directeur Mystique 705

Sources utiles à l'approche biographique 705

Identité, baptême, décès 706

Le corpus 708

Contenu détaillé du DM : 709

- Écrits du P. Chrysostome 711

IV : Chronologie de la vie de Monsieur Bertot 712

TABLE DES MATIERES 715

Fin 728



    4a. CORRESPONDANCES DE DIRECTIONS entre Chrysostome Bernières Mectilde Bertot Lacombe Guyon Fénelon



Série Etudes / 4a…

(64) Cor. B.- B.- G. révisé dense lulu Reduction ec.docx





A réduire par

Suppression de notes

Et d’introductions aux sections

Et de lettres moins intéressantes

Compléter le diagramme par Mortemart et dates de naissances




Ce volume contient :

Présentation

Les directions de Bernières et de Mectilde par le P. Chrysostome

Choix de lettres de Mr de Bernières

Mr de Bernières à Mr Bertot

Mère Mectilde & Mr Bertot

Choix de lettres de Mr Bertot

Mr Bertot dirige Madame Guyon

Le P. Lacombe et Madame Guyon

Madame Guyon dirige Fénelon

Madame Guyon à M.-A. De <Mortemart

Choix de lettres de Madame Guyon



Annexes



Présentation

L’essentiel du vécu mystique tel qu’il fut exprimé en langue française au dix-septième siècle se retrouve au sein de trois correspondances. Elles se succèdent sur trois générations, chacune prenant presque immédiatement le relai de la précédente.

De mêmes accomplissements « achevés » bien avant même la mort des maîtres qui se succèdent au sein de la lignée et d’importances comparables par les durées et par les volumes textuels, ces corpus proposent un message commun sous trois tempéraments ou imprégnations.

Le même courant traverse la diversité des conditions humaines telles qu’elles sont vécues dans les trois ordres existants à l’époque et par les deux sexes : Monsieur de Bernières est un grand bourgeois laïc, Monsieur Bertot est un confesseur mystique d’origine paysanne, Madame Guyon connut la vie mariée, la Cour et les prisons.

Nous sont parvenues les lettres de Bernières rédigées entre ~1635 et 1659 soit les 24 dernières années d’une vie de près de soixante ans ; les lettres de Bertot entre ~1660 et 1681 soit les 21 dernières années d’une vie de soixante ans ; les lettres de Madame Guyon entre ~1683 et 1717 soit les 34 dernières années d’une vie de près de soixante-dix ans (on déduira huit années d’enfermements).

Ils se lient entre eux par des échanges que l’on s’efforce de retrouver au sein des imposants corpus. Parfois avec quelque incertitude car ils y ont été très discrètement introduits par leurs premiers éditeurs.

Ils traduisent les façons diverses dont s’opèrent le travail de transmission mystique ou simplement et plus fréquemment d’assistance spirituelle. On ne parle pas directement de transmission !

Là réside l’intérêt de tri et restitution. Les rééditions moins urgentes de « livres » recomposés ou composés existent tandis que des lettres sont mieux protégées des censures et des Inquisitions.

Le Chrétien intérieur de Monsieur de Bernières, le Moyen court et Les Torrents de Madame Guyon furent les titres les plus lus parmi les livres condamnés.

Leurs censures provenaient d’éditeurs pratiquant la réécriture admise à l’époque ; Elle est honnêtement et naïvement avouée par Louis Françoisd’Argentan le « co-rédacteur » capucin du Chrétien intérieur.

L’autocensure est pratiqué au dix-septième siècle par tout auteur d’ouvrage destiné à un public élargi dont les Approbations sont requises chez les éditeurs du « Roi Très Chrétien ». C’est le cas de madame Guyon pour le Moyen Court en 1685.

Des omissions s’imposent chez l’éditeur disciple Pierre Poiret, mais étranger et protestant, il lui fallait protéger les correspondants en supprimant noms et indices personnels. Le « sauveur » de Guyon et de Bertot fut critiqué par certains disciples français catholiques pour ses projets heureusement menés à bon terme. Nous revenons sur ces circonstances (infra, section « Le corpus).

Ces situations complexes compliquent la tâche de reconnaissance d’identification des destinataires de lettres.

Bernières (1601-1659) est remarquable par son élan spirituel et l’a mené de la révérence devant la grandeur de Dieu à l’abandon au flux de la grâce. Bertot (1620-1681) est remarquable par sa solide et exigeante « foi nue » qu’il fait comprendre par analogies empruntées à la nature normande. C’est le plus dense et exigeant des directeurs. Madame Guyon (1648-1717) est remarquable par sa vitalité, par sa simplicité qui n’exclut pas une fine psychologie.

Ces trois pôles sont entourés d’une pléiade de mystiques accomplis mais moins favorisés dans leurs possibilités expressives.

Se détachent le fondateur Chrysostome (1595-1646), Mère Mectilde (1614-1698) active sur la durée du siècle, le génie littéraire de Fénelon (1652-1715).

On ajoutera Marie de l’Incarnation excentrée en Nouvelle-France, le confesseur Lacombe en rien médiocre, la duchesse de Mortemart qui peut-être assura une suite au dix-huitième siècle au sein des groupes Cis et Trans.

Résumé commun à tous de la même filiation : le pur amour est vécu par abandon de la volonté propre non de soi-même mais par action de la grâce reçue en passiveté. L’exigence est très forte mais toute intérieure sans ascèse visible. Elle est affirmée avec humilité chez Bernières, avec force chez l’abrupt Bertot, plus voilée mais sans compromis possible chez la souple Guyon.

Ces témoignages montrent un souci constant des besoins de leurs compagnons. Il suffit à répondre à tout besoin d’éclaircissement et de présence.





Plusieurs points soulignent l’intérêt et l’originalité du dossier. Ils pourraient prêter lieu à développement et thèse qui ne peuvent trouver place ici.

1. L’époque mystique la moins lointaine est française : en occident elle succède à la flamande du quatorzième siècle et à l’espagnoles du seizième. Aux dix-septième et dix-huitième siècles, après le latin et l’espagnol le français domine. Puis l’anglais le remplace1027.

2. En époque inquisitoriale – tous siècles avant les deux derniers -- un texte à visée collective est censuré. L’échange discret de lettres est le seul espace d’expression écrite libre.

3. Les correspondances privées respectent diversités et minorités, donc l’originalité des rares mystiques au sein d’une majorité religieuse à laquelle convient une littérature d’opuscules et de livres, signaux prudemment avancés jusqu’au siècle des Lumières.

4. Mais en général on n’a pas conservé de dialogues entre mystiques. Soit par effet grossissant où seul est respecté le très saint ou le fondateur devenu émetteur textuel par nécessité -- ce qui entraîne l’absence de correspondance passive. Soit par destruction malveillante : Jean de la Croix. Soit par auto-destruction dans l’hypothèse bénigne : Madame Acarie, première Marie de l’Incarnation. Soit avant reconnaissance improbable : Marie Guyart, la seconde Marie de l’Incarnation « du Canada », est ainsi sauvée par son fils.

Les correspondances ne conservent aucune pièce passive sauf au sein d’une filiation qui tient à garder la formation vivante d’un dialogue questions-réponses.

5. L’extraordinaire s’est cependant produit et il s’est répété quatre fois ! Toute une littérature reliant les animateurs de la tradition mystique Chysostome – Bernières et Mectilde – Bertot – Guyon – Fénelon et Poiret. Et l’on a les chaînons entre eux, dialogues Ch-B, b-Bt, Bt-G, G-F.





Le diagramme infra situe figures et filiations :





6. Le paradoxe n’est qu’apparent entre préservation d’un vaste ensemble textuel et l’absence apparente d‘un intérêt partagé (on s’écarte voire on condamne des mystiques) .

Les Corpus ont été transmis de B, Bt, G parce que tout autre appui visible manquait: Bernières et sa sœur, Guyon, Poiret ont été très conscient des sauvetages à mener d’urgence et ils ont oeuvré pour éviter la disparition d’une vie mystique menée en commun (cela n’a toutefois pas empêché son affadissement dans un monde catholique converti à une forme de matérialiste spirituel mettant en avant lieux de culte miraculeux – par contre a trouvé prolongement dans le monde protestant malheureusement peu porté à la vie mystique).

7.histoire des sauvetages à raconter : Bernières préserve Chrysostome, la soeur Jourdaine de B. préserve son frère, Guyon préserve Bertot, Poiret préserve (tout !) Guyon, les bénédictines « filles » de Mectilde sauvent cette dernière (avec une pincée de Bernières). Dater, bibliographer.

Cas unique d’une « conspiration » réussie : le « devoir de mémoire » est accompli en réponse typique d’une minorité persécutée.

8. Ce « Trésor de langue sauvée » à défaut d’un efficace directe s’avère indépendante de théorie théologique, car simple rapports établis entre personnes. Donc à n’apprécier qu’aujourd’hui où l’on favorise le vécu à la croyance.

9.sans bien réaliser son importance mais sensibilisé par les rencontres de tels textes pratiques j’ai contribué au sauvetage en assemblant trois corpus principaux. L’axe de filiation ou le tronc de l’arbre.

S’y adjoignent ses branches – sauvetages ou choix secondaires intégrant lettres aux dossiers :

Sauvetages principaux : Guyon correspondances I II III (2003-2005) 2500 p., Bertot (2005 puis 2018) 500 puis 2000 p., Bernières (2019 en épaulant dom Eric de Reviers) 1500 p.

Sauvetages secondaires : restitutions opérées chez Chrysostome (opus complet), Lacombe (opus complet),

Choix opérés chez Mectilde, Fénelon ; total ~2000 p.

Cette littérature « sensible au coeur » donne valeur au travail d’érudition même si elle ne s’dresse pas à ce corps de métier.

10. Le socle premier niveau est disponible. Il s’agit d’y apporter des étages moins vastes : en tirer profit spirituel par réduction et éventuellement par synthèse.

Les restitutions souvent intégrales de tels directoires mystiques permettent de proposer / de retrouver / d’exposer les grandes lignes d’une voie mystique commune.

A faire ou à laisser faire.

Voie universelle comme les autres lorsqu’elles sont authentiques dont un des indices est l’ouverture à la reconnaissance mutuelle.

Dix sections suivent la Présentation :

1. Les directions de Bernières et de Mère Mectilde par le P. Chrysostome

2. Choix de lettres de directions de Monsieur Bernières adressées à diverses personnes

3. Lettres à « l’ami intime » Jacques Bertot

4. Echanges entre Mère Mectilde & Monsieur Bertot

5. Choix de lettres de direction de Monsieur Bertot

6. Monsieur Bertot dirige Madame Guyon

7. Le confesseur Lacombe et Madame Guyon

8. Madame Guyon dirige Fénelon

9. Madame Guyon écrit à Marie-Anne de Mortemart

10. Quatre-vingt quinze lettres choisies concluent cette Correspondances de direction mystique

§

Je rassemble ainsi de nombreuses lettres liant les sept figures figurant sur le diagramme illustrant la page titre.

Ce diagramme comporte sept traits fléchés indiquant les directions et non fléchées pour des relations plus épisodiques. Ces traits correspondent aux sections 1, 3 et 4, 6 à 9.

Pour rendre juste compte des nombreuses directions adressées à bien d’autres figures, j’introduis les sections intermédiaires 2, 5, 9. Il s’agit de choix : les « meilleures lettres » de directions assurées par Monsieur de Bernières qui animait l’Ermitage de Caen ; par Monsieur Bertot « passeur » de Caen à Paris ; puisées dans les directions préservées par es disciples de Madame Guyon. Elle anima le cercle « quiétiste » à Paris puis à Blois où se réunissaient de discrets visiteurs cis et trans.

Ces échanges avec des dirigés le plus souvent inconnus qui s’assemblaient autour centres ou noeuds des réseaux « d’Amis » incluent aussi des correspondants qui ne pouvaient résider ou visiter le Royaume : émigrés en Nouvelle-France pour le premier nœud actif autour des années ~1650 ; étrangers souvent protestants vivant en Hollande, en Suisse, en Ecosse pour le second nœud actif autour des années ~1710.

Au-delà des relevés de liens fondateurs, ce florilège assemble un « essentiel mystique » glané sur des milliers de pages. Elles furent « sauvées » par la soeur de Bernières puis par Madame Guyon assistée par le disciple et éditeur Poiret. Elles sont disponibles : bibliographie « Correspondances » figurant en fin de volume.

TABLE

Correspondances de Directions dans la Voie mystique 2

Présentation 4

Les directions de Bernières et de Mectilde par le P. Chrysostome 11

La direction de Bernières 11

1. Lettre. “ J’ai lu et considéré la vôtre…” 12

2. Autres avis au même. “ J’ai lu et considéré vos articles…” 13

3. Autres propositions d’un certain spirituel, et les réponses du Père. “ Je suis souvent dans l’état de douceur et d’amour…” 13

4. Autres propositions et réponses. “ Dites-nous un peu mon cher Père…” 16

5. Autre lettre d’un spirituel, et les réponses du Père. “ Depuis que je vous ai obéi…” 17

6. Autre lettre en forme de propositions, et les réponses. “… dans une grande obscurité intérieure…” 18

7. Autre lettre de réponse du Père à un spirituel. “ J’ai considéré votre dernière lettre, et je demeure dans mon sentiment…” 20

8. Autre lettre et réponse. “ J’ai lu et considéré le rapport de votre oraison” 21

9. Autre lettre du révérend Père. “ Notre cher frère et ami en J.C.” 23

10. Autres propositions et réponses, touchant la pratique de quelques conseils évangéliques. 24

11. Autre réponse à un bon serviteur de Dieu. “ Notre très cher frère en Jésus-Christ” 25

12. Autre lettre à un spirituel, fidèle et fervent. “ J’ai considéré vos lettres…” 26

13. Autres propositions ou déclarations de l’intérieur d’une âme, et les réponses du révérend Père. 27

14. Autre lettre adressant au Père, et ses réponses. “ Depuis l’avis que vous m’avez donné, que c’est l’ordre de Dieu…” 31

15. Autres propositions et réponses sur l’oraison, etc. 32

16. Autre lettre du Père, dirigeant quelque âme à une haute perfection. 33

L’initiation de Mectilde 35

Premier texte : Relation au Père Chrysostome avec réponses, juillet 1643. 36

Deuxième texte : Autre réponse du même père à la même âme . 42

Choix de lettres de direction de Bernières 50

Les événements importants dans la vie de Jean de Bernières 50

6 Mars 1646 L 1,27 Je suis bien éloigné de vous conseiller de descendre de la croix. -- Dieu tout seul suffit à l’âme, puisqu’il est suffisant à soi-même… 52

Janvier1647 L 1, 37 J’ai été dans des oublis de Dieu si grnds qu’ils vous étonneraient très fort. -- Ma très chère sœur, il y a si longtemps que je désire vous écrire deux mots… 54

15 février 1647 L 2, 35 Soyez donc comme une petite boule de cire entre ses mains, et soyez contente de ses divines dispositions. 55

12 Septembre 1647 M 3,25 En présence de Dieu tout s’évanouit comme un songe. 59

12 Septembre 1647 M 3,49 Dialogue de l’âme avec le Bien Aimé. 59

28 Septembre 1647 M 2,26 L’abandon à la Providence. 60

20 Janvier 1648 M 2147 Dieu veut avoir quelquefois des bouches inutiles dans sa maison. 60

1648 L 2,1 Quand l’on ne veut que Dieu et son bon plaisir, l’on se sent paisible et content en tous les états. -- Je n’ai pu vous écrire plus tôt les deux mots qui suivent… 60

Mars 1649 M 3,26 La pure oraison cause la perte de l’âme en Dieu. 61

Mars 1649 M 3,28 L’âme devient un même esprit avec Lui. 62

20 Janvier 1650 M 3,31 La grande passivité de l’âme doit être de posséder Dieu en son fond par anéantissement. 62

Avril 1650 M 3,42 On ne connaît le goût de Dieu qu’en Dieu même. 62

Mai 1650 M 3,75 L’union essentielle où l’âme jouie de Dieu. 63

Mai 1650 M 3,76 Distinguer union essentielle et union accidentelle. 64

1651 L 2,54 -- Dieu seul doit suffire à une âme morte et anéantie… 65

1652 M 2171 -- Si votre âme durant l’oraison est sans pensées et sans sentiments, ne vous en mettez point en peine… 65

1653 L 3,39 De la vie cachée avec Jésus Christ en Dieu. -- J’ai reçu grande joie d’apprendre des nouvelles de votre santé… 66

1653 L 3,18 S’accoutumer à faire l’oraison avec la pure lumière de la foi. -- Je vous dirai qu’il ne faut pas s’étonner des oppositions et contradictions… 66

1653 L 3,40 Dans la voie passive de l’anéantissement. -- Depuis que Dieu par sa miséricorde a introduit l’âme dans la voie passive de l’anéantissement… 66

1653 L 3,51 Dieu est mon âme et mon âme est Dieu. -- Pour le présent il me semble que Dieu est mon seul intérieur… 67

10 Février 1653 M 2172 Cette sacrée obscurité est plus claire que la lumière même. 67

24 Avril 1653 L 3,29 Qui vit en Dieu seul, voit en Dieu ses amis. -- Ces lignes sont pour vous réitérer les assurances de mes affections… 67

4 Mai 1653 L 2,13 -- Monsieur de Renti était mon intime ami. 68

Juillet 1653 L 3,22 Il y a différents états dans la voie mystique. -- Je viens de recevoir vos dernières. Pour réponse… 68

26 Août 1653 L 2,52 Dieu seul, Lui-même, doit être l’âme de votre âme. -- Vos dernières me font connaître plus clairement que jamais votre grande vocation au parfait anéantissement… 68

7 Septembre 1653 L 2,27 Quand Dieu devient l’âme de notre âme. -- Touchant la déclaration que vous me faites de votre oraison, ma lumière est petite… 69

1654 L 3,34 Le secret de la parfaite union avec Dieu. -- Pour répondre à votre dernière, je vous dirai dans ma simplicité et liberté ordinaire… 69

29 Mars 1654 L’esprit de notre petit Ermitage. -- J’ai reçu vos dernières qui m’ont donné grande consolation… 70

30 Mars 1654 L 3,4 N’avoir rien, c’est avoir tout. -- Ce mot est pour vous assurer, que je me sens aussi uni à vous à Caen comme à Rouen… 70

19 Avril 1654 L 2,51 Il faut mourir auparavant que de vivre d’une nouvelle vie. -- Puisque Notre Seigneur vous a fait la grâce d’attirer votre âme à Lui par le moyen de la foi pure et nue… 70

13 Mai 1654 L 3,6 Il n’y a qu’à Le laisser faire. -- Je viens de recevoir vos dernières, et je sens mouvement d’y répondre tout présentement… 71

19 Octobre 1654 L 3,60 Que l’Esprit de Dieu fasse son ouvrage à sa mode. -- Vous m’obligez d’écrire quelque chose sur les dispositions de la bonne Mère B.… 72

20 Octobre 1654 L 2,25 Un abrégé de la voie mystique. 72

5 novembre 1654 L 1,46 Mon fond, c’est la seule lumière de la Foi. -- Je connais un certain état d’anéantissement de la créature… 75

11 Novembre 1654 L 3,41 Dieu est et vit, et cela me suffit. -- Quand vraiment et réellement Jésus Christ est notre vie… 76

17 Mars 1655 L 3,24 On s’imagine qu’être en quiétude, c’est ne rien faire. -- C’est une grande misère de ne point connaître qu’il ne faut pas toujours chercher Notre Seigneur... 77

3 Janvier 1656 L 3,13 Perte de l’âme en Dieu, la comparaison d’une rivière -- Ma très chère Sœur, Jésus Christ soit notre unique vie. Je viens de recevoir vos dernières qui me consolent beaucoup… 78

13 Août 1656 M 2173 Il blesse d’une manière que Lui seul peut guérir. -- Mon oraison a bien changé. Ce n’est plus qu’un exil ou un bannissement de Dieu… 79

10 Octobre 1656 L 3,47 En même temps, sa présence et son absence. -- Votre dernière lettre m’a donné beaucoup de consolation et d’instruction… 80

20 Novembre 1656 L 3, 36 Que nous soyons un jour tous fondu en Jésus. -- Ma très chère Sœur, Jésus soit notre mort, notre vie, notre néant et notre tout… 81

16 Janvier 1657 L 2,31 Les trois degrés pour monter au sommet de la montagne. -- Je vous suis infiniment obligé de l’honneur de votre souvenir dans votre chère solitude… 85

23 Janvier 1657 L 3,15 De l’anéantissement mystique. -- Pour ce qui vous regarde, nous n’avons rien à dire, sinon que nous remarquons que l’esprit de Jésus-Christ veut anéantir le vôtre pour se mettre en sa place… 85

9 Avril 1657 L 3,35 Tournez votre âme du côté de la confiance en Dieu. -- J’ai fait réflexion sur ce que vous me mandez dans votre dernière… 86

9 Avril 1657 L 2, 24 C’est Dieu seul qui fait cet ouvrage. -- Je vous demande pardon, si nous avons été si longtemps à vous répondre… 87

26 Août 1657 L 2,23 Souffrir en patience passive. -- Ma très chère Sœur, 88

30 Août 1657 L 3,16 C’est la dernière lecture qu’il faut quitter, que celle de l’Écriture sainte. -- Je ne manquerai pas durant votre retraite… 88

20 Septembre 1657 L 3,17 Une vue simple et amoureuse doit nourrir votre âme. -- J’ai reçu et lu avec joie et consolation votre belle et excellente lettre… 89

20 Septembre 1657 M 1,87 (1.10.4) La fidélité d’une âme consiste à recevoir la mort que toutes ces choses lui donnent, et à ne point agir autrement. -- Les ténèbres, les sécheresses et les étouffements intérieurs… 90

29 Septembre 1657 M 1,90 (1.10.7) Mourir au désir de ne pas mourir assez tôt. 90

6 Octobre 1657 L 2,30 Dans l’oraison, il ne faut jamais quitter Jésus Christ. -- Touchant la difficulté qui est venue à la personne dont il est question lisant Sainte Thérèse… 90

13 Octobre 1657 L 3,54 Sur l’anéantissement et la déification. -- Il y a bien de la différence entre la lumière de l’anéantissement, et la réalité… 91

28 Octobre 1657 M 2167 -- Si Dieu vous appelle par grâce à la pure passivité dans l’oraison… 92

29 Septembre 1658 L 3,10 Il doit suffire de laisser brûler ce Feu intérieur. -- La personne dont il est question doit s’abandonner à Dieu, qui a un soin particulier d’elle dans l’oraison… 93

12 Décembre 1658 L 3,20 Un pauvre chétif homme qui tend à l’anéantissement est capable de tout. -- Je ne vous puis exprimer la joie que nous avons tous récemment d’apprendre par vos chères lettres votre Sacre… 94

16 Décembre 1658 L 3,38 C’est un grand don d’entrer dans le néant, plus grand d’y habiter, et très grand d’y être consommé. -- Je reçois votre dernière et y réponds en peu de mots… 95

21 Décembre 1658 L 2,33 Votre oraison s’augmentera peu à peu avec la fidélité de la faire tous les jours. -- Je suis fort obligé à Monsieur votre frère de m’avoir procuré l’honneur de votre connaissance… 98

22 décembre 1658 L 1,49 Moins vous ferez, plus vous ferez de bien à vos novices. -- Sa divine Providence vous ayant placé au lieu où vous êtes… 99

4 janvier 1659 L 2,17 Toute votre oraison, dans le délaissement intérieur où vous êtes, est de n’en avoir point. -- Je n’ai pas manqué de bien considérer… 100

24 Janvier 1659 L 3,19 Prenez garde à ne pas vouloir être si fort abandonné que vous vouliez tomber dans l’oisiveté. -- Je vous confesse que je suis mortifié d’être obligé de vous aider, ayant moi-même beaucoup besoin de secours… 101

26 Janvier 1659 L 3,8 L’âme agit plus dans la simplicité que dans la multiplicité. -- Monsieur, Jésus soit votre lumière. C’est à Lui à vous éclairer dans vos petits doutes touchant votre oraison… 102

10 Février 1659 L 1,53 Très souvent on imite Jésus-Christ qu’en apparence et en idée. -- Il faut que vous disiez la même chose dans la persécution… 103

19 Février 1659 L 2,45 La différence entre l’abandon et l’oisiveté. -- J’ai lu vos dernières du septième de ce mois avec attention, et j’ai remarqué la conduite particulière que Dieu tient… 104

16 Mars 1659 L 3,3 L’essentiel de la vie mystique. -- Je vous suis infiniment obligé... 105

29 Mars 1659 L 1, 60 Il faut reculer les affaires de Dieu pour vaquer à Dieu seul. -- Pour répondre à votre dernière, je vous dirai que je trouve que Notre Seigneur vous continue ses miséricordes… 107

2 Avril 1659 L 3,23. La non-oraison est la voie pour l’oraison mystique. «Monsieur, Jésus-Christ crucifié soit notre unique amour. Votre dernière m’a beaucoup consolé…» 107

16 Avril 1659 L 2,32 L’humilité et l’abandon doucement exercé en sa Présence. -- J’ai grande joie du bonheur que posséderez un jour en vous sacrifiant tout entier au salut des pauvres Chinois… 109

Maximes non datées 111

M 3, 2 L’état passif n’est pas pour toutes les âmes qui tendent à la perfection. 111

M 3, 3 L’état passif consiste à supprimer notre activité propre, pour entrer dans l’activité de Dieu. 112

M 3, 4 L’état passif consiste à se laisser posséder par L’Esprit de Jésus-Christ. 112

M 3, 6 L’état de l’âme dans ce premier degré de vie parfaite demeure dénué et étouffé. 113

M 3, 8 Le second degré de l’état passif est illuminatif. 113

M 3, 9 En ce second degré de vie unitive, l’âme éprouvent encore de grands délaissements. 114

M 3, 10 Le dernier degré c’est l’unitif, où l’âme devient un même esprit avec Dieu. 114

M 3, 11 Dans ce dernier degré de la vie unitive le temps d’oraison n’est pas réglé comme aux autres précédents. 115

Jean de Bernières à Jacques Bertot 116

Correspondance 116

31 Mai 1645 L 1,18 Le Cœur seul de Jésus-Christ me pourrait suffire de lecture et de conférences. 116

4 juillet 1645 L 1,19 Cinq ou six personnes de rare vertu. 118

3 octobre 1645 L 1,21 Ce qui vient de la Providence est bien meilleur pour notre perfection, que ce que nous choisissons. 120

1646 L 1,58 La seule vie en Dieu par un abandon et un écoulement en Lui m’est douce. 122

5. [Arfuyen] A son ami intime, des opérations de Dieu en l’âme . 124

23 Août 1653 L 3,32 La vraie oraison c’est Dieu même en l’âme. 125

7. [Arfuyen] Au même, où il déclare…. 127

17 Septembre 1654 L 3,55 Le seul appui est la pure foi 128

17 Octobre 1654 L 3,5 Autant on est détaché de toute choses, autant on est disposé à être uni à Dieu. 131

L 3,61 Quel bonheur c’est de jouir de Dieu dans le centre. 132

11 Mars 1655 L 3,59 Ce Jour d’éternité est un jour de vérité 135

14 Septembre 1656 L 3,25 Tant de goût et de saveur à être anéanti. 137

10. [Arfuyen] Au même, sur les richesses du parfait anéantissement. 140

21 Janvier 1657 L 3,31 Les biens qu’apporte cette sorte d’oraison sont innombrables 141

1 Juillet 1658 L 3,45 Vous êtes en chemin vers un pays qu’on appelle le néant. 145

7 Octobre 1658 L 3,48 Quand Dieu se manifeste Lui-même et révèle, ô quelle perte! Quel anéantissement dans une âme! 147

10 Octobre 1658 L 3,44 Dieu écoulé dans votre fond sollicite et tire votre âme de passer du rayon en Lui seul. 153

31 Octobre 1658 L 3,50 Une différence très grande entre la lumière du rayon et la lumière du centre 157

12 Janvier 1659 L 3,46 C’est le trésor des trésors de se perdre en Dieu. 162

24 Janvier 1659 L 3,43 Le seul ordre de Dieu nous donne Dieu seul. 165

Incipits 167

Mère Mectilde & Monsieur Bertot 169

De l’Hermitage du saint Sacrement, le 30 juillet 1645. 169

Mectilde écrit à son amie mère Benoîte de la Passion : 170

Benoîte de la Passion s’inquiète 171

Deux ans plus tard, Mectilde écrit à Benoîte 171

Mectilde écrit à une religieuse de Montmartre au sujet de la mort du frère de leur abbesse 171

Mectilde écrit à la mère saint Placide 172

La mère Catherine de Jésus  écrit le 24 octobre 1702 : 173

Choix de lettres de direction de Jacques Bertot 175

Monsieur Bertot à Madame Guyon avec les réponses de cette dernière. 177

Monsieur Bertot, directeur mystique. 177

De J. Bertot. 1672. [3,67 DM] 179

De J. Bertot. Avant octobre 1674. [2,06 DM] 196

De J. Bertot. Avant octobre 1674. [2,25 DM] 200

De J. Bertot. Avant octobre 1674? [2,26 DM) 202

À J. Bertot. Avant octobre 1674? [DM] 209

De J. Bertot. Avant octobre 1674? [2,28 DM] 210

À J. Bertot. Avant octobre 1674. [2,29 DM] 212

De J. Bertot. Avant octobre 1674. 213

Réponse à la lettre de Madame Guyon. 213

De J. Bertot. 1674? [2,58 DM] 216

De J. Bertot. Avant juillet 1676? [2,30 DM] 218

De J. Bertot. Avant juillet 1676. [2,56 DM] 224

De J. Bertot. 22 mars 1677. [A.S.-S.] 226

De J. Bertot. Avant 1678? [2,57 DM] 228

De J. Bertot. Avant 1678? [2,59 DM] 230

De J. Bertot. Avant 1678? [2,60 DM] 232

De J. Bertot. Avant 1678? [2,61 DM] 234

À J. Bertot. Avant 1678? [2,68 DM] 238

De J. Bertot en réponse. 1678? [2,69 DM] 240

De J. Bertot en réponse à six questions1. 1678? [2,70 DM] 243

De J. Bertot. 1678? [3,32 DM] 253

De J. Bertot. 1678. [3,33 DM] 259

À J. Bertot. Avant avril 1681. [DM «Lettre à l’auteur»] 263

De J. Bertot en réponse. Avant avril 1681. [3,66 DM] 265

À J. Bertot. Avant avril 1681. [DM «Lettre à l’auteur»] 268

De J. Bertot en réponse. Avant avril 1681. [3,68 DM] 270

À J. Bertot. Avant avril 1681. [4,32 DM] 271

De J. Bertot. Avant avril 1681. [4,33 DM] 271

De J. Bertot. Avant avril 1681. [4,34 DM] 276

« Onze dernières lettres de M. Bertot dans le même ordre à une même personne.  Avant avril 1681.» 277

[1ere ] De J. Bertot. [DM 4.70] 277

[2e ] De J. Bertot. [DM 4.71] 279

[3e ] De J. Bertot. [DM 4.72] 280

[4e ] De J. Bertot. [DM 4.73] 282

[5e ] De J. Bertot. [DM 4.74] 282

[6e ] De J. Bertot. [DM 4.75] 284

[7e ] De J. Bertot. [DM 4.76] 285

[8e ] De J. Bertot. [DM 4.77] 286

[9e ] De J. Bertot. [DM 4.78] 287

[10e ] De J. Bertot. [DM 4.79] 288

[11e ] De J. Bertot. Avant avril 1681. [DM 4.80] 290

De J. Bertot. Avant avril 1681. [DM 4.81] 291

Confesseur Lacombe et Madame Guyon 299

Madame Guyon dirige Fénelon 309

Le témoignage de madame Guyon 310

Chronologie couvrant les deux années qui suivent la rencontre 316

Histoire et état documentaire des sources 318

Des premiers échanges 319

Fénelon défend madame Guyon 325

352. À Mme DE MAINTENON. 7 mars 1696. 327

362. AU DUC DE CHEVREUSE. À Versailles, 24 juillet 1696. 331

364. À Mme DE MAINTENON. [Septembre 1696]. 332

403. À L. A. DE NOAILLES. 8 juin 1697. 333

454. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À Cambray, 25 septembre [1697]. 336

471. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À Cambrai 8 décembre [1697] 336

523. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 23 mai [1698]. 337

524. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 30 mai [1698]. 337

542. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 6 septembre [1698]. 338

551. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 27 septembre [1698]. 338

553. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 10 octobre [1698]. 339

568. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 14 décembre [1698]. 340

569. À PIERRE CLÉMENT [Vers le 14 décembre 1698]. 340

570. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À Cambray, 19 décembre [1698]. 340

571. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 26 décembre [1698]. 341

578. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 16 janvier [1699]. 341

1121. À LA DUCHESSE DE MORTEMART. À Cambray, 9 janvier 1707. 342

Fénelon maintient secrètement le contact 345

De FÉNELON avec les réponses de Madame GUYON. 4 (?) Mai  1710. 345

De FÉNELON. fin mai 1710 ? 353

Madame Guyon à Marie-Anne de Mortemart 355

4. A LA « PETITE DUCHESSE » (?) Décembre 1693. 357

A LA « PETITE DUCHESSE » [DE MORTEMART]. Juin 1695. 358

5. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1695. 360

6. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1695. 361

7. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1695. 361

8. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1695. 362

9.  A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 362

10. A LA PETITE DUCHESSE. Peu après le 6 août 1695. 363

11. A LA PETITE DUCHESSE. Avant le 15 Août 1695. 363

12. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 365

13. A LA PETITE DUCHESSE. Avant le 20 Août 1695. 367

14. A LA PETITE DUCHESSE. Avant le 20 Août 1695. 368

15. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 368

16. A LA PETITE DUCHESSE. Peu après le 16 Août 1695. 369

17. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 369

18. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 370

19. A LA PETITE DUCHESSE. Début septembre 1695. 371

20. A LA PETITE DUCHESSE. Début septembre 1695. 372

21. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 372

22. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 373

23. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 374

24. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1695. 375

25. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1695. 375

26. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1695. 376

27. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1695. 377

28. A LA PETITE DUCHESSE. 27 novembre 1695. 377

29. A LA PETITE DUCHESSE (?) Décembre 1695. 381

30. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1696. 382

31. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1696. 383

32. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1696. 385

33. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1697. 385

34. A LA PETITE DUCHESSE. Février 1697. 387

35. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 389

36. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 391

37. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 393

38. A LA DUCHESSE DE BEAUVILLIER. Mars 1697. 396

39. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 399

40. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 401

41. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 403

42. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 405

43. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 407

44. A LA PETITE DUCHESSE. 18 avril 1697. 408

45. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 411

46. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 413

47. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 414

48. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 416

49. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 418

50. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 420

51. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 422

52. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 424

53. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 428

54. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 430

55. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 430

56. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 432

57. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 434

58. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 435

59. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 437

60. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 439

61. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 442

62. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 444

63. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 447

64. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 449

65. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 452

66. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 454

67. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 455

68. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 455

69. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 456

70. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 458

71. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 459

72. A LA PETITE DUCHESSE. Peu après le 15 Août 1697. 460

73. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 461

74. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 463

75. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697 464

76. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 466

77. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 467

78. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 468

79. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 470

80. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 471

81. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 472

82. A LA PETITE DUCHESSE. 28 Septembre 1697. 473

83. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1697. 474

84. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1697. 475

85. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1697. 476

86. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1697. 478

87. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1697. 480

88. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1697. 483

89. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 484

90. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 486

91. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 487

92. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 488

93. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 489

94. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 490

95. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 491

96. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 492

98. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1698. 494

99. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1698. 495

100. A LA PETITE DUCHESSE. 496

101. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1698. 496

102. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1698. 498

103. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1698. 499

104. A M. TRONSON. Mars 1698. 500

105. A LA PETITE DUCHESSE (?) Avril 1698. 500

106. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1698. 502

107. A LA PETITE DUCHESSE. 3 mai 1698. 504

108. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1698. 506

109. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1698. 507

110. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1698. 508

111.  [DE Mme Guyon] Au marquis de Fénelon. Septembre 1716 ? 510

DE FENELON 511

Choix de citations extrait de la série complète des lettres 511

95 lettres choisies de Madame Guyon 520

Présentation 520

LETTRES DE DIRECTION 524

Publiées au Siècle des Lumières 524

1[1]. Voie pour devenir une créature nouvelle. 524

2[3]. Mourir à soi et s’abandonner. 528

3[5]. Usage des incertitudes. Anéantissement. 529

4[20]. État d’une âme perdue en Dieu. 531

5[31-D.4.134[]]. Au Marquis de Fénelon. Avis. 533

6[35].  Au Duc de Chevreuse ( ?). 534

7[90-D.1.49]. Ne point se former de propre vocation. 535

8[97-D.1.57]. Démêler la grâce d’avec la nature. 536

9[121-D.2.1]. Abrégé des voies de Dieu. 538

10[144-D.2.25]. Tentations d’incertitude. 546

11[169-D.2.50]. Nécessité des secours et moyens. 547

12[170-D.3.1]. Voies de Dieu et des hommes, incompatibles. 548

13[171-D.3.2] Commencer par l’intérieur et par l’oraison. 550

14[175-D.3.6]. Avis sur l’oraison. 553

15[192-D.3.29] ; Faiblesse de l’homme. Renoncement à soi. 555

16[198-D.3.35]. Pour être à Dieu. 556

17[201-D.3.38]. Lait des enfants. Pain des forts. 559

18[223-D.4.51]. Oraison. Mortification. 561

19[231-D.4.64]. Se trouver dans le cœur de Jésus. 562

20[232-D.4.66]. Avis de conduite. 563

21[256-D.1.105]. « Laver dans l’abîme… » 564

22[258-D.1.107]. Se laisser détruire à Dieu. 566

23[270-D.1.121]. Sagesse humaine incompatible avec la divine. 567

24[285-D.1.136]. Foi nue. 569

25[311-D.1.164]. Indifférence, mort, abandon enfantin. 569

26[320-D.2.54]. Procédé graduel dans le spirituel. 571

27[331-D.2.66]. Correspondre aux voies de Dieu. 572

28[338-D.2.73]. Abandon absolu. 574

29[348-D.2.83]. Utilité des sécheresses d’esprit. 575

30[353-D.2.88]. 576

31[354-D.2.89]. Mourir à soi, aux appuis, au sensible. 576

32[361-D.2.96]. Comment faire dans la mort mystique. 577

33[362-D.2.97]. Dispositions à l’anéantissement. 577

34[365-D.2.100]. Purification de l’amour-propre, etc. 579

35[375-D.3.51].Construction divine du vrai intérieur. 581

36[385-D.3.67]. Voie de perte et de mort à toutes choses. 582

37[386-D.3.70]. Oraison sans action des puissances. 586

38[388-D.3.73]. N’aimer que Dieu. S’en laisser détruire. 587

39[390-D.3.75]. 589

40[395-D.3.84]. Désappropriation, foi, lumière et ténèbres. 590

41[399-D.3.88]. Foi passive et nue. Abandon. 592

42[400-D.3.89]. Être passif. Être chargé d’âmes. 594

43[402-D.3.92]. Abandon purifiant. Voie du fond., etc. 596

44[406-D.3.97]. Union. Corruption. Enfance. 603

45[412-D.4.91]. Dépouillement, avancement. 603

46[418-D.4.97]. Décès en état de sécheresse. 605

47[419-D.4.99]. Du sacrifice de l’âme. 606

48[428-D.4.116]. Foi nue. Amour pur. 609

49[432-D.4.120]. Oublier tout. 610

50[433-D.4.124]. Touchant les nouveaux prophètes. 611

51[440-D.1.176]. 618

52[446-D.1.182]. Perdre la sagesse humaine. 618

53[454-D.1.192]. S’avancer du connu, etc. 620

54[458-D.1.197]. Manières d’agir de Dieu opposées à celles des hommes. 622

55[459-D.1.198]. Comment juger des choses divines. 624

56[460-D.1.200]. Diverses opérations, etc. 625

57[462-D.1.202]. Compassion des faibles. Jugements de Dieu. 626

58[469-D.1.209]. Simplicité et pureté de cœur. 628

59[482-D.1.229]. Opérations de Dieu, etc. 629

60[491-D.2.111]. Sentiment. Raison. Foi. 630

61[496-D.2.121]. Vie propre, difficile à perdre. 632

62[502-D.2.127]. Abandon à l’amour purifiant. 634

63[506-D.2.131]. Peines dans l’abandon interrompu. 635

64[507-D.2.132]. Abandon absolu. 636

65[511-D.2.136]. Abandon sans réserve. 636

66[513-D.2.138]. Nécessité de l’anéantissement. 639

67[515-D.2.141]. Perte et abandon. 640

68[527-D.2.156]. Opération de Dieu. Pureté, etc. 645

69[528-D.2.157]. Impressions divines et passagères. 647

70[530-D.2.161]. Dieu sauve ce qui est perdu. 648

71[531-D.2.162]. Destruction de la sagesse humaine. 651

72[534-D.2.165]. Séparation de l’âme et de l’Esprit. 653

73[535-D.2.166]. État et voie de la foi nue. 654

74[536-D.2.167]. De la perte totale du soi. 656

75[539-D.2.172]. Mort, résurrection, perte. 661

76[550-D.2.184]. Pur abandon et la tranquillité. 662

77[555-D.2.191]. Excellence, prérogatives et effets de l’amour pur. 664

78[557-D.2.196]. État de l’âme réunie à Dieu. 666

79[562-D.3.101]. Règne de Jésus-Christ par l’intérieur. 667

80[563-D.3.107]. Communications, etc. 671

81[570-D.3.115]. Certitude des communications divines. 674

82[571-D.3.116]. Communications divines. 675

83[577-D.3.124]. Esprit divin de direction. 680

84[580-D.3.127].[Les souffrances du directeur]. 681

85[582-D.3.130]. Paternité et filiation spirituelle. 683

86[583-D.3.131]. Écrits des femmes. 685

87[586-D.3.134]. Petitesse et détachement, etc. 686

88[597-D.3.151]. Égalité. 686

89[598-D.3.152]. Abandon. 687

90[602-D.3.156]. Procurer le bien salutaire du prochain. 688

91[606-D.4.131]. Sentir ses misères. 689

92[610-D.4.140]. Douleurs spirituelles pour autrui. 689

93[613-D.4.144]. Communications intérieures et divines. 690

94[616-D.4.156]. Usage des événements et vicissitudes. 692

95[621-D.4.161]. Amour de la nudité. Horreur de l’appropriation. 693

Annexe : Bibliographie des correspondances 695

TABLE DE LETTRES696













LA COMMUNICATION MYSTIQUE CHEZ MME GUYON ET MR BERTOT

Dossier assemblé par Dominique Tronc

2018.

Série Etudes / 212….

(65) Communications (Guyon, Fénelon, Bertot) au 10 février 18.odt



Ce dossier relève des passages sur la transmission vécue par deux principaux mystiques de l’Ecole du Cœur.


Il s’agit de Madame Guyon (extraits de ses Discours, Correspondances I II III, Vie, Justifications) et de Monsieur Bertot (extrait du Directeur mystique).


En tête de chaque relevé j’ai reporté en italiques quelques extraits, « signatures » qui apparaissent dans la table des matières.



49.MAUR DE L’ENFANT-JESUS ECRITS DE LA MATURITE 1664-1689

(66) Maur I Oe de maturité juin 2006.doc

(66) MAUR MATURITE.pdf



Maur de l’Enfant-Jésus, Ecrits de la maturité 1664-1689, coll. « Sources mystiques », Toulouse, Editions du Carmel, 2007, 344 p.



Lettres de direction

Le Royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes

Deux Traités de la vie intérieure et mystique



[reporté tome II, CARMELS]








50.Maur de l’Enfant-Jésus ENTREE A LA DIVINE SAGESSE

(67) Maur de l’EJ Entrée à la Divine Sagese A EDITER REVU!!2.doc





!Maur de l'EJ Entrée à la Divine Sagesse D & M Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel 2008).doc



[reporté tome II, CARMELS





fin

1La Vie écrite par elle-même et autres textes biographiques, éd. par D. Tronc, Champion, coll. « Sources classiques », Paris-Genève, 2001 ; Correspondance : vol. I Directions spirituelles, vol. II Combats, vol. III Mystique, éd. par D. Tronc, Champion, coll. « Bibliothèque des Correspondances », à paraître. – Autres textes, v. La Vie…, op. cit., Bibliographie de Madame Guyon, pp. 1103-1113, dont Les Opuscules spirituels, Georg Olms, 1978 [qui incluent Le Moien court et Les Torrens] ; Madame Guyon : la passion de croire, choix de textes par M.-L. Gondal, 1990 ; Le Moyen court et autres récits…, éd. par M.-L. Gondal, Millon, Grenoble, 1995 ; De la Vie intérieure, choix de quatre-vingts Discours spirituels […], éd. par D. Tronc, Phénix - La Procure, Paris, 2000. 

2 Brèves informations sur cette filiation au sein de « l’école des mystiques normands » dans : Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 ; P. Pourrat, Dictionnaire de Spiritualité (Dict. Spir.), tome I, col. 1537-1538, art. « Bertot » (1937) et du même auteur, La Spiritualité Chrétienne, IV Les temps modernes, Lecoffre, Paris, p. 183 (1940, pub. 1947) ; R. Heurtevent, L’œuvre spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, Paris, 1938, p. 63 ; I. Noye, article « Enfance de Jésus », Dict. Spir., vol. 4, col. 676 (1959) ; J. Le Brun , article « France », Dict. Spir., vol. 5, col. 948 (1962) ; il faut y adjoindre les notes rassemblées par le P. Berthelot du Chesnay qui préparait une grande étude sur Bernières (Fonds du Chesnay, Archives Eudistes).

3Voir E. Goichot, Henri Bremond historien du sentiment religieux, Ophrys, Paris, 1982, p. 275.

4L. Cognet, Crépuscule des mystiques, Bossuet Fénelon, Desclée, 1958, p. 7. On dispose toutefois de sa contribution au Dict. Spir., art. « Guyon », ainsi que de l’ouvrage de M.-L. Gondal, Madame Guyon, un nouveau visage, Beauchesne, Paris, 1989.

5Histoire Générale et particulière du Tiers Ordre de S. François d’Assize, par le R.P. Jean Marie de Vernon, Religieux pénitent du tiers ordre de saint François, Paris, 1667, tome troisième, p. 76.

6Id., p. 118.

7Id., p.141.

8Nous avons repérés sept exemplaires des écrits « composés par un Religieux [le P. Chrysostome] d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des âmes » : un des trois ex. de la B. M. de Valognes comporte son portrait gravé (réf. C4837) ; un ex. est à la B.N.F. ; trois ex., consultés à Chantilly, sont actuellement à Lyon. Ils se ramènent - l’ordre des matières peut varier - à deux titres : Divers traités spirituels et méditatifs à Paris, 1651 ; Divers exercices de piété et de perfection, composés par un religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des âmes, à la plus grande gloire de Dieu et de NSJC, à Paris, 1655. De nombreux autres titres, que nous n’avons pu localiser, sont donné par Boudon, Œuvres II, Migne, col. 1320 ss.

9Divers traités…, « Pensées d’éternité… », chap. V, pp. 85-89.

10Id., traité second, « De la Sainte désoccupation… »p. 179.

11Id., p. 178.

12L’homme intérieur ou la vie du vénérable père Jean Chrysostome, religieux pénitent du troisième ordre de S.François, [par Henri-Marie Boudon], à Paris, 1684, extraits des pp. 337, 340, 372, 377, 378.

13Bernières, Œuvres Spirituelles II, 282 (lettre du 15 février 1647 probablement adressée à Mectilde du Saint-Sacrement). Voir aussi Œuvres Spirituelles II, 121 : lettre du 25 août 1653 : « Vous savez [...] que le Père Chrysostome avait réglé ma conduite, et que la vie pauvre et contemplative devait être mon occupation. » Il existe deux belles correspondances : brève entre Catherine de Bar et Chrysostome, abondante entre Catherine et Bernières (transcriptions rassemblées au monastère de Rouen à partir des mss. 101, 115, Dumfries13, Paris160).

14Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 ; R. Heurtevent, L’œuvre Spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, 1938 ; L. Luypaert, « La doctrine spirituelle de Bernières et le Quiétisme », Revue d’Histoire Ecclésiastique, 1940, pp. 19-130.

15Etablir une édition critique proche des liasses manuscrites perdues paraît illusoire. Notre projet d’un choix de textes utilise les Œuvres spirituelles en deux volumes (Maximes puis Lettres), réunies par monsieur de Saint-Gilles, frère de Michelle Mangon, la fille spirituelle de Jean de Bernières, puis accessoirement Le Chrétien intérieur en huit livres, en privilégiant les textes datés des Pensées. L’édition tardive du Chrétien intérieur en deux livres est inutilisable, le P.d’Argentan ayant eu tout le temps de défigurer sa source. Nous pensons que les lettres ont constitué la principale source des Chrétiens De précieuses sources manuscrites existent pour les lettres (Rouen, Dumfries,Tourcoing).

16Souriau, Deux mystiques…, p. 92 ; Boudon, Œuvres I, Migne, p. 77.

17 Renty précède Pascal (1623 - 1662) auquel – au génie près – il fait penser : Voir Gaston de Renty, Correspondance, éd. par R. Triboulet, Desclée de Brouwer, 1978.

18Souriau, Deux mystiques, p. 112 ; Boudon, Œuvres II, Migne, p.1311.

19Souriau, Deux mystiques, p. 196.

20Bernières, Chrétien Intérieur, p. 565.

21Bernières, Œuvres Spirituelles, II, p. 122.

22Lettre au marquis de Fénelon de mars 1717 : « …vous serez dans la maison du petit Maître tant que vous le voudrez et pourrez. Si les bons Ecossais viennent, vous pourrez découcher et descendre dans le bas, car je fais de vous comme des choux de mon jardin. »

23Bernières, Œuvres Spirituelles, II, p. 364.

24Dom Oury, Marie de l’Incarnation, Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, tome LVIII, 1973, pp. 280 et suivantes.

25Dom Oury, Marie de l’Incarnation, op. cit., p. 320 ; v. aussi Dict. Spir., vol. 10, col. 490.

26Souriau, Deux mystiques…, op. cit., p. 376.

27Lettre au duc de Chevreuse du 10 janvier 1693 : « La Mère du Saint-Sacrement est celle dont je vous ai parlé, qui est l’Ins[ti]tutrice de cet ordre, fut de mes amies et [est] une s[ain]te. » - Fénelon écrira à l’occasion de sa mort : « Conservez la simplicité […] que notre chère Mère vous a enseignée. »

28Daoust, Catherine de Bar…, Paris, Téqui, 1979 - de Catherine de Bar : Documents historiques, par les bénédictines du Saint-Sacrement, Rouen, 1973 ; […] ; Catherine de Bar 1614-1698, Téqui, 1998 [v. la revue bibliogr. par Dom J. Letellier, p. 11-96].

29Conférence de L. Cognet, pp. 26-27, dans Catherine de Bar : Documents historiques, op. cit.

30Œuvres spirituelles , II, « Voie illuminative » : lettres 25, 30 à 32,  et « Voie unitive » : lettres 43 à 48, 50, 51, 59, 6. Les lettres de Bernières furent publiées en suivant l’ordre classique des trois voies.

31Lettre 43. Les indices sont ténus par suite du nettoyage éditorial auquel n’échappe que des éléments fondus dans le texte tels que la prêtrise de Bertot, son éloignement à Paris, l’envoi d’un écrit… Nous ne pouvons entreprendre ici de prouver l’id.entification qui pose quelque problème si l’on prend en compte la jeunesse de Bertot : il n’est toutefois pas impossible à quelques uns de commencer tôt la vie mystique. Du point de vue du fond, Bertot répète Bernières comme Guyon répétera Bertot. (v. Dict. Spir., art. « Bertot » où Heurtevent suppose un aménagement du style de ce dernier par Madame Guyon).

32Œuvres spirituelles, II, « Voie illuminative », lettre 30 (1652) - Bertot écrira à Madame Guyon : « Puisque vous voulez bien que je vous nomme ma Fille […] je vous traite en cette qualité, vous donnant ce que j’estime le plus, qui est un profond silence. » (Le Directeur Mystique, vol. IV, lettre 71.)

33Œuvres spirituelles , II, « Voie unitive », lettre 61.

34Lettre de M. du Houël à P.-D. Huet, BNF, F. Fr. 11 911, f°. 34-35 : « il s’appelait Jacques Bertot natif de St Sauveur de Caen, fils de Louis Bertot et de Judith Le Mière […] Louis Bertot était m[archan]d drappier de profession à Caen. Il quitta le négoce environ l’année 1640 vivant de son bien qui est scis en la paroisse de Tracy proche Villers » - Dans les archives notariales du couvent des ursulines fondé par Jourdaine de Bernières une « liasse à 24 pièces » est relatives aux ventes de parcelles de terres de la paroisse de Tracy à Louis et Philippe Berthot, des années 1495 à 1601(Arch. Départ. de Caen, 2H249), témoignage silencieux d’un don de Bertot.

35En fait Caen.

36Notre Bertot, que nous trouvons orthographié Bertaut par Saint-Simon, Berthod par Bremond etc., porte un nom normand courant. L’on trouve ainsi parmi les bienfaiteurs des missions de Jean Eudes : Bertaut (Bertin), un prêtre originaire de Valognes, Bertout (Claude), chanoine de la cathédrale de Coutances mêlé aux affaires relatives à Marie des Vallées… (du Chesnay, Les missions de Saint Jean Eudes…,1967, Procure des Eudistes, app. I, p. 326.)

37Page 126 des « Annales de ce monastère de Ste Ursule de Caen établi en 1624 le 26 février et on vint en cette maison le 13 juillet 1636 / Sous le gouvernement de la Rnde Mère Jourdaine de Bernières de Louvigny dite de Ste Ursule première supérieure de cette maison, en charge pour lors / tout ceci recueilli par la mère Madeleine de Ste Ursule de Bernières Louvigny sa nièce. En l'année 1714 qu'elle était zélatrice et secrétaire du chapitre. » Ce manuscrit, trésor des ursulines du Pensionnat Saint Pierre de Caen, porte quelques traces de brûlures : il fut sauvé en 1944 d’un bombardement où deux des trois sœurs du couvent des ursulines descendant de celui fondé par Jourdaine de Bernières trouvèrent la mort. Paginé de 1 à 598, il retrace jusqu'en 1738 les événements marquants de la communauté ; seule une copie tardive, peu fidèle, fut utilisée par Souriau. Rédigées avec intelligence, ces Annales mériteraient une édition.

38Id., p.156.

39Annales…, op. cit., pp. 209 et 212. Nous omettons les intéressantes péripéties de ce qui fut perçu comme un affrontement par les sœurs du monastère.

40L’Addition de la fin du vol. II du Directeur Mystique rapportant les Conseils d’une grande servante de Dieu… Marie des Valées [sic], renvoie aux deux lettres que nous citons : 40 et 64 du même vol. II ; on connaît par ailleurs les liens étroits entre Marie des Vallées, Jean Eudes, Bernières, Renty.

41Le Directeur Mystique, vol. II, lettre 64, p. 349 ; voir Madame Guyon, Torrents, Chapitre 3, §1 : « ces grandes rivières qui vont à pas lents et grave » qui contrastent avec le torrent impropre aux charges. – v. aussi du même Bertot : « Et remarquez bien une belle parole que m’a dite autrefois une âme très unie à sa Divine Majesté, savoir, que les montagnes recevaient bien les pluies, mais que les seules vallées les gardent, fructifient et en deviennent fertiles. » (DM, vol. II, lettre 40, p. 234.). 

42Directeur Mystique, vol. III, page 506 : une lettre est écrite en 1674 à un dirigé canadien.

43Catherine de Bar, Lettres inédites, Bénédictines du Saint Sacrement, Rouen, 1976, pp. 183-184 puis p. 192.

44Archives du monastère de Dumfries, Ecosse, pièce D 13, p. 51-53. (Le monastère des Bénédictines de Rouen possède une copie de ces archives).

45Annales…, op. cit., p. 261.

46Le Denys des mystiques que la légende fait venir à Paris – l’auteur ancien le plus souvent cité par Madame Guyon dans ses Justifications.

47E. de Barthélemy, Recueil des Chartes de l’abbaye royale de Montmartre, Champion, 1883, p. 16. Cette description de la tumultueuse réforme est donnée dans l’ Introduction.

48« Madame de Beauvilliers mourut dans son abbaye le 21 avril 1657, à 83 ans, après 60 années d’abbatiat », E . de Barthélemy, Introduction au Recueil, p. 19. Voir la mère de Blémur, Eloges de plusieurs personnes illustres en piété de l’ordre de St Benoît, 1679, 143-184.

49Exercice divin, ou pratique de la conformité de notre volonté à celle de Dieu, par R[évérende] M[ère] M[arie] D[e] B[eauvilliers]. A Paris, chez Fiacre Dehors, 1631, chapitre X p. 65 ; J. Orcibal, Benoît de Canfield, La règle de perfection, PUF, 1982, souligne, p. 16, la reprise par Marie de Beauvilliers de l’Abrégé de la Règle.

50Françoise-Renée de Lorraine (1629 – 1682), abbesse de Montmartre ; fille de Charles de Lorraine, duc de Guise, de Joyeuse, pair de France - Bertot est en relation avec deux membres de la famille de Guise, l’abbesse et l’altesse [Mademoiselle de Guise] : « Il fut confesseur et Directeur des Ursulines […] envoyé à Paris pour leurs affaires, il y fut arrêté par Madame l’Abbesse de Montmartre et par Mademoiselle de Guise, touchées de son élévation dans les voyes de Dieu… » Huet, Origines… op. cit. ; v. aussi Lettre de M. du Houël à P.-D. Huet, op. cit.

51E. de Barthélemy, Introduction au Recueil, p. 22.

52Incluant Mgr Pallu, qui demande l’avis de Bertot en 1667 sur un projet de congrégation apostolique, puis de Surate en 1672 sur un auteur spirituel portugais. Mgr Pallu s’était embarqué avec le neveu du père de Mme Guyon,  Philippe de Chamesson-Foissy, dont la rencontre en 1661 avec cette dernière, encore toute jeune, fut importante (Vie par elle-même… 1.4.6).

53Dont nous trouvons cité seulement quelques figures illustres : M. de Noailles : il s’agit d’Anne, marié en 1645 à Louise Boyer très pieuse, 1er duc de Noailles en 1663, mort en 1678 ; M. le duc de St Aignan : il s’agit de François de Beauvilliers et de St Aignan, 1er duc de Saint-Aignan en 1663 (v. 1608 - 1687) ; M. de duc de Beauvilliers : il s’agit de Paul de Beauvilliers, duc de St Aignan, dit de Beauvilliers (1648 – 1714) qui épouse en 1671 Henriette-Louise Colbert (+ 1733) couple en relation étroite avec Madame Guyon comme celui de Chevreuse. On comprend comment cette dernière « reprit » la direction du cercle à son retour de voyages. Nous nous reportons à Ch . Levantal, Ducs et Pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Maisonneuve et Larose, 1996.

54Annotation relevée sur l’exemplaire (unique) de Chantilly.

55Orcibal, note 1 à la lettre no. 78, p. 200, de l’édition de la Correspondance de Fénelon, tome III.

56On se reportera pour Le Directeur Mystique aux exemplaires des éditions de Poiret repérés par  M. Chevallier, Pierre Poiret, Bibliotheca Dissidentium, tome V, Koerner, Baden-Baden, 1985 ; pour les autres titres, nous indiquons dans les notes qui suivent les exemplaires que nous avons repérés.

57On trouve ce titre dans la correspondance de Huet à F.Martin : « Il y a eu un nommé M. Bertot, prestre, natif de Froide-Rue, parent de M. Le Myère [de Basly], qui a écrit de la Contemplation, et qui a esté abbé de Saint-Gildas. » (Rev. Cath. de Normandie, t. V, 15 sept. 1895, p.107 citée par du Chesnay.) - Une allusion à un livre inconnu est faite page 170 de la Conclusion des Retraites : « Nous avons déjà parlé un peu de cela en un autre livre… » Il ne peut ici s’agir des deux livres de Retraites désavoués en préface - Mais il pourrait s’agir du cinquième traité publié dans le premier volume du Directeur Mystique sous le titre « Degrés de l’oraison… ».

58Diverses Retraites où une âme après avoir connu son désordre par la lumière du Saint Esprit, se résoud à le quitter, et embrasser le chemin de la sainte perfection, A Paris, pour Madame l’Abesse (sic) de Montmartre, in-16, Avertissement, Trois dispositions, approbations: 60 pages non numérotées ; suivies de quatre retraites : pages 1 à 384 - Nous avons retrouvé un second exemplaire des Diverses retraites… à Valogne, Bibl. Municipale, C 6785 (signalé par du Chesnay).

59Continuation des Retraites dans lesquelles l’âme puisera des lumières pour travailler solid.ement à sa perfection, seconde partie, Paris, pour Madame l’Abesse (sic) de Montmartre, in-16, table suivie de cinq retraites : pages 375 (sic) à 855. (cotes A 401/677-678 des Fontaines de Chantilly ; maintenant à Lyon);

60Conclusion des Retraites où il est traité des degrés et des états différens de l’Oraison, et des moyens de s’y perfectionner, A Paris, chez Jean-François Dubois, rue Saint-Jacques, à la Reyne du Clergé & à l’Image S. Denis, vis-à-vis S. Yves, 1684, [in-16, 210 pages. Une annotation moderne en vis-à-vis de la page de titre rectifie comme suit une autre annotation moderne elle aussi portée sur la page de titre elle-même : « Le livre de Jacques Bertot est écrit pour Françoise-Renée de Lorraine et non par elle »].

61Le P. A. Derville, S.J., nous écrivait en 1997 : « De Bertot [...] nous avons aussi 3 petits livres (dont l’unique exemplaire connu de La conclusion…) donnant des retraites aux religieuses bénédictines de Montmartre en 1660 et 1680 ; ces livres sont anonymes… »

62Le directeur MISTIQUE [sic], ou les œuvres spirituelles de monsr. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Made. Guion, avec un recueil de Lettres Spirituelles tant de plusieurs Auteurs anonime, que du R.P. Maur de l’Enfant Jésus, Religieux Carme, & de Madame Guion, qui n’avaient point encore vu le jour. Divisé en Quatre volumes, A Cologne, Chez Jean de la Pierre. 1726. [respectivement de 453pp., 430pp., 526pp., 368pp., disponibles à Paris aux A.S.-S. et à la B.N.F.].

63Le Directeur Mistique ou Extrait des oeuvres Spirituelles de Monsr. Bertot. Ami intime de feu Mr Bernières et directeur de Mad. Guyon, tiré des quatre volumes de ces mêmes oeuvres de Mr. Bertot imprimé à Cologne 1726. A Berlebourg, imprimé par Christoffle Michel Regelein, 1742.

64Ainsi Madame Guyon écrivant au baron de Metternich lui joint la longue lettre de Bertot publiée aussi dans Le directeur Mistique, vol. III, p. 438 : Lettre d’un grand Serviteur de Dieu, dont il a été fait mention dans la précédente, sur la même matière, et de l’état où l’on trouve que Dieu est toutes choses en tout, s’achevant par : « Allez, allez, à la bonne heure ; et soyez forte et constante… » (Mme Guyon, Lettres chrétiennes et spirituelles. Nouvelle édition [par J. Ph. Dutoit-Mambrini], Londres [Lyon], 1768, t. IV, Lettre 121 et suivante).

65Incipit : "Il est de la dernière conséquence" Copie Isaac du Puy (Dupuy). Archives Saint Sulpice, ms. 2174 , pièce 7248.

66 Les sources se contredisent et Orcibal lui-même n’a pu la déterminer. La vraie date du décès est bien celle donnée par le Directeur mistique et par Madame Guyon, dans La Vie 1.30.13 (Première partie, chapitre 30, § 13) ; confirmations : « Dans Gall. Christ. XIV, 963 : succédant à Michel Ferrand +24.12.1676 : Jacobus Bertot occubuit penultima die Aprilis 1681 » et « 11e septembre 1684, Transaction devant les notaires de Caen au sujet du testament du sieur abbé Bertot […] on célébrera tous les ans à perpétuité un service solennel le jour de son décès arrivé le 28 avril 1681…(Fonds du Chesnay, Arch. Eudistes).

67« quand Il les émeut, tous les êtres deviennent pour lui comme un jeu d’anches. Les monts, les bois, les rochers, les arbres, toutes les aspérités, toutes les anfractuosités, résonnent comme autant de bouches  » Tchoang-tzeu, trad. Wieger.

68Le Directeur Mystique, vol II, lettre 6 p. 26.

69Directeur Mystique, vol II, lettre 11, p. 44

70DM, vol II, Lettre 16 p. 74 ; Canfeld avait joué un rôle important dans la réforme de à Montmartre.

71Orcibal, note 1, op. cit.

72Orcibal, note 15 à la lettre no. 44, p. 155 de l’édition de la Correspondance de Fénelon, tome II

73 Addition 127 au Journal de Dangeau dans Boislisle, t. II, p. 413, citée par Orcibal ; du Chesnay mentionne la note de Saint Simon, Boislisle, t. XXI, p. 302 : « Dans ce petit troupeau était une disciple des premiers temps [la duchesse de Béthune], formée par M. Bertau qui tenait des assemblées à l’abbaye de Montmartre, où elle avait été instruite », ainsi que la note associée 2 de Boislisle : « …c’est lui qui fut donné par Mme Granger [la Mère Geneviève Granger] à Mme Guyon et fut son premier initiateur. Saint-Simon parlera encore de lui, toujours à propos de Mme de Béthune, en 1716 » ; enfin au t. XXX,71 : « …entendre un M. Bertau à Montmartre, qui était le chef du petit troupeau qui s’y assemblait et qu’il dirigeait. ».

74A. S.-S., pièce manuscrite 2072 du fonds Fénelon, intitulée : Mémoire sur le Quiétisme adressé à Madame de Maintenon. Auteur inconnu. – Ce précieux mémoire informe sur toutes les relations de Madame Guyon, incluant les personnes humbles qu’elle côtoyait. Il indique également la façon « de s’y prendre », en commençant par interroger des témoins défavorables à la dame quiétiste, afin de pourvoir faire pression sur les autres… Il est souligné, à la lecture, de la même main (de Mme de Maintenon ?) que celle qui lut les interrogatoires de 1696 de Madame Guyon (v. B.N.F., ms. 5250, dossier La Reynie.).

75La Vie…3.2.4.

76Arch. Saint-Sulpice., 6e carton, n° 10, f. 39 v°. (Orcibal).

77« Mme Guyon était sous la direction de M. Bertot, disciple de Jean de Bernières, que la mère Garnier faisait prêcher aux Nouvelles Catholiques de Paris… » Orcibal, Etudes…, Klincksieck, 1997, « Le Cardinal Le Camus », p. 800.

78Dont il était le directeur en titre ; nous pensons, vu les âges respectifs, Geneviève Granger étant née en 1600 soit environ vingt ans avant Bertot, que les rapports étaient plutôt d’échange entre membres du groupe animé par la triade Jean-Chrysostome, Jean de Bernières, Michelle Mangon (religieuse du couvent de Jourdaine).

79La Vie par elle-même…, op. cit., 1.8.6 à 1.8.9 ; on note qu’Archange Enguerrand a lui-même rencontré Jean Aumont, « le pauvre villageois », disciple de Bernières ; c’est une deuxième filière reliant Madame Guyon au groupe de l’Ermitage, mais cette fois à travers deux intermédiaires ; voir A. Derville, Un Récollet Français méconnu : Archange Enguerrand, Archivum Franciscanum Historicum, 1997, 177- 203 ; L’ouvrage de J. Aumont, L’ouverture intérieure du royaume de l’agneau occis, Paris, 1660, ainsi que sa correspondance, actuellement à l’état de manuscrits, sont notables.

80La Vie… 1.12.7 ; sur Geneviève Granger, nous relevons des éléments biographiques très édifiants dans Eloges tome second (édités par J. Bouette de Blémur, Paris, 1679, pp. 417- 455). On sait que la mère de Blémur a été bénédictine à la Trinité de Caen de 1630 à 1678. Voir notre présentation de la mère Granger dans J.-M. Guyon, La Vie par elle-même…, op. cit. pp. 28-29.

81La Vie… 1.8.3.

82La Vie… 1.13.3, 1.14.5, 1.17.6, 1.17.7, 1.19.9, 1.19.10 (contrat de mariage à Notre Seigneur enfant, le jour de la Madeleine), 1.23.3 (« Quoi! Vous n’aimez plus Dieu ? » ). Lorsqu’elle meurt (1.20.7) Jeanne-Marie Guyon est terriblement seule (1.20.6) même si la mère se manifeste par rêve (1.22.7).

83La Vie… 1.19.1 (prenant le ms. d’Oxford pour leçon ; 1.19.2 chez Poiret)

84Nous esquissons cette direction dans J.-M. Guyon, La Vie par elle-même…, Paris, Champion, 2001, « Introduction », pp. 36 à 42 ; elle sera approfondie par sa Correspondance, vol. I, et dans une monographie : Jacques Bertot, directeur mystique de Madame Guyon, Phénix – La Procure (à paraître).

85Le P. Derville, son biographe, nous disait un jour « qu’il était fou » de diriger aussi durement une religieuse éprouvée.

86Une carmélite nous déclara, à la lecture de la correspondance de Madame Guyon, qu’elle lui semblait « terrible » dans son exigence spirituelle.

87Ceci n’est pas vrai seulement chez des mystiques chrétiens : on retrouve une « dureté » comparable chez des maîtres sufis.

88Le Directeur Mystique, vol. IV, lettre 75, p. 247.

89Ibid., p.248.

90Ce qu’atteste « la donation faite par Monsieur l’Abbé Bertot dont 3000 L[ivres] t[ournois] étaient destinées pour amortir 150 Lt de rente aux petits pauvres renfermés et aux nouvelles Catholiques » (Arch. Eudistes, Fonds du Chesnay).

91E. Aegerter, Madame Guyon, une aventurière mystique, Paris, 1941.

92Guyon, « Discours spirituel » 2.68. (éd. dans Guyon, La vie intérieure…, op. cit.).

93Guyon, La Vie par elle-même…, op. cit. : 2.11, 2.13, 2.17 à 2.20, 2.22, 3.8, 3.10.

94v. Le Saint Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure,Tome II, chap. XVIII, versets 19 & 20.

95« Supplément à la vie de Madame Guyon… », édité dans La Vie…, éd. citée, p. 1006.

96Lettre à Fénelon écrite en avril 1690, B. N. F., ms. Nouv. acq. fr. 11 010, f°. 72v°.

97Lettre de Fénelon du 11 avril 1690, B. N. F., ms. Nouv. acq. fr. 11 010, f°. 74 v°, publiée par J. Orcibal, Correspondance de Fénelon, tome II, Paris, Klincksieck, 1972, Lettre 111.

98Lettre à Fénelon écrite en avril 1690, B. N. F., ms. Nouv. acq. fr. 11 010, f°. 72v°. Madame Guyon était alors malade. Elle vivra jusqu’en 1717, plus longtemps que Fénelon (1651-1715).

99Correspondance ( I Directions spirituelles), op. cit. (à paraître). Nous éditons ces lettres par destinataire, ce qui permettra de comparer directions reçues (de Bertot et de Maur de l’Enfant-Jésus) et directions données (aux deux Fénelons, etc.).

100A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911, « Inventaire et Verbal de la saisie des livres et écrits de M. Dutoit » pp. 115-118.

101M. D’Istria, Le Père de Caussade et la querelle du pur amour, Aubier, 1964, p.12 ; J. Gagey, L’abandon à la providence divine d’une dame de Lorraine au XVIIIe siècle, Millon, 2001 - Nous pensons que Madame Guyon est directement impliquée dans l’Abandon à la Provid.ence divine, même si le texte a pu être retravaillé ensuite pour lui donner un très beau style classique. Voir Olphe-Galliard, Introduction au Traité sur l’Oraison du cœur, note 17, p. 44, et une présomption possible tenant compte du séjour de Madame Guyon chez les visitandines de Meaux dont Madame de Bassompierre fut supérieure. Une étude fine comparative de textes devra confirmer notre supposition.

102 Voir J. Orcibal, « L’originalité théologique de John Wesley et les spiritualités du continent », Etudes…, Klincksieck, 1997, p. 527 ; P. Ward, Rencontres…, « Madame Guyon et l’influence quiétiste aux Etats-Unis », Millon, Grenoble, 1997, p. 131.

103Tradition des Pères et des auteurs ecclésiastiques sur la contemplation, par le R.P. Honoré de Sainte-Marie, carme déchaussé, tomes I et II à Paris, 1708 ; tome III, 1714.

104L. Cognet, Crépuscule des mystiques, Bossuet Fénelon, Desclée,1958.

105Une filiation de directeurs mystiques a été présentée dans «Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon», XVIIe siècle, PUF, n° 1-2003, 95-116, http://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2003-1-page-95.htm).

J’ai compris qu’il fallait situer cette filiation et la conforter par recours aux textes produits par des spirituels au sein de réseaux d’amis. Des textes nécessaires à qui s’intéresse à Madame Guyon sont aujourd’hui disponibles. Ils sont édités au sein de deux collections : «Sources mystiques» (édition du «Centre Jean-de-la-Croix») et «Chemins mystiques» (sur le Net par achat en ligne. Consulter le site http://www.cheminsmystiques.com)

 Voici quelques titres complémentaires aux sources de cette communication citées plus bas : Les Amis des Ermitages de Caen & de Québec, D. Tronc, Dossier, «Chemins mystiques», 2016 — Archange Enguerrand (1631-1699), directeur franciscain récollet et «Bon religieux» auprès de Madame Guyon, Dossier, «Chemins mystiques», 2017 — François Lacombe (1640-1715), Vie, Œuvres, Épreuves du Père Confesseur de Madame Guyon, Sources, «Chemins mystiques», 2016. Une synthèse paraîtra prochainement : Dominique et Murielle Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur.

106D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle. Tome I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, récollets), Éd. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, «Sources mystiques», 2014.

107Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, Lettres et Maximes introduites et annotées par dom Éric de Reviers, o. s. b., H.C. (à paraître chez Parole et Silence), Lettre du 13 mai 1654 adressée à Mère Mectilde (1614-1698) qui souffre de ne pas être en accord avec le Père Lejeune S. J.

108Dont Divers exercices de piété et de perfection, Caen 1654. Réédité dans : Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), Du Tiers Ordre de Saint François d’Assise, Fondateur de l’École du Pur Amour. Dossier, D. Tronc, 2017, pages 84 à 327.

109Françoise-Renée de Lorraine, Madame de Guise, abbesse de 1644 à 1669. Elle fera éditer la Conclusion des retraites [...] de Bertot.

110Bertot est le chef du «petit troupeau» pour un Saint-Simon précisément informé par ses amis les ducs de Chevreuse et Beauvilliers : «[on pouvait] entendre un M. Bertau à Montmartre, qui était le chef du petit troupeau qui s’y assemblait et qu’il dirigeait» (Mémoires, éd. Boislisle, t. XXX, p. 71).

111Jacques Bertot Directeur mystique, «Sources mystiques», D. Tronc, Editions du Carmel, Toulouse, 2005; Rencontres autour de Monsieur de Bernières (1603-1659) Mystique de l’abandon et de la quiétude, coll. «Mectildiana», Parole et Silence, 2013; Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, coll. «Mectildiana», Parole et Silence, 2017; échanges entre Mectilde et Bernières parus dans : Jean de Bernières, Œuvres mystiques  II Correspondance, Lettres et Maximes introduites et annotées par dom Éric de Reviers, o. s. b., Parole et Silence (parution prochaine). — Tout un réseau de relations se révèle entre les membres du groupe de l’Ermitage. Ils débordent vers d’autres spirituels dont Marie des Vallées, figure simple, mais de grande influence. Les liens se croisent : tel passage d’une lettre de Bertot serait adressé à Jean Eudes qui avait été aidé par l’abbesse de Montmartre, laquelle appréciait et éditera une œuvre de Bertot

112Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, op.cit.

113Madame Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, Édition critique avec introduction et notes par D. Tronc, Étude littéraire par Andrée Villard, Paris, Honoré Champion, coll. «Sources Classiques», 2001, 2014, 1.19.1.

114Quatre tomes publiés en Hollande par les associés de Poiret (Madame Guyon et Pierre Poiret sont morts respectivement en 1717 et 1723).

115Le directeur Mistique [sic] ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion., 4 vol., 1726. : ici vol. I, «Avertissement» — Les points de suspension représentent des coupures permettant de ne conserver que les rares passages apportant une précision biographique; ils sont distribués sur quatre pages [4] à [7].

116Correspondance I Directions spirituelles, 2003, Lettre 22 adressée au subtil comte de Metternich.

117Madame Guyon, Correspondance, Tome II Années de Combat, Édition critique établie par D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. «Correspondances», 2004, «194. Lettre au duc de Chevreuse, 11 septembre 1694’. — Influence franciscaine par rencontre avec “le bon franciscain” Enguerrand de retour de l’Alverne (La Verna).

118Il n’y a pas de conflit entre mystiques, mais avec leurs environnements! Le Mémoire sur le Quiétisme adressé à Madame de Maintenon, Auteur inconnu, informe sur toutes les relations de Madame Guyon, en l’an 1695, incluant les personnes du peuple et indique la façon de s’y prendre, en commençant par les témoins défavorables, afin de pouvoir faire pression sur les autres… (Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion-Slatkine, 2003, pièce 504).

119Circonstances rapportées par Jean Orcibal en introduction à Benoît de Canfield, La Règle de Perfection – The rule of Perfection, P.U.F., 1982. De même Surin face à Chéron. De même l’épreuve subie par Marie des Vallées. De même la mise sous interdit du couvent de Jourdaine de Bernières qui retarda l’édition des Lettres et Maximes.

120Jean de Bernières, Œuvres mystiques  II Correspondance, Lettres et Maximes, op.cit., Lettre de Mectilde à Bernières, le 26 avril 1646.

121Ibid., Lettre de Mectilde à Bernières du 10 avril 1646.

122Correspondance, Tome II Années de Combat, op.cit., pièce 478 «Déposition de “F. Paulin d’Aumale, religieux du couvent de Nazareth, ce 7e de juillet 1694. Ecce coram Deo, quia non mentior.” — A. S.-S., Fénelon, Correspondance, XI1, f ° 37, “copie de la déclaration du P. Paulin contre Mme Guyon”. – Fénelon, 1828, vol. 7, lettre 36. La copie est précédée, f° 35, d’un billet de l’évêque de Chartres à Tronson, du 4 juillet 1694 : “L’on me prie, monsieur, de vous recommander de ne pas montrer les deux copies où sont contenues des avis sur les livres de M. G [uyon] […]”. Sur cette déclaration, voir la lettre de Mme Guyon au duc de Chevreuse du 10 décembre 1694, pièce 255 : “Plus je pense à la lettre du P. Paulin, plus je suis convaincue qu’il se méprend et confond toutes choses… -- Le P. Paulin reste un auteur spirituel notable (La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle. Tome I., coll. ‘Sources Mystiques’, 2014, pages 203-214).

123Madame Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, op.cit., «5,3 Histoire des dernières années» (ms. de Lausanne TP 1154), 1022-1023.

124Jules Chavannes, Jean-Philippe Dutoit (1865), Kessinger Legacy Reprints - D. Tronc, Écoles du Cœur au siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & Influences, «Les filiations suisse et germanique», coll. «Chemins mystiques».

125A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911, 115-118 : «Inventaire et Verbal de la saisie des livres et écrits de M. Dutoit».

126Bien modeste «bibliothèque» trouvée dans la petite chambre où vécut Dutoit : «[...] Œuvres de Ste Thérèse (N. B. Appartient à Mr Grenus.)/La Bible de Martin [Luther]. / L’Imitation d’A Kempis.»

127(Re) découverte : car déjà Pourrat étudiait le discret Bertot précédant Madame Guyon (Dict. Spir. art. «Bertot»; La Spiritualité Chrétienne, Lecoffre, 1947, tome IV, p. 183-195). Baruzi suggérait d’étudier les cercles tardifs du XVIIIe siècle (Saint Jean de la Croix et le problème de l’expérience mystique, 1931, 442 note 1). Luypaert aborde les «précurseurs» (p.25, n.2), dont l’influence du capucin Benoît de Canfeld (p.26, n.3), car tout ne vient pas de Molinos! (La doctrine spirituelle de Bernières et le quiétisme, RHE, 1940, mauvaise date pour que cette étude soit pleinement reconnue). Etc.

128Collections «Chemins mystiques» (édité sur le Web), et «Sources mystiques» (édité par le Centre Jean-de-la-Croix).

129Graphe non planaire si l’on tient compte des relations croisées. Et de plus la structure diverge à partir de l’Ermitage en trois branches vivant séparément : en Nouvelle-France, à Paris et en Europe, enfin cachée au sein de l’ordre religieux fondé par Mectilde (ses archives permettent de contrôler des imprimés et de retrouver des relations avec la branche de la quiétude).

130Boudon, “Vie de Chrysostome” (1684), in Œuvres (Migne), col. 1275.

131Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, op.cit., Lettre du 15 février 1647 à Mère Mectilde. -- Cette dernière, «une sainte» connue de Madame Guyon, autre lien qui traverse le siècle : Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, Un florilège établi par D. Tronc avec l’aide de moniales de l’Institut des Bénédictines du Saint-Sacrement, coll. «Mectildiana», Parole et Silence, sous presse.

132Lettre à la Mère Dorothée de Ste Gertrude (Heurelle), ms de Tourcoing actuellement à Rouen, vol. 5, p. 219.

133Lettre du 13 mai 1654 à Mère Mectilde qui souffre de ne pas être en accord avec le Père Lejeune s. j.

134Boudon, op.cit., col. 1316. — Autre exemple de partage : Jean de Bernières, op.cit., Lettre du 30 août 1657 : «Jésus soit notre tout pour jamais. Je ne manquerai pas durant votre retraite d’avoir un soin très particulier de vous devant Notre Seigneur, afin qu’il achève en vous ce qu’il a si bien commencé. Dans votre solitude tenez votre âme dans le repos que Dieu lui communique, sans l’interrompre pour faire quelque lecture que ce soit, ou des prières vocales que lorsque vous en aurez facilité. Dans ce divin repos, votre âme reçoit une union spéciale et secrète avec Dieu, et en cette union consiste principalement votre oraison.»

135Boudon, op.cit., col. 1317.

136cf. Jean, 12, 32.

137Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par D. Tronc, coll. «Sources mystiques», Editions du Carmel, Toulouse, 2005, Lettre 4.75. Perte de tout en Dieu. In Le Directeur Mystique, 1726, vol. IV, lettre 75.

138Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par D. Tronc, op.cit., «Lettre 4.71. Silence devant Dieu».

139Madame Guyon, Correspondance II, Lettre 222. À Nicolas de Béthune-Charost. Octobre 1694. — C’est dans un esprit très simple que l’on peut apprécier sa production poétique sur des airs à la mode, chansons pouvant occuper une soirée d’hiver. Une «plongée» mystique peut se faire inopinément sans effort : «ils se sentaient si attirés»

140 «Supplément à la vie de madame Guyon…» (ms. de Lausanne TP 1155), p. 1006 de La Vie…, op. cit.

141Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, présentés par Murielle et Dominique Tronc, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, Collection «Sources mystiques», Tome II, Discours 2,65 = Madame Guyon, Écrits sur la Vie Intérieure, Arfuyen, 2005, «10 États apostolique», pp. 124-125.

142Il s’agit de la paternité spirituelle.

143Madame Guyon, Correspondance, Tome I Directions spirituelles, Édition critique établie par D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. «Correspondances», 2003, Lettre 0.  À Fénelon. Été 1690.

144Madame Guyon, Correspondance, Tome I, Directions spirituelles, op.cit., 495 (Lettre à Fénelon écrite au début avril 1690). – « L’esprit directeur » est tiré du Psaume 50, 13-14 : « …affermissez-moi en me donnant un esprit de force / J’enseignerai vos voies… »

145La Marvalière ? L’association d’idées serait d’autant plus naturelle que celui-ci était le secrétaire du duc de Beauvillier. [note de Jean Orcibal].

146Madame Guyon, Correspondance, Tome I, Directions spirituelles, op.cit., Lettre 266. De Fénelon. 25 mai 1690.

147Saint Jean de la Croix : « l’ame demeure par fois comme en un grand oubly ; de sorte qu’elle ne sçauroit dire apres où elle estoit, ny ce qui s’est fait, & il ne luy semble pas qu’aucun temps se soit passé en elle. D’où il se peut faire, et il arrive ainsi, que plusieurs heures se passent en cet oubly ; & que l’ame revenant à soy, cela ne luy semble pas un moment. » (La Montée du Mont Carmel, Livre II, chapitre XIV, p.58 – « Et comme Dieu n’a point de forme, ny image qui puisse estre comprise par la mémoire [...] elle demeure comme sans forme et sans figure [...] en grand oubly, sans se souvenir de rien. » Livre III, Chapitre I, p.112. (Les Œuvres spirituelles du B. Père Jean de la Croix [...], Paris, Jacques D’allin, 1665.

148Jeanne-Marie Guyon, Explications de la Bible, L’Ancien Testament et le Nouveau Testament avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure, introduites et annotées par D. Tronc, Paris, Phénix, 2005, « Explication sur saint Matthieu », chap. XVIII, verset 20 (« En quelque lieu que se trouvent deux ou trois personnes rassemblées en mon nom, je m'y trouve au milieu d'elles ») pages 240-241. -- De même Jean de Saint-Samson cité par Madame Guyon dans ses Justifications I, « clef VIII Communications », Autorité 12 : « Votre Révérence sait assez comme les cœurs se parlent mutuellement, et comme quoi tant plus ils sont éloignés dans plus ils s'unissent et parlent ensemble. Ce qui est d'autant plus vrai entre nous, que notre affection est simple et unique en Dieu dans lequel nous vivons. Nous conversons ainsi mutuellement en simplicité d'esprit, par-dessus tout ce qui se peut dire des présents et divers événements ; d'autant que ce que nous transférons l'un à l'autre est vie en la même vie de Dieu, l'amour duquel nous ravit sans cesse à l’aimer et à nous perdre en lui jusqu'au dernier point possible. Encore que nous apercevions du désordre dans ce siècle, c'est néanmoins à quoi nous ne pensons point, laissant les événements tels qu'ils puissent être à la providence divine. Lettre 8 [de Jean de Saint-Samson]. »

149Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discours 2.64, p. 232.

150Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit, Discours 2.68. (v. aussi Discours 2.67.)

151Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit, Discours 2.61. = Écrits sur la Vie Intérieure, op.cit., pp. 105-107.

152Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discours 2.64 = écrits sur la Vie Intérieure, op.cit., pp.114-116.

153Madame Guyon & François de Fénelon, Florilège mystique/Les «Justifications», Édition intégrale, Chemins mystiques, HC, 2017, «VIII. Communications. Conversations», commentaire au Cantique, chap.7 vs.8.

154Florilège mystique/Les «Justifications», op.cit., «XXI. Fécondité spirituelle sans sortir de l’Unité divine», commentaire au Cantique, chap.4 vs.11.

155Dont elle a connaissance exceptionnelle comme le montre un relevé de ses citations qui couvrent la Bible sous tous ses aspects : elle l’a commentée dès sa jeunesse en plus de huit mille pages (la fameuse «écriture automatique»).

156Cette citation et la précédente : Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discours 2.67 = écrits sur la vie intérieure, op.cit., pp. 147-149.

157Jn 4, 10.

158Jn 7, 37–38.

159Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discours 2.67 = Ecrits sur la vie intérieure, op.cit., p. 150.

160Madame Guyon, Correspondance, Tome II Combats, op.cit., Lettre 404. «À la Petite Duchesse». Juin 1697, p. 591. «Petite duchesse» non par sa taille, mais comme la cadette de sa famille. Sur «l’esprit Mortemart» bien affirmé, Mémoires de Saint-Simon concernant Fénelon, Madame Guyon et leurs proches, dossier, coll. «Chemins mystiques».

161 ? : «bonnes et saintes âmes» biffées et de lecture difficile (corrigé depuis Correspondance II p.591).

162D. Tronc, Écoles du Cœur au siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & Influences, op.cit.

163Madame Guyon, Correspondance II, op.cit., Lettre 428 «A la Petite Duchesse». Septembre 1697.

164Madame Guyon, Correspondance II, op.cit., Champion — Marie-Anne de Mortemart (1665-1750) La «petite duchesse» en relation avec Madame Guyon, Fénelon et son neveu, Dossier assemblé par D. Tronc, 2016, éd. web.

165« There is one there whom I believe L.F. and his br. [/note1] have seen, Md La D. de G—che [/note2] . . . who is much esteem’d by all the friends of that side as inheriting most of N.M.’s spirit.» (D. Henderson, Mystics of the North-east, Aberdeen, 1934 [réédité 2016, coll. “Chemins mystiques”], in “Lettre XLVIII [From Dr. James Keith to Lord Deskford]”. [/note1 :] «Lord Forbes and his brother [James]», [/note2 :] «cf. Cherel, Fénelon au XVIIIe siècle en France, p. 163, quoting a letter which says» priez pour moi —, et obtenez les prières des personnes les plus intérieures de votre connaissance, surtout celles de Madame de Guiche le duc de Guiche took the title duc de Gramont in 1720»

166Marie-Anne de Mortemart née Colbert +1750; Marie-Christine de Noailles, duchesse de Gramont «La colombe» +1748. Proches d’Isaac Dupuy + apr.1737 et du Marquis de Fénelon 1688-1746. — Ce sont les quatre figures du cercle parisien qui atteignirent le milieu du XVIIIe siècle. Voir Annexe : «Liste de proches».

167Ecoles du Cœur au siècle des Lumières, op. cit. ; Dominique et Murielle Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur, H.C., à paraître [Quiétismes; I L’école du cœur en France et Nouvelle-France 1601-1671 : École du cœur et Bernières, L’Ermitage, Bertot, Canada; II Mme Guyon, Fénelon et leurs amis 1648-1717 : Mme Guyon, Fénelon, L’œuvre, La Voie; III Filiations 1717-1792 : France, Écosse, Hollande, Suisse & Allemagne; IV Influences : Chez les catholiques, Chez les protestants, Échos au XIXe siècle, Écho et usage au XXe s.].

168Le «Roi Catholique» étant le Roi d’Espagne.

169La liste porte un «regard transversal» absent de la présentation «verticale» de la filiation, objet de la communication. Cette liste est ici réduite par sélection dans une turba magna qui reste à mieux appréhender. Une cinquantaine de figures sont bien identifiées. Synthèse : Dominique et Murielle Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur. (ouvrage assemblé à paraître). Dossiers pour quelques figures : coll. «Chemins mystiques». (Web).

170Transmission by mystical directors was presented in «Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon», XVIIe siècle, PUF, n° 1-2003, 95-116, http://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2003-1-page-95.htm).

I realised that it was necessary to situate this transmission and support it by means of texts produced by devotees in these networks of friends. Texts needed by those interested in Madame Guyon are now available. They are published in two collections: «Sources mystiques» (published by the «Centre Jean-de-la-Croix») and «Chemins mystiques» (online Internet purchase. See the site http://www.cheminsmystiques.com)

Some titles in addition to the sources of this study cited below are: Les Amis des Ermitages de Caen & de Québec, D. Tronc, Dossier, «Chemins mystiques», 2016 — Archange Enguerrand (1631-1699), directeur franciscain récollet et «Bon religieux» auprès de Madame Guyon, Dossier, «Chemins mystiques», 2017 — François Lacombe (1640-1715), Vie, Œuvres, Épreuves du Père Confesseur de Madame Guyon, Sources, «Chemins mystiques», 2016. A synthesis will appear shortly: Dominique et Murielle Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur.

171D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle. Tome I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, récollets), Centre Saint-Jean-de-la-Croix, «Sources mystiques», 2014.

172Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, Letters and Maxims introduced and commented by Dom Éric de Reviers, o. s. b., H.C. (to be published by Parole et Silence), Letter of 13 May 1654 addressed to Mother Mectilde (1614-1698) who was suffering from not agreeing with Father Père Lejeune S. J.

173Françoise-Renée de Lorraine, Madame de Guise, abbess from 1644 to 1669. She had Bertot's Conclusion des retraites [...] published.

174Bertot was the leader of the «little flock» for a Saint-Simon who was reliably informed by his friends the Dukes of Chevreuse and Beauvilliers : «[on pouvait] entendre un M. Bertau à Montmartre, qui était le chef du petit troupeau qui s’y assemblait et qu’il dirigeait» [one could hear at Montmartre a M. Bertau, who was the head of the little flock which gathered there, and which he directed] (Mémoires, éd. Boislisle, t. XXX, p. 71).

175Jacques Bertot Directeur mystique, «Sources mystiques», D. Tronc, Editions du Carmel, Toulouse, 2005; Rencontres autour de Monsieur de Bernières (1603-1659) Mystique de l’abandon et de la quiétude, coll. «Mectildiana», Parole et Silence, 2013; Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, coll. «Mectildiana», Parole et Silence, 2017; exchanges betweene Mectilde and Bernières in: Jean de Bernières, Œuvres mystiques  II Correspondance, Lettres et Maximes, introduced and commented by Dom Éric de Reviers, o. s. b., Parole et Silence (forthcoming shortly). — There was clearly a whole network of relations between the members of the Hermitage group. They extended towards other devotees, including Marie des Vallées, a simple but very influential figure. The links were interwoven: a passage from a letter by Bertot was addressed to Jean Eudes, who had been aided by the Abbess of Montmartre, who appreciated and published a work by Bertot

176Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, op.cit.

177Madame Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, Critical edition with introduction and notes by D. Tronc, Literary study by Andrée Villard, Paris, Honoré Champion, coll. «Sources Classiques», 2001, 2014, 1.19.1.

178Four volumes published in Holland by Poiret's partners (Madame Guyon and Pierre Poiret died in 1717 and 1723 respectively).

179Le directeur Mistique [sic] ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion., 4 vol., 1726. : here vol. I, « Foreword » — The suspension points represent cuts making it possible to retain only the rare passages giving biographical details; they are spread over four pages [4] to [7].

180Correspondance I Directions spirituelles, 2003, Letter 22 addressed to the subtle Count Metternich.

181Madame Guyon, Correspondance, Tome II Années de Combat, Critical edition drawn up by D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. «Correspondence», 2004, «194. Letter to the Duke of Chevreuse, 11 September 1694’. — Franciscan influence through the meeting with “the good Franciscan" after returning from the Alverne (La Verna).

182The conflict was not between the mystics, but with their surroundings! The Mémoire sur le Quiétisme adressé à Madame de Maintenon, Auteur inconnu, provided information on all Madame Guyon's contacts in  1695, including ordinary people, and indicated how to approach them, starting with unfavourable witnesses so as to be able to put pressure on the others… (Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion-Slatkine, 2003, item 504).

183Circumstances reported by Jean Orcibal in the introduction to Benet of Canfield, La Règle de Perfection – The rule of Perfection, P.U.F., 1982. Similarly, Surin faced with Chéron. Equally, the ordeal suffered by Marie des Vallées. And again, the interdiction placed on Jourdaine de Bernière's convent, which delayed the publication of Lettres et Maximes.

184Jean de Bernières, Œuvres mystiques  II Correspondance, Lettres et Maximes, op.cit., Letter from Mectilde to Bernières dated 26 April 1646.

185Ibid., Letter dated 10 April 1646 from Mectilde to Bernières.

186Correspondance, Tome II Années de Combat, op.cit., item 478 «Statement by “F. Paulin d’Aumale, monk of the monastery of Nazareth, 7 July 1694. Ecce coram Deo, quia non mentior.” — A. S.-S., Fénelon, Correspondence, XI1, f ° 37, “copy of the statement by Fr. Paulin against Mme Guyon”. – Fénelon, 1828, vol. 7, letter 36. The copy is preceded, f° 35, by a note from the Bishop of Chartres to Tronson dated 4 July 1694 : “Sir, I am requested to advise you not to show the two copies containing opinions on the books by M. G [uyon] […]”. On this statement, see Madame Guyon's letter of 10 December 1694 to the Duke de Chevreuse, item 255 : “The more I think about Fr. Paulin's letter, the more convinced I am that he misunderstands and confuses everything…" -- Fr. Paulin remains a notable spiritual author (La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle. Tome I., coll. ‘Sources Mystiques’, 2014, pages 203-214).

187Madame Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, op.cit., «5,3 History of the last years» ( Lausanne ms.TP 1154), 1022-1023.

188Jules Chavannes, Jean-Philippe Dutoit (1865), Kessinger Legacy Reprints - D. Tronc, Écoles du Cœur au siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & Influences, «The Swiss and Germanic transmissions», coll. «Chemins mystiques».

189A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911, 115-118 : «Inventory of and report on the seizure of books and writings from M. Dutoit».

190A very modest «library» found in the little room where Dutoit lived: «[...] Works by Saint Theresa (N.B. Belongs to Mr Grenus.)/The Bible of Martin [Luther]. /The Imitation of A Kempis.»

191(Re)discovery: because Pourrat was already studying the discreet Bertot who preceded Madame Guyon (Dict. Spir. art. «Bertot»; La Spiritualité Chrétienne, Lecoffre, 1947, Vol. IV, p. 183-195). Baruzi suggested studying the later circles in the eighteenth century (Saint Jean de la Croix et le problème de l’expérience mystique, 1931, 442 note 1). Luypaert refers to the «precursors» (p.25, n.2), including the influence of the Capuchin Benet of Canfeld (p.26, n.3), for not everything came from Molinos! (La doctrine spirituelle de Bernières et le quiétisme, RHE, 1940, not the best date for the work to become widely known). Etc.

192Collections «Chemins mystiques» (published on the Web), and «Sources mystiques» (published by the Centre Jean-de-la-Croix).

193Not a flat graph if the cross-relations are taken into account. In addition, from the Hermitage the structure diverges into three branches existing separately, in Nouvelle-France, at Paris and in Europe, and is finally hidden with the religious order founded by Mectilde (her archives make it possible to check the printed matter and find relations with the branch of quietude).

194Boudon, “Vie de Chrysostome” (1684), in Œuvres (Migne), col. 1275.

195Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, op.cit., Letter dated 15 February 1647 to Mother Mectilde. -- «a saint» whom Madame Guyon knew, another link which runs through the century : Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, An anthology drawn up by D. Tronc with the aid of nuns of the Institute of Benedictines of the Blessed Sacrament, coll. «Mectildiana», Parole et Silence, forthcoming.

196Letter to Mother Dorothée de Ste Gertrude (Heurelle), ms from Tourcoing, now at Rouen, vol. 5, p. 219.

197Letter of 13 May 1654 to Mother Mectilde, who was suffering from not being in agreement with Father Lejeune s. j.

198 ;Boudon, op.cit., col. 1316. — Another example of sharing: Jean de Bernières, op.cit., Letter of 30 August 1657 : «May Jesus be our all for ever. I shall not fail during your retreat to take particular care of you before Our Lord, so that he may complete in you what he has so well begun. In your solitude, keep your soul in the repose which God communicates to it, without interrupting it for any reading, or for vocal prayers except when you can do so easily. In that divine repose, your soul receives a special and secret union with God,and your inner prayer consists mainly in that union.»

199Boudon, op.cit., col. 1317.

200cf. Jean, 12, 32.

201Jacques Bertot Directeur mystique, Texes presented by D. Tronc, coll. «Sources mystiques», Editions du Carmel, Toulouse, 2005, Letter 4.75. Loss of everything in God. In Le Directeur Mystique, 1726, vol. IV, letter 75.

202Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par D. Tronc, op.cit., «Letter 4.71. Silence before God».

203Madame Guyon, Correspondance II, Letter 222. To Nicolas de Béthune-Charost. Octobre 1694. — It takes a very simple mind to appreciate her output of poems based on popular tunes, songs to occupy a winter evening. A mystical "immersion" can take place unexpectedly, without effort: "they felt so attracted»

204«Supplement to the life of Madame Guyon…» (Lausanne ms. TP 1155), p. 1006 from La Vie…, op. cit.

205Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, presented by Murielle and Dominique Tronc, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, Collection «Sources mystiques», Tome II, Discours 2,65 = Madame Guyon, Écrits sur la Vie Intérieure, Arfuyen, 2005, «10 Apostolic States», pp. 124-125.

206This refers to spiritual paternity.

207Madame Guyon, Correspondance, Tome I Directions spirituelles, Critical edition established by D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. «Correspondances», 2003, Lettre 0.  À Fénelon. Été 1690.

208Madame Guyon, Correspondance, Tome I, Directions spirituelles, op.cit., 495 (Letter to Fénelon written at the beginning of April 1690). – The « Spirit of direction» is taken from Psalm 50, 13-14 : « …strengthen me with a perfect spirit / I will teach thy ways… »

209La Marvalière? As he was the Duke of Beauvillier's secretary, the association of ideas would be all the more natural. [note by Jean Orcibal].

210Madame Guyon, Correspondance, Tome I, Directions spirituelles, op.cit., Letter 266. From Fénélon, 25 May 1690.

211Saint John of the Cross: « the soul rests sometimes in a great forgetfulness, so that it could not say where it was, nor what it did there, and it does not seem to it that any time has passed in it. Thus it can happen, and sometimes it does, that several hours pass in that forgetfulness; and when the soul returns to itself, it seems that only a moment has passed. » (The Ascent of Mount Carmel, Book II, chapter XIV, p.58 – « And as God has neither form nor image which may be understood by the memory [...] it remains as if without form and without figure [...] in great forgetfulness, without remembering anything. » Book III, Chapter I, p.112. (Translated from Les Œuvres spirituelles du B. Père Jean de la Croix [...], Paris, Jacques D’allin, 1665.

212Jeanne-Marie Guyon, Explications de la Bible, L’Ancien Testament et le Nouveau Testament avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure, with an introduction and notes by D. Tronc, Paris, Phénix, 2005, «Explanation on Saint Matthew », chap. XVIII, verse 20 (« Wherever two or three are gathered together in my name, there am I in the midst of them ») pages 240-241. -- Similarly Jean de Saint-Samson, cited by Madame Guyon in her Justifications I, «key VIII Communications », Authority 12 : « Your Reverence well knows how hearts speak mutually to each other, so that the further apart they are, the more they unite and speak together. This is all the more true between us, as our affection is simple and unique in God in whom we live. Thus we converse with one another in simplicity of mind, above all that may be said of current and various events; the more so since what we transfer to one another is life in the life of God Himself, whose love unceasingly inspires us to love Him and lose ourselves in him to the utmost possible point. Even though we may perceive some disorder in these times, nevertheless we do not think about it, leaving events, however they may be, to divine providence. Letter 8 [from Jean de Saint-Samson]. »

213Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discourse 2.64, p. 232.

214Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit, Discours 2.68. (v. also Discourse 2.67.)

215Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit, Discourse 2.61. = Écrits sur la Vie Intérieure, op.cit., pp. 105-107.

216Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discourse 2.64 = écrits sur la Vie Intérieure, op.cit., pp.114-116.

217Madame Guyon & François de Fénelon, Florilège mystique/Les «Justifications», Complete edition, Chemins mystiques, HC, 2017, «VIII. Communications. Conversations», Commentary on the Song of Songs, chap.7 vs.8.

218Mystical anthology/«Justifications», op.cit., «XXI. Spiritual fecondity without leaving the divine Unity», Commentary on the Song of Songs, chap.4 vs.11.

219Which she knew exceptionally well, as shown by a list of her citations which cover every aspect of the Bible: she commented it from her youth in over eight thousand pages (the famous "automatic writing").

220This and the previous citation: Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discourse 2.67 = écrits sur la vie intérieure, op.cit., pp. 147-149.

221Jn 4, 10.

222 ;Jn 7, 37–38.

223Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, op.cit., Discourse 2.67 = Ecrits sur la vie intérieure, op.cit., p. 150.

224Madame Guyon, Correspondence, Volume II Combats, op.cit., Letter 404. «To the Little Duchess». Juin 1697, p. 591. «Little duchess» not because she was small, but as the youngest member of her family. On the well-attested « Mortemart spirit»  Mémoires de Saint-Simon concernant Fénelon, Madame Guyon et leurs proches, dossier, coll. «Chemins mystiques».

225?: «bonnes et saintes âmes» ("good and holy souls') crossed out and difficult to read (corrected from Correspondance II p.591).

226D. Tronc, Écoles du Cœur au siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & Influences, op.cit.

227Madame Guyon, Correspondance II, op.cit., Letter 428 «To the Little Duchess». September 1697.

228Madame Guyon, Correspondance II, op.cit., Champion — Marie-Anne de Mortemart (1665-1750) La «petite duchesse» en relation avec Madame Guyon, Fénelon et son neveu (The "Little Duchess" in contact with Madame Guyon, Fénelon and his nephew), Dossier put together by D. Tronc, 2016, pub. online.

229« There is one there whom I believe L.F. and his br. [/note1] have seen, Md La D. de G—che [/note2] . . . who is much esteem’d by all the friends of that side as inheriting most of N.M.’s spirit.» (D. Henderson, Mystics of the North-east, Aberdeen, 1934 [republished 2016, coll. “Chemins mystiques”], in “Letter XLVIII [From Dr. James Keith to Lord Deskford]”. [/note1 :] «Lord Forbes and his brother [James]», [/note2 :] «cf. Cherel, Fénelon au XVIIIe siècle en France, p. 163, quoting a letter which says"priez pour moi —, et obtenez les prières des personnes les plus intérieures de votre connaissance, surtout celles de Madame de Guiche le duc de Guiche a pris le titre de duc de Gramont in 1720»

230Marie-Anne de Mortemart née Colbert +1750; Marie-Christine de Noailles, duchesse de Gramont «The Dove» +1748. Close to Isaac Dupuy + apr.1737 and the Marquis de Fénelon 1688-1746. — These are the four members of the Parisian circle who lived until the middle of the eighteenth century. See the Annex : «List of Contacts».

231Ecoles du Cœur au siècle des Lumières, op. cit. ; Dominique and Murielle Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur, H.C., forthcoming [Quiétismes; I L’école du cœur en France et Nouvelle-France 1601-1671 : École du cœur and Bernières, L’Ermitage, Bertot, Canada; II Mme Guyon, Fénelon and their friends 1648-1717 : Mme Guyon, Fénelon, The Work, the Way; III Transmissions -1792 : France, Scotland, Holland, Switzerland & Germany; IV Influences : Catholic, Protestant, Echos in the nineteenth century, Echos in the twentieth century].

232The «Catholic King» being the King of Spain.

233The list uses a 'transversal view' which is not used in the 'vertical' presentation of the transmission which is the subject of this contribution. This list is reduced here by selecting from a turba magna [great crowd] which needs further examination. Some fifty figures are clearly identified Synthesis: Dominique et Murielle Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. Une École du Cœur. (a forthcoming collection). For dossiers on some figures, see : coll. «Chemins mystiques». (Web).

234Fortunately, Experimental Theology in America, Madame Guyon, Fénelon, and their readers by Patricia A. Ward covers both Madame Guyon and the New World

235«Le P. Chrysostome dit de Saint-Lô [sic] naquit à Saint-Fremond, Basse-Normandie, diocèse de Bayeux, et fut nommé Joachim au baptême. Un de ses frères fut capucin et une sœur a été clarisse à Rouen de l’étroite observance. Joachim étudia à Rouen et y eut pour maître le P. Caussin, jésuite. Étant encore écolier, il écrivit de Rouen à M. de la Forest pour le consulter sur sa vocation. Étant venu à Paris, il prit l’habit à Picpus. Son père fit ce qu’il put pour le faire sortir du cloître et y employa à cet effet un magistrat considérable du parlement de Normandie. Le jeune homme tint ferme» (P. Claude Prévôt, bibliothécaire de l’abbaye de Sainte Geneviève à Paris, Bibl. Ste Gen., ms. 3030, f ° 21r °, Arch. eudistes, dossier du Chesnay VIII Bernières).

236Jean-Marie de VERNON, Histoire générale et particulière du Tiers Ordre de saint François d’Assize. Tome second. La vie des personnes illustres qui ont fleuri dans les siècles quinze, seize et dix-sept. Paris, 1667, 527 sv. : «La vie d’Antoine le Clerc, sieur de la Forest».



237DS 5. 1645 (art. “Spiritualité franciscaine”).

238[Henri-Marie Boudon], L’Homme intérieur ou La Vie du vénérable Père Jean Chrysostome, religieux pénitent du Troisième Ordre de saint François, à Paris chez Estienne Michallet, 1684.

239SOURIAU, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913.

240DS 2. 881 sv. (art. “Chrysostome de Saint-Lô”).

241Analecta TOR, vol. XXIII, 152, 1992, Raffaelle PAZZELLI, “Bibliografia del Terz' Ordine Regolare di San Francisco in Francia ”, notice “8. Jean Chrysostome de Saint-Lô ”, 76–79.

242Boudon, L’homme intérieur…, op.cit., p. 88.

243Ibid., p. 178, 198.

244Ibid., p. 200.

245Ibid., p. 284, 316.

246Ibid., p. 337.

247Ibid., p. 372 à 378.

248Compte tenu de leur caractère de sources jamais décrites et surtout du rôle de leur auteur franciscain comme fondateur de l’école de l’Amour pur, nous relevons les contenus différemment ordonnés des trois exemplaires relevés de Divers exercices de piété et de perfection composés par un religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des âmes, à la plus grande gloire de Dieu et de N. S. J. C.

(A) Exemplaire édité à Caen, chez Adam Cavelier, 1654. Bibl. municipale de Valognes, réf. C4837, contient : image en frontispice (elle est reprise en tête de ce chapitre) : «Le Reverend Père I. Chrysostome de Sainct Lo», page de titre avec vignette de Jésus représenté de profil, Approbations (Fr. Louis Quinet, Abbé de Barbery, Claude de Nyau, Henry Marie Boudon, Archidiacre d’Évreux),

(1) première numérotation 1-212 : «Premier exercice traictant de la sainte vertu d’abjection», divisé en : (a) «De la sainte Abjection. La société spirituelle de la sainte Abjection», 1-11 — (b) «États différents […] de la sainte Abjection», 12-56 — (c) «Méditations brièfves pour adorer et imiter Jésus…», 57-138 – (d) «Méditations d’abjections en la vue de la Divinité», 139-212, suivis de : Advis «Ce traicté n’a pu être achevé par l’autheur, qui fut prévenu de la mort…» et d’une «Table des divers traictés contenus en ce troisième [?] Exercice»;

(2) seconde numérotation 3-240 : «La Dévotion de la sainte Agonie de Jésus…», divisé en (a) «Brèves méditations sur la sainte Agonie», 3-18 — (b) «La Solitude des cinq jours», 19-132 — (c) «Exercice méditatif des dix jours», 133-229 — (d) «Oraisons à la Sainte Vierge», 229-240;

(3) troisième numérotation 1-136 : «Cinquième et dernier traité, contenant un recueil de plusieurs diversités spirituelles du même auteur», contient des lettres de directions, dont certaines adressées à Bernières, d’où le grand intérêt de ce troisième ensemble.

(B) Exemplaire sans date, ni éditeur, ni lieu, ni approbations, Bibl. municipale de Valognes, réf. C4839. Il contient : «Advis», 1-2; (2) «La Dévotion de la saincte Agonie de Jésus…», 1 à 18 — «La Solitude des cinq jours…», 19 à 131 — «Exercice méditatif des dix jours», 133 à 240; (1) «Troisième Exercice, traictant de la sainte vertu d’abjection», 1-212, suivi d’un «Advis…»; (3) «… diversités spirituelles…» (il y a donc modification de l’ordre; contenu presque identique à A).

(C) Exemplaire édité à Paris, 1655, réf. Chantilly A409/452 (maintenant à la Bibl. de Lyon). Il contient : «Advis», 1-2; (2) «La Dévotion de la sainte Agonie de Jésus…», 3-236; (1) Premier [troisième] exercice de la sainte vertu d’Abjection», 1-212 et table; (3) «… diversités spirituelles…», 1-136.

249Voir le Dictionnaire de Port-Royal, 2004, p. 724 sur Claude Martin (vision moqueuse à corriger par Dom Claude Martin, Les Voies de la prière contemplative, Solesmes, 2005), puis p. 696a sur le duc de Luynes (vision étonnante à lire).

250On est là bien loin du propos initial du fameux ouvrage de Thomas a Kempis.

251 Divers exercices de piété et de perfection, Composés par un Religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des Ames, à Caen, Chez Adam Cavelier, 1654. Ouvrage très rare dont le seul exemplaire complet (c’est-à-dire ayant conservé le feuillet du beau portrait gravé du Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô) se trouve à la B. M. de Valognes (Cotentin) sous la référence C4837 (un ex. en provenance de Chantilly/Lyon est accessible sur Google books sous «Divers exercices de piété et de perfection» : il s’agit d’un exemplaire incomplet [paperolle : «… il manque à l’Exercice méditatif les pages 237-240/et aux Diversités spirituelles les pages 1-14»]. Sa référence A409/451 est accompagnée de l’annotation : «l’auteur est le P. Jean-Chrysostome de S.Lo du tiers ordre de S Fr.»).

Le P. du Chesnay a étudié profondément la seconde partie en préparation d’un grand travail sur Bernières qu’il n’eut pas le temps d’achever (archives Eudistes, «Dossier VIII Bernières. Son directeur spirituel»).

252La pagination des «Diversités spirituelles» propre à la seconde partie (v. note précédente) est reprise de 1 à 138 (elle succède à des écrits normatifs de Chrysostome paginés de 1 à 240). B. a certainement assuré financièrement l’édition. Il a compris combien le dialogue entretenu entre ses «Propositions» et leurs «Réponses» serait utile à d’autres. Le dialogue s’ouvre sous le sous-titre «Autres Advis de conduit à divers [?] personnes…» Du Chesnay et nous-mêmes attribuons l’ensemble de la suite au seul Bernières.

253Jean de Bernières, Œuvres Mystiques II Correspondance, Lettres et Maximes introduites et annotées par dom Eric de Reviers, o. s.b., A paraître.

254 Divers exercices de piété et de perfection, Composés par un Religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des Âmes, à Caen, Chez Adam Cavelier, 1654. Ouvrage très rare dont le seul exemplaire complet (c’est-à-dire ayant conservé le feuillet du beau portrait gravé du Père Jean-Chrysostome de Saint-Lô) se trouve à la B. M. de Valognes (Cotentin) sous la référence C4837 (un ex. en provenance de Chantilly/Lyon est accessible sur Google books sous «Divers exercices de piété et de perfection» : il s’agit d’un exemplaire incomplet [paperolle : «… il manque à l’Exercice méditatif les pages 237-240/et aux Diversités spirituelles les pages 1-14»]. Sa référence A409/451 est accompagnée de l’annotation : «l’auteur est le P. Jean-Chrysostome de S.Lo du tiers ordre de S Fr.»).

Le P. du Chesnay a étudié profondément la seconde partie en préparation d’un grand travail sur Bernières qu’il n’eut pas le temps d’achever (archives Eudistes, «Dossier VIII Bernières. Son directeur spirituel»).

255La pagination des «Diversités spirituelles» propre à la seconde partie (v. note précédente) est reprise de 1 à 138 (elle succède à des écrits normatifs de Chrysostome paginés de 1 à 240). Nous livrons intégralement la direction de Bernières (page 77 à la dernière page 138). B. a certainement assuré financièrement l’édition. Il a compris combien le dialogue entretenu entre ses «Propositions» et leurs «Réponses» serait utile à d’autres. Le dialogue s’ouvre sous le sous-titre «Autres Advis de conduit à divers [?] personnes…» Du Chesnay et nous-mêmes attribuons l’ensemble de la suite au seul Bernières.

256Des extraits sont repris en notes lorsqu’ils éclairent le grand corpus chronologique.

257Page de la source.

258[sic] : «1.» manque.

259Exemplaire de la bibliothèque de l’ancien couvent proche de Valogne indiqué par cachet relié pleine peau intitulé Exercices de piété et de perfection cote C 4837, actuellement conservés dans la bibliothèque municipale de Valogne.

260Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement (1614-1698), Un Florilège établi par Dominique Tronc avec l’aide de moniales de l’Institut des Bénédictines du Saint-Sacrement, A paraître.

261Lettre à Bernières du 30 juin 1643. T4, p. 69; P 101, p. 136. Les mystiques sont discrets; leur rencontre est souvent le fait d’une introduction par un de leurs dirigés qui aimerait partager sa chance lorsqu’il rencontre un ami éprouvé.

262P160, p. 228; T4, p. 617 sq. Chrysostome répond aux questions posées dans ce mémoire. (Transcription dactylographiée de ce ms. au couvent des bénédictines de Rouen, dossier intitulé «Père Jean Chrysostome de Saint-Lô». Ce dialogue entre dirigée et directeur mystique nous apparaît si important que nous lavons comparé et corrigé par la source T4.

263T4, p. 619 (au lieu de «quelle [reçoit] de Dieu».

264T4, p. 633.

265T4, p. 637.

266P 160, p. 241a; T4, p. 649; P 101, p. 180.



267ce divin: P 101, p. 182.

268Bien avare à qui Dieu ne suffit: la célèbre devise de madame Acarie. Il faut, dit saint Augustin «quune âme soit bien avare, à qui Dieu ne suffit pas» (Enarratio III in Ps. XXX, n.4).

Elle est souvent reprise par Mectilde avec des variantes : «Celui-là est bien avare à qui Dieu ne suffit» en réponse du P. Chrysostome, P 101, p. 183; «Trop est avare à qui Dieu ne suffit», lettre à Madame de Châteauvieux, Documents Historiques D. H.], p. 191, 5e lettre, 1576 FC; «ô que trop est avare à qui Jésus ne suffit pas dans la sacrée Eucharistie», Retraite de 1662, D. H., p. 128; «Véritable Esprit», I, p. 26, édition de 1864; «Le langage des mystiques» in N 249 [et non N 248], p. 200.

269Les additions sont mises entre crochets.

270P 101, p. 189, fin de la réponse du Père Jean Chrysostome.

271Extraits de la Correspondance de Bernières en préparation.

272S’agirait-il d’une première forme brève qui conduira à «Divers exercices de piété et de perfection,/Composés par un religieux d’une vertu éminente & de grande expérience en la direction des Âmes. /A la plus grande gloire de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ»? Son auteur Jean-Chrysostome de Saint-Lô va mourir en 1646 soit deux ans plus tard. L’édition officielle paraîtra beaucoup plus tard en 1654. Mais un tirage, réf. C 4839 de la B.M. de Valognes, cachet «Bibliothèque de Valognes», n’est pas daté et ne comporte aucune approbation tandis que son «Advis» p. 2 déclare : «Ces petits traités n’ont été imprimés que pour satisfaire à quelques personnes particulières, & pour épargner la peine trop grande de les transcrire…». Les pages 3 à 240 sont de la même impression que celles de l’édition officielle de 1654 parue à Caen chez Adam Cavelier, qui les a donc reprises telles quelles (on note l’absence de pages 1 et 2!).

273Monsieur de Bernières?

274Mot omis au saut de page : côté?

275D13 p.102. Fichier Central n° 794.

276D13 p.97. Fichier Central n° 1061.

277Saint Benoît dont le trépas est célébré le 21 mars.

278Grégoire Lopez (1542-1596), ermite mystique au Mexique. Voir D.Tronc, Expériences mystiques II, 39-44.

279Lettre adressée à Henri-Marie Boudon (1624-1702), archidiacre dÉvreux, «fond du Chesnay.»

280J.M. de Vernon, Histoire générale et particulière du Tiers Ordre de saint François d’Assise (1667), t. II, p. 587.

281 Maurice Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle : M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913, 112 ; Boudon, Œuvres II, Migne, col. 1311.

282Chrétien Intérieur, Livre VII, Chapitre 15.

283Boudon, Œuvres II, Migne, col. 1313.

284Chrétien Intérieur, Livre IV, Chapitre 7. (« Solitude de dix jours, Troisième jour. Jésus pauvre et abject », point II).

285Bernières, Chrétien Intérieur, VI, 11.

286Bernières, Les Œuvres spirituelles […] Seconde partie contenant les lettres qui font voir la pratique des Maximes [que nous citerons Œuvres spirituelles, II], 122, (Lettre du 25 août 1653).

287Boudon, Migne, II, col. 1314.

288Souriau, Deux mystiques normands…, op.cit., p. 196 puis 203.

289 Catherine de Bar, Lettres inédites, Rouen, 1976, 165.

290Bernières, Œuvres Spirituelles, II, 364-365 (Lettre du 18 mai 1654). – « notre bon Père » désigne probablement le P. Chrysostome de Saint-Lô.

291 Œuvres Spirituelles II, 61. ( Lettre « sur la maladie de son valet » du 13 octobre 1645 )

292Œuvres spirituelles, II, 256. ( Lettre du 7 septembre 1653 ).

293Œuvres spirituelles, II, 263. ( Lettre du 8 septembre 1653)

294Jacques Bertot Directeur Mystique, textes présentés par Dominique Tronc, Editions du Carmel, 2005.

295Œuvres spirituelles, II, 469-470 ( Lettre du 11 novembre 1654 ).

296Chrétien Intérieur, VII, 2.

297Œuvres spirituelles., II, 244 & 245-246 (Lettre du 20 octobre 1654).

298Chrétien Intérieur, VII, 5.

299Chrétien Intérieur, III, 1.

300Un échange de tels « bijoux » a eu lieu au départ de Marie de l’Incarnation pour le Canada : elle la portera dorénavant sur elle.

301Œuvres spirituelles., II, 282 ( Lettre du 15 février 1647 adressée à une religieuse : Jourdaine de Bernières ou Catherine de Bar).

302Abjection : révérence devant la grandeur divine.

303Chrétien Intérieur, VII, 5.

304Lettre à une supérieure du 2 février 1655.

305Chrétien Intérieur, VII, 16.

306Chrétien Intérieur, VII, 6.

307Chrétien Intérieur, VII, 5.

308Lettres à l’Ami intime 18.

309Souriau, Deux mystiques normands…, op.cit., p. 119.

310Colloque Jean de Bernières, mystique de l’abandon et de la quiétude, Caen, samedi 13 juin 2009.

311En 1662 paraîtront [de M. Bertot, disciple de Bernières] « Diverses retraites où une âme après avoir connu son désordre par la lumière du Saint-Esprit se résout à le quitter, et embrasser le chemin de la sainte perfection ». Textes comparables à ceux de « Divers exercices de piété et de perfection », incluant une « solitude des cinq jours », composés par Chrysostome de Saint-Lô, directeur de Bernières, et édités par ce dernier à Caen en 1654. Ces textes témoignent du réseau très actif de l’Ermitage. Ils sont malheureusement trop denses et secs pour être lus de nos jours. Leur succèderont d’interminables sermons…

312Henri-Jean Martin, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle, Droz (2 tomes à pagination unique), 1969, 1999, p. 785,  citant Souriau, 247 sq.

313La famille Helyot est remarquable : apparentés à la veuve de Pierre, Marie (1644-1682) et Claude Hélyot (1628-1686) forment un couple mystique dont le P. Crasset nous livre les beaux témoignages.

314Henri-Jean Martin, op. cit., 951.

315Les principaux travaux disponibles sur Bernières auxquels nous renvoyons fréquemment - ils nous dispensent d’accroître démesurément cette étude en nous étendant sur les aspects biographiques - sont les suivants : Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 (& 1923 sous un autre titre : Le mysticisme en Normandie au XVIIe siècle) ; R. Heurtevent, L’œuvre Spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, 1938 [de lecture très agréable, étudie soigneusement l’environnement et présente les amis de B.] ; L. Luypaert, « La doctrine spirituelle de Bernières et le Quiétisme », profonde contribution parue dans la Revue d’Histoire Ecclésiastique, 1940, pp. 19-130 [elle corrige Heurtevent qui néglige les lettres] ; le grand travail des années 1950-1960 accompli par le Père Charles du Chesnay malheureusement inachevé par suite d’une mort précoce, est disponible aux Archives Eudistes, rue Jean Dolent, Paris.

316Voir Souriau, qui lui consacre son chap. II, et les Annales du couvent. Ces dernières restent à transcrire.

317Voir Annamaria Valli, « Louis-François d’Argentan, Le Chrétien intérieur e l’Ermitage di Jean de Bernières », Collectanea franciscana vol. 79, Fasc. 3-4, 2009, 573-602. – Cette étude documentée complète notre introduction sur plusieurs points (sur Michelle Mangon, sur Nicolas Charpy que nous venons de citer, sur le travail éditorial de d’Argentan, la condamnation du Chrétien intérieur du 26 juillet 1689…).

318P. Lefèvre, « L'œuvre du père Louis François d'Argentan, capucin [1615-1680] », Etudes Franciscaines  XLIX (1937), 675-695 : 675-676.

319Contrairement à l’opinion positive de l’érudit Ubald d’Alençon qui défend un confrère capucin : « Nous ne savons pas bien la part de chacun… », Heurtevent (p. 163) termine ainsi son chapitre IX « La critique de l’œuvre » : « Où commence d'Argentan ? Où finit Bernières? Le premier a tellement voulu agrandir et embellir l'appartement du second qu'il l'a transformé au point qu'il est délicat d'en vouloir retrouver présentement les cloisons et la superficie primitive. » Embellissement non dénué d’enflure.

320Les exercices du chrétien intérieur, où sont enseignées les pratiques pour conformer en toutes choses notre intérieur avec celui de JC et vivre de sa vie, par le R.P. Louis François d’Argentan, capucin, 2 t. in-12, I & II, Paris. - Réf. des citations entre crochets.

321Les minimes, assez proches des franciscains, s’illustreront dans le siècle par leur qualité intellectuelle, comme en témoigne la figure de Mersenne.

322Heurtevent, op. cit., p. 7.

323La redécouverte, à la suite de quelque heureuse rencontre faite par un chercheur éclairé, n’apparaîssait pas impossible aux yeux d’A. Derville, S.J., éditeur du Dict. de Spir. : lecteur, soyez attentif !

324Huet, Origines de Caen, 372 (Souriau, 123).

325Lettre de Huet (Souriau, 248). Citation complète : Heurtevent, 162.

326Henri-Jean Martin, op. cit., 2e partie, 2e section, chap. III, « L’industrie parisienne du livre », 362 sq.

327Pages (non numérotées) 9-10 de l’« Avertissement » au Chrétien intérieur « tardif », édité en deux tomes & dix livres (dans une éd. de 1687).

328Ibid., 16e & 19e page de l’ « Avertissement ».

329B. Pitaud, v. Deus absconditus, 1998/3-4, 57-82., a préparé sur une édition de lettres avec la collaboration de sœur V. Andral; reprise en cours par dom Joel Letellier ; les lettres de Bernières seront reprises dans sa Correspondance.

330Les saisies photographiques que nous avons faites sont intégrées dans notre base numérique disponible sur demande. – Les photographies n’ont pu être faites sur certaines premières éditions (à cause des restrictions imposées par de rares bibliothèques dont la B.N.F.).

331Luypaert, op.cit., p. 51, émet toutefois un doute sur les Maximes.

332Luypaert, op. cit., p. 37 (en supposant, comme le fait son prédécesseur Heurtevent, que le même fonds est utilisé pour les Chrétiens ou pour les Œuvres : « on néglige … 523 pages de lettres ») et p. 39 (Luypaert n’a trouvé aucune lettre postérieure à 1648 dans le Chrétien en deux livres).

333Tout travail approfondi sur Bernières doit, outre la connaissance de Souriau, Heurtevent, Luypaert, consulter aux Archives Eudistes les notes fort bien rédigées de Charles du Chesnay qui préparait ‘une thèse’ sur Bernières. Elle eut couronné son œuvre érudite (dont Les missions de saint Jean Eudes) avant que la mort ne l’emporte trop tôt : restent, entre autres documents, douze dossiers abordant la chronologie, la correspondance avec la mère Mectilde [Catherine de Bar], avec Boudon, le mémoire de Huet, des exploitations des registres du « bureau des pauvres » à Caen, la famille de Bernières, Bernières Trésorier, B. et le Canada, B. et la Compagnie du Saint-Sacrement, B. et son directeur Chrysostome, etc. Un gros travail de relevés de documents en Cotentin (Valognes) et Basse Normandie fut accompli. – Détails du dossier « Influences » (c’est le sujet de notre étude) : sur son neveu Henri de B., Gavrus, Marguerite-Marie Alacoque, les bénédictines de Montmartre et Charlotte le Sergent (elle dirige B. !), Bertot, lettres reçues du P. Chrysostome (v. dossier numérisé « fonds du Chesnay (2) dans notre base de données, à disposition après accord des Archives Eudistes).

334Nous avons concentré jusqu’ici nos efforts sur la « Dame directrice » et ses écrits.

335Vie et influence : voir DS 10.885/8 ; Documents historiques, par les bénédictines du Saint-Sacrement, Rouen, 1973 ; Daoust, Catherine de Bar…, Paris, Téqui, 1979 ; C. de Bar 1614-1698, Téqui, 1998 [revue bibliogr. par Dom J. Letellier, p. 11-96] ; deux études de qualité : Véronique Andral, Catherine de Bar… Itinéraire spirituel, Monastère de Rouen, 1997, puis Yves Poutet, en collaboration avec les bénédictines…, Catherine de Bar…, texte non édité, 2008. - Ecrits : Documents historiques, op. cit. Lettres inédites, Rouen, 1976 ; Fondation de Rouen, Rouen, 1977 ; En Pologne…, Téqui 1984 ; Une amitié … Lettres à Marie de Châteauvieux, Téqui, 1989 ; A l’écoute de saint Benoît, Téqui, 1988  [beaux « dits » intérieurs] ; Adorer et adhérer, Cerf, 1994 ; Il existe de nombreuses lettres non éditées entre C. de Bar, J. de Bernières, le P. Chrysostome de Saint-Lô, etc. Enfin la Bibliographia Mechtildiana, Benediktinerinnen, Köln, 2001, nous livre 994 références…

336Histoire générale et particulière du Tiers Ordre de saint François d'Assise Tome Second. Les Vies des Personnes Illustres qui ont fleury dans les siècles XV, XVI et XVII, 1667, Chapitre « Autres illustres Tertiaires », p. 587. - Jean de Bernières succède, dans une brève liste qui traverse les siècles et les pays, à : 1. B. Angéline de Corbare ; 2. Grégoire IX ; 3. Jean, aumônier de Clément V ; 4. Cal Gaspar Borgia (“sainteté de son exemple”) ; 5. Cal Gabriel de Treio ; 6. l’Abbé Olier [le fondateur de Saint-Sulpice]. Le septième est donc particulièrement mis à l’honneur en compagnie des prélats ! J.-M. de Vernon est un auteur assez sûr qui n’a pas tendance à annexer tout le monde.

337Luypaert, op. cit., en a déjà l’intuition, p. 29 note 1 : « La couleur « capucine » de ce groupe pourrait suggérer une hypothèse de recherches pour la filiation… » Quelques éléments dans : D. Tronc, “Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon”, XVIIe siècle, n° 218, n° 1-2003, 95-116. – Intéressante notice relative à Antoine le Clerc, sieur de la Forest (1563-1628), laïc influent sur Jean-Chrysostome et donc « grand-père » spirituel de Bernières dans : Jean-Marie de Vernon, Histoire générale et particulière du Tiers Ordre…, op. cit. – Sur le TOR, voir les présentations de leurs auteurs mystiques, exceptionnellement nombreux rapporté à l’effectif réduit de l’ordre, dans La Vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle, Anthologie de leurs écrits présentée par D. Tronc, étude historique par P. Moracchini, 2 t., Ed. du Carmel, à paraître.

338Divers exercices de piété et de perfection composés par un religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des âmes…, Caen, chez Adam Cavelier, 1654, |Troisième partie des] « Diversités spirituelles » p. 93 sq.

339Du Chesnay indique un texte parallèle dans Oeuvres spirituelles, II, pp. 13 et 16, lettre du 15 août 1643.

340Divers exercices… « Diversités spirituelles » p. 102 sq.

341Divers exercices… « Diversités spirituelles » p. 130.

342Il est ici nécessaire d’évoquer et d’illustrer, à l’intention d’un lecteur qui sera certainement mal à l’aise en abordant dans notre édition intégrale tel passage « masochiste », les peurs et leur usage oratoire qui entouraient le jeune Bernières et son « co-auteur » d’Argentan. La crainte d’être damné fut largement vécue dans la génération qui les précède et à laquelle appartenait le « bon Père Chrysostome ». En témoignent, outre la possession de la proche Marie des Vallées, les crises de conscience du jeune François de Sales ou de l’anglais Benoît de Canfield La crainte du jugement est alors universelle. Elle déborde le cadre catholique continental si l’on en juge par l’effet prévisible des sermons du grand poète John Donne (1572-1631), par ailleurs Doyen de Saint-Paul à Londres : «  Que, de cette providence de Dieu qui observe la vie de chaque herbe, de chaque ver, fourmi, araignée, crapaud et vipère, jamais, jamais, un rayon ne vienne m'inonder : que ce Dieu, qui déjà jetait les yeux sur moi quand je n'étais encore rien, qui, alors que je n'existais pas, m'appelait, comme si j'avais existé, du sein des ténèbres profondes, ne me regarde pas maintenant que, tout indigne que je sois, banni, condamné, je suis pourtant toujours sa créature et contribue quelque peu à Sa gloire, même dans ma damnation […] Quelle Géhenne ne serait pas un Paradis, quelle pluie de soufre ne serait pas de l'ambre, quelle douleur poignante ne serait pas un réconfort, quel rongement de vers ne serait pas une caresse, quelle torture ne serait pas un lit de noces si on les comparait à cette damnation, à cette privation, pendant l'éternité, l'éternité, l'éternité des siècles, de la contemplation de Dieu ?» (« A l’Earl de Carlisle et à sa Compagnie, à Sion »).

343Boudon, L’homme intérieur ou vie du vénérable père Jean Chrysostome, p. 339 sq.

344Bernières, Œuvres Spirituelles II, 282 (lettre du 15 février 1647 probablement adressée à Catherine de Bar, la Mère du Saint-Sacrement).

345Lettre 2. 40, §2 : « Et remarquez bien une belle parole que m’a dite autrefois une âme [sœur Marie des Vallées] très unie à Sa divine Majesté, savoir que les montagnes recevaient bien les pluies, mais que les seules vallées les gardent, fructifient et en deviennent fertiles. »

346Lettre 2. 64, §6 : « Quand une fois l’âme a trouvé le sentier de la divine Justice, elle ne marche plus, mais elle vole. Et sur ce sujet il faut que je vous dise ce que Dieu fit connaître à une personne qui est morte à présent, qui était un miracle de grâce, et qui avait pour partage la divine Justice dans un très grand degré de pureté dont les effets ont été surprenants en elle. Elle me disait que la Miséricorde allait fort lentement à Dieu, parce qu’elle était chargée de dons et de présents, de faveurs et de grâces de Dieu, qu’ainsi son marcher était grave et lent, mais que l’amour divin qui était conduit par la divine Justice, allant sans être chargé de tout cela, marche d’un point si vite que c’est plutôt voler. »

347Bernières probablement, peut-être Renty ; Jean Eudes qui relate les faits, utilise la première personne, comme l’indique la suite : « 3. Elle m’a dit… »

348Le Directeur mystique ou les œuvres spirituelles de Monsr. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Made Guion…, 4 vol., A Cologne [Amsterdam], 1726 : les « Conseils d’une grande servante de Dieu » figurent en annexe à la fin du vol. II, 407-430. L’ouvrage est consacré à Jacques Bertot à l’exception de ces Conseils, de 21 lettres de Maur de l’Enfant-Jésus et de 21 lettres de Mme Guyon, ce qui souligne l’importance exceptionnelle de Marie des Vallées aux yeux de ces successeurs du cercle mystique normand.

349[Jean Eudes,] Manuscrit de Québec, Livre VIII, chapitre 8.

350Lettres, éd. de 1681, préface de dom Claude Martin, cité par dom Oury, Marie de l’Incarnation, 1973, 311.

351Dom Claude Martin, La Vie de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, 1677 (Solesmes 1981), 753.

352« Sixième état d’oraison …Années 1625 et 1626 », p. 35, & « Dixième état d’oraison (1639) », p. 39 de l’introduction par P. Renaudin à Marie de l’Incarnation ursuline, Aubier, 1942.

353Bremond, Sentiment religieux…, II, 467-484 : « Bernières-Louvigny fut un des disciples de Charlotte », 480.

354Mère de Blémur, Abrégé de la vie de la V. M. Charlotte le Sergent…, 138, 146.

355Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 (& 1923 sous un autre titre : Le mysticisme en Normandie au XVIIe siècle. - Art. du Dict. de Spir. par Heurtevent, 1, 1522/1527 et op. cit. précédemment. – Communications à paraître du premier Colloque organisé autour de la figure de Bernières, Caen, juin 2009.

356Dossier par du Chesnay, « Bernières Trésorier de France à Caen (1631-1653) », Archives Eudistes.

357« Caen à l’époque de Jean de Bernières et de François de Laval », communication de John Dickinson au Colloque Jean de Bernières, Caen, 2009.

358Souriau, Deux mystiques,1913.

359Aucune trace matérielle ne subsiste de nos jours dans « l’île » du quartier Saint Jean de Caen, totalement rasé en 1944 à l’exception de l’église, sinon une photo du bâtiment fonctionnel de l’Ermitage prise avant guerre (fonds du Chesnay). Une banque recouvre la localisation du couvent (sur terrain parfaitement plat, « au pied » devant être interprété au sens spirituel). Des restes de Jourdaine, de Jean et de son neveu sont scellés dans un pilier de l’église saint Jean, recouverts presque totalement par la structure en bois supportant l’excellent orgue moderne. Comme il convient, aux mystiques accomplis, aucun vestige ne demeure des membres de l’école. Il en sera de même pour Bertot et pour Mme Guyon.

360Bernières, Chrétien Intérieur, 565.

361Bernières, Œuvres Spirituelles, II, 122.

362Œuvres de Boudon II, 1313. 

363Souriau, 115 ; Chrétien Intérieur, 380.

364Souriau, Deux mystiques…, 93 ; Œuvres Spirituelles II, 61.

365Souriau, Deux mystiques, 112 ; Boudon, Œuvres II, Migne, 1311.

366Dom Oury, Marie de l’Incarnation, Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, tome LVIII, 1973, pages 280 sq.

367Dom Oury, op. cit., 297-299. - Suivront des procès entre Mme de la Peltrie, aidée par Bernières, et sa famille qui tentait de la faire frapper d’interdiction comme prodigue de son bien.

368Dom Oury, op. cit., 320 ; v. aussi Dict. Spir., vol. 10, col. 490.

369Souriau, op. cit., deuxième partie , chap. II ; et surtout : Annales de ce monastère de Ste Ursule de Caen établi en 1624 […].

370Conférence de L. Cognet, pp. 26-27, dans Catherine de Bar : Documents historiques, op. cit. (dans une note précédente donnant les références essentielles portant sur sa vie puis ses écrits).

371Jean-Marc Vaillant, Mystique et homme d’action, Epiphane Louys, abbé Prémontré d’Etival (1614-1682), Averbode, 2008.

372Fonds Du Chesnay, dossier « Bénédictines du St Sacrement ».

373Ses textes, issus d’un corpus enfin reconstitué, précédés de notre étude, ont été édités en ouverture de la collection « Sources mystiques » aux Editions du Carmel : Jacques Bertot, Directeur Mystique, 2005.

374Jean de Bernières, Œuvres spirituelles, II, « Lettres à l’ami intime » [au nombre de 18, reprises chez Arfuyen, op. cit.]. - Luypaert, op. cit., p. 27 note 2 : « Monsieur Bertot … l’ami intime de B. et l’un de ses commensaux à l’Ermitage ».

375Œuvres spirituelles, II, « Voie illuminative », lettre 30 (1652).

376Souriau, Deux mystiques…, chap. VIII, « Monseigneur de Laval premier évêque de Québec ».

377Souriau, ibid., 376.

378Souriau, ibid., 92 ; Boudon, Œuvres I, Migne, 77.

379Souriau, 119.

380Annales des Ursulines de Caen citées par Charles du Chesnay, « La mort de M. de Bernières à Caen et l’arrivée de Mgr de Laval à Québec au printemps de 1659 », Notre Vie [revue eudiste], 1959.

381Ibid., 271, citant une lettre de Catherine de Bar.

382Œuvres spirituelles, II, 469-470 (Lettre du 11 novembre 1654).

383Chrétien Intérieur, VII, 2.

384Œuvres spirituelles, II, 244 & 245-246 (Lettre du 20 octobre 1654).

385Chrétien Intérieur, VII, 5.

386Ibid., VII, 5.

387Ibid., VII, 6.

388Chrétien Intérieur, VII, 5.

389Jean de Bernières, Œuvres spirituelles, II, « Lettres à l’ami intime » [au nombre de 18, reprises chez l’éditeur Arfuyen, op. cit.] Nous pensons pouvoir identifier leur destinataire non cité avec Bertot, grâce à quelques indices tels que celui-ci : « Je connais aussi que vous êtes encore utile et nécessaire aux B[énédictines] et à M[ontmartre] (lettre 3.43, n° 17 dans l’édition chronologique chez Arfuyen). Les indices sont ténus par suite du nettoyage éditorial auquel n’échappent que des éléments fondus dans le texte tels que la prêtrise de Bertot, son éloignement à Paris, l’envoi d’un écrit. « L’ami intime » pourrait éventuellement couvrir des destinataires (dont Renty ?).

390« Lettres à l’Ami intime » n°18.

391Chap. 13 du 3e livre du Chrétien intérieur (selon l’édition reproduite ici qui en comporte huit).

392Bremond, Sentiment religieux, VII, 321 sq.

393Cette liste débute le grand mouvement mystique de la quiétude qui couvrira deux siècles et qui suscitera la suspicion des pouvoirs politique et ecclésiastique (voir Bremond, tome XI, Le procès des mystiques, deuxième partie, « De la quiétude »). Il y aura de fait condamnation de quelques figures connues, mais peu lues par des juges indisponibles ou soumis à la pression politique de Louis XIV, le « Roi Très Chrétien » : elles incluent Bernières (post-mortem en 1687), puis Mme Guyon et Fénelon en 1699 (le pape adressera par compensation une lettre bienveillante à ce dernier).

394La Vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle, Anthologie de leurs écrits, op. cit., consacre un chapitre à chacun d’entre eux.

395Copie dite « manuscrit de Québec » qui traversa l’Atlantique deux fois : vers l’Amérique au XVIIe siècle sur un bateau en bois, car il fut confié à François de Montmorency-Laval, ce qui indique toute l’importance accordée par les « Canadiens » à l’humble servante ; de retour en France sur un bateau en fer au XIXe siècle… Il sera prochainement publié.

396Ecrits abondants. Bon choix dans le Lectionnaire propre à la congrégation de Jésus et Marie édité à Paris, 1977.

397Belle Correspondance éditée par R. Triboulet, Desclée de Brouwer, 1978.

398Dont L’homme intérieur ou la vie du Vénérable Père Jean Chrysostome, [par Boudon], Paris, 1684.

399Un premier tableau général de l’école du Pur Amour ou de la quiétude présente une constellation de figures mystiques assemblées autour de Bernières : GENERATIONS AUTOUR DE JEAN DE BERNIERES. Il est placé en fin de volume (modifié à partir de : Jacques Bertot Directeur Mystique, Ed. du Carmel, 2005, 554-555).

400D. Tronc, Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon, op. cit. – Voir nos présentations approfondies dans : Madame Guyon, Oeuvres mystiques, Honoré Champion, Coll. « Sources Classiques », 2008.

401Nous avons relevé des indices précis sur ses liens avec le cercle normand comme avec la mouvance franciscaine : outre sa direction par M. Bertot disciple direct de Bernières, elle fut ouverte à la vie intérieure par “le bon franciscain” Enguerrand, lui-même en relation avec Jean Aumont (c’est une deuxième « chaîne » reliant Mme Guyon à Bernières) ; présence d’un remarquable mémoire sur Marie des Vallées dans le Directeur mistique (1726) accompagnant les écrits de Bertot préparés par elle, édités par Poiret ; appréciation de la “sainte” Mère du Saint-Sacrement. - Pour la seule mouvance franciscaine : elle cite fréquemment un contemporain capucin récent, “l’auteur du Jour mystique”, Pierre de Poitiers ; autorité de la Reigle de Benoît de Canfield ; chaîne de transmission des papiers de Bertot déposés au couvent de Nazareth incluant le Père Paulin d’Aumale du Tiers Ordre Régulier ; etc.

402Lettre au Baron de Metternich, Correspondance I Directions spirituelles, pièce 425. – Madame Guyon s’appuie par contre sur une autorité du début du siècle jamais mise en cause, celle du grand carme mystique aveugle Jean de Saint-Samson (1571-1636).

403Lettre au duc de Chevreuse du 16 mars 1693 (Madame Guyon, Correspondance II Années de Combat, Paris, Champion, 2003, pièce 35, 103).

404Editions et études par Orcibal, Le Brun, Noye (pour Fénelon), Olphe-Galliard et successeurs (pour Caussade). L’œuvre de Mme Guyon est maintenant éditée par Mme Gondal chez Millon, Grenoble ; par nous-même chez Champion et Arfuyen, Paris ; l’essentiel est présenté dans Madame Guyon, Oeuvres mystiques, Champion, 2008, 1-796.

405On relève par ailleurs d’autres associations entre bénédictins et capucins qui se produisent au cours du même siècle : la réforme de Montmartre aidée par Canfield, l’influence du capucin Constantin de Barbanson sur dom Augustin Baker en sont des exemples illustres.

406En témoignent les études d’Eulogio Pacho et de Jacques Le Brun dans le Dict. Spir., art. « Quiétisme », t. XII, col. 2756-2842, un « article » fort long équivalent à un volume. – En témoigne notre relevé des assemblages rarement innocents de fragments textuels parfois largement séparés dans le Moyen court de Mme Guyon, issus de l’ Ordonnance « contre les erreurs du quiétisme » de Noailles, évêque de Châlons, bientôt promu archevêque de Paris.

407Madame Guyon Correspondance, II, Années de combat, 2004, pièce 504, 815-816 ; notre étude, « Une filiation mystique… », XVIIe siècle, Janvier-mars 2003, 95-116.

408 Lettre au duc de Chevreuse du 11 septembre 1694.

409Eléments distribués dans notre édition des œuvres de Mme Guyon chez Champion : Vie par elle-même…, Correspondance structurée en trois volumes, Oeuvres mystiques, enfin : Les années d’épreuves (ce dernier volume structure chronologiquement les témoignages de prisons, les interrogatoires). Il manque encore une étude d’ensemble du milieu et de son devenir, dont la présente section préliminaire propose des pistes de recherches.

410J.P. de Caussade, Traité…, coll. Christus, 1979, Introduction par M. Olphe-Galliard, 38. – v. du même M. Olphe-Galliard, La Théologie mystique en France au XVIIe siècle, 1983.

411J. Bremond, Le courant mystique au XVIIIe siècle, l’abandon dans les lettres du P. Milley, 1943, p. 183, « A la mère de Siry », 29 juillet 1708 ; v. aussi p. 354.

412L’Abandon à la Providence divine, coll. « Christus », 2005, « Introduction », pp. 15 et 19-20. Dominique Salin, S. J., prend partie dans un long débat en connaissance de cause, s’appuyant sur les travaux d’Olphe-Galliard et de Jacques Le Brun, et doutant de l’attribution « à une dame de Nancy » proposée par J. Gagey.

413Les œuvres de Mme Guyon furent donc éditées deux fois, au début du siècle par le pasteur Pierre Poiret, à la fin du siècle par Dutoit. Sur ce dernier et son milieu, voir J. Chavannes, Jean-Philippe Dutoit, Lausanne,1865, ouvrage toujours utile à compléter par A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911 ; il existe de nombreux manuscrits inexploités en langue allemande au fond d’archives de l’université de Lausanne.

414A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911, 115-118 : « Inventaire et Verbal de la saisie des livres et écrits de M. Dutoit ».

415V. notice dans notre édition de la Vie par elle-même… de Madame Guyon, Champion, 2001, p. 1008.

416M. Chevallier, Pierre Poiret, du Protestantisme à la mystique, Labor et Fides, 1994.

417G. Tersteegen, Traités spirituels, Labor et Fides, 2005, « Préface » par M. Cornuz, 10.

418Notice 33 de son Catalogue, in Ecrits sur la Théologie mystique, publié par M. Chevallier, Millon, 2005, p.152.

419Madame Guyon, Correspondance Tome I Directions Spirituelles, Honoré Champion, 2003 : la notice pp. 679 sq. résume G. D. Henderson, Mystics of the North-East, Aberdeen, 1934 (ouvrage aussi admirable que rare).

420H. Scougal, Life of God in the soul of man, 1677.

421J.Garden, Comparative Theology, 1699.

422Jean Orcibal, Etudes…, « John Wesley et les spiritualités du Continent », Klincksieck, 1997, 527 sq. Wesley devint un disciple mais trop tardivement pour influer profondément sur le Méthodisme.

423G. D. Henderson, Chevalier Ramsay, Aberdeen, Nelson, 1952 (préférable à Cherel, Un aventurier religieux…, Paris, 1926). Ramsay, Les Principes philosophiques de la religion naturelle et révélée…, et Les voyages de Cyrus, Paris, Champion, 2002.

424Dict. Spir., art. « Russie, IV période synodale », t. XIII, col. 1177.

425Maine de Biran, Etre et penser, Neuchâtel, La Baconnière, 1957.

426 Le monde comme volonté et comme représentation, P.U.F., 1956, p. 483 sq.

427Apologie de Fénelon, 1910 ; Histoire du Sentiment Religieux… qui devait s’appeler « Histoire de la mystique » selon E. Goichot, Henri Bremond…, Paris, Ophrys, 1982, p. 70.

428

429Il faudra également tenir compte de rares manuscrits et de ce qui fut publié de Chrysostome de Saint-Lô (dont l’importance, sans commune mesure avec son volume limité, a été soulignée précédemment). Charles du Chesnay a déblayé partiellement la voie. L’analyse de ces apports sera présentée au tome II.

430Pour les traductions et les éditions tardives du XIXe siècle, v. Heurtevent, op. cit., 128-130, et Luypaert, op. cit., p. 21 note 3.

431V. à cette fin le catalogue B.N.F. pour exemple d’une telle liste « sans fin » - Le seul fond des jésuites, anciennement à Chantilly (aujourd’hui à Lyon), comportait plusieurs mètres de Chrétiens en rayons - Nous avons recouru aux accueillantes Archives Saint-Sulpice et bibliothèque franciscaine de Paris, ainsi qu’au Carmel de Clamart (fonds du premier couvent de Paris).

432Table détaillée : Livre I de 3 chapitres suivi du Traité premier de 21 chapitres, Traité second de 18 chapitres, Traité troisième de 18 chapitres, Livre II de 3 chapitres suivi du Traité premier de 20 chapitres, Traité second de 18 chapitres, Traité troisième de 18 chapitres.

433 Table détaillée : Livre I de 3 chapitres […] Traité premier de 20 chapitres, Traité second de 27 chapitres, Livre III de 17 chapitres.

434Table détaillée : Livre I Où il est traité… de 16 chapitres, II de 16 chapitres, III de 18 chapitres, IV de 7 chapitres, V de 11 chapitres, VI de 21 chapitres, VII de 7 chapitres.

435Père Jean-Chrysostome de St Lô qui mourra le 26 mars.

436Ces maximes pourraient bien être à l’origine des notes intimes de Bernières que l’éditeur a appelé « Maximes » Les billets retrouvés et édités seraient donc les notes prises par Bernières après ses entretiens avec le Père Jean-Chrysostome. Il y a tout lieu de le penser quand on lit la suite.

437Cf. Ruusbroec (1293-1381) De la Pierre brillante, deuxième partie, Vivre dans les vertus et mourir au-dessus des vertus, traduction de Max de Longchamp p. 28-29 : « Et en ce mourir, nous voilà fils cachés de Dieu, et nous percevons en nous une nouvelle vie, et c'est une vie éternelle. Et de ces fils, saint Paul dit : "Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ." Maintenant, comprends comment cela se passe. Tant que nous avançons vers Dieu, il nous faut nous présenter à lui et lui présenter toutes nos œuvres comme une éternelle offrande ; mais en sa présence, nous nous laisserons nous-mêmes ainsi que toutes nos œuvres, et mourant en amour, nous dépasserons toute condition créée, jusqu'en la richesse suressentielle de Dieu : là, nous le posséderons en une mort éternelle à nous-mêmes. Et c'est pourquoi l'Esprit de Dieu dit dans le livre du Secret que "bienheureux sont les morts qui meurent dans le Seigneur " ; c'est à bon droit qu'il les nomme "bienheureux morts", car ils demeurent éternellement morts, abîmés en l'unité fruitive de Dieu, et continuellement ils meurent en amour de par l'attraction qu'exerce la transformation de cette même unité. L'Esprit de Dieu dit en outre : "ils se reposeront de leurs travaux et leurs œuvres les suivront". Dans les modes, là où nous sommes engendrés par Dieu en une vie spirituelle vertueuse, nous présentons nos œuvres comme une offrande à Dieu ; mais dans le non-mode, là où de nouveau nous sommes morts en une vie éternelle bienheureuse, nos œuvres bonnes nous suivent, car elles sont une même vie avec nous. Dans notre avancée vertueuse vers Dieu, Dieu demeure donc en nous ; mais dans le dépassement de nous-mêmes et de toute chose, c'est nous qui demeurons en Dieu. »

438Le presbytère de la paroisse possède un reliquaire de cuivre dans lequel ont été recueillies après le bombardement de 1944, les restes des cendres de Jean de Bernières, de Jourdaine, sa sœur et de Jean de Bernières de Gavrus, un neveu membre de l’Ermitage.

439H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux, op.cit. VI, p. 233.

440Ces textes se détachent par l’usage d’italiques afin de faciliter un double usage du présent volume : une lecture à fin érudite et/ou une lecture à fin spirituelle de l’anthologie à plusieurs voix constituée par les écrits de Jean de Bernières cités dans les contributions.

441Jean de Bernières, Œuvres mystiques I L’intérieur Chrétien suivi du Chrétien Intérieur et des Pensées, Edité avec une étude sur l’auteur et son école par Dominique Tronc, collection « Sources mystiques », Editions du Carmel, 2011 : l’ « Etude » des pages 11 à 48 est complétée par les « Annexes » des pages 501 à 507 (« Générations autour de Jean de Bernières » en deux tableaux ; « Description des éditions anciennes »).

442A fin de rendre le présent volume collectif relativement « complet » pouvant être utilisé lors d’une reprise du « dossier Bernières » qui permettrait de répondre à des thèmes tels que ceux suggérés en tête de volume (« Redécouvrir Jean de Bernières »). Ce volume collectif atteindra en effet un lectorat distinct de celui visé par la collection « Sources mystiques ».

443Henri-Jean Martin, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle, Droz, 2 tomes, 1969, 1999, p. 785,  citant Souriau, 247sv.

444Seule réédition récente partielle : Jean de Bernières, Le Chrétien intérieur, textes choisis [il s’agit du Livre VII] suivis des Lettres à l’Ami intime, Arfuyen, 2009.

445La famille Helyot est remarquable : Marie Hélyot (1644-1682) et Claude Hélyot (1628-1686) constituent un couple mystique dont le P. Crasset nous livre le témoignage.

446Henri-Jean Martin, op.cit., 951.

447Rappelons les principaux travaux disponibles sur Bernières : Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 (& 1923 sous un autre titre : Le mysticisme en Normandie au XVIIe siècle) ; R. Heurtevent, L’œuvre Spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, 1938 [cet ouvrage étudie soigneusement l’environnement et présente les amis de Bernières] ; L. Luypaert, « La doctrine spirituelle de Bernières et le Quiétisme », large contribution parue dans la Revue d’Histoire Ecclésiastique, 1940, pp. 19-130 [complémente Heurtevent qui négligea les lettres] ; signalons le grand travail des années 1950-1960 accompli par le père Charles du Chesnay [malheureusement inachevé par suite d’une mort précoce, préservé aux Archives Eudistes].

448Voir Souriau, qui lui consacre son chap. II, et les Annales du couvent. Ces dernières qui apparaîtront trop peu dans cette communication sont essentielles et restent à transcrire. Reproduction numérisée par nos soins disponible.

449Anna-Maria Valli, Tesi [sur Bernières, travail important récent qui reste à publier], cap.VII, n.82, cite P. Lefèvre, L'œuvre du père Louis François d'Argentan, capucin [1615-1680].

450Contrairement à l’opinion de l’érudit Ubald d’Alençon qui défend un confrère : « Nous ne savons pas bien la part de chacun… », Heurtevent, 163, termine ainsi son Chap. IX « La critique de l’œuvre » : « Où commence d'Argentan ? où finit Bernières? Le premier a tellement voulu agrandir et embellir l'appartement du second qu'il l'a transformé au point qu'il est délicat d'en vouloir retrouver présentement les cloisons et la superficie primitive. » - Nous pensons qu’il est toutefois possible d’opérer une sélection, par exemple en préservant avant tout les livres III et VII [récemment réédité] du Chrétien en VIII livres : ils tranchent si nettement sur les autres !

451Les exercices du chrétien intérieur, où sont enseignées les pratiques pour conformer en toutes choses notre intérieur avec celui de JC et vivre de sa vie, par le R.P.Louis François d’Argentan, capucin, 2 t. in-12, I & II, Paris. (Réf. de citation entre crochets).

452Ordre assez proche des franciscains, il s’illustre au Grand siècle par la qualité intellectuelle de certains de ses membres : en témoigne la figure de Mersenne.

453Il ne faut pas exclure une redécouverte majeure, selon l’opinion du P. André Derville, S.J., responsable de l’achèvement du Dict. Spir. Mais elle ne peut être que le fruit d’un heureux hasard.

454Huet, Origines de Caen, 372. (Souriau, 123).

455Lettre de Huet (Souriau, 248). Citation complète : Heurtevent, 162.

456Parution prochaine de : Jean de Bernières, Œuvres mystiques II Correspondance, avec une étude par le P. Eric de Reviers o.s.b., collection « Sources mystiques », Editions du Centre Jean de la Croix. Le corpus de tous les écrits attribués à Jean sera ainsi rendu disponible en deux volumes : Œuvres mystiques I & II.

457Henri-Jean Martin, op.cit., chapitre III de la deuxième section de la deuxième partie, « L’industrie parisienne du livre », 362sv.

458Jean de Bernières, Œuvres mystiques I L’intérieur Chrétien suivi du Chrétien Intérieur et des Pensées, op.cit., Annexe II.

459On passe de ~170 000 caractères (évaluation brute, espaces compris) pour (1) L’Intérieur Chrétien de 1659 signé Charpy « assisté » très probablement par d’Argentan, à ~770 000 pour (2) Le Chrétien Intérieur « primitif » en huit livres (1660) signé « Un Solitaire » qui n’est autre que d’Argentan, enfin à ~1 200 000 pour (3) Le Chrétien Intérieur « tardif » en deux tomes et dix livres de 1676 signé nommément par d’Argentan.

460Pages (non numérotées) 9-10 de l’« Avertissement » au Chrétien intérieur « tardif », édité en deux tomes & dix livres (dans une éd. de 1687).

461Ibid., 16e & 19e page de l’ « Avertissement ».

462Luypaert, op.cit., p.51, émet toutefois un doute sur les Maximes.

463Luypaert, op.cit., p.37 (en supposant que le même fonds est utilisé pour les Chrétiens ou pour les Œuvres « on néglige … 523 pages de lettres ») et p. 39 (L. n’a trouvé aucune lettre postérieure à 1648 dans le Chrétien en deux livres).

464Nous en avons retrouvé certaines. Heurtevent enseignait à l’Institut Catholique, piste qui reste à explorer, outre le fonds des sœurs bénédictines de Rouen qui nous fut généreusement partagé au début de notre intérêt pour Bernières.

465A côté de la branche des Bénédictines du Saint-Sacrement, Ordre fondé par Catherine / Mectilde ; de l’Eglise canadienne marquée par Mgr de Laval et Marie de l’Incarnation… Nous y revenons en IIIe partie.

466Tout travail approfondi sur Bernières devra, outre la connaissance de Souriau, Heurtevent, Luypaert, consulter aux Archives Eudistes les notes fort bien rédigées de Charles du Chesnay qui préparait ‘une thèse’ sur Bernières. Elle eut couronné son œuvre érudite (dont Les missions de saint Jean Eudes) avant que la mort ne l’emporte trop tôt : restent, entre autres documents, douze dossiers abordant la chronologie, la correspondance avec la mère Mectilde, avec Boudon, le mémoire de Huet, des exploitations des registres du « bureau des pauvres » à Caen, la famille de Bernières, Bernières Trésorier, B. et le Canada, B. et la Compagnie du Saint-Sacrement, B. et son directeur Chrysostome, etc. Un gros travail de relevés de documents en Cotentin (Valognes) et Basse Normandie fut accompli avant destructions. – Détails du dossier « Influences » (c’est le sujet de la présente contribution) : sur son neveu Henri de B., Gavrus, Marguerite-Marie Alacoque, les bénédictines de Montmartre et Charlotte le Sergent (elle dirige B. !), Bertot, lettres reçues du P. Chrysostome ( v. dossier numérisé « fonds du Chesnay (2) dans notre base de données, à disposition après accord des Archives Eudistes).

467Histoire générale et particulière du Tiers Ordre de saint François d'Assize Tome Second. Les Vies des Personnes Illustres qui ont fleury dans les siècles XV, XVI et XVII, 1667, Chapitre « Autres illustres Tertiaires », p. 587. - Jean de Bernières succède, dans une brève liste qui traverse les siècles et les pays, à : 1. B. Angéline de Corbare, 2. Grégoire IX, 3. Jean aumônier de Clément V, 4. Cal Gaspar Borgia (“sainteté de son exemple”), 5. Cal Gabriel de Treio, 6. l’Abbé Olier [le fondateur de Saint-Sulpice]. Il est donc particulièrement mis à l’honneur en compagnie des prélats ! J.-M. de Vernon est un auteur assez sûr qui n’a pas tendance à annexer le tout-venant.

468Luypaert, op.cit., en a a déjà l’intuition, p.29 note 1 : « La couleur « capucine » de ce groupe pourrait suggérer une hypothèse de recherches pour la filiation… »

469Extrait d’un dossier établi par Charles du Chesnay : « Bernières et son directeur Chrysostome », voir note ci-dessus consacrée à du Chesnay.

470Du Chesnay indique un texte parallèle dans Oeuvres spirituelles, II, p.13 et 16, lettre du 15.8.1643.



471Bernières, Œuvres Spirituelles II, 282 (lettre du 15 février 1647 probablement adressée à Mectilde de Bar, la Mère du Saint-Sacrement).

472Boudon, L’homme intérieur ou vie du vénérable Père Jean-Chrysostome, p. 339 sq.

473Bernières probablement, peut-être Renty, saint Jean Eudes utilisant la première personne, comme l’indique la suite : « 3. Elle m’a dit… »

474Le Directeur mystique ou les œuvres spirituelles de Monsr. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Made Guion…, 4 vol., A Cologne [Amsterdam], 1726 : les « Conseils d’une grande servante de Dieu » figurent en annexe à la fin du vol. II, 407-430. L’ouvrage est consacré à Jacques Bertot à l’exception de ces Conseils, de 21 lettres de Maur de l’Enfant-Jésus et de 21 lettres de Mme Guyon, ce qui souligne l’importance exceptionnelle de Marie des Vallées aux yeux des successeurs du cercle mystique normand.

475[Jean Eudes], Manuscrit de Québec, Livre VIII, chapitre 8.

476Lettres, éd. de 1681, préface de Dom Claude Martin, cité par Dom Oury, Marie de l’Incarnation, 1973, 311.

477Dom Claude Martin, La Vie de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, 1677 (Solesmes 1981), 753.

478« Sixième état d’oraison …Années 1625 et 1626 », p.35, & « Dixième état d’oraison (1639) », p.39 de l’introduction par P. Renaudin à Marie de l’Incarnation ursuline, Aubier, 1942.

479Bremond, Sentiment religieux…, II, 467-484. « Bernières-Louvigny fut un des disciples de Charlotte », 480.

480Mère de Blémur, Abrégé de la vie de la V. M. Charlotte le Sergent…, 138, 146 (relevés par du Chesnay).

481Souriau, Deux mystiques, 112 ; Boudon, Œuvres II, Migne, 1311.

482Dom Oury, Marie de l’Incarnation, Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, tome LVIII, 1973, pages 280 sv.

483Dom Oury, op.cit., 297-299. - Suivront des procès entre Mme de la Peltrie, aidée par Bernières, et sa famille qui tentait de la faire frapper d’interdiction comme prodigue de son bien parce qu’elle avait un peu trop rapidement réglé ses affaires françaises.

484Dom Oury, op. cit., 320 ; v. aussi Dict. Spir., vol. 10, col. 490.

485Souriau, Deux mystiques, Deuxième partie , chap. II ; et Annales de ce monastère de Ste Ursule de Caen établi en 1624… qui mériteraient d’être éditées.

486Souriau, 196.

487Bernières, Chrétien Intérieur, 565.

488Bernières, Œuvres Spirituelles, II, 122.

489Dossier par du Chesnay, « Bernières Trésorier de France à Caen (1631-1653) », Archives Eudistes.

490Œuvres de Boudon II, 1313. 

491Souriau, 115 ; Chrétien Intérieur, 380.

492Souriau, 93 ; Œuvres Spirituelles II, 61.

493Œuvres spirituelles, II, 469-470 ( Lettre du 11 novembre 1654 ).

494Chrétien Intérieur, VII, 2.

495Œuvres spirituelles., II, 244 & 245-246 (Lettre du 20 octobre 1654).

496Chrétien Intérieur, VII, 5.

497Chrétien Intérieur, VII, 6.

498Chrétien Intérieur, VII, 5.

499Jean de Bernières, Œuvres spirituelles, II, « Lettres à l’ami intime » [au nombre de 18, reprises chez l’éditeur Arfuyen, op.cit.] Nous pensons pouvoir identifier leur destinataire non cité avec Bertot, grâce à quelques indices tels que : « Je connais aussi que vous êtes encore utile et nécessaire aux B[énédictines] et à M[ontmartre] (lettre 43). Les indices sont ténus par suite du nettoyage éditorial auquel n’échappent que des éléments fondus dans le texte tels que la prêtrise de Bertot, son éloignement à Paris, l’envoi d’un écrit.

500Lettre à l’Ami intime n°18.

501Chapitre 13 du 3e livre du Chrétien intérieur en huit livres.

502Conférence de L. Cognet, pp. 26-27, dans Catherine [Mectilde] de Bar : Documents historiques, op. cit. à la notre suivante.

503Fonds Du Chesnay, dossier « Bénédictines du St Sacrement ».

504 Ses textes, issus d’un corpus reconstitué, précédé d’une étude, ont été édités en ouverture de la collection « Sources mystiques » aux Editions du Carmel : Jacques Bertot, Directeur Mystique, 2005.

505Jean de Bernières, Œuvres spirituelles, II, « Lettres à l’ami intime » [au nombre de 18, reprises chez Arfuyen, op.cit.]. - v. Luypaert, op.cit., p. 27 note 2 : « Monsieur Bertot … l’ami intime de B. et l’un de ses commensaux à l’ermitage ».

506Œuvres spirituelles, II, « Voie illuminative », lettre 30 (1652).

507Souriau, Deux mystiques…, chapitre VIII « Monseigneur de Laval premier évêque de Québec » ; Surtout contribution dans le présent collectif : « Un disciple méconnu de Jean de Bernières : le bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec (1623-1708). »

508Souriau, Deux mystiques…, op.cit., 92 ; Boudon, Œuvres I, Migne, 77.

509 Jean Aumont est l’auteur du remarquable ouvrage : L’ouverture intérieure du Royaume de l’Agneau occis dans nos cœurs avec le total assujetissement de l’âme à son divin empire … par un pauvre Villageois, sans autre science ny estude que celle de Jésus crucifié, Paris, Billaine, 1660. – Le « pauvre Villageois » n’était pas sans culture ni profondeur.

510Souriau, Deux mystiques…, op.cit., 119.

511Annales des Ursulines de Caen citées par Charles du Chesnay, « La mort de M. de Bernières à Caen et l’arrivée de Mgr de Laval à Québec au printemps de 1659 », Notre Vie [revue Eudiste], 1959.

512Ibid., 271, citant une lettre de Mectilde du Saint-Sacrement.

513Liens avec le cercle normand comme avec la mouvance franciscaine : ouverture à la vie intérieure par “le bon franciscain” Enguerrand, lui-même en relation avec Jean Aumont (c’est une deuxième « chaîne » reliant Mme Guyon à Bernières) ; présence d’un remarquable mémoire sur Marie des Vallées dans le Directeur mistique (1726) accompagnant les écrits de Bertot préparés par elle, édités par Poiret ; appréciation de la “sainte” Mère du Saint-Sacrement. - Pour la seule mouvance franciscaine : très nombreuses citations d’un contemporain capucin récent, “l’auteur du Jour mystique” Pierre de Poitiers ; autorité de la Reigle de Benoît de Canfield ; chaîne de transmission des papiers de Bertot déposés au couvent de Nazareth incluant le père Paulin d’Aumale du Tiers Ordre Régulier ; etc.

514Sinon indirectement, s’adressant à un étranger : « Je vous envoie une lettre d’un grand serviteur de Dieu [Bertot], qui est mort il y a plusieurs années : il était ami de monsieur de Bernières, et il a été mon directeur dans ma jeunesse. » (Lettre au Baron de Metternich, Correspondance I Directions spirituelles, pièce 425). – Mme Guyon s’appuie par contre sur une autorité du début du siècle jamais mise en cause, celle du grand carme mystique aveugle Jean de Saint-Samson (1571-1636).

515Lettre au duc de Chevreuse du 10 janvier 1693 (Mme Guyon, Correspondance II Années de Combat, Paris, Champion, 2003, pièce 22, 85).

516Lettre au duc de Chevreuse du 16 mars 1693 (Mme Guyon, Correspondance II Années de Combat, Paris, Champion, 2003, pièce 35, 103).

517L’œuvre de Mme Guyon est maintenant éditée (Mme Gondal chez Millon, Grenoble ; nous-même chez Champion et Arfuyen, Paris : l’essentiel est présenté dans Mme Guyon, Oeuvres mystiques, Champion, 2008, 1-796).

518On relève par ailleurs d’autres associations entre bénédictins et capucins au cours du même siècle : la réforme de Montmartre aidée par Canfield, l’influence du capucin Constantin de Barbanson sur Dom Augustin Baker…

519D.Tronc, “Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon”, op.cit. – Voir nos présentations approfondies dans : Mme Guyon, Oeuvres mystiques, Honoré Champion, Coll. « Sources Classiques », 2008.

520Les études de Pacho et de J. Le Brun parues dans le tome XII du Dictionnaire de Spiritualité, art. « Quiétisme », col. 2756-2842, forment l’équivalent d’un plein volume et règlent le compte de ces usages abusifs du mot « quiétisme ».

521Mme Guyon Correspondance, II, Années de combat, 2004, pièce 504, 815-816 ; notre étude, « Une filiation mystique… », XVIIe siècle, Janvier-mars 2003, 95-116.

522 Antoine le Clerc, sieur de la Forest, fut le conseiller de jeunesse de Chrysostome de Saint-Lô et l’orienta vers l’entrée dans le Tiers Ordre Régulier. Notre « bon Pèrère Chrysostome » rapporte : « Un autre serviteur de Dieu [il s’agit d’Antoine : par recoupement avec l’Histoire générale et particulière du tiers ordre…, 1667, Tome second, « La vie des personnes illustres qui ont fleuri dans les siècles quinze seize et dix-sept », 527-544] a été conduit à une très haute perfection par les vues pensées de l’Eternité. Il était de maison et façonné aux armes. Voici que environ à l’âge de vingt-trois ans, comme il banquetait avec ses camarades mondains, il entrouvrit un livre, où lisant le seul mot d’Eternité, il fut si fort pénétré d’une forte pensée de la chose qu’il tomba par terre comme évanoui, et y demeura six heures en cet état couché sur un lit, sans dire son secret… » [Jean-Chrysostome de Saint-Lô], Traités spirituels et méditatifs (1651), « Traité premier, Le Temps, la mort et l’éternité ». – Nous ne pouvons ici évoquer plus longuement cette figure vigoureuse.

523 Lettre au duc de Chevreuse du 11 septembre 1694.

524J. Chavannes, Jean-Philippe Dutoit, Lausanne,1865 (ouvrage toujours utile qui couvre également l’environnement de Dutoit), à compléter par A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911 ; manuscrits inexploités du fond d’archive de l’université de Lausanne.

525A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911, 36.

526A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, op.cit. : « Inventaire et Verbal de la saisie des livres et écrits de M. Dutoit », 115-118.

527V. la notice dans notre édition de la Vie par elle-même… de Mme Guyon, Champion, 2001, p. 1008.

528Objet d’une description critique par Karl Philipp Moritz dans son roman autobiographique Anton Reiser (datant de la fin du XVIIIe siècle). En contraste avec l’atmosphère mortifère du cercle piétiste rigoriste du vieux châtelain, les lectures de Fénelon et de Mme Guyon apportent ouverture et paix à l’adolescent.

529M. Chevallier, Pierre Poiret, du Protestantisme à la mystique, Labor et Fides, 1994. – Poiret apprécie les écrits de Bernières (notice 33 de son Catalogue, in Ecrits sur la Théologie mystique, Millon, 2005, entre les notices 32. S. François d’Assise et 34. Suso).

530Cf. G. Tersteegen, Traités spirituels, Labor et Fides, 2005, « Préface » par M. Cornuz, 10.

531Mme Guyon, Correspondance Tome I Directions Spirituelles, Honoré Champion, 2003, 679 sq.

532G. D. Henderson, Mystics of the North-East, Aberdeen, 1934, ouvrage aussi admirable que dificile à se procurer. Nous contacter.

533Celle entreprise contre Cromwell sera suivi de révoltes contre la domination par l’Angleterre. Ainsi l’Union de 1707 fut suivie d’un soulèvement inefficace en 1715 en faveur du prétendant catholique James VIII (the Old Pretender), qui s’enfuira finalement à Rome. Il n’y eut pas alors de lourdes sanctions - mais ce sera le cas lors du second soulèvement de 1745 en faveur de son fils (the Young Pretender). Certains disciples guyoniens prendront part aux deux soulèvements.

534Scougal, Life of God in the soul of man, 1677, Christian Heritage, 1996.

535Henderson, op. cit., « Correspondance between James Cunningham of Bairns and Dr. Georges Garden”, 211 (en anglais que nous traduisons ici). - On est à l’époque où de jeunes réfugiés cévenols entreprennent ce que nous serions tenté de nommer une « tournée publicitaire » en Ecosse dont certains aspects tumultueux provoquent la demande de conseils de la part du correpondant.

536Henderson, op.cit., 61.

537Bonne présentation par Emile G. Léonard, Histoire générale du Protestantisme, t. III, 105-116.

538J. Orcibal, « Les spirituels français et espagnols chez John Wesley et ses contemporains », Etudes…, op. cit., 220.

539J. Orcibal, Etudes…, 551-552 (et v. la suite, sur les affinités avec Mme Guyon et sa “voie de foi”, 553-554.)

540J. Orcibal, Etudes…, 542.

541Ibid., 201.

542247. Colman Diaries, XVI, p. 118. En outre John HAMPSON (Memories of the late Rev. J. Wesley, Sunderland, 1791, t. III, p. 24) affirme qu'à Oxford « he was a profound student in Madam Guion and W. Law nearly Split»]

543Ibid., 204. En note : Journal, t. V, pp. 382-383.

544Ibid., 205-206.

545 Ibid., 254 bis. Noter que Ralph Mather donnait en novembre 1775 à Brooke une liste de gens disposés à subir l'influence du Moyen Court que son correspondant venait de traduire : la plupart étaient des méthodistes de Bristol.

546Ibid., 534.

547Ibid., 535.

548J. Orcibal, Etudes…, 202 dont la n. 242.

549J. Orcibal, Etudes…, 532.

550 J. Orcibal, Etudes…, n. 254 : A Tour through Holland, Flanders and part of France, 2e éd., Leeds, 1777, pp. 39, 91-95. La première édition porte la date du 25 juin 1773. A cette époque on voit d'ailleurs se multiplier les preuves du renouveau guyonien. En 1755 parut (à Bristol également) The worship of God in spirit and in truth. Short and easy method of prayer : deux lettres sur le même sujet adressées par Mme Guyon à des Londoniens (Mr. B. et Mrs. T.) y sont jointes. La même année Th. D. BROOKE (cf. supra, n. 160 et infra, n. 260) publia à Dublin The exemplary life of the pious lady Guion to which is added a new translation of her Short and easy method of prayer. […] D. LI. GILBERT et R. POPE, The Cowper translation of Mme Guyon's poems, P. M. I. A., décembre 1939, t. 54, pp. 1077-1098; L. HARTLEY, Cowper and Mme Guyon, Additional notes, ibid., juin 1941, t. 56, pp. 585-587.

551J. Orcibal, Etudes…, 202. - Cite R. M. Jones (The later periods of Quakerism, Londres, 1921, t. I, pp. xxv, 57, 58, 73, 75, 83, 87-89, 238, t. II, p. 813) et insiste sur le rôle que jouèrent après Martin, les ouvrages de Gough et surtout A Guide to true Peace (Stockton, 1813) où W. Backhouse et J. Janson groupèrent des extraits de Fénelon, de Mme Guyon et de Molinos.

552J. Orcibal, « L’originalité théologique de John Wesley et les spiritualités du continent », Etudes…, op. cit., 527-559. - Et citation page 530 : « Dans son Treatise on Christian perfection (1726) et dans le Serious Call to a holy Life (1728), il enseigne avec une logique pressante que Dieu doit être le seul objet des actions humaines. […] Il annota aussi avec grand soin les livres « du grand Fénelon et de l'illuminée Mme Guyon », dont il approuvait les idées sur l'Amour pur, mais il leur préférait Tauler et la Théologie germanique où il trouvait plus de vigueur philosophique.: ces tendances firent de lui après 1737 le disciple de plus en plus exclusif de J. Boehme. En revanche, il fut toujours sévère pour Antoinette Bourignon et pour Marsay. »

553J. Orcibal, Etudes…, 202, note 244 : « Sa bibliothèque [de Law], conservée à King's Cliffe, renferme encore des exemplaires des Discours chrétiens et spirituels (1716, 2 vol.) et du Moyen Court (5e éd., « The Gift of Mr. H[eylin?], August 10th, 1722 »), […] A noter que le fils de lord Pitsligo était en 1741 en correspondance avec lui (Henderson, op. cit., 44-46) et que son disciple Langcake faisait vers octobre 1782 de grands éloges de Mme Guyon.

554Eléments distribués dans notre édition des œuvres de Mme Guyon chez Champion : Vie par elle-même…, Correspondance structurée en trois volumes, Oeuvres mystiques, enfin : Les années d’épreuves

555J.P. de Caussade, Traité…, coll. Christus, 1979, Introduction par M. Olphe-Galliard, 38. – v. du même M. Olphe-Galliard, La Théologie mystique en France au XVIIe siècle, 1983.

556J. Bremond, Le courant mystique au XVIIIe siècle, l’abandon dans les lettres du P. Milley, 1943, p. 183, « A la mère de Siry », 29 juillet 1708 ; v. aussi p. 354.

557L’Abandon à la Providence divine, coll. « Christus », 2005, « Introduction », pp. 15 et 19. Dominique Salin, S. J., prend partie dans un long débat en connaissance de cause, s’appuyant sur les travaux d’Olphe-Galliard et de Jacques Le Brun, et doutant de l’attribution « à une dame de Nancy » proposée par J. Gagey.

558L’abandon de la Providence divine, ouvrage posthume du P. J.-P. De Caussade…, par le P. H. Ramière : recommandation de l’évêque du Puy en 1867, permis d’imprimer en 1879.

559L’Abandon à la Providence divine, « Introduction » de D. Salin, op.cit., 19-20.

560 Dominique Tronc, Filiations mystiques du Pur Amour, Du franciscain Chrysostome de Saint-Lô aux disciples de Mme Guyon, 1590 à 1837, monographie en préparation à l’intention de la collection « Mystica » des Editions Honoré Champion.

561Apologie de Fénelon, 1910 ; Histoire du Sentiment Religieux… qui devait s’appeler Histoire de la mystique, selon Goichot.

562Dont la plus grande part nous conte les « aventures » de Mme Guyon.

563Editions et études par Orcibal, Le Brun, Noye (Fénelon), Olphe-Galliard (Caussade), Madame Gondal et nous-même (Guyon).

564Luypaert, op.cit., p. 52sq. sur la « Méthode », suggère l’intérêt d’une mise en ordre chronologique tout en attirant l’attention sur des niveaux qui peuvent être différents selon les destinataires mais rédigés à une même époque.

565Julien Green, Oeuvres complètes, IV, Pléiade, 20, journal rédigé à la lecture d’Emile Dermenghem, La vie admirable et les révélations de Marie des Vallées d'après des textes inédits, Paris, 1926.

566Lettre au duc de Chevreuse du 16 mars 1693 (Madame Guyon, Correspondance II Années de Combat, Paris, Champion, 2003, pièce 35, 103).

567J.-J. Surin, Correspondance, Desclée de B., 1966. Dans ses précieuses notices, M. de Certeau décrit comment Surin tente une approche humaine au milieu du théâtre fou de Loudun - et ce qui s’ensuivit. L’analyse comparée de deux figures si différentes (homme-femme ; intellectuel-servante), malades de la folie de leur époque, devrait permettre de trier le grain spirituel de l’ivraie d’origine psychologique.

568Le Directeur mystique ou les œuvres spirituelles de Monsr. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Made Guion…, 4 vol., A Cologne [Amsterdam], 1726 : les « Conseils d’une grande servante de Dieu » figurent en annexe du vol. II., 407-430.

569« Où est votre cœur ? - Je n’en sais rien, dit-elle, et je ne sais pas même si j’en ai un - Je m’en vais vous le faire voir … Voilà votre cœur - Non, dit-elle, ce n’est point le mien, c’est le vôtre. » A rapprocher du dialogue soufi : « Le croyant n’a plus d’âme, car elle a disparu - Et où s’en est-elle allée ? - Elle est partie lors du pacte conclu avec Dieu… », (Sulamî, La lucidité implacable, Arlea, 1991, 75).

570Vie admirable, Livre 1, citations des chapitres 3 et 5.

571DS 16.207, art. « Marie des Vallées » (Milcent). – Voir aussi : Gaston de Renty, Correspondance, Desclée de Brouwer, 1978, 926.

572Le côté excessif des possessions et du désespoir a-t-il été exagéré dans les comptes-rendus de témoins crédules ? C’est notre hypothèse.

573Vie admirable, Livre 2, Chap. 4.

574Vie admirable, Livre 9, Chap. 6.

575Julien Green, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. IV, 1975, p. 20. Il lit : Émile Dermenghem, La vie admirable et les révélations de Marie des Vallées d’après des textes inédits, Paris, Plon-Nourry, 1926.

576Les jésuites Pierre Coton (confesseur d’Henri IV, bon spirituel) et Jean-Baptiste Saint-Jure (directeur de Renty, par lequel Pascal a connu et apprécié ce dernier), la future Marie-Catherine de Saint-Augustin, (religieuse hospitalière, tourmentée – elle aussi – par des obsessions sataniques, qui vécut de 1648 à sa mort à l’hôtel-Dieu de Québec).

577Lettre au duc de Chevreuse du 16 mars 1693 (Madame Guyon, Correspondance, t. II Années de Combat, Paris, Champion, 2003, pièce 35, p. 103).

578J.-J. Surin, Correspondance, Paris, Desclée de Brouwer, 1966. Dans ses précieuses notices à cette édition, Michel de Certeau décrit comment le jésuite J.-J. Surin tente une approche humaine au milieu du théâtre fou de Loudun – et ce qui s’ensuivit. L’analyse comparée de deux figures si différentes (Surin et Marie des Vallées : homme et femme, intellectuel et servante), atteints de la folie de leur époque – on aurait brûlé en Europe sorcières et sorciers par milliers en quelques dizaines d’années –, devrait permettre de trier d’une manière sûre le grain spirituel de l’ivraie psychologique en analysant deux cas au lieu d’un seul (car Michel de Certeau généralise le cas posé par Surin dans sa période malheureuse à l’interprétation de la mystique dans son ensemble, comme auparavant Pierre Janet étendait ses concepts de psychologie religieuse exposés dans De l’Angoisse à l’Extase à partir de l’observation de la seule Madeleine de la Salpêtrière). Le présent dossier fournit la source féminine alternative contemporaine du jésuite Surin.

579Le témoignage de fidélité que nous éditons ne figure pas dans les Œuvres complètes du Vénérable Jean Eudes, introd. et notes de J. Dauphin et C. Lebrun, 12 vol., Vannes et Paris, 1905-1911.

580Le Directeur mystique ou les œuvres spirituelles de Monsr. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Made Guion…, 4 vol., A Cologne [Amsterdam], 1726 : les « Conseils d’une grande servante de Dieu » figurent en annexe à la fin du vol. II., p. 407-430.

581Comme l’indique une notice biographique attachée en note au début de notre édition des Conseils.

582Passive, état d’une âme contemplative sous l’opération de Dieu, ne se confond pas avec la passivité prise au sens habituel d’inertie.

583« Où est votre cœur ? – Je n’en sais rien, dit-elle, et je ne sais pas même si j’en ai un – Je m’en vais vous le faire voir … Voilà votre cœur – Non, dit-elle, ce n’est point le mien, c’est le vôtre. » (Vie admirable, dialogue entre Jésus-Christ et sœur Marie, f°166) ; témoignage mystique que l’on peut rapprocher du suivant : « Le croyant n’a plus d’âme, car elle a disparu – Et où s’en est-elle allée ? – Elle est partie lors du pacte conclu avec Dieu… » (Sulamî, La lucidité implacable, Arlea, 1991, p. 75)

584Vie admirable, livre 1, ch. 3 et ch. 5, désormais abrégé Vie 1.3 & 1.5 ; lorsqu’un chapitre est divisé en plusieurs sections, nous faisons figurer le numéro de la section contenant le texte référencé à la suite du numéro de chapitre (exemple : Vie 4.9.19 pour livre 4, chapitre 9, section 19).

585De « forces inconscientes » disons-nous aujourd’hui. En substituant « inconscient » à « diable » on découvre souvent toute la pertinence de certaines interprétations de l’époque.

586Paul Milcent, article « Marie des Vallées » du Dictionnaire de Spiritualité, Paris, Beauchesne, tome XVI, 1992, colonne 207 = DS 16.207, art. « Marie des Vallées » (Paul Milcent). Voir aussi : Gaston de Renty, Correspondance, Paris, Desclée de Brouwer, 1978, p. 926.

587Les dates varient légèrement avec les auteurs. Nous retenons celles fournies par Dermenghem, chartiste qui a consulté les manuscrits qu’il cite.

588« L’an 1653, le 29 de juillet », Vie 9.3.1.

589Thomas Deschamps ( ?-1629) est l’auteur d’un traité complet de la vie spirituelle dans la ligne des écoles du Nord (Ruusbroec, Harphius…) : Le Jardin des Contemplatifs.

590Memoriale beneficiorum Dei, n. 34.

591Renty, Correspondance, (par R. Triboulet), Desclée de Brouwer, 1978, lettre 286, p. 670. - Envoi du même papier à Saint-Jure, lettre 305, p.706.

592La Vie admirable de Marie des Vallées et son Abrégé rédigés par saint Jean Eudes suivis des Conseils d’une grande servante de Dieu, collection Sources mystiques, Centre Saint-Jean-dela-Croix, avril 2013.

593Signalons la parution très prochaine de « Rencontres autour de Jean de Bernières » rassemblant dix contributeurs qui éclairent le milieu au sein duquel vécut Marie des Vallées, aux éditions Parole et Silence ; ainsi que l’achèvement prochain du tome II des Oeuvres du même Bernières assemblant chronologiquement sa correspondance (par dom Eric de Reviers, bénédictin qui participa à la rencontre de Caen en 2009).

594Vie, Livre 9, Chap. 6, section 2 « Elle résout des difficultés qu’on lui propose sur la contemplation, et donne des avis fort utiles sur ce sujet ».

595Vie, Livre 8, Chap. 8 « Contre la gourmandise… »

596En 1919, ses restes furent exhumés et inhumés dans la cathédrale de Coutances, près de l’autel de Notre-Dame du Puits.

597Notre édition de la Vie.

598Communication mystique.

599 “Conseils d’une grande Servante de Dieu appelée Sœur Marie des Vallées”, notre édition de la Vie. Les numéros sont ceux des paragraphes de l’édition originale du Directeur mystique.

600Lettre au duc de Chevreuse du 16 mars 1693 (Madame Guyon, Correspondance, t. II Années de Combat, Paris, Champion, 2003, pièce 35, p. 103).

601Références des diverses éditions du Pasteur Poiret par M. Chevallier et nos éditions des œuvres de madame Guyon, Paris, Champion, 2001-2009. – Nous venons de citer trois extraits supra de ces Conseils.

602Émile Dermenghem, La vie admirable et les révélations de Marie des Vallées d’après des textes inédits, Paris, Plon-Nourry, 1926.

603Julien Green, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. IV, 1975, p. 20.

604Julien Green se réfère à la Vie, “Livre sixième. Contenant ce qui appartient aux divins attributs, à Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa sainte Passion, au Saint-Sacrement, à la communion et à la confession”, Chapitre 2. “L’amour de la sœur Marie vers la divine volonté. Elle l’honore comme sa mère, etc.” . Section 1. Elle regarde et suit en toutes choses la divine volonté. Les créatures nous montrent cette leçon : elle doit être suivie au préjudice de la raison. Voici le dialogue plus complet auquel se réfère Julien Green :

“Se plaignant un jour à Notre Seigneur de l’état où elle était, Il lui dit : « Si j’étais à votre place que feriez-vous ?

“– Attendez, dit-elle, je vous assure que je vous ferais tout ce que l’adorable volonté de Dieu voudrait que je vous fisse.

“– Mais si l’adorable volonté de Dieu voulait que vous me crucifiassiez ?

“– Oui, je vous assure, je vous crucifierais et je frapperais à grands coups de marteau sur les clous pour vous crucifier.

“– Et si elle voulait que vous me missiez en enfer avec les diables, m’y mettriez-vous ?

“– Je vous assure que oui.

“– Et si elle voulait que vous m’y laissassiez plusieurs années parmi des tourments rigoureux, m’y laisseriez-vous ? – Oui, je vous y laisserais!

605J.-J. Surin, Correspondance, Paris, Desclée de Brouwer, 1966.

606L’analyse comparée de deux figures si différentes (Surin et Marie des Vallées : homme et femme, intellectuel et servante), atteints de la folie de leur époque – on aurait brûlé en Europe sorcières et sorciers par milliers en quelques dizaines d’années –, devrait permettre de trier d’une manière sûre le grain spirituel de l’ivraie psychologique en analysant deux cas au lieu d’un seul (car Michel de Certeau généralise le cas posé par Surin dans sa période malheureuse à l’interprétation de la mystique dans son ensemble, comme auparavant Pierre Janet étendait ses concepts de psychologie religieuse exposés dans De l’Angoisse à l’Extase à partir de l’observation de la seule Madeleine de la Salpêtrière). M des V constitue la meilleure source féminine alternative contemporaine du jésuite Surin.

607Livre 4. Contenant plusieurs choses qui font voir l’excellence de cette œuvre. Chapitre 10. Plusieurs autres choses qui font voir son état. Le Fils de Dieu la demande en mariage. Section 11. Abbaye de perfection et règles des excès de l’Amour divin qu’il a fait garder à la sœur Marie.

608Livre 5. Contenant plusieurs autres choses qui font voir la sublimité, la vérité, la fin et les fruits de l’œuvre admirable que Dieu a opérée en la sœur Marie. Chapitre 2. La vérité des choses qui se passent en la sœur Marie. Section 4. Les aveugles font le procès au soleil. Le procès d’entre les sens de la sœur Marie et quelques particuliers.

609Chapitre 6. Ce qui se passe en elle sera manifesté en son temps. Section 5. Notre Seigneur lui promet de lui faire connaître la vérité et à tout le monde. Confirmation de la vérité.

610Livre 9. Qui contient des choses très excellentes touchant la grâce et plusieurs des principales vertus chrétiennes. Chapitre 3. De l’amour de Dieu. Colloque entre Notre Seigneur et la sœur Marie, qui fait voir le grand amour qu’elle lui porte. Section 1. Elle aime Dieu purement et ne veut point de récompense. Son amour déiforme au regard de Dieu.

611- Livre sixième. Contenant ce qui appartient aux divins attributs, à Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa sainte Passion, au Saint-Sacrement, à la communion et à la confession. Chapitre 2. L’amour de la sœur Marie vers la divine volonté. Elle l’honore comme sa mère, etc. Section 4. Elle est animée de la divine Volonté. Estriveries qui font voir que la divine Volonté est régnante en elle. - De même Bertot : « …mon âme est comme un instrument dont on joue, ou si vous voulez comme un luth qui ne dit ni ne peut dire mot que par le mouvement de Celui qui l’anime. » (Directeur Mystique, t. 2, lettre 6, p. 26)

612Livre 7. Qui contient ce qui regarde la mère de Dieu, les anges et les saints, l’Église militante et souffrante. Section 3. Elle est la grande basse de la Sainte Vierge.

613Livre 9. Chapitre 6. De la contemplation. La sœur Marie a été élevée dès le commencement au plus haut degré de la contemplation. Section 2. Trois sortes de contemplations. Elle résout des difficultés qu’on lui propose sur la contemplation, et donne des avis fort utiles sur ce sujet.

614Livre 9. Chapitre 11. De sa charité vers les âmes et du zèle de leur salut. La sœur Marie voit la beauté des âmes et est embrasée de zèle pour leur salut.

615Livre 9. Chapitre 6. De la contemplation. La sœur Marie a été élevée dès le commencement au plus haut degré de la contemplation. Section 2. Trois sortes de contemplations. Elle résout des difficultés qu’on lui propose sur la contemplation, et donne des avis fort utiles sur ce sujet.

616Livre 9. Chapitre 6. De la contemplation. La sœur Marie a été élevée dès le commencement au plus haut degré de la contemplation. Section 1. La manière avec laquelle Notre Seigneur lui parle et comme elle connaît la vérité des choses qui lui sont proposées.

617Livre 10. Contenant beaucoup de choses très utiles touchant l’humilité et plusieurs autres vertus. De la perfection. Du don de prophétie et des miracles. Chapitre 3. De plusieurs autres choses qui montrent l’humilité, en quoi elle consiste et qu’elle a une infinité de degrés. Section 4. Plusieurs motifs d’humilité. Le portrait de la vraie et parfaite humilité.

618Livre 10. Chapitre 10. Communion, union, transformation et déification. Section 1. La goutte de rosée qui demande de se perdre dans la mer de la Divinité.



619Commentaire apporté par une bénédictine de l’Institut du Saint-Sacrement demeurée inconnue. Il provient du ms. N 249 p. 200. (Marguerite de l’Escale est l’auteure du ms. N 248). – Citations et extraits du florilège figurent en caractères romains (et dorénavant sans mise entre guillemets), liens et présentations en italiques.

620Une amitié spirituelle au Grand Siècle, lettres de Mère Mectilde de Bar à Marie de Châteauvieux…, Téqui, 1989, est d'ailleurs le titre choisi pour l’édition de lettres adressées par Mère Mectilde à son amie. Leur correspondance met la barre haute, n’hésitant pas à proposer l’oraison du simple regard aux « débutants » (voir l’Introduction par Michel Dupuy, 36).

621Environ un tiers de cette correspondance a été sélectionné par les moniales de l'Institut. Nous citerons souvent par des titres réduits les ouvrages édités, par exemple « Lettres inédites » pour Catherine de Bar / Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698 / Lettres inédites, Rouen, 1976. Les références complètes figurent en fin de volume, annexe CHOIX BIBLIOGRAPHIQUE, 1. Ouvrages fréquemment cités ». 

622On en trouve des listes dans Lettres inédites, 392 ; Fondation de Rouen, 13-15 ; Documents historiques, 34.

623Le Fichier central [cité « F.C. »] et son Complément recensent au total 3767 lettres et pièces (entretiens, conférences, chapitres, fragments). Voir LE FICHIER CENTRAL, Annexe en fin de volume.

624Amitié spirituelle, Fondation de Rouen, Lettres inédites, En Pologne Les relations avec Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Epiphane Louys, etc., sont transcrites à partir d’autres sources.

625Tout commence avec Mère Monique des Anges de Beauvais (1653-1723) qui fut secrétaire particulière de Mère Mectilde… v. HISTOIRE DE TRANSMISSIONS, annexe établie grâce aux travaux de sœur Marie-Hélène Rozec.

626v. Âme offerte, Dom Joël Letellier, 22.

627Pour exemple, l’édition devenue rare des Lettres de Jean de Bernières publiée en seconde partie des Œuvres spirituelles (1670) est préférable aux très nombreuses impressions du Chrétien intérieur, « œuvre » reconstruite librement à partir de fragments de lettres.

628 Μ notes à réviser style !

Son nom a été orthographié Mechtilde à partir du latin Mechtildis ; sur les premiers portraits est écrit en bas Mecthilde (Mathilde en allemand) ; enfin elle-même signe Mectilde. [s. M.-H.] - orthographe adoptée en accord avec la majorité des auteurs récents. Mectilde est connue à la fin du XVIIe siècle, par exemple par madame Guyon et Fénelon, comme « La Mère du Saint-Sacrement » ; tandis qu'elle apparaît généralement dans des éditions anciennes sous son nom de naissance Catherine de Bar.

629v. « Annexe « CHOIX BIBLIOGRAPHIQUE ».

630Ame offerte, Letellier, 55. - Dom Jean Leclercq souligne justement qu’il s’agit ici d’une « union plutôt qu’immolation », ibid., 36, même si la spiritualité de son époque parle souvent de « réparation ».

631Ce désir de fuite en une solitude se heurte à la réponse ferme donnée par Bernières (v. infra ; et Lettres inédites, 142).

632Joël Letellier, « Catherine de Bar (1614-1698), Annonciade et bénédictine. Une même aspiration à travers les vicissitudes de l’histoire », 329-384, in Jeanne de France et l’Annonciade, Cerf, 2004.

633Lettres inédites, 122, appréciation - Fondation de Rouen, 299, mort de Mme de Montmartre.

634Documents historiques, Itinéraire spirituel, Âme offerte.

635Tableau en fin de section : « Chronologie et durée des états de vie ». En 1641, la guerre de Trente Ans provoque le refuge à Paris ; en 1642, séjours près de Caen ; en 1643, venue à Saint-Maur près Paris ; en 1647, priorat du Bon-Secours à Caen ; en 1650, priorat à Rambervillers ; en 1651, la guerre entre la France et le Saint-Empire provoque un second refuge à Paris : « Le Bon ami », rue St Dominique, aujourd'hui Bd Saint-Germain ; en 1652, maison Pinon, rue du Bac ; en 1654, rue Férou ; en 1659, rue Cassette.

636Fondation de Rouen. Attachants récits de quatre voyages de la « digne Mère » menés pour cette fondation difficile (essais multiples d’implantation enfin réalisée …mais le plancher s’effondre et une sœur devient folle. La chronique qui couvre les pages 25 à 135 évoque les conditions de nombreuses fondations à l’époque, ce qui donne au récit haut en couleur une valeur exemplaire. Un autre récit de fondation - cette fois sans Mectilde - mérite pleine attention : En Pologne, 46 sq., la fondation très bien annotée suivie de l’histoire des monastères polonais et de l’Holocauste.

637Ce couvent formait un domaine considérable, disposant d’un grand jardin de forme triangulaire. Il verra passer bien du monde, dont madame Guyon et Fénelon. Le grand ensemble formé par le couvent des Carmes, les Bénédictines et N.D. de Consolation, recouvrait l’actuel quadrilatère délimité par la rue de Vaugirard, la rue Cassette, la rue du Cherche-Midi, la rue de Rennes, la rue du Regard… Plan dans Conrad de Meester, Frère Laurent de la Résurrection, Cerf, 1996, annexe I ; mais Le plan Turgot de 1734 est plus complet. [s.M.-H.].

638Amitié spirituelle, 113-117, « C’est par la foi que l’on connaît Dieu », F.C.1391. – Explicitation par Véronique Andral, « De la voie du rien à la petite voie » in Carmel, 1963 - Allusions à Jean de la Croix dans : lettre du 7 septembre 1648 à Bernières ; Andral, Itinéraire spirituel, 58 ; Valli, p. 199 note 32.

639Nous rencontrons dans les écrits publiés : Teresa (Lettres inédites, 336 & Fondation de Rouen, 169), Guilloré (Lettres inédites, 303 & Fondation de Rouen, 224), Saint Jure (Lettres inédites, 240), indirectement Suso : « Mon âme me fut représentée comme une chiffe… » (Andral, 186).

640J. Daoust, Catherine de Bar…, Tequi, 1979,  « Conférence sur l’appel à la sainteté », 90-91. – pagination entre crochets.

641Ibid., 97-98. Conférences du Corpus de Bayeux. (Conférence de la veille des Rois de l’année 1694 ‘Sur la vocation d’adoratrice’. Ms. R.7 p. 275 et quelques corrections du ms. B 510 p. 7 ; annexe LE FICHIER CENTRAL  F.C. 2338.

642Autres chronologies dans : Ame offerte, Letellier, 18sq. – Andral, 231sq. que nous utilisons – Documents historiques, 325sq. – Valli, 313sq. - Yves Poutet, Catherine de Bar, p. 17sq.

643Le contact ne fut qu’indirect, Bernières assurant le relais, mais il fut poursuivi en prière après 1656 comme l’atteste infra Mectilde.

644On trouve une richesse semblable auprès de Madame Guyon – Ce n’est pas étonnant puisqu’il s’agit d’une nouvelle branche du grand réseau mystique qui inclut celle que nous allons illustrer. Toutefois les relations entre membres de cercles spirituels « quiétistes » devenus discrets sont perdues ou dispersées.

645En général deux figures se rencontrent (par exemple François de Sales avec la future Mère de Chantal) ou bien une figure rayonne au sein d’un cercle (Catherine de Gênes ou Madame Guyon). Ici s’épaulent plusieurs figures mystiques accomplies de la première branche de l’ « école de cœur » (et l’on n’a pas inclus les noms qui succèdent à « l’ancienne génération » des directeurs de Mectilde).

646D. Tronc, Expériences mystiques en Occident, IV. Une école du cœur, à paraître. µ

647Bernières, Œuvres Spirituelles II, 282 (lettre du 15 février 1647).

648Il en est de même pour l’autre « passeur » de la génération suivante, Monsieur Bertot (1620-1671). Il accompagne Bernières en fidèle coopérateur avant de prendre relais.

649Nous l’explorons ici partiellement en nous appuyant sur le travail de sauvegarde assuré par les Bénédictines du Saint-Sacrement. Un océan de textes manuscrits est concentré depuis peu au monastère de Rouen. Nous avons mis en valeur la branche de la quiétude autour de Madame Guyon, de Monsieur Bertot et de Monsieur de Bernières, avant de réaliser leur origine franciscaine par Jean-Chrysostome. Les pièces du puzzle s’assemblent. Le ‘delta spirituel’ s’étendra du Canada à la Pologne du côté catholique, en Europe centrale, Îles britanniques, États-Unis du côté protestant.

650Pierre Moracchini, « Un Grand Siècle franciscain à Paris (1574-1689), 3) La réforme du Tiers-Ordre Régulier », in D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle. […] Tome III, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014.

651Histoire Générale et particulière du Tiers Ordre de S. François d’Assize, par le R.P. Jean Marie de Vernon, Religieux pénitent du tiers ordre de saint François, Paris, 1667, tome troisième, 76.

652Histoire générale, op. cit., 118.

653Denys le chartreux (1402/3-1471).

654Henri-Marie Boudon, L’homme intérieur ou la vie du vénérable père Jean Chrysostome, religieux pénitent du troisième ordre de S. François, à Paris chez Estienne Michallet, 1684, 337 sq. (Migne, Œuvres complètes de Boudon, col. 1310/12), 88.

655Ibid., 178, 198.

656Ibid., 200.

657Ibid., 284, 316.

658DS 5.1645 (art. « Spiritualité franciscaine »).

659Boudon, L’homme intérieur…, 337 sq.

660Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913.

661DS 2.881 sq. (art. “Chrysostome de Saint-Lô”) ; Heurtevent, L’œuvre spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, 1938 .

662Boudon, L’homme intérieur…, 372 à 378.

663Parmi sept exemplaires repérés des écrits « composés par un Religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des âmes » [le P. Chrysostome], ils se ramènent tous - l’ordre des matières peut varier - à deux titres : Divers traités spirituels et méditatifs à Paris, 1651 ; Divers exercices de piété et de perfection, composés par un religieux d’une vertu éminente et de grande expérience en la direction des âmes, à la plus grande gloire de Dieu et de N.S.J.C., à Paris, 1655. De nombreux autres titres, que nous n’avons pu localiser, sont donnés par Boudon, Œuvres II, Migne, colonnes 1320 sq.

664Le second « de maison et façonné aux armes » (citation ci-dessous) serait Antoine le Clerc, le conseiller de jeunesse de Jean-Chrysostome : « À vingt ans il prit les armes, où il vécut à la mode des autres guerriers, dans un grand libertinage. La guerre étant finie, il entra dans les études… » (« La vie d’Antoine le Clerc, sieur de la Forest » rapportée par Jean-Marie de Vernon, Histoire Générale…, op. cit., 527).

665Cf. Jean de la Croix : « Chez le basilic, c’est la force du poison qui tue. Lorsqu’il s’agit de Dieu, c’est l’immensité du bonheur et de la gloire qui donne la mort. » (Cantique Spirituel B, 11, 7).

666Divers traités…, 108, 130. Voir Gilles d’Assise ( ?-1262) : « Il n’a plus ni foi ni espérance, car il connaît et aime. » (DS 6.379).

667Ibid., 140/1, 178/9.

668Ibid., 179/180.

669Divers exercices…, partie paginée 1 à 136 : « …diversités spirituelles… », 56 sq.

670Divers exercices…, partie paginée 1 à 212.

671Selon le récit légendaire de la fin de vie du maître assisté par un mystérieux laïque (E.-P. Noël, Œuvres complètes de Jean Tauler, tome I, 1911, 16).

672Lettre à Bernières du 30 juin 1643. T4, p. 69 ; P 101, p. 136. – Les mystiques sont discrets ; leur rencontre est souvent le fait d’une introduction par un de leurs dirigés qui aimerait partager sa chance lorsqu’il rencontre un ami éprouvé.

673P160, p. 228 ; T4, p. 617 sq. - Chrysostome répond aux questions posées dans ce mémoire. (Transcription dactylographiée de ce ms. au couvent des bénédictines de Rouen, dossier intitulé « Père Jean Chrysostome de Saint-Lô ». Ce dialogue entre dirigée et directeur mystique nous apparaît si important que nous l'avons comparé et corrigé par la source T4.

674T4, p. 619 (au lieu de « qu'elle [reçoit] de Dieu ».

675T4, p. 633.

676T4, p. 637.

677P160, p. 241a ; T4, p. 649 ; P 101, p. 180.

678« ce divin » : P 101, p. 182.

679« Bien avare à qui Dieu ne suffit » : la célèbre devise de madame Acarie. Il faut, dit saint Augustin « qu'une âme soit bien avare, à qui Dieu ne suffit pas » (Enarratio III in Ps. XXX, n.4). Elle est souvent reprise par Mectilde avec des variantes : « Celui-là est bien avare à qui Dieu ne suffit » en réponse du P. Chrysostome, P 101, p. 183 ; « Trop est avare à qui Dieu ne suffit », lettre à Madame de Châteauvieux, Documents Historiques D.H.], p. 191, 5e lettre, F.C. 1576 ; « ô que trop est avare à qui Jésus ne suffit pas dans la sacrée Eucharistie », Retraite de 1662, D. H., p. 128 ; « Véritable Esprit », I, p. 26, édition de 1864 ; « Le langage des mystiques » in N 249 [et non N 248], p. 200.

680Les additions sont mises entre crochets.

681P 101, p. 189, fin de la réponse du Père Jean Chrysostome.

682La Vie Admirable de Marie des Vallées et son Abrégé rédigés par saint Jean Eudes suivis des Conseils d’une grande servante de Dieu, Textes présentés et édités par Dominique Tronc et Joseph Racapé, cjm, Éd. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2013 ; Marie des Vallées, Le Jardin de l’Amour divin, Textes choisis et présentés par Dominique et Murielle Tronc, Arfuyen, 2013 ; Marie des Vallées, la « sainte de Coutances », Actes du colloque tenu au centre diocésain des Unelles, à Coutances, le samedi 1er juin 2013, réunis par le P. Daniel Doré, cjm, Vie Eudiste, Hors-série, 2013 (notre choix de « dits » dans « Influence mystique et postérité de Marie des Vallées » 39-48).

683Lettres inédites, 346 ; Fondation de Rouen, 63/4, 362, 354/5, 371.

684Vie, Livre 9, Chap. 6, section 2 « Elle résout des difficultés qu’on lui propose sur la contemplation, et donne des avis fort utiles sur ce sujet ».

685Communication mystique.

686“Conseils d’une grande Servante de Dieu appelée Sœur Marie des Vallées”, notre édition de sa Vie admirable. Les numéros sont ceux des paragraphes de l’édition originale dans le Directeur mystique (1726) où furent rassemblés les écrits de Bertot.

687 Le Chapitre IV est précédé de feuillets blancs ; un nouveau copiste prend le relais : de beaux et profonds passages succèdent à bien des diableries mises en valeur par Dermenghem et d’autres modernes.

688Livre 4. Contenant plusieurs choses qui font voir l’excellence de cette œuvre. Chapitre 10. Plusieurs autres choses qui font voir son état. Le Fils de Dieu la demande en mariage. Section 11. Abbaye de perfection et règles des excès de l’Amour divin qu’il a fait garder à la sœur Marie.

689Livre 5. Contenant plusieurs autres choses qui font voir la sublimité, la vérité, la fin et les fruits de l’œuvre admirable que Dieu a opérée en la sœur Marie. Chapitre 2. La vérité des choses qui se passent en la sœur Marie. Section 4. Les aveugles font le procès au soleil.

690« Je (le) suis partout où il va. »

691Livre 7. Qui contient ce qui regarde la Mère de Dieu, les anges et les saints, l’Église militante et souffrante. Section 3. Elle est la grande basse de la Sainte Vierge.

692Il s’agit de purifier l’Église de Dieu « affligée par un poison anti-mystique ». Boudon (1624-1702) sera persécuté ; en 1670, sera jeté l’interdit sur le couvent de Jourdaine de Bernières par un Official janséniste ; à l’instant où elle écrit à Boudon, les « messieurs du Port-Royal » s’opposent au projet de fondation (elle le rapporte plus bas). « L’affaire » aboutira avec obtention des Lettres Patentes en 1653. La « bonne âme » désigne Marie des Vallées. Purgation et saignée se réfèrent aux dits rapportés au chapitre 6, section 3, de la Vie admirable : « l’Église n’est pas malade à la mort, mon Fils lui donnera une saignée et une purgation et elle sera guérie ».

693Le Frère Luc de Bray, religieux cordelier, de l’ordre de saint François d’Assise a été en relation avec Mère Mectilde pendant plus de vingt-cinq ans. Elle l’avait connu par leur ami commun, Jean de Bernières-Louvigny. Il semble que le Père de Bray, en résidence à Rome, se soit employé à obtenir la bulle d’érection de notre observance [Bénédictines du Saint-Sacrement] en congrégation, en décembre 1676. (NDE)

694Fondation de Rouen, 353-356.

695La pose de croix rue Férou se fera en présence de la Reine le 12 mars 1654.

696La Sainte Vierge est proclamée Abbesse perpétuelle le 22 août 1654.

697Fondation de Rouen, 361-362, F.C. 1810, C 403.

698Saint Jean Eudes (1601-1680), l’ami de Bernières. - Berthelot du Chesnay, « Saint Jean Eudes et Mère Mectilde », Notre Vie (revue eudiste) juillet 1952, novembre 1954, janvier et mai 1955.

699Monsieur Jacques Bertot, fidèle de Jean de Bernières.

700Sur les rapports délicats avec le Père Lejeune v. Rencontres, op.cit., contribution de B. Pitaud, 206 sq.

701Futur Mgr de Laval (1623-1708), qui va passer trois années à l’Ermitage avant de partir au Canada en 1659. « Ce serait à l’invitation de Catherine de Bar, au moins, que François de Laval se serait rendu à l’Ermitage de Caen. Et c’est vraisemblablement sa sœur, Mère Anne de Saint-Joseph Laval-Montigny, une des toutes premières moniales de l’Institut du Saint-Sacrement naissant, ou encore son grand ami Henri-Marie Boudon, qui aurait fait connaître l’abbé de Montigny à la Mère Mectilde. » (« Un disciple méconnu… » par Dom Thierry Barbeau, Rencontres, op.cit., 133-171, citation : 144-145.)

702Lettre du 21 août à Jean de Bernières, Fondation de Rouen, 371-372, F.C. 1249, P 160.

703Fondation de Rouen, 63-64.

704« Magicienne » ? pour des jansénistes, et l’autre fondateur saint Jean Eudes souffre à l’époque de traverses liées à sa supposée dépendance vis-à-vis de la « possédée ». – Noter la forme au présent : la magicienne morte depuis plus de vingt ans opère au présent ‘d’en haut’ pour soutenir Mectilde !

705 Lettres inédites, 346, « Lettre à une religieuse de Toul », 1683, F.C .442, N 267.

706Comprendre : « que vous avez de la vanité de n’avoir pas eu de vanité. »

707Corpus de Bayeux C.B., Conférence 134, 1691, Tenez-vous dans votre néant ; N. 261 / 3 p. 56 ; F.C. 2801.

708« Lettre au duc de Chevreuse du 16 mars 1693 » Madame Guyon, Correspondance II Années de Combat, Champion, 2003, pièce 35,  103.

709Les Conseils d’une Grande Servante de Dieu furent publiés à la fin du tome II du Directeur mystique de Monsieur Bertot, 1726 . Pour suivre des influences mystiques nées à l’Ermitage voir Rencontres autour de Jean de Bernières, « …Sources et influences… », 381-421, où j’aborde « l’autre moitié chrétienne » : membres de confessions protestantes, quakers, etc.

710« J’ai été nommée Marie par Marie des Vallées et par Messire Jean de Bernières.»

711Puis exhumée et inhumée en 1919 à droite du transept de la cathédrale de Coutances, près de l’autel de Notre Dame du Puits.

712Vie de la Vénérable Mère de S. Jean l’Évangéliste, religieuse de l’Abbaye royale de Montmartre. Par la Mère Jacqueline Bouette de Blémur, religieuse bénédictine de l’Abbaye de la Ste Trinité de Caen. À Paris, chez Nicolas Le Clerc, 1689, 108.

713Vie de la Vénérable Mère…, 56.

714Ibid., 73-76.

715Ibid., 105.

716Ibid., 109-111.

717Ibid., 142.

718Ibid., 138-141.

719Ibid., 146-148. Cette longue lettre dont nous ne reproduisons que quelques phrases couvre les pages 143 à 149.

720Lettre de Mectilde à Rocquelay, secrétaire de Bernières, 15 mars 1643, F.C. 908 ; Itinéraire spirituel, 31.

721P 108bis, 43. – Nous rencontrerons d’autres occasions permettant de citer V. Andral, archiviste auteure d’une approche mystique de Mectilde dans son Itinéraire spirituel (2e éd. 1997 ; en cours de réédition).

722 L’abbé Berrant, aumônier de la Visitation de Melun vers 1700, n’est pas toujours sûr [s. M.-H.] ; la réputation de dureté attachée au Père Chrysostome a probablement été exagérée ; les ceintures de fer sont fort admirées à l’époque ce dont témoigne dom Claude Martin, La vie de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation (1677), 623.

723Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome II, 467-484, où Bremond renvoie à l’Abrégé de sa vie par la Mère de Blémur (481-483) ; repris dans Itinéraire spirituel, 46.

724Vie de la Vénérable Mère de S. Jean l’Évangéliste…, 117 & 127.

725Jean de la Croix sera béatifié… en 1675, enfin canonisé en 1726 (apprécié très tôt par les mystiques, Jean demeurait critiqué par d’autres).

726Itinéraire spirituel, 58.

727Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 (& 1923 sous un autre titre : Le mysticisme en Normandie au XVIIe siècle) ; R. Heurtevent, L’œuvre Spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, 1938 ; L. Luypaert, « La doctrine spirituelle de Bernières et le Quiétisme », Revue d’Histoire Ecclésiastique, 1940, 19-130 ; Rencontres autour de Jean de Bernières, mystique de l’abandon et de la quiétude, 2013.

728Jean de Bernières, Le Chrétien intérieur [livre VII]. Textes choisis suivis des lettres à l’Ami intime […] par Dominique et Murielle Tronc, Arfuyen, Paris, 2009 ; Jean de Bernières, Œuvres Mystiques I, L’Intérieur chrétien suivi du Chrétien intérieur augmenté des Pensées, Edition critique avec une étude sur l’auteur et son école par Dominique Tronc, Ed. du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2011 ; les contributions de Rencontres…, op. cit., proposent de nombreuses citations constituant un florilège mystique.

729Dom G. Oury, Marie de l’Incarnation, Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, tome LVIII, 1973, pages 280 sq. (que nous citons) & Les presses de l’Université Laval, Québec / Abbaye Saint-Pierre, Solesmes, 1973.

730Dom Oury, Marie de l’Incarnation…, 297-299.

731Dom Oury, Ibid., 320 ; v. Dict. Spir. 10.490.

732Boudon, Œuvres II, 1313. 

733Souriau, Deux mystiques…, 115 ; Chrétien Intérieur, 380.

734Œuvres Spirituelles II, 61. – Son serviteur Roberge ira plus tard en Nouvelle-France.

735Souriau, Deux mystiques…, 119.

736Annales des Ursulines de Caen citées par Charles du Chesnay, « La mort de M. de Bernières à Caen et l’arrivée de Mgr de Laval à Québec au printemps de 1659 », Notre Vie [revue eudiste], 1959.

737Citée par Souriau, Deux mystiques., 271.

738Jean de Bernières, Œuvres spirituelles II, 469-470 (Lettre du 11 novembre 1654).

739Œuvres spirituelles, II, 244 & 245-246 (Lettre du 20 octobre 1654).

740Chrétien Intérieur VII, 5.

741Ibid. VII, 6.

742Ibid. VII, 5.

743Jean de Bernières, Œuvres spirituelles, II, « Lettres à l’Ami intime » : au nombre de 18, leur destinataire non cité est probablement Jacques Bertot. Voir notre édition, Le Chrétien intérieur…, Arfuyen, 2009, 151 sq.

744« Lettre à l’Ami intime » n°18.

745Chapitre 13 du 3e livre du Chrétien intérieur [dans l’édition en huit livres].

746Souriau, Deux mystiques…,196.

747Bernières, Chrétien Intérieur, VI, 11.

748Bernières, Œuvres Spirituelles, II, 122.

749Rencontres autour de Jean de Bernières…, op. cit. « La correspondance spirituelle entre Jean de Bernières et Mère Mectilde du Saint-Sacrement », 173-269, comporte deux parties, analytique (par années), puis synthétique (l’évolution spirituelle).

750Rencontres, « La filiazione Bernières – Bertot - Catherine Mectilde de Bar », 271-310. – De la même sœur Annamaria : Il Libretto di Catherine Mectilde de Bar per le sue Benedittine, Le véritable Esprit des religieuses Adoratrices perpétuelles du Très-saint Sacrement de l’Autel (1684-1689), Facoltà Teologica dell’Italia settentrionale, Milano, 2011 (le titre neutre de cette « Dissertazione » cache une étude de la mystique Mectildienne vécue par ses filles d’hier et d’aujourd’hui).

751Itinéraire, 73 ; F.C. 2158 ; T4, p. 383.

752Prieure à Rambervillers (situé dans les Vosges) depuis la fin août de l’année précédente elle sera chassée avec ses sœurs par la guerre entre la France et le Saint-Empire, pour arriver à Paris le 24 mars 1651.

753Itinéraire…, 73, cite cette lettre de Bernières du 14 février 1651 qui figure dans la biographie de Vienville (1701), ms. P. 101, 320.

754La suivante du 26 juillet 1652 adressée à Boudon a été citée supra à propos de Marie des Vallées.

755Itinéraire, 80 ; Inédites, 145 ; L. à B. du 7 septembre 1652 ; F.C. 799 & 946.

756Itinéraire, 82 sq. ; L à B. du 23 novembre 1652 ; F.C. 830. – Le livre de « La sainte abjection » correspond certainement à celui qui sera édité à Caen par les bons soins de Bernières.

757 F.C. 830.

758François de Laval-Montigny qui deviendra Mgr Laval en Nouvelle-France.

759Le P. Paulin sera supérieur du Tiers Ordre Régulier franciscain et connaîtra madame Guyon. - Auteur du Discours de Dieu seul (nos extraits dans : La vie mystique chez les franciscains… I, 204-210).

760Le P. Lejeune, confesseur de Mectilde ; les rapports ne furent pas simples : v. l’étude par le P. Pitaud, Rencontres…, 206 sq.

761L. à B. du 9 août 1653 ; F.C. 1747 ; P 160.

762La Correspondance de Bernières incluera un choix dans l’abondante correspondance passive issue de Mectilde. Nous utilisons l’état actuel du travail en cours par Dom Éric de Reviers, en constituant un choix orienté « vers l’intérieur ». On se reportera au « Portrait spirituel » proposé par le Père Éric, Rencontres…, 425-569.

763T4, p. 519 ; F.C. 878.

764P 101, p. 632/680.

765P 101, p. 633/681.

766Itinéraire, 99 sq. ; P.C. 878 ; P 101, p. 633/681-634/682. Et Véronique Andral, Itinéraire, 101, ajoute : « Nous pouvons placer ici un petit épisode qui fut soigneusement caviardé dans le [ms.] P 101, p. 643/689, où, à une certaine époque, on a tâché d’effacer ce qui regardait les relations de Mère Mectilde avec Bernières (probablement au moment où Rome a mis à l’index le "Chrétien intérieur" ?). Bref, voici, en résumé, ce que nous avons pu déchiffrer : Bernières est venu voir Mère Mectilde à Paris, les voilà tous deux au parloir, perdus en Dieu. Cet entretien dura plusieurs heures, si bien qu’ils en oublient de prendre leur repas, au grand désespoir de la Sœur tourière et de la Communauté. »

767L. de Bernières à Mectilde (non datée) P 105, p. 481 ; Itinéraire, 77.

768On s’y reportera pour l’histoire du fichier Central et des éditions qui se révèlent suivre un plan très cohérent sous des titres divers.

769A l’est et au nord l’emportent les réformés, au sud la contre-réforme est menée par l’Espagne à la fin de son Siècle d’Or et par Rome. Pris en étau, on a douté que le royaume de France puisse résister aux offensives venant de tous côtés dont surtout les Flandres espagnoles. Sous la conduite intelligente du cardinal Richelieu l’étau sera desserré. Après une nouvelle période de luttes intestines connues sous le nom de la « Fronde », le jeune Louis XIV renversera le jeu. De la défense du royaume on passera à une phase hégémonique avant de se heurter à toute l’Europe unie et de manquer tout perdre au début du XVIIIe siècle. Puis de nouveau un mouvement de balancier, victoire des révolutionnaires…



770La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle. Tome I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, Récollets) – Tome II. Florilège de figures mystiques de la réforme Capucine. Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », Tome III. Figures féminines, minimes et héritiers. Études historiques. Dominique Tronc, Pierre Moracchini, Jean-Marie Gourvil.

771L’histoire de cette fondation est rapportée par l’historien Pierre Moracchini : La vie mystique chez les Franciscains du Dix-septième siècle, Tome III, « Un grand siècle franciscain à Paris », 100-107.

772Nous citons : Histoire générale et particulière du tiers ordre de S. François d’Assize, par le R.P. Jean Marie de Vernon, 1667, Tome second, « La vie des personnes illustres qui ont fleuri dans les siècles quinze seize et dix-sept » : « La vie d'Antoine le Clerc, sieur de la Forest », 527-544. – Antoine le Clerc est contemporain de Vincent Mussart (1570-1637). Ce dernier, que nous venons de rencontrer aux mains des mercenaires suisses, commença par approfondir ses liens avec le mouvement franciscain en la personne d’une « demoiselle flamande », une tertiaire mentionnée par le même historien Jean-Marie de Vernon, avant de cofonder le Tiers Ordre franciscain français.

773[Jean-Chrysostome de Saint-Lô], Traités spirituels et méditatifs (1651), « Traité premier, Le Temps, la mort et l’éternité ».

774P. Claude Prévôt, bibliothécaire de l'abbaye de Sainte Geneviève à Paris, Bibl. Ste Geneviève, ms. 3030, f° 21r°, Archives eudistes (dossier Du Chesnay ‘VIII Bernières’).

775Aucun lien ne nous est pas attesté entre Vincent Mussart et Antoine le Clerc mais le rôle central de Mussart comme cofondateur créant le premier couvent de Picpus rend probable une relation entre eux, car le jeune Jean-Chrysostome se rend de Normandie à ce couvent parisien.

776[Henri-Marie Boudon], L’homme intérieur ou la vie du vénérable père Jean Chrysostome, religieux pénitent du troisième ordre de S. François, à Paris chez Estienne Michallet, 1684.

777Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913. – Heurtevent in DS 2.881 sq. - Raffaelle Pazzelli, “Bibliografia del Terz' Ordine Regolare di San Francisco in Francia”, notice “8. Jean Chrysostome de Saint-Lô”, 76-79 in Analecta TOR, vol. XXIII, 152, 1992.

778Nicolas Caussin (1583-1651), humaniste et confesseur de Louis XIII.

779Citation relevée par le P. du Chesnay : Bibl. Ste Geneviève, ms. 3030, f° 21r° (Archives Eudistes, dossier du Chesnay « VIII Bernières »).

780Expériences II, «  4. Franciscains, Jean-Chrysostome… » , 361 sq.

781Boudon, L’homme intérieur…, op. cit., 378.

782D. Tronc, “Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon”, XVIIe siècle, op.cit.

783Bremond, Sentiment religieux, VII, 321 sq.

784Des traces de brûlures datent du bombardement de Caen en août 1944 : sur trois religieuses, seule celle qui transportait le précieux trésor du couvent survécut… (comm. lors de notre saisie photographique réalisée à Caen en 2002).

785Pagination double des feuillets du ms.

786Souriau, op. cit., deuxième partie, chap. II consacré à Jourdaine.

787Souriau, Deux mystiques, 112 ; Boudon, Œuvres II, Migne, 1311.

788Jean de Bernières, , Le Chrétien intérieur textes choisis suivis des Lettres à l’Ami intime, Arfuyen, 2009.

789Lettre à l’Ami intime n°18.

790Souriau, Deux mystiques…,196.

791Au sens spirituel, car le couvent (disparu, proche de l’actuelle église Saint Jean) donnait sur la « Grande Rue de St Jean », dans « l’île » de Caen, zone plate de « Prairies » entre l’Orne et son bras (Plan de de la Ville et du Château de Caën, 1718).

792Bernières, Chrétien Intérieur, 565.

793Bernières, Œuvres Spirituelles, II, 122.

794Henri-Jean Martin, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle, Droz, 2 tomes, 1969, 1999, 785,  citant Souriau, 247.

795La famille Helyot est remarquable : Marie Hélyot (1644-1682) et Claude Hélyot (1628-1686) constituent un couple mystique dont le P. Crasset nous a livré le témoignage.

796Henri-Jean Martin, op.cit., 951.

797Survient un procès prévisible entre éditeurs, dû à un succès inattendu. Les deux titres étaient trop proches même si les contenus différaient largement : 531 pages pleines succédaient à 165 pages aérées ! L’éditeur rouennais Grivet est condamné (sans amende) et l’éditeur parisien Cramoisy devient propriétaire des deux titres avec une exclusivité de neuf ans. Ce dernier est le grand gagnant, car il va rééditer de nombreuses fois le Chrétien : non pas selon sa forme courte initiale  mais selon la version ample en huit livres compilée par d’Argentan et publiée chez le perdant ! Le même titre sort donc successivement chez deux éditeurs ennemis. – On trouvera le récit circonstancié de l’histoire des éditions dans Bernières, Œuvres Mystiques I , cit.infra.

798Jean de Bernières, Le Chrétien intérieur, textes choisis suivis des lettres à l’Ami intime, op.cit. ; Jean de Bernières, Œuvres Mystiques I, L’Intérieur chrétien suivi du Chrétien intérieur augmenté des Pensées, Edition critique avec une étude sur l’auteur et son école par Dominique Tronc, Ed. du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2011 ; Œuvres Mystiques II, Correspondance, Edition critique présentée par le P. Éric de Reviers, bénédictin de l’abbaye de Kergonan, même collection, à paraître.

799Rencontres autour de Monsieur de Bernières mystique de l’abandon et de la quiétude (Thierry Barbeau, John Dickinson, Jean-Marie Gourvil, Isabelle Landy, Joël Letellier, Bernard Pitaud, Éric de Reviers, Dominique Tronc, Annamaria Valli, textes de Jean de Bernières), coll. « Mectildiana », Editions Parole et Silence, sous presse.

800Réduction de la copie du XIXe siècle : Il ne faut pas oublier ici la maison nommée l’Hermitage que (p.86) Monsieur de Bernières frère de notre révérende Mère Fondatrice fit bâtir dans l'avenue qui conduit à notre cours du dehors. Ce bâtiment fut commencé en 1646 et achevé en 1649. La Communauté ayant acheté le fonds, Mr de Bernières donna 2130 livres, demandant le logement pendant sa vie. Il y reçut plusieurs ecclésiastiques, parmi lesquels Mr de la Boissière qui fut évêque dans les pays étrangers, Mr Louis de Laval évêque de Québec et Mr Bertot, qui a été notre supérieur. / Le 27 décembre 1651, les Habitants de Saint-Lô

801P. Milcent, Saint Jean Eudes, Un artisan du renouveau chrétien au XVIIe siècle, Cerf, 1992, 44. Cit. suivante : 43.

802Ch. Berthelot du Chesnay, Les Missions de Saint Jean Eudes…, Procure des Eudistes, 1967.

803J. Eudes, La vie et le royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes, Lethielleux, 1947.  

804DS 1.1136/38 ; art. « Chrysostome de Saint-Lô » par R. Heurtevent, excellent connaisseur du groupe ; DS 2.884  et l’étude antérieure de Bremond, Histoire…, VII, Chapitre V, « Le vigneron de Montmorency et l’école de l’oraison cordiale », [321-373] ; DS 4.1609 résume bien une vie mouvementée.

805Jean Aumont, L’ouverture intérieure du royaume de L’AGNEAU OCCIS dans nos coeurs avec le total assujettissement de l’âme à son divin empire, où il sera brièvement traité de la vraie et sainte oraison et récollection intérieure y faisant voir premièrement les sept sortes de captivités et enchaînements du péché et du propre amour, qui scellent et captivent notre âme, la tiennent et retiennent à elle-même par un PAUVRE VILLAGEOIS, Paris, Denys Bechet et Louis Billaine, 1660. [606 pages ; suivi de] Abrégé pratique de l’oraison de recueillement intérieur en Jésus crucifié [104 pages] ; Table des matières [par sujets].

806Auteur de L’oratoire du cœur, Paris, 1679.

807Madame Guyon connaissait le livre sans l’apprécier : « L’Agneau occis est un livre où il y a du bon, mais il y a aussi bien des choses que vous ne devez pas approuver. Le bonhomme qui l’a fait est un saint homme, mais comme sa lumière n’était pas étendue, c’est un galimatias ; de plus, il veut qu’on se forme une image de Jésus-Christ avec les armes de la Passion dans le cœur . Ces sortes d’images dans la suite rendent imaginaire et sujet aux visions et représentations, ce qui nuit à l’intérieur. » (Correspondance, III Chemins mystiques, lettre 160). – A distance de trois siècles et demi, le « galimatias » a pris du charme tandis que les « armes de la Passion » ont rouillé.

808Bremond, op. cit., VII, [331].

809En italiques dans l’imprimé, comme de nombreux passages qui suivront.

810Nous citons l’édition de 1660 (Bremond, VII, [332], cite en partie ce même passage).

811Titre de la section. Nous omettons ensuite de nombreux soulignements en italiques dans l’imprimé.

812Gaston de Renty a été présenté dans Expériences… III, 3. « Spirituels dans le monde, Pratique de la charité, Gaston de Renty (1611-1649) ».

813DS 13.363/9 (art. Renty, par R. Triboulet).

814La Vie de Monsieur de Renty par Saint-Jure (1651) est traduite et publiée à Londres dès 1658 puis adapté par Poiret et diffusé dans toute l’Europe sous le titre Le chrétien réel (1701). Voir sur l’influence du marquis les pages 166-170 par J. Orcibal, “Les spirituels français et espagnols … chez John Wesley et ses contemporains”, Études…, op. cit.

815Nous sommes par contre surpris de son attachement à la visionnaire carmélite de Beaune Marguerite du Saint-Sacrement qui devait avoir une qualité humaine que l’on ne retrouve pas dans sa biographie ni dans les témoignages rapportés par Amelote.

816Renty, Correspondance, éd. par R.Triboulet, Desclée de Brouwer, 1978, Lettre 16.

817Lettre 315 à Mère Élisabeth de la Trinité, prieure de Beaune, 721.

818Lettre 339 à St Jure, 754.

819Lettre 387 à St Jure, p.818-819.

820Expériences… II, « 2. Traditions…, Une succession de bénédictines réformatrices, La Mère du Saint-Sacrement et ses bénédictines », 115 sq. – Belle étude de sa spiritualité dans : Il Libretto di Catherine Mectilde de Bar per se sue benedettine, Le Véritable esprit des religieuses adoratrices perpétuelles du très saint sacrement de l’autel (1684-1689), Milano, 2011. - Ici nous privilégions les rapports avec le père Chrysostome, Bernières, Charlotte de Sergent.

821Conférence de L. Cognet, pp. 26-27, dans Catherine [Mectilde] de Bar : Documents historiques, par les bénédictines du Saint-Sacrement, Rouen, 1973.

822Fonds Du Chesnay, dossier « Bénédictines du St Sacrement ».

823Véronique Andral, Catherine de Bar, Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, Itinéraire spirituel, Monastère des Bénédictines, Rouen, 1990, 1997 (2e éd. revue).

824Entretien avec se filles en 1694, V. Andral, Itinéraire…, op.cit., 186.

825Entretien en 1697, Ibid., 206.

826La Mère de Blémur entra vers 1678 au monastère de la rue Cassette qui connut de nombreux visiteurs dont madame Guyon et Fénelon…

827Autographe reproduit par V. Andral, Itinéraire…, op.cit., 176 sq..

828V. Andral, Itinéraire…, op.cit., 213.

829J. Daoust, Catherine de Bar Mère Mectilde du Saint-Sacrement, Tequi, 1979, 22-36.

830Par de nombreuses publications citées en deux notes (études sur sa vie, publications de ses écrits) de ce chapitre. - La Bibliographia Mechtildiana, Benediktinerinnen, Köln, 2001, cite 994 références de travaux.

831Lettre au duc de Chevreuse du 10 janvier 1693.

832Catherine de Bar, Documents historiques, op. cit., 31.

833« Le 7 mai 1630, à l'âge de 15 ans, Jean Yver fût admis au noviciat des capucins et c'est alors que, selon l'usage, il prit le nom de Louis François d'Argentan. Un an après, il fit profession et ses supérieurs l'envoyèrent au couvent de Falaise. Il y demeura jusqu'en 1638 et, à cette date, revient au couvent d'Argentan. [...] En 1641, le père Louis-François était lecteur de philosophie au couvent de Caen, tout en prenant part aux missions prêchées dans la contrée.[...] De 1653 jusqu'à sa mort, nous le voyons occuper les plus hautes charges : deux fois provincial, deux fois définiteur, commissaire général, gardien de plusieurs couvents et, malgré tout, s'adonnant à une prédication ininterrompue » ( Anna-Maria Valli, Tesi, cap. VII, n. 82, cite P. Lefèvre, L'œuvre du père Louis François d'Argentan, capucin ).

834Son travail de réécriture, regretté depuis l’évêque d’Avranches Huet, a aidé au rayonnement de l’œuvre en adaptant les écrits « trop mystiques » de son maître à l’esprit ascétique et pieux du temps.

835Contrairement à l’opinion de l’érudit Ubald d’Alençon qui le défend (« Nous ne savons pas bien la part de chacun… »), Heurtevent, op. cit., 163, termine ainsi son Chap. IX « La critique de l’œuvre » : « Où commence d'Argentan ? Où finit Bernières? Le premier a tellement voulu agrandir et embellir l'appartement du second qu'il l'a transformé au point qu'il est délicat d'en vouloir retrouver présentement les cloisons et la superficie primitive. »

836Les exercices du chrétien intérieur, où sont enseignées les pratiques pour conformer en toutes choses notre intérieur avec celui de JC et vivre de sa vie, par le R.P.Louis François d’Argentan, capucin, tomes I & II, Paris, chez la veuve d’Edme Martin, 1692 & 1697.

837« Avertissement » au Chrétien intérieur « tardif », édité en deux tomes & dix livres (1687).

838Ibid., 16e & 19e page de l’ « Avertissement ». Citation précédée par :« Il y a beaucoup de redites [de la part de Bernières] … étant vrai que les lumières et les affections que la grâce répand dans une âme, sont bien souvent les mêmes, sinon qu’elles se perfectionnent toujours dans la suite, et qu’elles la font passer dans des états bien plus purs et plus élevés. Mais on n’y voit pas cette variété de pensées, de matières, ni de sujets qui divertit dans les autres livres, et qui empêche que la lecture n’en soit ennuyeuse. Il a fallu débrouiller tout cela avec assez de fatigue et mettre quelque ordre où il n’y en avait aucun. Et après tout, il s’y trouvera encore peut-être, un peu trop de répétitions… N’attendez pas… » 



839Réédité dans La vie admirable de Marie des Vallées et son abrégé suivis des Conseils d’une grande servante de Dieu, Sources mystiques, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, 2013, 645 sq.

840Sinon indirectement, s’adressant à un étranger : « Je vous envoie une lettre d’un grand serviteur de Dieu [Bertot], qui est mort il y a plusieurs années : il était ami de monsieur de Bernières, et il a été mon directeur dans ma jeunesse. » (Lettre au Baron de Metternich, Correspondance I Directions spirituelles, pièce 425). – Madame Guyon s’appuie par contre sur une autorité du début du siècle jamais mise en cause, celle du grand carme mystique aveugle Jean de Saint-Samson (1571-1636).

841A. Favre, Jean-Philippe Dutoit, Genève, 1911, 115-118 : « Inventaire et Verbal de la saisie des livres et écrits de M. Dutoit ».

842DS 1.1887-1893.

843Boudon, Œuvres I, Migne, 77 ; Souriau, Deux mystiques…, 92.

844Dont l’unique biographie du P. Jean-Chrysostome.

845Titre d’un livre mis vingt-six ans après sa parution à l’Index en 1688 comme « pouvant servir d’occasion aux erreurs quiétistes. »

846Souriau, Deux mystiques…, 203, citant Gosselin.

847DS 2.939-2.942.

848Annales 40 & 41. La lettre est reproduite dans l'appendice à la Correspondance de Marie de l'Incarnation, édition Oury 1971, 949 & 950.

849Dom Thierry B. : « Un disciple méconnu de Jean de Bernières… », op.cit

850Souriau, op.cit., 239-240 & 381 sur sa brouille avec Mgr de Laval. – Nous omettons ici les notes de Souriau.

851Dom Thierry B. : « Un disciple méconnu de Jean de Bernières : le bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec (1623-1708) », Rencontres autour de Monsieur de Bernières., 2012.

852Souriau, op.cit., 216 sq.

853Gosselin I, II (nous renvoyons au notes Souriau).

854Dom Thierry B. : « Un disciple méconnu de Jean de Bernières… », op.cit

855Souriau, op.cit., 219 – Gosselin II, 237-238.

856Dom Thierry B. : « Un disciple méconnu de Jean de Bernières… », op.cit

857Souriau, op.cit., 229sq.

858Gosselin, II, 180.

859Gosselin, II, 231-232.

860Gosselin, II, 227.

861Gosselin, II, 382.

862Gosselin, II, 226-227.

863Gosselin, II, 566.

864François de Laval a été présenté à la suite de Bernières, Expériences…, III.

865Lettre de l’automne 1689 de François de Laval à l’abbé Milon, prêtre du Séminaire des Missions Étrangères de Paris, Ibid., p. 452.

866µ cit Aumont

867interdiction : trouble, étonnement, surprise.

868Vie 1.8.6-7.

869Vie 4.1 (notre éd. critique) [3.20.6. (anciennes éd.)].

870André Derville, « Un Récollet Français méconnu : Archange Enguerrand », Archivum Franciscanum Historicum, 1997, p.177-203, (seul article de fond sur ce mystique).

871Nom donné par Bremond, op.cit., VII [321sv.].

872Instruction pour les personnes qui se sont unies à l'esprit et au dessein de la dévotion de l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement établie dans la congrégation des religieuses bénédictines qui est de faire réparation d'honneur et amende honorable à Jésus-Christ, Paris, 1673. (La 4e édition, 1702, est augmentée d'une Pratique de piété pour honorer et adorer le Saint-Sacrement).

873A. Derville, op. cit., 184.

874Auteurs de la revue des frères mineurs : « B. Observants, récollets, tiercelins », DS 5.1639/40 (qui constitue la « suite de la col. 1380 du tome 5 »).

875L’autre est Pascal Rapine, auteur d’un « immense discours sur l’histoire universelle » (Bremond).

876Description fouillée par A. Derville, op. cit., 179-181. Outre l’Instruction… déjà référencée et une oraison funèbre de la reine de France prononcée à Arras (Arras, 1683 ; Paris,1684) , l’œuvre manuscrite est conservée à la Mazarine de Paris, ms. 1213(2262) et 1224(2298), à Lyon (anciennement à Chantilly), ms. 214 et 259, à Vitry-le-François, ms.104, ce dernier à comparer au ms. 2120 de la bibl. de l’Arsenal de Paris ; ces manuscrits très amples mériteraient une étude approfondie.

877Qui répond à Enguerrand : « La contrition ne consiste pas seulement à beaucoup pleurer ses péchés […) C’est une joyeuse tristesse, une consolation … un paradis … C’est pourquoi il ne faut point de précepteur au Saint-Esprit. Tous les langages des hommes ne vous peuvent pas beaucoup profiter suivant la conduite de Dieu sur vous. » (ms. 214, [454] cité par A. Derville, op. cit., p.191.).

878« …un si grand amour que volontiers, durant vingt-quatre heures que cela me dura, je n’eusse vaqué à autre chose … [par la suite] j’appréhendais la consolation sensible de peur d’être trompé. … je demeurai six jours dans cet amour… » (À. Derville, op. cit., 187-188). Autre point intéressant sur la prière : « Mais les esprits, quoiqu’éloignés, sont capables de s’unir. », etc. (ibid., 194).

879J’utilise la transcription d’André Derville, S.J. qui m’a offert ses deux cahiers manuscrits « de jeunesse » avec une grande générosité. Ils sont ici enfin pleinement transcrits (une précédente transcription partielle figure dans La vie mystique chez les franciscains du dix-septième siècle, tome I, 265s.)

Ils ont été constitués à partir du ms. 4° 259, Bibl. de Lyon ; anciennement bibl. de Chantilly, Fonds Jersey. Le texte suit ceux de et sur Jean de Saint-Samson : « Lettres spirituelles du R.P. Archange, Recollet, à la sœur Marguerite-Angélique, Rse de la Visitation ».

880Une notice reproduite en fin de volume donne l’ambiance d’un couvent de la seconde moitié du siècle. Elle éclaire sur les angoisses et les « peines excessives » d’une communauté, même assistée par un Enguerrand. (v. infra la note attachée à l’étude d’A. Derville qui précise cette notice).

881v. A. Derville, op. cit., 185.

882Voir aussi Dict. de spiritualité, aux Tables générales établies par A. Derville, Beauchesne 1995 (ce fascicule est le plus utile et consulté de tous mes « outils »).

883Jeanne-Marie Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques…, Honoré Champion, 2001, 2014.

884Titre ajouté.

885[note reprise de l’édition Champion, 2001:] On rencontre ici le ‘réseau’ mystique auquel se rattachent les principales personnes qui ont influencé sur la jeune Madame Guyon : ce franciscain l’introduira à la Mère Granger [Vie 1.12.7] qui lui donnera pour directeur Jacques Bertot Voir notre préface qui s’appuie sur les sources suivantes : « Ce Franciscain, dont Mme Guyon ne révèle pas le nom, pourrait être le récollet Archange Enguerrant [ou Enguerrand], si l'on en croit le témoignage de Hébert, qui, au cours d'un voyage à Montargis [où il y avait effectivement un couvent de récollets], rencontra le frère de Mme Guyon et n'entendit alors sur celle-ci que louanges. [Cf. Mémoires du curé de Versailles, François Hébert [1686-1704], publiés par G. Girard, préface de H. Bremond, Editions de France, 1927, p. 213.] En passant par Corbeil en juillet 1681 Mme Guyon devait revoir le même religieux [voir Vie 2.1.6] : or, le Père Enguerrant a été gardien du couvent des récollets de cette ville en 1682. [Cf. H. Lefebvre : Histoire chronologique de la province des Récollets de Paris, 1677-88, 1ere addition, p. XVIII] » BRUNO, Vie - Archange Enguerrand a lui-même rencontré Jean Aumont, ‘le pauvre villageois’, disciple de Bernières ; c’est une filière secondaire reliant Madame Guyon au groupe de l’Ermitage, la première passant par son maître mystique Jacques Bertot associé à la Mère Granger ; la direction spirituelle de religieuses par Enguerrand est intéressante - tout comme l’ouvrage d’Aumont, L’ouverture intérieure du royaume de l’agneau occis, 1660 ; sur Enguerrand voir : A. Derville, “Un Récollet Français méconnu : Archange Enguerrand, Archivum Franciscanum Historicum, 1997, 177- 203.

886Le « désert » de l’Alverne, près d’Assise.

887Trouble, étonnement, surprise (qui le fait quitter la jeune femme sous le prétexte d’aller chercher des écrits).

888Luc 17, 21.

889Hebr. 10, 7.

890Cant. 1,2.

891Dans ce qui suit les notes originelles « /n » figurent en petit corps au fil du texte principal.

892Page impaire de l’original couvrant la ligne, séparateur utile pour situer les notes « /n » données au fil du texte principal.

893Notice reproduite en fin de volume. Car, même s’il ne s’agit pas de la destinataire des 70 lettres reproduites infra, cette notice donne l’ambiance d’un couvent de la seconde moitié du siècle. Elle éclaire sur les angoisses et les « peines excessives » endurées par de nombreuses religieuses de la communauté, sur « un fond caché de mélancolie ».

894Le directeur Mistique ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion., 4 vol., 1726,  que nous citerons dorénavant sous l’abréviation Directeur Mystique ou DM.

895Madame Guyon, Correspondance, I Directions spirituelles, Edition critique établie par D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2003, « Lettres de Monsieur Bertot », 75-177. [soit vingt-huit lettres de Bertot constituant la correspondance dite passive pour six pièces de Madame Guyon].

896Condamnation de « quiétistes » français, dont, parmi d’autres, Bernières post-mortem en 1687, puis Fénelon par le Bref Cum Alias de 1699 qui met le point d’orgue à la mise au pas des mystiques en milieu catholique.

897Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913 ; Bremond, Histoire du sentiment religieux, tome VI, « Autour de Jean de Bernières » ; P. Pourrat, Dictionnaire de Spiritualité (Dict. Spir.), tome I, col. 1537-1538, art. « Bertot » (1937) et du même auteur, La Spiritualité Chrétienne, IV Les temps modernes, Lecoffre, Paris, p. 183 (1940, pub. 1947) ; R. Heurtevent, L’œuvre spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, Paris, 1938, p. 63 ; I. Noye, article « Enfance de Jésus », Dict. Spir., vol. 4, col. 676 (1959) ; J. Le Brun , article « France », Dict. Spir., vol. 5, col. 948 (1962) ; il faut y adjoindre les notes rassemblées par le P. Berthelot du Chesnay qui préparait une grande étude sur Bernières (Fonds du Chesnay, Archives Eudistes).

898D. Tronc, « Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon », XVIIe siècle, n°1-2003, 95-116.

899Bernières, Œuvres Spirituelles II, 282 (lettre du 15 février 1647 probablement adressée à Mectilde de Bar, la Mère du Saint-Sacrement). Voir aussi Œuvres Spirituelles II, 121 : lettre du 25 août 1653 : « Vous savez [...] que le Père Chrysostome avait réglé ma conduite, et que la vie pauvre et contemplative devait être mon occupation. » Il existe deux belles correspondances : brève entre Catherine de Bar et Chrysostome, abondante entre Catherine et Bernières (transcriptions au monastère de Rouen à partir des mss. 101, 115, Dumfries 13, Paris 160).

900Souriau, Deux mystiques normands au XVIIe siècle, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913, p. 92 ; Boudon, Œuvres I, Migne, p. 77.

901  Voir Gaston de Renty, Correspondance, éd. par R. Triboulet, Desclée de Brouwer, 1978.

902Souriau, Deux mystiques…, p. 112 ; Boudon, Œuvres II, Migne, p.1311.

903Bernières, Chrétien Intérieur, p. 565.

904Bernières, Œuvres Spirituelles, II, p. 122.

905Bernières, Œuvres Spirituelles, II, p. 364.

906Lettre au duc de Chevreuse du 10 janvier 1693 : « La Mère du Saint-Sacrement est celle dont je vous ai parlé, qui est l’Ins[ti]tutrice de cet ordre, fut de mes amies et [est] une s[ain]te. » - Fénelon écrira à l’occasion de sa mort : « Conservez la simplicité […] que notre chère Mère vous a enseignée. »

907Daoust, Catherine de Bar…, Paris, Téqui, 1979 - de Catherine de Bar : Documents historiques, par les bénédictines du Saint-Sacrement, Rouen, 1973 ; […] ; Catherine de Bar 1614-1698, Téqui, 1998 (voir la revue bibliographique par Dom J. Letellier, p. 11-96).

908Conférence de L. Cognet, pp. 26-27, dans Catherine de Bar : Documents historiques, op. cit.

909Cf. Annexe III, Notes à Monsieur Bertot, Directeur Mystique, Identité, baptême, décès.

910Le directeur Mistique [sic] ou les Œuvres spirituelles de M. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Mad. Guion., 4 vol., 1726,  que nous citerons dorénavant sous l’abréviation Directeur Mystique ou (DM). Ici : vol. I, « Avertissement » - Les points de suspension représentent des coupures permettant de ne conserver que les rares passages apportant une précision biographique ; ils sont distribués sur quatre pages, [4] à [7].

911En fait natif de Caen selon la lettre de M. du Houël que nous allons bientôt citer. Il a pu se glisser une confusion avec le lieu de naissance de Marie des Vallées, qui appartient au même « réseau spirituel » et est présentée par une Relation dans le même DM. Par ailleurs un Bertout (Claude) fut chanoine de la cathédrale de Coutances.

912Cf. Annexe III, Notes à Monsieur Bertot, Directeur Mystique, Sources utiles à l’approche biographique.

913 Cf. Annexe III, Notes à Monsieur Bertot, Directeur Mystique, Identité, baptême, décès.

914Lettre de M. du Houël à P.-D. Huet, BN, F. Fr. 11 911, f. 34-35 : « A Caen ce 17e d’avril 1699 / Monseigneur, / Puisque vous voulez bien savoir la naissance et la famille de feu Mr Bertot, prêtre abbé de St Gildast de Ruye en Bretagne, il s’appelait » (suite citée dans le texte principal). Huet la reprend dans Les origines de la ville de Caen, 2e éd., Rouen, 1706, pp. 398-399. Archives Eudistes, dossier ‘Bernières’. 

915C’est l’unique exemple de pièces provenant d’une personne étrangère au couvent ; les autres liasses qui vont jusqu’en 1780 sont relatives à des tractations concernant le seul couvent et ses dépendances (Archives Départementales, Caen : « 19. Ursulines fondées par Bernières : 2H249, 2H250/1, 2H250/2, 4 vol imprimés non cotés. » La liasse appartient à la boite 2H249).

916Jean de Bernières, Œuvres spirituelles , II, « Voie purgative » : lettre 57, « Voie illuminative » : lettres 25, 30 à 32,  et « Voie unitive » : lettres 43 à 48, 50, 51, 59, 61. Les lettres de Bernières furent publiées en suivant l’ordre, devenu classique depuis Hugues de Balma, des « trois voies » purgative, illuminative, unitive, en reprenant chaque fois leur numérotation, ce qui souligne l’importance accordée à un cheminement mystique progressif, comme chez Bertot.

917Nous pensons pouvoir identifier le destinataire non cité avec Bertot, grâce à quelques indices tels que : « Je connais aussi que vous êtes encore utile et nécessaire aux B[énédictines] et à M[ontmartre] (lettre 43). Les indices sont ténus par suite du nettoyage éditorial auquel n’échappent que des éléments fondus dans le texte tels que la prêtrise de Bertot, son éloignement à Paris, l’envoi d’un écrit.

918Œuvres spirituelles, II, « Voie illuminative », lettre 30 (1652).

919Œuvres spirituelles , II, « Voie unitive », lettre 61.

920« Annales de ce monastère de Ste Ursule de Caen établi en 1624 le 26 février et on vint en cette maison le 13 juillet 1636 / Sous le gouvernement de la Rnde Mère Jourdaine de Bernières de Louvigny dite de Ste Ursule première supérieure de cette maison, en charge pour lors / tout ceci recueilli par la mère Madeleine de Ste Ursule de Bernières Louvigny sa nièce. En l’année 1714 qu’elle était zélatrice et secrétaire du chapitre. » Le ms. porte quelques traces de brûlures : il fut sauvé en 1944 d’un bombardement où deux des trois sœurs de ce couvent des ursulines trouvèrent la mort. Paginé de 1 à 598, il retrace jusqu’en 1738 les événements marquants de la communauté ; il en existe aussi une copie tardive, assez peu fidèle. La Mère supérieure de la communauté nous a permis de consulter et de photographier ce témoignage rare. Très objectif, comme le fit remarquer en 1913 Souriau, qui ne disposa cependant que de sa copie, ce récit mériterait d’être publié.

921Annales…, p. 126.

922Annales…, p. 156.

923Voir par ex. : Cognet, L., La Réforme de Port-Royal, Flammarion, 1950.

924Annales…, p. 209 ss. La dernière phrase ne lève pas toute responsabilité de la part de Jourdaine.

925Heurtevent, L’œuvre spirituelle de Jean de Bernières, Beauchesne, 1938, p. 63 & 83.

926Annales, op. cit, p. 261.

927L’Addition de la fin du vol. II du Directeur Mistique rapportant les Conseils d’une grande servante de Dieu Marie des Valées, renvoit aux deux lettres que nous citons : 40 et 64 du DM, vol. II. ; on connaît par ailleurs les liens étroits entre Marie des Vallées, Jean Eudes, Bernières, Renty. - Par contre, si l’on relève dans Dermenghem, Marie des Vallées, p. 55 : « Bazire délégua pour l’étudier le prêtre Ameline, assisté du chanoine Bertout et accessoirement du capucin L.F. d’Argentan ils (l’) accablèrent de questions insidieuses », il s’avère que le chanoine n’est pas Jacques Bertot, mais Claude Bertout, bienfaiteur des missions évoqué en note précédemment, v. Annexe III.

928DM, vol. II, lettre 40, p. 234.

929DM, vol. II, lettre 64, p. 349 ; voir Madame Guyon, Torrents, Chapitre 3, §1 : « ces grandes rivières qui vont à pas lents et grave » contrastent avec le torrent impropre aux charges ; mais c’est le torrent qui conduit le plus vite à terme.

930A. Launay, Lettres de Mgr Pallu, [Paris, 1904], t. I, p. 58 (nous modernisons l’orthographe). Mgr Pallu s’était embarqué longtemps auparavant avec le neveu du père de Mme Guyon,  Philippe de Chamesson-Foissy, dont la rencontre en 1661 avec cette dernière, encore toute jeune, fut importante (v. Vie par elle-même…, 1.4.6). C’est une autre rencontre de membres du milieu spirituel dans lequel Bertot était actif ; elle contribua à orienter Mme Guyon.

931« Il s’agit de MM. Desportes et Cornet ; de [Joseph ?] de Beaufort, des Incurables, de M. Bertrand, qui est à Montmartre [erreur de lecture pour Bertaud = Bertot], du R.P. Cotereau, capucin. » ( Id. Lettres, t. I, p. 144-146 et 157-158). On note que le P. G. Alleaume (1641-1706), qui fut un jésuite proche de Madame Guyon, traduisit l’ouvrage Souffrances de Notre Seigneur Jésus-Christ du P. Thomas de Jésus (de Andrade), portugais de l’ordre des Ermites de Saint-Augustin. Suspect de quiétisme, il fut exilé de Paris en 1698 (voir Urbain Levesque, Corr. de Bossuet vol. VIII, p. 469, & Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, C. Sommervogel, réimpr. 1960, p.179). S’agirait-il d’une édition de cette traduction après la mort de Pallu en 1684 ?

932DM, vol. III, lettres 69 et 70, éditées dans ce volume : lettres 3.68B (« lettre à l’auteur » non numérotée dans l’original), 3.69, 3.69B, 3.70.

933Fonds du Chesnay, dossier R5-8 relevant des archives du monastère de Dumfries, Ecosse, pièce D 13 (une reproduction complète de ces archives existe au couvent des bénédictines de Rouen). On ne possède malheureusement pas les réponses de Jean à Catherine.

934Lettre écrite par Catherine de Bar, de la rue Cassette, le 27 juin 1659.

935Catherine de Bar, Lettres inédites, op. cit., p. 183-184.

936Id., p. 190.

937Id., p.192.

938Id., p. 206.

939Voici ces passages : « M. Bertaut [ailleurs Bertout] dit hier la messe céans, mais comme nous chantâmes aussitôt après la grand messe, je ne le pus voir; il me fit dire qu’il reviendrait. » (monastère de Tourcoing, Recueil des lettres de la R.M.M., t IV, Bernières, p. 497). -

« Je vous reproche votre infidélité de n’être point venu à Paris avec M. Bertout [Bertot].  » (même source, 21 août 1654, p.499).

« J’ai eu deux fois la joie de voir les deux amies de Timothée; mais la Providence ne m’a pas rendue si heureuse pour M. Bertot, car je n’ai eu le bonheur que de le voir un moment hier avec le Père Bertelot »

Le manuscrit Tournefort (du nom de la rue à Paris où existait jusqu’à une date récente un couvent de l’ordre), p.637, Vienville , Vie : il expose les « motifs qui lui avait fait désirer la venue à Paris de Mr de Bernières, qui y arriva après Pâques de cette même année 1655 avec M. Bertaut très digne ecclésiastique qui fit alors une connaissance particulière avec notre vénérable institutrice [la mère Mectilde]. »

940Le Denys des mystiques que la légende fait venir à Paris – l’auteur ancien le plus souvent cité par Madame Guyon dans ses Justifications.

941L’église Saint Pierre de Montmartre, entre la place du Tertre et la Basilique du Sacré-Cœur ; l’abbaye a disparu.

942Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, par M. l’Abbé Expilly, Paris, 1762.

943Dictionnaire, op. cit. Expilly est contemporain de Buffon : un siècle nous sépare de Bertot ! Mais nous pouvons recourir à cette description car les grands bouleversements n’eurent lieu que plus tard, à la Révolution où le monastère disparaît à l’exception de l’église Saint-Pierre où se trouverait la tombe de Bertot (à droite en entrant, près d’une colonne ancienne), puis par suite de l’urbanisation propre aux siècles suivants. Le lieu demeurera cependant relativement isolé, avec ses moulins, dont celui de la « fine blute », jusqu’à l’époque des peintres impressionnistes et de Van Gogh.

944E. de Barthélemy, Recueil des Chartes de l’abbaye royale de Montmartre, Champion, 1883. Cette description de la tumultueuse réforme est donnée dans l’Introduction.

945« Madame de Beauvilliers mourut dans son abbaye le 21 avril 1657, à 83 ans, après 60 années d’abbatiat », E . de Barthélemy, Introduction au Recueil, p. 19. Voir sur elle : Mère de Blémur, Eloges de plusieurs personnes illustres en piété de l’ordre de St Benoît, 1679, 143-184.

946Exercice divin, ou pratique de la conformité de notre volonté à celle de Dieu, par R[évérende] M[ère] M[arie] D[e] B[eauvilliers]. A Paris, chez Fiacre Dehors, 1631, chapitre X p. 65. L’exemplaire unique de ce texte qui contient un résumé spirituel dans la droite tradition de Canfield est conservé à l’abbaye de Maredsous (copie disponible aux Archives Saint-Sulpice) ; J. Orcibal, Benoît de Canfield, La règle de perfection, PUF, 1982, souligne, p. 16, la reprise par Marie de Beauvilliers de l’Abrégé de la Règle.

947Françoise-Renée de Lorraine, abbesse de Montmartre née le 10 janvier 1629, morte le 4 décembre 1682 ; fille de Charles de Lorraine, duc de Guise, de Joyeuse, pair de France - Bertot était en relation avec deux membres de la famille de Guise : l’abbesse et l’altesse : voir Milcent, P., Saint Jean Eudes, Un artisan du renouveau chrétien au XVIIe siècle, Cerf, 1992, p. 552, tableau généalogique.

948E. de Barthélemy, Introduction au Recueil, p. 22.

949 Mademoiselle de Guise : S.A.R. Elisabeth d’Orléans (née à Paris en 1646, morte à Versailles en 1696) mariée en 1667 avec Louis-Joseph de Lorraine.

950Lettre de M. du Houël à P.-D. Huet, op.cit., reprise par ce dernier : « Il fut confesseur et Directeur des Ursulines, qui l’ayant envoyé à Paris pour leurs affaires, il y fut arrêté par Madame l’Abbesse de Montmartre et par Mademoiselle de Guise, touchées de son élévation dans les voyes de Dieu… »

951 Ch. Berthelot du Chesnay, Les missions de Saint Jean Eudes, contribution à l’histoire des missions de France au XVIIe siècle, 1967, Procure des Eudistes, préface page XII ; P. Milcent, Saint Jean Eudes, op.cit., p.490. Le pamphlet date de décembre 1674.

952Directeur mistique, vol II, p. 374, lettre non datée. Sur l’activité de Jean Eudes, autour du séminaire de Caen, etc., v. Milcent, P. Saint Jean Eudes

953Suite de la Lettre de M. du Houël à P.-D. Huet, op.cit.

954Cf. Annexe III, Notes à Monsieur Bertot, Directeur Mystique, Figures amies.

955Comme Bertot l’indique au début de la Conclusion On ne trouvera pas d’extraits de ces deux volumes dans notre anthologie.

956« Le mot Retraite se retrouve dans le titre de divers ouvrages imprimés avant cette date, en particulier ceux de J.-P. Camus [1638], du P. Pennequin [1644], du P. Nouët [1674], de Godeau [1677], de la Retraite de Vennes [1681], de Marie de l’Incarnation [1682], du P. Piny [1684]. Un peu plus bas, Fénelon précise que cet ouvrage avait déjà nourri ceux dont Colbert « pouvait tirer plus de secours spirituels ». / On pourrait donc penser à la Retraite ecclésiastique de M. Tronson dont des copies manuscrites circulèrent bien avant sa publication [1823] ou aux Méditations pour la retraite de dix jours du P. Le Valois [ms. de l’Hôpital de Caen, cf. Hillenaar, p. 35]. Mais étant donné que Fénelon emploie constamment le mot au pluriel, nous penserions plutôt au « livre des Retraites que Jacques Bertot fit en 1662 pour l’abbesse de Montmartre » (Orcibal, note 1 à la lettre no. 78, p. 200, de l’édition de la Correspondance de Fénelon, tome III). 

957Dict. Spir. vol. 1, col.1537-1538, article « Bertot » par Pourrat.

958Orcibal, note 1 , op. cit.

959 Addition 127 au Journal de Dangeau dans Boislisle, t. II, p. 413.

960Saint-Simon, Mémoires…, Boislisle, t. XXI, p. 302. Note associée 2 de Boislisle : « …c’est lui [Bertau] qui fut donné par Mme Granger [Geneviève Granger] à Mme Guyon et fut son premier initiateur. Saint-Simon parlera encore de lui, toujours à propos de Mme de Béthune, en 1716. »

961Boislisle, t. XXX, p. 71.

962Ce dont atteste « la donation faite par Monsieur l’Abbé Bertot dont 3000 L[ivres] t[ournois] étaient destinées pour amortir 150 Lt de rente aux petits pauvres renfermés et aux nouvelles Catholiques [notre soulignement], deubs [dûes] par cet hôpital, ce qui a été fait et la donation faite par Alexandre Girot, sieur de Bretheuil… » 11e paquet à 2 liasses, Cane, Hotel-Dieu, ms., Invent… Saint Louis p. 62-63 » Archives Eudistes, Fonds du Chesnay, Bernières.

963A.S.-S., pièce manuscrite 2072 du fonds Fénelon, intitulée : Mémoire sur le Quiétisme adressé à Madame de Maintenon. Auteur inconnu. Ce précieux mémoire informe sur toutes les relations de Madame Guyon, en l’an 1695, incluant les personnes du peuple. Il indique également la façon de s’y prendre, en commençant par les témoins défavorables, afin de pourvoir faire pression sur les autres… Il est édité dans : Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion-Slatkine, 2003, pièce 504.

964 Cf. Annexe III, Notes à Monsieur Bertot, Directeur Mystique, Identité, baptême, décès.

96511e paquet à 2 liasses, Cane, Hotel-Dieu, ms., Inventaire St Louis p. 62-63 ; également, dans Gall. Christ. XIV, 963, succédant à Michel Ferrand décédé 24 décembre 1676 : « Jacobus Bertot occubuit penultima die Aprilis 1681 » (Arch. Eudistes, Fonds du Chesnay, Bernières).

966 Vie, 1.30.13 (Vie par elle-même…, Champion, 2001, première partie, chapitre 30, § 13) ; ce départ la conduisit rapidement à Gex où elle arrive le 22 juillet 1681.

967Fin de la lettre : « Voilà ce que peut vous faire savoir de Mr l’abbé Bertot celui qui vous est avec un profond [respect] /Monseigneur / Votre très humble et très obéissant serviteur /Du Houël Leroux. » Lettre de M. du Houël à P.-D. Huet, BN, F. Fr. 11 911, f. 34-35, transcrite par du Chesnay, dossier Bernières,  Fonds du Chesnay. « … Bertot eut pour successeur Henri-Emmanuel de Roquette, docteur en Sorbonne, voir J.-M. Le Mené, Histoire du diocèse de Vannes, Vannes, 1889, t. II, p.125 et 128 », même source.

968« Jacques Bertot, mort à Montmartre à soixante ans le 27 avril 1683 [en fait 1681], désigna de son côté le duc de Beauvillier pour exécuteur testamentaire (cf. P. D. Huet, Les origines de la ville de Caen, 2e éd., Rouen, 1706, p. 399). (Orcibal, note 15 à la lettre no. 44, p. 155 de l’édition de la Correspondance de Fénelon, tome II).

969 Madame Guyon, Correspondance II Années de combat, pièce 478, p.742, « Du P. Paulin d’Aumale ».

970 Tous les traits personnels sont éliminés de la correspondance de Madame Guyon établie par le même éditeur Poiret : leur rareté était donc prévisible pour Bertot.

971DM, vol III, lettre 28, p. 94.

972Le Directeur Mistique [sic] ou extrait des œuvres spirituelles de Mons. Bertot, tiré des Quatre volumes de ces mêmes oeuvres , Berlebourg, 1742.

973 Jean-Philippe Dutoit-Membrini (1721-1793) devint à Lausanne un pasteur aimé par un public qui goûtait ses exhortations pleines de flamme, à l’opposé des discours académiques du temps : « Quand il arrivait au temple, les avenues étaient si remplies de monde qu’il disait plaisamment : « Si je ne trouve pas de place, il faudra que je m’en retourne ». À trente-neuf ans, des ennuis de santé le firent renoncer à prêcher. Il commença à correspondre avec beaucoup de frères spirituels, dont Fleischbein qui l’inspira ; il passa deux années à Genève et publia en 1767-1768 la Correspondance de Madame Guyon (augmentée de celle avec Fénelon). Des fidèles s’attachèrent à « la doctrine de l’intérieur ». Informés de l’existence à Lausanne d’un groupe suspect de piétisme, les autorités protestantes bernoises firent une saisie des quelques livres et écrits de Dutoit, dont la liste citée nous prouve la conscience qu’il avait de la filiation Bernière-Bertot-Guyon. Cette saisie se produisit le 6 janvier 1769. Il publia à ses frais les quarante volumes de la réédition des Oeuvres de Madame Guyon entre 1789 et 1791.

974Voir : Jean-Philippe Dutoit, par A. Favre, (thèse), Genève, 1911, p. 115. Le Chrétien intérieur désigne le très célèbre ouvrage de Bernières, objet de nombreuses éditions sous divers noms ; La Théologie du Coeur est un recueil édité par Poiret et contenant divers traités dont le Breve Compendio de Gagliardi inspiré par I. Bellinzaga. La liste des livres saisis se limite aux titres de notre citation : il s’agit bien de quelques livres de chevet.

975Lettre 10 à Mr de Klinckowström, 1764, ms. TS 1019A Bibl. Cantonale de Lausanne.

976Histoire du sentiment religieux, Tome XI et index.

977Dict. Spir. art. « Bertot » ; La Spiritualité Chrétienne, Lecoffre, 1947, tome IV, p. 183-195.

978Voir le Dict. Spir., art. « Quiétisme. I. Italie et Espagne. – II. France », vol. 12, 1986, col. 2756-2842 ; en plus bref, v. les notices à Fénelon, Œuvres, I, bibl. de la Pléiade, Gallimard, 1983, p. 1530-1545.

979On trouve ce titre dans la correspondance de Huet à F. Martin : « Il y a eu un nommé M. Bertot, prestre, natif de Froide-Rue, parent de M. Le Myère [de Basly], qui a écrit de la Contemplation, et qui a esté abbé de Saint-Gildas. », Rev. Cath. de Normandie, t. V, 15 sept. 1895, p.107 citée par du Chesnay. Et surtout une allusion à un livre inconnu est faite page 170 de la Conclusion des Retraites : « Nous avons déjà parlé un peu de cela en un autre livre… » Il ne peut ici s’agir des deux livres de Retraites désavoués en préface. Mais il pourrait aussi bien s’agir du cinquième opuscule - en fait un petit traité - édité dans le premier volume du Directeur Mystique sous le titre « Degrés de l’oraison… », p. 50 à 117, que l’on trouvera reproduit ici presque intégralement. L’ensemble de l’œuvre publiée de Bertot serait alors couvert par les sept volumes répertoriés dans cette section 3.

980Cf. Annexe III, Le corpus. Diverses retraites… & Continuation…

981Aussi, exceptionnellement, nous indiquons nos découvertes dans l’Annexe III, Ecrits du P. Chrysostome. Le rôle de Chrysostome est en effet déterminant et justifiera une étude approfondie de son œuvre.

982Cf. Annexe III, Le corpus. Conclusion des retraites

983Madame Guyon ne s’est guère impliquée dans d’autres travaux d’édition de spirituels, si l’on excepte quatre cas : les textes de mystiques reconnus rassemblés par nécessité dans les Justifications au cours du procès qui lui est fait ; sa volonté d’insérer des lettres de La Combe et d’une servante qui l’a accompagnée en prison à la fin de la Vie ; l’entretien avec Marie des Vallées et 21 lettres du P. Maur de l’Enfant Jésus, qui figurent dans le même Directeur mistique.

984Cf. Annexe III, Le corpus. Le directeur Mistique

985Elles contrastent avec de nombreuses lettres anonymes réparties dans les volumes II à IV, constituant les questions de la jeune Madame Guyon suscitant des réponses de J. Bertot.

986Première page de l’Avertissement.

987Tels que : Degrés de l’oraison, comparés aux eaux qui arrosent un jardin, p. 50, Voie de la perfection sous l’emblème d’un nautonnier, p.117, L’Oiseau ou De l’oraison de Foi, sous la figure d’un petit Oiseau, p.178. - « Mme Guyon […] imitera jusqu’au plagiat le style de l’abbé Bertot » avance Agnès de la Gorce, Le vrai visage de Fénelon, 1958, p.93.  - Nous pensons cependant que ces opuscules sont issus de la propre main de Bertot. Il n’en demeure pas moins que l’édition du Directeur mystique est postérieure de neuf ans à la mort de Madame Guyon et de sept ans à celle de Pierre Poiret : les disciples pouvaient être moins assurés dans leurs attributions à Bertot ou à Guyon.

988Le contenu du Directeur mistique, qui par son abondance représente la plus grande partie des œuvres que l’on peut attribuer à Bertot, est détaillé en fin de volume dans l’Annexe III : Le Corpus. Le Directeur mystique… Cette annexe porte sur les deux seules éditions (complète en quatre volumes par Poiret, puis sous forme d’un choix en un volume à Berlebourg) et donne leur contenu détaillé. Pour accéder aux très rares exemplaires connus de l’édition complète, on se reportera à : M. Chevallier : Pierre Poiret, Bibliotheca Dissidentium, tome V, Koerner, Baden-Baden, 1985. A Paris, le DM n’est disponible dans son intégralité qu’aux Archives Saint-Sulpice et qu’à la B.N.F. – Nous proposerons prochainement la reproduction sur CDrom de l’exemplaire des A.S.-S.

989Ainsi la lettre 121 au baron de Metternich est suivie de la longue lettre de Bertot publiée (avec quelques variations) dans le Directeur Mystique, vol. III p. 438, Lettre 67. Elle est intitulée dans la Correspondance de Madame Guyon : « Lettre d’un grand Serviteur de Dieu, dont il a été fait mention dans la précédente, sur la même matière, et de l’état où l’on trouve que Dieu est toutes choses en tout. » On trouve en sa fin : « Allez, allez, à la bonne heure ; et soyez forte et constante… ». (Madame Guyon, Correspondance I Directions spirituelles, Champion-Slatkine, 2003, lettre 22, p. 75-88.)

990Incipit : Il est de la dernière conséquence Copie Isaac du Puy (Dupuy). Archives Saint Sulpice, ms. 2174, pièce 7248 ; Madame Guyon, Correspondance I Directions spirituelles, op.cit., pièce 33, p. 115-117.

991DM, vol II, lettre 11, p. 44

992DM, vol II, Lettre 16 p. 74 ; Canfeld avait joué un rôle important dans la réforme de à Montmartre.

993 Bernières, Oeuvres Spirituelles I, Paris, 1677.

994Mère de Blémur, Eloges de plusieurs personnes illustres en piété de l’ordre de St Benoît, 1679, tome second, p. 417-455. L’éditrice, J. Bouette de Blémur, fut bénédictine à la Trinité de Caen de 1630 à 1678, donc informée sur Bernières et son groupe.

995Vie, 1.19.1 (prenant le ms. d’Oxford pour leçon ; 1.19.2 chez Poiret)

996Ce qui est reconnu par Orcibal, v. Le Cardinal Le Camus in Etudes d’Histoire et de Littérature Religieuses, Klincksieck, 1997, page 800.

997Lettres Chrétiennes et spirituelles de Madame Guyon, éd. Dutoit, tome IV, lettre 121, p. 274-296, avec l’annotation reproduite dans le texte principal. La même lettre, qui constitue un véritable petit traité, est éditée dans le vol. III du DM, sous le no 67. (v. Correspondance I Directions spirituelles, 2003, lettres 22 & 425) – Autres témoignages relevés chez Madame Guyon : « La conformité de ces avis à ceux de M. Bertot devrait vous assurer. » (11e des 21 lettres de Mme Guyon éditées dans le DM ; Correspondance III Chemins mystiques, 2005, …, lettre 11, p. 36 ) ; « Deux choses arrêtent ici cette personne : l’une, la bonté de la voie qu’il a tenue, qui l’a possédé et qui lui a fait faire toutes choses ; l’autre, certaines maximes de Monsieur B[ertot] , qui étaient pour lors de saison, et que Mr. B[ertot] changerait assurément lui-même s’il était vivant. (Dutoit, vol. I, lettre 192 ; Correspondance III…, lettre 454, p. 559). - Dans une lettre adressée à Homfeld, compagnon du pasteur Poiret, Mme Guyon explique les coutumes catholiques : « Les lettres que vous avez vues de M. Bertot ne doivent point vous étonner. Il y en a beaucoup pour des religieuses… » (Correspondance I Directions spirituelles, lettre 391) ;

998Pour les relations entre eux : Vie, 1.8.3, 1.24.3, 1.20.7.

999Tout s’évapore en présence du maître parce qu’un flux intérieur sans paroles suffit.

1000Vie, 1.19.2.

1001Vie, 1,24,3.

1002Vie, 1,23,10-11.

1003Vie, 1.21.9.

1004Vie, 1.28.4.

1005Vie, 1.21.12.

1006DM, vol. I.

1007Vie, 1.19.13.

1008Vie, 1.20.7.

1009Vie, 1.24. 2.

1010Vie, 1.29.6.

1011DM, vol. II, lettre 31, p. 170 ; Correspondance I Directions spirituelles, lettre n° 29.

1012DM, vol. II, lettre 6, p. 29 ; dans ce vol. : « Correspondance avec Madame Guyon, 2.06 Chemin pour trouver Dieu. » ; Correspondance I Directions spirituelles, Champion-Slatkine, 2003, lettre no 23.

1013Dans ce vol. : « Correspondance sans destinataire identifié, 2.31 Aller à Dieu par ce qu’on a. »

1014DM, vol. IV, lettre 75 ; Correspondance I Directions spirituelles, lettre no 55.

1015Dans ce vol. : « Correspondance avec Madame Guyon, 2.06 Chemin pour trouver Dieu. » 

1016Dans ce vol. : « Correspondance avec Madame Guyon, 4.71 Silence devant Dieu. »

1017Dans ce vol. : « Correspondance avec Madame Guyon, 4.75 Perte de tout en Dieu. »

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1018Dans ce vol. : « 3.32 Se voir en Dieu. Arriver à la vie par la mort. » 

1019Dans ce vol. : « 4.72 Béatitude en cette vie. » 

1020Dans ce vol. : « Correspondance avec Madame Guyon, 4.75 Perte de tout en Dieu. »

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1021Guyon disparaît en 1717 peu après Fénelon et les Ducs, Poiret meurt en 1723. Ils ont veillé à assembler Le Directeur mystique qui sera publié par l’équipe Poiret en 1726. Ensuite un choix de textes paraîtra en 1744 à Berlebourg.

1022Auteur très fréquent dans les Justifications de Mme Guyon. - réédition : Le Vrai Esprit du Carmel, Coll. « Sources mystiques », Centre Jean-de-la-Croix, 2012.

1023Constantin de Barbanson, 1622. - Réédition du corpus : Les Secrets sentiers de l’Esprit divin, Le Secrets sentiers de l’Amour divin, Anatomie de l’âme en trois parties, D. Tronc, Coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 4 vol., 2014.

1024«  Comment pourtant ne pas voir que s’il y a effectivement une problème de l’âme, c’est en terme d’expérience qu’il devra être posé, en termes d’expériences qu’il sera progressivement et toujours partiellement résolu ? (Bergson, Les Deux Souces de la morale et de la religion. p.280).

1025 En petit corps car textes repris en tome III qui édite l’ensemble des Retraites.

1026 Les Retraites ont été saisies par des auditrices, même si leur « mode d’emploi » a été rédigé par le Directeur.

1027 Imprévisible pour les lettrés du début dix-neuvième qu’ils soient italien (Leopardi, Zibaldone) ou russes.

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